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Informations générales

Événement : 90e Congrès de l'Acfas

Type : Colloque

Section : Section 300 - Lettres, arts et sciences humaines

Description :

Notre travail interroge les pratiques d’humanisation, entendues comme ce qui humanise, rend humain, apporte de l’humanité. Elles concernent des dimensions très générales de la vie humaine (l’éducation, la socialisation, la transmission, la relation) et des activités situées (la construction éthique, les relations sociales et professionnelles, la médecine…). Certes, la notion d’humanisation peut relever du pléonasme, car toute activité humaine, y compris la plus cruelle et déréglée, est… humaine. « Chacun appelle barbarie ce qui n’est pas de son usage », rappelait Montaigne pour condamner le rejet des « autres » dans la sous-humanité.

Mais ce pléonasme apparent désigne aussi une tâche qui, peut-être, définit l’humain : tenter de réaliser une certaine idée de soi, porteuse de principes dits « humanistes », pour que les sociétés, les milieux professionnels, les relations internationales tempèrent leur violence potentielle grâce à des pratiques respectueuses de la personne. Il s’agirait par exemple d’« humaniser » la médecine ou l’économie afin que ces activités ne finissent pas, paradoxalement, par nier l’humain, comme si le meilleur ennemi de l’humain était lui-même.

Nous étudions des exemples tels que : les arts dans la formation médicale pour l’humanisation des soins et la reconnaissance des « questions existentielles »; l’expérience esthétique dans la relation thérapeutique comme reconnaissance intersubjective; le souci de politiques éducatives visant l’humanisation, et non une simple « humanitarisation » que dénonçait Freire et que les études décoloniales ne cessent de révéler; un modèle d’éducation humanisante, propre à Tim Ingold, et aligné sur l’anthropologie; la confrontation des soignants au mystère de l’Autre au moment des fins de vie; la prise en compte des inégalités sociales dans l’humanisation du travail social; l’humanisation du système carcéral par l’art et la culture; l’attention au sujet existant; l’art participatif et décolonialisé, etc.

Dates :

Format : Sur place et en ligne

Responsables :

Programme

Communications orales

Éducation et humanité

Salle : B-3340 — Bâtiment : Université de Montréal - Jean-Brillant
  • Communication orale
    L’éducation : humaniser ou humanitariser pour émanciper ?
    Kochie Olga Akou (ECOLE DOCTORALE UNIVERSITE BORDEAUX-MONTAIGNE)

    « L’humanitarisme des oppresseurs, qui n’est pas un humanisme, consiste à préserver la situation qui les avantage et qui leur permet d’entretenir une fausse générosité. En réalité, l’intention des oppresseurs est de transformer la mentalité des opprimés, et non pas la situation qui les opprime, et ceci afin de mieux les dominer, en les adaptant davantage à cette situation. C’est pourquoi ils s’appuient sur la conception et la pratique bancaires de l’éducation, à laquelle ils ajoutent toute une gamme d’actions sociales au caractère paternaliste » (Freire, La pédagogie des opprimés, Agone, 2021, 62).

    L’instauration de l’école, l’intervention des « tirailleurs sénégalais », la formation des cadres africains à l’école William Ponty (Sénégal), semblent exprimer amitié et coopération franco-africaine.

    Cet état d’esprit, hérité, entretient des relations économique et diplomatique particulières, entre la France et les pays nés de ses anciennes colonies. Pourtant, malgré la modernité et le modèle d’instruction hérités de la France, de nombreux ressortissants des anciennes colonies se ruent vers la France, au péril de leur vie, comme constaté au cours de cette dernière décennie par divers sauvetages en mer Méditerranée. Ce fléau interroge. Si les sciences humaines et sociales sont le lieu où nous pouvons réfléchir et faire des préconisations, voilà un constat que nous pouvons questionner. Comment devons-nous faire pour que l’éducation contribue à une vraie humanité ?

