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Informations générales

Événement : 90e Congrès de l'Acfas

Type : Colloque

Section : Section 400 - Sciences sociales

Description :

Les violences obstétricales, gynécologiques et reproductives (VOGR) sont loin d’être marginales. Qu’elles se produisent dans un service de santé ou dans une relation intime, elles constituent une entrave à l’intégrité corporelle ainsi qu’à l’autonomie reproductive et décisionnelle de celles qui les subissent. On pense ici à des gestes médicaux imposés lors d’examens gynécologiques ou pendant un accouchement ou encore à la pression exercée sur des femmes pour qu’elles deviennent enceintes. Les VOGR renvoient à des comportements ou des paroles qui ne tiennent pas compte du consentement de la personne qui en est victime, et ce, à l’intérieur de rapports de force, de domination et de coercition. Or, les VOGR restent encore peu documentées (Grace et Anderson, 2018; Sutton et Knight, 2020). Les connaissances récentes émergent de la rencontre des savoirs universitaires, pratiques, expérientiels et militants afin de mieux comprendre les contextes, formes et conséquences inhérentes aux VOGR (Rozée et Schantz, 2021).

Dans le cadre du colloque, une exploration de l’historiographie des VOGR permettra de situer les savoirs existants et de visibiliser les différents mouvements féministes qui ont contribué à la reconnaissance des VOGR. Par la suite, des réflexions s’inscrivant dans une approche féministe et intersectionnelle des VOGR permettront d’amplifier les voix des personnes ciblées par des systèmes d’oppression contribuant à l’expression disproportionnée et spécifique de ces violences. On peut évoquer ici l’imbrication du colonialisme et du sexisme en lien avec la stérilisation imposée aux femmes autochtones (Basile et Bouchard, 2022) ou encore celle du racisme et du sexisme quant au manque de soutien et de considération que peuvent vivre les femmes noires et racisées à l’intérieur des services de santé reproductive (Vedam et al., 2019). À cela s’ajoutent notamment des discriminations basées sur la classe sociale ou le capacitisme qui exposent aussi les femmes pauvres ou en situation de handicap à ce genre de violences (Morin-Aubut, 2020). Enfin, on s’intéressera aux pratiques prometteuses et aux actions à mobiliser pour lutter efficacement contre les VOGR. Entre prévention, formation et soutien, plusieurs pistes seront partagées et discutées.

Dates :

Format : Sur place et en ligne

Responsables : Partenaires :

Programme

Communications orales

Introduction au colloque

Salle : C-2059 — Bâtiment : Université de Montréal - Carrefour des arts et des sciences

Communications orales

Comprendre les VOGR selon une perspective située

Salle : C-2059 — Bâtiment : Université de Montréal - Carrefour des arts et des sciences
  • Communication orale
    L’accès à l’avortement au Canada, un droit inégal? Le cas du Nouveau-Brunswick
    Julie Gillet (Regroupement féministe du Nouveau-Brunswick), Geneviève Latour. I. (Regroupement féministe du Nouveau-Brunswick)

    En vertu de la Loi canadienne sur la santé, les services d’avortement sont disponibles dans toutes les provinces et tous les territoires. Néanmoins, pour les personnes vivant en dehors des grands centres urbains comme Toronto, Montréal et Vancouver, accéder à cette procédure demeure compliqué. Dans de nombreuses provinces, il est quasiment impossible d’obtenir un avortement en région rurale, et les obstacles économiques liés aux déplacements sont difficilement surmontables pour bien des personnes.

    Au Nouveau-Brunswick, les barrières législatives, géographiques, financières, mais aussi linguistiques – les services en français étant encore moins accessibles dans les délais impartis que les services en anglais –, sont nombreuses. L’avortement demeure un sujet extrêmement stigmatisé, particulièrement pour les jeunes femmes et les minorités de genre. Aux côtés d’autres organismes, et dans une logique de justice reproductive et d’aplanissement des inégalités, le Regroupement féministe du Nouveau-Brunswick se bat depuis de longues années pour surmonter ces obstacles. Lors de cette présentation nous brosserons un portrait plus précis de la situation et réfléchirons aux actions à mettre en place pour faire évoluer la situation.

