Informations générales
Événement : 90e Congrès de l'Acfas
Type : Colloque
Section : Section 200 - Sciences naturelles, mathématiques et génie
Description :L’objectif de carboneutralité à l’horizon 2050 adopté par le Canada implique une transformation en profondeur de son système énergétique. Qu’il s’agisse de la production, du transport, du stockage ou de l’utilisation de l’énergie sous toutes ses facettes, l’ensemble des éléments du système énergétique doit être repensé. La complexité ainsi que l’ampleur des coûts et des choix nécessaires pour réussir cette transformation, de même que l’échéancier serré qui y est associé, nécessitent une analyse en profondeur afin de limiter les erreurs. Ce besoin est encore plus grand si l’on veut s’assurer que les investissements et les efforts qui y seront consentis permettront de progresser tant sur le plan énergétique que sur d’autres enjeux de société.
Dans ce contexte, la modélisation peut s’avérer un outil puissant pour explorer ces choix. Toutefois, si les modèles énergétiques et sectoriaux développés au cours des dernières décennies réussissent à évaluer avec une certaine précision l’impact des modifications à la marge du système énergétique actuel, la plupart de ceux-ci, qu’ils soient techniques, économiques ou sociaux, ne sont pas développés pour projeter correctement les diverses trajectoires de décarbonation profondes que l’on peut vouloir tester.
Ainsi, les modèles économiques et technico-économiques s’appuient sur des paramètres historiques dont la pertinence doit être remise en doute devant l’ampleur et le rythme des transformations. De plus, les modèles sectoriels, que ce soit en transport, en bâtiment ou pour des industries particulières, ciblent davantage la livraison du service que la transition énergétique. Finalement, ces modèles peinent à intégrer les changements de comportements, les rapports sociaux et autres enjeux extérieurs au système énergétique, bien qu’ils soient tout aussi déterminants pour celui-ci.
Ce colloque, organisé conjointement par le tout nouveau Carrefour de modélisation énergétique et l’Institut de l’énergie Trottier, vise à rassembler des chercheurs en sciences pures et appliquées, en sciences sociales et en économie pour discuter des enjeux liés au développement des modèles nécessaires pour accompagner le Canada vers la carboneutralité et élaborer des pistes pour avancer rapidement vers des solutions applicables, venant en appui aux décideurs.
Dates :Format : Sur place et en ligne
Responsables :- Normand Mousseau (UdeM - Université de Montréal)
- Edouard Clément (Polytechnique Montréal)
- Josée Provençal (Polytechnique Montréal)
- Eloise Edom (Polytechnique Montréal)
Programme
État des lieux
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Communication orale
Les limites de la modélisation face au défi de la carboneutralitéEloise Edom (Polytechnique Montréal)
Le Canada s'est engagé à atteindre la carboneutralité à l'horizon 2050, soit d'ici moins de 30 ans. Cet horizon de temps est court étant donnée l'ampleur des transformations qui doivent être réalisées dans nos systèmes sociétaux, en particulier nos systèmes énergétiques, et il laisse peu de place à l'erreur. La modélisation peut jouer un grand rôle pour informer et appuyer ces transformations. Quelles sont les limites des principaux types de modèles existants face à la carboneutralité? En s'appuyant sur différents exercices de modélisation énergétique à l'échelle canadienne, cette présentation vise à répondre à ces questions.
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Communication orale
Améliorer l'utilité des modèles énergie-économie pour les gouvernements soucieux du climatMark Jaccard (SFU - Simon Fraser University)
Au cours des deux dernières décennies, les modélisateurs en énergie-économie ont amélioré l'utilité de leurs modèles pour les gouvernements qui tentent de réduire les émissions de GES. Ces efforts doivent se poursuivre. Cette présentation explore comment les algorithmes des modèles peuvent mieux refléter les comportements réel des entreprises et des ménages et comment les leçons de la science politique peuvent être mieux intégrées à celles de l'économie et de l'ingénierie pour favoriser la conception de politiques ayant une plus grande chance de succès et donc de succès en matière de réduction de GES.
