Informations générales
Événement : 90e Congrès de l'Acfas
Type : Colloque
Section : Section 200 - Sciences naturelles, mathématiques et génie
Description :Partout dans le monde, les écosystèmes aquatiques continentaux (rivières, lacs, fleuves) s’enrichissent en matière organique et en nutriments en réponse à des changements sur le plan du climat, de l’utilisation du territoire ou de la gestion de l’eau. À l’autre bout du continuum terrestre-aquatique, d’importantes superficies d’eaux faiblement oxygénées (hypoxiques) et acidifiées sont détectées dans les fonds estuariens. Dans tous ces écosystèmes, ces tendances sont associées à un ou à plusieurs des symptômes : proliférations d’algues toxiques ou nuisibles, réduction des rendements de pêche et dégradation générale de la santé des écosystèmes aquatiques et des services (par exemple irrigation, potabilité, loisirs) qu’ils procurent. Les bassins versants et les eaux du Saint-Laurent ne font pas exception. Dans le Saint-Laurent comme ailleurs, ces enjeux sont liés, mais demeurent mal compris, car ils sont souvent étudiés en vase clos et se concentrent sur des compartiments particuliers d’un écosystème immense drainant un territoire de plus d’un million de kilomètres carrés. Il est donc urgent de mieux comprendre les sources de nutriments et de matières organiques, leur rétention et leur transformation ainsi que leurs impacts sur les processus biologiques, chimiques et physiques dans les différentes portions du fleuve, y compris son bassin versant, d’une façon intégrée.
Date :Format : Sur place et en ligne
Responsables :- Jean-Francois Lapierre (UdeM - Université de Montréal)
- Jean-Éric Tremblay (Université Laval)
- François Guillemette (UQTR - Université du Québec à Trois-Rivières)
- Marie-Andrée Fallu (UdeM - Université de Montréal)
- Karolane Dufour (Université Laval)
- Elizabeth Grater (UQTR - Université du Québec à Trois-Rivières)
Programme
Bloc 1
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Communication orale
Chute marquée des concentrations d’oxygène dissous dans les eaux profondes de l’estuaire maritime du Saint-Laurent entre 2019 et 2022Gwénaëlle Chaillou (Institut des sciences de la mer de Rimouski), Mathilde Jutras (Université McGill), Alfonso Mucci (Université McGill), William Nesbitt (Université Dalhousie), Douglas Wallas (Université Dalhousie)
La baisse des concentrations d’oxygène dissous dans les eaux profondes de l’estuaire maritime du Saint-Laurent est un problème connu depuis plusieurs décennies. Alors que la concentration minimum d’oxygène dans l’estuaire s’était stabilisée entre 50 et 60 µmol/kg entre le début des années 2000 et 2019, plusieurs équipes ont mesuré en 2020 et 2021 des concentrations autour de 35 µmol/kg, représentant une chute marquée et soudaine. Cette chute s’explique par la poursuite d’une tendance observée depuis déjà quelques décennies, soit une baisse de la contribution en eaux froides et riches en oxygène du Courant du Labrador aux eaux profondes du chenal Laurentien, au profit d’eaux chaudes et pauvres en oxygène du Gulf Stream. En 2020, cette contribution était même nulle au détroit de Cabot, ce qui signifie que les concentrations minimales en oxygène dissous à la tête de l’estuaire maritime vont continuer de chuter dans les trois à quatre prochaines années, le temps que ces eaux transitent jusqu’à Tadoussac.
Cette baisse marquée s’accompagne de l’apparition d’hypoxie sévère dans des zones précédemment non touchées, comme la tête du chenal Esquiman et du chenal d’Anticosti. L’aire de la zone hypoxique dans l’estuaire maritime est elle-même sept fois plus importante en 2021 qu’elle ne l’était en 1993, ce qui impose un stress important sur les écosystèmes.
