113 - La médecine dentaire d’aujourd’hui, une partie intégrale de la santé globale

Santé publique

• Communication orale 09 h 00
  La bouche fait partie du corps et les soins médicaux doivent inclure la bouche
  Paul Allison (Université McGill)

  Pour une série de raisons historiques, dans les pays dits développés, les soins dentaires impliquent des systèmes et des professionnels de santé différents de ceux utilisés pour soigner le reste du corps. Il s'agit d'une erreur fondamentale, qui était compréhensible lorsque les soins de santé modernes se développaient il y a 150 ou 200 ans, mais qui n'est plus acceptable aujourd'hui. Tout comme les maladies du corps, les maladies des dents et de la bouche sont liées à la pauvreté, à l'éducation, à l'emploi et à d'autres déterminants sociaux, et sont causées par le sucre, le tabac et l'alcool. Comme le reconnaît l'Organisation mondiale de la santé, les caries dentaires et les maladies parodontales sont des maladies chroniques non transmissibles au même titre que les maladies cardiovasculaires, respiratoires et endocriniennes et le cancer, qui sont toutes mieux gérées par des stratégies préventives collectives. En plus de cela, les groupes marginalisés, qui sont les plus à risque de souffrir de toutes ces maladies bucco-dentaires et générales, souffrent également des obstacles les plus importants à l'obtention de soins de santé, qu'ils soient médicaux ou dentaires. Et le système de soins dentaires largement privé ne fait qu'ajouter aux problèmes rencontrés par ces groupes. Il est donc urgent d'opérer des changements radicaux pour intégrer les soins dentaires aux soins médicaux au niveau des professionnels et de leur formation, et par la réforme du système.

• Communication orale 09 h 30
  L’accès aux soins dentaires au Québec : les soins préalables aux traitements médicaux
  Elise Bertrand (Ministère de la Santé et des Services sociaux)

  Dans la foulée de sorties médiatiques récentes concernant le besoin de prise en charge des soins dentaires préalables à certains traitements médicaux et dans le contexte de l’analyse de l’accès aux soins dentaires effectuée par le ministère de la Santé et des Services sociaux, cette conférence a comme objectif de discuter des besoins d’accès aux soins dentaires au Québec, particulièrement concernant les soins préalables aux traitements médicaux.

• Communication orale 10 h 00
  La gérodontologie actuelle et future
  Christian Caron (Université Laval)

  Cette conférence permettra aux personnes y assistant de mieux comprendre ce qu’est la gérodontologie, son étendue, ses acquis et le développement des nouvelles avenues et connaissances de ce secteur clinique de la dentisterie. Dans cette présentation, on définira premièrement la clientèle visée par ce secteur de spécialisation de la dentisterie, les grands défis de l’accès aux soins de cette clientèle, les grands enjeux de traitements même lorsque les professionnels sont disponibles pour leurs offrir des soins. Ensuite, on abordera la grande diversité et disparité des modèles de soins offerts à travers le Canada dont la disponibilité est liée à l’urbanité ou la ruralité des réalités géographiques. On traitera des enjeux de dépistage précoce des pathologies et d’un outil canadien développé récemment pour diminuer les temps de prise en charge des patients. Ensuite on discutera de l’utilisation de produits chémothérapeutiques actuels et futurs en prévention de la carie dentaire, présentement endémique dans la population hébergée en soins de longue durée. Pour terminer, on se penchera sur les avenues futures de la consultation avec un professionnel dentaire qualifié pour les clientèles vulnérables plus difficilement déplaçable par l’utilisation des nouvelles technologies.

