Informations générales
Événement : 90e Congrès de l'Acfas
Type : Colloque
Section : Section 300 - Lettres, arts et sciences humaines
Description :Les phraséologismes (aussi appelés unités phraséologiques ou phrasèmes) sont des séquences :
– polylexicales, c’est-à-dire qu’elles sont formées d’au moins deux unités utilisées, avec une certaine récurrence, en contiguïté ou à proximité dans les textes (p. ex. au Québec, coûter une beurrée, en France et en Suisse, coûter bonbon, en Belgique, coûter un os; Lamiroy et al., 2010, p. 33-34);
– préfabriquées d’un point de vue cognitif. Il y a mémorisation « connectée » des unités figurant dans leur signifiant;
– contraintes sur le plan paradigmatique. Les unités en présence ne commutent pas librement avec d’autres unités de sens proche (p. ex. : *coûter une tranche). D’autres contraintes peuvent s’ajouter, notamment d’ordre syntaxique (p. ex. : impossibilité de passiver, d’introduire une négation) et pragmatique (p. ex. : l’affiche apportez votre vin sera placée bien en vue à l’entrée d’un restaurant au Québec).
La vaste classe des phraséologismes n’est pas unifiée. À titre indicatif, Iordanskaja et Mel’čuk (2017) proposent une typologie des phrasèmes qui compte, à son extrémité inférieure, 10 sous-classes aux propriétés sémantico-pragmatiques clairement délimitées (cf. locutions fortes, semi-locutions, locutions faibles, collocations standard, collocations non standard, nominèmes, pseudo-nominèmes, termèmes, formulèmes, sentencèmes).
Le colloque est l’occasion de réfléchir aux phraséologismes, dans toute leur complexité, en établissant un lien explicite avec la problématique de la variation, de l’innovation et du changement linguistique – en français ou dans une autre langue. Cette problématique, centrale dans les annales linguistiques depuis plusieurs décennies, est demeurée dans le champ de vision périphérique des phraséologues – du moins des phraséologues spécialistes du français – à l’exception de quelques cas notables (p. ex. : Lamiroy et al., 2010 et Lamiroy, 2020 sur les expressions verbales de la francophonie; voir aussi Cahiers de lexicologie, no 116, 2020).
Remerciements :- Centre de recherche interuniversitaire sur le français en usage au Québec (CRIFUQ)
- Région Auvergne-Rhône-Alpes
Dates :Format : Sur place et en ligne
Responsables :- Gaétane Dostie (UdeS - Université de Sherbrooke)
- Agnès Tutin (Université Grenoble Alpes)
Programme
Session 1
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Communication orale
Quand les nouvelles générations créent des expressions : l’émergence de nouveaux phraséologismes à l’oral ordinaireAntonio Garcia Fernandez (Universidad Nacional de Educación a Distancia (UNED))
Le lexique a expérimenté un renouvellement rapide et de nouvelles pratiques de communication grâce à l’accessibilité des réseaux sociaux et les nouvelles technologies. Ces changements linguistiques se produisent non seulement au niveau morphologique et syntaxique, mais aussi au niveau lexical et pragmatique. Les jeunes locuteurs « forcent » le langage en apportant de nouvelles expressions et, en particulier, de nouvelles formules de discours à travers des mécanismes de créativité lexicale, comme l’emploi de mots à formes variables, la troncation, le verlan et la réutilisation de termes anciens, et des procédés sémantiques, comme la métaphore, la comparaison et l’emprunt par l’influence des chansons, des langues d’immigration et de l’anglais.
D’ailleurs, les phraséologismes varient conformément à un ensemble de paramètres variationnels, comme : le lieu (variation diatopique), le média (diamodale), le registre (diastratique) et la chronologie (diachronique). Ces paramètres ont conduit à l’émergence de nouveaux phraséologismes. C’est le cas de séquences préfabriquées telles que c’est le ghetto, c’est quoi les bails, ça passe crème, faire un prank, y a r[1]. Le but de notre proposition est le repérage des paramètres qui provoquent un changement dans l’émergence de ces expressions. Ces paramètres font également partie de l’enrichissement de la langue à différents niveaux et registres.
[1] Ces expressions sont extraites du corpus Multicultural Paris French (MPF).
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Communication orale
La construction [V. sa race ] Étude d’un phraséologisme émergentIrina Ghidali (Sorbonne Nouvelle)
Cette communication propose une analyse d’un phraséologisme du français contemporain, observable dans les exemples suivants :
(1) Je lui insulte sa race ou pas ? (Twitter, jan. 2023)
(2) J’en connais un qui va kiffer sa race.(Twitter, juin 2021)
(3) lentretien d’embauche h-1 je stresse sa race mais j’ai mon amoureux donc ça va (non) (Twitter, déc. 2022)
(4) Oh sa race faut que je re adhère à la JC moi (Twitter, jan. 2023)
Dans la construction [V. sa race] le syntagme nominal sa race apparaît tantôt comme complément des verbes transitifs (1 et 2), tantôt comme syntagme apposé à des verbes intransitifs (3), sans pour autant modifier la valence de ces verbes. Dans les deux cas, le syntagme est complètement désémantisé et fonctionne comme un intensif. Il peut commuter avec des adverbiaux, car il est glosable par « beaucoup », « très fort ». Notre hypothèse est que la construction [V. sa race] est un point d’observation des étapes progressives de la pragmaticalisation du syntagme sa race, qui aboutit à des emplois isolés à valeur purement interjective (4). La construction relève de l’oral familier, ou de l’écrit à forte dimension orale, propre aux réseaux sociaux. Notre analyse s’appuiera sur un corpus de tweets et interrogera l’influence du processus de pragmaticalisation sur le fonctionnement syntaxique de la construction, avec une focalisation sur le rapport entre la désémantisation du syntagme nominal sa race et les limites de sa dépendance rectionnelle par rapport aux verbes.
