Informations générales
Événement : 90e Congrès de l'Acfas
Type : Colloque
Section : Section 400 - Sciences sociales
Description :L’économie sociale et l’économie circulaire sont de plus en plus mobilisées dans le contexte de l’urgence de la crise environnementale et sociale. Il y aurait une rencontre entre les aspirations d’inclusion que portent l’économie sociale, lesquelles se traduisent par des modes de fonctionnement spécifiques (propriété collective et gouvernance démocratique par les utilisateurs, accumulation collective du patrimoine, redistribution limitée des surplus d’opération, etc.) d’une part, et les modèles de production, de distribution et de consommation alternatifs que propose l’économie circulaire en vue de réutiliser les ressources et participer à la régénération du capital naturel, d’autre part.
Ce colloque a pour objectif principal d’examiner les rôles, le potentiel et les limites de l’économie sociale (coopératives, OBNL et associations, mutuelles) en vue d’une transition vers l’économie circulaire en questionnant au passage la conception de l’économie circulaire sous des angles nouveaux tels la décroissance, les Premières Nations et le mouvement coopératif. Ce colloque souhaite également mettre en conversation les savoirs universitaires et les savoirs issus de la pratique.
Date :Format : Sur place et en ligne
Responsables :- Emmanuel Raufflet (Réseau de recherche en économie circulaire du Québec (RRECQ))
- Martine Vézina (HEC Montréal)
- Rafael Ziegler (HEC Montréal)
- Justine Ballon (HEC Montréal)
- Geneviève Huot (TIESS)
Programme
Accueil
Perspective internationale
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Communication orale
Les monnaies locales communautaires : une proposition de cadre d’analyse pour une circularité plus durableLaura Espiau Guarner (UdeM - Université de Montréal)
Le potentiel de durabilité de l'économie circulaire (EC) est entravé par son orientation générale vers l'efficacité des ressources axée sur le profit, encourageant la croissance économique et ses impacts socioécologiques négatifs. Considérant également d'autres limites de l'EC, comme l'absence de dimensions sociales ou ses effets de rebond, des chercheurs proposent des visions alternatives de la circularité, au-delà des applications commerciales et technologiques, plus proches d'une « société circulaire ».
Cette autre compréhension de l'EC dans la littérature laisse entrevoir certains traits de l'économie sociale et solidaire (ESS), comme une gouvernance démocratique ou l'inclusion d'une diversité d'acteurs. Les monnaies locales communautaires (CLC) font partie de ces pratiques d'ESS et peuvent aider à localiser le développement économique et à construire de nouveaux « circuits de valeur », entre autres contributions à la durabilité.
Compte tenu du manque de recherche existant sur les liens possibles entre CLC et CE, ce texte cherche à répondre à la question de savoir « si et comment » les CLC pourraient soutenir une circularité plus durable. Dans ce but, il est proposé un cadre conceptuel décrivant les dimensions des CLC qui peuvent en faire un outil au service d'une EC durable.
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Communication orale
Evaluer la contribution de l’économie sociale aux innovations sociales et environnementales : une comparaison internationaleSamira Rousseliere (Oniris, Ecole Nationale Vétérinaire, Agroalimentaire et de l'Alimentation)
Notre communication est la première approche empirique d’une comparaison entre les entreprises d’économie sociale et les autres entreprises pour le développement d’innovations sociales et environnementales. A partir d’une enquête européenne portant sur 16 000 entreprises, nous estimons des modèles économétriques originaux (probit bivarié avec effets aléatoires corrélés) permettant de différencier les effets directs et contextuels (ou indirects) de l’économie sociale, tout en tenant compte de la particularité des modèles nationaux d’économie sociale. Ainsi bien que les entreprises d’économie sociale soient plus innovantes au plan social et environnemental, leur principale contribution en matière d’innovation environnementale passe par leur influence sur l’activité des autres entreprises. La présence d’économie sociale conduit, selon différents mécanismes, les autres entreprises à être plus innovantes. Ce résultat empirique est cohérent avec la littérature scientifique sur l’économie sociale comme laboratoire d’innovation et « étalon pour un changement transformateur » (« yardstick for transformative change »).
Nous sommes aussi capables d’identifier les leviers spécifiques de l’innovation aussi bien dans les entreprises d’économie sociale que dans les autres formes d’entreprises. En matière de politique publique, un effet indirect et non voulu de politiques d’austérité relatives à l’économie sociale peut être ainsi celui de réduire l’innovation sur le long terme.
