Informations générales
Événement : 89e Congrès de l'Acfas
Type : Colloque
Section : Enjeux de la recherche
Description :Aujourd’hui, Anticosti entre dans une nouvelle ère qui vise à faire de l’île non plus un trésor bien gardé, mais une source d’émerveillement pour le monde entier. Les démarches que la municipalité de L’Île-d’Anticosti et ses nombreux partenaires mènent auprès de l’UNESCO pour son inscription sur la Liste du patrimoine mondial constituent une occasion pour la protection, la conservation et la mise en valeur de ses patrimoines naturel et culturel.
Sur le plan scientifique, la candidature d’Anticosti a été sélectionnée en raison de deux attributs naturels pertinents à la géologie : les attributs stratigraphiques (« histoire de la Terre ») et paléontologiques (« témoignage de la vie »). L’île d’Anticosti est le meilleur laboratoire naturel du monde pour l’étude des fossiles et des couches sédimentaires de la période allant de l’Ordovicien au Silurien, il y a environ 445 millions d’années. Anticosti bénéficie également de nombreux attributs qui en font un lieu extraordinaire pour les amateurs de nature et d’histoire : canyons, grands espaces sauvages, tourbières, rivières à saumon, phares et épaves abandonnés, maisons patrimoniales, etc. Anticosti est un symbole d’une grande nature sauvage où cohabitent faune et présence de l’humain.
En partenariat avec les milieux scientifiques, gouvernementaux et autochtones, la Municipalité de L’Île-d’Anticosti veut mettre en valeur et partager des connaissances sur l’histoire, la culture et les écosystèmes ainsi que présenter au monde entier la valeur universelle exceptionnelle des fossiles d’Anticosti. Ce colloque veut offrir une tribune collective qui permettra de réfléchir et de dégager des pistes d’action qui contribueront au développement durable d’Anticosti en s’appuyant sur le savoir et la recherche.
Remerciements :Nous remercions chaleureusement tous les participants au colloque sur les enjeux de la recherche à Anticosti. Nous remercions aussi le soutien financier de la Municipalité de L’Île-d’Anticosti et de ses partenaires. Nous tenons à remercier l'ACFAS qui nous a fourni tous les moyens et tout le support logistique pour la réalisation de cet événement.
Date :Programme
Session 1
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Communication orale
La valorisation de la recherche dans la candidature d’Anticosti sur la Liste du patrimoine mondial de l’UNESCOAndré Desrochers (Université d’Ottawa)
Les démarches que la Municipalité de L’Île-d’Anticosti et ses nombreux partenaires mènent auprès de l’UNESCO pour son inscription sur la Liste des sites du patrimoine mondial constituent une opportunité pour la protection, la conservation et la mise en valeur de ses patrimoines naturel et culturel. La candidature d’Anticosti se distingue en raison de sa valeur universelle en lien avec sa géologie. Anticosti constitue le meilleur laboratoire naturel au monde pour l’étude des fossiles et des strates sédimentaires issus de la première extinction de masse du vivant, à la fin de l’Ordovicien. L’abondance, la diversité, et l’état de conservation des fossiles sont exceptionnels et permettent un travail scientifique de classe mondiale. Anticosti bénéficie également d’autres attributs qui en font un lieu extraordinaire pour les amateurs de nature et d’histoire : canyons, grands espaces sauvages, tourbières, rivières à saumon, phares et épaves abandonnés, maisons patrimoniales, etc. Anticosti est un symbole d’une grande nature sauvage où cohabitent faune et présence de l’humain. En partenariat avec les milieux scientifiques, la Municipalité de L’Île-d’Anticosti veut mettre en valeur et partager des connaissances sur l’histoire, la culture et les écosystèmes ainsi que présenter au monde entier la valeur universelle exceptionnelle des fossiles d’Anticosti.
