Informations générales
Événement : 90e Congrès de l'Acfas
Type : Colloque
Section : Section 300 - Lettres, arts et sciences humaines
Description :Ce colloque tente de revisiter l’œuvre de Tierno Monénembo, en la replaçant dans son contexte historique, social et littéraire. Docteur en biochimie, professeur en Algérie, au Maroc et aux États-Unis, et lauréat de nombreux prix littéraires (prix Renaudot, Grand prix littéraire d’Afrique noire, Grand prix de la francophonie, prix Erckmann-Chatrian, Grand prix du roman métis, Grand prix palatine et prix Ahmadou Kourouma), Tierno Monénembo est l’un des écrivains majeurs de la littérature africaine francophone contemporaine, qui font partie des romanciers de la « deuxième génération » (Dabla, 1986), et dont les textes déconstruisent les principes de la négritude, considérant la modernité culturelle africaine sous l’angle de l’ethnomodernité (Semujanga, 2015).
Caractérisée avant tout par la diversité, la transculturalité, la polyphonie des voix narratives, les relations entre divers genres et autres formes artistiques (cinéma, musique, peinture), l’œuvre du romancier guinéen aborde également d’importantes questions sociopolitiques de son temps.
Quarante-trois ans après la parution de son premier roman, quel bilan peut-on faire de la production romanesque de Tierno Monénembo? Quelles pistes nouvelles peut-on emprunter? Ce sont les questions nodales auxquelles ce colloque aimerait répondre pour rendre hommage à ce romancier de renommée internationale, à la veille de son 76e anniversaire.
Dates :Format : Sur place et en ligne
Responsables :Programme
Du paratexte au roman
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Communication orale
Une scénographie pour faire communauté : les fictions de Tierno MonénemboChristine Le Quellec Cottier (Université de Lausanne)
Les romans de Monénembo questionnent la mémoire et l’histoire, mais revendiquent leur caractère fictionnel et doncartistique. Chaque texte existe grâce à une proposition formelle qui récuse les identités figées et ce pouvoir ne se résume pas à un statut de discours d’escorte au réel. Le narrateur et la scène énonciative des fictions s’opposent constamment à une forme de réception très contemporaine qui définit la légitimité de la parole en fonction de l’origine de l’auteur, hésitant ainsi entre un postcolonialisme dénonçant une violence structurelle et un essentialisme daté. La créationartistique agit sur son destinataire, elle porte des enjeux tant politiques qu’historiques, mais elle offre d’abord une expressivité dans la langue qui est un espace de liberté, celui où se construit le sens. Cette force est au cœur de l’œuvre de Tierno Monénembo qui qui n’est jamais un miroir du réel mais bel et bien ce qui le rend visible, pour paraphraser lepeintre Paul Klee. Nous voulons relever comment cette œuvre, par son originalité, sa force et sa diversité, participe à l’élaboration de l’« universel latéral » que le philosophe Souleymane Bachir Diagne, après Merleau-Ponty, donne comme modalité indispensable pour renouveler le lien entre les cultures, les êtres et le passé : la fiction convoque, sans obligation référentielle, les ressemblances et les proximités, plutôt que les impossibilités à faire communauté.
Diversité des formes de l’œuvre de Tierno Monénembo
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Communication orale
Objets culturels et création romanesque chez Tierno MonénemboAdama Coulibaly
La fièvre récente autour de la restitution de vingt-six objets d’art conservés au musée du Quai Branly en novembre 2022, après des années de tractation, a ouvert une perspective plus large pour un retour à un nombre plus important de pièces, d’objets culturels et artistiques du patrimoine des pays africains, anciennement colonisés par la France. En fin de compte, la dynamique du retour de ces objets et les problèmes qui s’y rattachent sont plus larges avec les anciennes puissances coloniales comme l’Angleterre, la Hollande, la Belgique et autres. On retrouve une forte présence de ces objets culturels dans les romans de Tierno Monénembo. Cette contribution postule qu’au cœur de ces romans et peut-être aussi de sa création, ces objets culturels circulent, irradiant les récits et les destins des personnages stimulant ainsi la création romanesque. De Un Attiéké pour Elgass à Pelourinho et même Peuls ou Les coqs cubains chantent à minuit et d’autres textes, on peut sommairement avancer une typologie d’objets culturels matériels (Sassa, fétiches, statuette, hexagramme de coralline, etc.) à côté d’objets plus immatériels (tels la figa et la chanson).
