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Informations générales

Événement : 90e Congrès de l'Acfas

Type : Colloque

Section : Section 400 - Sciences sociales

Description :

La science est au cœur des discussions publiques actuelles. La Covid-19, notamment, a profondément modifié le rapport des citoyens à la science, soit en accroissant l’autorité attribuée à la science, soit, au contraire, en accentuant la critique de la science, au nom d’un relatif échec de celle-ci.

Si la science est sous les feux de l’actualité, il paraît important de savoir comment les universitaires peuvent contribuer à ce questionnement, par leur analyse tant de la production scientifique que de ses usages par les diverses professions qui exercent une activité à caractère scientifique. Notre colloque pose trois questions centrales pour explorer ce thème :

  1. Comment, en cette sortie de pandémie, les scientifiques font-ils de la science elle-même un objet de d’enquête scientifique ?
  2. Comment approchent-ils l’apport des sciences aux politiques publiques ?
  3. Comment étudient-ils les professions à caractère scientifique, c’est-à-dire les professions qui, comme la médecine, le génie ou l’agronomie, se définissent par un usage intensif des savoirs scientifiques ?

L’approche de ce colloque est résolument interdisciplinaire et comparative :

  • Même s’il existe un tronc commun originel à la théorie de la science (Weber, 1965), il reste que l’épistémologie et les méthodes d’analyses sur la science varient selon les disciplines. Une approche interdisciplinaire est donc requise. Des présentations issues des sciences humaines et sociales (philosophie, histoire, sociologie et science politique) mais aussi des sciences dites exactes (biologie et informatique) sont au cœur de la problématique;
  • Par-delà le fonds commun que constitue la démarche scientifique, les contextes nationaux ont une influence certaine sur les traditions, les institutions, les cultures et les pratiques de la science. Il est donc utile de diversifier les unités géographiques et d’adopter une approche comparative. Ce colloque abordera, au minimum, les cas du Québec et de la France.
Date :

Format : Sur place et en ligne

Responsables :

Programme

Communications orales

Introduction

Salle : B-4340 — Bâtiment : Université de Montréal - Jean-Brillant

Communications orales

Session 1

Salle : B-4340 — Bâtiment : Université de Montréal - Jean-Brillant
  • Communication orale
    Qu’est-ce qui « marche » auprès des professionnels ?
    Julien Prud'homme (UQTR - Université du Québec à Trois-Rivières)

    L’air du temps amène les professions à caractère scientifique à solliciter, bon gré mal gré, l’apport de l’histoire et de la sociologie des sciences, que ce soit pour offrir des « contenus de formation » ou servir de partenaires dans la recherche ou l’élaboration de politiques. La portée critique de notre travail n’est pas toujours bien accueillie pour autant et il est ardu de faire entendre le message désiré. C’est d’autant plus vrai qu’il nous revient généralement de « montrer notre pertinence » et de nous mouler à l’idée que les professions scientifiques se font de ce qui est pertinent.

    Je proposerai deux stratégies visant à communiquer utilement avec des membres de professions scientifiques dans deux contextes différents. Dans l’enseignement, il importe d’incorporer l’étude de micro-situations cliniques proches du quotidien afin d’éviter la « folklorisation critique » de la sociologie. Dans la contribution aux politiques publiques, on peut produire des données empiriques de grande ampleur sur le contexte politico-institutionnel. Dans les deux cas, il est utile de faire dialoguer la critique sociologique avec les données probantes issues de la profession elle-même. J’aborderai ces deux cas de figure en évoquant des échanges passés sur le thème de la surmédicalisation.

  • Communication orale
    Une historienne dans la forêt des ingénieurs forestiers
    Maude Flamand-Hubert (Université Laval)

    Au cours du XXe siècle, le génie forestier s’est élaboré en accordant une place toujours grandissante à la science. Cette transformation n’est pas sans poser des enjeux dans les rapports entretenus entre les forestiers, l’État et les populations, dans un contexte où l’ingénieur forestier détient le monopole de l’expertise sur l’aménagement des forêts, alors que la mouvance environnementale plaide pour davantage de démocratie dans l’intendance des espaces forestiers. Cette dynamique conduit les forestiers à faire appel à l’expertise des chercheurs en sciences humaines et sociales pour comprendre les enjeux sociaux et négocier avec la société. Cependant, le regard critique qu’apportent avec elles les sciences sociales peut soulever des tensions, ébranler les acquis de la profession, voire questionner la légitimité des ingénieurs forestiers dans certaines circonstances. Dans cette communication, nous aborderons plus spécifiquement trois défis qui se posent à l’historienne dans l’étude du génie forestier : 1) l’obnubilation des ingénieurs forestiers pour l’acceptabilité sociale comme unique question de société; 2) l’instrumentalisation de l’histoire pour légitimer les pratiques et privilèges de l’ingénieur forestier; 3) la méconnaissance et la confusion de l’ingénieur forestier à l’égard des disciplines et approches des sciences sociales.

