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Informations générales

Événement : 90e Congrès de l'Acfas

Type : Colloque

Section : Section 300 - Lettres, arts et sciences humaines

Description :

Depuis les années 1980, nous assistons à une production accrue des genres dits populaires, et donc d’un lectorat populaire croissant en Afrique subsaharienne, aux Caraïbes et au Maghreb. Mais il n’y a pas que cette plus grande importance quantitative qui fait de ce corpus un objet méritant que la critique s’y intéresse de plus près. En effet, il s’avère que ces textes que la critique range dans des « sous-genres » comme le roman policier, le roman sentimental, le feuilleton, la science-fiction ou la littérature de jeunesse procèdent à la modification de certains paramètres des genres populaires, de sorte qu’on aboutit à des textes qui transgressent à la fois les conventions de ces genres et celles des canons littéraires dominants.

Autrement dit, il s’agit d’un processus d’appropriation des genres les plus lus dans le monde, mais qui, en francophonie comme ailleurs, sont toujours soupçonnés d’un déficit de littérarité. Et pourtant, comme le signalait déjà Bernard Mouralis en 1975, cette marginalisation ne repose « sur aucun fondement théorique, ni même sur l’examen des caractères propres des textes […] » (Mouralis, 1975, p. 10).

L’objectif du colloque est donc d’interroger de plus près un corpus varié de cette production récente du champ littéraire francophone afin de mieux cerner certaines des modalités de cette littérarité. Nous proposons, plus spécifiquement, d’examiner la dimension discursive et énonciative des œuvres à partir de quelques approches théoriques courantes ouvrant sur plusieurs pistes d’analyse :

– Construction du discours et de la voix des personnages et des narrateurs (analyse du discours et théories de l’énonciation);

– Textualisation des discours sociaux au sens de la sociocritique (discours historiques dans la littérature de jeunesse, féminisme dans le roman sentimental, didactismes dans le polar, etc.);

– Plurilinguismes et intertextualités;

– Défaillances de la parole, doubles langages, silences, langages du corps;

– Ironies, clichés, stéréotypes et exotismes.

Dates :

Format : Sur place et en ligne

Responsables :

Programme

Communications orales

Ouverture

Salle : B-3340 — Bâtiment : Université de Montréal - Jean-Brillant
  • Communication orale
    La vie, pas le jeu. L'Afrique en mode polar
    Désiré Nyela (Université Sainte-Anne)

    Centré sur l'enquêteur et, de ce fait, sur la détection (qui se manifeste à travers l'enquête), le roman policier a, à ses débuts, fait la part belle au jeu, articulé autour de la bataille des esprits entre deux de ses personnages clés et antagonistes : l'enquêteur et le criminel. Cette bataille a donné au roman policier l'image d'un genre tout en cérébralité – cérébralité dont les praticiens britanniques ont été les grands maîtres – l'orientant ainsi vers ce que j'appelle la ludicité.

    Arrivé bien plus tard en Afrique, le genre, toujours aussi stable dans sa structure, va, avec les polaristes africains, s'éloigner du jeu pour s'ancrer dans la vie, la vraie vie, aimanté par un programme esthétique orienté, lui, vers le réalisme social. Ainsi, avec les praticiens africains, il n'est pas tant question de ludicité que de lucidité. Dès lors, les enjeux de cette communication n'en sont que plus clairs : examiner, à travers les déclinaisons du polar africain, la transformation du programme esthétique du genre – qui, faut-il le rappeler, passe de la ludicité à la lucidité – et voir les utopies qui s'en dégagent, ce à partir des oeuvres de quelques auteurs emblématiques à l'instar d'Achille Ngoye, Janis Otsiemi, Moussa Konaté, ou encore Abasse Ndione, pour ne citer que ceux-là.


Communications orales

Permanence des genres oraux

Trois communications de 20 à 25 minutes chacune, suivies d'une période de discussion.