  • Communication orale
    S’engager dans la relation éducative, une voie de formation et de transmission d’humanité
    Pascale Bergeron (UQAR - Université du Québec à Rimouski)

    Dans le cadre de ma thèse en éducation ayant pour but l’étude de pratiques destinées à la formation à la relationnalité de futurs accompagnateur.ices en psychosociologie, je ne pouvais faire l’économie d’un regard posé sur ma propre pratique de formatrice universitaire. À la question comment je procède moi-même pour former mes étudiant.es à la dimension relationnelle de leur métier, il me venait plusieurs réponses. Parmi celles-ci, survenait indomptablement la question de mon engagement dans la relation éducative, sorte d’avenue impliquée, impliquante, mais timide, prenant difficulté à se nommer face à l’injonction du détachement, de la distance, voire de l’objectivité trop souvent posée comme absolu. La relation éducative est pourtant toujours là. Elle survient lorsque la personne de l’apprenant et de l’enseignant entrent en présence avec le projet éducatif qui les unit. Cela n’a rien de surprenant et pourtant, cela ne va pas de soi de s’y engager avec tout de soi. Cela l’est encore moins de faire de la relation éducative une véritable praxis relationnelle qui forme et transforme, devenant ainsi lieu de transmission d’humanité. Pour accompagner ma présentation, je croiserai ma réflexion avec celle de Mireille Cifali (2018) au regard de son travail sur l’engagement en formation et qui, reprenant les mots de Marielle Macé (2016), nous invite à l’engagement du regard, du geste, de l’être même, dans l’expérience et dans le vivre.

  • Communication orale
    Humaniser l’éducation
    Jean-François Dupeyron (Université de Bordeaux)

    La formule de Kant – l’humain ne devient pleinement lui-même que par l’éducation – désigne un double problème : celui du produit de l’éducation (quel humain devient-on ?) et celui des moyens de l’éducation (comment éduquer ?) En effet, la fonction éducative, dans les sociétés, est remplie selon des modalités très diverses et avec des objectifs parfois contradictoires. S’agit-il d’émanciper ou de « gouverner les enfants » (Foucault) ? Si généralement nous considérons que l’accès à l’éducation fait partie des droits de l’humain, nous oublions trop souvent que sous le terme d’« éducation » sont rangés des processus très divers, dont certains ne relèvent que de l’adaptation sociale ou du conditionnement idéologique. Dewey opposait donc l’éducation comme technique de production ou d’« entraînement », et l’éducation comme opportunité d’émancipation individuelle et sociale. Ainsi, si l’éducation est bien ce qui peut humaniser, encore s’agit-il inversement d’humaniser l’éducation dans l’optique d’une pleine et entière subjectivation de chacun.

    Nous étudierons ce souci d’humanisation de l’éducation en nous référant de façon critique aux travaux d'Ingold (L’anthropologie comme éducation, 2018), qui posent une équivalence forte entre éducation et anthropologie. Selon Ingold, il s’agit là de deux manières de vivre avec les autres et il conviendrait de rapprocher davantage les pratiques éducatives de ce qu'enseigne l’anthropologie sociale. http://jf-dupeyron.fr/

  • Communication orale
    L’éducation à la citoyenneté et aux inégalités socioéconomiques des travailleurs sociaux
    Serigne Touba Mbacké Gueye (UQAT - Université du Québec en Abitibi-Témiscamingue)

    La formation des travailleurs sociaux n’est pas toujours exclusivement basée sur l’apprentissage des techniques d’intervention susceptibles de mieux préparer l’étudiant à une meilleure intégration dans son milieu de pratique. Elle révèle aussi au futur travailleur social les aléas d’une société démocratique aux prises avec des injustices sociales qui influent sur la vie des personnes vulnérables auprès de qui il est destiné à œuvrer. En ce sens, au-delà de l’apprentissage de la pratique de l’intervention psychosociale, le travailleur social doit être mis au parfum des causes idéologico-politiques des inégalités socioéconomiques afin de mieux le préparer à prendre au sérieux les avantages de l’engagement citoyen dans la lutte contre la pauvreté. Le développement de la conscience citoyenne éclairée, informée et engagée dans la société d’appartenance est, en effet, l’un des éléments de compétence à acquérir avant d’intervenir


