Aller au contenu principal
Il y a présentement des items dans votre panier d'achat.

Informations générales

Événement : 89e Congrès de l'Acfas

Type : Colloque

Section : Section 400 - Sciences sociales

Description :

La perception qu’un individu se fait de son propre corps est multiple. Dans une perspective neuro-cognitive, les perceptions et les représentations corporelles seraient au minimum de deux sortes, c’est-à-dire l’image du corps d’un côté et le schéma corporel de l’autre.

L’image du corps renvoie à une représentation consciente de son corps qui regroupe les attitudes, les émotions envers ce dernier et provenant de celui-ci, associée à sa perception visuelle. Par exemple, penser ou imaginer son corps comme gros, en lien avec une insatisfaction corporelle. Le schéma corporel quant à lui renvoie à une représentation plus inconsciente de notre corps, support de l’action motrice, de la perception tactile. Par exemple, l’encodage et la perception correcte de notre morphologie nous permet de nous déplacer correctement dans notre environnement sans heurt.

Des altérations diffuses de ces perceptions corporelles sont observées dans divers contextes pathologiques (anorexie mentale, postchirurgie, douleur chronique, psychose) qui ne semblent pourtant pas directement liés les uns aux autres. Cela vient questionner le lien entre image du corps et schéma corporel, l’incidence qu’ont ces distorsions sur l’origine et le maintien de ces troubles, ainsi que la nécessité de mieux évaluer ces distorsions pour mieux les prendre en charge.

Remerciements :

L'équipe organisatrice tient à remercier chaleureusement tous les intervenants de ce colloque sur les distorsions des perceptions corporelles qui se déroule à l'occasion du 89ème congrès de l'ACFAS. L'expérience et les connaissances des communicants rendent ce programme très enthousiasmant. Un remerciement particulier au Pr. Catherine Mercier, à l'initiative de cet évènement.

Date :
Responsables :

Programme

Communications orales

Ouverture du colloque

Présidence : Morgane Metral (Université Savoie Mont Blanc - Laboratoire LIP/PC2S)
Discutant·e·s : Frédérique De Vignemont (CNRS)
  • Communication orale
    Schéma corporel et image corporelle : une réconciliation possible ?
    Frédérique De Vignemont (CNRS)

    Afin de clarifier le décalage fréquent entre le corps tel que nous le ressentons et tel qu’il est réellement, une distinction s’est établie ces dernières années entre le schéma corporel, principalement utilisé pour agir, et l’image corporelle, qui reflète le corps conscient. Même si nous n’avons qu’un seul corps, la perception et l'action ne requièrent pas les mêmes transformations des signaux sensoriels, ni n’ont les mêmes exigences cognitives. On peut donc comprendre que dans certaines situations, le corps dont nous avons l’expérience (basé sur l’image corporelle) ne s’accorde pas avec le corps en mouvement (basé sur le schéma corporel). Cependant, le cerveau tend à chercher des compromis face aux conflits majeurs. Il doit donc exister un seuil à partir duquel le système cherche à rétablir une harmonie entre les différentes représentations. Pour éviter le risque d’un soi corporel fracturé, il est nécessaire d’établir une communication, qui passe par un processus de réécriture d’une représentation corporelle par l’autre, et vice-versa. Leur contenu respectif est alors tempéré afin de maximiser leur cohérence. Comment cette interaction opère, c’est là une question encore peu étudiée que nous explorerons ici.


Communications orales

Distorsions pathologiques des perceptions corporelles

Présidence : Morgane Metral (Université Savoie Mont Blanc - Laboratoire LIP/PC2S)
Discutant·e·s : Catherine Mercier (Université Laval), Johana Monthuy-Blanc (UQTR - Université du Québec à Trois-Rivières), Martin Roy (Université Laval)
  • Communication orale
    Altération de l’intégration sensorimotrice et de la perception du corps chez les personnes ayant une douleur chronique
    Catherine Mercier (Université Laval)