Salle : B-3340 — Bâtiment : Université de Montréal - Jean-Brillant
  • Communication orale
    Le théatre de «Baba Yabo» et de «Tonwakonou» : approche sociocritique et discursive
    Fernand Nouwligbeto (Université d'Abomey-Calavi)

    A ce jour, Dèhoumon Adjagnon, alias « Baba Yabo » est le comédien de théâtre populaire le plus connu au Bénin. Trente-huit ans après sa disparition tragique le 1er février 1985 à l’âge de 60 ans, cet artiste continue d’égayer les Béninois. A domicile, sur les radios, dans les buvettes, les taxi-villes ou les taxi-brousses, on continue de visionner ou d’écouter ses spectacles. Tant par la thématique que par l’esthétique, Baba apparaît comme un iconoclaste, mais qui a peu intéressé la critique universitaire. Cette étude est une contribution à la connaissance de l’univers artistique de Baba Yabo et de sa troupe « Tonwakonou » (« Sors de chez toi pour rire », en français). Quels sont les fondements artistiques de leur succès et de leur popularité ? En postulant un usage original des ressources des langues nationales (gungbe, yoruba) et du français, ajouté à des choix thématiques bien insolites par ces artistes, il sera envisagé, sur la base de la sociocritique et de l’analyse de discours, d’analyser un corpus d’œuvres représentatives de leur production afin d’en montrer la pertinence et à un moment où le théâtre béninois d’expression française semble en pleine crise.

  • Communication orale
    Le «conte à rebours» : du roman populaire au roman familial dans African psycho d'Alain Mabanckou
    Eugène Nshimiyimana (McMaster University)

    Considéré souvent dans un rapport intertextuel avec American Psycho de Brent Easton Ellis (1991), African psycho d’Alain Mabanckou (2003) est riche d’une exégèse orientée entre autres vers le macabre (P.A Atcha, 2009), la psychose (J. Walsh, 2009) et le contexte sociopolitique qui constituerait la sociogénèse de la déviance (M. Libin, 2016). Si l’Afrique y trouve son compte pour la dérive morale d’une jeunesse désemparée, il nous semble que Mabanckou, en proposant à ses lecteurs ce roman où espionnage et enquête à l’envers sont aux premières loges, cherche à rendre compte d’une énigme autre que celle d’un crime commis ou en gestation. Le présent travail partira du postulat que la veine populaire qui donne sa trame au roman est un prétexte qui permet à l’auteur d’amener le lecteur dans les soubassements du roman familial (M. Robin, 1972). Travaillant avec adresse les structures archaïques de l’imaginaire, Mabanckou situe « l’idéal du mal » de Nakubomayo dans un processus de subjectivation, par violence mimétique (R. Girard, 1972), du sujet engagé dans une en-quête symbolique des origines et du devenir.

  • Communication orale
    L'épopée et la chanson peules, étude comparative de deux genres littéraires oraux
    Amadou Sow (Université Cheikh Anta Diop de Dakar)

    La littérature orale africaine offre des perspectives de recherches intéressantes. C’est un domaine dynamique qui fait l’objet de plusieurs questionnements de la part des chercheurs qui ne cessent de produire des œuvres dans le but de fixer les contours de cette littérature à la croisée de plusieurs disciplines.

    Dans cet ordre d’idées, la définition et la délimitation des genres littéraires oraux ont toujours fait l’objet de débats. Ainsi, bon nombre de chercheurs abordent le sujet sous l’angle de la complémentarité. Par exemple, Jacques Chevrier[1] montre les similitudes entre le mythe et le conte qui apparaît, dans une certaine mesure, comme une désacralisation des récits mythologiques.

    Une telle étude comparative peut être faite entre l’épopée et la chanson peules.

    Dans notre communication, en partant des épopées et des chansons dédiées aux héros peuls que sont Samba Guélâdio Djiêgui, Yéro Mâma, Guélâdio Ham Bodêdio et El Hadj Omar Tall, nous montrerons que l’épopée et la chanson, au-delà de leurs différences, sont des genres très proches, voire complémentaires.

    [1] Jacques Chevrier, L’arbre à palabres : essai sur les contes et récits traditionnels d’Afrique noire, Hatier, 1986.


Dîner

Dîner

Salle : B-3340 — Bâtiment : Université de Montréal - Jean-Brillant

Communications orales

Fictions futuristes

Trois communications de 20 à 25 minutes suivies d'une période de discussion et d'une pause café.