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Communication orale
Au-delà des normes: déplacement et opposition chez Tierno MonénemboEugène Nshimiyimana (McMaster University)
Dans l’avertissement à Les sept solitudes de Lorsa Lopez (1985), Sony Labou Tansi définit l’art comme « la force de faire dire à la réalité ce qu’elle n’aurait pas pu dire par ses propres moyens ou, en tout cas, ce qu’elle risquait de passer volontairement sous silence ». Cette force, rebondit chez R. Chambers (1991) qui confère à la littérature le statut d’« enfant terrible » dans ce sens qu’elle bouleverse les mentalités par sa volonté de « changer le monde ». Rien, en effet, ne pourrait mieux définir l’œuvre de Tierno Monénembo dont la tension morale se situe dans cet effort de faire dire à la réalité ce qu’elle ne voudrait pas articuler. Elle y arrive en prenant à contre-pied le réalisme balzacien par un décalage constant du référent, qu’il soit social, politique, ou historique. On peut alors avancer que l’écriture de Monénembo s’opère dans un espace oppositionnel (Chambers, 1984; 1987; 1991) où l’art du déplacement permet la liberté du dire. Ce sera à partir de Les crapauds-brousse (1979), Les écailles du ciel et L’ainé des orphelins que ce travail montrera comment la tactique de l’écart permet à l’auteur de contourner l’indicible du réel.
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Communication orale
Le Peuhl dans l’Histoire ou le roman historique selon MonénemboCheikh Mouhamadou Soumoune Diop (Université Assane Seck)
La trilogie constituée de Peuls, Le roi de Kahel, Le terroriste noir peut être lue comme une volonté de Tierno Monénembo d’inscrire la part de la communauté peuhle dans l’Histoire mondiale, particulièrement dans l’histoire de l’Afrique et de l’Europe qui détermine aujourd’hui le rapport du Peuhl (écrivain) au monde. La première pièce en constitue alors le socle qui explique les fondements (son « substrat de base anthropohistorique ») de la culture peuhle. La deuxième montre comment, au-delà du mythe et des récits populaires, l’auteur a pu, grâce à la reconstruction romanesque, restaurer des faits sur l’histoire de la conquête du Fouta Djalon, le terroir des Peuhls de sa Guinée natale. La troisième, quant à elle, réhabilite un personnage historique qui, comme beaucoup d’autres évoqués dans ses romans, a été oublié par la littérature scientifique coloniale. Mais, d’un texte à un autre, il faut noter qu’il existe une circularité de ce qui fait l’homo fulanus. Ainsi, à travers les récits des évènements marquants de son histoire, les œuvres de la trilogie racontent les aventures d’un peuple qui a su traverser le temps malgré les violences historiques (subies ou causées). Elles sont donc à la fois la longue saga des Peuhls de l’Afrique de l’Ouest, l’affirmation d’une identité collective et la preuve d’une « capacité de résilience africaine ».
Imaginaires culturels et traversée géographique
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Communication orale
De Addi Bâ au terroriste noir ou la biofiction dans Le terroriste noir de Tierno MonénemboDouniazed Ramoul (UdeM - Université de Montréal)
Par son roman Le terroriste noir (2012), qui mélange le réel et l’imaginaire, l’auteur francophone guinéen Tierno Monénembo nous invite à réfléchir non seulement sur la forme hybride de sa narration, mais aussi à s’interroger sur l’interaction des deux éléments fondamentaux de cette hybridation : la biographie et la fiction. Devant cette production métisse, plusieurs questions surgissent : à quel genre littéraire appartient-elle? Quelle est le degré de sa fidélité à la vérité ? Pourquoi se réfère-t-elle à la fiction si elle met en scène une personne qui a réellement existé ? En nous appuyant sur les développements théoriques proposés par Madelénat (1984), Cohn (2001), Genette (1991), Gefen (2005) et bien d’autres, nous faisons l’hypothèse que le roman de Monénembo peut se lire comme une biofiction, un sous-genre « situé à la croisée de ces deux hyper-genres ou méta-genres que sont la fiction et le récit biographique » (Gefen, 2005). C’est à la question de l’échange des stratégies narratives et rhétoriques entre la fiction et la non-fiction et comment appréhender ce mélange générique que nous souhaitons consacrer cette communication.
