Informations générales
Événement : 90e Congrès de l'Acfas
Type : Colloque
Section : Section 300 - Lettres, arts et sciences humaines
Description :La pandémie COVID 19 à peine derrière nous, le milieu des arts vivants, et particulièrement celui de la musique, s’est retrouvé ébranlé, fragilisé. Faute de concerts et d’événements avec public, plusieurs n’ont eu autre choix que de se « réinventer » ou de malheureusement quitter cette vocation. Cette situation a provoqué une vague de questionnements et d’actions parmi tous les acteurs présents dans l’écosystème musical : les institutions et sociétés de concerts, les organismes, le milieu de l’éducation, la production événementielle et, bien évidemment, les musiciens et musiciennes.
Or, en raison de la diversité des profils présents dans cet écosystème, plusieurs changements de paradigmes étaient clairement déjà en branle bien avant cette pandémie. Combien de carrières originales se sont construites, souvent en porte-à-faux des grandes institutions ? Le XXIe siècle voit une efflorescence de petits regroupements et ensembles musicaux profitant pleinement des outils de communications et de réseautage numériques dans un esprit d'autosuffisance. Il est devenu beaucoup plus normal d'être à la fois musicien·ne, comptable, technicien·ne, gérant·e, éditeur ou éditrice, vidéaste, etc.
Dans un contexte où l'interdisciplinarité est souhaitée et encouragée, de nouvelles disciplines, de nouveaux métiers en musique ont vu le jour et ne cesseront d'étonner.
Ce colloque a pour but de mettre en lumière cette diversité et d'offrir un cadre pour répondre aux questions suivantes :
Quels seront les métiers de la musique de demain ?
Comment réévaluer la formation musicale universitaire pour mieux s’y adapter ?
Format : Sur place et en ligne
Responsables :- Pierre Michaud (UdeM - Université de Montréal)
- Nathalie Fernando (UdeM - Université de Montréal)
- Mathieu Lussier (UdeM - Université de Montréal)
- Nathalie Delaunay (UdeM - Université de Montréal)
Programme
Session du matin
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Communication orale
Pourquoi enseigner la musique à l’université aujourd’hui ?Michel Duchesneau (UdeM - Université de Montréal)
À une époque où les débats font rage lorsqu’il est question du rôle de l’université dans la société et où on remet en question l’autonomie académique qui devrait être au cœur du système universitaire au profit d’un utilitarisme plus ou moins imposé, que vient faire la musique à l’université ? Il existe bien une « industrie de la musique ». Il existe aussi une musique comme outil servant de « liant social », comme il existe une musique dispensatrice de réconfort (on s’en est souvenu pendant la pandémie) voir une musique « stimulant neuronal ». Ah ! Mais alors, la musique a bien sa place dans cette université moderne fonctionnelle ! (?) Mais est-ce bien comme cela qu’elle est perçue ? Au-delà du plaisir qu’elle procure, que fait-on de la musique comme source de savoir ? Comme outil pour percevoir le monde différemment que de ce que peuvent nous proposer d’autres sphères de la connaissance ? Une fois avoir établi ce qui distingue l’enseignement technique de la musique, c’est-à-dire ce qui distingue fondamentalement un Conservatoire d’une Faculté universitaire de musique, nous nous attarderons à définir quelques-uns des possibles lorsqu’il s’agit de concevoir la place de l’enseignement de la musique au sein d’une université contemporaine.
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Communication orale
Polyvalence ou multiplicité ? Cinq Flûtistes, cinq manières d'être.Jessica Pilon Pinette (UdeM - Université de Montréal)
Dans le cadre de cette communication, nous souhaitons explorer la typologie professionnelle de certain·e·s musicien·ne·s du XXIe siècle qui oeuvrent en recouvrant simultanément de nombreux secteurs d’expertises musicales, a priori traditionnellement distincts. Il sera alors pertinent de saisir un tel recouvrement en discernant la « polyvalence » de la « multiplicité ». Ainsi, nous nous familiariserons avec les parcours de cinq flûtistes du XXIe siècle : Claire Chase, Robert Dick, Pedro Eustache, Cléo Palacio-Quintin et Emmanuel Pahud. Leur typologie professionnelle relève-t-elle de la polyvalence ou de la multiplicité ? Nous verrons que la polyvalence se distingue de la multiplicité par le caractère passif ou actif véhiculé. En effet, la polyvalence se poserait comme une contrainte ou un devoir dans l’exercice professionnel (extrinsèque), et relèverait d’une volonté passive du ou de la musicien·ne; alors que la multiplicité relèverait d’une volonté active du ou de la musicien·ne, et s’exprimerait comme une propension ou un désir volontaire dans la professionnalisation de l’artiste (intrinsèque). Enfin, par un bref recours à l’histoire, nous comparerons le paradigme musical professionnel actuel de celui traditionnel en se reportant aux parcours de deux flûtistes aguerris, Johann Joachim Quantz (1697-1773) et Theobald Boehm (1794-1881), lesquels ont également chevauché, dans leur profession, de nombreuses sphères d’expertises.