Salle : B-3340 — Bâtiment : Université de Montréal - Jean-Brillant
  • Communication orale
    Tè mawon de Michaël Roch : un roman d'anticipation caribéen dystopique et profondément politique
    Gabrielle Bonnet (Université Aix-Marseille)

    Michaël Roch, écrivain et scénariste de science-fiction, publie en 2022 à La Volte, maison d'édition indépendante spécialisée dans la littérature de l'imaginaire futuriste, un roman polyphonique, Tè Mawon. Il s'agit du premier roman de science-fiction caribéen francophone. L'auteur, profondément inspiré par Glissant, comme le révèlent les références explicites ou implicites au philosophe martiniquais au fil du récit, y mêle les langues (créole, français, espagnol, anglais) et les genres (roman, essai, poésie). La narration est répartie entre quatre personnages, deux hommes et deux femmes, dont les voix se distinguent par leur usage du langage, de l'argot provençal au créole, émaillé d'un lexique inventé par l'auteur pour décrire les réalités d'un monde envahi par les technologies et les pandémies, dans un futur pas si lointain, en 2043. Nous nous proposons d'étudier la vision poétique et politique développée par l'auteur dans ce roman d'anticipation caribéen : comment le travail sur la langue traduit-il une pensée de la «diversalité» ? Comment les codes du roman d'anticipation sont-ils maniés afin de produire une réflexion sur la crise sanitaire, économique et sociale actuelle, ancrée dans le territoire caribéen, au sens géographique et culturel ?

  • Communication orale
    Entre tradition occidentale et modernité africaine : la mise en fiction de la médecine spirituelle dans La Patte du mal d'Hamidou Bah
    Julia Galmiche

    Inspiré d’un fait divers réel, La Patte du mal, publié en 2019, est le deuxième roman de l’écrivain d’origine guinéenne Hamidou Bah. Il appartient au sous-genre de la science-fiction, encore très marginal dans les littératures africaines francophones et reste largement ignoré par la critique. Cette communication cherche à combler cette lacune en examinant la manière dont le roman d’Hamidou Bah joue avec les conventions du genre, celui-ci devenant «le laboratoire d’une nouvelle modernité, dont [l]a science-fiction serait la traduction esthétique» (Gueye, 56). Si, historiquement, la science-fiction décrit un état futur du monde, en mobilisant les données de la science, elle ne revêt pas la même acception dans le monde africain qui «réhabilit[e] les dimensions proscrites et rendues taboues par les gouvernements coloniaux que sont les croyances et les savoirs occultes, les mythes fondateurs et les fables fantastiques que l’on croyait à jamais perdues» (Gueye, 58).

    La Patte du mal en est un parfait exemple. Nous nous proposons d’étudier le jeu d’oppositions entre deux visions du monde que tout oppose a priori : la médecine moderne (occidentale) et la médecine traditionnelle (africaine) en tâchant de répondre aux questions suivantes : dans quelle mesure le discours scientifique s’apparente-t-il au discours fictionnel ? À l’inverse, dans quelle mesure le discours fictionnel se pare-t-il des atours de la science ? Cette opposition cacherait-elle une tentative de réconciliation ?

  • Communication orale
    Sony Labou Tansi : populaire ?
    Suzanne Nzouzi (Sorbonne Université Paris IV)

    Cette communication se propose de montrer en quoi l’écrivain congolais Sony Labou Tansi, né en 1947 et mort en 1995, soit à 48 ans, était un écrivain populaire. Affirmer cela, c’est reconnaître qu’il a puisé son inspiration dans le quotidien qu’offrait le tableau de la vie, en République du Congo notamment, pays où il a vécu tout au long de sa vie. Tant dans le style que dans la thématique, son œuvre est traversée par un réalisme tridimensionnel : des parlers populaires côtoient un réalisme magique et un réalisme Kongo.

    Écrivain, journaliste et homme politique, Sony Labou Tansi s’est rangé du côté des peuples opprimés et des sans-parole en dénonçant les injustices et souffrances accumulées dans son œuvre littéraire, afin, d’une certaine manière, de susciter leur prise de conscience et leur engagement à ses côtés sur la scène publique et politique.

