Informations générales
Événement : 89e Congrès de l'Acfas
Type : Colloque
Section : Section 600 - Colloques multisectoriels
Description :Les études féministes et de genre contribuent depuis leur émergence à enrichir le milieu québécois de la recherche. Elles se caractérisent aujourd’hui par un foisonnement impliquant de nouvelles avenues de recherche. Les chercheur·euse·s de différentes disciplines mobilisent des outils théoriques et des méthodes de recherche féministes divers. Si le champ des études féministes et de genre se présente comme étant dynamique et prolifique, il est toutefois dispersé parmi plusieurs disciplines et institutions. Il devient alors impératif de constituer de manière récurrente des espaces qui permettent de prendre acte du panorama des travaux théoriques et empiriques en études féministes et de genre et de témoigner de la richesse de la production scientifique au sein de la communauté de recherche professorale et étudiante, et de l’apport des milieux de pratique et militants.
Le colloque proposé constitue un espace au carrefour duquel seront mis en lumière des enjeux qui (re)traduisent la structure concrète et symbolique des différents systèmes d’oppression, dont le patriarcat. Certains objets de recherche plus classiques articulés autour des violences de genre, des représentations culturelles et des discours, du langage et de l’écriture ou encore de l’écoféminisme, sont toujours étudiés. Ceux-ci sont revisités avec des outils théoriques et méthodologiques hérités des débats traversant notamment le champ des études féministes et de genre. D’autres objets de recherche voient le jour à la faveur de disciplines émergentes comme la philosophie pour enfants, les études queer, les perspectives décoloniales, la théorie animée du cinéma d’animation. Enfin, des milieux de pratique et militants embrassent des postures féministes aux fins de mobilisation organisationnelle, comme c’est le cas dans le domaine de la musique au Québec. Ces enjeux seront donc au cœur du colloque « Focus sur de nouvelles avenues en recherche féministe ».
Dates :Programme
Mot d’ouverture
Atelier immersif en pédagogie engagée I
L’atelier propose de fournir un espace pour faire l’expérience de pratiques pédagogiques innovatrices, inventives, féministes et antiracistes et vise à amener les participant.es à un exercice expérientiel et réflexif sur nos pratiques pédagogiques respectives. Cet atelier vise à explorer les potentialités d’une pédagogie alternative, c’est-à-dire une pédagogie de l’égalité, antisexiste, et antiraciste qui mobilise autant l’être que le savoir et le savoir être dans l’action et la réflexion. Chaque bloc est constitué d’un atelier expérientiel et non d’une présentation classique. Les participant.e.s vivront différentes méthodes pédagogiques. Chaque expérience sera suivie d’une discussion sur la scénarisation pédagogique, le vécu des participant.e.s et le potentiel de la méthode, les précautions à prendre, etc.
Pour participer pleinement à cet atelier, les participant·es sont prié·es de retirer leur photo de profil sur zoom, s'iels en ont une.
TW. Les échanges et partages qui auront lieu pendant cet atelier pourraient générer certaines émotions.
Nouvelles avenues en recherche féministe sur le religieux
Si, au 21e siècle, le champ religieux demeure un lieu de production et de régénération du patriarcat, plusieurs travaux confirment qu’il constitue simultanément un lieu de résistance, d’affirmation des femmes et de création féministe collective. Ce panel animé par le Chantier Religions, Féminismes et Genres du RéQEF regroupe six chercheuses et vise à mettre en valeur les recherches récentes qui permettent de répondre à la question suivante : comment des pratiques et travaux féministes, tels que les analyses féministes des Écritures, les pratiques collectives de réécritures féministes de textes sacrés, les innovations symboliques, les créations de rituels et les contestations féministes des règles et des organisations religieuses, permettent-ils le renouvellement des résistances à l’hégémonie patriarcale et l’affirmation de nouvelles subjectivités qui transforment le champ religieux?
Atelier immersif en pédagogie engagée II
L’atelier propose de fournir un espace pour faire l’expérience de pratiques pédagogiques innovatrices, inventives, féministes et antiracistes et vise à amener les participant.es à un exercice expérientiel et réflexif sur nos pratiques pédagogiques respectives. Cet atelier vise à explorer les potentialités d’une pédagogie alternative, c’est-à-dire une pédagogie de l’égalité, antisexiste, et antiraciste qui mobilise autant l’être que le savoir et le savoir être dans l’action et la réflexion. Chaque bloc est constitué d’un atelier expérientiel et non d’une présentation classique. Les participant.e.s vivront différentes méthodes pédagogiques. Chaque expérience sera suivie d’une discussion sur la scénarisation pédagogique, le vécu des participant.e.s et le potentiel de la méthode, les précautions à prendre, etc.
Pour participer pleinement à cet atelier, les participant·es doivent prévoir l’accès au matériel suivant : tapis de yoga ou d'exercice, surface non glissante, coussin, oreiller ou bloc pour s'asseoir avec le bassin légèrement surélevé par rapport aux genoux, foulard ou petite couverture, vêtements confortables pour bouger et quelque chose à boire.
Féminismes et cinéma d’animation
Influencé par les autres arts tels le dessin, la peinture, le théâtre, la musique, la littérature et la poésie, le cinéma d’animation s’inscrit d’une façon particulière dans le continuum des arts féministes. D’ailleurs, l’animation est un média privilégié pour offrir une représentation alternative aux droits et conditions de la vie des femmes. Ce colloque est la convergence de spécialistes de la théorie et de la pratique du cinéma d’animation et il propose un regard large sur les femmes et le cinéma d’animation. Il débute avec l’émergence d’une pratique d’animation féministe à l’ONF, pour se poursuivre avec le témoignage d’une créatrice et sa sensibilité du support cinématographique en lien avec l’écriture poétique, il s’intéresse ensuite à l’écoféminisme et au récit autochtone dans le cinéma d’animation via l’analyse du moyen-métrage She Falls For Ages (Skawennati, 2016) pour se terminer avec une voix masculine féministe, celle d’Hayaho Miyazaki des Studios Ghibli (Japon). Cette présentation sera également l’occasion de mettre à l’honneur le livre Femmes et cinéma d’animation (Saint-Pierre, 2022).
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Communication orale
Femmes et cinéma d’animation : un corpus féministe à l’Office national du film du Canada (1939-1989)Marie-Josée Saint-Pierre (Université Laval)
Les créations des réalisatrices de cinéma d’animation sont reconnues partout dans le monde tout en étant, paradoxalement, inconnues du grand public. Cette présentation a pour but de sortir de l’ombre les travaux féministes en cinéma d’animation produit à l’ONF. Cette présentation a pour but de faire ressortir le travail de véritables pionnières en présentant et en analysant les œuvres qu’elles ont conçues au sein d’une institution qui a joué un rôle essentiel dans l’émergence des voix féministes au cinéma.
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Communication orale
Cinéma, cinéma d’animation et poésie chez les femmes cinéastesCarol-Ann Belzil-Normand (Université Laval)
Le cinéma poétique échappe aux commandes et aux pressions du cinéma commercial. Avec l’animation, un cinéma plastique et esthétique, le film devient une forme de résistance politique. Via une réflexion intime sur la sensibilité du support cinématographique en lien avec l’écriture poétique, Carol-Ann Belzile-Normand concilie sa posture de cinéaste à celle de poète en présentant son court-métrage Pussyble qui est composé d’extraits littéraires du recueil de poésie PUSSY GHOST, un hommage au travail des femmes cinéastes.
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Communication orale
L’écoféminisme animé : Indigenous Futurisms dans le machinima de SkawennatiJulie Ravary-Pilon (UdeM - Université de Montréal)
Il s'agira d'analyser le moyen-métrage She Falls For Ages (Skawennati, 2016) à la lumière des théories écoféministes (D’Eaubonne) et cyberféministes (Harraway). Cette création nous incite à investir le virtuel comme espace souverain pour les récits autochtones pouvant permettre la réunion des savoirs traditionnels aux enjeux écoféministes actuels.
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Communication orale
Un cinéma féministe créé par le regard masculin de Miyazaki : les héroïnes du Studio GhibliNicolas Brault (Université Laval)
À travers ses créations, Hayaho Miyazaki déplace le regard masculin traditionnel en mettant en scène des femmes fortes, agentives et à contre-courant des stéréotypes disneyens. En s’inspirant d’une perspective d’analyse cinématographique féministe, le réalisateur dissout les frontières genrées et met de l’avant un regard alternatif aux traditionnels animés japonais tout en participant à une réflexion écoféministe.