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Communication orale
Emploi du phrasème "comme quoi" en français écrit au CongoDavh Patchelly Mayena (Université Marien Ngouabi)
Cette communication porte sur l’emploi du phrasème comme quoi en tant que terme ténu de validation ou de focalisation des configurations syntaxiques antéposées et/ou postposées. Cette expression s’envisage concrètement comme un « auxiliaire sémantique » et se singularise, entre autres, par ces trois points cruciaux : comme quoi assumant la valeur focalisationnelle en début de discours, comme quoi régisseur et zone de clarification d’un énoncé proverbial et comme quoi survenant après une ponctuation faible. Le caractère focalisationnel, voire validationnel du phrasème comme quoi n’est certes pas facile à cerner, mais il est plausible que la langue française s’est dotée d’une belle expression d’introduction des propositions à valeur énonciative. Le suremploi de cette combinatoire dans le corpus de la presse écrite s’explicite par le fait que cette dernière est envisagée, en langue, comme l’une des structures à laquelle recourt généralement le locuteur-scripteur pour rendre compréhensible sa pensée. Et les formes négatives dont ce phrasème clarifie le sens ne concernent pas uniquement les outils de négation absolue tels que ne…pas et jamais, mais portent également sur quelques unités linguistiques dégageant les mêmes sèmes.
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Communication orale
"C’est clair" : de la grammaire de la phrase à la grammaire des thétiquesHuy-Linh DAO (INALCO & CRLAO – CNRS UMR 8563), Danh-Thành Do-Hurinville (Université de Franche-Comté (Besançon, France))
Cette communication a pour objectif d’examiner le pragmatème c’est clair, au sens de Blanco-Escoda & Mejri, 2018, une brachylogie d’énoncés polylexicaux comme : « C’est bien vrai ! », ou « Tu l’as dit, bouffi ! ». Ce pragmatème semble s’imposer au début des années 2000 dans les médias. Selon ‘Wikidictionnaire’, c’est clair peut fonctionner comme :
(i) une « locution adverbiale » appartenant à la grammaire de la phrase, qui se situe sur le plan référentiel, et participe au contenu propositionnel de l’énoncé.
(ii) une « locution interjective », servant à exprimer une approbation franche, sans équivoque, qui relève de la grammaire des thétiques au sens de Heine (2013), et se situe sur le plan pragmatique (cf. Dostie, 2004), pour relier un énoncé à la situation discursive.
En vue d’étudier c’est clair, on s’appuiera sur la typologie de Iordanskaja et Mel’čuk (2017), en dialogue avec la « cooptation » de Heine (2013), et la transcatégorisation schématisée sous la forme d’un triangle (Lexème-Grammème-Pragmatème).
Références bibliographiques
Blanco-Escoda X. & Mejri S., 2018, Les pragmatèmes, Classiques Garnier.
Dostie G., 2004. Pragmaticalisation et marqueurs discursifs, De Boeck Supérieur.
Heine B., 2013. “On discourse markers: Grammaticalization, pragmaticalization, or something else?”, Linguistics, 51, 1205-1247.
Iordanskaja L. & Mel’čuk I., 2017, Le mot français dans le lexique et dans la phrase, Paris, Hermann.
Dîner
Session 2
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Communication orale
Figement et grammaticalisation dans "comme de fait" et "comme de raison"Cristina Petras (Faculté des Lettres, Université Alexandru Ioan Cuza Iasi)
Si, comme il ressort des recherches faites dans le corpus d’internet French Web 2020, les phraséologismes pragmatiques comme de fait (‘comme on s’attendait’) et comme de raison ‘comme il est juste, normal, comme il convient (de procéder dans un cas précis)’ se retrouvent dans les différentes variétés régionales de français (de France, de Belgique, du Canada), ils semblent plus fréquents en français nord-américain. Dans les corpus de récits ils interviennent pour marquer différents moments dans le déroulement narratif, prenant des valeurs métatextuelles (comme de fait ‘comme on s’attendait, vu le déroulement de l’histoire jusqu’ici’ ; avec comme de raison, il s’agit d’en venir au constat du bien-fondé de l’assertion introduite par le marqueur, vu le développement antérieur).
Se situant dans une perspective à la fois diatopique et diachronique, cette intervention s’interrogera sur les mécanismes de figement et de grammaticalisation à l’œuvre dans l’émergence des marqueurs discursifs comme de fait et comme de raison. L’analyse diachronique envisagée permettra d’étudier, pour comme de fait, le rapport avec le marqueur de fait et avec l’expression comme de droit comme de fait, ainsi que le rapport de comme de raison avec les significations de raison. Eu égard aux développements convergents ou divergents dans les différentes variétés, on s’intéressera aussi aux causes des différences de dynamique de figement et de grammaticalisation.
