Informations générales
Événement : 90e Congrès de l'Acfas
Type : Colloque
Section : Section 400 - Sciences sociales
Description :L’extractivisme s’intensifie et se multiplie sous diverses formes partout sur la planète (Parks, 2021). Au Sud comme au Nord, attirer des capitaux pour les activités extractivistes est désormais au centre des plans de développement économique (Asselin, 2011; Beaucage, 2018) ou de relance économique visant à sortir de la crise profonde mise en évidence par la pandémie de Covid-19 (Dressler, 2021).
Le colloque veut analyser de manière critique les dynamiques de l’extractivisme et rendre visibles les alternatives à ce modèle, comme celles liées à une cosmovision ou ontologie politique (Escobar, 2012) fondées sur des relations harmonieuses entre humains et non humains. Diverses voix critiques s’expriment en faveur d’une sortie de l’extractivisme (postextractivisme) et d’autres conceptions du vivre-ensemble, et promeuvent des stratégies locales et transnationales de résistance contre les projets extractifs (Magaña, 2020; Roca et Perdomo, 2020; Svampa, 2019).
Le colloque se propose de faire un retour sur la notion d’origine de l’extractivisme, depuis les travaux pionniers des Sud-Américains Gudynas (2009), Svampa (2013) et Acosta (2013), pour en explorer de nouveaux sens et usages, comme l’extractivisme ontologique et épistémique (Grosfoguel, 2016). Chagnon et al. (2022) considèrent l’extractivisme comme concept englobant pour comprendre les processus découlant de l’accumulation contemporaine du capital à l’échelle globale et qui organise la vie humaine et non humaine en la conditionnant. Dans ce sens, en s’inspirant des travaux de Preston (2017) sur les travailleurs migrants temporaires, de Morris (2019; 2020) sur les réfugiés et de Wichterich (2020) sur les travailleuses du soin, le colloque souhaite réfléchir à l’application du concept d’extractivisme à des processus impliquant des « ressources humaines ». À cette fin, le colloque propose de penser l’extractivisme non plus au singulier mais au pluriel (« les extractivismes ») afin de rendre possible une multitude de perspectives autour du concept.
Objectifs du colloque
- Analyser de façon critique et constructive le concept d’extractivisme pour voir ses angles morts ou limitations et proposer de nouvelles facettes ou utilisations théoriques;
- Analyser de façon critique les processus d’extraction des ressources naturelles et humaines afin d’en comprendre les dynamiques;
- Explorer les réponses aux extractivismes qui émergent à proximité des sites d’extraction ou en réaction aux projets extractifs;
- Examiner et discuter les différentes mutations de l’extractivisme contemporain dans les discours politiques.
CIERA; IHEAL; CREDA; GRITE; PSÉA, Chaire conjointe de recherche UOttawa-ULyon sur l’urbain anthropocène; CICADA; ANCMSP; CEMCA.
Dates :Format : Sur place et en ligne
Responsables :- Rolando Ivan Magana Canul (Centre de recherches et d’études supérieures en anthropologie sociale)
- Marie-Dominik Langlois (Université d’Ottawa)
Programme
Panel 1. Extractivisme(s) : discussions théoriques et réflexions empiriques sur l’usage du concept
-
Communication orale
Pour une approche comparée et globale des mobilisations autour de l’extractivismeMathilde Allain (Université Sorbonne Nouvelle), Antoine Maillet (Université du Chili)
Dans sa définition traditionnelle, l’extractivisme ne concernerait que des économies dites périphériques, faiblement diversifiées, et sans capacité d’ajouter de la valeur aux matières extraites. Cependant, la multiplication des projets extractifs en Europe et le rôle qu’occupent les biens naturels dans les économies plus consolidées amènent à s’interroger sur l’échelle pertinente pour aborder l’extractivisme et les phénomènes qui lui sont associés. Face au caractère global des pratiques de l’extractivisme et les fortes interdépendances entre économies mondialisées, est-il encore viable et utile de conserver une approche marquée par le nationalisme méthodologique ? Nous proposons, à partir de nos travaux sur les mobilisations de l’extractivisme (Allain et Maillet, 2022), d’aborder l’extractivisme de manière comparée et globale, sans le cantonner aux études de cas latino-américains. Méthodologiquement, le défi est d’articuler les apports de la tradition de la politique comparée – la richesse du « détour » par la comparaison de cas nationaux - avec un questionnement global des traits communs émergents dans des processus multi situés comme la « transition énergétique ». L’approche globale est particulièrement fructueuse pour mettre en exergue le décentrement du cadrage environnemental dans les actions collectives et les évolutions des relations entre les entreprises extractives et les résistances, sur différentes scènes connectées entre elles.
-
Communication orale
Extraire la vie du monde iyiyiw: personnes, relations et intimités sociocosmologiquesPaul Wattez (Université d’Ottawa)
Les ressources naturelles ne sont pas des ressources naturelles pour les Autochtones et les effets de leur extraction ne sont pas similaires à ceux dans le monde occidental. À partir des enseignements des Iyiniwch de Waswanipi, je propose de présenter ce que peuvent être les ‘ressources naturelles’ et particulièrement la ‘forêt’ dans le monde iyiniw en termes de personnes, de relations et d’intimités sociocosmologiques. Ces éléments du monde iyiniw éclaircissent les conceptions iyiniwch du ‘bien-vivre’ (miyupimaatisiiun) qui ressortent de ces multiples projets forestiers dont est l’objet aujourd’hui mishigamish (‘grand océan’ en iiyiyuu ayimuun), à la fois lieu de vie d’une famille iyiniw et une des dernières forêts matures à haut potentiel résineux pour l’industrie forestière. Les débats, dilemmes et tensions entre Iyniwch autour de leur participation aux coupes forestières ailleurs sur Iyniw Astchee, le territoire de Waswanipi, confirment la complexité des choix à faire dans le monde iyiyiw tout en réaffirmant la vitalité du cadre sociocosmologique. L’objectif de ma présentation est de penser l’extractivisme et ses impacts d’après les réalités et enjeux ontologiques à l’oeuvre dans le monde iyiyiw et de mieux comprendre comment à travers cette complexité forestière les conceptions de miyupimaatisiiun opèrent, soit non pas seulement selon un bien-être mais aussi, simultanément, comme un bien-faire, une éthique des actions d’être et de faire comme je le propose.
-
Communication orale
Critiques à l'extractivisme : Réimaginer le développement et l'exploitation des ressourcesFelipe Tabares (Université Paris III Sorbonne Nouvelle)
Le paradigme dominant du développement est euro/occidento-centrique, privilégiant la croissance économique au détriment du bien-être social et de la nature. Le développement, tel qu’il est conçu par l’occident, est un discours et une pratique qui ont émergé du contexte historique du colonialisme et de l'impérialisme du Nord global et qui ont été exportés vers le Sud global comme moyen de maintenir la domination mondiale, permettant aux pays industrialisés de trouver des ressources. Arturo Escobar soutient que l'extractivisme est une forme de colonialisme qui perpétue le paradigme de développement dominant du Nord global et qui privilégie la croissance économique au détriment du bien-être des personnes et de l'environnement. Ma participation analysera comment l'extractivisme crée des injustices sociales et environnementales, affecte l'autonomie des communautés locales et perpétue l'inégalité mondiale. En m'inspirant de Escobar, je soutiendrai que des modes de développement alternatifs sont nécessaires pour atteindre la justice sociale et environnementale. J’explorai donc des formes alternatives de développement qui donnent la priorité au bien-être des personnes et à la sauvegarde de l'environnement, notamment le concept de Buen Vivir des communautés indigènes d'Amérique latine. Enfin, j’exposerai qu'un changement fondamental des paradigmes de développement est nécessaire pour faire face à la crise écologique mondiale et promouvoir la justice sociale.