Communications orales

Habiter l’humanité

Salle : B-3340 — Bâtiment : Université de Montréal - Jean-Brillant
  • Communication orale
    Pour refonder une culture ancrée dans la réalité vivante de notre planète. Et continuer à devenir humain sans se laisser happer par la technique
    Catherine Reine Thomas (Université de Bordeaux)

    Je vais me référer ici essentiellement à un cours qui s’intitule « Evolution Humaine Actuelle : impacts physiques et psychologiques de la société technicienne ». C’est un cours expérientiel (dans le sens : il propose aux étudiants de vivre des expériences) qui existe pour la quatrième année consécutive et qui rencontre un grand succès. Ce cours (et d’autres cours aussi) est directement conçu comme réponse à ma question de recherche principale qui est : quelles sont les causes profondes de la crise écologique et quels sont les moyens d’en sortir ?
    Je conduis cette recherche et invente ma propre pédagogie depuis 20 ans.
    Par ailleurs, les cours que j’ai donnés pendant 15 ans en océanographie physique m’ont amenée à m’interroger longuement sur la notion d’équilibre : l’équilibre de la surface océanique notamment. Comment comprendre cet équilibre dynamique mouvant et changeant ? Mais l’océan n’est pas le seul à chercher son équilibre : c’est aussi ce que fait tout être vivant, tout écosystème et la planète dans sa globalité.
    Et pour moi, être humaine, c’est être constamment à la recherche de mon équilibre. Mais de quel équilibre s’agit-il quand on parle des humains en occident au XXIème siècle ?

    L’époque actuelle est une perte d’équilibre, amorcée au début du néolithique, mais dont l’accélération
    vertigineuse depuis deux siècles et plus encore depuis deux décennies, nous sidère et nous rend
    aveugles à ce qui se passe.
    Mon hypothèse, pour le dire très vite, est que nos capacités techniques hypertrophiées sont la cause
    essentielle de notre déséquilibre. Retrouver l’équilibre implique donc deux choses : se reconnecter au
    processus vivant qui nous anime, et honorer notre intelligence technique pour la contenir dans des
    limites respectueuses de la vie sur Terre.
    Cette hypertrophie technicienne s’est accompagnée de nombreux autres déséquilibres, et il nous
    faudra tout aborder de manière globale, car les différents équilibres que je vais décrire dépendent les
    uns des autres.
    2. MES EXPERIENCES PEDAGOGIQUES

  • Communication orale
    Muntunisme : plaidoyer pour un idéal à visage humain et intégrateur des autres formes de vie
    Marco Bowao (ENS Brazzaville), Rodreli Koumba Peyeneni (ENS Brazzaville (Congo))

    A l’heure où nous assistons au déchaînement de la violence, à la faiblesse des institutions étatiques, à la dégénérescence considérable des valeurs humaines, à la montée exponentielle des inégalités sociales, à la régression de la démocratie, au dérèglement climatique croissant, à l’incapacité réelle des Nations Unies à réduire les conflits dans le monde, toutes ces crises ont un dénominateur commun : la déshumanisation ou crise de l’humain. Fort de ce constat, il est d’autant plus urgent, à nos yeux, de repenser l’humain. C’est toute la tâche que nous assignons à cette contribution. Nous proposons le Muntunisme, ou mieux l’attitude muntuniste comme remède à ce mal qui ronge le comportement humain. Le Muntunisme plaide en faveur d’un retour à l’humain. Cet idéal consiste en le fait que les hommes doivent accepter d’agir dans la solidarité pour la solidarité humaine dans un élan de fraternité pour promouvoir l’Ubuntu, c’est-à-dire « faire humanité ensemble ». Le projet Muntuniste prend donc appui sur le principe Ubuntu pour penser le vivre-ensemble autrement. Il incombe également aux humains le devoir d’agir en responsables vis-à-vis des autres espèces vivantes, avec lesquelles ils composent la Nature, comprise comme un Tout. Agir de cette manière laisse entrevoir à l’horizon une promesse garantissant la Muntunite, condition d’un monde plus stable et plus inclusif qui passe par la dépendance réciproque.