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Communication orale
Dynamiques côtières de l’île d’Anticosti : analyse rétrospective de la mobilité du trait de côte et des forçages océanographiques côtiersRonan Autret (UQAR - Université du Québec à Rimouski), Marion Bandet (UQAR - Université du Québec à Rimouski), Pascal Bernatchez (UQAR - Université du Québec à Rimouski), David Ethier (UQAR - Université du Québec à Rimouski), Valérie Hallé (UQAR - Université du Québec à Rimouski)
Les dynamiques côtières sont de mieux en mieux documentées au Québec maritime. Leur compréhension est au cœur d’une vaste démarche pluridisciplinaire et intégrée visant à mieux prendre en compte la vulnérabilité systémique des écosystèmes et des communautés côtières à l’échelle régionale. Les démarches entreprises dans le cadre de la candidature de l’île d’Anticosti au patrimoine mondial de l’UNESCO ont toutefois rappelé la quasi-absence de données sur ce territoire. Ce travail documente l’évolution du trait de côte de l’île d’Anticosti entre 1973 et 2019 sur 12 secteurs représentant un linéaire côtier de 107,3 km, soit près de 20% des 550 km de côtes que l’île compte au total. Le trait de côte de l’île d’Anticosti a connu des taux de mobilité stables entre le début des années 1970 et la fin des années 1990 (env. -8 cm.an-1). Ils ont été plus faibles lors de la décennie suivante (de l’ordre de -3 cm.an-1), avant de connaître une forte accélération pour atteindre env. -20 cm.an-1 au cours de la période 2009-2019. Ces nouvelles données ont été croisées à l’analyse de la variabilité spatio-temporelle des forçages océanographiques côtiers autour de l’île. Cette étude permet de dresser un premier état des lieux de la mobilité du trait de côte de l’île d’Anticosti. Elle constitue une étape essentielle à la bonne prise en compte de l’aléa d’érosion côtière dans le cadre de la Convention de l’UNESCO concernant la protection du patrimoine mondial, culturel et naturel.
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Communication orale
Pour des sciences sociales ancrées à Anticosti!Geneviève Brisson (UQAR - Université du Québec à Rimouski), Sabrina Doyon (Université Laval), Nathalie Lewis (UQAR - Université du Québec à Rimouski)
Cette présentation sera en deux temps.
Que disent les travaux des chercheur.e.s s’intéressant à la communauté anticostienne? Que sait-on de celles et ceux qui y vivent, ancré.e.s dans une contemporanéité liée, sans que ce soit exclusif, à une histoire singulière? Au-delà certains lieux communs, nous souhaitons prendre comme ancrage deux projets illustrant l’importance de la connaissance sociale ou, dit autrement, les lacunes à cet égard. Le premier, conduit au début des années 2000, suit la mise en place du Parc de conservation d’Anticosti et met en lumière les aspirations, les enjeux et les négociations (ou pas) de cet espace; le second, plus récent et non publié (Doyon, Brisson, Boulianne), porte sur des éco-initiatives civiles et révèle des modes de liaisons à l’environnement différentes des appropriations classiques. Riches de l’engagement des citoyens, ces modalités servent surtout à réfléchir la suite pour Anticosti et sa trajectoire de développement territorial.
Ces fragments permettent de discuter des perspectives de recherche nécessaires afin d’accompagner la communauté anticostienne à travers les projets qui s’implantent sur l’île. Il est essentiel de comprendre, à l’aide d’exemples tirés d’autres expériences, comment l’absence de prise en compte sérieuse des dimensions sociales mène à des situations non désirables et stériles. Les enjeux de cette perspective méritent d’être discutés, tout particulièrement en ce moment.
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Communication orale
Tourisme et développement, un regard via la théorie du développement géographique inégalDominic Lapointe (UQAM - Université du Québec à Montréal), Audrey Morin (UQAM - Université du Québec à Montréal)
Les régions périphériques enclavées se retrouveraient souvent face à d’importants enjeux de développement pour lesquels le tourisme serait maintes fois évoqué comme solution alternative au développement extractif traditionnel. Cette communication propose donc une lecture de la mise en valeur des ressources naturelles sur l’île d’Anticosti, grâce à la théorie du développement géographique inégal. Malgré l’abondance des ressources naturelles, la situation géographique de même que l’historique d’accumulation par dépossession du milieu limiteraient les capacités d’appropriation à l’échelle locale. La communication ouvrira à la discussion relativement « aux modèles » de développement touristique à considérer dans une situation territoriale telle qu’Anticosti.