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Communication orale
Transition écologique et énergétique : défis pour les gouvernements d’aujourd’hui et de demainJérôme Dupras (UQO - Université du Québec en Outaouais)
Dans un contexte d’urgence climatique, les gouvernements nationaux et infranationaux doivent dès aujourd’hui conjuguer avec des enjeux complexes où s’entremêlent capacités économiques, acceptabilité sociale et réalités biophysiques. Le concept de changements globaux, qui intègrent l’ensemble des y transformations majeures qui altèrent notre planète, offre une occasion de réfléchir sur les paramètres de la modélisation de la transition énergétique. Cette conférence vise à explorer différentes dimensions socio-écologiques qui pourraient être pertinentes pour les processus d'aide à la décision publique.
Volet environnemental
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Communication orale
Intégration du carbone biogénique dans l’analyse des trajectoires vers la carboneutralitéAnnie Levasseur (ÉTS - École de technologie supérieure)
La bioénergie occupe une place importante dans les trajectoires vers la carboneutralité, tout comme les solutions naturelles de captation de carbone, en particulier au Québec où les forêts occupent un large territoire. Or, dans les modèles énergétiques utilisés pour étudier ces trajectoires, les flux de carbone biogénique sont normalement ignorés puisqu’il est considéré que l’émission du contenu en carbone de la biomasse est parfaitement neutralisée par la captation de carbone de l’atmosphère pendant la croissance. De nombreuses recherches publiées au cours des dernières années ont démontré que de ne pas considérer les flux de
carbone biogénique pouvait mener à des conclusions biaisées pour deux raisons : 1) la production de bioénergie ne mène pas nécessairement à un bilan de carbone biogénique neutre, car les activités humaines dans les écosystèmes peuvent entraîner des perturbations des stocks de carbone et 2) la production de bioénergie peut devancer ou retarder des émissions de carbone, menant à un bilan non neutre à court ou moyen terme, ce qui entraîne des impacts sur le climat. Dans cette conférence, les enjeux liés aux flux de carbone biogénique seront d’abord expliqués. Ensuite, les résultats d’un projet visant à intégrer les flux de carbone biogénique dans un modèle technico-économique du secteur énergétique seront présentés afin de montrer leur influence sur les trajectoires de carboneutralité. -
Communication orale
De la bonne utilisation des modèles climatiques pour la transition énergétiqueOlivier Asselin (Ouranos), Dominique Paquin (Ouranos)
Depuis plusieurs décennies, les données simulées par des modèles numériques du climat permettent de visualiser le système climatique. D’abord conçus pour faciliter la compréhension du système physique, ils sont également utilisés pour évaluer les résultats des efforts de réduction des émissions. À la base de tous les rapports d’évaluation du GIEC, les modèles numériques du climat demeurent les seuls outils permettant de saisir la complexité des modifications et des répercussions dans le système chaotique (non-linéaire) qu’est le système climatique. Les données climatiques sont également utilisées par différents secteurs dont celui de l’énergie pour la planification à long terme.
Pour autant que les modèles climatiques soient des outils versatiles et complexes, il demeure essentiel de saisir les différences entre les expériences et, surtout comment utiliser correctement les données. Les modèles de climat font beaucoup, mais ne font pas tout!
À travers quelques exemples liés à la transition énergétique, nous présenterons des utilisations adéquates (et inadéquates…) des données climatiques disponibles actuellement ainsi que de celles à venir.