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Communication orale
La musique dans Les coqs cubains chantent à minuit de Tierno Monénembo. Entre « chromatisation musicale » du texte littéraire et expression identitaire.Aliou Seck (Université Cheikh Anta Diop)
S’il y a, aujourd’hui, lieu de faire un constat sur les nouvelles tendances esthétiques du roman africain subsaharien d’expression française, c’est bien celui de l’hétérogénéité, de l’hybridité, de l’ouverture du roman à d’autres territoires génériques, à d’autres arts et médias ayant leurs propres codes sémiotiques. Les romanciers africains contemporains, portés par une volonté de renouvellement de la pratique littéraire, donnent à lire des productions inédites à travers lesquelles il n’est pas rare de voir la musique s’inviter dans l’espace du texte. Cette féconde et subtile intrusion de la musique dans l’œuvre romanesque frappe particulièrement le lecteur des coqs cubains chantent à minuit. Il y a chez l’écrivain guinéen un parti pris d’ « intermédiatisation » de son roman, par le truchement de la musique, qui, nous semble-t-il, n’a pas suffisamment été prise en compte par la critique. Si cette pratique est observable chez d’autres auteurs comme Fatou Diome, Léonora Miano, Kangni Alem, etc. la particularité nous parait résider dans les motivations ou les enjeux qui président à ce choix scriptural qu’une approche intermédiale de ce roman pourrait d’ailleurs éclairer. Il s’agit de voir dans le cadre de cette contribution la présence de la musique dans le roman de Tierno Monénembo pour mettre en lumière ses implications sur le double plan esthétique et sémantique/idéologique.
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Communication orale
Fait et fiction dans Le Roi de Kahel et Le Terroriste noir de Tierno Monénembo : une frontière indécidableCissé Tounkara (Université Général Lansana Conté de Sonfonia-Conakry)
L’arrivée de Tierno Monénembo sur la scène littéraire en 1979 avec la publication de son roman Les Crapauds-brousse constitue un événement majeur dans l’évolution de la littérature en général et de la littérature francophone en particulier. Écrivain très prolifique, Monénembo est l’auteur d’une abondante œuvre caractérisée par une appropriation des faits pour des fins littéraires. Ainsi, son œuvre devient-elle une écriture dans laquelle fait et fiction se recoupent. Un recoupement qui rend difficile l’analyse de l’existence ou de l’inexistence d’une frontière entre le fait et la fiction tel que cela se justifie à travers ses deux romans : Le Roi de Kahel et Le Terroriste noir.
Dans le cadre de cette proposition, nous montrerons, d’une part, comment fait et fiction s’imbriquent dans Le Roi de Kahel et Le Terroriste noir en mettant l’accent sur l’histoire de deux continents (l’Europe et l’Afrique), décrite à travers deux personnages Olivier de Sanderval et Addi Bâ. D’autre part, nous analyserons la frontière entre fait et fiction en montrant que celle-ci est parfois tellement brouillée qu’il est difficile de déterminer si elle existe ou pas dans ces deux romans.
Figures féminines dans l’œuvre de Tierno Monénembo
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Communication orale
Quels déboires pour Zoubida ! Voix féminine, violence et dissidence dans Bled de Tierno MonénemboMylène Dorcé (UdeM - Université de Montréal)
Publié en 2016, Bled fait partie des six romans de l’auteur qui « donnent à entendre l’acte narratif comme une parole adressée à un interlocuteur présent ou absent » (Mangeon, 2000 : 49). Dédicacé, entre autres, « [aux] Marocaines et [aux] Algériennes surtout» (Ibid. :51), le dernier né de la production romanesque du « fils de Néné Mbo » (Den Avenne, 2000 : 7) met en scène Zoubida Benhassan Mesbahi, un personnage féminin contraint de quitter son village natal d’Aïn Guesma pour avoir commis « l’impardonnable » avec un Français, et déshonoré sa famille et sa commune. Alfred Bamiléké, le professeur d’éducation physique camerounais muté à Aïn Guesma, devient le confident silencieux de Zoubida.