  • Communication orale
    L’injustice obstétricale : une approche intersectionnelle des violences obstétricales
    Mounia El Kotni (Cermes3), Chiara Quagliariello (EHESS, Cems)

    À partir de recherches sur les violences obstétricales menées en Europe (France, Italie) et en Amérique Latine (Mexique, Guatemala) auprès de femmes migrantes, pauvres, et/ou racisées, nous proposons de mettre ces violences en perspective, au regard de mécanismes globaux de domination (exil, racisme, pauvreté). Nous proposons le cadre d’analyse de l’ « injustice obstétricale » afin de mettre en avant la façon dont les violences, y compris celles de même nature, impactent différemment les patientes en fonction de leur parcours de vie. L’injustice obstétricale permet de dépasser la tendance universaliste des catégories de « violences » et « femmes » en mettant en avant la question de justice sociale présente dans les interactions médicales, où influent les rapports de classe, de race et de genre. Ce cadre analytique permet de montrer comment des actes a priori isolés (césariennes non nécessaires, stérilisations forcées) prennent une nature systématique lorsque l’on s’intéresse au profil socio-racial des patientes. Il pourrait ainsi favoriser une attitude plus réflexive de la part des professionnel·le·s de santé sur les mécanismes de domination en jeu dans l’interaction médecin-patiente. Il permettrait également aux militant·e·s des droits reproductifs de mieux prendre en compte la variabilité et la dimension intersectionnelle des expériences des femmes, et d’inclure une plus grande diversité de voix dans le débat sur les violences obstétricales, gynécologiques et reproductives.

  • Communication orale
    Les violences reproductives et les transmissions intergénérationnelles en Haïti
    Rose-Myrlie Joseph (CREF (Centre de recherche éducation formation), Université Paris Nanterre)

    À partir des récits de vie des femmes haïtiennes recueillies dans mes différentes recherches de 2006 à 2015, j'analyserai les VOGR en considérant l'abandon paternel. Après les grossesses, les géniteurs ne reconnaissent pas la paternité et refusent la prise en charge socio-économique des enfants. C'est la paternité au rabais, qui participe à appauvrir les femmes, détermine leur relégation au service domestique et les contraint à différentes formes de migration. Cela influe également sur leur autonomie reproductive et décisionnelle puisqu'elles sont souvent contraintes d'accepter de nouvelles relations intimes avec des hommes qui deviendront à leur tour des géniteurs (la contraception étant peu accessible) et des pères abandonnants. D'où une polyandrie en série associée aux maternités sérielles qui témoignent d'une exposition maximale des femmes à des risques de grossesse, dans un système hétéronormatif et un pays du Sud ravagé par la grande pauvreté. L'arbre généalogique des femmes illustre une transmission intergénérationnelle de ces phénomènes, surtout dans les milieux populaires et ruraux. Comment les rapports sociaux déterminent-ils ces répétitions ? Comment les femmes tentent-elles de s'en dégager? J'analyserai les VOGR au plus près du vécu des femmes haïtiennes écoutées individuellement ou en groupe, dans une démarche féministe, matérialiste, intersectionnelle et clinique, qui permet de les comprendre.

  • Communication orale
    Politique de santé reproductive en Haïti : confluence d’impérialisme culturel et violence faite aux femmes
    Tania Pierre Charles (UQAM - Université du Québec à Montréal)

    En Haïti comme dans les pays du Sud-Global, la santé comme bien publique s’insère dans un contexte, historique, politique, économique, sociale et culturel. Dans ce sens dans la réalité haïtienne moins de 40% des naissances ont lieu dans un établissement de santé (Institut Haïtien de & ICF, 2018) , ce qui signifie que les matrones assurent l’accouchement de la majorité des femmes. Cela traduit également l’existence de deux systèmes parallèles : celui de la médecine occidentale légitimé par la scientificité des connaissances et celui de la médecine créole produit de la mobilisation de savoirs et d’expériences des personnes historiquement opprimées, exclues, déshumanisées et marginalisées (Gonzalez, 1982) . C’est l’héritage colonial, d’une part qui a moulé de relations de domination sur un mode binaire persistant jusqu’à nous jours et de l’autre imprégné les mentalités, les subjectivités, la culture, l’épistémologie et surtout qu’il continu à se reproduire de manière endogène traversant la sociabilité et les espaces publics et privés. Dans ce contexte, l’expérience et la culture du monde occidental se présentent comme « normes universelles » et celles du monde non occidental comme inférieures. Ceci est clairement exprimé dans la politique de Santé reproductive et dans l’exécution de programmes sanitaires d’envergure nationale qui par leur inadéquation ne correspondent pas aux besoins des femmes haïtiennes.