Échanges autour d’enjeux transversaux
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Communication orale
Ce que l’économie circulaire est à l’économie sociale : intersections et divergencesRachida Bouhid (Université McGill)
L’économie sociale (ES) est de nature critique du courant dominant et propose une alternative qui remet en question les bases homo oeconomicus du comportement humain, l’accroissement des richesses visé par l’activité économique, la valorisation de l’organisation productive actionnariale, et des évaluations marchandes donnant sens à la répartition des richesses. La prise en conscience des espaces de mixité et des représentations tripolaires d’une ÉS solidaire (ÉSS) se réalise sous deux conditions. La première reconnaît que la nécessité exerce une pression motrice des initiatives de l’ÉSS. La seconde stipule que l’identité collective traduit l’appartenance à un groupe social qui se veut solidaire. Ces conditions, bien qu’elles soient fondatrices, sont en mutation et appellent aujourd’hui à la construction d’une « communauté de destin » et au développement de nouveaux modèles d’activités économiques, notamment l’économie circulaire (ÉC). Néanmoins, l’ÉC est un concept qui attire l’attention par sa promesse d’équilibrer entre la prospérité économique et les limites écologiques, et mobilise des principes organisationnels au cœur de l’économie marchande décriée par l’ÉS. En plus, les élans d’amélioration des performances environnementales jettent une ombre sur la capacité de l’ÉC à tenir compte des préoccupations sociales. Cette proposition discutera de l’apport mutuel entre les deux concepts et si l’ÉS est la voie vers une ÉC inclusive.
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Communication orale
Les emplois de l'économie sociale et circulaire québécoiseClara Alagy (Polytechnique Montréal)
L'économie circulaire (EC) suscite un intérêt grandissant, entrainant de nombreuses interrogations quant aux futures mutations du marché de l'emploi. Si le potentiel de création nette d'emplois par l'EC fait consensus dans la littérature, la question des types d'emplois créés et de leur qualité est beaucoup moins explorée. Le constat des compatibilités intrinsèques de l'économie sociale et solidaire (ESS) avec l'EC amène l'intuition que leur association pourrait être porteuse d'emplois désirables et localisés. Ainsi, notre recherche se penche sur les emplois de l'économie sociale et circulaire au Québec. Quelle stratégie de circularité pour quel type d'emplois ? Les principes de gouvernance démocratique et de participation de l'ESS contribuent-ils à leur qualité ? A qui semblent s'adresser les postes proposés ? Notre objectif est, à défaut de pouvoir répondre précisément à ces interrogations, de proposer des axes de reflexions et d'avancer vers une meilleure connaissance de ce marché de l'emploi.
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Communication orale
Quelles spécificités de gouvernance des entreprises d’économie sociale en économie circulaire ? Proposition d’un cadre d’analyse.Amélie Artis (Univ. Grenoble Alpes, CNRS, Sciences Po Grenoble), Justine Ballon (HEC Montréal), Gabrielle Plourde (HEC Montréal), Martine Vézina (HEC Montréal)
Cette communication met en perspective l’économie sociale et l’économie circulaire sous l’angle des modèles de gouvernance. Nous posons la question de l’existence d’une spécificité de la gouvernance démocratique et participative des entreprises d’économie sociale (EÉS) en économie circulaire (ÉC) et ce, à travers une revue de la littérature et la proposition d’un cadre d’analyse. Dans cette étude, nous posons la question de l’existence d’une spécificité de la gouvernance démocratique et participative des entreprises d’économie sociale (EÉS) en économie circulaire (ÉC) et ce, à travers une revue de la littérature et la proposition d’un cadre d’analyse. Cette étude s’inscrit dans un projet de recherche plus large (Vézina, Artis, Ziegler et Ballon) visant à mieux comprendre les modèles et mécanismes de gouvernance démocratiques et participatifs des entreprises d’économie sociale (EÉS) en économie circulaire. En mettant en perspective l’économie sociale et l’économie circulaire sous l’angle des modèles de gouvernance, cette étude vise à combler deux limites dans la littérature.
Pause dîner (libre)
Dîner libre
Cas et filières
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Communication orale
La contribution de l’économie sociale et solidaire à la circularité de la filière agroalimentaire québécoise : défis, constats et opportunitésBarbara Duroselle (Organisme de transfert)
Les effets délétères des changements climatiques, de la perte de la biodiversité et de la pollution affectent toute la planète, y compris le système agroalimentaire québécois, qui demeure un important contributeur de GES. Dans ce contexte, une meilleure circularité dans la filière bioalimentaire semble intéressante, voire incontournable.