Notre communication propose d’analyser comment, dans Bled, la voix féminine se transforme en un outil de résistance qui symbolise à la fois la violence, la colère et l’insurrection du personnage féminin face à une société qui est largementmisogyne, dans laquelle la femme est constamment brimée, et où ses droits sont sans cesse bafoués. Paradoxalement, le dernier roman de Monénembo peut également se voir comme un véhicule porteur d’un message d’espoir qui célèbre l’amour inconditionnel, les amitiés interculturelles et la solidarité féminine.
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Communication orale
Le nécromonde de Monénembo: les femmes et les roues dans ses derniers romansHannah Grayson (University of Stirling)
Dans ses deux derniers romans (Bled, 2016 et Saharienne Indigo, 2022), le romancier guinéen Tierno Monénembo interroge l’enchevêtrement complexe entre liberté et mobilité dans les histoires de femmes marginalisées. Chaque femme est en fuite à cause des strates de violence familiale et de honte sociétale. Ce qui domine pourtant est un sentiment de mouvement contrarié. Cette intervention présente le monde romanesque de Monénembo comme conditionné par la nécropolitique où une matrice de règles s’exerce sur celles qui sont considérées comme vulnérables, non désirées, ou en surplus (Mbembe). À cause de la surveillance à laquelle elles sont soumises, une débrouillardise genrée s’impose dans laquelle la négociation du mouvement physique est primordiale.
Dans les extraits relativement courts de chaque roman, les fuites sont racontées et le texte transmet les fuites nocturnes (à pied, en camionnette, à dos d’âne). Du point de vue de la forme, Monénembo met le mouvement en avant plutôt que l’espace. Des changements de ton mettent l’emphase sur l’inaccessibilité de la fugitive et l’importance de sa liberté éventuelle. Pour sa part, le motif répété d’une roue s’impose de trois moyens. Il montre : l’engagement qui fait partie d’une débrouillardise quotidienne, l’injustice cyclique à laquelle les protagonistes font face et les véritables obstacles à la liberté.
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Communication orale
Le terroriste noir ou la voix de la figure féminineBenjamin Elmo (Université de Dschang)
Sous l’apparence d’un fragment de conversation où, comme dans l’ensemble du Le terroriste noir, une seule voix se fait entendre. Il s’agit de l’histoire d’un héros de la guerre de résistance des Français contre les Allemands. Le travail de reconstruction de la mémoire d’Addi Bâ ouvre le flanc sur un personnage dont la participation dans la guerre se trouve phagocytée par celle des hommes. Cette analyse interroge l’implication de la figure féminine dans cette résistance : quelles attitudes adoptent-elles face à la guerre de libération de la France entreprise dans cette œuvre ? Comment l’écriture postmémorielle de la participation féminine à la guerre d’indépendance pourra-t-elle être efficace pour la (re)construction d’une identité et d’une conscience nationale dans une situation d’occultation mémorielle ? Cette étude s’appuie sur l’aspect narratologique de cet épisode du passé de la France pour évoquer le statut de la femme en tant figure combattante d’une part et narratrice d’autre part.