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Communication orale
Méthode d’évaluation et d’optimisation de scénarios de décarbonisation durable du système énergétique québécoisGuillaume Majeau-Bettez (CIRAIG), Manuele Margni (CIRAIG), François Maréchal (CIRAIG), Julien Pedneault (CIRAIG), Jonas Schnidrig (CIRAIG), Matthieu Souttre (Polytechnique Montréal)
Une transition énergétique est urgemment requise pour mitiger les effets des changements climatiques sans toutefois empirer la crise environnementale décrite par le dépassement de plusieurs limites planétaires. Les mesures choisies par les décideurs pour mitiger les changements climatiques peuvent mener à des déplacements d’impacts environnementaux montrant le besoin d’intégrer une pensée cycle de vie aux outils actuels. En ce sens, nous développons Energyscope, un outil de planification énergétique combinant modélisation énergétique et analyse de cycle de vie. Energyscope génère des scénarios de transition énergétique par une modélisation multiobjectif (économique, environnementale) sous contrainte de ressources disponibles pour répondre aux demandes en électricité, chaleur et mobilité d’un territoire donné. Il a été initialement conçu pour la Suisse mais est en cours d’adaptation aux réalités canadiennes et québécoises notamment à l’aide d’une approche de régionalisation par clustering, d’identification de contraintes physiques et socio-économiques et l’adaptation des technologies de conversion, stockage et transmission d’énergie propres au contexte Canadien. Energyscope sera ensuite amélioré via l’intégration des métriques de durabilité issues de l’analyse de cycle de vie. Cet outil open-source permettra d’évaluer diverses hypothèses et voies de transition proposées par les décideurs en fonction de paramètres économiques et environnementaux et contraintes d’acceptabilité.
Dîner
Volet technico-économique (partie 1)
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Communication orale
Modélisation intégrée de la structure économique et des flux énergétiques du Québec en concurrence imparfaite avec des applications à l’évaluation d’impacts de mesures du PEVYves Richelle (Daméco Inc.), Henri Thibaudin (Daméco inc.)
Différents modèles ont été développés pour aider les décideurs politiques à relever les défis posés par les changements climatiques. Dans ceux issus de la famille TIMES éventuellement couplés ou intégrés à un modèle d’équilibre général calculable, tant la modélisation des interactions entre les agents économiques que la méthode de résolution du modèle reposent sur l’hypothèse de concurrence parfaite qui spécifie que (i) tous les agents économiques prennent les prix comme donnés et possèdent une connaissance parfaite du système dont ils font partie et (ii) le prix de chaque bien est déterminé par l’égalisation de l’offre et de la demande. Dans les faits, cette hypothèse est généralement réfutée. Les prix sont choisis par les agents économiques pour satisfaire leur propre objectif. Par exemple, le prix de l’électricité au Québec est déterminé dans le contexte d’un monopole règlementé. Dans ces modèles, les décisions prises par les agents économiques se basent donc sur des prix qui ne correspondent pas à ceux auxquels ils font face dans la réalité. Développer des modèles qui ne reposent pas sur l’hypothèse de concurrence parfaite permettra (i) d’évaluer l’incidence de cette hypothèse sur les résultats des modèles issus de TIMES et (ii) éclairer les pistes de solution aux défis à relever. Nous présenterons des résultats obtenus avec un modèle qui intègre une représentation de l’économie québécoise et du système de flux d’énergie au Québec en l’absence de concurrence parfaite.
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Communication orale
Dimensionnement d’un réseau électrique dans un contexte de décarbonationMarc Hedin (Hydro-Québec)
Dans cette présentation nous partagerons certains enjeux et méthodologies qui touchent à la planification long terme du système électrique au Québec
- Contribution des moyens variables (éolien, solaire photovoltaïque) et contraints (batteries, gestion de la demande) dans les bilans énergie et puissance ;
- Enjeux de modélisation dans un cadre de planification long terme.
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Communication orale
Planification coordonnée ou improvisation égocentrique? Exploration des stratégies de décarbonisation à l'aide d'un modèle électrique stochastique du nord-est de l'Amérique du NordMichel Denault (HEC Montréal), Florian Mitjana (HEC Montréal), Pierre-Olivier Pineau (HEC Montréal)
Le défi de la décarbonation nécessite d'électrifier de nombreux secteurs de l'économie, entraînant une croissance de la demande d'électricité, et par conséquent de profonds changements dans le secteur électrique.
