La recherche appliquée en agriculture fait face à des défis bien documentés en Afrique (Friesenhahn et Beaudry, 2021; Yahia, 2021; Niokong et al., 2021; IPPR, 2021) :
- Sous-financement des fonds de recherche disponibles
- Accès limité à des infrastructures de recherche, souvent inadéquates
- Accès difficile des jeunes chercheurs aux postes de chercheurs-enseignant-e-s auquel s’ajoute les iniquités liées à l’âge, au genre, à l’« ethnicité », à la langue
- Faibles occasions de développement continu des compétences et absence d’une culture de performance et d’assurance qualité
- Solitude et santé mentale
- Priorités de recherche définies par des entités externes aux pays en plus d’une forte bureaucratie entraînant un faible rendement des fonds disponibles
Après plus d’une dizaine d’années de grandes initiatives nationales et internationales visant le développement des compétences individuelles en recherche, l’appui budgétaire à des fonds subventionnant la recherche appliquée et l’appui à divers dispositifs institutionnels régionaux, les résultats sont encourageants à la grandeur du continent (Yahia, 2021), mais demeurent toutefois mitigés au niveau des institutions d’enseignement supérieur, particulièrement en Afrique francophone (AUF, 2021; IPPR, 2021, 2008).
L’analyse conjointe des expériences collaboratives menées par la Faculté des sciences de l’agriculture et de l’alimentation de l’Université Laval (FSAA) par l’entremise de la Chaire en développement international et par le projet Formation agricole pour la sécurité alimentaire au Mali (FASAM) au cours des 15 dernières années avec l’Institut polytechnique rural et l’Institut de formation en recherche appliquée (IPR/IFRA) et le Centre d’Expertise et Recherches Appliquée pour le Développement de l’Université de Ségou au Mali met en évidence certains enjeux. Plus particulièrement, nous porterons attention aux difficultés et ocasions portant sur : 1) la réalisation de projets de recherche de qualité; 2) l’intégration des pratiques de recherche à titre de contribution aux différents cursus de formation en agriculture; et 3) le renforcement d’écosystèmes organisationnels et institutionnels soutenant le développement de la recherche et la contribution de ses résultats à l’amélioration durable des produits et des services accessibles au monde agricole. Ces analyses ont également permis d’interroger les modes de coopération asymétriques et la place des parties prenantes dans la construction d’un système social de la recherche approprié et durable.
Les résultats de ces expériences ont une portée au-delà du Mali du fait de la grande similarité de la situation dans les autres institutions d’enseignement supérieur en Afrique francophone tout en offrant des perspectives d’action pour la coopération interuniversitaire.
Remerciements
Le comité organisateur du colloque souligne l'appui financier de la Chaire en développement international de la FSAA pour faciliter la participation des personnes provenant des institutions d'enseignement supérieur d'Afrique francophone.