Panel 2. Nouvelles perspectives méthodologiques et conceptuelles : extraction des ressources humaines et informatiques
-
Communication orale
(Re) penser la collaboration : ambivalences, contradictions et potentiel d’un paradigme (post)extractivisteCristian Cabrera Van Cauwlaert (Université d’Ottawa)
L’essor de nouvelles technologies d’information et de fabrication digitale a complètement bouleversé nos paradigmes de production. Des dynamiques de collaboration sous forme de réseau se mettent désormais en œuvre, dans le but d’intégrer des acteurs issus de divers domaines d’expertise à ces processus. Certains auteurs y voient le signe d’un modèle économique nouveau (post-extractiviste), qui opère dans une logique non seulement de production de marchandises, mais aussi de relations sociales et de formes de vie en commun (Gorz, 2003). D'autres, en revanche, estiment que ce paradigme ne ferait qu’accentuer les problèmes causés par le modèle économique traditionnel (extractiviste), étant donné la présence d’un troisième acteur dans la structure collaborative (les grandes entreprises), disposant des moyens (financiers, juridiques, technologiques) de se réapproprier les fruits du travail collectif (Citon, 2013). Dans cet exposé, j'entends explorer le potentiel combinatoire de ces thèses croisées, à partir de l’analyse d'un projet de collaboration entre designers et artisans au Pérou pour fabriquer des telares. Je proposerai également une réflexion sur le rôle de l'anthropologue dans ces dynamiques qui, en utilisant les informations du terrain principalement pour développer sa carrière professionnelle, contribue (involontairement) à reproduire les logiques extractivistes qu’il critique (Hong, 2021).
-
Communication orale
Les impacts de l’extractivisme agraire sur le travail rural et les dynamiques de mobilités dans un contexte centraméricain. Le cas de la monoculture d’ananas au Costa RicaDelphine Prunier (Universidad Nacional Autónoma de México), Tania Rodríguez Echavarría
La Zone Nord du Costa Rica a été profondément transformée au cours des 20 dernières années par la monoculture de l'ananas, qui a eu un fort impact sur l'organisation des territoires et des marchés du travail ruraux. Dans cette communication, nous présenterons le contexte dans lequel l'expansion de l'ananas a eu lieu dans cette région et nous discuterons de la notion d'extractivisme agraire du point de vue des ressources humaines, en particulier de la main-d'œuvre et de la migration (principalement temporaire et d'origine nicaraguayenne). Nous proposons d'analyser les impacts de l'extractivisme agraire en termes de relations de travail selon deux axes : d'une part, les transformations du travail rural, entre le retrait de la main-d'œuvre paysanne (exclusion et dépossession), l'imposition de la main-d'œuvre agricole industrielle (organisation fordiste du travail quotidien) et la dépendance à la main-d'œuvre migrante (ancrage et circulation). D'autre part, nous tenterons de décrire les logiques de segmentation, de spécialisation et de discrimination sur le marché du travail, par catégories de genre et de nationalité que nous avons identifiées dans cette production intensive d'exportation.
-
Communication orale
Anthropologie de l’extractivisme dans l’Ouest Saharien. Propositions pour une nouvelle réflexivité anthropologiqueSofia Smyej (FRANCE)
L’extractivisme comme système écologique et politique dépasse les frontières nationales pour se rallier à des conceptions liées à l’Empire comme force historique au temps long de l’histoire coloniale (Arboleda,2016). Ainsi au travers d’un terrain de recherche situé dans l’Ouest Saharien, dans les villes de Dakhla et El Aiun, je m'interroge sur les formations identitaires nationalistes comme absorption des politiques autochtones ayant comme conséquence l’acceptabilité d’une économie extractive (Bonte, 2001). Cette économie extractive propre à l’histoire coloniale mais dont la continuité s’insère maintenant dans le cadre des discours de la transition écologique en contexte post-colonial. Mon observation repose sur deux dispositifs s’imposant aux « ressources humaines » que sont le clientélisme et le colonialisme de peuplement. Plus largement mon analyse s’interroge sur la formation d’une anthropologie de l’extractivisme comme nouvelle réflexivité sur l’objet anthropologie qui s’emet depuis une voie située à partir du nord épistémique global (Grosfoguel, 2016).
-
Communication orale
Nouvelles crises et nouveaux extractivismes : la Syndémie Covid-19 et la violation des droits humains des professionnels de santé au BrésilJânia Maria Lopes Saldanha (Universidade do Vale do Rio dos Sinos), Lucas Paulo Orlando de Oliveira (UNISINOS)
L'objectif général est d'identifier une nouvelle manifestation d'extractivisme, à partir du contexte impliquant la gestion du syndémie de COVID-19 au Brésil quant aux travailleurs de la santé. Dans une première partie, le texte présente deux objectifs spécifiques. Le premier consiste à délimiter les phénomènes inhérents à la syndémie COVID-19 au Brésil. Le second vise à indiquer les caractéristiques du concept de nouvelles crises, à partir de la pensée d'Edgar Morin et de Dipesh Chakrabarty. Dans la deuxième partie, qui est également subdivisée en deux objectifs spécifiques, dans un premier temps, il s'agit de mettre en évidence, à partir de la pensée de Didier Fassin, l'insuffisance du concept d'extractivisme et de néoextractivisme (Gudynas, 2009 et 2010) pour le mode d'exploration auquel les professionnels de la santé ont été soumis pendant la période de crise sanitaire. Enfin, dans un deuxième temps, il s'agit d'indiquer comment le cosmopolitisme institutionnel et la responsabilité peuvent fournir des éléments pour empêcher que des phénomènes similaires ne se produisent pas plus. La méthode adoptée a été la méthode phénoménologique-herméneutique.
-
Communication orale
Énergie, information, travail: aborder les centres de donnéesGustavo Denani (Université d’Ottawa)
Les centres de données constituent un élément fondamental pour les sociétés qui dépendent, directement ou indirectement, des services d'infrastructure tels que l'Internet, l'électricité, le chauffage, l'eau, entre autres Larkin (2013) et Leigh Star (1999). Si, d'une part, ils sont des espaces fondamentaux dans le fonctionnement d'autres réseaux d'infrastructure, cette relation n'est pas unilatérale, de sorte qu'ils dépendent également d'eux. Le prix et la sécurité de l'accès à l'électricité et à l'eau, par exemple, sont fondamentaux dans le calcul du coût et du risque de fonctionnement des serveurs, ainsi que des processus de refroidissement nécessaires pour préserver l'équipement dans ces endroits. Il va sans dire que le calcul des prix et des risques suppose l'exploitation des ressources naturelles et humaines (Parks 2021; Gudynas 2009) , même au sein d'un même territoire. Nous entendons aborder les processus d'extraction de ces espaces par la manière dont le travail, l'énergie et l'information sont liés à la valeur et au risque. Pour cela, nous proposons de penser les data centers comme un lieu spécifique dans le régime écologique capitaliste (Moore 2011), en même temps que le travail qui transforme l'énergie en information produit un mode de valeur spécifique (Pasquinelli 2011).