Cette transition électrique est un problème à plusieurs échelles combinant l'expansion de la capacité de production et de transport et la gestion des opérations du système. L'expansion de la capacité doit être planifiée à long terme pour tenir compte du déploiement pluriannuel, tandis que l'exploitation du système consiste à s'assurer que la demande horaire est satisfaite tout au long de l'année.
Afin de tenir compte de ces incertitudes quant à l’évolution de la demande et des coûts, nous avons développé un modèle stochastique d'investissement et d'exploitation à plusieurs étapes qui couvre les capacités de production, de transmission et de stockage.
Nos résultats numériques montrent que le contrôle de la croissance de la demande sera essentiel pour décarboniser le système électrique. Autrement, l’ampleur requise des infrastructures électriques pourrait devenir rédhibitoire. Nous notons que les décisions prises au cours de la prochaine décennie, ainsi que la création ou non de nouvelles lignes de transmission, auront un impact significatif sur les coûts du système.
Session d’affiches
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Communication par affiche
Pour faciliter l’action, faisons place aux utilisateurs et à la transparence dans les objectifs de modélisation énergétiqueJulien Otis-Laperrière (Université McGill), Samuel Vaillancourt (Energy Calculator)Affiche
Nous avons 7 ans pour réduire nos émissions de 37.5% au Québec, et 27 ans pour les éliminer. Il faut agir vite — et donc planifier, dès maintenant, à plusieurs niveaux gouvernementaux. Pour s'entendre sur ce qu'il y a à faire, nous proposons l'utilisation de modèles simples et transparents, conçus en partenariat avec les preneurs de décision.
Les revirements politiques et technologiques accélèrent, remettant ainsi en question la fidélité des modèles pluridisciplinaires. La conception et l'opérationnalisation de modèles pluridisciplinaires dont les prédictions sont robustes à ces changements nécessitent un délai de recherche que l'urgence climatique ne nous octroie plus. En attendant des modèles robustes, des modèles simples peuvent servir d'outils didactiques et décisionnels.
En appliquant les idées de l'étude de l'incertitude profonde et de la modélisation de systèmes adaptatifs complexes aux défis identifiés par des preneurs de décision canadiens et anglais, nous proposons quatre principes de modélisation pour aider la prise de décisions énergétiques:
- Minimiser les hypothèses requises pour faciliter le consensus
- Choisir des indicateurs de progrès que les preneurs de décisions peuvent mesurer et utiliser pour déclencher des processus décisionnels correctifs
- Favoriser la rapidité et la convivialité pour faciliter l'appropriation et l'itération
- Incorporer la distribution des coûts, bénéfices, et impacts environnementaux dans les résultats de modélisation
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Communication par affiche
Comptabiliser les flux et impacts environnementaux du secteur de la construction CanadienLeopold Wambersie (ÉTS - École de technologie supérieure)
Les modèles EEIO sont similaires aux analyses de cycle de vie, qui décomposent les impacts environnementaux de produits ou de projets individuels, mais se concentrent plutôt sur l'ensemble de l'économie canadienne, ses divers secteurs économiques et ses habitudes de dépenses.
Les progrès réalisés dans les outils de modélisation EEIO, comme le développement du modèle Open IO-Canada par le CIRAIG (Centre international de référence sur l'analyse du cycle de vie et la transition durable), ouvre la porte a la possibilité d'appliquer plus facilement cette approche à des nouveaux contextes, tel que le secteur de la construction Canadien.
Cette affiche présente les résultats préliminaires d'une recherche qui vise éventuellement à modifier le modèle Open IO-Canada pour répondre à des questions concernant le secteur de la construction au Canada, telles que les impacts de différents scenarios de développement urbain et les impacts des politiques cherchant à augmenter la circularité des matériaux dans le secteur.