Santé globale

• Communication orale 11 h 00
  Les (plus de) 200 diagnostics du dentiste ne s’arrêtent pas à la bouche
  Gisèle Mainville (UdeM - Université de Montréal)

  Les maladies buccodentaires peuvent parfois être signes d’autres conditions médicales, comme le diabète, une immunodéficience, certains cancers ou des maladies gastro-intestinales, par exemple. Grâce à sa formation universitaire exhaustive, le dentiste est le mieux placé pour diagnostiquer et aider à prévenir des centaines de maladies buccodentaires et leurs ramifications sur la santé générale, à toute les étapes de la vie. Mais, comme bien d’autres pays du monde, le Canada a de la difficulté à offrir à plusieurs segments de sa population les soins buccodentaires dont ils ont besoin. Lorsqu’un problème médical est décelé par le dentiste, la question du manque de couverture des soins est souvent soulevée par les patients. Cette conférence a comme objectifs de présenter l’examen buccodentaire dans son ensemble et de le mettre en valeur comme opportunité de détection précoce d’une vaste gamme de maladies, en présentant des exemples saillants et des données probantes. Dans l’optique d’améliorer les soins aux patients, l’intégration des soins buccaux dans le système de santé publique et la collaboration interdisciplinaire entre professionnels de la santé seront aussi abordés.

• Communication orale 11 h 30
  La relation bidirectionnelle entre les maladies parodontales et les maladies systémiques
  Nancy Mouradian (Université Laval)

  Les connaissances actuelles démontrent qu'il y a des associations entre les maladies parodontales et la santé globale. Autrement, plusieurs facteurs systémiques peuvent initier ou aggraver cette maladie buccale. Cette présentation fait un survol de cette relation bidirectionnelle, des évidences actuelles et des avenues de recherche futures sur le sujet.

• Communication orale 12 h 00
  Prendre en charge le patient présentant une dysoralité
  Jean-Louis Sixou (Faculté d'Odontologie de l'Université de Rennes)

  Tout praticien peut être confronté à des patients qui ne supportent pas un instrument ou une brosse à dents dans leur cavité buccale. Parfois, le contact cutané est difficile, voire impossible, surtout au niveau de la tête. Et il ne s’agit pas toujours de patients avec une pathologie associée. Adulte ou enfant, ils peuvent parfois mener parallèlement des études, avoir une vie professionnelle ou sociale, malgré leurs difficultés d’interaction avec le monde via leurs sens. L’objectif de ce travail est de permettre au chirurgien-dentiste de (re)connaître cette pathologie, savoir la détecter et prendre en charge ces patients en collaborant avec les autres professionnels de santé.

Pause lunch

Session d’affiches

• Communication par affiche 13 h 01
  Accentuer l’emphase sur l’expérience du patient dans la recherche en santé buccale – Élaboration et incorporation des PROM et PREM
  Caroline Bissonnette (UdeM - Université de Montréal)

  Traditionnellement, les études interventionnelles en santé buccale ont utilisé des mesures de résultats rapportés par les cliniciens et chercheurs (CROM – Clinician reported outcomes measures) pour établir l’efficacité clinique d’une intervention. En 2001, un changement de paradigme a débuté à la Food and Drug Administration (FDA), mettant l’emphase sur l’incorporation des mesures de résultats du point de vue du patient (PROM – Patient reported outcome measures). En 2017, l’organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) a proposé l’initiative PaRIS (Patient-Reported Indicators Surveys) dans le but de déterminer et créer des mesures de résultats et d’expériences (PREM – Patient reported experience measures) propres au patient ainsi que de rendre nos systèmes de santé plus centrés sur le patient. Par des questionnaires standardisés, ces instruments permettent d’incorporer la perception du patient sur sa santé ou expérience des soins de santé sans l’intervention d’un professionnel. Cette présentation a pour objectif de sensibiliser à la création et l’intégration des PROMs et PREMs dans la recherche en santé buccale. Plus spécifiquement, elle fera état des outils généraux et plus spécifiques à des conditions particulières communément utilisés en médecine buccale, leurs limitations, ainsi que comment ils peuvent être incorporés à des ensembles de résultats de base (COS - Core outcome sets) pour les études interventionnelles.