Communication par affiches
-
Communication par affiche
Mouvances sociales en contexte de conflit-socio-écologique, co-construction de savoirs, écocitoyenneté, nouvelles solidaritésLil Jurado Cerdas (Université du Québec à Montréal), Andres Larrea Burneo (Université du Québec à Montréal), Isabel Orellana, Gabriel Poisson (Université du Québec à Montréal)Affiche
Dans le contexte de forte expansion de l’extractivisme dont les impacts et les risques menacent d'aggraver les vulnérabilités et les inégalités, une pluralité d'initiatives éducatives et environnementales émerge et prend forme qui mobilise les forces vives des communautés, favorisant leur renforcement et leur maturation en termes d'écocitoyenneté. Au sein de ces mouvements, divers espaces de partage, de dialogue et de délibération sont créés. Un processus d'éducation à l'environnement, souvent implicite, traverse ces expériences, se forgeant à l'intersection des regards, des expériences et des talents, enracinés dans la réalité partagée et dans les problèmes qui l'affectent. Cela génère de l'intelligence citoyenne et un engagement envers le changement. Ces processus complexes et dynamiques favorisent le déploiement de compétences critiques, éthiques et politiques dans l'éducation environnementale qui peuvent donner lieu à de nouveaux récits politico-pédagogiques. Ce sont aussi des espaces où se forgent de nouvelles solidarités et une éthique du soin comme base pour défendre le bien commun et construire de nouveaux liens avec l'environnement.
Discussion
Dîner
Panel 3. Vivre avec l’extractivisme : mécanismes de légitimation de l’extraction
-
Communication orale
Poussières, compensations et migration : cohabiter avec une mine à ciel ouvertEmmanuelle Bouchard-Bastien (INSPQ - Institut national de santé publique du Québec), Sabrina Doyon (Université Laval)
En ces temps de relance économique post-pandémique et d’investissement dans l’électrification des transports, l’exploitation minière au Québec est en plein essor. Or, la cohabitation entre les activités d’extraction et les populations qui vivent aux abords des sites d’exploitation représente un véritable défi, particulièrement dans des contextes où les activités à ciel ouvert (open-pit mining) sont limitrophes à des milieux de vie. Ces situations peuvent notamment motiver des citoyens affectés à vouloir quitter les lieux, et d’autres à lutter pour améliorer leur qualité de vie. Basée sur une recherche ethnographique réalisée en 2019-2020 dans la ville minière de Malartic (Québec), la présentation s’attache à comprendre comment les acteurs locaux de la ville ont vécu la mise en oeuvre d’un « Guide de cohabitation », développé par l’entreprise minière après 15 ans d’exploitation du site, afin de répondre aux problèmes vécus par la population relativement aux activités d’extraction. Les enjeux liés au contexte du développement du Guide et de ses programmes d’acquisition et de revente de résidences principales, ainsi que les effets sociaux, économiques, politiques et culturels qui y sont associés seront plus particulièrement examinés, nous offrant une percée privilégiée pour réfléchir aux rapports de pouvoir impliqués dans la proximité de l’exploitation d’une mine et la quotidienneté, et la manière dont ces rapports affectent les populations et le territoire.
-
Communication orale
Choix rationnel et ressources de la mobilisation, l’inaction collective face à l’accaparement des terres au SénégalDiana Cissé (Université d’Ottawa)
Un grand pan de la littérature traite des mobilisations contre l’accaparement des terres. On trouve une partie bien moindre d’analyses portant sur des cas d’inaction collective face à ce phénomène. Les habitants autochtones du village wolof de Ndiakhaye situé aux bords du lac de Guiers au Sénégal sont touchés par de multiples cas d’accaparements illégaux de leurs terres par l’entreprise d’agrobusiness Senegindia. Ils ne se mobilisent cependant pas contre les agissements de cette entreprise. En analysant les dynamiques sociales et culturelles du village de Ndiakhaye ainsi que les ressources de ces populations, nous tenterons de démontrer à travers cet article, comment l’organisation sociale et culturelle de ce village wolof ainsi que le manque de ressources de ces habitants constituent des freins à leur mobilisation.
-
Communication orale
La circulation des exigences environnementales comme alternative aux dynamiques galopantes de l’extractivisme en Afrique centrale : analyse d’un concubinage difficile à partir desJean Claude Boula (Université de Yaoundé II)
Inscris dès les années 2000 dans des visions et stratégies de développement et d’industrialisation à long terme, les pays de l’Afrique centrale ont fait de la mise en exploitation des ressources naturelles extractives un des cadres de référence de leur action gouvernementale (COMIFAC, 2021). De ce fait, si le fort potentiel en ressources naturelles de ces pays est considéré aujourd’hui comme un des actifs essentiels pour stimuler leur développement économique, le niveau de surexploitation actuel a dépassé les taux de régénération naturelle de ces ressources et menace en fin de compte les moyens de subsistance et le bien-être des populations qui dépendent de ces ressources et met malheureusement en péril la santé des écosystèmes. Or, si l’extractivisme se présente comme un levier important des schémas de développement, comment lire au vue des enjeux environnementaux du moment la difficile cohabitation entre extractivisme et environnement ? La réponse à ce questionnement sera possible à partir des Policy diffusion theory comme processus de circulation internationale des politiques impliquant une pléthore d’acteurs et d’instruments. La documentation à la fois physique et numérique, les entretiens semi-directifs, les rapports de réunions et conférences sur la question et nos données empiriques seront le socle de notre argumentaire.
-
Communication orale
Extraire la réconciliation : Terres indigènes, déchets, et reconnaissance colonialeMyra Hird
Au Canada, les appels passionnés à la réconciliation entre les gouvernements colonisateurs et les peuples autochtones se multiplient. Les discours des dirigeants politiques, les communiqués de presse de l'industrie de l'extraction des ressources, les appels de fonds pour la recherche, ainsi que les publications universitaires vantent les vertus de la réconciliation comme étant implicitement bonne, nécessaire et une réponse significative au colonialisme de peuplement en cours. Cette présentation soutient que la réconciliation constitue un mécanisme contemporain critique par lequel le colonialisme de peuplement cherche à assurer un accès continu aux terres et aux ressources autochtones. En tant que tel, le colonialisme de peuplement est intégré à la réconciliation. Par le biais de deux études de cas empiriques portant sur l'intersection de l'extraction des ressources, des relations entre la Couronne et les Inuits, et de l'héritage des déchets au Nunavut, la présentation met en lumière les mécanismes qui promettent la réconciliation tout en assurant le statu quo. S'appuyant sur des concepts et des théories anticolonialistes autochtones et non autochtones, la présentation explore les dimensions socio-éthiques de la justice sociale, les possibilités politiques et les implications environnementales d'une prise en compte beaucoup plus difficile et responsable des droits fonciers et des titres autochtones.