Coconstruire les recherches féministes en pédagogie de l’enseignement supérieur
Plusieurs chercheuses en pédagogie de l’enseignement supérieur s’engagent en études féministes. Pourtant, la réunion formelle de ces deux champs de recherche disciplinaires et transversaux transparait timidement dans les écrits scientifiques. Or, la pertinence de bâtir la recherche en pédagogie de l’enseignement supérieur avec les études féministes est indéniable. Si l’accès à l’enseignement supérieur s’est démocratisé, il n’a pas diminué les inégalités sociales qui continuent à se (re)produire sur la base des rapports sociaux de sexe, de racialisation et de classe, et ce, autant chez les personnes apprenantes (Magnan et al., 2021) qu’au sein du corps enseignant et professionnel (Dutoya et al., 2019). L’atelier vise à : (1) poser les bases d’une communauté de chercheuses et de chercheurs en recherches féministes en pédagogie de l’enseignement supérieur et (2) formaliser la coconstruction d’un axe de recherche en soi, à savoir les recherches féministes en pédagogie de l’enseignement supérieur. Les personnes participantes seront invitées à réfléchir à des thèmes de recherche et à identifier de cadrages conceptuels et de méthodes de recherche communs aux deux champs concernés. Les échanges permettront de penser des modèles d’interprétations et d’analyses inédits et holistes pour rendre compte des potentialités multiples et entrecroisées des recherches féministes en pédagogie de l’enseignement supérieur.
Fragmentation, complémentarité, collaboration : cinq ans de mobilisation organisationnelle féministe en musique au Québec
L’été 2022 marquera le cinquième anniversaire de la plus grande mobilisation féministe de l'histoire de la musique québécoise. Le 2 juin 2017, la lettre ouverte « Un talent est un talent, peu importe le sexe » (Le Devoir) fut co-signée par des centaines de créatrices pour dénoncer les programmations de festivals - où la représentation des femmes était parfois inférieure à 10 %. Cette mobilisation survenait aussi dans la foulée de la première vague #Metoo pour lutter contre les violences à caractère sexuel dans ce milieu. C'est dans ce contexte que Vanessa Blais-Tremblay a lancé DIG! Différences et inégalités de genre dans la musique au Québec, un réseau interdisciplinaire et intersectoriel qui réunit des chercheur·euses, artistes, publics et professionnel·les de la musique qui s’intéressent à l’histoire, aux manifestations et aux mécanismes des différences et inégalités de genre dans la musique au Québec.
Cette table ronde réunit des militant·es et des organisations qui luttent pour l'inclusion, l'équité, la diversité et l'accessibilité dans cette industrie. Elle permettra : 1) de dresser le portrait des différentes organisations qui luttent pour le changement social en musique au Québec; 2) d'aborder les méthodes, objectifs et enjeux éthiques et organisationnels de la recherche partenariale et de la recherche-action féministe en musique ; et 3) de présenter les ressources et outils développés par DIG! depuis avril 2021.
Des savoirs féministes à conjuguer, des institutions à adapter : modalités d’accompagnement de démarches partenariales université/groupes
Le Scientifique en chef du Québec identifie le rôle stratégique d’accompagnement et de liaison des « intermédiateurs » parmi les pistes d’action susceptibles d’accroître la conjugaison des savoirs citoyens et universitaires. Promue en milieu féministe afin d’atténuer les clivages traditionnels en recherche et de mieux répondre à des enjeux d’égalité et de justice sociale, la liaison se présente comme une modalité de soutien au dépassement des tensions inhérentes à la recherche partenariale. Relais-femmes, en collaboration avec le Service aux collectivités de l’UQAM, le RéQEF et le Réseau des tables des groupes de femmes, a mené, de 2017 à 2020, un projet pilote pour explorer les possibilités d’accroître les collaborations université-communauté en recherche féministe dans deux régions. L’expérience du projet De Nouvelles Alliances pour plus de savoirs en égalité entre les sexes donne à voir les contraintes culturelles, institutionnelles et structurelles qui posent obstacles à l’implication citoyenne en recherche en dépit du fait que la recherche partenariale et collaborative est encouragée par les bailleurs de fonds. Partant de l’expérience de Nouvelles Alliances, ce panel entend susciter une discussion sur les conditions à mettre en place en milieux communautaires et dans l’institution universitaire pour soutenir la recherche partenariale avec les collectivités, et renouveler les avenues de transformation sociale dans des perspectives féministes.
L’émergence de nouvelles voix/voies dans l’analyse des violences
Cette séance propose, d'une part, d'analyser différentes structures d'oppression qui permettent encore aujourd'hui l'exercice de violences contre les femmes et, d'autre part, d'avancer certaines pistes pour y mettre fin. Les différentes communications s'intéressent aux discours et pratiques à transformer dans différents contextes (violences conjugales, violences sexuelles, mutilations génitales, violences migratoires).
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Communication orale
L’analyse situationnelle : un outil méthodologique pour analyser le processus de constitution de la masculinité en prévention de la violence conjugale au QuébecNathalie Bissonnette (Université Laval)
La communication met en lumière l’apport de la Situational Analysis pour étudier, dans une perspective féministe poststructuraliste, le processus de constitution sociale et institutionnelle de la représentation des hommes et de la masculinité en prévention de la violence conjugale au sein d’espaces publics intermédiaires institutionnels et civils, un objet de recherche non étudié au Québec. En mettant au point l’analyse situationnelle, Adele E. Clarke actualise la méthodologie de la théorisation enracinée (MTE) traditionnelle et son approche « actioncentrique ». Ce décentrement conceptuel passe par l’analyse de divers éléments – dont des discours (narratif, visuel et historique) – dans la foulée des réflexions théoriques poststructuralistes du philosophe Michel Foucault sur le discours comme élément structurant de la société (2003; 2005, cités dans Clarke et Charmaz, 2019). Cette méthode s’effectue en dressant des cartes de divers éléments pour dévoiler le « caractère agissant de la situation » à travers le temps (Clarke et Charmaz, 2019). Seront présentés des éléments repérés sur le terrain (discursif, historique, culturel, politique, symbolique, humain ou non); les organisations québécoises participant au débat public et leurs territoires d’action respectifs; les idées défendues et passées sous silence; des fragments de sens à propos du masculin (et du féminin), et ce, depuis l’élaboration des premières politiques gouvernementales jusqu’aux plus récents plans d’action.
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Communication orale
Protection contre les mutilations génitales féminines : possibilités religieuses d'émancipation de femmes musulmanes à Mara, TanzanieFarah Cader (Fondation québécoise des Vétérans)
Cette communication porte sur les mutilations génitales féminines (MGF) à Mara, en Tanzanie, et ce, d’un point de vue moderne à l’égard des préjugés entourant la pratique et l’islam. Depuis quelques années déjà, les MGF sont dénoncées pour leurs déformations douloureuses des organes génitaux féminins dans des conditions précaires et pour l’important contrôle qu’elles exercent sur la sexualité et les corps féminins, surtout des jeunes filles. Les MGF, appuyées théoriquement par certaines coutumes religieuses et sociales, sont exécutées dans plus d’une religion, mais l’islam est normalement la principale religion à y être reliée. Contrairement à l'image habituelle y étant associée, le cas d’une minorité religieuse musulmane du nord de Mara apporte certaines nuances à cet égard. Cette communauté défend les femmes contre ces pratiques jugées inappropriées. Comme le montre ce genre d’étude sur les MGF, les moyens de protection et d’émancipation des femmes peuvent être multiples et peu conventionnels, la religion étant fréquemment perçue comme étant unilatéralement discriminante pour les femmes. Étant axé sur des éléments complexes de discriminations, de genre, de sexualité et de religiosité, cet exposé permet de reprendre des enjeux modernes sur la représentation de femmes marginalisées.
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Communication orale
Du droit à la communauté, analyse de la lutte contre les violences basées sur le genre en contexte d'encampementAurele Fanny Deutcha Nguelieu (Université Laval)
La communication met en relief le défi que représente la diversité culturelle dans le cadre de l’intégration et de l’implémentation des approches basées sur le genre dans les politiques de protection et d’autonomisation des personnes réfugiées. Une combinaison des approches de la sociologie du genre et de la sociologie américaine permet d’analyser l’impact des stratégies de lutte contre la Violence Basée sur le Genre (VBG), et ce, à travers le passage d’une stratégie fondée sur les droits, à une stratégie par la communauté, sur les rapports sociaux de sexe. Se fondant essentiellement sur une recherche qualitative, seront surtout interrogés le vécu et les perceptions des rapports de genre des personnes réfugiées et leur transformation. En mobilisant une étude de cas sur le camp de Minawao, nous tentons de répondre aux questionnements suivants : Quel est le sens que les personnes réfugiées accordent aux politiques de lutte contre la Violence Basée sur le Genre (VBG), promues par le Haut Commissariat des Nations Unies pour les réfugié.e.s dans le camp de Minawao? Comment les personnes réfugiées s’approprient-elles ces politiques ? Et quels sont finalement les effets induits sur les rapports sociaux de sexe ? Les réponses mettent notamment en lumière le fait que les approches basées sur le genre sont comprises et vécues différemment selon le genre, l’âge, l’ethnie et l’éducation des personnes réfugiées.