Session 2
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Communication orale
Influence du climat sur le développement des tourbières maritimes d’Anticosti au cours de l’Holocène : Une contribution scientifique significative pour la mise en valeur de l’îleMichelle Garneau (UQAM - Université du Québec à Montréal), Léonie Perrier (UQAM - Université du Québec à Montréal), Steve Pratte (Zhejiang University, Hangzhou, Chine), Nicole Sanderson (UQAM - Université du Québec à Montréal)
Les tourbières constituent une composante importante du paysage naturel de l’île d’Anticosti, recouvrant approximativement 25% de sa superficie. Les conditions paleoécohydrologiques et la dynamique du carbone des 9000 dernières années ont été reconstituées à partir de deux tourbières maritimes situées sur la pointe est de l’île. Les résultats montrent que leur développement au cours de l’Holocène a été particulièrement sensible aux variations des conditions atmosphériques, et dans une moindre mesure, aux conditions de surface du golfe du Saint-Laurent. Par la position centrale de l’île dans le golfe, les tourbières auraient entre autres été affectées par des épisodes de brouillard réduisant l’insolation solaire incidente. Elles auraient aussi été soumises à une forte exposition aux vents causant une faible couverture neigeuse et favorisant ainsi la pénétration et la persistance du gel dans la tourbe. Ces rudes conditions se sont traduites par l’enregistrement de taux d’accumulation de la tourbe et du carbone particulièrement réduits au cours des périodes froides du Néoglaciaire et du Petit âge glaciaire. Les tourbières sont de précieuses archives paléoenvironnementales offrant de nombreuses perspectives de recherche sur le climat maritime ainsi que sur leur capacité à atténuer le réchauffement climatique par leur fonction naturelle de séquestrer le carbone atmosphérique. Elles constituent ainsi une contribution scientifique unique du patrimoine naturel d’Anticosti.
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Communication orale
Nouveaux regards sur la biodiversité des forêts de laminaires de l’île d’AnticostiLadd Johnson (Université Laval), Romy Léger-Daigle (UQAR - Université du Québec à Rimouski), Raphaël Mabit (UQAR - Université du Québec à Rimouski), Fanny Noisette (UQAR - Université du Québec à Rimouski), Christian Nozais (UQAR - Université du Québec à Rimouski), Stéphanie Roy (UQAR - Université du Québec à Rimouski)
Les eaux claires et froides de l’île d’Anticosti (Golfe du Saint-Laurent) créent des conditions propices pour la croissance des macroalgues subarctiques et boréales qui forment des forêts de laminaires. Au cours de l’été 2021, une campagne d’exploration en plongée sous-marine a permis d’explorer sept sites (profondeur 3 à 7 m) dominés par l’espèce de laminaire Saccharina latissima, situés le long des côtes ouest et sud-ouest. La densité, la biodiversité et la biomasse de macroalgues ont été mesurées dans une grille de 30 x 30 m sur chaque site. Quatre espèces de laminaires (Saccharina latissima, Laminaria digitata, Agarum clathratum, Alaria esculenta) ont été observées dans la plupart des sites. L’assemblage des différentes espèces et leur densité variant d’un site à l’autre, pourraient être liées au niveau d’exposition aux vagues et à la profondeur : les densités les plus élevées ont été observées entre 3 et 5 m où généralement S. latissima dominait. Le faible rapport biomasse/densité de l’espèce Alaria esculenta pourrait être lié à un taux de dégradation élevé des frondes en fin de saison de croissance. La géologie unique de l’île d’Anticosti composée de larges platiers rocheux contribue au développement de denses forêts de laminaires dans cette région dont les écosystèmes côtiers restent mal connus. Ces forêts sont très diversifiées, assurent de nombreux rôles écologiques et peuvent représenter une ressource naturelle importante et un stock potentiel de carbone bleu.