-
Communication orale
Extractivisme vert et extraction des savoirs autochtones dans l’Arctique : la lutte contre le changement climatique au relent de colonialismeAnna Soer
La construction et le développement de parcs éoliens au sein de la municipalité de Vefsn en Norvège a profondément impacté les éleveurs de rennes Saamis en détruisant leurs espaces de pâturage (Normann, 2020 ; Frandy, 2021). De l’autre côté de l’Atlantique, bien que le développement d’énergies renouvelable soit accepté par de nombreux acteurs locaux, l’imposition unilatérale par les gouvernements états-unien et canadien en 2016 d’un moratorium sur l’exploitation pétrolière dans l’Arctique – conséquence des travaux scientifiques sur la fragilité du lieu réalisés en collaboration avec les habitants Inuit - a contribué à limiter les opportunités d’emploi et de revenu pour les communautés autochtones de la région. Dans le Nunavut, la décision a été vécue comme une continuité du paternalisme colonial canadien. Bien que supposément inspiré par un souci environnemental et social, la lutte contre le changement climatique se déploie en juxtaposition d’une continuité de la négation des droits des peuples autochtones. L’extractivisme « vert » et l’extractivisme des connaissances locales autochtones au profit de politiques gouvernementales aliénantes renforcent des dynamiques coloniales dorénavant colorées par des notions de durabilité et de démocratie (Banerjee, 2003). Ma proposition de présentation se porte ainsi sur les dynamiques de gouvernance informant ces conflits – entre droit international et national, et processus démocratiques dans un contexte fédéral (Canada) et unitaire (Norvège) entre la société civile, les instances gouvernantes autochtones, le secteur privé, et le gouvernement.
Panel 4. (Sur)vivre avec l’extractivisme
-
Communication orale
Extraire par la violence : réflexions sur l’histoire des plantations du nord-Magdalena, Colombie (1987-2006)Benjamin Levy (Université Grenoble Alpes)
Un nombre croissant d’études mobilisent le concept d’extractivisme agraire afin de définir l’organisation et les effets des complexes agro-industriels dans le Sud global. Dans la lignée de la géohistoire du travail à la périphérie et des études rurales, de nombreux auteurs ont centré leurs recherches sur les effets de ces économies sur l’exploitation du travail et les relations entre groupes sociaux au sein des espaces de production. Toutefois, peu de recherches ont porté spécifiquement sur la conflictualité sociale et les violences collectives qui peuvent émerger en contexte extractiviste. L’histoire des plantations de banane du nord-Magdalena offre l’illustration typique de l’extraction de grands volumes de ressources du Sud global ; du contrôle de groupes économiques du Nord global ; de l’épuisement des ressources naturelles et d’une rétribution minimale du travail salarié. Elle fut marquée, de manière plus singulière, par d’intenses affrontements armés et par l’interaction, au cours des années 1990, d’acteurs armés. Bien que ces phénomènes aient été déterminés par le contexte socio-politique local et national, je montrerai, premièrement, qu’ils furent stimulés par un développement économique basé sur la concentration des terres et la surexploitation du travail et secondement, que la violence constitua non pas une externalité négative mais un instrument de consolidation de l’extractivisme agraire.
-
Communication orale
Silicolonisation ou néo-extractivisme associé en Amazonie : le cas des Enawene NaweJose Basini (Université Federale d'Amazonas)
La proposition pour ce colloque se situe au Brésil, dans la région amazonienne, où je mène depuis vingt ans des recherches et des interventions sociales auprès des peuples autochtones. Je citerai le cas des Enawene Nawé du Mato Grosso, dans lequel diverses entreprises légales et illégales ont compromis l'organisation sociale du groupe, telles que la fin de la pêche traditionnelle, l'affectation de leur calendrier rituel et de leur système chamanique, les changements alimentaire et médical, entre autres aspects négatifs. Il convient alors de s'interroger sur les réponses possibles aux processus de dématérialisation des espaces et aux stratégies de déconnexion de la mémoire dans le contexte énoncé. D'autre part, l'association ou la solidarité entre les extractivismes qui affectent l'autonomie territoriale du groupe et l'émergence d'un cycle désigné la « silicolonisation » sera conceptualisée. Ce processus constitue littéralement une véritable alchimie à l'envers, dès lors qu'il transforme la forêt en désert puis en prairie. Il constitue une colonisation brutale de l'espace : extraire, désertifier, agrotoxiquer puis placer une externalité comme le silicone. La silicolonisation en tant que commerce circulaire et « rond » comprend la trilogie du bois d’œuvre, du soja et du bétail (Basini, 2009 ; Basini & Tavares, 2010 ; Basini & Guigou, 2020).
-
Communication orale
La pêche wolastoqiyik à l’oursin vert : négociations contemporaines dans les vestiges industriels de l’estuaire du Saint-LaurentCharlotte Gagnon-Lewis (Université d’Ottawa)
En quoi la pêche à l’oursin vert, une pratique relativement marginale dans l’estuaire du Saint-Laurent, nous permet-elle de repenser nos modes d’occupation du territoire actuels, ainsi que les héritages extractifs desquels ils découlent ? En retraçant la manière dont cette pêche s’est implantée sur ce territoire distinct, cette communication vise à souligner que bien qu’elle reste intimement liée à des logiques extractives, elle ne peut se limiter à ces dernières. Cette présentation, découlant de ma thèse de maîtrise, repose sur un terrain ethnographique autour des activités de pêches à l’oursin des Pêcheries Malécites, une pêcherie commerciale opérée par la Première Nation Wolastoqiyik Wahsipekuk. Ce terrain, tout en soulignant les attaches entre la pêche commerciale à l’oursin et les logiques extractives du marché transnational, a simultanément mis en évidence que, loin de se limiter au marché, la pêche à l’oursin reste ancrée dans des flux multiples propres au milieu d’où elle émerge : réalités autochtones contemporaines, écologie estuaire précaire et spectres industriels. Appréhender ces logiques permet de saisir davantage les logiques de la pêche bas-laurentienne, mais aussi, de réfléchir aux manières de composer avec les héritages extractifs obnubilant nos mondes contemporains.
-
Communication orale
Lac sacré, parc naturel, compagnie pétrolière. Négociations échouées autour du parc naturel « Numto » (Sibérie occidentale)Dmitry Vetrov (EHESS)
Appliquée aux mondes russes, notamment, aux zones boréales de Sibérie occidentale, la notion d’extractivisme suscite des interrogations. D’une part, elle permet d’échapper aux simplifications réductionnistes basées sur les dichotomies entre colonnes sédentaires et autochtones semi-nomades (Woolford et Benvenuto 2015 : 380), ainsi que de souligner l’inclusion de ces autochtones dans de larges réseaux des relations socio-économiques (pour la Sibérie occidentale, voir Stammler 2005 ; Sokolova 2015 ; Arzûtov 2017). D’autre part, contrairement à plusieurs cas latino-américains (Schuldt et al. 2009 ; Acosta 2013), les compagnies gazières-pétrolières du district autonome des Khantes et des Mansis ne sont pas multinationales : il s’agit d’entreprises russes, voire régionales, présentes sur le terrain depuis plus de 30 ans et, par conséquent, profondément enracinées dans des schémas locaux de circulation des ressources et des capitaux. Sans prétendre d’apporter une solution au choix de la notion adéquate (colonialisme ? extractivisme ? impérialisme ?), je voudrais présenter une ethnographie du conflit, ayant opposé, entre 1994 et 2019, de nombreuses contreparties : gouvernement du district, compagnie pétrolière Sourgout-Neftegaz, direction du parc naturel Numto, écologues, écologistes et militants autochtones (Leeti 2014 ; Pristupa et al. 2018). Cette ethnographie cherche à montrer la complexité des relations et la diversité d’acteurs impliqués dans les conflits d’usage des terres.