L’affiche se compose de 3 sections, chacune composée de plusieurs figures : 1) l’emprunte carbone des flux interprovinciaux de matériaux de construction 2) une comparaison de l’impact environnemental des catégories d’activités de construction, 3) une mise en contexte de l’impact du secteur de la construction, relatif aux autres sources d’impact au Canada.
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Communication par affiche
Vers le développement d'un modèle spatial de récupération de la chaleur résiduelle industrielle pour le chauffage des bâtiments résidentiels et commerciaux à MontréalSaeed Harati Asl (UdeM - Université de Montréal)
La récupération de chaleur est une approche d'optimisation des systèmes énergétiques. En particulier, il est possible de réduire la consommation d'énergie et les émissions de carbone en transférant la chaleur résiduelle industrielle aux consommateurs de chaleur basse température, notamment pour le chauffage des bâtiments résidentiels et commerciaux. Un aspect de la faisabilité de tels plans est leur nature spatiale. La répartition spatiale des producteurs et des consommateurs de chaleur influence la configuration du système de distribution de chaleur et notamment la capacité requise et la longueur de chaque segment de celui-ci, impactant ainsi directement le coût du système. Dans cette étude, nous abordons l'analyse spatiale de la faisabilité de la récupération de la chaleur résiduelle industrielle pour le chauffage des quartiers des bâtiments résidentiels et commerciaux à Montréal. Dans une carte de la zone d'étude, nous identifions les unités industrielles et les bâtiments résidentiels/commerciaux comme sources et puits potentiels de chaleur, respectivement. Nous associons ensuite ces sources et puits via un algorithme du plus proche voisin. Afin d'identifier la configuration hiérarchique du réseau de distribution, nous répétons l'appariement des sources et des puits dans plusieurs résolutions, de grossière à fine. Nous discutons de la force et des limites de cette approche et réfléchissons aux perspectives de travaux futurs.
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Communication par affiche
Planification & conception urbaine énergétique. Analyse morpho-énergétique urbaine appliquant la théorie de la relativité urbaine sur des données urbaines de la ville de Montréal.Salima Bellili (New Urban Design Technology)
Nouvelle technologie d’analyse et de calcul de l’énergie urbaine sur plusieurs formes. Une analyse typo-morpho-énergétique, que nous proposons. Qui étudie la ville au micromètre carré (μm2), notre nouvelle échelle d'analyse introduite dans les sciences urbaines. Une analyse de la typologie urbaine, de la forme urbaine et de la morpho-énergétique urbaine. Présentation de nos résultats de recherche basés sur des données urbaines, qui analyse le changement climatique causé par la structure urbaine du quartier de l’innovation (QI), qui était situé dans l’arrondissement de Ville Marie au cœur du centre-ville de Montréal, dans le cadre d’un projet pilote avec le laboratoire Vie Intelligente (LABVI) de Montréal, ainsi que l’analyse des données urbaines de la ville de
Montréal. Cette modélisation démontre, qu’une structure urbaine augmente la concentration d'ozone troposphérique (O3) et du dioxyde de carbone (CO2) provoquée par la chaleur dégagée des structures urbaines lors de températures élevées, principale cause de mortalité et de modification du microclimat de nos milieux de vie. Une première divulgation de la stratégie d'adaptation des villes au changement climatique à l'aide de données urbaines, selon notre nouvelle technologie basée sur la théorie de la relativité urbaine.
Volet sectoriel – technico-économique (partie 2)
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Communication orale
La modélisation liée à l’économie et aux changements climatiques au gouvernement du Québec : une approche intégrée.Jean Labbé (Ministère des finances du Québec)
Le ministère des Finances du Québec et le ministère de l’Environnement, de la Lutte contre les changements climatiques, de la Faune et des Parcs s’appuient sur une équipe interministérielle et pluridisciplinaire pour projeter les émissions de gaz à effet de serre et la demande en énergie, estimer les potentiels technologiques de réduction et évaluer les effets sur l’économie de la lutte contre les changements climatiques.