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Communication orale
Étude de la variation diachronique de la construction HAVE THE N TO en anglais dans le cadre de la notion métapragmatique d’insolenceChris Smith (CRISCO EA4255)
Dans ce travail on s’intéressera aux changements constructionnels liés à la construction <HAVE THE N TO V> en anglais. Dans cette construction lexicogrammaticale, on s’intéresse à la variation et en particulier à l’extensibilité des noms prenant la position de complément d’objet direct du verbe HAVE (courage, power, impudence, insolence, cheek, face, nerve, stomach etc.). Selon nous, cette construction appartient à une famille constructionnelle conceptuelle régie par le pragmème de l’insolence. Cette construction a donné lieu historiquement (Smith 2021) à l’émergence d’une micro-construction lexicale associant les parties du corps à l’insolence en anglais (cheeky, lippy, facy, nervy). Afin de mener à bien ce projet, nous utilisons le corpus diachronique COHA (1820-2010) afin de tracer les occurrences des noms et proposant une classification conceptuelle de ceux-ci afin de déterminer un patron. Nous menons alors une analyse de sémantique distributionnelle pour analyser les mots co-occurrents de ces différentes variations. En identifiant les calculs de spécificité des mots co-occurrents, il sera possible d’identifier les degrés de rapprochements des expressions particulières puis de mesurer les similarités et spécificités de ces expressions. Nous partons du pari que c’est une telle approche onomasiologique conceptuelle qui permettra de mieux cerner le degré d’extensibilité de la structure, et ainsi de son succès, comme le suggère Goldberg (2019).
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Communication orale
Les constructions à verbe support du type fugam facere, “fuir” dans le corpus littéraire latin classique : entre permanence et variations, diachronie et diaphasieDominique Longrée (UNIVERSITÉ DE LIÈGE)
Le corpus littéraire latin classique présente de nombreuses occurrences de phrasèmes regroupés sous la nom de « constructions à verbe support » : ces phrasèmes sont constitués d’un nom abstrait, généralement verbal, du type fugam, « la fuite » ou uerbum, « la parole » et d’un verbe à sémantisme faible tes que ago « mener », do « donner », gero « porter », facio « faire », fero « porter », gero « mener », habeo « avoir ». Pour un même nom, plusieurs verbes peuvent entrer en concurrence : ainsi fugam se combine tant avec facio « faire » que capio « prendre » ou habeo « avoir », avec le sens général de « prendre la fuite ». Ces verbes à sémantisme faible sont parfois remplacés par des verbes sémantiquement plus chargés, par exemple fugam festinare « se hâter de fuir ». En outre, une concurrence peut exister avec un verbe simple de sens proche tel que fugio « fuir ». Diverses études se sont intéressées aux paramètres pouvant conditionner ces variations, en particulier aux valeurs aspectuelles liées au sémantisme verbal : ago serait duratif, facio sponctuel, gero terminatif ou fero ingressif. En recourant aux bases textuelles du LASLA (Laboratoire d’Analyse Statistique des Langues Anciennes de l’Université de Liège) exploitables grâce au logiciel Hyperbase, l’étude tentera, à partir de quelques études de cas, de déterminer dans quelle mesure ces variations peuvent également être mises en relation avec la diachronie, les genres littéraires ou des idiolectes des auteurs.
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Communication orale
Phraséologie en diachronie : recherche outillée autour des verbes "dire" et "écrire" au sein du genre épistolaire, du français classique au français contemporainIris Fabry (Université Grenoble Alpes)
Notre communication présentera une étude sur les phraséologismes autour des verbes dire et écrire dans le corpus numérique PhraséoCorr. Ce corpus a pour objectif de constituer un ensemble représentatif du sous-genre épistolaire de la lettre familière sur un temps long (du XVIIe au XXe siècle). Il comprend environ 3 600 000 mots et sera interrogeable sur le Lexicoscope, outil d'exploration de corpus dédié à l’extraction des séquences phraséologiques basé sur des corpus syntaxiquement arborés.
La correspondance représente un domaine particulier de l’interaction verbale en tant que ce genre textuel tente de reconstruire, à l’écrit, les conditions du dialogue malgré la distance et une temporalité différée interlocuteur. Comparer les emplois de ces verbes entre eux permettra, entre autres, de mettre en exergue cette singularité.
Au regard d’un sous-corpus de 388 600 mots établi dans le cadre d’une préétude, dire et écrire se placent respectivement 36e et 65e en tant que vocables les plus fréquents sur un total de 3 021. Parmi les 1 000 cooccurrences les plus fréquentes et recevant un score à la mesure d’association supérieur à 3.2 PMI, nous en retrouvons 8 pour chaque verbe dont 1 semblable : dire/écrire + mot. Corpus en main, nous exposerons les variations lexicosyntaxiques et fonctionnelles particulières à chacun de ces lemmes ainsi que les aspects sur l’évolution linguistique et sociétale que l’originalité d’une perspective en diachronie longue permet de faire émerger.