-
Communication orale
La politique extractive du gouvernement de la « Quatrième transformation » au Mexique. Entre réaffirmation des droits des peuples indigènes et relance de l’extractivismeSimon Lévy (Université Lyon 2 / CEMCA Mexico)
La politique extractive (minière et énergétique) du gouvernement mexicain se caractérise par son ambiguïté. D’un côté, celui-ci appuie divers mouvements de lutte en défense du territoire et procède à la suspension de plusieurs projets extractivistes, en vertu des droits des peuples indigènes. De l’autre, seul 18% des projets extractifs contestés ont été suspendus et l’exploitation intensive des ressources naturelles n'a connu aucun infléchissement. Pis, alors que la production d’hydrocarbures était en baisse constante depuis une décennie, celle-ci s’est stabilisée depuis le début du mandat d’Andrés Manuel López Obrador (2018-2024) et la production d’électricité a augmenté. Les chiffres relatifs à l’extraction de divers métaux (notamment or, argent, plomb et cuivre) sont actuellement supérieurs à ce qu’ils étaient sous les gouvernements précédents. Je développerai l’hypothèse selon laquelle la réaffirmation des droits des peuples indigènes et les suspensions en apparence aléatoires de projets extractivistes s’inscrivent dans le cadre d’une stratégie gouvernementale permettant de conserver les chaines d’intermédiations avec les organisations contestataires locales, sans pour autant remettre en cause l’extractivisme à l’échelle nationale. L’analyse développée s’appuiera sur des données recueillies à partir d’enquêtes de terrains et une base de données recensant plus de 320 conflits socio-environnementaux liés aux industries extractives au Mexique.
-
Communication orale
Résistance éco territoriale des Avá-Canoeiro à l'extractivisme du passé et du présent au BrésilCristhian Teófilo Da Silva (Universidade de Brasília)
Cette présentation se concentre sur le génocide du peuple Avá-Canoeiro au centre du Brésil dans les années 1960 par des colons extractivistes et la résistance ultérieure d'une seule famille à l'occupation de leur territoire qui a ensuite été utilisé comme site de barrages hydroélectriques dans le cadre d'une pratique néo-extractiviste. Le programme indigéniste conçu pour leur tutelle coercitive comme compensation légale de l'occupation et de l'exploitation de leur territoire sera également abordé pour décrire les conditions de vie actuelles auxquelles sont confrontés les Avá-Canoeiro pour survivre. Dans des circonstances aussi extrêmes, l'objectif de cette présentation est d'interpréter dans quelle mesure une « ontologie politique » peut être envisagée sous la superposition idéologique des discours développement-indigénistes-environnementaux qui leur sont imposés en tant que survivants du génocide et de l'écocide. On soutiendra que de tels discours finissent par encapsuler l'Avá-Canoeiro et subordonnent directement leurs besoins économiques de subsistance et leurs droits culturels à la reproduction du capital, où la souffrance sociale à laquelle ils ont été et sont soumis est réduite au silence.
Panel 5. Les nouveaux discours de l’extractivisme : transition énergétique, énergies vertes, développement durable
-
Communication orale
État québécois, développement durable et industrie minière : considérations théoriques et méthodologiquesJeansol Goulet-Poulin (Université d’Ottawa)
Cette communication présente les enjeux théoriques et méthodologiques d’une recherche sur la reproduction des institutions étatiques québécoises investies dans le développement minier. Cette reproduction semble être orientée par la notion de développement durable, synthèse paradoxale entre l’extractivisme et l’écologisme. Cherchant à comprendre de quelles manières la (re)définition des différents rapports aux mondes des fonctionnaires concerné.es par l’industrie minière, situés au carrefour d’ontologies écologiques et extractivistes, participe à la reproduction de l’État québécois dans le contexte de crise climatique actuelle, cette recherche s’ancre dans un cadre théorique et méthodologique conséquent, soit des approches théoriques néomarxistes (Freitag, 2008; Gupta, 2012; Berry, 2021) et désanthropocentrées (Tsing, 2015; de la Cadena et Blaser, 2018; Stein Pedersen, Latour et Schultz, 2019) et une combinaison des approches de l’ethnographie de l’État (Gupta, 2012) et de la bureaucratie (Bierschenk et de Sardan 2019) via des techniques de recherche en archives (Stoler, 2002) d’entretiens et à d’observation participante. C’est en analysant thématiquement les données générées via ces techniques qu’il sera possible de mettre en lumière l’état actuel des différents rapports aux mondes des fonctionnaires concerné.es par l’industrie minière et de les situer dans le présent contexte de crise climatique et de résurgences autochtones (Verdery, 2014; Mathur, 2016; Blais-Dowdy, 2021).
-
Communication orale
L'extractivisme vert et l'articulation avec le communautaire. Énergies renouvelables non conventionnelles au ChiliXimena Cuadra Montoya (Universidad Católica del Maule)
Au Chili, le secteur de l'électricité a été totalement privatisé depuis la dictature. Depuis la dernière décennie, il y a eu un boom des projets d'énergies renouvelables au pays, un problème qui a généré de nouveaux types de conflits sociaux. Cependant, le secteur d’activité énergétique rapporte l'existence de multiples initiatives associatives avec les collectivités locales. Actuellement, beaucoup d'entre elles n'ont pas la possibilité de mettre en œuvre l'autoproduction d'énergie électrique sans le soutien d'entreprises privées, car l'État n'envisage pas d'action, de financement, de politique et de réglementation pour protéger leur autonomie énergétique. De plus, les initiatives proposées par les entreprises électriques pour générer de la valeur partagée dans les territoires où elles sont implantées, visent à remédier aux problèmes liés à la pauvreté énergétique et sociale de ces communautés, en évacuant le rôle de l'État comme garant de ce qui devrait être un processus vers une transition juste. Ainsi, j'observe qu'après une décennie de conflits socioenvironnementaux, la nouvelle rhétorique de l'extractivisme de l'énergie verte tente de façonner le travail des entreprises électriques à l'impératif d'articulation avec la communauté à partir de la logique du marché. Dans cette présentation, je retrace la rhétorique de la communauté associée au secteur de l'électricité à partir d'organisations socioenvironnementales et autochtones, de l'État et des compagnies d'électricité.