Communications orales

Faire la lumière sur les VOGR par la narration et les arts

Salle : C-2059 — Bâtiment : Université de Montréal - Carrefour des arts et des sciences
  • Communication orale
    Accoucher au Québec : une enquête sur les expériences des femmes et les violences obstétricales
    Laurianne Fortin-Menard (UQAM - Université du Québec à Montréal)

    Chaque année, quelque 80 000 femmes donnent naissance à un enfant dans la province. Bien qu’il existe des données sur les actes médicaux pratiqués et leurs effets sur la santé physique des mères et des enfants, peu d’études ont exploré le vécu de l’accouchement du point de vue des femmes, qui sont pourtant les premières concernées. Dans le cadre de cette étude, nous avons exploré l’expérience de l’accouchement du point de vue situé des femmes concernées, en mettant l’accent sur leur relation avec les prestataires de soins de santé, leur vécu émotionnel et la prise en compte de leurs besoins, désirs et droits. Nous avons également examiné les expériences négatives que les femmes peuvent vivre pendant l’accouchement, telles que les violences obstétricales. Des comparaisons ont été faites selon les prestataires de soins impliqués (médecin de famille, obstétricien∙ne-gynécologue, sage-femme) et les lieux d’accouchement (hôpital, maison de naissance, domicile). Cette étude a utilisé une approche quantitative et a recueilli 5 197 expériences d’accouchement survenues au Québec entre 2017 et 2022 par le biais d’un sondage en ligne.

  • Communication orale
    Violences obstétricales et reproductives : la recherche-création à l’action
    Caroline Boileau (Université de Montréal), Marianne Cloutier (UdeM - Université de Montréal)

    Dans le cadre de notre présentation, nous proposons de revenir sur les travaux effectués au cours des dernières années à la Chaire McConnell-Université de Montréal en recherche-création sur la réappropriation de la maternité. Nous reviendrons sur cette réflexion collective effectuée autour des tabous liés aux violences reproductives et sur la portée des diverses activités menées au sein de la Chaire, tout en présentant un survol des pratiques d’Heidi Barkun et de Kimberley de Jong, deux artistes en résidence à la Chaire. En seconde partie, l’artiste Caroline Boileau présentera Ces langues que parlent les femmes. Ce projet de résidence lui permet de revenir à une partie de son travail d’atelier et de performance qui s’intéresse à la prise de parole de personnes rencontrées qui acceptent de lui livrer, pour quelques instants ou plusieurs heures, le récit de leur corps. Ces récits ont été de formidables moteurs de réflexion et de création qu’elle a cherché à traduire par le dessin, la sculpture, la vidéo et la performance afin de les rendre publics. Par son travail, Boileau cherche finalement à complexifier histoires, connaissances et expériences, à les troubler davantage pour tenter de faire émerger des questionnements et des étonnements, pour (re)faire émerger la parole.


Communications par affiches

Présentation par affiche

Salle : C-2059 — Bâtiment : Université de Montréal - Carrefour des arts et des sciences
  • Communication par affiche
    Savoirs situés et propositionnels : vers une conception féministe de l’endométriose
    Laurence Dufour-Villeneuve (UdeM - Université de Montréal)

    L'endométriose se présente comme un impensé, mais aussi comme un problème que les savoirs situés sont outillés pour aborder. Il s'agit d'une condition chronique caractérisée par la présence de tissu semblable à l’endomètre à l’extérieur de l’utérus, entraînant des symptômes variés tels que la douleur incapacitante et la fatigue chronique. Mêlant genre, du pouvoir et connaissance, cette maladie est intimement liée aux violences faites aux femmes. Sa compréhension lacunaire est en partie attribuable au caractère encore misogyne et androcentré de la perspective médicale. Il s’agit aussi d’une occurrence de science non faite, une déficience systématique et systémique dans la production des savoirs issue de dynamiques structurelles et politiques au bénéfice de certains groupes et au détriment d’autres. Il n’existe pas de traitement curatif à l’endométriose et les options de soins visent la gestion des symptômes. Les soins de santé consacrés à son traitement détiennent une valeur faible pour les femmes. Il s'agit ici de jeter un double regard sur cet objet, qu’on réfléchit comme construit issu des sphères discursives et sociales dominantes, mais aussi en fonction de ses modes d’existence non moins réels, mais moins sus et moins entretenus. En tenant compte du caractère performatif et pratique de tout savoir, il s’agit de réfléchir aux impacts de la définition de l’endométriose, pour ensuite se questionner sur les manières d’orienter une définition alternative qui agirait autrement.

    Affiche
  • Communication par affiche
    Bâtir des ponts interprofessionnels : Transformer les pratiques obstétricales par la compréhension de la formation clinique des étudiantes sages-femmes
    Sabina Abou Malham (UdeS - Université de Sherbrooke), Christine Loignon (Université de Sherbrooke), Julie Ouellet (UdeS - Université de Sherbrooke)