    Il sera donc intéressant ici d’analyser les parlers populaires, et notamment les africanismes et les « congolismes » dont regorgent les textes de Sony, pour ensuite évoquer les figures populaires et enfin, faire un lien entre son œuvre littéraire, qui a été essentiellement politique, et le combat politique qu’il a mené au sein de l’opposition congolaise. Pour ce faire, nous nous appuierons sur deux romans, La Vie et demie (1979) et L’Anté-peuple (1983) qui nous plongeront dans l’univers des deux Congo.


Communications orales

Réinventions féminines caribéennes

Trois communications de 20 à 25 minutes chacune, suivies d'une période de discussion.

Salle : B-3340 — Bâtiment : Université de Montréal - Jean-Brillant
  • Communication orale
    Le crime au féminin dans La couleur de l’agonie de Gisèle Pineau
    Emeline Pierre (UdeM - Université de Montréal)

    Sous-représenté en tant que figure criminelle dans le roman policier caribéen, le personnage féminin incarne le plus souvent le stéréotype de la victime. Dans La couleur de l’agonie, Gisèle Pineau (2021) met en scène une pluralité de délinquantes. Violées ou témoins de ces exactions, elles s’érigent en justicières lorsqu’il s’agira de venger les victimes. Dès lors, il conviendra de se pencher sur l’héroïne criminelle en esquissant une typologie de ces personnages féminins lorsqu’ils utilisent la violence. Parmi diverses interprétations, l’exercice du crime constitue un renversement de paradigmes où ces protagonistes quittent leur statut de victime pour symboliser, dans le crime, la résistance à l’oppression. Cette situation équivoque brouille les frontières entre le bien et le mal. Par leurs transgressions, ces personnages interrogent l’imaginaire social caribéen dans ses rapports à la violence féminine et à la violence exercée à l’encontre des femmes. Ainsi, l’essor du polar caribéen francophone s’enrichit d’un discours féministe qui conteste le canon fondé sur la suprématie masculine.

  • Communication orale
    Le roman sentimental caribéen : contre-discours du roman sentimental conventionnel ?
    Mylène Dorcé (UdeM - Université de Montréal)

    Qualifié de « populaire » par les spécialistes des « belles lettres » et classé dans la catégorie de « sous-genre », le roman sentimental souffre d’un stigmate dont il peine à se débarrasser[1]. Pourtant, la notoriété de certaines maisons d’édition, comme la célèbre firme Harlequin, qui compte à son actif plus de 50 millions de lectrices, et dont les chiffres d’affaires dépassent les 200 M $ annuellement, prouvent que l’intérêt pour le « roman à l’eau de rose » est loin de s’estomper[2], démontrant que la formule classique consistant en « de la romance, des épreuves, une happy end[3] », a été la recette gagnante ayant assuré sa pérennité. Cette communication verra comment, dans Sonson de la Martinique et Cruelle destinée, Irmine Romanette et Cléante Desgraves vont à l’encontre la formule classique du roman sentimental et créent des univers tragiques dans lesquels « amour » et « malheur » sont des termes synonymes, et la notion du « happy end » est annihilée.

    [1] Voir Bernard Mouralis, Les contre-littératures, Paris, Presses universitaires de France, 1975.

    [2] Voir, entre autres, Ellen Constans, Parlez-moi d’amour : le roman sentimental : des romans grecs aux collections de l’an 2000, Limoges, Presses universitaires de Limoges, 1999.

    [3] Voir, entre autres, « Harlequin : le succès du roman à l’eau de rose ne se dément pas », RTL, https://www.rtl.fr/actu/debats-societe/harlequin-le-succes-de-la-litterature-a-l-eau-de-rose-ne-se-dement-pas-7900088871

  • Communication orale
    Tout raconter : La marginale de Margaret Papillon, une écriture dialogique
    Christiane Ndiaye (UdeM - Université de Montréal)

    Alors que Margaret Papillon compte parmi les écrivain(e)s les plus lu(e)s en Haïti, son œuvre continue à être boudée par la critique qui lui fait le reproche habituel du manque de littérarité des genres populaires. Auteure d’une œuvre prolifique qui comprend à la fois des romans de jeunesse, des feuilletons et des romans à caractère sentimental, Papillon pratique pourtant une écriture moins conventionnelle que ces préjugés ne le font supposer. Nous proposons d’en faire l’illustration à partir de La marginale, publié en 1987, où il s’avère que le genre sentimental est questionné et redessiné à partir d’une pluralité de voix et d’intertextualités véhiculant divers discours d’actualité et un dialogisme socio-littéraire qui n’a rien de trivial.