Ces projections sont réalisées à l’aide d’une combinaison de plusieurs modèles, lesquels sont utilisés de façon conjointe afin de bien étudier les interrelations entre l’économie et la lutte contre les changements climatiques. Cela permet d’appuyer les décisions du gouvernement dans le cadre du Plan pour une économie verte 2030 ainsi que dans l’atteinte des objectifs climatiques et énergétiques du Québec.
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Communication orale
Politiques de décarbonation et de résilience : enjeux de cohérenceMarie-Christine Therrien (ENAP - École nationale d'administration publique)
Les politiques de décarbonation visent à réduire les émissions de gaz à effet de serre. Ces politiques sont essentielles pour traite la cause profonde du changement climatique et limiter les impacts. Les politiques de résilience quant à elles visent à renforcer la capacité des communautés et des écosystèmes à s‘adapter et à prospérer face aux impacts des changements climatiques. Bien que ces politiques soient souvent considérées comme distinctes, elles sont en réalité étroitement liées. Le succès des politiques de décarbonation dépend de la capacité des sociétés et des écosystèmes à s’adapter aux changements climatiques, tandis que le succès des politiques de résilience dépend de la réduction des émissions. La coordination des politiques de décarbonation et de résilience implique une cohérence à tous les niveaux de gouvernance, de la localité au niveau international. Nous discuterons de ces aspects en abordant les questions de complémentarité, coordination et cohérence de ces deux types de politiques.
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Communication orale
Les défis des flux massiques et de la carboneutralité dans la modélisation du secteur de la constructionClaudiane Ouellet-Plamondon (ÉTS - École de technologie supérieure)
Le secteur de la construction demande des kilotonnes de ressources en plusieurs catégories de matériaux (béton, acier, matériaux bitumineux, granulats, aluminium, polymères et autres) chaque année. La modélisation des entrants et des sortants à l’échelle régionale et canadienne représente plusieurs défis. Les statistiques canadiennes sont au niveau des flux économiques. Des méthodes d’estimations sont nécessaires pour retrouver les flux physiques de la matière. Les impacts en carbone et énergétiques sont présents à toutes les étapes, c’est-dire pour l’extraction des ressources, la fabrication, le transport, la construction des bâtiments et les infrastructures, ainsi que la gestion de la fin de vie. L’augmentation de la circularité peut amener à réduire la consommation de ressources. Les étapes de valorisation des sous-produits demandent aussi des ressources, des unités d’affaires supplémentaires et des changements de pratiques. Des moyens supplémentaires de stockage de carbone apparaissent nécessaires pour atteindre les objectifs internationaux. La conception de nouveaux bâtiments et ouvrages doit aussi s’aligner aux recommandations internationales pour atteindre la carboneutralité.
Session d’affiches et cocktail
Volet social et comportemental (partie 1)
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Communication orale
L'apport de l'analyse de structures socio-écologiques à la modélisation des trajectoires de transition: inégalités, conflit, latence culturelleÉric Pineault (UQAM - Université du Québec à Montréal)
Les efforts de modélisation des trajectoires de transition vers la carboneutralité ont historiquement peu tenu compte de la différenciation structurelle de la société. Par exemple, la plupart des modèles présuppose l'homogénéité de l'unité d'analyse "ménage", l'économie se divise en sous secteurs d'activités, mais les modèles ne tiennent pas compte d'écart de pouvoir entre les entreprises, ni de l'impact différencié de l'impératif de croissance sur leurs stratégies d'accumulation. La conflictualisation sociale de la transition et la question de la latence culturelle comme déterminant du rapport des individus à la transition, demeurent difficiles à intégrer dans ces modèles. Ce sont des questions qu'aborde l'analyse de structures socio-écologiques (Socio-Ecological Structure Analysis) des sociétés en transition (Eversberg et al. 2021). Cette analyse s'intéresse autant à la position relative des acteurs dans les structures sociales (source d'inégalités socio-économiques), aux identités collectives et à la capacité d'action collective différenciée (source de conflit), ainsi qu'aux représentations sociales des rapports sociétés nature qui émergent de l'expérience de cette positionalité (source de latence culturelle). L'intégration de certaines dimensions de l'analyse de structures socio-écologiques permettrait d'affiner les efforts de modélisation.