    Le non-respect des normes professionnelles de soins est une dimension reconnue de la violence obstétricale. En dépit de consensus nationaux et internationaux pour promouvoir des accouchements physiologiques et respectés, changer les pratiques entourant l’accouchement s’est avéré difficile. Parmi les barrières rapportées dans la littérature, la culture professionnelle au sein des départements d’obstétrique semble être un élément crucial pour implanter des changements de pratiques favorisant l’approche physiologique, ainsi que des soins fondés sur une décision partagée et un choix éclairé. Plusieurs leaders proposent d’amorcer ces changements en amont de la pratique professionnelle. La formation des sages-femmes constitue une source d’informations pertinente pour développer des stratégies de formation prégraduée afin d’initier la relève en soins obstétricaux à une culture alternative. Dans le cadre d’un projet de recherche doctoral reposant sur une approche qualitative, une analyse secondaire préliminaire des résultats sera présentée. Des thèmes liés aux apprentissages de la culture des sages-femmes seront présentés : l’agentivité réciproque, le choix éclairé, la reconnaissance de l’étendue de la physiologie, les compétences pour favoriser la physiologie et pour la préservation de soi. Les apprentissages réalisés par les étudiantes sage-femmes représentent une avenue prometteuse pour élaborer des stratégies de formation prégraduée pour la relève en soins obstétricaux au Québec.

  • Communication par affiche
    Personnes 2SLGBTQIA+ et VOGR : un état des lieux du cishétérosexisme dans le domaine de la santé sexuelle et reproductive
    Geneviève Pagé (UQAM), Adé Renaudin (UQAM - Université du Québec à Montréal)

    Cette affiche propose de discuter de manière critique les outils conceptuels et méthodologiques utilisés dans diverses recherches sur l’accès des personnes 2SLGBTQIA+ aux soins de santé reproductive. En effet, malgré l’existence de lois qui garantissent un accès égalitaire aux soins de santé 1 au Canada, les témoignages et récentes recherches (Dion et Boislard 2020; Dumas 2013; McNeil et al. 2021) suggèrent que l’accès aux soins en matière de santé reproductive pour les personnes 2SLGBTQIA+ est défaillant, soit par l’absence de soin, soit par la mauvaise qualité des soins. Cette analyse s’inscrit dans une recherche plus large visant à documenter les parcours de soin (obstacles, stratégies de résistances, etc.) en santé sexuelle et reproductive et dans le
    processus d’accès à la parentalité des personnes 2SLGBTQIA+ et des personnes handicapées. Partant d’un cadre féministe intersectionnel, cette recherche en démarrage résulte d’un partenariat avec plusieurs groupes communautaires québécois et vise
    éventuellement à développer des outils pour ces groupes afin de transformer les pratiques des milieux de la santé. L’affiche permettra de discuter des apports et limites des différentes stratégies conceptuelles et méthodologiques dans une perspective de justice reproductive.


Réseautage

Activité de réseautage et exposition

Salle : C-2081/83 - Salle d'exposition Marius-Barbeau — Bâtiment : Université de Montréal - Carrefour des arts et des sciences

Communications orales

Accueil

Salle : C-2059 — Bâtiment : Université de Montréal - Carrefour des arts et des sciences

Communications orales

Visibiliser les rapports de pouvoir en lien avec les VOGR

Salle : C-2059 — Bâtiment : Université de Montréal - Carrefour des arts et des sciences
  • Communication orale
    Stratégies et actions pour une prise en compte en Belgique de la coercition reproductive, système invisible de domination et de violence envers les femmes
    Justine Bolssens (Centre d'Action Laïque), Lionel Rubin (Centre d'Action Laïque)

    À l’intersection des violences faites aux femmes et de la santé sexuelle, la coercition reproductive fait référence à des comportements frauduleux ou contraignants en matière de contraception et de planification des naissances qui réduisent l’autonomie de décision des femmes. En Belgique, le phénomène est méconnu, même si les études sur les violences envers les femmes le mentionnent quelque fois de manière anecdotique. Pourtant, une forte corrélation existe entre violence conjugale (dont la procréation reproductive fait partie), grossesses non désirées et précoces, recours multiples à l'IVG, mais également transmission d’IST/MST, entre autres. Ce phénomène de contrainte à la procréation est, selon les études internationales, repéré dans tous les milieux sociaux et sans catégorie d’âge spécifique ; les adolescentes n’étant ni épargnées, ni les seules à subir ce type particulier de violence sexuelle et reproductive. La commission éthique du Conseil des femmes Francophones a mené pendant cinq ans une campagne de sensibilisation auprès de professionnels de l’accueil et de la santé, ainsi que du grand public, avec appel à témoignages relayé par les réseaux féministes et de planning familial. La campagne a généré quelques premières avancées sur les plans institutionnel et politique dont les stratégies, les moyens d’action et premiers résultats seront détaillés et exemplifiés.

