465 - La question du lien et de l’attachement en santé mentale : penser l’actualité des modalités relationnelles en contexte

Les contours du lien en psychothérapie : cadre clinique

• Communication orale 09 h 00
  « Un thérapeute qui me ressemble ? » Enjeux cliniques du cadre psychothérapique face aux modalités contemporaines de l’identité et du lien social
  Florent Poupart (Université Toulouse Jean Jaurès)

  Sur quels critères les personnes en demande de psychothérapie choisissent-elles leur praticien ? Quel est l’impact de ces critères sur le déploiement de la relation de soin et le processus thérapeutique en santé mentale ? Il semble que ces questions ne se posent plus tout à fait de la même façon aujourd’hui qu’hier, du fait des mutations sociétales de ces dernières décennies, qui ont amené à accorder davantage de place aux revendications identitaires des individus dans l’organisation de la vie collective. Ainsi le genre, l’orientation sexuelle, l’appartenance ethnique ou religieuse, peuvent constituer des critères décisifs dans le choix du thérapeute. Par exemple, il peut paraître naturel à une femme de se tourner préférentiellement vers un thérapeute femme, qui sera perçue comme mieux sensibilisée aux problématiques de violences conjugales, sexuelles, obstétricales, au harcèlement sexuel, de rue, etc. L’objet de cette communication sera d’interroger les effets de ces mutations sur la relation et le processus thérapeutiques, à partir de travaux en philosophie et en psychologie clinique, autour de cette question : quels sont les enjeux cliniques et éthiques de la recherche du même (d’une "mêmeté") dans la relation entre la personne en demande et son thérapeute ? Pour cela, nous nous appuierons en particulier sur la notion de cadre psychothérapique, dont les fonctions et effets ont été dégagés par de nombreux travaux en psychologie clinique.

Atelier — Apologie du travail du lien dans la clinique actuelle : l’intervention auprès des populations désaffiliées

• Communication orale 09 h 20
  L’accueil d’une souffrance en désaffiliation : héberger l’impensé
  Élise Dubois (UQAM), Anne-Marie Emard (UQAM - Université du Québec à Montréal), Sophie Gilbert (UQAM), Catherine Larose-Osterrath (UQAM)

  Cette présentation est née d’une recherche réalisée à La Rue des Femmes. Cet organisme montréalais propose une approche plaçant le lien au cœur de son intervention à des femmes en « état » d’itinérance, lesquelles présentent souvent un cumul d’expériences traumatiques et de ruptures de liens (Lussier et al., 2002; Novac, 2006). L’analyse du discours d’intervenantes et de rencontres avec des femmes désaffiliées nous a permis de conceptualiser le travail du lien comme un processus à la croisée du subjectif et de l’intersubjectif. Plus spécifiquement, ce travail est entendu à la fois comme un effort de contenance (Ciccone, 2001), offrant la possibilité de tolérer des charges affectives en souffrance de représentation, et comme un effort de symbolisation afin de donner une sens à ces charges de manière à pouvoir les réintégrer dans l’espace relationnel. Nos résultats dressent un parallèle entre l’expérience des intervenantes avec ces femmes et celle des chercheures lors des entretiens et portent un éclairage fertile sur les possibilités d’accueil de la souffrance dans un effort de reliaison. Enfin, nous discuterons des enjeux d’une telle posture pour l’intervention et des ingrédients nécessaires à son déploiement, notamment l’offre d’un espace tiers pour soutenir les aidants

• Communication orale 09 h 40
  Réflexions sur une pratique « marginale » en santé mentale : résonances multiples de la désaffiliation
  Flora Castel (UQAM - Université du Québec à Montréal)