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Communication orale
Comparaison des cadres institutionnels américains et canadiens pour la décarbonisation du transport métropolitain en utilisant des modèles intégrés d'aménagement du territoire et dMark Purdon (UQAM - Université du Québec à Montréal), Mark Winfield (York University)
Nous avons enquêté sur la gouvernance de la décarbonisation des systèmes de transport des grandes régions métropolitaines des États-Unis et du Canada, en nous appuyant sur des entretiens avec des informateurs clés à Montréal, Toronto et Los Angeles entre 2020 et 2021. Les résultats révèlent des différences en termes d'organisations de gouvernance et d'institutions, qui pourraient être attribuées à des cadres institutionnels fédéraux différents. Aux États-Unis, des organisations de planification métropolitaine (MPO) mandatées par le gouvernement fédéral ont été exploitées pour faire avancer les objectifs climatiques au niveau régional métropolitain, tandis qu'au Canada, le processus de planification des transports est plus politisé et les provinces ont traditionnellement joué un rôle plus important. La planification de l'aménagement du territoire est dévolue aux gouvernements locaux dans le système fédéral américain, tandis qu'au Canada, elle relève de l'autorité provinciale. Nos résultats suggèrent qu'une combinaison d'éléments institutionnels américains et canadiens pourrait être plus efficace pour la décarbonisation des transports au niveau régional. Nous discutons des résultats à la lumière des théories de la gouvernance climatique transnationale et multiniveau.
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Communication orale
Est-ce que l’équité et les emplois verts peuvent accélérer la transition énergétique au Canada?Alexandre Gajevic Sayegh (Université Laval)
Les modèles qui évaluent les moyens d'atteindre les cibles de réductions de GES négligent un facteur crucial : la politique. Les IAMs, qui évaluent les politiques telles que la tarification du carbone, ne tiennent pas compte de l'acceptabilité sociale ou des impacts sociaux. Or, l’inclusion des facteurs qui influencent l’acceptabilité sociale peut ouvrir la voie à des politiques climatiques plus ambitieuses.
Cet article teste l'hypothèse suivante : l'inclusion de mesures d'équité dans la transition vers l'économie verte aura un impact sur l'acceptabilité sociale de la politique climatique. Cet article identifie et formule des politiques d'équité qui visent à créer des emplois verts et à soutenir les travailleurs dans cette transition. Ces dispositions sont incluses dans les questions de l'enquête évaluant l'acceptabilité sociale des politiques climatiques. Cette recherche se concentre sur deux politiques clés : la tarification du carbone et l'élimination progressive de la production de pétrole et de gaz. Une série de questions d'enquête compare le soutien social à ces deux politiques au Canada, avec et sans les mesures d'équité. Cet article utilise une enquête exclusive (n = 1 500) menée au Canada en 2022. Les mesures d'équité telles que le soutien aux travailleurs et l'investissement dans la création d'emplois verts ont toutes deux augmenté le soutien à un prix plus élevé du carbone et à une diminution plus rapide de la production de pétrole et de gaz.
Volet social et environnemental (partie 2)
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Communication orale
Regard sur les déterminants psychosociaux de l’attachement à l’auto solo – Une approche par modèle de segmentationAnne-Sophie Gousse-Lessard (UQAM - Université du Québec à Montréal), Jérôme Laviolette (Polytechnique Montréal)
Au Québec, la mobilité a principalement été étudiée depuis les disciplines de l’ingénierie des transports et de l’urbanisme. Il semble toutefois que ces approches ne soient pas suffisantes pour comprendre notre dépendance à l'auto solo et mener aux transformations ambitieuses et radicales que les bouleversements environnementaux nous commandent.