De l’intertextualité à l’altérité
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Communication orale
L’Aîné des orphelins: vers un humanisme transcendantPhilippe Basabose (Memorial University of Newfoundland)
Pour “ré-implanter” le personnage “dans l’histoire des autres hommes”, Monénembo transcende le cadre de l’Histoire qui est l’agent causal de cette déréliction et lui reconstruit “un autre réel”, selon Jean Milly dans Poétique des textes (2008 : 65), réalisant par là le travail qui fait du roman “une épopée subjective dans laquelle l’auteur demande la permission de traiter l’univers à sa manière”, selon la définition goethéenne du genre citée par Roland Barthes dans Poétique du récit (1977: 71). La “manière” monénemboienne de “traiter l’univers” de la tragédie génocidaire qui crée la loque humaine que Nsenghimana devient presque avant d’être (il n’a que treize ans quand le pire arrive) passe, entre autres, par deux procédés esthétiques: 1) l’inscription du récit dans le “texte universel”, suivant le concept barthésien, et 2) le recours aux techniques d’écriture caractéristiques du style postmoderne (non-linéarité, complexité narrative, analepses et prolepses, etc.). Sous le premier volet, Monénembo pratique l’écriture intertextuelle qui rapproche le personnage principal de son roman du héros camusien (Meursault de L’étranger) et ouvre ainsi l’œuvre à la “nécessité éthique” propre à la littérature lazaréenne. C’est cette double dimension de L’Aîné des orphelins qui fera l’objet de ma présentation.
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Communication orale
Écriture de l’anamnèse dans L’Aîné des orphelinsAmédée Naounou (Université Jean Lorougnon Guédé/Daloa)
Après sa critique de la colonisation et de la période post-independance, la littérature est aujourd’hui, en particulier en Afrique, face à un autre enjeu qui est le génocide rwandais. Construire une écriture autour de ce fait tragique revient à parler du « roman du génocide » à l’image de l’Ainé des Orphelins de Tierno Monénembo. Cette communication, qui prend cette œuvre comme corpus, s’inscrit dans la perspective générale portant sur une critique du discours sur la communauté et la fraternité. Il s’agit de mener une réflexion sur les fractures, sur ce qui reste de la promesse de vie lorsque l’ennemi n’est plus le colon à proprement parler, mais le frère. Il s’agit donc d’une critique de soi, en tant qu’obligation de répondre de soi, de n’avoir de compte à rendre qu’à soi après le temps de l’asservissement, surtout au moment où prospèrent les discours africains de la libération. On voit donc que contrairement aux discours ethnocentriques en cours dans le champ de la critique, le discours postcolonial dans lequel Tierno Monénembo trouve sa place n’est pas anti-occidental, tout comme il ne saurait être non plus adepte de l’afro-centricité.
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Communication orale
Bled de Tierno Monénembo : une lecture intertextuelleMamadou Hady Ba (Université Gaston Berger)
Une œuvre n’existe jamais de manière isolée. Il y a des études sur le constat très simple de la relation qu’entretient unouvrage avec un ou plusieurs autres livres. C’est ce rapport qui est appelé « intertextualité ». Ainsi Riffaterre l’a défini comme « la perception, par le lecteur, de rapports entre une œuvre et d’autres, qui l’ont précédée ou suivie. Ces autres œuvres constituent l’intertexte de la première » (1979 :4). Le lecteur identifie le livre comme littéraire dans la mesure où il perçoit les rapports qu’il entretient avec d’autres. Cette communication analyse l’intertextualité dans Bled de Tierno Monénembo. Elle vise plus précisément à montrer comment la pratique intertextuelle dans ce roman met en exergue l’intégrisme religieux. L’hypothèse formulée est que Bled entretient un lien explicite avec Nedjema de Kateb Yacine et le Coran. Il s’agira d’étudier l’intertexte littéraire, d’une part, et d’autre part, l’intertexte coranique.
Tierno Monénembo et la politique
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Communication orale
La quête de la liberté et de l’ordre démocratique dans l’écriture et la trajectoire de vie de Tierno MonénemboThierno Souleymane Barry Barry (UdeS - Université de Sherbrooke)
Puisant leurs racines dans les violences coloniales et post-coloniales (Uwe, 2020), les romans de Tierno Monenembo contiennent des dénonciations sans complaisance de la dictature en Guinée. Son premier roman Les crapauds-Brousseparu en 1979 est une dénonciation de la dictature de Sekou Toure. Les méfaits du parti unique, les arrestations arbitraires et autres sont dépeints avec force détails (Monénembo, 1979). Ce tableau sombre s’est poursuivi avec Les écailles du cielen 1986 (Monénembo, 1986) et les écrits qui se sont suivis après.