  Cette présentation s’inspire des résultats préliminaires d’une recherche qualitative visant à mieux comprendre la portée d’un programme en santé mentale mis sur pied par Médecins du Monde. Destiné aux intervenant.e.s d’organismes communautaires de Montréal, ce programme offert par des psychologues comprend du soutien individuel et de groupe, de même que de la formation en santé mentale (communauté de pratique). L’analyse des entretiens menés auprès des intervenant.e.s et des psychologues permet de dégager les particularités d’une offre de soin reposant sur un travail du lien. Ainsi, tant les psychologues que les intervenants mettent de l’avant la valeur mais également les défis qu’un tel type de travail suppose. Leurs propos invitent à réfléchir à la façon dont certains enjeux propres à l’expérience des soignants et des soignés entrent en résonance et ce, tant sur les plan intrapsychique que relationnel et politique. La dimension de la précarité qui constitue le fil rouge reliant ces expériences prend ainsi différentes formes. À la précarité matérielle et psychique qui marque le vécu des personnes en situation d’itinérance fait écho la précarisation du contexte de pratique des intervenants communautaires qui oeuvrent auprès d’eux et des psychologues qui les soutiennent. Cette précarisation relève de leurs conditions de travail mais se traduit également par l’effritement des pratiques d’intervention axées sur la relation, qu’une vision du soin quantifiable relègue à la marge

Éprouver les liens : jeunesse

• Communication orale 10 h 40
  De la fragilisation d’un lien social à la mise en place d’un processus de compensation. Les voies de réexistence sociale chez les adolescents disqualifiés scolairement
  Sidonie Vacher (Université Lumière Lyon 2)

  Notre recherche s’intéresse aux processus de compensation à l’œuvre dans les parcours d’adolescents disqualifiés scolairement. Nous nous appuyons sur la théorie de la reconnaissance développée par Honneth (2000) et la théorie des liens sociaux de Paugam (2014). Pour ce dernier, les liens sociaux constituent le tissu social qui enveloppe l’individu et ont en commun de lui apporter chacun protection & reconnaissance. En cas de fragilité d’un des liens, un processus de compensation peut se mettre en place car il existe des modes de résistance à la disqualification sociale. Nous nous appuyons sur 23 entretiens compréhensifs menés fin 2021. Il s'agissait principalement de jeunes adultes confrontés durant leur scolarité à du décrochage scolaire. Nos données montrent qu’un enjeu de l’adolescence contemporaine est de trouver une place symbolique entre 3 liens : familial, scolaire et juvénile. La fragilisation d’un lien (ici scolaire) inflige à l’individu des souffrances psychiques importantes. Ce mal-être peut être nettement limité par l’investissement d’un autre lien de manière compensatoire offrant au jeune un support de revalorisation de soi. Cependant, les voies de raccrochage social ne sont pas également distribuées, fonction d’un champ des possibles différencié entre les jeunes. Notre étude, en questionnant simultanément « ce qui se défait et ce qui se retisse » (Pelletier & Alaoui, 2016, p.2), permettra une meilleure compréhension des vécus adolescents en milieu scolaire.

• Communication orale 11 h 00
  Préférence pour les interactions sociales en ligne et soutien à la radicalisation violente: Le rôle de la dépression, du soutien social et de l'identité collective
  Diana Miconi (UdeM - Université de Montréal)

  Cette contribution examine l’association entre la préférence pour les interactions sociales en ligne et le soutien à la radicalisation violente (RV) chez les étudiants des cégeps et universités au Québec pendant la pandémie de la COVID-19. En outre, nous cherchons à savoir si cette association est partiellement médiée par la dépression et modérée par le soutien social et l’estime de soi collective des étudiants. Un total de 5598 étudiants ont répondu à une enquête en ligne. Nous avons utilisé des modèles de régression à effets mixtes et effectué une analyse stratifiée et une analyse de médiation formelle. Une préférence plus élevée pour les interactions sociales en ligne était associée à un soutien plus fort à la RV. La dépression a partiellement médié cette association. Bien que la préférence pour les interactions sociales en ligne soit un facteur de risque pour la RV, des niveaux plus élevés de soutien social et d’estime de soi publique se sont avérés protecteurs. Il est important de soutenir les jeunes adultes déprimés et de les aider à maintenir et à construire un réseau social de soutien, surtout pendant cette pandémie. Il est urgent de mettre en place des programmes visant à favoriser l’inclusion, les identités multiples, les compétences numériques et la pensée critique chez les étudiants afin de remédier aux éventuelles conséquences négatives de l’espace en ligne sur la santé mentale des jeunes et le soutien à la violence.