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Communication orale
Sur les voies de la justice : la voix des femmes victimes d’agressions sexuelles, entre archaïsme et modernité. Étude comparée franco-canadienneLeïla Loucif (Université Laval)
Expression de la hiérarchisation de la société et de la reproduction des inégalités, les infractions sexuelles commises à l’égard des femmes reflètent les stigmates machistes qui imprègnent, encore aujourd’hui, les sociétés canadiennes et françaises. En dépit de la multiplication de mouvements récents en faveur de la libération de la parole des femmes, celle-ci reste encore bien souvent inaudible, particulièrement dans le système de justice pénale. Ce dernier peine à entendre les revendications des victimes, et encourage ainsi certaines à se tourner vers d’autres formes de justice. La communication propose d’analyser, à la lumière de l’émergence des nouvelles formes de justice réparatrice — ou restaurative — en France et au Canada, l’expression et la réception de la parole des femmes victimes d’infractions sexuelles dans la justice pénale, afin de déterminer si leurs voix sont effectivement entendues. Pour ce faire, seront analysées les prérogatives théoriques qui permettent aux femmes victimes de s’exprimer à chacune des phases de la procédure pénale. Cette perspective sera ensuite nuancée par la mise en lumière des éventuelles difficultés pratiques rencontrées par ces dernières, mettant ainsi en balance la complexité de leur vécu face à la persistance des vestiges du patriarcat dans le système pénal. Il s’agira ensuite de s’intéresser au développement et à la mise en œuvre des nouvelles formes de justice réparatrice auprès des femmes victimes d’infractions sexuelles.
La diversité des objets en études culturelles et en communication
Cette séance s'intéresse aux apports théoriques et méthodologiques permettant de réévaluer les normes de genre et les intersections entre les oppressions dans différents domaines et discours issus des arts, de la communication et de la recherche universitaire. Les communications proposent des manières singulières d'entrevoir certains concepts fondamentaux des études féministes et de situer face à certains courants de pensée contemporains.
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Communication orale
Écouter pour conceptualiser : la notion d’espace sécuritaire comme moyen de contrer les obstacles à l’activité physique et sportive chez les femmes de 65 ans et plusGenevieve Drolet (Université Laval)
Les obstacles relatifs à la pratique de l’activité physique sont nombreux pour les femmes âgées. Ces obstacles témoignent d’iniquités et d’inégalités en matière de promotion de la santé par l’activité physique liées autant au genre qu’à l’âge. Les représentations de la femme sportive uniformisent le corps, voire l’identité, des femmes. Sous le couvert de la promotion d’une meilleure santé ou de l’adoption de saines habitudes de vie, on impose toujours les mêmes normes de beauté, de performance et d’éternelle jeunesse aux femmes. L’activité physique devient ainsi associée à un espace hostile qui objectifie le corps des femmes et invisibilise leur diversité. Les femmes âgées se retrouvent doublement discriminées non seulement par les stéréotypes de genre valorisés dans le milieu du sport et de l’activité physique, mais aussi par ceux liés à l’âge. En effet, le vieillissement est présenté non seulement comme antinomique à l’idée de bonne forme physique, mais aussi au concept de santé lui-même. La communication portera sur les résultats préliminaires des données recueillies lors d’entretiens en profondeur effectués avec des femmes de 65 ans et plus sur ce qui leur permet, ou non, de se sentir à l’aise quand il est question d’activité physique et sportive. La conceptualisation de la notion d’espace sécuritaire (safe space) à partir de la parole des participantes est au coeur de ce projet de recherche.
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Communication orale
Les valeurs diffusées dans les discours des youtubeuses véganesJanie Perron (Université Laval)
Cette communication porte sur la méthode employée dans le cadre d'un projet de maîtrise pour étudier la perpétuation des normes de genre dans les contenus numériques des youtubeuses véganes. Plus précisément, il était question de comprendre en quoi les valeurs véhiculées par ces femmes véganes sont reproductrices ou émancipatrices des normes de genre qu’on impose aux femmes. Plusieurs études se sont penchées sur les dimensions genrées des cultures alimentaires en ligne (Lupton, 2020). Toutefois, ces recherches n’approfondissent pas le caractère plus ou moins émancipateur de la pratique des youtubeuses véganes, et plus précisément la tension entre les préoccupations pour la santé et l’apparence corporelle ainsi que la reproduction des normes de genre rattachées à l’alimentation végane. Pour répondre aux questions de recherche, l'étudiante-chercheuse a eu recours à l’analyse qualitative du contenu. Pour identifier les valeurs, elle a utilisé des caractéristiques inhérentes à la théorie des valeurs de Schwartz (2006), laquelle propose quatre dimensions pertinentes à la reconnaissance des valeurs dans les discours : les actions, les motivations, les justifications et les sentiments. Puisque cette recherche nécessite que soient regroupés plusieurs indicateurs et concepts liés aux questions de recherche, la matrice de regroupement des concepts a été retenue. L'ensemble de la démarche méthodologique sera présentée.
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Communication orale
Les perspectives théoriques féministes matérialistes pour étudier les expériences de travail des femmes : solubles dans les enjeux d’équité, de diversité et d'inclusion?Karine Bilodeau (Université Laval), Emilie Giguère (Université Laval), Louise St-Arnaud (Université Laval)
Au courant des derniers mois, on observe un engouement pour les enjeux d’équité, de diversité et d’inclusion notamment dans le cadre des activités de recherche universitaire. Cette communication propose dans un premier temps de discuter de certains apports théoriques et méthodologiques des perspectives théoriques féministes matérialistes dans la production de connaissances scientifiques à propos des expériences de travail des femmes au sein de projets de recherche (femmes cadres, enseignantes, jeunes cadres). Dans un deuxième temps, elle propose de réfléchir à ces contributions au regard des enjeux d’équité, de diversité et d’inclusion afin de dégager des pistes renouvelées notamment dans la réalisation d’activités de recherche.
Les approches et les pratiques féministes en coopération internationale : de nouvelles avenues décoloniales I
Ce panel en deux séances vise à poser un regard critique et multidisciplinaire sur la coopération internationale depuis les approches féministes, incluant les critiques décoloniales. Cette posture est de plus en plus présente dans la recherche et les initiatives de coopération internationale. Bien que des politiques et des plans d’action féministes en cette matière soient nombreux chez les bailleurs de fonds et dans les organisations, des critiques ont dénoncé les limites importantes de leur applicabilité. En ce sens, les critiques féministes, intersectionnelles, postcoloniales, anticoloniales, décoloniales, antiracistes et les autres perspectives dénonçant le caractère patriarcal, raciste et colonial des activités de coopération internationale au sein du modèle actuel gagnent en importance et doivent être réfléchies. Plus précisément, le panel rassemblera des actrices du secteur de la coopération internationale issues de la pratique et du milieu académique. Les présentations aborderont les thèmes suivants : l’impact des systèmes d’oppression sexistes, racistes et colonialistes dans la carrière en coopération internationale; les paradoxes entre la théorisation et la mise en pratique de concepts, la positionnalité des chercheuses et praticiennes dans une perspective de décolonisation des savoirs et des pratiques, les méthodologies féministes dans la recherche, les projets de développement et les collaborations en coopération internationale.
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Communication orale
Coopération internationale et égalité des genres en Afrique : quelques enjeux des échecs en milieu rural malienMaïmounatou Altini Yattara (Université Laval)
Au Mali comme un peu partout en Afrique, les gouvernements et les populations rencontrent de nombreuses difficultés pour une véritable mise en marche de l’égalité entre les genres malgré la l’élaboration de nombreux outils et instruments et la ratification de divers textes internationaux. Sous les orientations de l’ONU et pour favoriser le processus d’un développement inclusif et durable considéré comme un levier important de l’égalité des genres, le gouvernement et ses partenaires nationaux et internationaux soutiennent un empowerment des femmes à travers leur autonomisation économique. Des avancées se dessinent, mais elles sont loin de soutenir véritablement le processus d’empowerment des femmes surtout celles des milieux ruraux. À travers des résultats de ma recherche, je présente dans mon intervention des enjeux sur les échecs de la coopération internationale en milieu rural malien. Ces enjeux découlent des avis de quelques participant.e.s de trois milieux ruraux maliens sur la question. La présentation donne également des éléments de réflexion qui peuvent servir les intervenant.e.s qu’ils ou elles soient du Mali ou de la coopération internationale (sachant que les intervenant.e.s nationales et nationaux constituent les intermédiaires entre les populations locales et leurs partenaires internationaux).
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Communication orale
Sous l’angle du féminisme décolonial Les maillons de la mondialisation les plus vulnérabilisant des femmes des SudsMounia Chadi (L'association québécoise des organismes de coopération internationalee)
Les femmes en état de migration forcée se trouvent exposées à des rapports de domination complexes où se croisent les effets des rapports Nords-Suds et les effets du patriarcat. En absence de politiques axées sur les sexospécificités, ces femmes sont exposées aux violences au long du parcours migratoire, du pays d’origine et sur le chemin de transit, jusqu’au pays de destination, sous les effets de cultures qui objectivent leur corps comme objet de désir et de marchandisation. Quand les conditions de sécurité font défaut, tel le cas dans les situations de la migration forcée, les femmes risquent davantage d’être victimes de différentes formes de violence, dont la traite des êtres humains, comme travailleuses dans le secteur des soins, dans le secteur du sexe et autres activités d’esclavage moderne.
