Informations générales
Événement : 90e Congrès de l'Acfas
Type : Colloque
Section : Section 400 - Sciences sociales
Description :Malgré des avancées significatives concernant la reconnaissance des droits, notamment au Québec, les personnes de minorités sexuelles et de genre (MSG) sont encore la cible de préjugés, de discrimination et de stéréotypes négatifs (Bourguignon et al., 2018). En 2018, les personnes des minorités sexuelles étaient deux fois plus susceptibles que les celles hétérosexuelles de rapporter avoir été victimes de comportements inappropriés en public, en ligne ou au travail (Statistique Canada, 2018). Des travaux récents réalisés auprès de différentes populations montrent que les attitudes de rejet envers les personnes des MSG persistent (Kamgain et al., 2017), et des gestes de violence physique et sexuelle à leur endroit sont rapportés (Jaffray, 2020).
En outre, la stigmatisation et la marginalisation peuvent aussi se reproduire au sein des relations intimes et amoureuses (Brubaker, 2020). Des études récentes sur la violence dans les relations intimes et amoureuses (VRIA) chez les MSG révèlent par exemple que des manifestations de violences psychologiques liées à l’orientation sexuelle ou l’identité de genre peuvent témoigner de l’homophobie intériorisée d’un des partenaires (Kimmes et al., 2019). Toutefois, il semble que la stigmatisation et ses incidences influent sur la décision des victimes de rapporter ou non les violences subies (Oliffe et al., 2014; Roy, 2016).
Ces différentes discriminations vécues soulèvent l’enjeu d’accès à des services adaptés aux besoins des MSG (Dumas et al., 2016). Selon Chamberland et Dumas (2014), le système de santé est, dans son ensemble, un système hétérocentrique. Ainsi, plusieurs services spécialisés, notamment en violence conjugale, sont organisés selon une logique genrée et hétéronormative dans laquelle les populations des MSG ne se reconnaissent pas (Calton et al., 2016). Blais et ses collaborateurs (2018) soulèvent d’ailleurs que le climat d’intolérance des services sociaux et de santé pousse certaines personnes des MSG à négliger leurs besoins de santé.
Par ailleurs, très peu de données concernant les francophones documentent les violences expérimentées par ces populations dans différentes sphères de leur vie. Aussi, un écart subsiste entre les données et l’adaptation des ressources sur le terrain pour répondre aux besoins grandissants. Le colloque proposé contribuera à l’avancement des connaissances en se centrant sur ces enjeux scientifiques et d’intervention en contexte francophone, et ce, dans une perspective multidisciplinaire (travail social, sexologie, santé publique, science politique, sociologie).
Les présentations sont structurées selon le modèle écologique en abordant d’abord les violences structurelles (macrosystème) pour se rendre vers les VRIA (microsystème). Ce colloque répondra à un besoin partagé par les milieux scientifiques et de pratique d’avoir un portrait global d’enjeux individuels imbriqués dans leur contexte communautaire et social.
Date :Format : Sur place et en ligne
Responsables :Programme
Première partie
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Communication orale
Intimes violences: Agresseurs, victimes et souffrances entre partenaires gaisEmeric Friedmann (Université de Strasbourg)
Les données françaises de l’expérience des conjugalités violentes ne reflètent qu'assez mal celles qui s'émancipent du cadre hétéronormatif. La recherche actuelle vise à combler ce manque de données par l'étude des violences intimes entre partenaires gais comme une sociologie de la "vie brutalisée" (Beauchez 2021) visant à montrer comment des vies originellement structurées par les inflictions de la violence (épreuves de la honte sociale, violences de rue physiques et symboliques...) en viennent à les incarner si profondément qu'à leur tour elles en constituent un prolongement : celui d'une brutalité que l'on perpétue en l'infligeant à d'autres et à soi-même."
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Communication orale
Comprendre les violences et les rapports de domination dans les relations intimes et amoureuses lesbiennes au QuébecCecilia Carotenuto (Université libre de Bruxelles)
La littérature scientifique montre que 67% des femmes issues des minorités sexuelles contre 44% des hétérosexuelles déclarent avoir subi de la violence au sein de leurs relations intimes et amoureuses au moins une fois au cours de leur vie (Statistiques Canada, 2018). Toutefois, à cause des oppressions systémiques qui caractérisent la vie des personnes LGBTQIA+ ce sujet reste encore trop dans l’ombre. Cette présentation reprendra les résultats principaux d’une enquête sociologique qualitative, réalisée dans le cadre d’un stage de maîtrise, à propos des violences subies ou exercées, ainsi que les rapports de domination au sein des relations lesbiennes afin de comprendre comment certaines dynamiques de pouvoir et de violence peuvent se mettre en place.
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Communication orale
Violence dans les relations intimes et amoureuses chez les hommes et les femmes bi-pan-sexuel.le.s : éléments partagés et distinctionsRebecca Angele (Université Laval), Sylvie Thibault (UQO - Université du Québec en Outaouais)
La violence dans les relations intimes et amoureuses (VRIA) chez les populations LGBTQ+ est de plus en plus documentée. En effet, les personnes homosexuelles et bisexuelles sont deux fois plus susceptibles que celles hétérosexuelles d’être victimes de VRIA (Statistique Canada, 2016). D’autre part, ces taux pourraient être sous-estimés en raison des structures patriarcales et hétérocisnormatives associées à la violence conjugale (Gouvernement du Québec, 2018). La présentation portera sur les données récoltées auprès de 20 participant.e.s bisexuel.le.s et pansexuel.le.s, hommes et femmes. Nous nous intéresserons aux formes de violences spécifiques aux personnes bisexuelles, ainsi qu’aux différences dans les manifestations rapportées par les hommes et les femmes bi-pan-sexuel.les. Nous présenterons les pistes d'analyses de ces différences en considérant le contexte hétérocisnormatif dans lequel s’intègrent ces violences.