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Communication orale
Assemblages de foraminifères benthiques du chenal Laurentien de l'estuaire maritime et du golfe du Saint-Laurent: traceurs d'hypoxie des eaux de fondTiffany Audet (UQAM - Université du Québec à Montréal), Alfonso Mucci (Université McGill), Marit-Solveig Seidenkrantz (Université Aarhus), Anne de Vernal (Université du Québec à Montréal)
Au cours du dernier siècle, une augmentation des températures et une diminution des concentrations en oxygène dissous ont été observées dans les eaux de fond du chenal Laurentien (CL), dans l’estuaire maritime (EMSL) et dans l’ouest du Golfe du Saint-Laurent (GSL). Afin de documenter l'impact de ces changements, nous avons analysé les assemblages de foraminifères benthiques et la composition géochimique de quatre carottes de sédiments prélevées dans le CL. Les mesures radiométriques (210Pb, 226Ra, 137Cs) indiquent que les carottes étudiées couvrent les 50 dernières années dans l’EMSL et les ~160 dernières années dans le GSL. L'enregistrement sédimentaire révèle une diminution de 60 à 65 % de la diversité taxonomique des foraminifères benthiques dans le CL depuis les années 1960. Un changement majeur des assemblages de foraminifères est observé approximativement au même moment à toutes les stations étudiées, vers la fin des années 1990 et le début des années 2000. Il est marqué par une transition vers des assemblages dominés par des taxons tolérants vis-à-vis l'hypoxie : Brizalina subaenariensis, Eubuliminella exilis et Globobulimina auriculata. Ce changement reflète les incursions de la zone hypoxique dans l’ouest du GSL au cours des dernières décennies. Les résultats mettent en évidence le potentiel des assemblages de foraminifères benthiques comme proxy de l'hypoxie des eaux de fond.
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Communication orale
Temporalité des concentrations de carbone organique dissous des rivières : L’utilisation des terres et l’hydrogéomorphologie peuvent-elles expliquer la variabilité régionale?Jade Dormoy-Boulanger (UQTR - Université du Québec à Trois-Rivières), François Guillemette (UQTR), Jean-François Lapierre (UdeM)
Au cours des dernières décennies, la remédiation des pluies acides et les changements climatiques ont causé une augmentation de la concentration en carbone organique dissous (COD) des rivières boréales. Les impacts sur la qualité de l’eau, comme la compromission des réserves et traitements d’eau potable, sont nombreux. Cependant, cette augmentation généralisée du COD présente des variations régionales inexpliquées. Nous adressons ici ces différences à l’aide de modélisations explorant les effets de l’utilisation de terres et de l’hydromorphologie sur les tendances historiques (1985-2019) de la concentration en COD de 91 stations situées sur 54 tributaires du fleuve Saint-Laurent. Nous avons trouvé majoritairement des augmentations des concentrations, surtout en régions forestières. Les régions agricoles se sont révélées plutôt stables dans le temps ou présentant des baisses, tandis que les régions urbanisées n’ont eu aucun impact sur les variations historiques du COD. Quand les facteurs hydrogéomorphologiques sont ajoutés au modèle, l’élévation d’un bassin versant, accompagnée par les surfaces couvertes de milieux humides, promeuvent également les augmentations historiques, soulignant l’importance d’incorporer l’hydromorphologie et les activités humaines dans l’évaluation de la qualité de l’eau et l’optimisation des traitements des usines d’eau potable.