Il est crucial de mettre de l’avant l’impact de la mondialisation institutionnalisée sur ces femmes dont la situation est la plus précaire et se projeter dans des perspectives de lutte décoloniale contre les systèmes croisés d’oppression à leur égard.
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Communication orale
Recherches auprès des femmes haïtiennes : l’échec du paradigme féministe libéral euro-centréDenyse Côté (UQO - Université du Québec en Outaouais)
Le système-monde contemporain se caractérise par l’expansion des emprises néocoloniales du capitalisme (Wallerstein, 2004) et par la transformation du patriarcat. Les interventions très médiatisées de pays occidentaux auprès de pays appauvris se matérialisent souvent par des projets humanitaires et des efforts de développement privilégiant une approche de bienfaisance. La situation de femmes haïtiennes victimes de situations économiques et politiques difficiles ou de désastres naturels provoque la croissance de ce complexe industriel du sauveteur blanc (Zakaria, 2021).
La recherche féministe n’échappe pas à ces discours. Nombreuses sont les recherches sur les femmes en Haïti qui reconduisent une logique néocoloniale (Mignolo, 2011). Elles contribuent au processus d’expropriation des informations (Harrison, 2016) qui produit une image d’Haïti comme un éternel problème, et une image des femmes haïtiennes comme d’éternelles victimes (Côté 2014).
Comment recentrer la recherche sur une vision proprement féministe (Ollivier et al., 2013), dont le cadrage dépasserait, tout en les assumant, les dichotomies Nord-Sud et accompagnerait l’émergence de savoirs proprement endogènes ? Ancrée au sein de deux recherches empiriques (Côté, en cours; Côté, 2015) documentant les retombées de la présence humanitaire sur le mouvement féministe haïtien, cette communication analysera les défis d’ordres paradigmatique et méthodologique d’un travail de terrain en Haïti élaboré dans cet esprit.
La philosophie pour enfants et le féminisme
La pratique de la philosophie avec les enfants (PPE), reconnue par l’Unesco comme participant à promouvoir la paix, l’égalité et le dialogue, se présente, dès ses premiers développements dans les travaux de Matthew Lipman et Ann Margaret Sharp, comme un projet éducatif porteur d’une visée politique démocratique et émancipatrice (Lipman, 1991; Sharp, 1991). En ce sens, elle a été pensée en lien étroit avec le féminisme (Sharp, 1993, 1994, 1997). Grâce à la « communauté de recherche philosophique », une pédagogie de la discussion fondée sur l’égal droit de toutes et tous à la parole, la PPE transforme l’enseignement de la philosophie, dont la tradition, valorisant des auteurs quasi-exclusivement masculins ainsi que des modes de pensée empiriquement présents en majorité chez les hommes, a pu être dénoncée comme sexiste (Daniel, 1994; Gilligan, 2003; Le Dœuff, 2008). Des biais sexistes ont été dénoncés dans la PPE aussi. Ce panel interroge les liens complexes entre la PPE et le féminisme susceptibles d'interpeller différentes approches théoriques : philosophiques, pédagogiques, historiques ou psychologiques. Quels angles morts de la PPE pourraient bénéficier d’un éclairage féministe? À quelles conditions peut-elle participer à la construction d’une société plus inclusive et moins oppressive? Une PPE actualisée et ouvrant sur de nouvelles pistes pratiques comme théoriques pourrait ressortir de ces réflexions.
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Communication orale
Caring thinking et éthique du care : Ann Margaret Sharp face aux enjeux politiques de l’atelier philosophique avec les enfants et les adolescentsJohanna Hawken (Ville de Romainville)
L’un des postulats fondamentaux de la philosophie pour enfants consiste à considérer que la philosophie se pratique autant par les habiletés intellectuelles que par les habiletés sociales et éthiques. En particulier, pour atteindre l’excellence de la pensée philosophique, il faudrait allier le critical thinking, le creative thinking et le caring thinking. Ann Margaret Sharp a élaboré le concept de caring thinking à partir des années 1970, au moment même où émergeait l’éthique du care, aux Etats-Unis. L’objectif est donc d’interroger la résonnance entre le caring thinking en philosophie pour enfants et l’éthique du care. Or, cette question est ancrée dans une vision féministe car c’est autour du concept de caring thinking que Sharp a articulé le féminisme et la philosophie pour enfants. Ainsi, cette dimension de la pensée devait servir d’appui pour construire une nouvelle méthode de dialogue (inspirée par les pédagogies émancipatrices féministes), pour envisager une nouvelle façon de philosopher en dialogue et pour mettre en lumière la dimension politique de l’atelier philosophique.
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Communication orale
La philosophie pour enfants et la pédagogie féministe de l’inconfort : fausse évidence ou vrai espoir ?Christophe Point (UdeS - Université de Sherbrooke)
Selon de nombreuses recherches, la philosophie pour enfants (PPE) est pertinente pour travailler avec des élèves les compétences relevant de l'éthique et du dialogue de l’actuel programme québécois d’Éthique et Culture Religieuse au primaire (Leleux 2009, Duclos 2014, Herla 2013). C’est pourquoi former les étudiants en enseignement à la PPE semble une bonne idée.
Cependant, force est de constater que face à l’inconfort qu’éprouve une partie des futurs professeurs devant certaines Questions Socialement Vives (QSV), on voit parfois la discussion philosophique être brutalement redirigée ou même se clore. Comment rendre les futurs enseignants plus confortables avec les questions inconfortables, intersectionnelles et socialement vives des sujets éthiques ? Est-ce que la PPE peut contribuer à cet effort ? Quelles sont les limites actuelles des pratiques de la PPE sur ce terrain là ?
Notre intervention propose un tour d’horizon de ces problèmes, à partir de la formation universitaire des étudiants et étudiants à la didactique de l’éthique au baccalauréat en éducation. Nous présenterons les prétentions, souvent implicites, de la PPE à participer, en tant que méthode pédagogique, aux luttes féministes. Puis, nous illustrerons par des exemples de situations vécues les limites de ces prétentions. Enfin, nous souhaitons partager ce qui semble pour nous être des conditions de la pédagogie féministe de l’inconfort pour que la PPE puisse légitimement revendiquer sa participation à ce champ.
Les approches et les pratiques féministes en coopération internationale : de nouvelles avenues décoloniales II
Ce panel en deux séances vise à poser un regard critique et multidisciplinaire sur la coopération internationale depuis les approches féministes, incluant les critiques décoloniales. Cette posture est de plus en plus présente dans la recherche et les initiatives de coopération internationale. Bien que des politiques et des plans d’action féministes en cette matière soient nombreux chez les bailleurs de fonds et dans les organisations, des critiques ont dénoncé les limites importantes de leur applicabilité. En ce sens, les critiques féministes, intersectionnelles, postcoloniales, anticoloniales, décoloniales, antiracistes et les autres perspectives dénonçant le caractère patriarcal, raciste et colonial des activités de coopération internationale au sein du modèle actuel gagnent en importance et doivent être réfléchies. Plus précisément, le panel rassemblera des actrices du secteur de la coopération internationale issues de la pratique et du milieu académique. Les présentations aborderont les thèmes suivants : l’impact des systèmes d’oppression sexistes, racistes et colonialistes dans la carrière en coopération internationale; les paradoxes entre la théorisation et la mise en pratique de concepts, la positionnalité des chercheuses et praticiennes dans une perspective de décolonisation des savoirs et des pratiques, les méthodologies féministes dans la recherche, les projets de développement et les collaborations en coopération internationale.
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Communication orale
Les paradoxes rencontrés par les travailleur.se.s humanitaires et de développement au sein de leurs organisations internationalesSoufia Galand (Ingo)
Cette présentation est le partage d’une réflexion sur l’éthique humanitaire. Elle se concentre sur l’invisibilisation des travailleur.se.s humanitaires et du développement et sur les paradoxes qu’ils et elles rencontrent au sein de leurs organisations internationales. Nous entendons ici par paradoxe les incohérences entre les valeurs associées à l’humanitaire et les pratiques au sein des organisations internationales.
Cette recherche s’inscrit dans la littérature de l’aidnography; elle emprunte la perspective des travailleur.se.s humanitaires et du développement et leurs démarches pour réfléchir sur les orientations éthiques pour faire face aux situations rencontrées au sein de leurs organisations internationales.