  • Communication orale
    La confiance en soi des bibliothécaires-chercheurs : la capacité de séjourner dans l’incertitude plutôt que la maîtriser
    Bruno Fournier (UdeM - Université de Montréal)

    Le « problème » de la confiance en soi des bibliothécaires-chercheurs ne cesse de réapparaître comme une barrière ou un frein à la recherche. Les approches préconisées pour le résoudre s’adossent à une conception utilitariste de la recherche où celle-ci est considérée comme une tâche exigeant la maîtrise et l’application de compétences plutôt qu’un processus de transformation de soi. Le manque de confiance en soi renverrait alors à un déficit de connaissances qu’il s’agirait de combler. Mon propos consiste à proposer une approche éthique de la confiance en soi où l’incertitude n’est plus à éradiquer mais à accueillir comme condition indépassable de celle-ci. Pour de faire, les figures du sujet connaissant et agissant sont mises en tension avec celle du sujet existant.

Communications orales

Arts et humanité

Salle : B-3340 — Bâtiment : Université de Montréal - Jean-Brillant
Présidence : Kochie Olga Akou (ECOLE DOCTORALE UNIVERSITE BORDEAUX-MONTAIGNE)
  • Communication orale
    Ce que l’art et la culture « font » à la prison
    Alain Kerlan (Université Lumière Lyon 2)

    L’entrée de l’art et de la culture au cœur des prisons peut-elle être analysée comme un processus d’humanisation du système carcéral ? Ou n’est-elle pas un chemin qui conduit à interroger le sens et les usages de cette notion ? Le constat est que les expériences de résidences artistiques en milieu pénitentiaire se développent. Ici, un comédien fait jouer En attendant Godot de Beckett à des détenus ; là un metteur-en-scène monte un spectacle à partir d’un scénario écrit par un détenu, un plasticien investit un centre pénitentiaire et y compose de vastes photographies déployées dans toute l’enceinte de la prison, un écrivain accompagne des détenus sur les chemins de l’écriture. On peut s’étonner des livres empruntés à la bibliothèque de la prison: la poésie et les biographies sont particulièrement prisées. Les ateliers de philosophie y trouvent également place. Quelques détenus en reprise d’études s’engagent dans des « humanités carcérales ». La communication contribue à l’étude et à la compréhension des effets produits par ces présences de l’art et de la culture en milieu carcéral, d’une part par l’analyse d'exemples de résidences artistiques et culturelles et de l’expérience esthétique et culturelle dans laquelle engagent ces interventions, d’autre part en interrogeant la perspective philosophique et politique d’une émancipation par l’art et la culture sur laquelle reposent ces pratiques. Cette démarche conduira notamment à mettre l’accent sur le concept d’individuation.

  • Communication orale
    Décolonialiser la pratique de l’art participatif : une réflexion à partir de l’œuvre El Club Tikal Guatemala
    Andréa Calderón (université du Québec à Montréal), Romeo Gongora (UQAM - Université du Québec à Montréal), Iván Peña Miranda (université du Québec à Montréal)
  • Communication orale
    La posture esthétique comme éthique en travail social. Réflexion et pratiques d’humanisation par le Beau.
    Sacha Genest Dufault (UQAR - Université du Québec à Rimouski)