Session 3
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Communication orale
Locutions-phrases génériques et situationnelles sous l’angle de la variation diatopique. Esquisse d’une typologie illustrée par des exemples du français québécoisGaétane Dostie (UdeS - Université de Sherbrooke)
De manière générale, le point de départ pour aborder la problématique de la variation diatopique lexicale est le mot ou encore la locution intra-phrastique (par exemple, verbale ou nominale). Nous nous intéressons ici à la typologisation des diatopismes phrastiques à partir d’un examen d’une centaine de locutions-phrases génériques et situationnelles utilisées en français québécois en contexte informel et semi-formel. L’intégration de la locution-phrase à la réflexion apporte un éclairage complémentaire à la problématique complexe de la variation diatopique. Ainsi, on peut s’attendre à repérer dans le lot des locutions-phrases étudiées, notamment, des emprunts et des archaïsmes (Poirier 1995). Mais on y trouve aussi d’autres sous-catégories de locutions-phrases, marginalisées dans les travaux consacrés à la variation, dont des diatopismes phrastiques socioculturels. Ces deniers sont issus de phrases publiques (Dostie 2019) propres à une culture donnée, comme des slogans publicitaires et des phrases clichées produites par des personnages publics. Ces phrases publiques, recyclées en locutions-phrases conventionnées dans le système linguistique, ont subi une extension de sens, souvent rapide. Les nouvelles locutions-phrases ainsi formées doivent être décrites dans le dictionnaire, au même titre que tout autre type de locution-phrase. Des propositions de modélisation lexicographique en ce sens seront formulées.
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Communication orale
Variation diatopique des expressions figées du françaisAnne Dister (Université Saint-Louis - Bruxelles), Béatrice Lamiroy (KULeuven))
Depuis quelques décennies, les recherches sur les expressions figées du français se sont multipliées, dont celles de Maurice Gross (1982, entre autres). Mais M. Gross n’a publié que partiellement ses travaux, laissant inexploitée une base de données d’environ 44 000 combinaisons verbales. Ce matériau inédit a servi de base au projet BFQS (Belgique – France – Québec – Suisse) (Lamiroy et al. 2010), qui a été mené entre 1995 et 2010. Partant de la liste établie par Gross pour le français de France, la description a été élargie à trois autres aires de la Francophonie du Nord, mettant en lumière la variation géographique des expressions figées.
Dans cette communication, nous revenons sur la méthodologie, et sur la question centrale, mais relativement peu étudiée (Klein et Lamiroy 2016), de la variation des expressions et de leur description morphosyntaxique, avec des exemples de la variété B. Actuellement seules les expressions dont le verbe commence par -a ont été totalement décrites. Nous plaiderons ici pour un élargissement à la description des expressions -b à -z et à celles de la Francophonie du Sud.
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Communication orale
Des phraséologismes impliqués dans l’expression de la prétérition. Une approche contrastive : français, roumain, anglaisDaciana Vlad (Université d'Oradea), Maxime Warnier
Nous décrirons des phraséologismes impliqués dans l’expression de la prétérition en français, en roumain et en anglais. Il s’agit d’expressions préfabriquées qui servent à affirmer qu’on ne dit pas quelque chose que l’on va pourtant dire (pour ne pas le nommer, inutile de le dire, etc.).
En nous appuyant sur nos recherches antérieures concernant les marqueurs de la prétérition en français, nous étudierons également des phraséologismes exprimant la prétérition en roumain (ca să nu-i spun pe nume ‘pour ne pas le nommer’, e inutil s-o spun ‘inutile de le dire’) et en anglais (needless to say, I hate to name names(, but...), it goes without saying).
Dans une approche micro-diachronique, nous expliquerons l’émergence de ces marqueurs dans les trois langues. Notre comparaison des phraséologismes analysés concernera aussi les niveaux syntaxique et sémantico-pragmatique. Nous examinerons également leur degré de figement.
Au niveau syntaxique, nous montrerons que ces structures, négatives par le sens et le plus souvent aussi par la forme, sont généralement construites autour d’un verbe ou d’un nom de parole. Nous chercherons également à dégager leurs différentes valeurs sémantico-pragmatiques telles que : l’emphase, en ce qu’elles permettent d’attirer l’attention sur ce qu’on prétend ne pas dire ; l’évidence, dans le cas des expressions qui présentent un fait comme connu et accepté de tous ; l’atténuation, lorsqu’elles accompagnent la formulation d’un acte de langage menaçant.
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Communication orale
Variations diaphasiques et diatopiques dans l’usage des phraséologismes marqueurs illocutionnaires en français et espagnol. Le cas du REPROCHE et du REMERCIEMENTStefana Olga Galatanu (Université de Nantes)
Dans la perspective théorique d’une approche sémantique unifiée de la conceptualisation des actes de langage et de leurs réalisateurs linguistiques dans un espace linguistique et culturel, nous étudions les variations diaphasiques et diatopiques de phraséologismes à fonction de marqueur illocutionnaire du remerciement et du reproche en français (France, Québec, Côte d’Ivoire) et en espagnol (Espagne, Mexique).