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Communication orale
Histoire et perspectives d’avenir du canal Saint-Georges (Port-Menier) : la valorisation du patrimoine culturel par l’aménagement fluvialPascale Biron (Concordia University), Thomas Buffin-Bélanger (UQAR - Université du Québec à Rimouski), Étienne Gariépy-Girouard (UQAR - Université du Québec à Rimouski), Manon Savard (UQAR - Université du Québec à Rimouski)
Le canal Saint-Georges est un cours d’eau d’origine anthropique situé au centre de Port-Menier et construit en 1898 lors de l’installation de Henri Menier sur l’île d’Anticosti. Depuis sa construction, il a traversé trois périodes distinctes en termes d’usages et d’aménagement, qui ont chacune influencé de différentes manières la dynamique et la morphologie du cours d’eau qui s’y écoule. À partir de la fin des années 1970, marquant l’abandon des usages économiques du canal, les processus fluviaux y ont graduellement pris une place plus importante, menaçant par le fait même certaines infrastructures de Port-Menier. Cette dynamique naturelle et ses conséquences sur l’intégrité du canal ont justifié des initiatives de réaménagement, dont une réalisée depuis 2019 par le comité ZIPCNG. Dans le contexte de l’inscription de l’île d’Anticosti sur la Liste des sites du patrimoine mondial de l’UNESCO, l’histoire du canal Saint-Georges et la nécessité actuelle de le réaménager représentent un potentiel énorme de mise en valeur de son patrimoine culturel, ainsi que celui de Port-Menier et de l’île d’Anticosti. Le premier objectif de cette communication est de décrire et d’illustrer les origines ainsi que l’évolution du canal Saint-Georges et du cours d’eau qui s’y écoule. Le second est de présenter des pistes de réflexion et d’action concernant son aménagement ainsi que le potentiel de ce dernier en ce qui concerne valorisation du patrimoine fluvial et bâti que le canal représente.
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Communication orale
Entre produits et modes de gestion : Regard critique sur la typologie des tourismesAlain A Grenier (UQAM - Université du Québec à Montréal)
Le cycle de vie des destinations touristiques amène les acteurs à repenser constamment la destination en termes d’offre (l’expérience — tourisme culturel, d’aventure, de nature, etc.). Ces produits nécessitent des modèles de gestion, soit la manière dont les expériences et le flot des visiteurs seront menés (tourisme de masse, écologique, équitable, durable, etc.).
Il arrive que certains termes soient employés à la fois pour référer à un produit touristique et à un mode de gestion (écotourisme, tourisme durable, etc.), notamment quand le vocable fait partie de l’expérience recherchée. Cela génère un risque de dérapage à des fins de promotion, engendrant un tourisme nuisible à l’environnement.
Le choix des mots n’a pourtant rien d’innocent. Le mot « tourisme » doit ses origines au Grand Tour (1660-1840), phénomène de l’élite britannique et par nature exclusif. Empreint de respect jusqu’aux environs des années 1850, sa démocratisation aux autres classes lui octroie le sens péjoratif qu’on lui connaît encore aujourd’hui. Le besoin de se distinguer, dans le loisir, amène la création d’une terminologie davantage empreinte d’élitisme que de substance au sens de la gestion. Cette communication propose un regard critique sur la typologie des tourismes, afin de distinguer les choix qui s’offrent aux acteurs du tourisme.
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Communication orale
Le Quaternaire de l’île d’Anticosti : premier bilan des données récoltées au cours des campagnes de terrain de 2017, 2018 et 2019Robert Barnett (University of Exeter, England), Pascal Bernatchez (UQAR - Université du Québec à Rimouski), Charles Béland (UQAR - Université du Québec à Rimouski), Jérôme Dubé (UQAR - Université du Québec à Rimouski), Jérôme Goslin (Ifremer, France), Bernard Hétu (UQAR - Université du Québec à Rimouski)
Nos relevés de terrain, complétés par l’analyse de l’imagerie LiDAR, fournissent plusieurs données nouvelles sur le Quaternaire de l’île d’Anticosti, notamment dans des secteurs qui avaient été peu étudiés jusqu’ici, soit le centre sud et l’est de l’île. Ces données concernent plus particulièrement : 1) la chronologie relative des écoulements glaciaires reconstituée à partir du recoupement des stries glaciaires et de l’analyse des formes linéaires (drumlins, cannelures géantes) révélées par l’imagerie LiDAR; 2) le déroulement et l’âge de la déglaciation, précoce au sud (~13,5-13,6 ka BP), plus tardive au nord (délai de >500 ans); 3) l’évolution postglaciaire du niveau marin relatif reconstituée avec une précision rarement atteinte grâce à un corpus de près de 200 datations 14C inédites effectuées sur des coquillages marins fossiles récoltés dans les dépôts glaciomarins, marins et littoraux de la Mer de Goldthwait, et ce, depuis la limite marine jusqu’au rivage actuel; 4) l’altitude et les déformations de la limite marine à partir de l’altimétrie LiDAR. Les implications paléogéographiques de ces nouvelles données seront évaluées à la lumière des connaissances disponibles dans les régions adjacentes.