Cette communication portera tour à tour sur le contexte sociopolitique de la Guinée (I), la quête de la liberté et de l’ordre démocratique dans les romans et la trajectoire de vie de Tierno Monénembo (II), l’analyse du discours et l’observation de la trajectoire de vie comme méthodologie d’appréhension de l’univers de Tierno Monénembo (III) et les leçons apprises de l’engagement de Tierno Monénembo pour la liberté et la démocratie en Guinée (IV).
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Communication orale
Une chambre d’échos pour le discours politique de Tierno MonénemboAlbien Gakegni Gatsongo (Université Sorbonne Nouvelle)
Dans cette communication, je parlerai de la représentation de Monénembo sur Internet pour à la fois promouvoir ses pratiques scripturales et son engagement politique. Cette définition de l’identité numérique de l’écrivain va permettre de cerner la problématique de la création d’une identité spécifique par son propre discours. Je tenterai de montrer que les livres ne sont pas les seuls outils qui lui ont permis de construire un rapport soutenu avec ceux qui l’écoutent et lesuivent. Monénembo dispose en fait d’une identité dite numérique, accessible par divers moteurs de recommandationset construite par d’autres. Bien qu’absent des réseaux sociaux les plus connus, il apparait dans plusieurs interviews filmées et écrites, publiées par des médias en ligne et consultables notamment via le site YouTube. Les échos de ceux-ci le hissent au rang de guide d’une génération désespérée. À travers l’exemple de Monénembo, il sera égalementquestion d’évoquer entre autres l’évolution de l’identité numérique qui est devenue un instrument d’influence pour une communication de masse. Enfin sera établi un lien entre Monénembo et d’autres auteurs africains qui, comme lui, usent ou sont au cœur de différents canaux d’information pour véhiculer des messages politiques.
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Communication orale
Les techniques de travestissement chez Tierno MonénemboYao Dit Ouattara Adaman Kouadio (Université Félix Houphouët-Boigny d'Abidjan)
« Je n’aime pas traduire la réalité, j’aime la travestir. Je ne suis pas journaliste, mais romancier » : tels sont les propos de Tierno Monénembo lors d’un entretien accordé à la revue Sépia. À la lecture de cette interview, un certain nombre de questions traverse l’esprit. Celles-ci se rapportent notamment au travail de travestissement des faits réels par Monénembo. À en croire l’auteur guinéen, il s’inspirerait du réel pour produire ses œuvres sans toutefois reproduire le réel. Le journaliste, selon Monénembo, serait tenu de rester fidèle à ce qui se passe réellement lors de ses publications, et ce, par principe de déontologie. Le connecteur logique « mais » est la marque de l’opposition. Employé entre « journaliste » et « écrivain », le mot de liaison laisse entrevoir le contraste existant entre les deux notions. Il y a donc une dissimilitude profonde entre ces deux entités sur le plan professionnel. Le romancier aurait besoin de donner de nouvelles configurations à la réalité pour la mise en place de la fiction. L’objectif de cette communication est de voir comment Monénembo s’y prend dans le jeu scriptural du réel à travers l’irréel. Il s’agira d’analyser les différentes modalités de travestissement opérées par l’écrivain.
Figures de l’intellectuel et de l’artiste chez Tierno Monénembo
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Communication orale
Les convergences esthétiques dans le roman de Tierno MonénemboKonan Arsène Kanga (Université Alassane Ouattara, Côte-d'Ivoire)
Si l’œuvre romanesque de Tierno Monénembo retranscrit les médiations et interactions entre terroir, l’ailleurs de l’exil, la décolonialité, l’ethnomodernité et la transculturalité, retenons que sa création s’enracine dans une dynamique scripturale enrichie avec le temps. Celle-ci, en arpentant les voies d’une écriture de profondeur, laisse converger stratégies narratives et perspectives de renouvellement thématique. L’œuvre entière de l’auteur franco-guinéen marque ainsi par ses traversées exiliques, messianiques et celles de l’histoire contemporaine, les formes nouvelles du roman francophone. L’intérêt de cette réflexion se profile dans les indices qui fondent l’esthétique romanesque de Monénembo. Il s’agit de comprendre ici les convergences scripturaires qui unissent ses récits, les théories et les mythes divers afférents.