-
Communication orale
Transition énergétique, identité et dépossession « verte » dans le Sulcis (Sud Sardaigne, Italie)Elena Apostoli Cappello (Sapienza - Rome University)
Face au déclin de sa centralité liée à l'économie charbonnière et à l'échec de la récupération et de la transformation productive du complexe industriel de Portovesme, San Pietro est principalement une destination touristique, comme le reste de la Sardaigne, dont la spécificité est essentiellement liée à l'économie thonière. Deux éléments lui confèrent une place centrale dans la géopolitique énergétique contemporaine : 1. elle vise à devenir la première Communauté des énergies renouvelables d'Italie, ainsi que la première île européenne complètement autonome en termes d'autoproduction d'énergie ; 2. au large de ses côtes, l'un des plus grands parcs éoliens offshore de Méditerranée devrait voir le jour, sur des projets présentés par des multinationales auxquels les insulaires sont farouchement opposés en raison des contours fortement néo-extractifs (Gudynas, 2021 ; Svampa, 2019) de l'opération, imposés d'en haut et de l'extérieur, sans aucun bénéfice pour l'île et qui en font de fait une zone de sacrifice (Lerner, 2010 ; McDermott Huges, 2021). Dans un contexte d'injustice spatiale (Harvey, 1997), les habitants de l'île manifestent une expropriation et un manque d'agence que nous pouvons attribuer à une violence environnementale structurelle (Galtung, 1969). Le contraste entre marginalité et centralité fait de la petite ile de San Pietro un site central pour interroger les prémisses néo-extractives et les frictions qui résultent des politiques européennes de décarbonisation.
-
Communication orale
Le territoire maya au croisement néo-extractiviste de l'énergie ‘propre’Rolando Ivan Magana Canul (Centre de recherches et d’études supérieures en anthropologie sociale)
La construction et la mise en œuvre de parcs éoliens et solaires dans la péninsule du Yucatan constituent un élément central de la réforme énergétique du Mexique approuvée en 2013. L'un de ses objectifs centraux est de contrer les effets catastrophiques du changement climatique sur la société par la production d'énergies renouvelables, remplaçant ainsi l'utilisation de combustibles fossiles qui contribuent au réchauffement de la planète. Cependant, cette politique a suscité plus de réticence que de soutien parmi la population de certaines localités paysannes et indigènes sur les territoires desquelles des parcs éoliens et solaires ont été planifiés et construits, comme dans le cas de l'État du Yucatán, dans le sud-est du Mexique. L'objectif principal de cette présentation est d’exposer la manière dont la population maya conçoit et se relie à son territoire face à la mise en œuvre de projets d'énergie ‘propre’ au Yucatán.
-
Communication orale
Les projets miniers de la transition énergétique québécoise : un extractivisme qui s’habille de vertAxelle Ferrant (École des Sciences de la Gestion (ESG) - UQAM)
N’est-il pas paradoxal d’extraire des quantités croissantes de minéraux au nom de la préservation de la planète? Quelle conception de notre rapport à la nature permet de justifier l’existence d’un tel paradoxe dans la politique minière québécoise? Dans un contexte de crise climatique globale, les gouvernements s’empressent de mettre en place des mesures sous le signe de la lutte aux changements climatiques. Les nombreuses initiatives cachent parfois des paradoxes. C’est le cas du Plan québécois pour la valorisation des minéraux critiques et stratégiques, 2020-2025, qui présente l’extraction de certains minéraux comme indispensable à la lutte aux changements climatiques et à la transition énergétique québécoise. Cette communication s’interroge sur la manière dont le gouvernement justifie ces projets miniers et conçoit le rapport à la nature. Il ressort que la nature se trouve définie en environnement, acteur passif dont l’humain assure la gestion (Escobar, 1996). Cette définition permet de soutenir la logique extractiviste d’une nature désincarnée à exploiter de manière intensive (Gudynas, 2013) pour nourrir une vision technocentriste de la transition (Audet, 2016). L’analyse suggère que le Plan invisibilise toute trajectoire alternative de la transition, alors même que ce Plan n’a pas été débattu par la population au sens large. Partir d’une conception différente de la nature, telle l’ontologie relationnelle d’Escobar (2018), permet de repenser fondamentalement ces projets.
Panel 6. (Il)légalités et nouvelles normativités de l’extractivisme
-
Communication orale
Exploiter légalement l’or illégal - Légalité alternative et groupes insurrectionnels violents au SahelHugo Dory-Cros (Leiden University)
L’exploitation de l’or dans la région Sahélienne est dominée par l’orpaillage artisanal informel. Cette pratique, vieille de plusieurs siècles en Afrique de l’Ouest, s’est accélérée ces vingt dernières années pour répondre aux demandes constantes de la globalisation. Les orpailleurs clandestins extraient des quantités comparables à l’industrie minière. Le cadre juridique autoritaire s’accompagne d’une corruption latente des autorités locales qui profitent de la situation et font peser une double peine sur les orpailleurs clandestins. Dans un contexte sécuritaire particulièrement complexe, l’émergence de groupes insurrectionnels violents est désormais un paramètre essentiel dans l’analyse de l’extractivisme au Sahel. En protégeant et légitimant les orpailleurs - autrefois clandestins - en échange de taxation, les groupes insurrectionnels s’assurent une méthode de financement stable ainsi qu’une certaine popularité vis-à-vis des populations dépendantes de l’orpaillage. C’est l’émergence d’une légalité alternative qui questionne les gestions étatiques de l’extractivisme informel. Rentrent en jeu les considérations locales (économiques, morales et culturelles) de l’exploitation de l’or, qui bien souvent sont volontairement invisibilisées par le cadre national. Ces particularismes sont source d’incompréhensions, de sentiments d’injustice, laissant apparaitre des failles ; et donc une opportunité - pour les groupes insurrectionnels violents - de rendre « légitimes » leurs combats.
-
Communication orale
Projets miniers en Équateur : le « développement » et l’industrie extractive internationale contre les Droits de la NatureDenis Y. Charlebois (Université du Québec en Outaouais), Otilia Del Carmen Puiggros (UQO - Université du Québec en Outaouais)
Depuis le début du XXIe siècle, de nombreux projets miniers se développent en Équateur dans des zones à forte biodiversité, dont des aires protégées et le Parc national Yasuni, déclaré réserve de la biosphère par l’UNESCO en 1989. Des concessions minières comme le projet Mirador et le projet du parc Los Cedros se trouvent dans des écosystèmes riches en biodiversité où plusieurs espèces sont à haut risque d'extinction. Plusieurs forêts protégées ont plus de 50% de leur superficie totale concédée à des sociétés minières, pouvant atteindre 90% de l’aire protégée. On estime que 70% des concessions minières se trouvent dans des forêts riches en eau et en biodiversité. Les communautés qui habitent ces régions ont fait appel, sans grand succès, à la Cour Constitutionnelle afin de faire respecter les Droits de la nature, celle-ci étant sujet de droit selon l'article 71 de la Constitution. Dans cette communication, nous montrerons la localisation des projets miniers dans les aires protégées en mettant l’emphase sur les menaces à leur biodiversité et en soulignant les luttes des communautés. Nous questionnerons la portée réelle de la Loi Constitutionnelle sur les enjeux croisés de l’extractivisme et les droits de la nature en réfléchissant sur des avenues possibles pour la préservation de la biodiversité en tant que Bien Commun de l’Humanité.