Pause
Session 3
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Communication orale
L’aménagement intégré cerfs-forêt à l’île d’Anticosti dans un contexte de surabondanceSteeve Côté (Centre d'études nordiques - Université Laval), Julien H. Richard (Université Laval), Nelson Thiffault (Ressources naturelles Canada), Jean-Pierre Tremblay (Université Laval)
Les populations surabondantes de grands herbivores constituent à la fois une ressource et une menace pour l'intégrité des écosystèmes. Les cervidés à haute densité peuvent surexploiter les forêts au point de mettre en péril leur régénération. L'île d'Anticosti représente un laboratoire naturel reconnu internationalement pour tester les méthodes d'aménagement forêt-cerf adaptées à la surabondance des cervidés. La forte densité de cerfs a fortement modifié la composition, la structure et la régénération de la forêt. La chasse au cerf, qui constitue la principale activité économique sur l'île et dont la qualité exceptionnelle attire de nombreux amateurs, peut aussi être affectée par la surabondance des cerfs et l’aménagement de la forêt. Depuis plus de 20 ans, notre programme de recherche a pour principal objectif de développer des méthodes d'aménagement forestier et faunique adaptées aux densités élevées de cervidés. Nous nous intéressons à l'identification et à la compréhension des mécanismes par lesquels le cerf altère l'intégrité des écosystèmes, notamment à travers son comportement de sélection d’habitats. Nous testons différents traitements sylvicoles adaptés aux densités élevées de cervidés dans une perspective d’aménagement durable des ressources de la forêt. Globalement, nous visons à développer des outils de gestion permettant de concilier la régénération de la forêt et la mise en valeur du cerf de Virginie.
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Communication orale
L’élaboration de stratégies de conservation pour des systèmes socio-écologiques complexes au Québec : le cas de l’île d’AnticostiLouis Bélanger (Université Laval), Frédéric Venne (Nature Québec)
La conservation des valeurs bioculturelles dans le contexte de protection d’un site du patrimoine mondial de l’UNESCO pose de nombreux défis. Afin de répondre à la volonté locale de protéger l’entièreté du territoire et d’axer l’avenir de l’île d’Anticosti sur un développement durable, le gouvernement du Québec a mis en place un réseau d’aires protégées multi-statuts afin de répondre à différents objectifs de gestion.
La protection de près d’un tiers de l’île est assurée par des statuts d’aires protégées associés au paradigme « classique » de la protection stricte, une tradition de conservation qui a cours depuis maintenant 40 ans au Québec. Afin d’assurer la protection du reste du territoire de l’île, soit environ 5 679 km2, le gouvernement du Québec souhaite étudier par un projet pilote d’aire protégée d’utilisation durable, une nouvelle formule de conservation associée au paradigme « polyvalent » des aires protégées. Cette nouvelle formule de conservation, répandue à l’international, présente plusieurs avenues de recherche dans le contexte particulier de l’île, notamment en termes de gestion active de la biodiversité, de foresterie de restauration écologique, d’intégration des savoirs locaux, autochtones et scientifiques ainsi qu’au niveau de la gouvernance.