    En travail social, les intervenant.e.s rapportent des conditions éprouvantes : sentiment d’accélération, surcharge ressentie, manque de formation, absence de supervision, usure de compassion, etc. Ce contexte se vit comme dénué de sens, de temps et de solidarité, voire déshumanisant. En parallèle coexistent des expériences lumineuses, où les intervenant.e.s vivent des changements positifs, des réussites importantes, des histoires touchantes où une connexion humaine est faite, où les personnes impliquées vibrent et résonnent ensemble, de réelles histoires de beauté. La communication s’appuie sur l’hypothèse que ces moments de beauté, que l’on qualifie d’expériences esthétiques, de résonance (Rosa) et de rencontres (Pépin), sont peu considérées en intervention, recherche et formation. On postule que prendre appui sur l’expérience esthétique a le potentiel de contribuer à (se) redonner du sens, du temps et de l’espace et de créer des lieux de ressourcement et de solidarité salutaires, humanisants. Le propos développe des expériences en travail social, dont un cours de maitrise, l’Atelier, conviant les étudiant.e.s à ce que leur Être entier puisse exister dans le projet. Avec pour résultats l’émergence de thèmes originaux, de pratiques libératrices et créatrices, une sensibilité et une histoire de vie situées. Une posture faite des expériences et pratiques esthétiques peut alors se concevoir comme un dispositif participant d’une éthique par le Beau en travail social.


Communications orales

Arts, médecine et humanité

Salle : B-3340 — Bâtiment : Université de Montréal - Jean-Brillant
  • Communication orale
    Quand l’éducation des médecins transite par les arts
    Jacques Quintin (UdeS - Université de Sherbrooke)

    La formation médicale se fonde sur la théorie et la technique dans un souci de performance. L’une des conséquences est le grand malaise chez les médecins pour aborder les questions existentielles avec leurs patients. Pourtant, notre expérience dans les ateliers d’éthique démontre une grande ouverture aux questions existentielles. La fréquentation des arts peut devenir un levier important pour l’humanisation des soins. La reconnaissance des questions existentielles et de leur écoute sont deux compétences à développer.

  • Communication orale
    La danse en Unité de Soins Palliatifs (USP), une proposition qui réhumanise un service hospitalier
    Charlotte Lafaure (Nantes), Céline Legrand (Audencia Business School)

    Cette proposition de communication présente une expérimentation de moments dansés par une danseuse contemporaine dans une USP, permettant aux patients et à l’équipe soignante d’être spectateurs, dans les lieux communs et dans l’intimité de la chambre, avec pour effet de réhumaniser les soins dans un contexte difficile. Les USP, services hors normes tant par le vécu des patients qui ont une maladie incurable, que par les équipes pluridisciplinaires qui les composent ont été mis à mal par la crise sanitaire liée à la Covid 19. Elle a exacerbé les tensions et le mal-être chez les soignants et a fragilisé d’autant plus ces services où la prise en charge globale de la personne et l’écoute sont centrales.

    A l’aide d’une méthodologie qualitative, des données ont été recueillies sur les effets de 94 moments dansés, sur l’équipe et les patients, grâce à un journal de bord et à 17 entretiens semis-dirigés. Les résultats révèlent que ces moments ont permis un temps de suspension qui a pu apaiser les situations vécues, permettre de nouveaux types d’échanges et un autre regard sur son lieu de travail. Au-delà des diverses sensations que ces moments sont venus permettre chez les personnes en tant que sujets et non plus en tant que « soignants » ou « patients », le partage d’une expérience commune a participé à « faire lien » dans un temps de vie éminemment complexe pour le patient et ceux qui l’entourent.

  • Communication orale
    Le médecin, l’Autre et la mort
    Nathalie Plaat (UdeS - Université de Sherbrooke)

    En contexte de soins de santé, en particulier lorsque la possibilité de la mort est conviée, nous savons que les patients, suite au trauma de l’annonce, vivent l’effondrement d’un univers de sens qui avait jusqu’à ce jour composé leur présence au monde. Cette bascule les plonge inévitablement dans ce que Paul Tillich nommait « la préoccupation ultime », où les questions de sens et même de la transcendance, peuvent être soulevées. Or, qu’en est-il du soignant, dans cette dyade intersubjective? Comment fait-il face à cet effondrement qui a cours devant lui? Le risque de réduire, de totaliser, pour parler comme Lévinas, l’expérience du patient n’est-il pas amplifié par les angoisses qu’il peut lui-même éprouver face à sa finitude? À l’aide des images issues du film de Denis Villeneuve The Arrival, dans lequel la prémisse de base concerne cette tentative d’entrer en dialogue avec une espèce « étrangère » (alien), cette conférence propose de consteller en images, quelque chose de l’ineffable mystère de l’Autre et des postures de soin possibles à adopter lorsqu’il s’agit de s’en approcher. Pour la clinicienne, et l’ex-patiente en soins hémato-oncologiques, il s’agira de démontrer à quel point la rencontre de l’autre dans son étrangeté n’est pas possible sans un épochè, c’est-à-dire sans une mise en suspens de sa posture techno-scientifique et professionnelle.