La conférence présentera les résultats d’un projet de recherche mandaté par la Ville de Montréal. Un devis mixte combinant des ateliers de discussion citoyens et un questionnaire fut mis sur pied afin de mieux comprendre les facteurs expliquant la possession et l’usage individuel de la voiture.
Dans la première démarche, les données collectées lors des groupes de discussion sont utilisées pour effectuer une segmentation exploratoire par modélisation afin de mieux comprendre les facteurs psychosociaux qui, combinés aux facteurs d’ordre structurel, peuvent expliquer les préférences de mobilité. Dans une démarche parallèle, les données de l’enquête auprès de la population montréalaise (n = 2185) sont utilisées pour modéliser les choix conjoints de possession automobile et d’abonnement à l’autopartage avec incorporation des attitudes via une modélisation de choix discrets avec classes latentes. Ce type d’approche de segmentation psychographique nous semble un outil pertinent qui, combiné à des considérations d’ordre structurel, pourrait informer et guider l’action publique vers des villes plus résilientes.
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Communication orale
Penser la transition énergétique sous l’angle de l’acceptabilité socialeMarie-Luc Arpin (Université de Sherbrooke), Alice Friser (UQO - Université du Québec en Outaouais), Corinne Gendron (Université du Québec à Montréal), Stéphanie Yates (Université du Québec à Montréal)
Face à la crise climatique, il est urgent de changer nos modes de production et de consommation énergétique. Dans cette perspective, le déploiement de projets d’énergies renouvelables semble tout indiqué. Toutefois, comme le montrent plusieurs études récentes, l’argument de l’utilité écologique qui les sous-tend ne suffit pas à convaincre les populations de soutenir ces projets. Quels autres facteurs entrent alors en ligne de compte? C’est ce que nous proposons d’aborder dans cette communication en nous intéressant aux grands principes de l’acceptabilité sociale.
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Communication orale
Indicateurs de transition énergétique pour le Nunavik : approche sociale de la revue de presse et pluridisciplinaritéRobin Chaubier (ÉTS - École de technologie supérieure), Stéphane Gibout (Université de Pau et des Pays de l’Adour), Didier Haillot (École de Technologie Supérieure), Teva Meyer (Université de Haute-Alsace)
Au Nunavik, l’accès à l’énergie est complexe et coûteux. En effet, le climat et le manque d’infrastructures y sont un obstacle. Les systèmes énergétique en place encore aujourd’hui impose à la région une forte dépendance aux énergies fossiles dans tous les usages.
Par ailleurs, les communautés du Nunavik font savoir leur volonté de maîtriser leur destin. Actuellement, la transition s’opère principalement autour des modes de production d’électricité qui sont de plus en plus adjoints à des modes de production alternatifs, le mode actuel, basé sur l’utilisation de génératrices, étant aussi un problème d’ordre sanitaire.
Afin de faciliter la lecture de la transition, ce projet de recherche vise à construire un ensemble d’indicateurs sur une base à la fois technique et sociale. A partir d’une analyse de journaux locaux, un cadre thématique est mis en place pour structurer le choix des indicateurs. Celui-ci choix sera pluridisciplinaire afin qu’il permette de comprendre sa dynamique, ses limites, et ses barrières.
Cette méthodologie permet de structurer les indicateurs selon le contexte et la perception des parties prenantes du Nunavik afin qu'elles puissent se les approprier et que leur analyse et leur interprétation soit simplifiée. Ce projet prend part à un programme de recherche international : ENERGON. Celui-ci vise à appliquer des méthodologies similaires sur différents territoires (les Observatoires Homme-Milieu), afin de comparer les résultats et d’évaluer les approches.