    En effet, tout en conservant le scénario (démultiplié) de la rencontre amoureuse avec de multiples rebondissements dramatiques à la manière du feuilleton, le roman se construit en même temps autour de la textualistion d’un ensemble de discours sociaux souvent divergents. À travers des personnages types et une narration à tendance dialogique, le texte fait entendre une multiplicité de voix et langages (féministes, «machistes», marxistes, religieux, matérialistes, etc.), débouchant sur un questionnement à tonalité didactique des idées reçues qui minent la société caribéenne. Ce regard critique se posera également sur le roman à l’eau de rose lui-même, ce qui n’empêchera pas le grand amour d’être quand même au rendez-vous, au bout du compte.

Communications orales

Émergences africaines

Trois communications de 20 à 25 minutes, suivies d'une période de discussion et d'une pause café.

Salle : B-3340 — Bâtiment : Université de Montréal - Jean-Brillant
  • Communication orale
    Érotisme et imposture dans l'oeuvre de Solange Kibibi
    Akissi Florence Aboua-Kouassi (Université Felix Houphouët Boigny de Cocody-Abidjan), Leontine Troh Gueyes (Université Félix Houphouët-Boigny)

    Si la sexualité et le désir sensuel constituent la thématique majeure des productions littéraires érotiques, la récurrente de l’imposture dans l’œuvre érotico-sentimentale de Solange Kibibi, féministe et transgenre activiste, remue personnages et lecteurs.

    L’imposture : celui qui usurpe une identité, s’invente au point d’y adhérer (J.B.Pontalis, 2002) dénote, de fait, un art de tromper sur ce qu’on est. Le jeu déroule une identité fluctuante, insaisissable. L’identité originelle se loge, en permanence, dans une identité d’emprunt.

    La démarche chez Solange Kibibi pose la question de l’identité et de l’authenticité intimes. Quelles forces aussi bien conscientes qu’inconscientes poussent à être ce qui n’est pas ou à s’identifier à un leurre avec pour objectif affiché de le faire prendre pour vrai ? Peuvent-ils être saisi comme une affirmation identitaire ou une confusion de l’identité intime ?

    C’est à cette série d’interrogations que voudrait répondre cette réflexion. Elle ambitionne de cerner les modes opératoires et l’intentionnalité de l’imposture érotico-sentimentale sous l’angle de la psychanalyse littéraire et de la sémiotique narrative.

    Le postulat est que le parti-pris pour la récurrence de l’imposture chez Kibibi peut s’appréhender comme l’expression de la dualité identitaire et un refuge dans une identité permettant d’assurer une cohérence identitaire. Les expressions discursives de l’imposture et l’identité intime sous-jacente en constituent les deux axes.

  • Communication orale
    Expériences citadines et écriture féminine en Afrique francophone
    Etienne-Marie Lassi (Université du Manitoba)

    Cette communication s’intéresse à la mise en récit des expériences citadines des femmes dans le roman en s’appuyant sur Si d’aimer… de Hemley Boum et Samantha à Kinshasa de Marie Louise Mumbu. Partant de l’hypothèse qu’il serait réducteur d’envisager les œuvres des auteures africaines uniquement sous le prisme de l’engagement sociopolitique en vertu duquel un petit nombre de privilégiées qui savent écrire prennent la défense de la majorité silencieuse, elle montre que certaines écrivaines africaines nourrissent des ambitions personnelles, artistiques ou commerciales. Ces auteures se laissent alors tenter par diverses expériences littéraires ou éditoriales parmi lesquelles figure, en bonne place, l’inscription dans leurs œuvres de structures provenant des genres populaires ou de la paralittérature comme le roman policier ou la science-fiction par exemple. L’objectif de notre communication est de montrer que le travail déployé pour inscrire le quotidien urbain des femmes dans la fiction donne aux romans qui en résultent des caractéristiques qui les rapprochent du sous-genre de roman urbain populaire que la critique anglo-saxonne désignait jusqu'à récemment encore par les vocables de chick lit.