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Communication orale
Contribution des apports fluviaux dans la déposition de la matière organique dans les eaux hypoxiques et acidifiées de l’estuaire maritime du Saint-LaurentAude Boivin-Rioux (Pêches et Océans Canada), Michel Gosselin (Institut des sciences de la mer de Rimouski), David Lévesque (Pêches et Océans Canada), Michel Starr (Institut Maurice-Lamontagne)
L’accroissement des apports fluviaux en nutriments et en matière organique issus principalement des rejets d’effluents domestiques, industriels et agricoles ou des eaux de ruissellement constitue une menace pour la santé des eaux côtières. Ces apports accrus peuvent avoir de nombreuses conséquences indésirables, notamment en amplifiant la désoxygénation et l'acidification des océans. L’un des objectifs du programme SECO.Net (St. Lawrence Ecosystem Health Research and Observation NETwork) est de déterminer à quel point les apports fluviaux en nutriments et en matière organique détériorent la santé de l’estuaire du Saint-Laurent. Pour répondre à cet enjeu, des pièges à particules (aire de collecte : 0.5 m2) ont été installés à 125 et à 260 m de profondeur dans l’estuaire maritime du Saint-Laurent pour quantifier les flux saisonniers de matière organique particulaire sur une période de deux ans. Les résultats de cette étude démontrent que la déposition maximale de matière organique particulaire dans les eaux de fond survient principalement au cours de l’hiver et lors de la crue printanière – c’est-à-dire bien avant le développement estival de la floraison phytoplanctonique dans l’estuaire maritime. Nos résultats supportent l’hypothèse selon laquelle les apports fluviaux en matière organique contribuent à l’hypoxie et à l’acidification des eaux profondes de l’estuaire du Saint-Laurent et que ceci devrait être considéré dans l’élaboration des mesures d’atténuation.
Bloc 2
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Communication orale
Déclin de la végétation aquatique submergée au lac Saint-Pierre entre 2002 et 2021Conrad Beauvais (ECCC), Philippe Brodeur (MELCCFP), Paschale Noël Bégin (MELCCFP), Chantal Côté (MELCCFP), Marie-Josée Gagnon (MELCCFP), Martin Laporte (Gouvernement du Québec), Frédéric Lecomte (MELCCFP), Julien Mainguy (MELCCFP), Marc Mingelbier (MELCCFP), Émilie Paquin (MELCCFP), Yves Paradis (MELCCFP), Remy Pouliot (MELCCFP), Zofia E. Taranu (ECCC)
La végétation aquatique submergée (VAS) joue plusieurs rôles écologiques cruciaux et offre des services écosystémiques inestimables aux sociétés humaines. Cependant, une tendance mondiale montre un déclin de la VAS généralement causé par la hausse des matières en suspension et de nutriments dans l’eau. La VAS du lac Saint-Pierre a été étudiée entre 2002 et 2021. La probabilité d’observer de la VAS aux différentes stations d’échantillonnage est passée de 75% en 2002 à 20% en 2021. Ce déclin de la VAS est accompagné d’un changement de composition de la communauté végétale principalement attribuable à la diminution de la vallisnérie d’Amérique (Vallisneria americana). L’augmentation du niveau d’eau, de la température estivale et de la turbidité auraient contribué à ces changements. Un potentiel refuge photique associé à la masse d’eau des Grands Lacs supporterait la VAS dans lac Saint-Pierre. Toute intervention réduisant la dispersion de cette masse d’eau dans le lac Saint-Pierre devrait être évitée. Des actions de gestion visant l’amélioration de la qualité de l’eau du lac Saint-Pierre et ses tributaires sont nécessaires afin de protéger et restaurer cette réserve mondiale de la biosphère de l’UNESCO.
