Ce colloque souhaite interroger l’écosystème académique comme lieu masculin et potentiellement discriminant pour celleux aux identités féminines ou prenant des rôles et responsabilités dites féminines. Les multiples enjeux auxquels font face les femmes lorsqu’elles entament une carrière universitaire est le reflet de ce penchant masculiniste du milieu. Alors qu’au Québec les femmes forment la majorité des étudiant·e·s universitaires (Conseil du statut de la femme, 2018, p. 17), leur présence au sein du corps professoral est moindre (40,2 % des professeur·e·s sont des femmes, Radio-Canada, 2017). Celles qui parviennent à faire carrière dans le milieu universitaire ont généralement de moins bons salaires que leurs collègues masculins (Statistiques Canada, dans Penner et Smith Carrier, 2022) et cette disparité est encore plus grande en fonction de leur séniorité. Cela peut sembler paradoxal si on considère qu’elles s’occupent davantage de tâches « de soin » importantes, mais peu reconnues pour le maintien de la vie universitaire : mentorat, travail administratif, travail de soutien émotif (Gaudet, 2022). Ce travail invisible de soin s’ajoute à celui de la maternité et constitue alors un enjeu transversal majeur à considérer, autant au sein de l’institution universitaire qu’en dehors (Baker, 2012; Bourgeault, Gaudet et Bujaki, 2021). La récente pandémie a d’ailleurs mis en lumière de manière frappante les enjeux vécus par les mères et universitaires (Larochelle, 2020). On sait par exemple qu’elles ont moins publié et que les revues ont publié davantage de textes écrits par les hommes, également en sciences de la nature (Gewin, 2020). Les enjeux sont encore plus critiques lorsqu’une personne se situe à l’intersection de plusieurs caractéristiques discriminatoires (Anderson, 2020). À la lumière de cette mise en contexte, il nous paraît essentiel de créer un espace de discussion concernant les enjeux féminins dans le milieu universitaire.
Du mardi 9 au mercredi 10 mai 2023