  • Communication orale
    La littérature underground africaine
    Françoise Naudillon (Université Concordia)

    Les genres populaires font «mauvais genre». En ce qui concerne par exemple les littératures dites francophones, on n’en étudie que la pointe de l’iceberg, et à côté des grands monuments érigés pour un Aimé Césaire, un Mohamed Dib ou un Ahmadou Kourouma, tout un pan de la création littéraire du Continent est ignoré voire méprisé, relégué à l’obscurité. Pourtant, comme les plantes ont besoin d’un terreau fertile, ce qu’on appelle les «grandes œuvres littéraires» sont dans une relation d’interdépendance avec ces autres créations, mal écrites ? autopubliées ? soupçonnées de plagiats ? Les littératures populaires ou paralittératures apportent cependant plusieurs bénéfices : en inventant, créant des lecteurs et des habitudes de lecture, facilitant une certaine fidélisation du lecteur qui se reconnaîtrait dans une production littéraire créée à sa mesure, en ouvrant le débat sur des réalités culturelles sociales et collectives. Les romans mis en avant par la FNAC par exemple n’ont pas de prime à bord leur place dans l’horizon d’attente moyen du jeune congolais de Kinshasa abonné au système D. Mais de quelles publications parle-t-on? La blogueuse d’origine gabonaise Izuwa présente un palmarès bien différent de celui de la FNAC intitulé : «La littérature underground africaine». Cette communication s’attachera à définir cette littérature en prenant l’exemple de la République du Congo.


Communications orales

Les maîtres du polar maghrébin

Trois communications de 20 à 25 minutes, suivies d'une période de discussions.

Salle : B-3340 — Bâtiment : Université de Montréal - Jean-Brillant
  • Communication orale
    L'écriture oblique dans les «polars» de Driss Chraïbi : «rire et faire rire»
    Mohamed Aït-Aarab (Université de La Réunion)

    Après la polémique du Passé simple (1954) et 30 années d’exil en France, Driss Chraïbi retrouve, avec la bénédiction des autorités marocaines, la terre natale en 1986. Le séjour qui devait durer deux semaines, le temps du tournage d’un documentaire pour la télévision nationale, se prolonge pendant un an et demi. Lors de ce séjour, germe l’idée de faire de l’inspecteur Ali – personnage apparu en 1981 dans Une enquête au pays – le héros récurrent d’une série de romans policiers que Chraïbi publie entre 1991 et 1997 : L’Inspecteur Ali (1991), Une place au soleil (1993), L’Inspecteur Ali à Trinity College (1996) et L’Inspecteur Ali et la C.I.A. (1997).

    Le choix d’un genre populaire, accessible à tous, mais où l’ironie peut se déployer, tel est le stratagème utilisé par le romancier pour évoquer un pays qu’il redécouvre, un pays encore traumatisé par les « années de plomb » consécutives à la double tentative d’assassinat du roi Hassan II, mais déjà travaillé par l’ouverture démocratique qui caractérise les dernières années du règne hassanien.

    Nous souhaitons, dans cette communication, analyser l’écriture oblique qui caractérise les cinq romans de notre corpus dont le point de convergence réside dans l’absence d’intrigue policière. En effet, la trame fondamentale, comme le dit Chraïbi, « c’est l’enquête sur le pays où va se dérouler l’action », un pays où l’inspecteur Ali devient le grain de sable qui fait dysfonctionner le système et les croyances établies.

  • Communication orale
    L'engagement du polar chez Yasmina Khadra
    Amine Martah (Université Caddi Ayyad)

    L’espace littéraire francophone commence à connaître Yasmina Khadra en premier lieu grâce à ses romans policiers. Pour un lecteur qui découvre cet auteur à travers ses romans non-policiers, notamment la trilogie (Les Hirondelles de Kaboul, L’Attentat et Les Sirènes de Bagdad) qui a fait asseoir sa notoriété quasi mondiale, il est difficile de croire qu’au départ il s’agit d’un auteur de polar. Le fait est que ce genre romanesque est généralement considéré comme appartenant aux « genres paralittéraires »[1] ou lorsqu’on daigne l’admettre dans la sphère du littéraire, c’est pour le déconsidérer par l’adjectif « populaire »[2] et le déclasser dans une sorte de production littéraire mineure. Pourtant, si Yasmina Khadra pratique le polar, c’est pour le transformer, le transcender et l’engager. Notre communication aura pour objectif de démontrer comment Yasmina Khadra fait du polar une structure romanesque travaillée, ciselée, dans l’optique d’en ressortir une forme littéraire qui sied à son engagement. Autrement dit, le polar se voit déposséder de ses ingrédients les plus croustillants pour céder la place à un style débordant, à une vision du monde plus complexe et à un engagement plus essentiel.