La recherche consiste à saisir le processus de questionnement de ces paradoxes et la délimitation de l’« inacceptable » selon les employé.e.s des organisations internationales. Ces questionnements sont en en effet ici compris comme des actes qui alimentent la réflexion sur l’éthique humanitaire, d’autant plus qu’il est indiqué dans la littérature que cette interprétation du paradoxal réfère aux principes humanitaires. Ainsi peut-on se demander, comment les narratifs institutionnels et les normes sociales prévalents dans le aidland influencent les employé.e.s du secteur dans leurs questionnements des paradoxes? Pourquoi certain.e.s ramènent ce questionnement au grand public? Qu’est-ce qui dans les faits et leurs paradoxes les pousse à le faire?
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Communication orale
Les avancées sur la parité et les défis rencontrés au Secrétariat des Nations UniesCaroline Harvey (Nations Unies)
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Communication orale
Réduire des inégalités de carrière dans les organisations de coopération internationale canadiennes : vers une approche collective pour des pratiques équitables et inclusivesIsabelle Auclair (Université Laval), Sophie Brière (Université Laval), Stéphanie Maltais (Université d'Ottawa), Jade St-Georges (Université Laval)
Cette communication présente les résultats d’une recherche qualitative documentant les pratiques favorables à la rétention et la gestion de carrière au sein des OCI canadiennes. Adoptant une approche féministe intersectionnelle et d’inclusion, et s’appuyant sur une méthodologie Design based research, la recherche a permis de rencontrer 161 personnes représentant 19 organisations de coopération internationale.
Analysant quatre dimensions liées à la rétention en emploi - la demande psychologique, les conditions de travail/soutien à la carrière, l’harmonisation vie personnelle et professionnelle, et le climat de travail -, cette communication recense des pratiques porteuses et propose un modèle collaboratif précisant les rôles et responsabilités des différentes parties prenantes (bailleurs de fonds, organisation de coopération internationale, associations d’organisations, universités, etc.). Ces rôles et responsabilités impliquent notamment une réflexion critique sur les pratiques organisationnelles et les processus du secteur marqués par des relations de pouvoir inégalitaires émanant des systèmes d’oppression comme le sexisme, le racisme et le colonialisme. En ce sens, le modèle issu des résultats se veut une base à la fois pratique et théorique afin de nourrir une redéfinition des interventions sur le terrain et des connaissances scientifiques sur le sujet.
Les apports critiques du féminisme en philosophie
Cette séance propose de s'intéresser à différents débats épistémologiques qui traversent actuellement la philosophie féministe. La diversification des corpus enseignés, de même que le rapport au corps et à l'État, seront étudiés en profondeur.
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Communication orale
Penser une autre histoire de la philosophie : des philosophes aux fémininsLila Droussent (École normale supérieure de Lyon)
Cette communication-témoignage a pour but de présenter le projet Philosophes aux féminins. Ce cycle d’ateliers a été lancé par des étudiantes dans le but que chacun·e propose une intervention, sur un texte, une oeuvre complète, ou une pensée philosophique, issue de n’importe quel courant de la philosophie ancienne, moderne ou contemporaine. Le seul impératif étant que cette intervention soit centrée sur le travail d’une femme, autrice en philosophie afin de lui restituer sa place dans les grands débats qui animent notre discipline. Grâce à cela, nous espérions répondre à deux ambitions majeures : 1. densifier le corpus légitime de la philosophie tel qu’il est enseigné en France; 2. permettre à de jeunes chercheuses d’avoir l’opportunité de présenter leur réflexion autour d’un texte ou d’un concept. Ce projet a été critiqué. Tantôt on nous a reproché notre ancrage militant, tantôt de reproduire et perpétuer les normes universitaires dominantes. Nous proposons d’ouvrir le débat sur la possibilité pour les pratiques féministes d’exister à l’intérieur du cadre universitaire dominant, masculin et blanc. Répliquer une méthodologie qui a longtemps servi à rendre les femmes invisibles, est-ce un signe d'assujettissement aux normes, ou au contraire un témoignage de notre réappropriation? Nous espérons, à travers ces manifestations, que les étudiant∙e∙s intègrent dans leurs corpus de recherches des travaux de femmes et que les professeur∙e∙s diversifient leurs syllabus.
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Communication orale
Recherches en phénoménologie : vers une philosophie féministe et critiqueMarie-Anne Perreault (UdeM - Université de Montréal)
En phénoménologie, le corps est le centre de l’orientation dans le monde et le siège de la subjectivité. La pensée incarnée du corps en philosophie a fourni un fondement théorique fertile pour penser l’expérience vécue des corps marginalisés. Dans cette perspective, Iris Marion Young (1980) et Judith Butler (1989) se sont penchées sur des aspects absents de la phénoménologie classique, qui monte le sujet masculin en sujet universel. Elles ont développé une phénoménologie féministe par leurs lectures critiques de la phénoménologie de Merleau-Ponty.
Cette communication propose un panorama des développements actuels en phénoménologie qui s’intéressent depuis les dernières années à élargir le spectre de la discipline à des avenues politiques, alors qu’elle était initialement dirigée à une pure description des phénomènes. En plus de la perspective féministe, la phénoménologie critique inclut l’idée que les structures sociales sont constitutives de l’expérience vécue des personnes, et que les relations de pouvoir et dynamiques d’oppression sont vécues à travers le corps et la conscience. Ainsi, sur la base d’une phénoménologie critique de la motilité, des autrices comme Gayle Salamon (2015, 2018) ont développé une phénoménologie des corps trans et de la transphobie tandis que Sarah Ahmed (2005) a uni les perspectives queer à la phénoménologie en modifiant le concept d’orientation spatiale. L'avenir de la phénoménologie serait potentiellement militant, critique et intersectionnel.
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Communication orale
Philosophie féministe : penser sur et dans le mondeLila Droussent (École Normale Supérieure de Lyon), Pauline Noiseau (UdeM - Université de Montréal)
Certains sujets semblent échapper au radar critique de la philosophie, notamment celui de l’inégalité de genre. En effet, les personnes femmes demeurent sous représentées dans les fonctions de professeures, leurs travaux sont rarement discutés et surtout, en tant qu’étudiantes féministes, nos expériences et nos interrogations sont largement ignorées. Cette communication permettra d’explorer le lien entre une expérience politique spécifique, à savoir se situer dans le monde comme féministe, et à partir d’expériences vécues comme philosophe. Nous aborderons les implications qu’ont eues nos expériences dans le monde comme corps subordonnés et en résistance sur le processus de création de la pensée. Nous tenterons ici de répondre à la question suivante : en quoi l’engagement féministe a-t-il profondément transformé notre manière de penser à la fois sur le monde, comme objet philosophique et dans le monde, comme sujet qui, spécifiquement expérimente ce monde. À cette fin, trois axes de réflexion seront abordées : 1) Penser sur le monde : comment le monde devient-il un objet philosophique lorsqu’il est la source d’une expérience violente ou de domination? 2) Penser dans le monde : en quoi la posture idéale du philosophe est-elle largement compromise lorsqu’il s’agit de penser à partir des catégories de genre? 3) Les sororités potentielles entre les philosophes féministes francophones de la France et du Québec à partir d’un espace linguistique commun.
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Communication orale
État et anarchisme : vers de nouvelles prospectives féministes et politiquesPauline Noiseau (UdeM - Université de Montréal)
Cette communication questionne l’hypothèse selon laquelle le mouvement féministe aurait comme finalité la mise en place d’une structure politique anarchiste. Si les féministes se sont largement emparées de la question de l’État (Lamoureux, 1990; Masson, 1999; Fraser, 1998), celle-ci s’est cantonnée à penser et à formuler des manières d’être gouvernementales féministes, plutôt que de remettre en cause son origine et son fondement. Les revendications politiques des mouvements féministes sont majoritairement pensées à l’intérieur de l’État : le combat pour l’égalité des droits, une meilleure représentation des minorités dans les instances décisionnelles, etc.. En revanche, certaines féministes, notamment anarchistes ont critiqué ces doléances en tant qu’elles assuraient une légitimité à une autorité disciplinaire empêchant de fait toute libération des femmes (Goldman; De Cleyre; Rafanelli; Breton, Jeppesen, Kruzynski, Sarrasin, 2015; ou encore aux travaux de Dupuis-Déri). Pourtant, le concept d’État a été pensé comme mouvement autoritaire à travers les structures disciplinaires et les normes qui les sous-tendent (Foucault, 1976). Dès lors, en quoi l’idéal féministe de libération et d’émancipation est difficilement compatible avec une structure politique qui norme, surveille, contrôle et punit les individus? Faut-il mettre fin à l’idée d’État? Seront mis en lumière les arrimages possibles entre les objectifs philosophiques du féminisme et les buts du mouvement anarchiste.
Mots, concepts et discours comme terrain de lutte I : l’aspect théorique des termes, des concepts et du discours comme terrain de lutte pour la (re)signification
Les recherches sur la récupération de concepts par des forces conservatrices ou réactionnaires à des fins idéologiques et politiques sont aujourd'hui de plus en plus courantes en études féministes. C'est dans cette perspective que nous proposons un atelier pour mettre en lumière la pertinence de l'analyse de discours pour étudier la façon dont certains termes ou concepts constituent des terrains de lutte pour la signification, elle-même informée par le contexte politique.
