Lors de l’élection fédérale de 2021, plusieurs politiciens et commentateurs de la scène politique fédérale et québécoise ont dénoncé l’attitude jugée méprisante de Shashi Kurl, modératrice du débat en langue anglaise. Mme Kurl, dont il y a tout lieu de penser qu’elle était autorisée en ce sens par les organisateurs de l’événement (le consortium des médias de langue anglaise), avait suggéré lors de la toute première question posée au chef bloquiste Yves-François Blanchet, non seulement qu’il existe du « racisme systémique » au Québec, mais que certaines initiatives législatives, dont le projet de loi no 21 sur la laïcité du Québec et le projet de loi no 96 sur la langue française, en représentent d’évidentes manifestations. Il s’agissait là d’une sorte de copié-collé d’un événement en tout point similaire s’étant produit lors d’un même débat en langue anglaise à l’élection précédente de 2019, alors que l’animatrice Althia Raj avait reproché au chef néodémocrate Jagmeet Singh de ne pas avoir eu le « courage » d’affronter le projet de loi no 21 qu’elle présentait comme étant manifestement discriminatoire. Si d’aucuns commentateurs et politiciens n’ont pas hésité à décrire ces questions comme du Québec bashing, d’autres ont rappelé qu’il est parfaitement légitime de critiquer des politiques publiques québécoises, de les décrire comme étant discriminatoires, sans avoir à subir un procès quant à la pureté de ses intentions.
Si les historiographies acadienne et québécoise ont été appelées à souligner les manifestations récurrentes de francophobie en contexte canadien, le concept de Québec bashing, ou celui moins usité d’« Acadie bashing », a été relativement peu mobilisé par les travaux universitaires. C’est à combler cette lacune que sera consacré ce colloque.