L’objectif est de faire apparaître, à travers 8 situations de communication dont les variables relèvent de la relation interpersonnelle que peuvent avoir les locuteurs et de la zone objectale du contenu propositionnel, les variations dans le choix de phraséologismes comme Ne te gêne pas !, Faut pas se gêner !, Je te dois une fière chandelle !, Merci du fond du cœur ! ou d’un déploiement discursif de la conceptualisation sémantique de ces actes dans les situations proposées. Le second objectif est de tester une hypothèse portant sur la gradualité de l’implication affective inscrite dans la signification de cette classe de marqueurs illocutionnaires et sur la (re)conceptualisation de l’acte. Notre recherche s’appuie sur la triangulation de deux sources de données : une démarche expérimentale de recueil de savoirs sémantico-pragmatiques des sujets parlants et de mise en actes de ces savoirs (observables élicitées à partir d’un Discourse Completion Task) et une recherche d’observables de communication authentique (par exemple, lettres de remerciement).
Dîner
Session 4
Conférencier invité : Denis Le Pesant (Université Paris ouest Nanterre)
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Communication orale
Déterminer la force illocutoire principale d’un Acte de Langage StéréotypéDenis Le Pesant (Université Paris Nanterre)
Nous empruntons à Kauffer (2019) la notion d’Acte de Langage Stéréotypé (ALS). Il s’agit de phraséologismes (cf. Legallois & Tutin, 2013) ayant typiquement la forme d’un énoncé et porteurs d’une ou de plusieurs forces illocutoires. Kauffer les distingue des pragmatèmes, ou énoncés liés (cf. Fónagy, 1977), qui ont eux aussi une force illocutoire mais signifient spécialement une routine langagière sociale ou professionnelle (Comment vas-tu ! Garde à vous !). Les ALS appartiennent, dans la classification de Tutin (2019), à la catégorie des Phrases Préfabriquées des Interactions (PPI) réactives. Kauffer (2019 : 158) soutient que « l’ALS n’est pas seulement un acte de langage ayant une valeur illocutoire, mais il peut aussi exprimer – et c’est très fréquent - un sentiment, une émotion, un état psychologique » (cf. aussi les PPI réactives « expressives et évaluatives » de Tutin (2013), par opposition aux PPI réactives « interactionnelles »). Notre propos est d’argumenter sur l’idée qu’en cas de cumul des valeurs expressives et des valeurs illocutoires interactionnelles, il faut introduire une hiérarchie : les valeurs illocutoires sont les plus essentielles ; elles doivent subsumer les autres valeurs. Par exemple les ALS Tu parles ! Tu m’en diras tant ! sont certes des expressions du sentiment d’incrédulité ; mais d’un point de vue pragmatique, ce sont d’abord, selon nous, des actes de langage d’accusation de mensonge ou au moins de reproche de manque de lucidité.
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Communication orale
Coder la variation des phrases préfabriquées des interactionsAgnès Tutin (Université Grenoble Alpes)
Cette proposition de communication porte sur le codage de la variation des phrases préfabriquées des interactions, des phrases « toutes faites » fréquentes dans les échanges oraux ou écrits comme Et puis quoi encore : C’est une blague ? Tu plaisantes ? Comment dirais-je ? Nous nous intéresserons plus spécifiquement à la variation de ces éléments phraséologiques, et en particulier aux dimensions suivantes :
- Variation syntaxique : par exemple, comment dirais-je ? vs comment est-ce que je dirais ?
- Variation diamodale : oral vs écrit (sous différentes manifestations)
- Variation discursive : par exemple, conversation informelle ou interaction commerciale
- Variation diastratique : par exemple, registre familier ou soutenu
- Variation interactionnelle : par exemple, fonction d’ouverture conversationnelle ou de négociation.
Nous réfléchirons au codage de ces phénomènes à travers un ensemble d’exemples issus du champ sémantique de la surprise et de l’incrédulité (Tu plaisantes ? Ce n’est pas possible ! J’hallucine) extraits de corpus oraux (en particulier le corpus oral CEFC-ORFEO) et écrits (tweets, corpus romanesques).
Pausé, M. S., Tutin, A. (2022). Some Insights on a Typology of French Interactional Prefabricated Formulas in Spoken Corpora. International Conference on Computational and Corpus-Based Phraseology (190-205). Springer, Cham.
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Communication orale
La variation linguistique à l’intérieur des locutions contenant le mot « tête »Valérie Gauthier-Fortin (Université Laurentienne de Sudbury)
Tous les locuteurs d’une même langue peuvent communiquer entre eux sans que leur intercompréhension soit compromise, et ce, grâce à la partie du lexique connue par tous les locuteurs d’une langue. Malgré l’existence du fonds commun, les locuteurs sont susceptibles d’utiliser des mots ou des locutions qui peuvent nuire à la transmission d’un message. Puisqu’il existe un éventail de mots et de locutions en français, nous ne nous sommes intéressés qu’aux locutions contenant le mot « tête », comme « coûter les yeux de la tête », dans le cadre de notre étude.
L’objectif de notre communication est double. D’abord, créer un répertoire de locutions contenant le mot « tête ». Ensuite, distinguer les variations (diatopique, diaphasique, diastratique, diagénique et chronolectale) auxquelles ces locutions sont soumises au Canada – plus précisément en Ontario, au Québec et dans les provinces de l’Atlantique (Nouveau-Brunswick, Nouvelle-Écosse, Île-du-Prince-Édouard et Terre-Neuve-et-Labrador) – en France et au Burkina Faso. Un questionnaire a permis de recueillir les données nécessaires à notre étude et d’évaluer la connaissance et l’usage de ces locutions en fonction de certains facteurs tels que le lieu d’origine, la classe sociale, le sexe et l’âge des participants.