    La douleur chronique est associée à des perturbations de la perception corporelle, mais les mécanismes sous-jacents demeurent mal compris. Ceci s’explique notamment par le fait que les méthodes pour évaluer ces perturbations reposent souvent sur une évaluation objective et se limitent aux conditions statiques, négligeant le fait que la perception du corps joue un rôle clé dans le contrôle moteur. Nous avons développé un « miroir virtuel » incluant un avatar qui répond aux mouvements du corps, tout en permettant d'en modifier artificiellement le retour visuel. Nous avons utilisé ce système pour évaluer la perception corporelle pendant le mouvement actif chez trois populations souffrant de douleur chronique (par rapport à des contrôles). Les participants exécutaient la tâche motrice tandis que les mouvements de l'avatar étaient altérés pour apparaître plus grands ou plus petits que les mouvements réels. Les trois populations souffrant de douleur ont montré des performances altérées, soit une surestimation de leurs propres mouvements (lombalgie), soit une capacité réduite à faire la distinction entre différents niveaux d’altération de la rétroaction visuelle (SDRC et fibromyalgie). Ces résultats dénotent une relation importante entre la perception corporelle, le mouvement et la douleur. Ainsi, la méthode développée peut offrir de nouvelles pistes pour comprendre les troubles de la perception corporelle et les mouvements anormaux chez les personnes souffrant de douleur.

  • Communication orale
    Les retards développementaux du transfert intermodal : vers une détection précoce de la vulnérabilité aux grandes maladies psychiatriques
    Valerie Beaupre Monfette (Université Laval), Elsa Gilbert (Université Laval), Pierre Marquet (Université Laval), Michel Maziade (Université Laval), Martin Roy (Université Laval)

    Les grandes maladies psychiatriques (GMPs) possédant une composante neurodéveloppementale, telles que la schizophrénie, la maladie bipolaire et la dépression majeure récurrente présentent un certain nombre d’anomalies de l’intégration sensorielle. Ce projet vise à explorer la présence d’anomalies dans le transfert intermodal (TIM) chez des enfants, en particulier à risque de développer l’une ou l’autre de ces GMPs. Vingt-six enfants à haut risque (EHR) issu de patients souffrant de trouble bipolaire ou de schizophrénie (BP/SZ-EHR), vingt-six EHR pour le trouble dépressif majeur récurent (TDMr-EHR) et vingt-neuf enfants contrôles (CTL) ont été recrutés. La tâche TIM comporte 3 conditions (Tactile-Tactile ; Tactile-Visuel ; Visuel-Tactile) où des objets 3D sont présentés dans une modalité et doivent être reconnus dans une autre (sauf T-T). Aucune différence significative n’a été observée entre les groupes pour la condition T-T et T-V. Cependant, pour la condition V-T, les groupes BP/SZ-EHR et TDMr-EHR montraient des scores inférieurs aux CTL. De plus, les EHR âgés de 13 à 15 ans présentaient une forte atteinte pour la condition V-T. Les EHR ont montré des déficits dans leur capacité de TIM et dans la condition V-T. De telles difficultés de développement du TIM pourraient dès lors représenter un nouveau marqueur de vulnérabilité aux GMPs déjà présent de nombreuses années avant l’apparition des premiers symptômes atténués ou prodromiques.

  • Communication orale
    Représentations corporelles menant aux troubles perceptuels, une réflexion appliquée au continuum des troubles des conduites alimentaires
    Johana Monthuy-Blanc (UQTR - Université du Québec à Trois-Rivières)