Dans cet atelier, nous nous intéresserons à la façon dont l’analyse de discours dans une perspective féministe permet d’interroger la réalité sociale et politique et de (re)qualifier la réalité et les phénomènes sociaux. À titre d'exemple, des présentations illustrant comment des termes comme la liberté d'expression, le nationalisme, l'agentivité, la démocratie ou encore l'intersectionnalité peuvent être détournés, co-optés ou instrumentalisés composeront l’atelier, qui se déclinera en deux panels. Ce premier panel portera sur l’aspect théorique des termes, des concepts et du discours comme terrain de lutte pour la (re)signification.
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Communication orale
Analyse critique d’une démarche de «re»théorisation de l’intersectionnalité : études de cas d’un backlash épistémiqueMélissa Castilloux (UQAM - Université du Québec à Montréal)
La couverture médiatique au Québec laisse entendre que nous assistons, dans le milieu universitaire, à un déclin de la capacité de discussions rationnelles au profit d’une censure protégeant les sensibilités des personnes « wokes ». Il faut notamment s’interroger à savoir si l’enjeu au centre de ces conflits est véritablement et uniquement la protection de l’affect. D’un point de vue critique, il faut faire la distinction entre le désagrément suscité par un désaccord théorique et la contestation des rapports socio-politiques en jeu dans la production et la diffusion des savoirs universitaires.
Nous partons d’un cas d’étude précis, soit une situation conflictuelle qui émerge dans le cadre d'un cours à la lecture du texte «Intersections and Dialectics : Critical Reconstructions in Social Reproduction Theory » (2017). Plusieurs personnes ont critiqué le choix d’étudier ce texte. Les critiques se sont articulées autour d’une contestation des rapports de pouvoir à l’œuvre dans les savoirs mis de l’avant par le politologue. Nous le verrons, ce texte illustre bien une pratique de théorisation oppressive qui se produit sous le couvert d’une démarche savante. Nous mobilisons notamment les concepts d’« injustice épistémique » (Hill Collins, 2017 ; Miranda Fricker, 2007) et de « backlash épistémique » (May, 2014), afin de mettre en évidence comment une démarche de théorisation peut avoir des conséquences négatives sur des groupes sociaux marginalisés, et ce, bien au-delà de l’affect.
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Communication orale
D’édulcoration à co-optation – réflexion sur des pratiques de distorsion de l’intersectionnalité dans la recherche féministe et en science politiqueGeneviève De Breyne-Gagnon (UQAM - Université du Québec à Montréal)
Au cours des dernières années, la couverture médiatique au Québec a fait planer l’emprise « effroyable » qu’ont les études critiques, féministes, queer et décoloniales dans les institutions académiques. Pourtant, loin de ce règne de terreur imaginé dans les médias, la littérature révèle que ces savoirs peinent à se faire entendre pleinement ou bien encore qu’ils sont fréquemment instrumentalisés et sont les premiers à passer sous le scalpel de l’austérité (May 2015, Grondin et al., 2012). Je m’interroge sur les pratiques interprétatives et discursives qui sous-tendent la distorsion et l’instrumentalisation de savoirs situés. Plus précisément, en prenant le cas de l'intersectionnalité, j’explore la question suivante : Comment les pratiques liées à la néolibéralisation de la recherche, à la blanchité et aux privilèges participent-elles à la distorsion de l’intersectionnalité? Avec pour point de départ central le texte de Sirma Bilge (2015) “Le blanchiment de l’intersectionnalité”, cette présentation vise à poursuivre la réflexion en explorant les dynamiques qui créent une distorsion de l’intersectionnalité, tout en affirmant la mobiliser. Les propos seront appuyés par une revue de littérature sur les critiques de certains usages de l’intersectionnalité en études féministes (Canada, États-Unis, France, Allemagne, Royaume-Uni) à partir de 2005, ainsi que l’analyse de textes issus de la discipline de science politique.
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Communication orale
Le pouvoir de nommer comme enjeu de l’espace sécuritaire : penser les pratiques de dénomination en classe et l’agentivité des élèvesMarina Seuve (UQAM - Université du Québec à Montréal)
Dans l’optique de penser des pratiques plus sécuritaires de prise de parole en classe, ma communication portera sur la prononciation des noms des élèves et les changements de noms. Je m’interroge sur les mécanismes de pouvoir à l’œuvre lorsque nous nous nommons, mal nommons et surnommons mutuellement. Du fait qu’une langue ou une prononciation soit privilégiée par rapport aux autres, Souto-Manning (2011) propose de considérer l’anglicisation (ou la francisation) des noms des élèves dans une classe comme une colonisation discursive. Dans ce contexte, les identités de ces derniers sont construites, détruites et restructurées par les pratiques de dénomination. À partir d’une revue de la littérature qui problématise ces pratiques et déconstruit leurs présupposés normatifs, cette présentation participe à éclairer les déclinaisons subtiles des violences anthroponymiques aux prises avec le racisme et le genre. La négociation des pratiques de dénomination entre élèves et professeur.e.s offre des perspectives d’agentivité et de transformations sociales.
Approches queer et études des corps et des sexualités
Cette séance est consacrée à l'étude de phénomènes artistiques, culturels et médiatiques remettant en questions les normes de genre et de sexualités. Les approches intersectionnelle et queer sont privilégiées afin d'appréhender ces objets d'étude dans toute leur complexité.
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Communication orale
Entre corps et discours : le corps vécu comme lieu de reconstruction du sujetJustine Perron (Université d’Ottawa)
La question de la formation de l’identité est omniprésente dans le mouvement féministe. En effet, il semble nécessaire de penser la formation du sujet en prenant compte des normes sociales qui le composent (hétéronormativité, normes de genre, etc.), mais il est également primordial de conceptualiser ce processus de manière à laisser place à la reconstruction d’une identité déjà prescrite. Cette communication propose de nouvelles pistes de réflexion au débat entourant la formation du sujet en philosophie politique, et ce grâce à la phénoménologie queer. Tout d’abord, nous identifierons les manières par lesquelles l’idéologie influence la formation du sujet, principalement par le discours et par ses ancrages dans les corps. Les écrits de Pierre Bourdieu et de Judith Butler sur la question, représentant respectivement les positions structuralistes et postmodernes de la formation du sujet (lecture classique) seront mobilisés. Nous tâcherons de comprendre s’il est possible de trouver un terrain d’entente entre ces auteur-trice-s en matière d’émancipation du sujet et, ainsi, nuancer leurs positions. C’est en explorant les possibilités de réunions entre l’habitus de Bourdieu et la performativité que nous constaterons le rôle de l’idéologie dans la mise au monde du sujet, mais également dans sa libération. La phénoménologie queer a le potentiel les réunir. La performativité, dont l’objectif est la libération politique, et l’habitus gagneraient donc à dialoguer.
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Communication orale
Solidarités féministes et queer en réseau : actions performatives et assemblées vidéographiques sur le WebJulie Ravary-Pilon (UdeM - Université de Montréal)
La communication se situe au carrefour des études féministes et queer ainsi que des études sur les médias numériques pour comprendre le potentiel des diverses technologies dans la médiation et la circulation des mouvements sociaux féministes et queer dans l'espace numérique. Un espace qui permettrait la création de nouvelles solidarités en réseau entre artistes militant.es et publics mobilisés. L'étude de cas de deux vidéos performatives Free Pussy Riot (Peaches and the videomakers, 2012) et Rockumenta (LGBTQI+ Refugees, 2017) permettra de proposer des pistes d'approche pour réfléchir l’influence des outils technologiques dans la manière dont les cultures politiques féministes et queer sont informées, diffusées et partagées, mais également de voir comment les militant.e.s transforment les dispositifs numériques et leur rôle dans la création de communautés.