    [1] Lits, Marc, Le Roman policier : introduction à la théorie et à l'histoire d'un genre littéraire, Editions du Cefal, 1999, p. 7.

    [2] Todorov, Tzvetan, « Typologie du roman policier », Poétique de la prose, Paris, Seuil, coll. Points, 1971, p. 10.

  • Communication orale
    Enquête sur les figures du détective dans le polar algérien
    Douniazed Ramoul (UdeM - Université de Montréal)

    Cette communication vise à examiner en profondeur la figure du détective dans le polar algérien de langue française. Elle prend appui sur le roman Double blanc (1997) de Yasmina Khadra qui fait partie du « Quatuor algérien ». Par ces romans, l’auteur s’inscrit dans l’histoire littéraire des romanciers qui ont écrit sur la décennie noire en Algérie. La fiction littéraire a été un moyen pour dénoncer la violence meurtrière de cette période et ses conséquences sur les individus et sur la société. Khadra nous invite ainsi non seulement à réfléchir sur la ligne de démarcation entre la fiction et la réalité historique, qui est devenue difficile à tracer, mais également à s’interroger sur la figure du détective qui se montre inséparable de l’histoire du roman. Notre analyse part de l’hypothèse selon laquelle le polar de Khadra détrône le statut traditionnel du détective pour en investir de multiples figures permettant la réinscription du discours politique et social.

  • Communication orale
    Le polar "engagé" au Maghreb comme miroir socioculturel et politique à l'âge néolibéral : 1988 au nouveau millénaire
    Valerie Orlando (University of Maryland)

    De plus en plus dans les nations africaines postcoloniales « la police... [est devenue] le symbole le plus commun de l’autorité gouvernementale dans la vie quotidienne » pour maintenir les dictatures et les régimes autoritaires. [i] Cette présentation s’intéresse aux romans policiers (polars) écrits depuis la fin des années 1980 à nos jours par des auteurs en Algérie et au Maroc qui se servent du genre pour répondre à l’autorité et à la brutalité de leurs pays. Cette présentation examinera également les influences de la fiction policière américaine, britannique, et française sur les perspectives des auteurs et comment le polar a été fructueux pour explorer certaines périodes violentes dans ces deux pays. Ces périodes s’étendent spécifiquement des années 1980 à nos jours et comprennent le régime répressif et brutal du roi Hassan II du Maroc, connu comme les Années de plomb (1963-1999), et les émeutes et les élections contestées au début des années 1990 en Algérie qui ont finalement conduit le pays à la guerre civile (1992-2000, une époque connue sous le nom « La Décennie noire »). Le roman policier en tant que genre a aidé des auteurs tels que les Marocains Driss Chraïbi (notamment Inspecteur Ali écrit dans les années 1980 et 1990) et Miloudi Hamdouchi (L’Appel des ténèbres : Policier, 2008), et le célèbre Algérien Yasmina Khadra (Les Agneaux du Seigneur, 1998) à analyser les climats sociopolitiques violents de ces époques dans leurs pays.


Dîner

Dîner

Salle : B-3340 — Bâtiment : Université de Montréal - Jean-Brillant

Communications orales

Langages et littérarités caribéens

Trois communications de 20 à 25 minutes chacune, suivies d'une période de discussion et d'une pause café.