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Communication orale
Les indépendances ou le pouvoir politique post-colonial à travers l’écriture engagée de MonénemboBocar Aly Pam (Université Assane Seck)
Le nouvel engagement des écrivains par rapport à l’histoire s’inscrit dans la dénonciation des dictatures africaines après les indépendances. Mimétique, la littérature africaine reproduit le réel, décrit des sociétés dans lesquelles dominent la loi du plus fort et l’anomie. Dévoilant la réalité de l’Afrique contemporaine, le roman africain postcolonial montre la complexité de la situation sociale et des luttes en cours et s’est fixé une fonction politico-sociale en fustigeant les situations qu’il juge intolérables. Dans Les écailles du ciel et Les crapauds-brousse de Monénembo, c’est cette présentation d’une écriture qui se présente comme une arme de destruction de codes et de dénonciations de toutes sortes. En effet, les deux textes portent en eux les raisons d’une colère dirigée vers un système politique et social qui encercle les personnages et la société dans laquelle ils évoluent. L’écriture de Monénembo cadre avec le projet littéraire de l’époque qui consistait à dénoncer les inepties et les régimes arbitraires de l’Afrique après l’Indépendance.
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Communication orale
Diouldé : intellectuel spécifique et véritable anti-héros menant vers une transfiguration du champ politiqueFabrice Eko Mba (Université de PAU et des Pays de l'Adour)
Diouldé évoque le nom du personnage central du roman Les crapauds-Brousse de Tierno Mononembo. Tout juste auréolé en Europe d’un diplôme en génie électrique, Diouldé rentre à Conakry pour jouer un rôle majeur dans le processus de modernisation de son pays, la Guinée. Le jeune diplômé est ambitieux et rêve d’électrifier toute la Guinée sans épargner ni les villages ni les campagnes les plus reculées. Mais ce rêve est stoppé en plein vol lorsqu’on lui annonce que la seule chose qu’il puisse faire dans son pays avec un tel diplôme, c’est de réparer de vieilles machines. La déception à peine digérée, Diouldé s’engage, en tant que cadre administratif, au ministère des affaires étrangères, où ses missions ne se limitent qu’à la rédaction des rapports. Toutefois, grâce à ce poste, Diouldé fait la rencontre de la bourgeoisie locale, profite de ses largesses et se lie d’amitié avec des personnalités les plus ignobles du régime de Sâ Matrack. Amorphe et indolent, il est finalement assassiné, emporté par la vague de repression massive de hauts diplômés, lancée par le pouvoir en place. Ces tueries de masse, qui plongent le pays dans la psychose, provoquent le soulèvement des classes paysannes qui, repliées dans la broussaille de Bowoum-Tchippiro, parviennent à mettre en déroute les forces de défense pour réussir à renverser le Président Sâ Matrack.
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Communication orale
Tierno Monénembo : le décolonialiste et l’écologisteRashidi Ogunmola (University of Ghana)
Nous proposons, ici, une critique décoloniale et écocritique des textes de Monénembo. Nous cherchons à y étudier la mise en place d’un système d’exploitation international sur le continent africain et les conséquences qui s’en étaient suivies. Les écailles du ciel traite, en effet, des enjeux majeurs que pose le colonialisme à l’aube de la modernité, cette idéologie de contrôle de la nature et de la programmation des êtres humains non-européens par la domination de leur univers mental. L’ouvrage constitue un appel que Monénembo a lancé sur la nécessité d’étudier et de comprendre « les mécanismes » de cette idéologie dont le système économique est le capitalisme industriel. Aussi, la solution de la rééducation du colon qu’il y préconise est-elle jugée, ici, meilleure que celles de redistribution et de réappropriation de ses richesses préconisées par d’autres écrivains et critiques tels que Frantz Fanon et George Caffentzis. Pour ce faire, l’étude portera donc sur les mécanismes économiques et administratifs du système colonial, la programmation des indigènes, la destruction de la nature et les solutions proposées pour défaire et le destin des indigènes et le destin de la nature à laquelle ils appartiennent.