  • Communication orale
    Les VOG en France : épistémologie, controverses et défis contemporains
    Virginie Rozee (INED), Clémence Schantz (Université Paris Cité)

    A partir des travaux réunis dans les deux numéros spéciaux que nous avons coordonnés en 2021 sur les violences gynécologiques et obstétricales (Cahiers du genre et Santé Publique), et des recherches que nous avons menées, notre communication vise à analyser en France l’histoire contemporaine de ce concept et les controverses actuelles qui limitent la mise en place de solutions pour y faire face. Si les violences gynécologiques, et obstétricales surtout, constituaient une question sociale et politique sous-jacente depuis les années 1970, ce n’est qu’au milieu des années 2010 qu’elles deviennent un enjeu publique et politique. La multiplication des témoignages sur les réseaux sociaux, fortement relayés par les médias, conduisent l’Etat et l’Académie de médecine à se saisir de la question en 2018. Dès lors, on voit que le mot « violences », mobilisé par de nombreuses militantes et associations, peinent à être légitimé en France, notamment au sein de la communauté médicale. Aujourd’hui
    encore, le mot fait l’objet de tensions car il connote, selon les professionnel∙les de santé, une dimension intentionnelle qui est réfutée. La notion de consentement est également au cœur de vifs débats, y compris au sein du gouvernement. Toutes ces controverses témoignent de l’importance de mener des recherches spécifiques sur les violences gynécologiques et obstétricales depuis la perspective des femmes elles-mêmes, pour mieux les définir, les comprendre et les combattre.

  • Communication orale
    Les violences obstétricales et gynécologiques au prisme du croisement des rapports sociaux de sexe et de la biomédicalisation
    Mathieu Azcue (UNIVERSITE LUMIERE LYON 2)

    Notre communication portera sur la lutte pour la reconnaissance institutionnelle des violences obstétricales et gynécologiques en France au croisement de l’inégalité femme/homme et du pouvoir médical (Tain, 2013). Nous nous inscrivons dans une posture féministe matérialiste qui a montré l’intérêt du croisement des rapports sociaux (Kergoat, 2021) et notamment entre la dynamique du système de genre et de la biomédicalisation pour analyser les questions qui touchent à l’articulation productif / reproductif comme l’accouchement (APRE, 1987).

    La première partie de la communication est une analyse socio-historique des violences obstétricales depuis les années 1970 en France. La seconde partie est une analyse des mouvements de femmes à partir des entretiens d’usagères à la tête du mouvement associatif depuis 2017, d’articles de presse, des rapports institutionnels et des textes politiques.

    Nous identifierons l’évolution du contenu des discours des femmes. Le récit par les femmes des violences est d’abord celui d’une contestation sur des points limités et fondée sur la non reconnaissance de ces violences dans les années 1970. Progressivement, ce récit tend vers une exigence globale de visibilité des violences comme problème public à la fin de décennie 2010. De plus, nous montrerons que cette évolution repose sur une transformation de la posture des usagères vers une analyse des violences obstétricales en tant que des violences sexistes et/ou sexuelles dans le cadre médical.


Communications orales

Appréhender les VOGR en contexte d’oppressions multiples

Salle : C-2059 — Bâtiment : Université de Montréal - Carrefour des arts et des sciences
  • Communication orale
    Récits d’accouchement à l’hôpital des femmes immigrantes minorisées et soins différenciés ?
    Jacqueline Schneider (UdeS - Université de Sherbrooke)

    Cette communication analyse des récits d’accouchement vécus dans des hôpitaux montréalais par des femmes immigrantes appartenant à des groupes ethnoculturels minoritaires en s’appuyant sur la notion de soins différenciés en santé. Cette réflexion se base sur l’analyse secondaire des données produites dans le cadre d’une recherche ethnographique plus large concentrée sur l’enchevêtrement entre expériences périnatales et migratoires. Les parties des récits biographiques concentrées sur la période périnatale qui portaient spécifiquement sur l’accouchement ont dévoilé que ces moments sont constitués par une multitude de dimensions expérientielles et dans lesquels les femmes ont témoigné de conflits avec les intervenant-e-s en salle d’accouchement hospitalier. Les réactions des soignant-es semblent s’inscrire dans la notion de soins différenciés en santé qui permet d’appréhender les variations d’applications des normes de prises en charge dans les systèmes de santé par le personnel soignant en fonction de pratiques discriminatoires (Sauvegrain, el Kotni et Racioppi, 2022). Nous explorons dans cette communication l’hypothèse selon laquelle des soins différenciés semblent se structurer et s’actualiser dans des expériences de femmes minorisées et immigrantes qui accouchent dans des hôpitaux à Montréal. Enfin, nous discutons de l’ambivalence présente dans les discours de nos interlocutrices, puisque leurs récits sont également parsemés de perceptions positivement construites.