Nos conclusions, qui découlent de 15 hypothèses, contribuent au domaine de la variation linguistique des locutions et vérifient plusieurs théories qui ne sont pas dotées d’assises empiriques ou qui sont contradictoires.
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Communication orale
La présentation du patrimoine phraséologique français dans le Petit Robert, entre tradition et innovation : le cas des phrasèmes signifiant ‘manger’Michela Murano (Università Cattolica del Sacro Cuore di Milano)
Si les séquences figées peuvent être considérées comme une deuxième macrostructure du dictionnaire, plus ou moins visible selon les solutions typographiques adoptées, il s’avère légitime de s’interroger sur l’étendue de cette « nomenclature phraséologique » et sur sa variation dans le temps : quelles unités sont enregistrées ? Est-ce que le patrimoine phraséologique conservé dans les dictionnaires est obsolète ? Y a-t-il une évolution au fil des éditions des dictionnaires en ce qui concerne le type d’unités enregistrées et leur traitement ? Dans notre communication, nous essaierons d’apporter quelques réponses à ces questions en adoptant une perspective de diachronie courte, qui prendra en compte les différentes éditions du Petit Robert. Nous nous concentrerons sur les phrasèmes exprimant le sens ‘manger’ : nous évaluerons les nouveaux enregistrements, les disparitions, les changements de statut, les modifications au niveau du marquage, de la définition, des exemples et des citations.
Références
Blanco X., Moreno M.D. 1997, « Lemmatisation, Agencement et catégorisation des lexies complexes dans la lexicographie bilingue français-espagnol », in Fiala P., Lafon P., Piguet M.F. (eds) 1997, La locution : entre lexique, syntaxe et pragmatique, Paris, Klincksieck pp. 173-182.
Murano M. (2010), Le traitement des Séquences Figées dans les dictionnaires bilingues français-italien, italien-français, Monza, Polimetrica.
Session 5
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Communication orale
La polysémie des locutions : une proposition de classificationNicole Mazzetto (Albert-Ludwigs-Universität Freiburg)
Ce travail se concentre sur la polysémie des locutions, qui est conçue en tant que conséquence du changement sémantique (Blank 2003). À travers l’analyse de plusieurs locutions polysémiques du français (France), dont le statut polysémique a été investigué à l’aide de questionnaires adressés aux locuteur.rices natif.ves, nous visons à élaborer un modèle pour décrire la polysémie des locutions.
Une première classification des locutions polysémiques (Stepanova/Černyševa 1975), qui identifie deux types de métaphorisation, a été jugée comme problématique à plusieurs niveaux : le terme métaphorisation exclut d’autres mécanismes cognitifs (Andree 2020 : 182) et les critères proposés sont souvent insuffisants pour distinguer les types de polysémie (Fleischer 1997 : 168). Le but de notre étude est donc d’élaborer une nouvelle classification pour étudier le changement sémantique et analyser la polysémie des locutions de façon systématique. Les deux types de polysémie présentés (que nous appellerons polysémie séquentielle et polysémie non-séquentielle) seront décrits sur la base de paramètres d’ordre cognitif, tels que la distance conceptuelle entre sens idiomatiques et compositionnels des locutions et l’identification de relations cognitives entre les sens idiomatiques. Ces dernières ne se limiteront pas à la métaphore et à la métonymie, mais incluront également la similarité co-taxinomique et l’inclusion taxinomique (cfr. Koch/Marzo 2007 : 269-271).
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Communication orale
Phraséologismes pragmatiques injonctifs dans la langue de spécialitéAraceli Gómez Fernández (Universidad Nacional de Educación a Distancia)
Cette communication est consacrée à l’étude des phraséologismes pragmatiques dans la langue de spécialité dans une perspective contrastive français-espagnol. L’étude présente la délimitation des pragmatèmes, contraints par une situation pragmatique précise, à partir de patrons de reconnaissance tels que la valeur illocutive, le figement, la polylexicalité et la situation spéciale dans laquelle ils s’insèrent. Pour ce faire, l’on porte une attention particulière à l’ancrage temporel et aspectuel du pragmatème. Nous décrivons un type de pragmatème spécialisé : le pragmatème injoctif dans le domaine spécialisé, très lié à des mécanismes procéduraux et à une forte charge émotionnelle. Nous verrons qu’un même pragmatème peut participer dans deux situations de communication spécialisées différentes et avoir le même sens. C’est le cas de pragmatèmes tels que À vos marques ! Prêts ? Partez ! un pragmatème en trois temps sous des coordonnées d’action. En espagnol, ¡ A sus puestos ! a une signification différente dans un contexte sportif (À vos marques !) ou dans un contexte militaire (À vos rangs !). La langue de spécialité demande des codes précis partagés dans le processus de ritualisation, un univers de référence culturel plus vaste. En dehors d’une situation spéciale et marquée, ces phraséologismes ne peuvent pas être réalisés avec le même sens.