Basé sur les résultats d’un projet d’intégration de maîtrise (HEC) réalisé au sein du TIESS, la présentation illustrera comment plusieurs entreprises d’économie sociale (EÉS) en agroalimentaire, intègrent des pratiques d’économie circulaire (EC) dans leur modèle d’affaire et, ce faisant, contribue, parfois de manière novatrice, à la transition socioécologique. Si la convergence entre l’EC et L’EÉS est propice à l’émergence de nouveaux modèles d’affaires, elle permet surtout de « passer d’un modèle de simple réduction d’impact à un modèle de création de valeur positive sur les plans social, économique et environnemental » (Rebaud, 2016). En effet, les organisations analysées utilisent l’EC comme un levier pour répondre à des problématiques sociales et environnementales. La présentation expliquera que, loin d’être un frein, leur mode de gouvernance plus démocratique, inclusif et solidaire créé un entreprenariat original, qui facilite un développement territorial plus holistique, pérenne et durable. -
Communication orale
« La seconde main, c’est aussi du neuf ! » : le rôle de l’économie sociale et solidaire pour la circularité de l’industrie textileNatalia Aguilar Delagado (HEC Montréal), Aline Pereira Pündrich (EM Strasbourg Business School - Université de Strasbourg)
Compte tenu de l’impact environnemental de la surproduction et de la surconsommation de vêtements au niveau mondial, des alternatives à la consommation de la mode voient le jour. Dans ce contexte, les innovations sociales jouent un rôle central grâce à leur potentiel pour développer de nouvelles institutions, promouvoir la réorganisation des ressources et envisager différemment des questions non résolues au sein d’une communauté. Plus précisément, les organisations localisées dans l’écosystème de l’économie sociale et solidaire (ESS), avec ses valeurs de justice sociale et équité, visent l’amélioration du bien-être social et économique de certaines populations marginalisées. Ce travail de recherche s’intéresse à savoir comment l’ESS peut s’insérer dans l’écosystème de l’économie circulaire au sein de la filière textile. Pour cela, nous étudions le cas du Label Emmaüs, une plateforme numérique française de don et d’achat solidaire alimentée par des structures de l’ESS. Cette entreprise offre un contre-modèle aux plateformes classiques du e-commerce en proposant un « achat militant » qui privilégie à la fois la réinsertion de personnes socialement éloignées de l’emploi et la participation citoyenne des consommateurs. Grâce à des entrevues avec des acteurs clés et des parties prenantes, nous voulons mieux comprendre comment cette entreprise est devenue un acteur reconnu de la lutte contre le gaspillage tout en suivant une voie démocratique, solidaire et éco-responsable.
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Communication orale
Centre de récupération sous un modèle coopératif : La solution optimale pour les défis de l’industrie du cannabis ?Marc-Olivier Filion (UQAM - Université du Québec à Montréal)
La jeune industrie du cannabis se développe et jongle avec de nombreux défis autant sur les plans sociopolitiques, environnementaux qu’économiques. L’un de ceux-ci concerne la quantité de résidus et de déchets (la biomasse : tiges, kief, stries, etc) que la culture et la transformation du cannabis génère. Pour le moment, peu de solutions existent pour faciliter leur revalorisation. Nous connaissons plusieurs façons de les transformer pour en faire des produits alimentaires, industriels et du carburant. Le manque de connaissance et de capital fait en sorte que ce modèle n’est pas exploité à son plein potentiel.
J’ai été mandaté par une entreprise œuvrant dans la culture et la transformation du cannabis pour analyser des modèles organisationnels viables pour valoriser la biomasse du cannabis. Cette revalorisation nécessite des installations spécifiques et une quantité suffisante de biomasses du cannabis qu’une seule entreprise ne peut assumer ou fournir seule. En cohérence avec la culture d’entraide présente dans l’industrie des petits producteurs, la coopérative de producteurs devient une avenue prometteuse pour déployer un modèle d’affaires innovant basé sur les principes de l’économie circulaire. Cette présentation portera sur les défis de l’industrie du cannabis et le potentiel d’un centre de revalorisation de la biomasse du cannabis.
Expériences d’entrepreneurs
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Communication orale
Expérience d'ÉcoscénoAnne-Catherine Lebeau (Écoscéno)
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Communication orale
Expérience de Réemploi +Katia Girard (Réemploi +)
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Communication orale
Expérience de Coop RetournzyCindy Vaucher (HEC Montréal)
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Communication orale
Expérience de BoomerangTangui Conrad (HEC Montréal)
Table ronde et cocktail — Économie circulaire et coopération : exploration de trois approches connexes (coopératives, communs et arbre de coopérations)
Cet événement est organisé en collaboration avec le colloque 608 - La décroissance et la question du « comment ? ».
https://www.acfas.ca/evenements/congres/programme/90/600/608/c
La table ronde vise à explorer les approches connexes coopératives, communs et l’arbre de coopérations avec des partenaires du l’économie sociale/milieu coopératif, du mouvement décroissance et d’organisations autochtones.
Une discussion et une validation des résultats préliminaires sont au programme.
1. Introduction : Économie circulaire - le concept et les discours (Emmanuel Raufflet)
2. Perspectives universitaires :
- Comment penser l’économie circulaire à partir des communs? (Yves-Marie-Abraham)
- Comment penser l’économie circulaire à partir de l’arbre de la coopération? (Karine Awashish)
- Comment développer des modèles d’affaires d’économie circulaire en partant de la coopération, de ses valeurs et de ses principes? (Rafael Ziegler)
3. Perspectives partenaires :
- Économie sociale : Territoires innovants en économie sociale et solidaire - TIESS (Geneviève Huot)
- Décroissance : Noémi Bureau-Civil
- Arbre de la coopération : Sipi Flamand