  • Communication orale
    Stérilisation forcée des femmes autochtones : analyse intersectionnelle du discours médiatique relatif au recours collectif menés par des femmes autochtones en 2018
    Lamyae Khomsi (Chercheure indépendante)

    Ce travail de recherche a été initié par une curiosité personnelle de s’informer sur le phénomène de stérilisation forcée des femmes Autochtones afin de connaître l’historique de cette pratique et ses mécanismes systémiques. Au fur et à mesure de la recherche de données en ligne, des thématiques relatives à la représentation des femmes Autochtones dans la presse ont émergé pour donner naissance à cette analyse du discours médiatique. L’objectif de ce travail est de comprendre comment le traitement médiatique du sujet de la stérilisation forcée des femmes Autochtones permet de mettre la lumière sur le passé colonial génocidaire du Canada envers les peuples Autochtones et comment ces politiques continuent d’alimenter des pratiques qui affectent en particulier la vie des femmes de ces communautés. L’analyse de treize articles de presse parus dans cinq journaux électroniques francophones et trois journaux anglophones aussi bien au Canada qu’à l’échelle internationale entre 2015 et 2018 ; a permis de comprendre comment l’identité construite des femmes Autochtones les positionne en infériorité justifiant ainsi leur mise sous tutelle symbolique et la prise de contrôle sur leur corps. L’analyse du discours médiatique a été effectuée selon les différentes catégories de pouvoir(Collins et Bilge, 2016), à savoir : la race, la nationalité, le genre et l’ethnicité, en lien avec les domaines de pouvoir structurel, disciplinaire, interpersonnel, culturel et psychique incorporé(Bilge, 2013).

  • Communication orale
    Consentement libre et éclairé et stérilisations imposées de femmes Premières Nations et Inuit au Québec
    Suzy Basile (UQAT - Université du Québec en Abitibi-Témiscamingue), Patricia Bouchard (UQAT)

    La colonisation au Canada entraîne de multiples répercussions sur la santé des femmes autochtones, particulièrement dans un contexte de gynéco-obstétrique. Malgré l’existence de protections légales, les femmes autochtones sont toujours la cible de plusieurs formes de discrimination dans le système de santé et le besoin de stratégies de décolonisation est criant. À cet effet, la stérilisation imposée est une réalité méconnue et incompréhensible en raison du degré de violence que ce geste implique et des femmes autochtones subissent d’importantes violations de leurs droits dans un contexte de soins en gynéco-obstétrique au Québec. Les témoignages qui émanent de cette recherche, aussi bouleversants soient-ils, viennent affirmer la nécessité d’aborder ce sujet de front. Ce projet vise à pallier le manque de données sur la stérilisation imposée de femmes des Premières Nations et Inuit. La collecte de donnée, réalisée entre mai 2021 et janvier 2022, a permis de recueillir 35 témoignages de personnes issues de cinq nations distinctes. Force est de constater que l’analyse des témoignages recueillis dans le cadre de la présente recherche, juxtaposée aux conclusions de récents travaux menés sur les enjeux auxquels font face les Premières Nations et les Inuit dans les services publics au Québec, converge vers un constat clair, soit la présence de racisme systémique.


Dîner

Dîner

Salle : C-2059 — Bâtiment : Université de Montréal - Carrefour des arts et des sciences

Communications orales

Résister et lutter contre les VOGR

Salle : C-2059 — Bâtiment : Université de Montréal - Carrefour des arts et des sciences
  • Communication orale
    Violences Obstétricales et Gynécologiques en France : présentation du collectif StopVOG France (@StopVOGfr) luttant contre l’impunité et le déni
    Sonia Bisch (StopVOG France @SopVOGfr)

    J’ai fondé en 2017 le collectif militant et féministe « Stop aux violences obstétricales et gynécologiques France » @StopVOGfr suite à des violences obstétricales que j’ai subi lors de mon accouchement. Scandalisée par le déni sociétal et médical, et l’absence de recours possible, agir, militer m’est apparu la seule solution pour espérer changer la situation et épargner d’autres victimes. Le collectif a pour but de rehausser le niveau de conscience général sur les VOG qui restent taboues en France. Nous diffusons des témoignages de victimes en anonyme et mobilisons médias et politiques afin que le déni et l’impunité cessent. Le Conseil à l’Égalité entre les Femmes et les Hommes (HCEfh) précise dans son rapport de 2018 que ces violences sont généralisées et systémiques en France. Depuis, aucune mesure du gouvernement n’a été mise en place. Je propose de détailler les mécanismes et les conséquences des VOG dans le contexte français, en précisant les missions et actions médiatisées du collectif : l’affaire Daraï, Zacharopoulou et celle d’Antony, notre travail de recherche sur la naissance pendant le covid-19 en France et enfin la campagne européenne actuelle visant à demander l’inscription des VOG dans la convention d’Istanbul du Conseil de l’Europe, dans l’espoir de forcer les pays européens signataires à agir enfin !