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Communication orale
Conceptualiser ou contextualiser ? La composition musicale à la rencontre de nouveaux lieux.Pierre Michaud (UdeM - Université de Montréal)
La composition musicale enseignée à l’université a, plus souvent que non, comme but de former des compositeurs et des compositrices de musique pour le concert, ce qui sous-entend un rituel connu, circonscrit et qui exige une méthodologie de création relativement standardisée. À titre d’exemple, il est normal de composer en solitaire, de livrer les partitions aux musicien·ne·s quelques semaines avant un concert et de donner quelques commentaires lors des répétitions. Cette façon de faire, plus souvent que non exigée des commanditaires de nouvelles œuvres, est de plus en plus critiquée par la relève en composition et en création sonore. À partir de quelques exemples concrets (l’influence du numérique, le contexte post-pandémique, l’inter-pluri-trans-disciplinarité), cette présentation exposera à quel point la composition contemporaine questionne davantage le contexte de création et comment cela influencera forcément le milieu musical de demain.
Dîner
Session de l'après-midi
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Communication orale
Sur le pouvoir transformateur de la musique de chambre : Une étude des programmes d'été de musique de chambre et leur impact sur la formation des jeunes musiciens.Martin Jacobs (UdeM - Université de Montréal)
Chaque année, des milliers d'étudiants en musique participent à des camps d'été de musique de chambre. Les recherches sur les avantages de l'étude de la musique de chambre et de la participation aux camps d'été sont nombreuses. Cependant, l'expérience d'étudiants en musique de chambre dans un camp d'été a été moins explorée.
L'intensité de l'étude collaborative immersive dans un programme de musique d'été peut avoir une influence significative et durable sur un étudiant. À travers des entretiens avec neuf étudiants de la Kinhaven Music School en 2021, ce projet explore la nature de cet impact sur la croissance d'un individu. Les étudiants ont perçu les influences sur leur expérience comme étant nombreuses, diverses et uniques. Ce projet est un examen des éléments que les étudiants ont jugés favorables ou entravés dans leur développement musical et personnel. -
Communication orale
Le cheminement de l'interprète-chercheur(euse), du savoir expérientiel à la démarche scientifiqueCaroline Traube (UdeM - Université de Montréal)
Les lieux de formation de haut niveau en interprétation musicale, tels que les conservatoires et institutions musicales universitaires, et les lieux où se déroulent la recherche scientifique, comme les laboratoires et centres de recherche, sont généralement disjoints, tant sur le plan des espaces physiques que par les cultures institutionnelles qui leur sont propres. Et pourtant, de plus en plus d'interprètes manifestent l'intérêt de s'engager dans une démarche de recherche, motivés par le souhait d'apporter des réponses à des questions qu'ils et elles se posent dans le cadre de leur pratique quotidienne. Comment accompagner ces interprètes dans le développement d'une démarche de recherche expérimentale pertinente, ancrée dans leur savoir expérientiel et enrichissant leur démarche artistique ? Par la présentation du parcours d'étudiants inscrits au doctorat en interprétation à la Faculté de musique de l'Université de Montréal, nous décrirons les différentes étapes de ce cheminement particulier et les modalités du transfert de connaissances issues de l'acoustique musicale, des sciences du mouvement et des sciences cognitives. Nous montrerons aussi comment ces interprètes contribuent à une dialectique nécessaire avec le milieu scientifique, en redéfinissant les objets et les problématiques de recherche, et en participant de façon active à la conception de protocoles de recherche expérimentaux interdisciplinaires ainsi qu'à l'analyse des données qui en découlent.