-
Communication orale
Extractivisme, droit des investissements internationaux et droits des peuples autochtonesZoé Boirin (Université d’Ottawa)
Le droit des investissements internationaux est un instrument reconnu de la globalisation (Gehring & Newcombe, 2011), car, expliqué simplement, il permet aux investisseurs internationaux de s’assurer qu’ils ne perdront pas leurs investissements pour des raisons de politiques nationales. Par exemple, les traités d’investissement ont permis d’assurer aux investisseurs de recevoir une compensation payée par les États d’accueil pour la perte de leurs investissements due à la résistance locale des peuples autochtones et des populations locales (ex : affaire Chevron c. Equateur; affaire South American Silver Limited c. Bolivia). Cette communication présentera des affaires emblématiques de ce phénomène et explorera quelles sont les pistes d’évolution au niveau juridique pour que la protection des investissements internationaux ne se fassent pas au prix du respect des droits des peuples autochtones.
-
Communication orale
Protocoles de consultation et de consentement et l’autodétermination des peuples autochtones à l’Amazonie brésilienne: Le droit de consentir à l'exploitation minière et à d'autresLeiliane Jacinto Pereira (Instituto Socioambiental), Thais Mantovanelli (Observatório de Protocolos Autônomos no Brasil), Martha Priscylla Monteiro Joca Martins
Au Brésil, les peuples et communautés autochtones ont élaboré leurs protocoles sur la base de leur droit à l’autodétermination établissant la manière dont ils souhaitent être consultés et les conditions requises pour donner ou refuser leur consentement. Cette recherche est centrée sur une étude de l’application de ces protocoles à l’Amazonie brésilienne, avec un accent sur l’application du protocole du peuple Yudjá/Juruna (Pará) à travers d’une analyse documentaire et une recherche secondaire exploratoire. Le peuple autochtone Juruna a souffert des impacts sociaux et environnementaux du barrage de Belo Monte tout en étant affecté par un projet d'exploitation aurifère proposé par une société canadienne. Une décision juridique a déterminé que le peuple Juruna devait être consulté selon les normes établies dans leur protocole. Plus tard, le gouvernement fédéral, le gouvernement de l’état du Pará et la compagnie minière ont affirmé avoir consulté les Juruna. Mais les Yudjá affirment qu'ils n'ont pas été consultés de manière significative et revendiquent leur droit d’être consulté et de consentir à un tel projet. Les résultats révèlent que les principales difficultés liées à la reconnaissance et à l’application des protocoles concernent les défis de la mise en œuvre du consentement libre, préalable et éclairé (CLPE). Ce cas révèle des facteurs juridico-politiques liés lorsqu'il s'agit de projets d'extraction qui se heurtent à la résistance des peuples autochtones.
Dîner
Panel 7. Résistances
-
Communication orale
Extraire le consentement? Xinka interruptus : S’engager dans la consultation préalable tout en la refusantMarie-Dominik Langlois (Université d’Ottawa)
Quelle place y a-t-il dans la gouvernance de la consultation libre, préalable et éclairée pour les sujets autochtones qui refusent les activités d’extraction des ressources naturelles? S’inscrivant dans les débats entourant la consultation libre, préalable et éclairée (CLPÉ) des peuples autochtones, on s’interrogera si la consulta previa (consultation préalable) avec les Xinkas relève de la gouvernance néolibéral extractiviste ou plutôt un mécanisme appuyant la souveraineté autochtone. La communication s’intéresse à la stratégie d’engagement désengagé du Parlement xinka dans le processus de pré-consultation en lien avec la mine Escobal dans le Sud-Est du Guatemala. En analysant les stratégies déployées par le Parlement xinka, on verra comment la consulta peut à la fois constituer un objet de lutte pour la souveraineté et offrir un contexte pour la résurgence autochtone, en appuyant les institutions communautaires et d’actions directes qui se pérennisent dans le temps et l’espace, ainsi que le développement de projets de vie et économiques anti-extractivisme. La communication conclut avec une réflexion sur l’absence de méta-débats inhérente au CLPÉ et son potentiel générateur de résistance autochtone.
-
Communication orale
La délocalisation des industries polluantes vers la périphérie européenne et la résistance citoyenne : le cas de la SerbieIvica Mladenovic (Institut de philosophie et de théorie sociale)
Le vice-président de la Commission européenne chargé de la prospective, le Slovaque Maroš Šefčovič, a fixé comme objectif à l’Union européenne de devenir la deuxième région productrice de batteries au lithium dans le monde, après la Chine, d’ici 2025. Aujourd’hui l’Union européenne importe encore la quasi-totalité du lithium dont elle a besoin ; elle est donc obligée à diversifier ses approvisionnements. Etant donné que l'Allemagne, la République tchèque et la Serbie sont, selon The United States Geological Survey, les pays qui possèdent les plus grandes réserves de lithium en Europe, on comprend ainsi mieux pourquoi Bruxelles soutient Rio Tinto, un groupe minier multinational anglo-australien, et son investissement en Serbie, alors qu’une étude de la Faculté de biologie de Belgrade sur l'état de la biodiversité dans la région prévu pour l’exploitation, montre que plus de 70 hectares de forêt seraient menacés, ainsi que plus de 700 hectares de terres agricoles. En effet, en raison des activités liées à ce « projet vert », toute la partie occidentale de la Serbie sera recouverte de décharges dans lesquelles seront déposées d'énormes quantités de matériaux toxiques, dont l'arsenic est le plus destructeur. Basée sur mes recherches en Serbie occidentale et du cadre interprétatif de l'historien italien Marco Armiero, j'analyserai les mécanismes de résistance des populations locales menacées par l’extractivsme, dominé par un impérialisme écologique structurellement conditionné.
-
Communication orale
Exploitation du zircon au Sénégal : résister d’abord, se résigner ensuite ?Serigne Momar Sarr
Notre communication vise à ethnographier deux localités au Sénégal, Diogo et Nianfrang, au centre-ouest et au sud-ouest du Sénégal, en proie à l’exploitation du zircon. Malgré les efforts de dédommagements et de relogement de l’État du Sénégal et de l’entreprise française Grande Côte Opérations, les populations de Diogo sont plongées dans la précarité car elles ne retrouvent plus leurs moyens d’existence, c’est-à-dire la culture de la terre. Pourtant, le dernier référendum du Sénégal en 2016 a favorisé une Constitution qui dispose son article 25 que « les ressources naturelles appartiennent au peuple ». Or, l’exploitation de ces ressources ne favorisent pas toujours une réduction des inégalités sociales. Ce qui est paradoxal avec la politique de « l’équité territoriale » promue par l’actuel régime. De l’autre côté, à Nianfrang, en Basse Casamance, un espace en conflit armé du fait d’une rébellion depuis les années 1980, il y a une résistance à l’exploitation du zircon avec un mouvement certes diffus mais qui revendique, avec plus ou moins du succès, son territoire sans concession. Dans l’interface de la notion de justice environnementale, il apparait que l’issue des mobilisations sociales contre l’extractivisme est incertaine, comme leur redevabilité au cours et après leur exploitation. Enfin, il est loisible de voir comment les politiques de développement servent aux États « des Suds » de justifier leurs logiques et la poursuite des mêmes voies empruntées par le capitalisme mondial.