  • Communication orale
    Comment les chercheurs en SHS appréhendent-ils leurs activités professionnelles en dehors de l’université ?
    Muriel Lefebvre (Université Toulouse Jean Jaurès)

    Comment les chercheurs en SHS évoquent-ils la circulation de leurs résultats en dehors de la sphère académique ? Si de nombreuses recherches se sont intéressées aux motivations des chercheurs, essentiellement en sciences expérimentales, pour réaliser des actions de vulgarisation scientifique, rares sont les travaux qui se sont intéressés aux chercheurs en sciences humaines et sociales. Pourtant, les chercheurs en sciences humaines et sociales conduisent leurs recherches directement sur des problématiques humaines et sociales. De par leurs terrains de recherche, ils sont en lien étroit avec la société qu’ils étudient.

    Afin de mieux appréhender la perception que les chercheurs en SHS ont de leurs activités professionnelles non académiques, nous avons réalisé une étude qualitative comparative entre deux universités distinctes : l’université de Toulouse Jean Jaurès en France et l’UQAM au Québec. Nous avons exploré comment ces professionnels de la science appréhendent leurs échanges avec la société civile, selon quelles modalités et avec quels objectifs. Cela nous amènera à questionner la manière avec laquelle les chercheurs envisagent aujourd’hui leur profession et les imaginaires associés, dans le cadre plus vaste que celui de l’université. Nous évoquerons enfin les limites et la dimension réflexive inhérente à cette recherche, celle-ci ayant été conduite par une chercheuse en sciences humaines et sociales.


Communications orales

Session 2

Salle : B-4340 — Bâtiment : Université de Montréal - Jean-Brillant
  • Communication orale
    La sous-politisation du traitement pénal des jeunes
    Nicolas Sallée (UdeM - Université de Montréal)

    J’aimerais repartir de ma propre expérience de la comparaison France/ Québec, et plus précisément d'un double étonnement à mon arrivée à Montréal :

    • La sous-politisation du traitement pénal des jeunes, et notamment de leur enfermement, qui est au contraire l'objet en France, depuis plusieurs décennies, d'intenses controverses publiques ;
    • La structuration du champ des sciences humaines et sociales sur ces questions, marquée par l'importance de disciplines à visée professionnelle (en particulier la criminologie et la psychoéducation) qui n'existent pas comme telles en France.

    Cette controverse, et son absence d’équivalent au Québec, témoigne d’une différence fondamentale entre les deux pays : là où le traitement français de la délinquance juvénile est marqué par des dynamiques de politisation attaché à défendre le sens d’un secteur public qui s’est historiquement construit contre l’enfermement, le traitement québécois de la délinquance juvénile est traversé par une forme de spécifique de scientifisation qui valorise, à la manière des sciences biomédicales, la production de données probantes sur les programmes et les pratiques de suivi.

    La suite du propos consisterait :

    • À décrire les difficultés à faire valoir, jusque devant le comité d'éthique du Centre jeunesse de Montréal, la légitimité d'un regard sociologique sur les institutions pénales;
    • À défendre, dans ce contexte, l'utilité propre de ce regard sociologique.
  • Communication orale
    La biologie, un OSMI* ? (* Objet Scientifique Mal Identifié)
    Anne Paul (Université de Lille)

    La question de la cohérence de la biologie parait ne pas se poser. La réponse fournie par la lexicographie est claire : la biologie est « (la) science de la vie, (l’)étude des êtres vivants » (CNRTL). Cette définition, a priori simple, ne précise pas en quoi la biologie est bien une science et encore moins comment elle étudie cet objet - éminemment difficile à définir – qu’est la vie. Il y a donc toute latitude à une diversité de conceptions de la biologie.

    La biologie a fait l’objet de travaux spécifiques, soulignant les spécificités de cette science, la distinguant de la physique, la science paradigmatique. Ainsi, la biologie serait une science « particulière », du fait de l’historicité et la contingence de son objet d’étude, la vie.

    Cette présentation ne se veut qu’un témoignage d’une expérience personnelle qui suggère que la biologie est bien assimilée à une science (mais pas seulement). Cependant, si la biologie est bien une science pour eux, celle-ci est très diverse. Elle trouverait sa cohérence non pas tant par sa démarche (comme le définissent la philosophie, l’épistémologie et la didactique des sciences), mais bien plus par son objet : la vie et les êtres vivants, ce qui est en cohérence avec la définition lexicographique tout en offrant une grande diversité de méthodes, de pratiques et de savoirs.