En 2012, l'artiste électro-punk Peaches publie une vidéo en ligne en soutien aux trois femmes emprisonnées à tort en Russie pour leur performance d'une prière punk contre la politique oppressive du président Vladimir Poutine. Elle avait convoqué, via ses réseaux sociaux, les Berlinois,es à performer dans les rues sous sa direction et avait demandé aux supporters des Pussy Riot qui ne pouvaient pas la rejoindre en personne de « send a 30 second video of yourself showing support ». Cette assemblée vidéographique rassemble des extraits de l'événement à Berlin ainsi que des extraits de 70 vidéos soumises par la communauté Web. -
Communication orale
Penser l’intersection du genre, de la classe sociale et de la sexualité : l’exemple des usages de la lecture érotique par les femmesBenedicte Taillefait (Université Laval)
La communication s’intéresse aux pratiques de lecture érotique des femmes telles qu’elles sont situées à l’intersection de la classe sociale, du genre et des sexualités. Il sera question d’explorer comment cet objet culturel peut être propice à l’enrichissement des analyses de l’intersectionnalité. À partir d’un corpus d’analyse préliminaire des usages de ces lectures par les femmes, il s’agira de montrer comment cela donne lieu à des pratiques négociées qui rendent compte de l’agentivité sexuelle et culturelle des lectrices, elles-mêmes situées à l’intersection de rapports de pouvoirs inégaux et multiples. L’étude des parcours de lectrices d’écrits érotiques permettra d’analyser les moyens de réappropriation d’espaces d’expression de la sexualité dans lesquels toutes les femmes n’évoluent pas à armes égales. Dans un premier temps, cette communication reviendra sur l’entrecroisement des enjeux de classe, de genre et de sexualité qui traverse la pratique de la lecture, notamment à tendance érotique. Dans un deuxième temps, il s’agira de montrer comment le concept d’agentivité sexuelle favorise une analyse intersectionnelle des parcours complexes de lectrices de contenus érotiques. En dernier lieu, les résultats préliminaires de la collecte de données seront présentés ainsi que les premiers constats de recherche qu’ils permettent.
Mots, concepts et discours comme terrain de lutte II : dimensions méthodologiques de l’analyse de discours sur l’antiféminisme
Les recherches sur la récupération de concepts par des forces conservatrices ou réactionnaires à des fins idéologiques et politiques sont aujourd'hui de plus en plus courantes en études féministes. C'est dans cette perspective que nous proposons un atelier pour mettre en lumière la pertinence de l'analyse de discours pour étudier la façon dont certains termes ou concepts constituent des terrains de lutte pour la signification, elle-même informée par le contexte politique.
Dans cet atelier, nous nous intéresserons à la façon dont l’analyse de discours dans une perspective féministe permet d’interroger la réalité sociale et politique et de (re)qualifier la réalité et les phénomènes sociaux. À titre d'exemple, des présentations illustrant comment des termes comme la liberté d'expression, le nationalisme, l'agentivité, la démocratie ou encore l'intersectionnalité peuvent être détournés, co-optés ou instrumentalisés composeront l’atelier, qui se déclinera en deux panels. Ce second panel s’intéressera davantage à la dimension méthodologique de l’analyse de discours, abordant notamment la constitution de grilles d’analyse en études féministes pour analyser des phénomènes sociaux.
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Communication orale
Les « rhétoriques réactionnaires » et « l’antiféminisme ordinaire » : De la pensée conservatrice anti-genre au « féminisme de façade »Héloïse Michaud (UQAM - Université du Québec à Montréal)
Dans une perspective critique et de changement, les études féministes et de genre visent à requalifier le réel, par la défamiliarisation et la déconstruction (Ollivier et Tremblay, 2000). La constitution de grilles de lecture par les chercheures, dans une visée de déconstruction, s’avère être une étape de l’analyse indispensable pour mettre en lumière les procédés utilisés par des groupes sociaux pour défendre leurs intérêts politiques.
Ainsi, depuis les années 1990, les rhétoriques et les argumentaires du phénomène socio-politique de l’antiféminisme ont fait l’objet de nombreuses études, qui ont permis de les décortiquer et de les déconstruire. Par ailleurs, le discours du féminisme qui exagère, ou « va trop loin », présent dans la culture populaire et les médias depuis les années 2000 (Faludi, 1991; Delphy, 2004) s’imbrique avec « l’antiféminisme ordinaire » (Descarries, 2005). Ce type d’antiféminisme se fait plus discret, allant parfois jusqu’à se déguiser en « féminisme de façade ».
Cette communication vise à examiner les parallèles entre ces grilles d’analyse et à présenter leur mise en application dans des cas d’étude de l’antiféminisme. Après avoir décrit les mécanismes qu’elles mettent en lumière, nous étudierons leur application à travers l’étude de cas des discours antiféministes sur l’écriture inclusive en France (2017). Cela nous amènera à interroger la potentielle application de ces grilles pour d’autres cas d’étude de l’antiféminisme.
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Communication orale
Un « backlash » antiféministe: Étude de cas des controverses opposant des humoristes et des féministes au QuébecSophie-Anne Morency (UQAM - Université du Québec à Montréal)
Ces dernières années au Québec, plusieurs hommes humoristes ont été au cœur de controverses pour avoir utilisé de l’humour sexiste dans le cadre de leurs spectacles. Si certains ont accueilli les critiques des féministes vis-à-vis leur humour, d’autres ont vivement critiqué les personnes à leur origine, ridiculisant celles-ci et mobilisant le droit à la liberté d’expression. Ainsi, cette présentation montrera que ces hommes humoristes ont réagi selon la logique d’un backlash antiféministe à travers une analyse de discours des réponses des humoristes aux critiques féministes. Pour ce faire,
nous utiliserons des grilles de lecture construites à partir des tactiques de résistance et de backlash à l’égalité de genre (Flood et al., 2020), des réactions coercitives (Mansbridge et Shames, 2012), des logiques réactionnaires (Hirschman, 1991) et finalement des éléments de l’antiféminisme « ordinaire » (Descarries, 2005).
Applications féministes des méthodes et de l’éthique en sociologie I : exemples de techniques et de leur application féministe et inclusive
Cette séance fait partie d'une série de trois sous le thème Applications féministes des méthodes et de l'éthique en sociologie organisés par le Groupe de recherche RÉFIMI dans le but de créer un espace de partage et de discussion des enjeux liés à certaines applications féministes des méthodes et de l’éthique en sociologie. Les participantes sont liées par l’effort visant à développer des dispositifs méthodologiques innovants et intersectoriels dans une perspective féministe inclusive, ainsi que de favoriser la circulation et le transfert de cette expertise. Quelles techniques, approches et design méthodologiques fonctionnent dans une démarche féministe et inclusive en sciences sociales? Et quelles idées ou approches ne fonctionnent pas une fois arrivées sur le terrain? Par quoi les chercheures se font « surprendre »? Quels sont les enjeux éthiques des différentes démarches et techniques d’enquête lorsqu’on les applique avec un souci d’inclusion? Quelles sont les meilleures pratiques pour le transfert des connaissances dans une optique féministe, innovante et inclusive? Ces questions seront développées dans les trois ateliers proposés, qui réunissent des chercheures chevronnées et des jeunes chercheures (étudiantes de cycles supérieurs).
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Communication orale
Méthodologies féministes ou approche féministe en recherche?Francine Descarries (UQAM - Université du Québec à Montréal)
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Communication orale
La construction de portraits (podcasts, roman-photos, feuilletons) de Musulmanes pratiquantes à partir d’un point de vue émique et de techniques de co-constructionsMarie Nathalie Leblanc (UQAM - Université du Québec à Montréal)
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Communication orale
Santé des femmes en situation de pauvreté au Sénégal : difficultés et enjeux de connaissancesRosalie Aduayi Ep Diop (UNIVERSITE CHEIKH ANTA DIOP)
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Communication orale
Réaliser des groupes de discussion asynchrones sur Facebook auprès de mères de jeunes autistes : rejoindre les participantes là où elles sontCatherine Des Rivières-Pigeon (UQAM - Université du Québec à Montréal)
Décloisonner les approches critiques et féministes : discussion sur les formations, les recherches et les pratiques en travail social
Les approches critiques (Pullen Sansfaçon, 2013; Caron et al., 2020), dont les féministes (Barnoff, 2001; Corbeil et Marchand, 2010; Johnstone, 2018), sont présentes dans les formations en travail social et dans des lieux d’intervention au Québec. Néanmoins, elles sont souvent cantonnées à certains organismes, certaines causes, certaines personnes, voire limitées aux intervenant.e.s s’identifiant comme féministes. Pourtant, ces approches pourraient contribuer au travail social, comme discipline, tout comme aux intervenant.e.s et aux personnes avec lesquelles illes œuvrent. Par exemple, les approches critiques et féministes, réfléchies et appliquées de manière transversale, peuvent mener à une prise en compte de la manière dont nos propres actions, bien que posées dans une optique de transformation sociale, peuvent reproduire les dynamiques que nous tentons de déconstruire. De plus, bien que certaines pratiques féministes et critiques soient acceptées en travail social, la multiplicité des perspectives et des courants tardent à y être diffusée. Ainsi, leur utilisation reste marginale ou peut même être décrédibilisée, car « trop radicales », dans un domaine qui, pourtant, vise le changement social. À partir d'expériences de recherche, de militance et d’intervention de nouveaux.elles chercheur.euse.s et praticien.ne.s, ce panel propose discuter de la centralisation des approches pour un travail social réellement fidèle aux valeurs de justice sociale.