Salle : B-3340 — Bâtiment : Université de Montréal - Jean-Brillant
  • Communication orale
    Danse et détresse dans Pluie et vent sur Télumée Miracle
    Corina Crainic (Université de Moncton)

    Dans l’ouvrage intitulé Les deux sources de la morale et de la religion, Henri Bergson lie d’emblée le geste créatif à l’émotion : « Création signifie, avant tout, émotion. […] C’est elle qui pousse l’intelligence en avant, malgré les obstacles ». Ce serait également elle, cette part intangible, incontournable de l’univers intime qui se poserait comme condition sine qua non d’une résolution ou de ce que Bergson définit comme l’épanouissement d’un problème en solution. Dans sa Poétique de la Relation, Édouard Glissant évoque l’univers antillais originel, la Plantation, comme celui qui exige « l’acte de survie ». Là où l’expression de l’humanité est le plus souvent défendue ou du moins suspecte, il s’agit de repenser les manières de créer, vivre et aimer. Pluie et vent sur Télumée Miracle de Simone Schwarz-Bart dépeint ainsi des femmes qu’on humilie sans fin et qui apprennent à observer le silence, de manière à se protéger et, dans certains cas, simplement survivre. Confinées en des lieux dont les noms évoquent la détresse, qu’il s’agisse du morne La Folie, L’Abandonnée ou encore Fond-Zombi, elles développent également un langage singulier, où se mêlent contes, musique et surtout danse, déjouant ainsi leurs destinées tragiques. Notre propos consiste à analyser ce langage qui convoque tout à la fois la sagesse populaire, l’aspiration poétique et la capacité inusitée du corps à exprimer ce qu’on s’évertue à cacher, et libérer ainsi.

  • Communication orale
    Généalogie de l'expression «kretyenvivant» dans Dézafi de Frankétienne
    Chisaki Asano (UdeM - Université de Montréal)

    Dézafi de Frankétienne a été reconnu comme une œuvre marquant un tournant dans l’histoire des lettres créoles. Nous allons nous arrêter sur une substitution d’expressions entre les deux versions de l’œuvre. En effet, nous trouvons une transformation de l’expression «vivan dé pié» dans l’édition de 1975 à «kretyenvivan» dans celle de 2002. La critique a interprété cette substitution comme une volonté de l’auteur d’aboutir à «plus d’authenticité ou de lisibilité».

    Cependant, nous lisons «chrétiens vivants» et «kretyenvivan» chez d’autres grands écrivains comme Jacques Roumain et Jacques Stephen Alexis. Dans Gouverneurs de la rosée de Roumain et Compère général soleil d’Alexis, les expressions de chrétien vivant / kretyen vivan semblent interchangeables avec des mots tels que les vivants ou les êtres humains. Toutefois, ce choix de mots n’est-il pas plutôt stratégique ? Nous pouvons y lire un syncrétisme du catholicisme et du vaudouisme, par exemple.

    Autrement dit, pouvons-nous vraiment affirmer que l’expression «kretyenvivan» dans Dézafi ne traduit que la visée d’authenticité ou de lisibilité ? N’y a-t-il pas d’autres lectures possibles, quand le roman est déjà écrit totalement en créole et dans l’optique de la pensée spiraliste mettant l’accent sur l’obscurité de l’écriture ? Nous proposons d’aborder ces questions en nous référant à l’intertextualité et la généalogie de cette expression dans l’histoire littéraire haïtienne, celle de la Caraïbe et du monde postcolonial.

  • Communication orale
    L'appropriation populaire de la littérature haïtienne
    Nadève Ménard (Université d'État d'Haïti)

    La richesse de la littérature haïtienne est largement reconnue. Cependant, souvent elle est évoquée en opposition au faible taux d’alphabétisation de la population générale ou au nombre restreint de francophones au sein de la société. D’aucuns vont jusqu’à prétendre que la littérature haïtienne aurait pour public principal les lecteurs étrangers. Dans ma communication, je propose de développer l’appropriation populaire du corpus littéraire haïtien. Les textes de ce corpus ne circulent pas seulement sous forme de livres, mais aussi comme textes lus à la radio, lors des soirées collectives ou sous forme de chansons. D’autres sont transformés en films, en dessins animés, en spectacles de danse ou en saynètes. Ces diverses formes permettent d’élargir le « lectorat » haïtien pour inclure plus de personnes, y compris celles n’ayant pas forcément la lecture comme habitude. Le fait de prendre en compte cette appropriation populaire de la littérature haïtienne devrait nous conduire à remettre en question l’idée de cette littérature comme étant essentiellement élitiste.


Communications orales

Mot de clôture