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Communication orale
Biodiversité de l’île d’Anticosti : bilan des inventaires d’insectes réalisés depuis 150 ansChristian Hébert (Centre de foresterie des Laurentides)
Malgré son isolement, l’île d’Anticosti a fait l’objet de plusieurs inventaires entomologiques depuis 150 ans. Le papillon à queue courte, une espèce inféodée au nord-est du Canada y est commune et a été rapportée dès 1872 par le naturaliste William Couper. Par ailleurs, la présence du Bombus terricole et de la Coccinelle à bandes transverses, deux espèces dont le statut est aujourd’hui qualifié de préoccupant par le Comité sur la situation des espèces en péril au Canada, était rapportée en 1904 dans la monographie de Joseph Schmidt. Dans un inventaire réalisé par le Dr Luc Jobin en 1993 dans neuf peuplements forestiers d’Anticosti, plus de 160 espèces de Lépidoptères et 225 espèces de Coléoptères ont été répertoriées. Cet inventaire a révélé une abondance surprenante d’un longicorne rare dans les sapinières vierges de la portion Centre-Sud de l’île. Par ailleurs, dans un mémoire de maîtrise, Pierre-Marc Brousseau rapporte 279 espèces d’insectes, dont 109 espèces de Syrphes, une des 70 familles de mouches. Enfin, une expédition de quelques semaines seulement, réalisée en 1997 dans les deux réserves écologiques de l’île, a permis de répertorier 26 des 150 espèces d’Odonates du Québec, incluant la Cordulie de Robert, une espèce rare découverte en 1953 au nord du village de Mistassini. Ces inventaires montrent que les écosystèmes naturels de l’île d’Anticosti, autant terrestres qu’aquatiques, présentent un grand intérêt pour la biodiversité entomologique.
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Communication orale
Tourisme et désignation du patrimoine mondial de l’UNESCO pour les espaces naturels. Entre prendre soin et attirer. Réflexions pour Anticosti.Pascale Marcotte (Université Laval)
La désignation de patrimoine mondial de l’UNESCO vise la protection, la conservation, la mise en valeur et la transmission de biens de valeur universelle exceptionnelle aux générations futures.
Si le développement touristique des biens reconnus n’est pas un objectif de cette reconnaissance internationale, il peut contribuer de différentes façons à en soutenir la mission. Par la fréquentation des lieux, le tourisme peut sensibiliser les visiteurs comme les résidents à ce caractère exceptionnel, comme favoriser l’éducation et l’attachement au patrimoine. Les retombées économiques potentielles peuvent aussi soutenir et encourager les communautés à prendre soin de ce bien. Depuis les trente dernières années, cette reconnaissance a été de plus en plus utilisée par les gestionnaires de territoire afin d’en faire un « produit touristique » et de promouvoir les destinations « labellisées » et reconnues par les plus hautes instances comme étant « exceptionnelles ». Malgré les programmes liant patrimoine mondial et tourisme durable, certains sites ont aussi connu une pression touristique croissante, déplaçant le rapport de force entre tourisme et protection.
La présentation sera l’occasion de partager des réflexions sur la mise en valeur, la protection, l’attachement et le tourisme dans les sites naturels, et de les appliquer au cas de l’île d’Anticosti.
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Communication orale
Le patrimoine archéologique d’Anticosti : une ressource complémentaire au patrimoine géologique de l’îleFrançois Guindon (Archéoconsultant inc.)
Le patrimoine archéologique d’Anticosti est encore méconnu, mais son potentiel de recherche et de mise en valeur est majeur. D’un point de vue temporel, il offre une suite logique à l’histoire géologique de l’île et permet de relier le passé géologique ancien à l’occupation humaine actuelle.
L’occupation humaine débute avec l’arrivée autochtone à la paléohistoire. L’île se trouve alors à l’intersection de deux mondes culturels : les groupes nomades des côtes sud et nord, ancêtres des Innus et Micmacs actuels. Beaucoup plus tard, du XVIe au XIXe siècle, la présence allochtone se développe, à travers l’exploitation des ressources fauniques de l’île. Suivent les premières tentatives de colonisation, à du XIXe siècle, puis l’arrivée d’Henri Menier, qui fait de l’île un véritable centre industriel au début du XXe siècle. En parallèle à ces développements, le trafic maritime augmente autour de l’île et conséquemment, les naufrages et les infrastructures de secours.