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Communication orale
Suivi de la biodiversité aquatique dans le continuum du fleuve St-Laurent : importance du climat, de l’hydrologie, des espèces invasives et des conditions physico-chimiques1Conrad Beauvais (ECCC), Andrea Bertolo (UQTR), Patricia Bolduc (UQTR), Ty Colvin (McGill), Vincent Fugère (UQTR), Christian Gagnon (ECCC), Andrée Gendron (ECCC), Magali Houde (ECCC), Maude Lachapelle (ECCC), Pierre Legendre (UdeM), Christine Martineau (NRCan), Bernadette Pinel-Alloul (UdeM), Anthony Ricciardi (McGill), Audrey Roy-Lachapelle (ECCC), Zofia Taranu (Environnement et Changement Climatique Canada (ECCC)), Kennedy Zwarych (McGill)
Les macrosystèmes fluviaux comprennent un réseau hydrologique d'habitats fluviaux et terrestres interconnectés. Ces macrosystèmes sont organisés à la fois par un gradient longitudinal continu et par différentes masses d'eau (lacs fluviaux) qui causent des discontinuités le long de la dimension transversale. L'interaction entre ces axes peut avoir un impact considérable sur la répartition des communautés aquatiques. Au Canada, la plupart des études menées dans les grands écosystèmes fluviaux se sont concentrées sur les estuaires. Rares sont ceux qui ont évalué les effets des réseaux hydrologiques, de l'hétérogénéité environnementale, des changements climatiques et des espèces envahissantes sur un continuum fluvial à estuarien. Une occasion unique d'examiner cette question s'est présentée dans le fleuve Saint-Laurent, l'un des plus grands fleuves du monde, composé d'une mosaïque de zones hydrogéomorphes à forte connectivité longitudinale et transversale. Ici, je présente un aperçu des projets collaboratifs qui examinent comment les processus hydrologiques, environnementaux et climatiques affectent les communautés aquatiques du fleuve en termes de biodiversité, de fonction et de rétablissement. Nous avons examiné cette question à la fois à l'échelle locale et sur le continuum fluvial. Nous avons également considéré la dynamique saisonnière à pluriannuelle. Ensemble, ces études visent à suivre les changements de la composition des espèces face aux pressions anthropiques.
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Communication orale
Suivi des masses d’eau du fleuve Saint-Laurent : variabilité spatiale et temporelle des variables physico-chimiquesDominic Vachon (Ministère de l’Environnement, de la Lutte contre les changements climatiques, de la Faune et des Parcs)
La qualité de l’eau du fleuve Saint-Laurent est grandement influencée par les Grands Lacs, mais aussi par ses multiples tributaires, la plupart grandement affectés par les activités humaines. Ceux-ci exercent donc une grande influence sur l’intégrité des écosystèmes du fleuve Saint-Laurent. De plus, la physico-chimie de ses masses d’eau a un impact non négligeable sur le fonctionnement des écosystèmes situés en aval, tels l’estuaire moyen et le golfe Saint-Laurent. Dans cette perspective, le ministère de l'Environnement, de la Lutte contre les changements climatiques, de la Faune et des Parcs suit depuis les années 1990 plusieurs variables physico-chimiques des masses d’eau du fleuve entre Valleyfield (ouest de Montréal) et l’île d’Orléans (pointe ouest). Le suivi actuel consiste en sept transects (rive nord-rive sud) de trois stations chacune, et six stations uniques, pour un total de 27 stations. Cette communication a pour but de présenter la variabilité spatiale (amont-aval), la variation saisonnière ainsi que les tendances à long terme des différentes variables physico-chimiques, notamment l’azote, phosphore et le carbone. Les résultats présentés contribueront à la réflexion sur les enjeux émergents en lien avec la physico-chimie des eaux du fleuve Saint-Laurent.
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Communication orale
Identification de points de contrôle sur le territoire afin d’influencer les éléments qui sont livrés aux rivières ainsi que leur stœchiométrieRoxane Maranger (Université de Montréal, GRIL), Stéphanie Shousha (UdeM - Université de Montréal)
Influencés par des facteurs naturels ou anthropiques, plusieurs aspects du territoire impactent la biogéochimie des rivières. Comprendre comment ils agissent sur ces écosystèmes aquatiques est crucial pour les gérer et les maintenir en santé. Le Net anthropogenic nitrogen and phosphorus inputs (NANI/NAPI) est une approche de balance de masse relativement simple qui permet d’identifier des régions sur le territoire où les nutriments sont en forte concentration, en fonction d’activités humaines (agriculture et urbanisation). Cette approche a déjà été utilisée avec succès pour prédire le N et P livrés aux rivières. Par contre, peu de tentatives de calculer NANI/NAPI ont été effectuées à des échelles pertinentes pour la gestion, ou ont quantifié comment les changements historiques ont influencé l’importance relative des nutriments. Nous présentons quelques exemples de l’applicabilité de NANI/NAPI comme étant un outil pertinent pour la gestion des bassins versants à l’échelle la plus fine possible, celle de la municipalité. De plus, nous montrons comment des changements historiques et des interventions humaines sur le territoire ont altéré de façon différentielle ce qui est livré aux rivières ainsi que la stœchiométrie de ces éléments, afin de fournir des solutions de réduction.