Applications féministes des méthodes et de l’éthique en sociologie II : les vertus du partage des imprévus et des obstacles méthodologiques
Cette séance fait partie d'une série de trois sous le thème Applications féministes des méthodes et de l'éthique en sociologie organisés par le Groupe de recherche RÉFIMI dans le but de créer un espace de partage et de discussion des enjeux liés à certaines applications féministes des méthodes et de l’éthique en sociologie. Les participantes sont liées par l’effort visant à développer des dispositifs méthodologiques innovants et intersectoriels dans une perspective féministe inclusive, ainsi que de favoriser la circulation et le transfert de cette expertise. Quelles techniques, approches et design méthodologiques fonctionnent dans une démarche féministe et inclusive en sciences sociales? Et quelles idées ou approches ne fonctionnent pas une fois arrivées sur le terrain? Par quoi les chercheures se font « surprendre »? Quels sont les enjeux éthiques des différentes démarches et techniques d’enquête lorsqu’on les applique avec un souci d’inclusion? Quelles sont les meilleures pratiques pour le transfert des connaissances dans une optique féministe, innovante et inclusive? Ces questions seront développées dans les trois ateliers proposés, qui réunissent des chercheures chevronnées et des jeunes chercheures (étudiantes de cycles supérieurs).
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Communication orale
Mesurer le travail gratuit : enjeux sociaux et obstacles méthodologiquesElisabeth Abergel (UQAM - Université du Québec à Montréal), Julie Francoeur (Université du Québec à Montréal), Elsa Galerand (Université du Québec à Montréal)
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Communication orale
Anticiper la méthodologie de phénomènes caractérisés par l'invisibilité : enjeux et limitesShirley Roy (UQAM - Université du Québec à Montréal)
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Communication orale
La surprise d'être un corps féminin exposée au "regard féminin" (female gaze) des participantesChiara Piazzesi (UQAM - Université du Québec à Montréal) ▶ Vidéo
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Communication orale
Comment parler des minoritaires selon une perspective féministe de l'analyse critique de discours (CDA)? Les obstacles à la diffusion dans le monde du conte au QuébecMyriame Martineau (UQAM - Université du Québec à Montréal)
Le renouvellement des analyses écoféministes : décolonialité, altérité et pluralité
Les écoféminismes nous invitent à imaginer, incarner et créer des ailleurs à la logique de domination et d’exploitation qui caractérise les sociétés capitalistes, coloniales, patriarcales. Il s’agit de refuser les oppositions binaires qui nous coupent de nous-mêmes et du monde, qui divisent nos corps. Les écoféminismes nous invitent à faire advenir de nouveaux liens et à nous ouvrir à l’ambiguïté de la relation, à la vulnérabilité qu’implique le fait d’être formé-e et dépossédé-e par le monde, les autres, la nature (Butler, 2005). Ce panel s’intéressera au renouvellement des analyses écoféministes dans leur rencontre avec l’antispécisme, la pensée décoloniale, le postcolonial, l’écologie décoloniale et l’intersectionnalité. Nous explorerons les liens oppressants qui relient les femmes racisées, les animaux et la nature, notamment à travers l’histoire des Caraïbes. Nous poserons nos regards sur la ville à travers une cartographie corporelle écoféministe afin d’y réfléchir les présences et résurgences autochtones. Nous questionnerons nos rapports à l’altérité et à la pluralité à partir d’une critique de la montée de l’écofascisme et de la peur de l’«autre». Puis, nous ouvrirons sur les potentiels de résistances et de solidarités, notamment en nous intéressant aux pratiques coalitionnelles écoféministes et décoloniales dans le contexte de la crise climatique.
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Communication orale
L'Environnement, c'est intersectionnel : les liens entre la misogynoir, le spécisme et l'exploitation et l'oppression de la natureLourdenie Jean (À mon compte)
Cette présentation visitera les croisements entre le spécisme, les rôles imposés à la nature et la misogynoir. Pour ce faire, elle explorera le traitement des corps féminisés noirs, notamment durant l'esclavage, en plaçant la colonisation des Caraïbes et leur formation à titre d'événement catalyseur de ces intersections.
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Communication orale
La cartographie corporelle comme mise en pratique d’une approche écoféministe décoloniale en études urbainesNaomie Léonard (INRS - Institut national de la recherche scientifique)
Les paradigmes épistémiques occidentaux ont longuement réduit le corps à un obstacle dans le processus de recherche scientifique. Et si de plus en plus de perspectives critiques unissent leurs voix afin de valoriser la place de corps dans nos relations au monde et ses constituantes, il est encore marginal de l’intégrer entièrement dans sa méthode de recherche. Dans le cadre de mon doctorat en études urbaines, je m’intéresse aux sentiment d’(in)sécurité de femmes autochtones en milieu urbain et j’ai choisi d’adopter la cartographie corporelle comme méthode afin que le corps soit central au processus de recherche tout comme il est central au rapport à l’espace. Ce choix me permet d’opérationnaliser mon ancrage théorique dans les perspectives écoféministes décoloniales et les éthiques du care.
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Communication orale
Écofascisme et la peur de l’Autre : incarner une résistance politique à travers la sensibilité et l’interconnectivitéÉlise Warren (UQAM - Université du Québec à Montréal)
L’émergence de l’écofascisme en Occident s’explique par une montée de la peur de « l’autre » dans un contexte d’urgence climatique. Les changements climatiques provoquent de plus en plus un sentiment de précarité en lien avec le territoire, et, afin de « protéger ses ressources », il faut exclure et éliminer les « intrus » qui « déstabilisent l’écosystème local », ou du moins, c’est ce que demandent les personnes qui se revendiquent d’un écofascisme. Alors que la crise environnementale est provoquée par un refus social de reconnaître l’interconnectivité entre les êtres du vivant et du non-vivant, l’écofascisme renforce les dynamiques d’oppression qui sont à l’origine du problème planétaire. Il me semble ainsi nécessaire de penser la question des frontières liminales des territoires et des identités dans une approche écoféministe et postcoloniale afin de soulever les potentiels de résistance politique des représentations d’interconnectivité. Peut-être que c’est en offrant des images qui sensibilisent à l’environnement et à « l’autre » que l’on peut contrer la montée de la pensée écofasciste.
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Communication orale
Pourquoi a-t-on besoin d'écouter les animaux ? Pour une transformation (éco)féministe inter-espècesMyriam Bahaffou (Université d’Ottawa)
Les rencontres entre écoféministes et antispécistes sont nombreuses, mais elles ne sont pas sans poser un certain nombre de problèmes à la fois éthiques et politiques. Est-il possible de penser un antispécisme en contexte décolonial ? Qu'est-ce que cette lutte a à nous apprendre, et quelles sont ses dynamiques avec les écoféminismes ? J'essaierai de présenter les différents liens que peuvent entretenir les écoféminismes avec les animalismes et comprendre quel(s) futur(s) politiques ils donnent à voir.
Applications féministes des méthodes et de l’éthique en sociologie III : portée transformatrice sur les rapports sociaux et sur le processus de recherche
Cette séance fait partie d'une série de trois sous le thème Applications féministes des méthodes et de l'éthique en sociologie organisés par le Groupe de recherche RÉFIMI dans le but de créer un espace de partage et de discussion des enjeux liés à certaines applications féministes des méthodes et de l’éthique en sociologie. Les participantes sont liées par l’effort visant à développer des dispositifs méthodologiques innovants et intersectoriels dans une perspective féministe inclusive, ainsi que de favoriser la circulation et le transfert de cette expertise. Quelles techniques, approches et design méthodologiques fonctionnent dans une démarche féministe et inclusive en sciences sociales? Et quelles idées ou approches ne fonctionnent pas une fois arrivées sur le terrain? Par quoi les chercheures se font « surprendre »? Quels sont les enjeux éthiques des différentes démarches et techniques d’enquête lorsqu’on les applique avec un souci d’inclusion? Quelles sont les meilleures pratiques pour le transfert des connaissances dans une optique féministe, innovante et inclusive? Ces questions seront développées dans les trois ateliers proposés, qui réunissent des chercheures chevronnées et des jeunes chercheures (étudiantes de cycles supérieurs).
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Communication orale
Mise en évidence stratégique de l'inégalité vécue. Une démarche par photoélicitation dans le contexte de la neurodiversitéIsabelle Courcy (UQAM - Université du Québec à Montréal)
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Communication orale
Penser les relations entre savoirs et pratiques des chercheuses féministes et des doulasCatherine Duchesneau (UQAM - Université du Québec à Montréal)
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Communication orale
De la vulnérabilité des chercheur.es : pour une écoute radicale et transformatrice des participant.esCamille Ranger (UQAM - Université du Québec à Montréal)
Synthèse et clôture
Il est ici proposé de prendre un pas de recul pour mesurer ensemble les connaissances transmises et les enseignements qui peuvent en être tirés. Ce colloque se voulait un espace destiné à mettre en lumière des enjeux (re)traduisant la structure concrète et symbolique des différents systèmes d’oppression. Que retenons-nous des présentations offertes? Comment qualifier le panorama des travaux théoriques et empiriques en études féministes et de genre en cours? En quoi le colloque nous renseigne-t-il sur la production scientifique au sein de la communauté de recherche professorale et étudiante, et de l’apport des milieux de pratique et militants?