• Communication par affiche 13 h 02
  L’apport des technologies numériques en oncologie bucco-dentaire : une (r)évolution au service des patients dans leur parcours de soins
  Eric Dufresne (UdeM - Université de Montréal)

  L’utilisation des technologies numériques fait maintenant partie intégrante de très nombreuses approches thérapeutiques en médecine dentaire. Ces modalités trouvent notamment un écho particulier en oncologie bucco-dentaire en raison de la complexité des traitements à réaliser. Cette présentation nous donnera l’opportunité d’apprécier l’apport de ces approches digitales aussi bien dans les bilans pré-radiothérapie avec le développement de nouvelles solutions web de cartographique des champs de traitement que dans la planification chirurgicale pré-prothétique avec le binôme imagerie 3D et simulations implantaires et enfin la réhabilitation maxillo-faciale avec les prises d’empreinte optique, la conception virtuelle des épithèses, le processus d’impression 3D associé et le développement afférent de matériaux d’impression innovants. Toutes ces avancées technologiques sont autant d’opportunités permettant d’enrichir le champ des possibles en matière de réhabilitation maxillo-faciale que de changement de paradigme pour les équipes soignantes en charge de ces patients.

• Communication par affiche 13 h 03
  Effets de la modulation du noyau sensoriel principal du Trijumeau sur les mouvements masticatoires
  Sophia Dubois (Université de Montréal), Dominic Falardeau, Arlette Kolta (Université de Montréal), Ohini Yanis Sanvi (Université de Montréal)

  Les mouvements rythmiques sont produits par des réseaux de neurones capables de générer un patron de décharge rythmique. Les mécanismes sous-jacents à cette rythmogénèse sont encore peu compris. Le réseau responsable de la mastication est situé dans le tronc cérébral où nous avons identifié des neurones, dans le noyau sensoriel principal trigéminal (NVsnpr), capables de générer une activité rythmique sous l’influence des astrocytes qui en libérant une protéine pouvant chélater le Ca2+ augmentent une conductance sodique persistante (INaP) rythmogénique. Le but de ce projet est de valider in vivo ces données obtenues in vitro. En premier lieu, nous avons examiné si la manipulation des neurones du NVsnpr produisait la mastication ou altérait la mastication produite par la stimulation de l’aire corticale masticatoire (ACM). Pour cela, nous utilisons des souris transgéniques exprimant la ChR2 sous le contrôle des promoteurs neuronaux VGluT2 ou Thy1. La photostimulation de l’ACM a induit la mastication dans 20/24 souris. Dans 2 souris, la fréquence et l’amplitude masticatoire ont diminué suite à l’injection dans le NVsnpr de riluzole ou de 4,9TTX (bloqueurs de INaP). De plus, la photostimulation bilatérale du NVsnpr a induit des mouvements masticatoires (n=1). Ces données préliminaires suggèrent que le NVsnpr est impliqué dans la genèse des mouvements masticatoires. Nos prochaines expériences porteront sur la modulation des réseaux astrocytaires du NVsnpr afin d’évaluer leur rôle.

• Communication par affiche 13 h 04
  Effets d'une distraction sonore personnalisée sur le fardeau de soin (anxiété, douleur et insatisfaction) associé à une greffe gingivale autogène chez les adultes
  Jadziah Pilon (Université de Montréal), Emilie Ponton

  L'anxiété des patients peut mener l'évitement de leurs traitements dentaires. Cet évitement est souvent amplifié par la peur de la douleur et de l'insatisfaction. L'anxiété, la douleur et l'insatisfaction peuvent être regroupés en une mesure composite nommée fardeau de soins. Le présent projet a pour but d'évaluer les effets d’une distraction sonore personnalisée sur le fardeau de soins engendré par une chirurgie de greffe gingivale en comparaison à l’écoute d’un livre audio (condition contrôle).