  • Communication orale
    L’art, au service de la relation clinique
    Mireille Kerlan (UNADREO)

    Dans le monde de la santé, impacté par des crises de la vocation, du sens, de l’organisation et de l’accès aux soins, le concept d’humanités médicales veut modifier la pensée dans les soins et dans la formation des professionnels. En pratique soignante, l’art s'utilise pour que le patient puisse inclure sa maladie, son handicap, dans le champ plus large de sa personne, de sa vie en contexte. C’est le but de résidences d’artistes. On peut s’étonner de la nécessité de ré-humaniser un domaine réputé pour l’engagement humain qui est la motivation première de celles et ceux qui s’y consacrent. Mais le processus en cours est fondamentalement celui d’un réinvestissement de la relation humaine au cœur du soin, mise à mal par son administration technocratique et par une conception du soin adossée à l’evidence based medecine ou à l’evidence based practice. C’est à ce réinvestissement que contribue le recours à l’art et à l’expérience esthétique, que la communication veut exposer : le partage de l’art dans une pratique orthophonique, pour permettre à des patients atteints dans leurs capacités à communiquer et parfois dans leur cognition, de vivre leur subjectivité, en interaction avec celle de l’orthophoniste, d’être présent au monde. En partageant les émotions vécues devant des œuvres d’art ou des lectures, le récit de la personne se poursuit. L’expérience esthétique (Dewey), étant le propre de l’homme, peut conforter la relation thérapeutique comme reconnaissance intersubjective.

Communications orales

Pratiques humanisantes

Salle : B-3340 — Bâtiment : Université de Montréal - Jean-Brillant
  • Communication orale
    Apprivoiser le rapport à l’incertitude grâce à des pratiques humanisantes en pédagogie universitaire : une pédagogie de l’agilité et du savoir-passer
    Monyse Briand (UQAR - Université du Québec à Rimouski)

    Les mutations sociales et civilisationnelles sur les plans social, économique, politique, culturel, climatique, technologique, sanitaire, communicationnel, etc. (Mahy et Carle, 2012) auxquelles nous confronte cette époque nous exposent à la question de l’incertitude dans nos pratiques pédagogiques. Y répondre suppose de développer de nouvelles capacités à sentir, penser, apprendre, collaborer, créer, s’humaniser et s’organiser. Œuvrer à la formation à l’accompagnement du changement ou encore aux métiers de la relation ne peut, de nos jours, faire l’économie de se questionner sur les manières d’outiller les apprenant∙es afin qu’iels puissent apprendre à mieux vivre et agir face l’incertitude. Cette communication ouvre sur de nouvelles perspectives pédagogiques pour préparer, avec plus de conscience et de justesse, les apprenant∙es à développer un meilleur rapport à l’incertitude grâce à des pratiques humanisantes à l’université. Cultiver une pratique de l’incertitude semble être une voie de passage intéressante pour permettre le développement de l’agilité ainsi que de la capacité à savoir-passer pour mieux vivre et mieux agir en situation d’incertitude. En s’appuyant sur les résultats d’une recherche doctoral, nous présenterons quelques perspectives pédagogiques pouvant inspirer une pratique de l’incertitude afin de discuter de la portée humanisante de celles-ci en pédagogie universitaire.