    La posture dimensionnelle en santé mentale, optée par l’unité de recherche du GR2TCA-Loricorps, positionne les TCA comme des troubles perceptuels relatifs à un continuum d’intensité des attitudes et comportements alimentaires ; allant des plus fonctionnels aux plus dysfonctionnels (dont les TCA eux-mêmes ; Sundgot‐Borgen & Torstveit, 2010 ; Turgon, 2015 ; Karer, 2020). Cette approche permet une vision plus holistique des manifestations en santé mentale pour se calquer davantage sur la réalité populationnelle et ce particulièrement en contexte pandémique de COVID-19. En effet, avant la pandémie, parmi ces attitudes et comportements alimentaires dysfonctionnels (ACAD), 70% des jeunes filles veulent être plus minces et 80% des femmes et 45% des hommes présentent une insatisfaction corporelle. Durant la pandémie, les routines alimentaires quotidiennes bouleversées par les mesures de confinement et l'utilisation accrue de nouvelles technologies et des réseaux sociaux ont induit des conséquences délétères sur les perceptions et les sensations corporelles en surexposant la personne à sa propre image (Di Renzo et al., 2020). Dans cette présentation, l’apport conceptuel et empirique des troubles perceptuels appliqué aux ACAD permettront de positionner l’innovation du GR2TCA-Loricorps sur les perspectives allo- & égo-centrée de l’image du corps en eÉducation à la santé et en eSanté (Monthuy-Blanc et al., 2020; Monthuy-Blanc et al., 2022) pour un mieux- & bien-être alimentaire.


Communications orales

Évaluations et manipulations expérimentales des perceptions corporelles

Présidence : Morgane Metral (Université Savoie Mont Blanc - Laboratoire LIP/PC2S)
Discutant·e·s : Louise Dupraz (Université Savoie Mont Blanc), Morgane Metral (Université Savoie Mont Blanc - Laboratoire LIP/PC2S)
  • Communication orale
    L’évaluation des distorsions des perceptions corporelles : un enjeu pour la recherche et pour la prise en charge des patients
    Morgane Metral (Université Savoie Mont Blanc - Laboratoire LIP/PC2S)

    Les outils utilisés pour évaluer la représentation que quelqu’un se fait de son corps sont principalement qualitatifs et reposent sur la perception subjective. Par exemple, il s’agit de questionnaires, de dessins, de logiciels d’assemblage de photo, ou encore de la comparaison visuelle d’images. Il existe ainsi de nombreux outils développés par des centres de recherche. Néanmoins, aucun consensus n’est réalisé entre ceux-ci et la plupart des professionnels utilisent principalement des questionnaires. Or, le caractère explicite et visuel de ces méthodes laisse à penser que celles-ci évaluent principalement la représentation consciente et émotionnelle du corps, mais ne permettent pas une évaluation fiable du schéma corporel. En effet, le schéma corporel est la représentation implicite que l'on se fait de son corps, de sa morphologie, support de l'action motrice. Des distorsions du schéma corporel sont présentes dans différents contextes psychopathologiques (anorexie mentale, douleur chronique, autisme, psychose, etc.) et son évaluation est un réel enjeu pour la recherche dans ce domaine, le diagnostic des patients et l'évaluation de leur prise en charge.

  • Communication orale
    Impact d'une distorsion de la représentation corporelle induite en réalité virtuelle sur le comportement moteur représenté
    Louise Dupraz (Université Savoie Mont Blanc)

    Se mouvoir et interagir dans l’environnement de manière adaptée nécessite de posséder une représentation corporelle fiable, intégrant les caractéristiques morphologiques du corps. Néanmoins, la représentation que l’on se fait de notre corps peut, dans certaines circonstances, dévier de la morphologie réelle de celui-ci (pathologies neurologiques ou psychiatriques, situations expérimentales). En ce sens, des protocoles en réalité virtuelle ont permis de mettre en évidence des phénomènes d’incorporation d’avatars dont les caractéristiques visuelles ou morphologiques dévient fortement du corps biologique. Au-delà de cette déviation expérimentale corps représenté / corps biologique, des comportements moteurs cohérents avec le corps virtuel apparaissent. Deux expériences réalisées en réalité virtuelle chez le sujet jeune et normo-pondéré ont investigué l’effet de l’incorporation d’avatars âgés ou obèses sur le comportement moteur mesuré en imagerie motrice. Les résultats confirment que les comportements moteurs représentés des sujets sont conformes à leurs croyances concernant la représentation corporelle induite par l’immersion dans le corps virtuel (stéréotypes négatifs relatifs aux compétences physiques des individus âgés ou obèses). Ces résultats sont cohérents avec les comportements moteurs observés chez les patients présentant une distorsion de la représentation corporelle par rapport au corps biologique, telle que dans l’anorexie mentale par exemple.