  • Communication orale
    Lutter contre les violences gynécologiques par le self-help féministe ? Appropriations profanes et infléchissements professionnels
    Lucile Quéré (HES-SO Valais)

    Depuis une dizaine d’années, le courant de self-help féministe qui conteste l’emprise médicale sur le corps des femmes connait un nouvel essor. Il rassemble profanes et professionnelles de santé tentant de transformer l'encadrement médical du corps des femmes. En s’appropriant les savoirs médicaux et en valorisant les savoirs profanes, elles tentent de développer une sorte de gynécologie féministe afin de lutter contre les violences gynécologiques. Cette communication entend étudier les effets de ces mobilisations sur les pratiques des profanes et des professionnelles de santé à partir d’une enquête ethnographique menée par observations et entretiens (n=68) entre 2015 et 2019 auprès de militantes du self-help gynécologique en Belgique wallonne, France et Suisse romande. La communication interroge l’alliance entre médecins, sages-femmes et profanes contre le pouvoir des gynécologues. Que font ces collaborations aux profanes d’un côté et aux professionnelles de santé de l’autre ? Les profanes cherchent à faire reconnaître les savoirs qu’elles ont acquis et accumulés par la participation aux mobilisations de self-help. Les professionnelles de santé sont amenées à modifier leurs pratiques professionnelles (allongement du temps de la consultation, auto-frottis, accès au miroir, etc.). Pour toutes se jouent des formes d’hybridation des trajectoires militantes et professionnelles, qu’il s’agisse de prolonger professionnellement la cause ou de transformer le métier par la cause.

  • Communication orale
    Ré-agir face aux violences gynécologiques et obstétricales : une exploration qualitative des réactions adoptées par les victimes, entre le doute et la reconnaissance
    Zélie Chancogne (UQAM - Université du Québec à Montréal)

    Notre présentation s’appuiera sur les résultats d’une étude qualitative exploratoire menée au Québec en 2022. Cette recherche a recueilli le témoignage de neuf femmes cis et d’une personne non-binaire âgé.e.s de 24 à 57 ans et ayant subi des VGO au Québec. En nous partageant leur expérience, ces victimes de VGO nous ont donné l’occasion de considérer l’adoption de réactions et de stratégies permettant de faire cesser ces violences, de ne plus en revivre voire de se reconstruire.

    Pour cette conférence, nous présenterons plus spécifiquement les formes de violences vécues et les réactions adoptées face à celles-ci. Entre immobilisation et expression de soi, nous verrons l’émergence d’un travail réflexif chez les participant.e.s. Ce travail réflexif, établi autour de la violence subie sera teinté par le doute, la reconnaissance, le questionnement et la minimisation. Nous pourrons alors ainsi explorer la manière dont les victimes travaillent cette réflexion, en abordant notamment la nébulosité de la scène gynécologique violente, une difficulté à remettre en question la pratique médicale ainsi qu’une nécessité de recours aux soins.


Communications orales

Mieux comprendre les VOGR pour mieux agir

Salle : C-2059 — Bâtiment : Université de Montréal - Carrefour des arts et des sciences
  • Communication orale
    Proposition d’un modèle de continuité relationnelle des soins en périnatalité dirigé par la femme et l'infirmière pour prévenir les violences obstétricales, gynécologiques et repro
    Karina Daigle (UQO - Université du Québec en Outaouais)

    La médicalisation de la naissance est un phénomène vécu à travers le monde qui s’est traduit par une fragmentation des soins occasionnant un manque de continuité relationnelle des soins(Renfrew et al., 2014). Ce manque de continuité relationnelle dans les soins a été identifié comme étant une dimension pouvant contribuer au phénomène des violences obstétricales, gynécologiques et reproductives (VOGR) (Bohren et al 2015;Clesse et al., 2018). L’étude qualitative longitudinale participative de Daigle(2019) a résulté par la co-construction d’un prototype présentant un modèle de continuité relationnelle des soins dirigé par la femme et l’infirmière. Une des hypothèses de ce modèle de soins novateur fondé sur la continuité relationnelle est qu’il favoriserait l’humanisation des soins et pourrait prévenir les VOGR et ses conséquences sur la santé globale de la femme. Les résultats ont permis de décrire les thèmes et les sous-thèmes représentant ledit modèle de soins : i)les composantes du modèle de soins et ii)le partenariat relationnel représenté par les comportements types de la femme et de l’infirmière pour créer un processus d’engagement au niveau clinique.Une des retombées de cette étude est de proposer un modèle de soins novateur qualifié d’une pratique prometteuse pouvant soutenir la transformation des actions des infirmières visant à lutter contre les VOGR. Or, cette transformation des pratiques ne peut se faire si les femmes ne sont pas celles qui dirigent leur propre soin.