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Communication orale
Formules discursives à fonction de prise en compte de l’allocutaire dans le discours scientifique oral en françaisChaeyoung Lee (LIDILEM, Université Grenoble Alpes)
La préfabrication langagière joue un rôle important dans la caractérisation d’un genre discursif (Sitri & Tutin, 2016). Au croisement de la phraséologie et des analyses du discours scientifique, certains types de séquences préfabriquées – lexical bundles, marqueurs discursifs, collocations, ou routines sémantico-rhétoriques – sont davantage étudiés tant pour leur description et analyse linguistiques que pour leur application à visée didactique. La plupart des recherches sur le sujet sont concentrées sur les registres écrits, tels que les articles de revue, les mémoires de Master ou les thèses de Doctorat. Pourtant, les savoirs scientifiques acquis par les activités de recherche se transmettent et se partagent aussi dynamiquement à l’oral (Jacques, 2017). Dans le cadre de notre thèse, nous nous intéressons à l’étude des expressions « prêtes à utiliser » dans le discours scientifique oral en français. Pour cette communication, nous présenterons particulièrement une nouvelle conception phraséologique permettant d’englober différents types de phraséologismes de nature hétérogène – les formules discursives – ainsi qu’une typologie des formules à fonction de prise en compte de l’allocutaire à l’oral scientifique. Pour cela, nous avons élaboré et exploité le corpus de communications scientifiques orales dans trois disciplines des SHS : la linguistique, la didactique des langues et les sciences de l’information et de la communication (Lee, 2022).
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Communication orale
Étude comparative des collocations à partir d’un corpus spécialisé en environnement et d’un corpus généralZhiwei Han (UdeM - Université de Montréal)
Cette communication présente une étude comparative des collocations relevées à partir d’un corpus spécialisé portant sur la biodiversité et d’un corpus général. Inspirée de L’Homm et et Azoulay (2020) qui s’attardent sur la comparaison des collocations anglaises dans un corpus général et un corpus en environnement, nous adoptons une perspective sémantique pour explorer les similitudes et différences entre des collocations françaises apparaissant dans des discours de nature différente. Nous soumettons le corpus spécialisé à TermoStat pour en extraire 15 unités terminologiques (UT) ayant un ou plusieurs sens spécialisés. Pour chaque UT, nous sélectionnons 30 collocations à partir d’une liste de combinaisons lexicales générée automatiquement par Sketch Engine dans chacun des deux corpus. Les collocations sont ensuite analysées de façon comparative sous différents aspects : la distinction sémantique des UT, la convergence et la divergence des collocatifs, le regroupement des collocatifs en classes sémantiques et l’encodage des collocations à l’aide des fonctions lexicales (Mel’čuk et Polguère, 2021). Notre analyse permet de constater le lien étroit entre les propriétés sémantiques des termes et leur comportement collocationnel. Ce travail fournit des pistes de réflexion sur la description méthodique des collocations en français langue de spécialité afin de les transposer en objet d’enseignement (Carras et Álvarez Martínez, 2022).
Dîner
Session 6
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Communication orale
Représentation des variantes des idiomes français dans les dictionnaires d’apprentissageElena Berthemet (Centre de Linguistique en Sorbonne)
La polylexicalité du phraséologisme fait que le potentiel de variation de sa forme est plus considérable que celui d’un mot. Le problème est d’autant plus complexe que la variation de certaines composantes peut être tellement élevée que les frontières du phraséologisme se diluent. (Baranov, Dobrovol’skiĭ 2014 : 17) Dans cette contribution, je me propose d’examiner trois types de variantes : lexicales (faire un malheur/un tabac), morphosyntaxiques (être chaud, être chaud pour et c’est chaud de) et pragmatiques ((fr.) être/se mettre sur son trente-et-un et (Québec) être/se mettre sur son trente-six).
Les principales questions auxquelles seront fournies des éléments de réponse sont les suivantes : Comment identifier la forme « zéro », à partir de laquelle les autres seraient dites des variantes ? Comment distinguer les variantes d’un même idiome et les idiomes indépendants ? Comment déterminer la forme basique de l’idiome ? Quelles sont les implications pour la lexicographie ? L’étude est basée sur le corpus personnel issu de l’expérience professionnelle de l’auteure en tant qu’enseignante de FLE et d’interculturalité ainsi que les corpus disponibles dans https://www.sketchengine.eu/. Après avoir mesuré le défi considérable que les variantes représentent pour la lexicographie, nous montrerons comment elles sont traitées dans les dictionnaires avant d’arriver à notre proposition de traitement lexicographique.