Affiche scientifique 1

• Communication par affiche 13 h 01
  Repenser le Grandeur Nature : un théâtre d'interactions humaines
  Brendon Watters (UQAC - Université du Québec à Chicoutimi)

  Avec l’engorgement des psychologues cliniciens, il devient urgent de s’intéresser aux modalités qui visent la prévention et le traitements de la collectivité. C’est ici que le Grandeur Nature, communément appelé « GN », fait son apparition fulgurante. Sous l’œil d’un néophyte, le GN n’est qu’une activité récréative d'immersion fantastique dans laquelle un participant incarne physiquement un avatar de sa création. Il s’agit là d’un véritable théâtre d’interactions humaines. Cela dit, sous la lentille d’un chercheur en santé mentale, le GN a le potentiel de devenir à la fois un milieu fertile d’observation et d’intervention. L’approche analytique proposerait qu’étudier le masque, lire ici Persona, qu’un individu choisi délibérément de revêtir peut témoigner de ses inclinaisons. Se permettre d’exprimer des facettes de soi sous le voile protecteur d’un masque peut s’avérer cathartique. La perspective systémique permet de considérer le contexte du GN comme un microsystème « parallèle » pouvant impacter les autres systèmes en fonction chez un individu. À la suite d'une exploration phénoménologique, il a été soulevé que pour un adolescent cette activité avait le potentiel de promouvoir son développement social et identitaire, de développer ses habiletés relationnelles, d’atténuer le sentiment d’isolement social, de redevenir maître de son destin ainsi que de lui servir d’opportunité de réconciliation avec un passé traumatisant.

Périnatalité et liens précoces

• Communication orale 13 h 15
  Penser le soin pluridisciplinaire en périnatalité : exemples de coopération entre équipes d’obstétrique et de psychiatrie au bénéfice des bébés et des parents
  Ludivine Franchitto

  L’année 2021 en France a marqué un tournant dans la politique des soins psychiques en périnatalité. Après le rapport de la commission des 1000 jours, divers travaux ont amené à la reconnaissance de la psychiatrie périnatale au sein de la psychiatrie, et vont permettre de définir une mention de psychiatrie périnatale pour les établissements de soin qui rempliront certains critères pour ce public particulier. L’enjeu de santé publique est de prévenir les troubles attachementaux les plus sévères chez les bébés à haut risque. Le soin psychique aux parents en difficultés ne doit ni être négligé, ni faire oublier les besoins développementaux des tout-petits. C’est pourquoi la notion de soins conjoints parents-bébé est essentielle en psypérinatalité. Mais ces soins conjoints ne peuvent s’envisager que dans une perspective somato-psychique et pluridisciplinaire entre les différents soignants de la grossesse et de la petite enfance. Loin des paradigmes de la psychothérapie classique, le soin en maternité s’adapte et se réinvente en tenant compte du contexte et de la temporalité dans lequel évoluent familles et soignants. C’est sur cette base que nous avons créé plusieurs dispositifs partenariaux au CHU de Toulouse entre les équipes de pédopsychiatrie, d’obstétrique et de pédiatrie : activité de liaison, de consultations, formations, staff pluridisciplinaire, et tout récemment, un projet de soins à domicile et d’hospitalisation parents bébé au sein même de la maternité.

• Communication orale 13 h 35
  « Dépression post-natale : Vers de nouvelles modalités d’interventions.»
  Carole Gentilleau (Université Paul Sabatier)

  La dépression du post-partum (DPP) est la pathologie psychique la plus fréquente dans les suites d’un accouchement et touche 12% des femmes en France. Cette pathologie peut impacter la relation mère- bébé et entraver le développement du bébé à court et à long terme. Des traitements existent pour la DPP mais ne ciblent pas spécifiquement les interactions mère-bébé. Par conséquent, ils ne permettent pas la mise en place d’actions en faveur d’une amélioration du lien mère-bébé nécessaire au développement du bébé, à sa santé mentale et à l’élaboration de liens d’attachement de bonne qualité. Une intervention ciblée et brève de thérapie cognitive et comportementale centrée sur l’amélioration de la qualité de la relation mère-bébé (le programme HUGS : Happiness, Understanding, Giving and Sharing) a été créée et validée par l’équipe australienne du Pr Jeannette Milgrom. Cette communication propose de présenter cette thérapie brève importée et évaluée dans les maternités françaises en 2022.