  Affiche
• Communication par affiche 13 h 05
  Étude de la réactivité astrocytaire dans le système trigéminal d'un modèle de douleur orofaciale chronique
  Dar'ya Sas

  Les conditions de douleur chronique sont la principale cause d'invalidité, avec la douleur musculo-squelettique étant la plus courante. Cependant, les mécanismes sous-jacents à la douleur chronique ne sont pas bien compris, les traitements sont peu efficaces et les coûts pour la santé sont considérables. La douleur est souvent associée à des entrées sensorielles primaires de petit calibre, mais certaines études suggèrent également l'implication de celles de gros calibre. Des études antérieures du laboratoire utilisant un modèle de douleur chronique au niveau oro-facial démontrent une augmentation de longue durée de l’excitabilité des afférences des fuseaux neuro musculaires qui est dépendante d’un courant sodique persistant. Parmi plusieurs études sur la douleur chronique indiquant une implication astrocytaire, une étude du laboratoire démontre une modulation astrocytaire de l’excitabilité neurone par la libération d’un chêlateur de calcium. L’objectif principal de ce projet est de déterminer si les astrocytes causent l’hyperexcitabilité mentionné ci-haut. Cela est étudié dans un modèle de myalgie chronique au niveau du système trigéminal et des afférences sensorielles primaires de gros calibre. Cette étude permettra une meilleure compréhension des mécanismes impliqués dans le développement de la myalgie chronique et pourrait conduire à une approche thérapeutique prometteuse.

Histoire, technologies et futur de la médecine dentaire

• Communication orale 14 h 00
  Est –il temps d’innover avec les soins et services buccodentaires virtuels? Promesses, Défis et Pistes de solutions
  Pascaline Kengne Talla (Université McGill)

  Les soins et services buccodentaires virtuels offrent une opportunité précieuse de répondre adéquatement aux besoins de la population, des professionnels de la santé dentaire et du système de santé. C’est un modèle de soins qui permet un accès plus rapide aux services pour les patients. Quant aux professionnels de la santé dentaire, il s'agit d'une occasion d'offrir des soins plus efficaces et de mieux coordonner ceux-ci avec les patients et d'autres professionnels de la santé. Cependant, divers enjeux (personnels, organisationnels, contextuels, économiques et éthiques) limitent l'intégration de ces soins et services dans les pratiques professionnelles et les environnements cliniques. Des pistes de solution seront discutées pour répondre à ces préoccupations, en vue de soutenir l’offre et la qualité des soins qui répondent aux besoins et aux valeurs des patients et des professionnels de la santé dentaire.

• Communication orale 14 h 30
  Perspectives françaises sur le futur de la médecine dentaire
  Jean-Noel Vergnes (CHU de Toulouse)

  De Pierre Fauchard à nos jours, la dentisterie n’a eu de cesse de renouveler ses techniques : chaque génération successive de chirurgiens-dentistes a considéré comme obsolète les techniques utilisées par la génération précédente. Pourtant, l’approche clinique de la dentisterie et les contours épistémologiques de l’odontologie n’ont pas beaucoup évolué depuis le 18^ème siècle, ce qui pose la question des futurs modèles théoriques en médecine dentaire. Après un bref panorama de l’histoire dentaire française, cette présentation aura pour objet de décrire les principales perspectives françaises sur le futur de la médecine dentaire. Seront ainsi évoqués les développements envisagés autour des modalités d’admission aux études dentaires, des différentes spécialisations dentaires envisagées, du nouveau métier d’assistant(e) en médecine bucco-dentaire, des perspectives de développement de parcours de soins intégrés et de potentiels nouveaux modes de rémunération hybride des chirurgiens-dentistes.

• Communication orale 15 h 00
  Intelligence artificielle en médecine-dentaire : enthousiasme, responsabilité et soutenabilité
  Maxime Ducret (Université Claude Bernard Lyon 1)