-
Communication orale
« Will it burn, burn, burn? » - Extractivisme vert et résistances autochtones autour du Cercle de FeuLouise Nachet (Université Laval)
Ces dernières années, nous avons vu la logique extractiviste s'accroître sous couvert de la soi-disant « transition verte », souvent réduite à une simple dé-fossilisation du capitalisme. Le « Cercle de Feu », un énorme projet minier en Ontario qui suscite beaucoup d’enthousiasme et de controverse au Canada depuis plus de 16 ans, pourrait être un excellent exemple des nombreuses contradictions et des défis liés à ce nouveau contexte politique. Pour ses partisans, c'est l'occasion de faire de l'Ontario le centre d'une nouvelle industrie verte mondiale, ainsi que de relancer l’économie de la province après la pandémie de Covid-19. Pour ses opposants, principalement des communautés autochtones et des groupes environnementaux, le projet nie la souveraineté autochtone sur les « Breathing Lands » (« Yehewin Aski » en langue crie) et menace l'un des plus grands écosystèmes de tourbières et puits de carbone du monde. En examinant de plus près le « Cercle de Feu » à travers une étude de cas longitudinale et d’une analyse des discours des différents acteurs ; cette présentation soulignera les éléments changeants et persistants des récits et des contre-récits sur le renouveau extractiviste. Elle permettra également de démontrer comment la résistance autochtone, bien qu'elle soit forcée d'être essentiellement défensive et réactive, continue de constituer un moyen puissant d'enrayer le système colonial et capitaliste.
Panel 8. Alternatives et nouvelles ontologies
-
Communication orale
La préservation du territoire pour l’identité et pour la transmission des savoirs autochtones : l’exemple de la mobilisation atikamekw nehirowisiwAnnette Dubé, Sipi Flamand (Chef du Conseil des Atikamekw de Manawan et étudiant à la maîtrise à l’UQAT), Janis Ottawa (UQAT - Université du Québec en Abitibi-Témiscamingue), Benoit Éthier (UQAT)
Au sein de Notcimik, le territoire d’appartenance atikamekw nehirowisiw, les familles possèdent un ensemble de droits et de responsabilités, notamment pour la préservation des ressources, et pour la transmission intergénérationnelle des savoirs tant pratiques que spirituels. Toutefois, l’extractivisme, l’exploitation abusive des ressources forestières à des fins d’exportation, constitue une entrave et un non-respect des droits et responsabilités autochtones à l’égard du territoire d’appartenance. C’est le cas notamment des coupes de bois effectués sur une érablière à sucre (irinatikw) dans des territoires familiaux de Manawan, lieu privilégié de transmission des savoirs culturels. Depuis plus de 12 mois, les familles atikamekw nehirowisiwok de la communauté sont mobilisées afin de faire respecter leurs droits et responsabilités territoriales. Un barrage permanent est érigé et sert non seulement à empêcher les coupes dans cette région, mais aussi à informer les personnes allochtones qui sont de passage des liens intrinsèques qui unissent les familles avec le territoire et la nécessité de préserver cette zone fragile afin de pouvoir transmettre aux jeunes les savoirs relatifs à irinatikw. La présentation permettra de faire connaître plus en profondeur la démarche et la mobilisation exercée et proposera une réflexion sur l’importance de la préservation du territoire dans un contexte éducatif et culturel.
-
Communication orale
Des ‘projets de mort’ au ‘plan de vie’ : les organisations autochtones de la Sierra Norte de Puebla face à l’extractivisme.Pierre Beaucage
La Sierra Norte de Puebla, région montagneuse et fertile, densément peuplée par les Nahuas, les Totonaques et les Métis, attire depuis les années 2000 des entreprises extractives, en raison de ses ressources minières, hydroélectriques et pétrolières. Des organisations autochtones comme la Unión de Cooperativas Tosepan, formée dans les années 1970 pour faciliter la mise en marché des produits agricoles, se sont alors coordonnées et ont réorienté leur action vers la défense du territoire contre ce qu’elles ont appelé des ‘projets de mort’ (proyectos de muerte), qui entraineraient la destruction de leurs cultures et de leur environnement. Après des années de lutte juridique, de pressions politiques et d’action directe, elles ont obtenu la suspension ou l’annulation de ces projets (Beaucage, Durán, Rivadeneyra, Olvera 2017). Elles se tournent depuis vers l’élaboration d’alternatives à l’extractivisme, pour assurer le mieux-être de centaines de milliers de villageois, dans le respect de leur culture et de leur identité. Cet objectif, appelé Plan de Vida, est détaillé dans le document bilingue Codice Maseual, produit en 2021, qui est présentement discuté dans les Assemblées bimestrielles des Peuples Maseual, Tutunaku et Mestizo et que nous analyserons.
-
Communication orale
Pédagogie du territoire pour construire résistance à l'extractivisme de l'industrie forestière et fruitièreJulio Eduardo Parra Cayupil (Escuela Enzo Ferrari de Purén), Héctor Torres Cuevas (Universidad del Bío-Bío)
La présentation aborde de manière critique l'extractivisme de l'industrie forestière et fruitière dans le contexte de la région de L’Araucanie située dans le centre-sud du Chili. En ce sens, apparaît comme une alternative la construction d'une pédagogie du territoire qui traite des effets d'un système économique générateur d'appauvrissement, de migration et de conflits socio-environnementaux pour la population locale. Nous prenons les apports de la méthode inductive interculturelle (MII) et de la pédagogie basée sur le terrain (land-based pedagogy). Les résultats sont liés à l'élaboration d'un calendrier des activités sociales, spirituelles et productives du territoire. Nous concluons qu'il existe sur le territoire une diversité de processus au niveau local qui s'opposent à la rationalité économique et productive du modèle de développement mis en place par l'industrie forestière et fruitière.
-
Communication orale
Économies populaires et solidaires paysannes en Colombie et au Québec : des alternatives à l’extractivismeMario Gil (UQAM - Université du Québec à Montréal)
La recherche explore des expériences d’organisation communautaire rurale, en tant qu’alternatives à des grands projets d’extraction minière (en Colombie) et à l’agro-industrie (au Québec et en Colombie). La recherche montre l’existence d’enjeux communs pour les populations rurales comme l’accès à la terre, l’exode rural et des limites au développement de l’agriculture à petite échelle et biologique par la régulation. Les organisations rurales permettent de développer des liens de solidarité dans les communautés, à la base du développement de projets permettant d’avoir des revenus alternatifs aux personnes des classes populaires, notamment aux femmes. Les organisations permettent d’accéder à des savoirs techniques et à des technologies plus respectueuses avec la terre et les écosystèmes. Elles aident à accéder à des marchés locaux et s’inscrivent dans une logique d’agriculture à proximité, de défense du territoire, de souveraineté alimentaire et de respect des valeurs et de la culture des communautés rurales, s’agissant d’offrir des aliments frais, sains, de bonne qualité pour les communautés, ce qui permet de renforcer les liens communautaires et d’assurer que les processus de production et de commercialisation soient respectueux avec la nature et apportent des revenus pour la communauté. L’existence d’organisations rurales a aussi permis une majeure résilience de la part des communautés rurales à la pandémie de la COVID-19, leur permettant de mieux résister à la crise.