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Communication orale
Contacts des langues et phraséologie du français et de l’anglais au Cameroun et au CanadaJean-Guy Mboudjeke (University of Windsor)
Au Canada comme au Cameroun, le français et l’anglais, langues officielles, sont en contact. Au Cameroun, les deux langues officielles sont aussi en contact avec plus de 260 langues locales. Ces croisements entre les langues donnent naissance à certains types particuliers de phrasèmes attribuables non pas à une « activité métamorphique » interne de chaque langue, mais plutôt à des opérations interlinguistiques. C’est ainsi que dans les deux langues officielles camerounaises, on recense de nombreux phrasèmes traduits littéralement des langues locales comme laver la veuve / wash the widow. L’anglais camerounais foisonne aussi de phrasèmes littéralement traduits du français comme procurer of the republic [procureur de la république]. Dans le français canadien, on relève des phrasèmes traduits de l’anglais tels être une patate chaude [to be a hot potato]. Les acquis théoriques de la phraséologie contemporaine sont-ils applicables à ces types particuliers de phrasèmes? Par exemple, sont-ils idiomatiques, c’est-à-dire propres aux langues dans lesquelles ils sont utilisés? Ont-ils le même degré d’opacité pour les locuteurs francophones et anglophones? L’analyse des données, qui seront tirées des glossaires, des dictionnaires, des documents administratifs, de la presse écrite et des textes littéraires, permettra de montrer que dans l’étude des phrasèmes, il convient d’accorder une attention particulière à ceux qui sont issus des contacts entre les langues.
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Communication orale
Les phraséologismes examinés par des locuteurs natifs : uniformité et variationAlexandra Tsedryk (Mount Saint Vincent University)
Dans cette communication, nous présentons le projet DidLoc, Didactique de locutions, qui a pour but de développer des outils pédagogiques, en se basant sur les données recueillies auprès des locuteurs natifs francophones. Une liste de 100 unités phraséologiques, dont la grande majorité sont des locutions (selon Polguère 2015), a été évaluée par des locuteurs de régions différentes. En nous basant sur des études psycholinguistiques antérieures sur les locutions et en menant des recherches de fréquences dans Eureka.cc, nous avons choisi 100 unités et les avons divisées en 3 listes. Les locuteurs (n=100) ont évalué les phraséologismes proposés sur une échelle de Likert de 1 à 5 par rapport à trois critères : la connaissance, la familiarité et l’usage subjectifs, après quoi ils ont accompli un test à choix multiples sur les définitions. Les participants de l’étude ont aussi été invités à partager des locutions propres à leurs communautés linguistiques (différentes régions de France, Québec, Acadie, Belgique, Suisse, Cameroun). Nous présentons la méthodologie de collecte de données et les résultats de l’enquête.
Polguère, A. 2015. Non-compositionnalité : ce sont toujours les locutions faibles qui trinquent. Verbum (Presses Universitaires de Nancy), 2015, XXXVII (2), pp.257-280.
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Communication orale
La technologie au service de l’enseignement des collocations en anglais langue seconde: le rôle des corpusDeogratias Nizonkiza (UBC - University of British Columbia)
Le concept de collocations, défini comme l’utilisation de mots qui vont généralement ensemble, tels hypothèse hasardeuse et perpétrer un délit (Tutin, 2012), a reçu une attention considérable depuis trois décennies. L'importance de ce concept a été largement documentée (Barfield, 2009 ; Wray, 2002) et un consensus s‘est fait sur la difficulté que posent les collocations aux apprenants d’une langue seconde (Henriksen, 2013 ; Laufer & Waldman, 2011) et sur la nécessité de les enseigner (Barfield, 2009 ; Boers et al., 2006 ; Granger & Meunier, 2008 ; Lewis, 2000 ; Szudarski & Carter, 2016). La principale question qui se pose alors concerne l’approche à adopter. Avec les progrès technologiques, l’usage des corpus semble ici prometteur (Chan & Liou, 2005 ; Charles, 2014). En les utilisant, les apprenants deviennent en effet des ‘apprenants chercheurs’ (Cheng et al., 2003 ; Johns, 1986) qui identifient et repèrent les collocations dans des contextes authentiques (O’Sullivan, 2007 ; Simonnet & Tutin, 2019). Notre étude offrira une réflexion sur l’évolution de l’enseignement des collocations grâce à l’approche axée sur les corpus dans l’enseignement de l’anglais langue seconde. En réfléchissant aux forces et aux limites des approches pédagogiques appuyées par les corpus, la présente étude proposera une série d’étapes à suivre pour avancer vers une modélisation de l’enseignement des collocations.
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Communication orale
Expressions de registres substandards sous l’angle lexicographique et sociolinguistique synchronique : Connaissance et emploi en francophonie du NordMartin Ruzicka (růžička) (Université d'économie de Bratislava)
L’exposé va résumer la méthode et les résultats de notre recherche qui a pour sujet la variation lexicale au sein de la francophonie du Nord (Belgique, France, Québec, Suisse). Nous analysons les expressions substandards choisies du projet BFQS de Lamiroy et al. Ce projet regroupe les expressions figées des territoires mentionnés ci-dessus. Dans la description des expressions au sein du projet prédomine l’aspect syntaxique dont l’analyse des composants des expressions. Nous extrayons de ce projet plusieurs expressions et nous effectuons ensuite notre propre analyse du point de vue lexicographique et sociolinguistique en ce qui concerne les fonctions de l’usage familier. En d’autres mots, nos résultats consistent, d’un côté, à faire la synthèse des données des ouvrages lexicographiques consultés tandis que d’un autre côté, nous nous servons des informations de notre questionnaire électronique distribué en ligne auprès de divers publics francophones provenant desdits territoires. Notre recherche répond aux questions telles que la répartition géographique, l’usage actif, la connaissance passive, la vitalité et le traitement lexicographique des expressions choisies, ainsi que leur remplacement par des expressions alternatives proposées par les participants de notre enquête.