Dîner
Bloc 3
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Communication orale
Le rôle des hydroxides et des sulfides de fer dans la préservation de la matière organique naturelle dans les sédiments de l’estuaire et du golfe du St-LaurentKathryn Balind (Université Concordia), Andrew Barder (Université Condordia), Yves Gélinas (Université Concordia), Mina Ibrahim (Université Concordia), Karine Lalonde (Université Concordia), Yeganeh Mirzaei (Université Concordia), Anja Moritz (Université Concordia), Samaneh Naghibalhosseini (Université Concordia), Maria Elena Radu (Université Concordia), Adriana Reitano (Université Concordia), Alexandre Tétrault (Université Concordia)
Les sédiments marins des environnements côtiers séquestrent une grande quantité de matière organique naturelle, qui peut ainsi échapper à la reminéralisation par dégradation bactérienne, et forment le puits le plus important pour la matière organique à l’échelle des temps géologiques. Les fortes associations entre les minéraux tels que les hydroxydes ou les sulfures de fer et la matière organique sédimentaire jouent un rôle fondamental dans cette préservation. Malgré l'importance de ce mécanisme de protection dans l'équilibre du budget global du carbone, on sait encore peu de choses sur le(s) compartiment(s) où ces interactions se forment, sur les sources et la composition de la matière organique préférentiellement associée à ces particules minérales, de même que sur le sort de la matière organique associée aux minéraux lorsqu'elle est transportée à travers le gradient redox entre l’interface eau sédiment oxygénée et les couches réductrices des sédiments. Le continuum entre eaux douces continentales et eau salée océanique de l’estuaire et du golfe du St-Laurent, de même que les hautes concentrations en fer ferrique et ferreux que les sédiments contiennent, en font un endroit idéal pour l’étude de ces questions. Dans le cadre de cette présentation, les connaissances actuelles sur ce mécanisme fondamental pour cet écosystème menacé seront présentées, et les besoins les plus pressants en recherche sur ce thème seront identifiés.
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Communication orale
Variations saisonnières des gradients et des flux de CO2 le long de l’estuaire et du golfe du Saint-LaurentAlfonso Mucci (Université McGill)
L'estuaire et le golfe du Saint-Laurent sont des composantes du plus grand système estuarien sur Terre. Quoique le sujet de nombreuses études, aucune mesure des pressions partielles en CO2 (pCO2) dans leurs eaux de surface a été publiée avant 2017 et ces dernières provenaient exclusivement de la période estivale. Elles révèlent que le fleuve livre des eaux fortement enrichies en CO2 à l’estuaire supérieur, que la pCO2 décroît en aval et atteint un minimum dans l’estuaire maritime où le CO2 est activement pris en charge pour la photosynthèse. Alors que la concentration des nutriments et la productivité primaire diminuent progressivement et le temps de résidence de l’eau augmente dans le golfe, les pCO2 approchent la concentration atmosphérique. Durant la période estivale, les pCO2 en surface sont donc fortement modulées par l’hétérotrophie à la source (le fleuve) et par la productivité primaire dans l’estuaire. En février 2019, suite à une mission hivernale sur le NGCC Amundsen, une première série de mesures a enfin été effectuée. En hiver, les pCO2 en surface à la tête de l’estuaire sont beaucoup moins élevées que durant la période estivale et sont près des valeurs atmosphériques dans tout l’estuaire et le golfe. Étant donné les faibles gradients à l’interface air-mer et la présence de glace en hiver, les flux de CO2 à travers l’interface air-mer dans l’estuaire et le golfe sont négligeables comparés aux flux en été.