Tous ces événements ont laissé des traces tangibles capables de témoigner de l’histoire humaine d’Anticosti. Ce patrimoine archéologique pourrait-il aussi témoigner des liens qu’entretenaient les habitants avec la géologie de l’île ? Quelques avenues prometteuses de recherche sur ce thème seront proposées.
Comment structurer la recherche à Anticosti : des exemples à suivre
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Communication orale
La Forêt Montmorency de l'Université LavalEvelyne Thiffault (CRMR- Université Laval)
La Forêt Montmorency, c'est l'Université Laval en pleine nature, à 70 kilomètres du campus principal! C'est un laboratoire de recherche et d'enseignement unique dans le biome boréal, accessible aux étudiants, professeurs et chercheurs de l’Université Laval. Aussi ouvert à toutes les autres institutions d’enseignement et de recherche du monde entier, elle accueille le public pour certaines activités dans le cadre de sa mission.
La Forêt Montmorency est soumise depuis 1964 à un aménagement forestier qui vise à produire du bois pour répondre aux besoins de la société en matériaux durables, pour les générations actuelles et futures, tout en maintenant les autres ressources de la forêt et en conservant la biodiversité. Couvrant une superficie de 397 km2, elle est la plus grande forêt d'enseignement et de recherche universitaire au monde. Elle représente plus de 50 ans de recherches et d'expériences pour l’amélioration des sciences forestières.
En plus du territoire forestier, chercheurs, étudiants, professeurs et enseignants peuvent aussi avoir accès à des espaces de laboratoire et de travail.
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Communication orale
Centre de recherche sur les milieux insulaires et maritimes (CERMIM)Marc-Olivier Massé (Centre de recherche sur les milieux insulaires et maritimes (CERMIM))
Le Centre de recherche sur les milieux insulaires et maritimes (CERMIM) vise à appuyer l'ensemble des communautés insulaires et maritimes afin que ces dernières puissent saisir les opportunités de développement et relever les nombreux défis auxquels elles font face. Tout en mettant l'accent sur les Îles-de-la-Madeleine, où il est situé, le CERMIM s'assure de générer et de transférer des connaissances fondamentales et appliquées en vue, d'une part, de favoriser la prise de décisions et, d'autre part, de développer des outils novateurs adaptés aux régions insulaires et maritimes et à d'autres milieux évoluant sous contraintes comparables. Le CERMIM est affilié à l'Université du Québec à Rimouski (UQAR) depuis sa création en 2004.
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Communication orale
La Réserve de la biosphère de Manicouagan-Uapishka (RMBMU)Jean-Philippe Messier (Réserve de la biosphère Manicouagan-Uapishka (RMBMU))
La RMBMU est une organisation à but non lucratif qui gère le statut de l’UNESCO. Son ADN entrepreneurial et son sens des affaires distinguent son modèle d’opération. Fonctionnant sous les principes de l'entreprise sociale, l’organisation est animée par le désir d’avoir un impact positif et concret dans son milieu de vie. La RMBMU a fondé trois unités d’affaires. D’une part, MU Conseils offre des services d’accompagnement d’entreprises en stratégies participatives, planification stratégique audacieuse et acceptabilité sociale. D’autre part, la Station Uapishka (co-fondée avec le Conseil des Innus de Pessamit) se veut une station de recherche et d’écotourisme dans l’arrière-pays de la Manicouagan. Un protocole d’entente en a été conclu entre la Station Uapishka et l’UQAR, l’INQ et le Centre de foresterie des Laurentides de Ressources Naturelles Canada, touchant la recherche sur les ressources naturelles, dont l’aménagement durable des forêts, les changements climatiques liés aux et les savoirs traditionnels autochtones. En troisième lieu, un bureau de projet est également en place pour mener les volets de mission de la RMBMU touchant le développement des compétences, la conservation et la stimulation de la recherche.
Plénière
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Communication orale
Directeur général, Service d’appui à la recherche, à l’innovation et à la création - Université de SherbrookeChristian Beaulé (UdeS - Université de Sherbrooke)
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Communication orale
Doyen de la recherche, Université du Québec à RimouskiLuciano Buono (UQAR - Université du Québec à Rimouski)