L’extractivisme s’intensifie et se multiplie sous diverses formes partout sur la planète (Parks, 2021). Au Sud comme au Nord, attirer des capitaux pour les activités extractivistes est désormais au centre des plans de développement économique (Asselin, 2011; Beaucage, 2018) ou de relance économique visant à sortir de la crise profonde mise en évidence par la pandémie de Covid-19 (Dressler, 2021).
Le colloque veut analyser de manière critique les dynamiques de l’extractivisme et rendre visibles les alternatives à ce modèle, comme celles liées à une cosmovision ou ontologie politique (Escobar, 2012) fondées sur des relations harmonieuses entre humains et non humains. Diverses voix critiques s’expriment en faveur d’une sortie de l’extractivisme (postextractivisme) et d’autres conceptions du vivre-ensemble, et promeuvent des stratégies locales et transnationales de résistance contre les projets extractifs (Magaña, 2020; Roca et Perdomo, 2020; Svampa, 2019).
Le colloque se propose de faire un retour sur la notion d’origine de l’extractivisme, depuis les travaux pionniers des Sud-Américains Gudynas (2009), Svampa (2013) et Acosta (2013), pour en explorer de nouveaux sens et usages, comme l’extractivisme ontologique et épistémique (Grosfoguel, 2016). Chagnon et al. (2022) considèrent l’extractivisme comme concept englobant pour comprendre les processus découlant de l’accumulation contemporaine du capital à l’échelle globale et qui organise la vie humaine et non humaine en la conditionnant. Dans ce sens, en s’inspirant des travaux de Preston (2017) sur les travailleurs migrants temporaires, de Morris (2019; 2020) sur les réfugiés et de Wichterich (2020) sur les travailleuses du soin, le colloque souhaite réfléchir à l’application du concept d’extractivisme à des processus impliquant des « ressources humaines ». À cette fin, le colloque propose de penser l’extractivisme non plus au singulier mais au pluriel (« les extractivismes ») afin de rendre possible une multitude de perspectives autour du concept.
Objectifs du colloque
- Analyser de façon critique et constructive le concept d’extractivisme pour voir ses angles morts ou limitations et proposer de nouvelles facettes ou utilisations théoriques;
- Analyser de façon critique les processus d’extraction des ressources naturelles et humaines afin d’en comprendre les dynamiques;
- Explorer les réponses aux extractivismes qui émergent à proximité des sites d’extraction ou en réaction aux projets extractifs;
- Examiner et discuter les différentes mutations de l’extractivisme contemporain dans les discours politiques.
Remerciements
CIERA; IHEAL; CREDA; GRITE; PSÉA, Chaire conjointe de recherche UOttawa-ULyon sur l’urbain anthropocène; CICADA; ANCMSP; CEMCA.