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Communication orale
Destin de la matière organique particulaire de la surface aux eaux profondes et hypoxiques de l’estuaire du Saint-LaurentMichel Leboeuf (Pêches et Océans Canada), David Lévesque (Institut Maurice-Lamontagne), Michel Starr (Institut Maurice-Lamontagne)
Les eaux hypoxiques et profondes de l’estuaire du Saint-Laurent sont alimentées par des apports de matière organique particulaire (POM), provenant du bassin versant et de la production autochtone, par la pompe biologique. Ce processus lie l’eutrophisation des eaux de surface à l’hypoxie des eaux profondes. Dans ce contexte, nous avons 1) réalisé un bilan de la matière organique pour l’estuaire en mai, août et octobre (2016-17), 2) étudié les propriétés intrinsèques du POM le long de son parcours entre la surface et le fond et 3) exploré le lien entre la dégradation du POM et les concentrations en oxygène. Pour l’estuaire moyen, entre 64 et 90% du POM était soit retenus, soit transformés avant l’estuaire maritime. Pour ce dernier, la production de POM était de 29 à 41 fois les apports combinés des tributaires et du Golfe en août tandis qu’elle variait entre 2 et 10 fois pour les mois de mai et d’octobre. La chlorophylle et la profondeur expliquaient à 80-90% (R2adj.) les concentrations de POM. Le carbone organique contribuait potentiellement à 95% de l’utilisation apparente de l’oxygène entre la surface et le fond de l’estuaire maritime, dont près de 90% dans les premiers 150 m. Nos résultats soulignent l'importance de considérer explicitement la matière organique dans les programmes de surveillance de l'eutrophisation de l'estuaire du Saint-Laurent, car sa minéralisation est impliquée dans les processus de désoxygénation des eaux profondes.
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Communication orale
De l’eutrophisation des eaux côtières à l’hypoxie de l’estuaire maritime : développement d’indices de vulnérabilité et utilisation de traceursGwénaëlle Chaillou (UQAR - Université du Québec à Rimouski)
L’eutrophication et la désoxygénation des eaux côtières est une problématique mondiale, principalement liée au développement économique et à l’anthropisation des zones côtières, et exacerbée par les changements climatiques. Aujourd’hui, ce sont plus de 400 systèmes côtiers qui sont répertoriés comme eutrophisés et hypoxiques. L’estuaire maritime du Saint-Laurent en fait partie. Il se caractérise par une désoxygénation persistante de ses eaux de fond (> de 250 m) depuis près de 80 ans qui s’est drastiquement amplifiée les deux dernières années en réponse à des changements de circulation dans l’Atlantique nord. Dans cette présentation, j’aborderai la nécessité de développer des outils (indices et indicateurs) nécessaires à l’anticipation et au monitorage des symptômes de l’eutrophisation et de la désoxygénation dans l’estuaire et le golfe du Saint-Laurent. Dans un premier temps, je discuterai du développement d’un indice cartographique qui montre intuitivement la sensibilité intrinsèque du milieu côtier à l’eutrophisation. Cet outil a été développé selon la méthode Delphi (en itération continue avec un groupe d’experts) et vise à répondre à des exigences réglementaires. Dans une deuxième partie, je présenterai la distribution spatiale du rapport N2 sur Ar (N2/Ar) dans le gradient hypoxique, un traceur qui permet de quantifier les processus de dénitrification et d’explorer les voies métaboliques de l’azote dans les zones d’oxygène minimum.