  • Communication orale
    De la diversité à l'antiracisme dans les universités des Etats-Unis de l'après-George Floyd
    William Wannyn (UCLA)

    La pandémie de covid-19 et la mort de George Floyd ont ravivé les débats entourant la persistance des inégalités raciales aux Etats-Unis. Face aux résultats mitigés des politiques de diversité et d'inclusion de ces dernières décennies, nombre d’institutions scientifiques et d'universités se sont publiquement engagées à combattre les injustices raciales en adoptant des plans antiracisme ambitieux. Ces projets visent une restructuration profonde de l’ordre racial en plaçant l'équité raciale au cœur des politiques de la science et de l’enseignement universitaire. Quelles tensions émergent de la rencontre des valeurs scientifiques et de ces injonctions à l’antiracisme en science

    ? Comment les chercheurs se positionnent-ils face à l'étiquetage de la science comme un espace structurellement raciste ? Ma présentation analysera le déploiement d’un projet de science antiraciste dans une université publique d'élite. Elle proposera de réfléchir d’une part aux tensions émanant de la réactivation d’un activisme antiraciste dans le champ académique, et d’autre part aux enjeux méthodologiques entourant la mesure des attitudes des chercheurs face à ces mutations politiques de la science. Je m’appuierai sur les données préliminaires d'une enquête en cours combinant un sondage et des entretiens de chercheurs en sciences biomédicales, ainsi que sur des archives et des observations de la mise en place de ces nouveaux dispositifs antiracistes à la faculté de médecine de l’Université de Californie à Los Angeles.


Communications orales

Session 3

Salle : B-4340 — Bâtiment : Université de Montréal - Jean-Brillant
  • Communication orale
    Contester la crédibilité de la science normale : la psychologie sociale et la construction d’une « crise » disciplinaire
    Julien Larregue (Université Laval)

    Cette présentation a pour objet d’aborder les difficultés méthodologiques et conceptuelles auxquelles la sociologie fait face lorsqu’elle entend analyser des « crises » disciplinaires. Si l’on s’accorde sur le fait que ce qui fait l’intérêt de l’analyse sociologique réside dans la compréhension de la manière dont des événements singuliers (fraudes, controverses statistiques, publication d’articles de parapsychologie) qui ont eu lieu en psychologie sociale ont été effectivement désingularisés et ont pu soutenir un diagnostic de crise, l’on se trouve quelque peu contraint de scruter lesdits événements comme s'ils disaient objectivement quelque chose de l'état de la recherche dans cette discipline. La difficulté, dès lors, est de prendre ces évènements au sérieux sans chercher à (dé)légitimer les conclusions que les psychologues sociaux en tirent, qu'elles soient favorables ou non à l'hypothèse de la « crise » disciplinaire. Pour ce faire, nous partons du postulat suivant : une crise scientifique existe socialement dans la mesure où un groupe social suffisamment influent parvient à imposer cette conclusion dans le champ considéré. Sur la base de 26 entretiens semi-directifs réalisés avec des promoteurs et des critiques du diagnostic de crise en psychologie sociale, nous analysons le travail social que certains groupes ont mis en œuvre pour gonfler, ou au contraire amoindrir, la gravité de la situation à laquelle cette disciplinaire est confrontée depuis les années 2010.

  • Communication orale
    La sociologie, une discipline scientifique en déficit d’autorité ?
    Ryder Gillespie (UdeM - Université de Montréal)

    Les sciences, en tant qu’elles désignent des activités sociales qui participent de choix politiques et moraux, ont très tôt suscité l’intérêt des sociologues. Toutefois, en s’emparant d’un tel objet, la sociologie se trouve dans une situation paradoxale : celle de prétendre à être une science de la science.

    Une situation de mise en doute de son discours qui illustre celle, plus générale, que l’on rencontre aujourd’hui. Cette perspective nous invitera à réinterroger ce que l’on entend par science et à distinguer ce qui relève d’une part de l’activité scientifique – dont la sociologie a su montrer que les visées sont largement travaillées par leurs inscriptions sociales, à l’image d’une sociologie « critique » et « d’expertise » – de ce qui relèverait d’autre part d’un « réalisme » de la science – . Une deuxième orientation qui, au contraire de la première et malgré les difficultés de la sociologie à la réaliser, semble chercher à s’extraire d’une emprise du social.