Affiche scientifique 2

• Communication par affiche 14 h 01
  Représentation sociale de la dépression et suicide dans le contexte culturel africain
  N'guessan Elkhanan N'goran (Université d’Ottawa)

  Dans l'optique de contribuer à l’amélioration de la santé mentale et la promotion de la santé pour tous, notre étude cherche à comprendre les représentations sociales et culturelles de la dépression et du suicide en contexte culturel africain. À l’aide d’une méthode mixte de recherche, des techniques d’entretien et un questionnaire seront adressés aux populations africaines du Québec et de la Côte d’Ivoire afin de faire ressortir les considérations subjectives pouvant servir à la prévention et la résilience face aux enjeux de dépression et de suicide.

Les liens dans les bouleversements sociaux politiques

• Communication orale 14 h 45
  L’influence de l’instabilité sociopolitique en Haïti sur les modalités relationnelles à l’adolescence
  Jeff Matherson Cadichon

  Cette communication porte sur les enjeux du processus d’adolescence en Haïti dans un contexte marqué par des catastrophes naturelles, le COVID-19, l’instabilité politique et un climat sécuritaire délétère. Il s’agit d’explorer généralement, par le biais d’une expérience clinique personnelle, les conséquences psychologiques de cette réalité déstabilisante et spécifiquement l’impact sur les modalités relationnelles chez les adolescents haïtiens qui se trouvent à un carrefour de leur vie où les équilibres émotionnels et affectifs sont bouleversés. Aussi fait-on le lien avec les multiples conséquences post-traumatiques des catastrophes antérieures ayant dévasté Haïti dont le séisme du 12 janvier 2010 qui avait déjà mis en relief la grande vulnérabilité psychologique des adolescents et des jeunes adultes en Haïti, et le récent séisme du 14 août 2021 qui a intensifié les éprouvés psychiques de la population juvénile. Cette démarche permettra de faire valoir la nécessité de mettre en place des programmes de santé mentale et de soutien psychosociale en faveur de de la population juvénile en Haïti.

  Mots clés : Adolescence – Modalités relationnelles – Instabilité sociopolitique – COVID-19 – Vulnérabilité psychologique

• Communication orale 15 h 05
  Soins virtuels de santé mentale pour les réfugiés pendant la pandémie : L’alliance à l’épreuve de la distance?
  Farah Ahmad (York), Neil Arya (McMaster), Michaela Hynie (York), Nicole Ives (Sherbrooke), Annie Jaimes (Sherbrooke), Ben C.H. Kuo (Windsor), Anna Oda (York), Laura Perez Gonzalez (York), Marjolaine Rivest-Beauregard (Université McGill)

  Durant la pandémie, les institutions et cliniciens offrant des services de santé mentale ont dû rapidement adapter leur cadre thérapeutique aux mesures sanitaires, adoptant ainsi des modalités virtuelles. Si les soins à distance offrent plusieurs avenues prometteuses, ils présentent également des enjeux, encore peu explorés, notamment dans le travail clinique auprès des populations vulnérables tels que les réfugiés. Pour explorer ces questions, nous avons mené une étude pan-canadienne (AB, CB, ON, QC) sur les soins virtuels de santé mentale en temps de pandémie pour des personnes ayant récemment migré de force au Canada. Cette communication examine plus spécifiquement les perspectives de cliniciens et de réfugiés concernant les soins virtuels, l’élaboration du lien de confiance et de la relation thérapeutique à distance. Des entrevues ont été menées auprès de professionnels de santé mentale (25) et de personnes réfugiées (45). L’analyse thématique de ces entretiens permet de mieux comprendre l’entrelacement des enjeux relationnels, technologiques, structurels, transculturels et spécifiques à la migration forcée qui sous-tendent cette clinique. Nous présentons les stratégies déployées par les cliniciens et réfugiés pour composer avec cette nouvelle réalité et établir une alliance thérapeutique, malgré la distance. Nous discuterons des particularités, limites et possibilités offertes par les modalités virtuelles dans le travail clinique auprès de personnes réfugiées.

Éthique et cadre de la recherche en psychologie clinique

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