  • Communication orale
    Les programmes de formation en psychosociologie à l’Université du Québec à Rimouski (UQAR). Des pratiques humanisantes en pédagogie universitaire
    Vincent Cousin (université du Québec à Rimouski), Diane Léger (UQAR - Université du Québec à Rimouski)

    Dans une humanité désormais menacée de périls mortels, la vie de l’espèce humaine et celle de la biosphère deviennent une valeur primordiale qui appelle une transformation de l’humanité en Humanité (Morin, 2011; 2015). Le champ disciplinaire de la psychosociologie des relations humaines est concerné au premier plan par cette métamorphose cruciale car son objet d’études est l’accompagnement du changement humain. Dans cette perspective, les pratiques d’humanisation telles que nous les envisageons en psychosociologie ont pour visée d’investir un « humanisme régénéré » puisant aux sources anthropologiques de l’éthique, soit la solidarité et la responsabilité (Morin, 2015). La pédagogie des programmes en psychosociologie à l’UQAR concrétise cette visée par ses cadres et ses pratiques radicalement ancrés dans des approches expérientielles, réflexives et dialogiques. Cette pédagogie universitaire sollicite l’implication en première personne des acteurs de la formation à cette prise de conscience et vise le développement de compétences d’accompagnement fondées sur les principes de solidarité et de responsabilité. À partir de différents travaux publiés à ce sujet (Léger et Rugira, 2015; Léger et Cousin, 2022) et de la poursuite de l’étude longitudinale de nos pratiques, nous présenterons les principaux fondements et quelques modalités pédagogiques de ces programmes afin de discuter de leur portée humanisante.

  • Communication orale
    Inclure les expériences d’adversité et de résilience des personnes étudiant en travail social dans leur formation
    Marie Beauchesne (Université Laval)

    Les personnes étudiant en travail social sont susceptibles, plus que d’autres, d’avoir vécu plusieurs expériences d’adversité (Thomas, 2016). Si celles-ci les mettent à risque de développer des difficultés, certaines recherches mettent en avant les atouts que ces expériences d’adversité, et de résilience qui s’y rattache, peuvent représenter à l’égard de l’intervention en travail social (Newcomb et al., 2019). Plus encore, ces expériences seraient déterminantes dans le développement de l’identité professionnelle et susceptibles de les soutenir dans leur difficile fonction auprès des personnes en situation de détresse et de vulnérabilité. La notion d’utilisation de soi est présentée aux futures travailleuses sociales comme un jalon dans le développement de leur pratique. Néanmoins, cette notion demeure floue et est, traditionnellement, présentée d’une manière dichotomique, en séparant, sans bien les distinguer, ce qui devrait relever du professionnel ou du privé (Newcomb et al., 2020). Dans la perspective d’une humanisation à la fois de la formation et de la pratique en travail social, nous présenterons une vision relationnelle et réciproque de l’utilisation de soi (Ganzer, 2007). Cette vision mettra de l’avant la prise en compte des expériences d’adversité et de résilience des étudiantes en travail social dans leur formation comme pas vers la déstigmatisation reliée à ces expériences, et ouverture empathique réciproque et anti-oppressive, avec les personnes accompagnées.

  • Communication orale
    La supervision par correspondance : des espaces-temps d’accompagnement tendres et vivants
    Eugénie Jean-Lebel (UQAR - Université du Québec à Rimouski)

    Dans le cadre de ma pratique en supervision clinique auprès d’intervenant.es psychosociaux, je souhaite créer des espaces-temps imprégnés de solidarité, de douceur et y honorer la joie et le sens qui vivifient nos pratiques. Portée par la conviction que l’écriture et la lecture sont des pratiques d’accompagnement de soi, j’ai développé une pratique de supervision par correspondance. Par le biais de lettres échangées se révèle la vastitude de l’expérience de l’intervenant.e qui se rencontre à travers ses mots. La correspondance devient un espace vivant, tout près et à distance aussi de la quotidienneté, et permet d’en déjouer le rythme accéléré qui contraint l’approfondissement de la pensée. Cette rencontre à travers les résonances échangées permet d’humaniser la pratique en supervision clinique, en y conviant des parts de l’expérience de l’intervenant.e qui se révèlent sous les mots choisis, qui sont reconnues, explorées. La correspondance, par sa temporalité autre et par la richesse évocatrice des mots infuse de la sensibilité, de l’humilité, de l’authenticité dans l’espace de supervision, et par extension dans la pratique psychosociale. Ce territoire de mots partagés est ainsi humanisant, puisque invitant une liberté et un accueil de la sensibilité des correspondant.es qui sauront par la suite s’y appuyer pour leurs pratiques. C’est en faisant converser des pensées d’auteur.es de différents horizons et des extraits de correspondances que je souhaite développer mon propos.