    Clarifier la distinction entre ces deux postures, qui abordera le problème de ce qui relève du « social » et du « non social », mais aussi de ce qui relève du « sujet » et de l’« objet », nous permettra d’éclairer, à la lumière des difficultés que traverse la sociologie.

  • Communication orale
    Portées et limites de l’analyse comparative en sociologie des sciences. L’exemple des enquêtes internationales
    Kristoff Talin (Centre national de la recherche scientifique (CNRS))

    À partir d’un ethos de chercheur en sociologie des représentations des sciences, cette communication porte sur les problèmes méthodologiques auxquels le sociologue peut se heurter lorsqu’il entreprend de faire une étude comparative.

    L’utilisation des enquêtes quantitatives internationales (World Values Survey, Eurobarometer) se heurte à des problèmes méthodologiques sérieux tels la pertinence des indicateurs dans les différents pays et dans leur acuité temporelle. De la même manière, le scientifique doit parfois composer avec des données manquantes ou des pays ayant leur propre tradition de recherche quantitative partiellement – ou en totalité – en dehors des standards internationaux. Grâce aux enquêtes sur les représentations des sciences et les essais d’analyses comparatives que nous menons actuellement, la communication présentera des exemples concrets de problèmes méthodologiques. Indépendamment de biais structurels méthodologiques communs à d’autres champs de recherche, la sociologie comparative des sciences se heurte à un biais conjoncturel, la pandémie.

    Nous proposons de conclure notre réflexion, en soulignant comment ses limites sont nécessaires à prendre en compte, mais combien ces outils de recherches comparatives sont néanmoins d’une grande utilité en sociologie des sciences.


Communications orales

Session 4

Salle : B-4340 — Bâtiment : Université de Montréal - Jean-Brillant
  • Communication orale
    Les brevets d’invention dans le milieu universitaire : faire de la recherche « pour » l’université ou « à » l’université?
    Maxime Colleret (UQAM - Université du Québec à Montréal)

    La pandémie de Covid19 a remis la question de la propriété scientifique au-devant de la scène, notamment en raison de la production de vaccins et du monopole d’exploitation octroyé à quelques pharmaceutiques en période de crise sanitaire.

    Une des questions centrales à ce débat était de définir ce qu’est un chercheur universitaire et de déterminer sa relation objective avec son établissement d’attache. Les chercheurs font-ils de la recherche « pour » l’université? En quel cas leurs inventions appartiendraient de facto à l’employeur ou devraient lui être cédées. Ou font-ils de la recherche « à » l’université, c’est-à-dire sans être embauchés explicitement pour générer des inventions à la manière d’un chercheur industriel? En quel cas les universitaires conserveraient leurs droits de propriété intellectuelle, même lorsque leurs inventions ont un potentiel commercial. En analysant les débats sur les brevets dans les établissements d’enseignement supérieur, nous interrogerons donc simultanément la façon dont les gouvernements, les universités et les chercheurs conçoivent le rôle de la recherche scientifique et la fonction de ceux et celles qui la produisent.

  • Communication orale
    L’Institut national d’optique, un organisme sans but lucratif à mi-chemin entre la science et l’industrie
    Mahdi Khelfaoui (UQTR - Université du Québec à Trois-Rivières)

    Cette présentation s'intéresse à la trajectoire d'un centre de recherche, l'Institut national d'optique (INO) créé en 1988 dans la ville de Québec et encore actif aujourd'hui. Contrairement aux descriptions qui cantonnent les RTO (Research and Technology Organizations) aux rôles d'intermédiaires et de fournisseurs de service, l'INO se distingue doublement par une importante activité scientifique et technologique interne (publications savantes et prises de brevet) et par une dimension entrepreneuriale peu fréquente au sein des RTO qui s'est concrétisée au fil du temps par la commercialisation de produits, la création d'entreprises dérivées, ou le transfert de technologies développés au sein de ses laboratoires. Dans le cadre d'un projet qui vise à étudier les RTO en tant qu'entrepreneurs (et non seulement comme intermédiaires), cette présentation cherchera à déterminer les facteurs qui ont permis à l'INO de développer des aptitudes entrepreneuriales au fil de ses 35 années d'existence, en analysant notamment les caractéristiques de ses publications, de ses transferts technologiques et de ses spin-offs, le développement et la diversification de ses marchés ou la manière dont ses liens avec l'université, le gouvernement et l'industrie a influencé sa mission et ses objectifs.

  • Communication orale
    La place des preuves scientifiques dans la prise de décisions sur la COVID-19
    Éric Montpetit (UdeM - Université de Montréal)

Communications orales

Conclusion

Salle : B-4340 — Bâtiment : Université de Montréal - Jean-Brillant