  • Communication orale
    Penser la prévention et la lutte contre les violences obstétricales au prisme du droit : l’exemple de la responsabilité civile professionnelle
    Audrey Ferron-Parayre (Université d’Ottawa), Malorie Malorie (Université d'Ottawa)

    Bien que les violences obstétricales (VO) prennent de multiples formes, le consentement libre et éclairé à ces soins y est souvent déficient, voire absent. Pourtant, il s’agit d’une obligation imposée à tou·te·s soignant·e·s. Le consentement vise à assurer le respect de l’intégrité de la personne, la sauvegarde de sa dignité, et l’expression de son autonomie dans le cadre de décisions qui touchent, particulièrement en obstétrique, son intimité. L’accès à la justice est un mécanisme important de réparation pour les personnes qui sont victimes de VO. Dans le cadre de cette présentation, nous allons nous attarder plus spécifiquement à la responsabilité civile, soit une procédure judiciaire qui exige de prouver une faute commise, un préjudice subi, et un lien de causalité entre les deux. En théorie, la responsabilité civile peut être mobilisée comme outil de prévention des VO. En pratique, cependant, y a-t-il un réel accès à la justice pour les victimes de VO qui choisissent de mobiliser ce recours ? Nous allons analyser et critiquer le cadre juridique spécifique à ce recours, pour démontrer que bien que la preuve d’une faute soit toujours un élément difficile à prouver, la démonstration du lien de causalité s’avère particulièrement complexe lorsque la faute concerne le consentement, diminuant de fait les chances de succès du recours. Nous allons aussi suggérer une réinterprétation de ces éléments qui pourrait favoriser un meilleur accès à la justice pour les victimes de VO.

  • Communication orale
    Penser les violences en période postnatale et dans le soutien à l’alimentation du bébé au prisme de l’anthropologie socioculturelle de la reproduction
    Anne-Marie Rouillier (Université Laval)

    Lorsque tenté, le démarrage de l’allaitement est un moment révélateur de la cristallisation des attentes à l’égard de « la bonne mère »; pression externe et attentes parentales se multipliant (Dionne 2016; Lupton 2012). Adoptant la posture critique de l’anthropologie socioculturelle de la reproduction (Han et Tomori 2021), cette présentation se fonde sur une ethnographie sur le territoire de la Capitale-Nationale (Québec). Les perspectives de 40 parents et de 13 personnes-ressources ont été colligées et ont fait l’objet d’une analyse de contenu, révélant que certaines mères traverseront des moments difficiles dans leur projet d’alimentation du bébé, parfois en raison de dynamiques négatives vécues auprès du personnel soignant. Les résultats me permettent d’avancer que, d’une part, les soins liés à la lactation peuvent mener à des violences s’inscrivant sur le continuum des violences obstétricales/reproductives (Favre 2020, Lévesque et al. 2018). De surcroît, des questions se posent quant aux limites du soutien à l’allaitement; comment informer sans imposer, même si l’allaitement représente la norme de santé publique (Tomori et al. 2021)? D’autre part, les violences obstétricales lors de l’accouchement ont des effets sur la lactation, car elles peuvent interférer avec les processus biologiques et relationnels et avec l’agencéité des mères. Une approche des soins inspirée de la justice reproductive apparait favorable à une expérience positive chez les familles.

  • Communication orale
    Expériences et perceptions des violences gynécologiques chez les personnes qui les vivent : une exploration phénoménologique, queer et féministe
    Alexandra Toupin (UQAM - Université du Québec à Montréal)

    Les violences gynécologiques (VG) font l'objet d'une explosion de témoignages dénonciateurs à travers le monde depuis plus de 20 ans, spécialement sur les réseaux sociaux.

    Pourtant, le concept de VG n'est toujours pas clairement circonscrit par la science, ce qui entretient d’importants angles morts épistémo-sémantiques. La confiance de la population concernée envers son système médical demeurera compromise tant que l’on ne s’attardera pas à comprendre le problème pour mieux y intervenir.

    L’étude qualitative présentée vise à explorer le phénomène des VG à partir des expériences de personnes rapportant en avoir vécu. Elle implique des entretiens individuels semi-dirigés menés auprès de neuf personnes recrutées via des organismes œuvrant auprès de populations marginalisées. Elle procède par analyse de type phénoménologique descriptive et s’ancre dans un cadre féministe et inclusif du genre.

    Dans le cadre de cette communication, il s’agira plus spécifiquement de présenter les formes qu’ont pris les VG dans la vie de ces personnes (p. ex. déshumanisation) et ce qui a fait qu’elles ont reconnu avoir en vécu (p. ex. confiance en ses perceptions).

    Les résultats nous aident à mieux comprendre le phénomène en fournissant des pistes pour départager la violence de la non-violence en s’appuyant sur des expériences vécues. Ils font office d’amplificateur pour ces voix trop souvent tues et pourraient servir de levier aux futures recherches et programmes en lien avec les VG.


Communications orales

Conclusion

Salle : C-2059 — Bâtiment : Université de Montréal - Carrefour des arts et des sciences