Communications orales

Pratiques humanisantes et déviances

Salle : B-3340 — Bâtiment : Université de Montréal - Jean-Brillant
Présidence : Nathalie Plaat (UdeS - Université de Sherbrooke)
  • Communication orale
    Pratiques humanisantes en contexte de violences sexuelles intrafamiliales
    Jean-Philippe Gauthier (UQAR - Université du Québec à Rimouski), Jeanne-Marie Rugira (université du Québec à Rimouski)

    Nous souhaitons dans le cadre de cette communication, partager une expérience éclairante vécue dans le cadre d’un projet de recherche exploratoire qui tente de sortir d’une vision dualiste des violences à caractères sexuelles en contexte intrafamiliales. L’enjeu ici consiste à contourner la polarité abuseur-abusé, pour prendre en compte la complexité de l’épreuve terrible vécue par tous les membres de la famille, toutes les victimes collatérales. En effet, apprendre qu’un membre de sa famille a été victime d’abus sexuel au cours de l’enfance en contexte intrafamilial ou qu’un membre de sa famille a commis l’irréparable dans pareille situation, est une expérience traumatique qui a été peu explorée et peu documentée jusqu’à maintenant (McElvaney, Murray, Dunne, 2021). À cet égard, López-Xerón et Blow (2017) affirment que « ce type de traumatisme doit être traité comme un événement qui touche tous les membres de la famille ». Ce type de violence a comme conséquence d’isoler les victimes, lorsqu’il est seul à devoir donner sens à ce qui lui est arrivé, l’enfant est exposé au risque de « dés-appartenance et de déshumanisation » (Bourhaba, S., & Stevens, Y., 2015). Notre projet cherche à mettre en place un processus d’accompagnement capable de permettre à tous les membres d’un système familial d’aspirer à « réintégrer l’humanité ».

  • Communication orale
    La folie à visage humain : Henri Maldiney et le projet d’une réhumanisation de la psychiatrie
    Florian Moullard (Université Bordeaux-Montaigne (France))

    Cette communication aurait pour objet la réflexion originale que le psychiatre français Henri Maldiney a apporté à la psychiatrie humaniste entre les années 1960 et 2000. Il me semble qu’elle est capable de fournir de précieuses pistes d’« humanisation » de la psychiatrie et, plus largement, des pratiques médicales, dans la mesure où elle naît d’une réaction aux tentatives de naturalisation de ces dernières.
    Or, cette situation est encore la nôtre aujourd’hui et nécessite une interrogation sur la manière dont un « savoir » positif portant sur l’humain est capable de donner lieu à un « art » médical adéquat. Non seulement le regard du psychiatre ne peut pas être naturaliste dans le cadre d’une description de la pathologie psychiatrique, mais encore il ne doit pas l’être du point de l’éthique médicale (Tatossian [1979] 2002 ; Naudin 2015).
    Dans un dernier temps, je montrerai que ces réflexions anticipent et rejoignent le paradigme du care avec lequel la psychiatrie souhaite aujourd’hui renouer (Morvillers 2015) : caring en psychiatre, c’est faire oeuvre de sollicitude à l’égard du patient et retrouver les « qualités humaines » initialement exigées par la psychiatrie naissante de la fin du XVIIIème siècle et les premiers aliénistes, par exemple François Leuret pour qui la « pharmacie morale d’un médecin est dans sa tête, dans son coeur » (1840).


Communications orales

Discussion finale

Discussion finale

Salle : B-3340 — Bâtiment : Université de Montréal - Jean-Brillant