Devant l’urgence d’intervenir afin de contrer la crise écologique, il ne fait aucun doute qu’il faudra mobiliser des moyens draconiens permettant de transformer radicalement les institutions, les infrastructures et l’organisation de la production, lesquelles reposent encore sur la consommation massive d’énergies fossiles. Or, là où l’atteinte d’objectifs tels que la carboneutralité pour 2050 nécessitera la mise en place, dès à présent, d’actions concrètes permettant de réduire de 5 à 10 % par année nos émissions de gaz à effet de serre (GES), c’est pourtant l’inertie qu’on constate au sein des secteurs économiques les plus polluants, ceux-ci reposant toujours sur la consommation massive d’énergies fossiles (Seto et al., 2016). Il est ainsi possible de constater deux paradoxes. D’une part, alors que la société capitaliste avancée est caractérisée par la révolution permanente, entre autres, de l’organisation de la production, elle se démarque autrement par l’inertie, nos secteurs économiques les plus polluants peinant à sortir des énergies fossiles. D’autre part, alors que les gouvernements s’engagent de plus en plus dans d’importants objectifs de transition écologique, ces mesures servent pour la plupart de moteurs accroissant encore plus la crise écologique, notamment par l’accès facilité à une grande quantité d’énergie à coûts abordables (Seto et al., 2016). Il importe de mieux comprendre ces paradoxes afin d’accroître notre capacité à effectuer une transition socioécologique à la hauteur des problèmes auxquels nous devons présentement faire face.
Comment sortir de l’inertie? Comment fonder les actions qui nous permettront de contrer cette force et bousculer un statu quo encore satisfait de la trajectoire pourtant suicidaire dans laquelle nous sommes présentement lancés?