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Communication orale
Se construire sexuellement avec et après un questionnement sur son identité de genre : une autre adolescenceDenise Medico (UQAM - Université du Québec à Montréal)
Dans cette présentation nous discuterons des principaux enjeux au niveau des relations amoureuses et sexuelles auxquels font face les adultes émergents trans ayant transitionné après l’adolescence. À partir des résultats d’une recherche qualitative auprès de 20 adultes nous aborderons comment iels tentent de construire une sexualité résiliente, notamment dans le rapport à leur propre corps et celui de leur partenaire, malgré l’inadéquation des modèles dominants cishétéronormatifs et des séquelles traumatiques fréquentes.
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Communication orale
Portrait des thérapies de conversion chez les jeunes 2S/LGBTQIA+ : les résultats du sondage « J’prends ma place! »Olivier Ferlatte (UdeM - Université de Montréal), Simon Ouellet (Université Laval)
Les thérapies de conversion sont des pratiques discréditées qui nient ou dévalorisent les orientations sexuelles et les identités de genre 2S/LGBTQIA+. Ces pratiques causent des torts importants aux personnes qui les subissent, ce qui a motivé le gouvernement canadien à les criminaliser en 2022. Cette présentation fera l’état de la situation en présentant des données recueillies auprès de 3688 jeunes 2S/LGBTQIA+ au Canada.
Dîner
Deuxième partie
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Communication orale
Regard sur les violences transversales vécues par les personnes aînées LGBTQ de la diversité capacitaireJulie Beauchamp (Université Laval), Bertille Marthouret (Université Laval), Élise Milot (École de travail social et de criminologie)
Les personnes aînées LGBTQ de la diversité capacitaire peuvent se retrouver au croisement de plusieurs systèmes d’oppression (ex. l’âgisme, l’hétérosexisme, le cissexisme, le capacitisme), ce qui peut contribuer à leur invisibilité sociale, moduler leur réseau social et de soutien, et influencer leur accès aux services. Dans cette présentation basée sur des écrits scientifiques récents, il sera question des violences transversales et spécifiques vécues par les personnes présentant une déficience intellectuelle et celles vivant avec une ou des maladies chroniques.
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Communication orale
Jeunes trans et autochtones / bispirituels et expériences de violence et résistancesBoivin Johnny (École), Pasha Partridge (Projet 10 et Chaire de recherche du Canada sur les enfants transgenres et leurs familles), Annie Pullen Sansfaçon (UdeM - Université de Montréal)
Les jeunes trans et autochtones/bispirituels subissent de multiples formes de violence structurelle, à l’intersection du genre et de l’identité autochtone, expériences qui peuvent autant être vécues à l’intérieur et qu’à l’extérieur de leur communauté / sur ou hors réserve. Ces jeunes vivent également des niveaux élevés de pauvreté, d’itinérance et de sous-logement. Par ailleurs, les conditions structurelles opprimantes ont des répercussions sur le bien être individuel et collectif de ces jeunes.
Cette présentation examine les vécus de jeunes personnes autochtones trans / bispirituelles ayant participé à une recherche-action, en collaboration avec l’organisme Projet 10, ayant pris la forme de cercles de paroles coanimés par deux jeunes bispirituel.le.s et une ainée. Le projet s’est déroulé sur une période de 19 rencontres tenues entre septembre 2021 et avril 2022, à Tiohtià:ke et en ligne. Les participant.e.s des cercles de parole ont discuté de leurs enjeux les plus pressants, des causes sous-jacentes à ces enjeux, et des pistes de solutions pour y faire face. Le projet a permis de dégager trois piliers de difficultés vécues par les jeunes, soit le manque d’éducation, le manque de représentation et le manque d’espaces sécuritaires, à la base de nombreuses expériences d’oppression. Cette communication examine brièvement ces trois piliers, avant de présenter les stratégies de résiliences et de résistances déployées par les jeunes.
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Communication orale
Les blagues des collègues de travail : terrain d’oppression et d’émancipation pour les minorités sexuelles et de genresEmilie Morand (Université Laval)
Cette communication s’appuie sur les résultats d’une enquête qualitative au Québec portant sur les facteurs d’inclusion et d’exclusion des personnes LGBTQ+ dans différents domaines de leur vie. Elle traite d’un aspect encore peu exploité comme sujet d’étude, les blagues offensantes des collègues de travail. L’humour entre collègues de travail cimente souvent la cohésion et le bon esprit d’équipe. Or celui-ci reste emprunt d’homophobie, de transphobie, de sexisme mettant les personnes LGBTQ+ dans une position ambiguë : le registre de l’humour interrogeant la légitimité de réagir aux blagues offensantes. L’écart constaté entre l’intention des auteur·e·s de plaisanterie et les effets que celles-ci peuvent avoir sur les personnes LGBTQ+ donne lieu à trois types de réactions, allant du renversement de la blague à son avantage à une sorte de renoncement. Ces trois types de réactions exigent un travail émotionnel (Hoschild, 2003). Enfin, les femmes non hétérosexuelles se retrouvent piégées : l’acceptation de leur lesbianisme comme facteur d’intégration à l’entre-soi masculin se fait au prix d’une exclusion du groupe des femmes, les rendant complices de toutes formes de sexisme.
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Communication orale
Intimidation en milieu scolaire : données du projet SAVIE-LBTQMartin Blais (Chaire de recherche sur la diversité sexuelle et la pluralité des genres)
Les inégalités intersectionnelles dans l'exposition à l'intimidation et ses corrélats chez des adultes de minorités sexuelles et de genre en milieu scolaire.
Mot de clôture
Remerciement à la participation