Informations générales
Événement : 89e Congrès de l'Acfas
Type : Colloque
Section : Section 400 - Sciences sociales
Description :L’immigration, bien que n’étant pas un facteur de risque en soi, peut constituer un lot de vulnérabilités. D’un côté, dans leur recherche d’aide, plusieurs victimes issues de communautés ethnoculturelles peuvent se sentir mal comprises, discriminées ou jugées par différent-e-s intervenant-e-s, organismes ou institutions en raison de leur appartenance ethnique, culturelle, religieuse, etc. De leur côté, les intervenant-e-s exerçant dans le domaine de l’intervention interculturelle (travail social, psychoéducation, maisons d’hébergement pour femmes en difficulté, protection de la jeunesse, soins infirmiers et santé mentale, etc.) font de plus en plus face à des pratiques d’accompagnement de femmes issues de l’immigration et racisées, cumulant les inégalités et doublement discriminées – à cause de leurs origines et de leur genre – au sein des différents groupes culturels (d’accueil et d’origine). Les intervenant‑e‑s appelé‑e‑s à travailler avec des personnes immigrantes victimes doivent donc façonner leur pratique professionnelle en réponse à un contexte de relation d’aide où les parties ne partagent pas le même cadre de référence culturel, éducatif ou religieux. Le besoin s’impose donc pour les intervenant‑e‑s d’avoir non seulement une bonne compréhension de la problématique des victimisations genrées (violences basées sur l’honneur, contrôle excessif, mutilations génitales féminines, etc.), mais également de développer leurs compétences interculturelles féministes.
Les présentations proposées dans le cadre du colloque sont soit des réflexions et des modèles théoriques, soit des dispositifs d’intervention pratiques, ainsi que des résultats des recherches qualitatives auprès des personnes issues de l’immigration victimes de violences fondées sur le sexe.
Date :- Estibaliz Jimenez (UQTR - Université du Québec à Trois-Rivières)
- Caterine Bourassa-Dansereau (UQAM - Université du Québec à Montréal)
- Audrey Heine (Université Libre de Bruxelles)
Programme
Violences genrées et interventions interculturelles féministes (partie 1)
Dans leur recherche d’aide, plusieurs victimes issues de communautés ethnoculturelles peuvent se sentir mal comprises, discriminées ou jugées par différent.e.s intervenant.e.s, organismes ou institutions en raison de leur appartenance ethnique, culturelle, religieuse, etc. De leur côté, les intervenant.e.s exerçant dans le domaine de l’intervention interculturelle sont de plus en plus confronté·e·s à des pratiques d’accompagnement de femmes issues de l’immigration et racisées, cumulant les inégalités et doublement discriminées – à cause de leurs origines et de leur genre - au sein des différents groupes culturels (d’accueil et d’origine). Les intervenant.e.s appelé.e.s à travailler avec des personnes immigrantes victimes doit donc façonner sa pratique professionnelle en réponse à un contexte de relation d’aide où les parties ne partagent pas le même cadre de références culturelles, éducatives ou religieuses. Le besoin s’impose donc pour les intervenant.e.s d’avoir non seulement une bonne compréhension de la problématique des victimisations genrées mais également de développer leurs compétences interculturelles féministes. Les présentations proposées dsont soit des réflexions et modèles théoriques, soit des dispositifs d’intervention pratiques, que des résultats des recherches qualitatives auprès des victimes issues de l’immigrations victimes des violences fondées sur le sexe.
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Communication orale
L’intervention interculturelle féministe : l’approche collaborative pour les enjeux de violence genréeCaterine Bourassa-Dansereau (UQAM - Université du Québec à Montréal)
L’intervention interculturelle, notamment en contexte de violence genrée s’articule aujourd’hui aux approches critiques en insistant sur les contextes historiques, politiques, sociaux et organisationnels qui influencent l’intervention. L’intervention interculturelle « critique » s’intéresse aux rapports de force, au niveau structurel et entre acteur·trice·s de l’intervention. Cette attention portée aux inégalités systémiques incite les intervenant·e·s interculturel·le·s à explorer, au-delà du racisme, les incidences des différents systèmes de discrimination dans le cadre de leur pratique. Particulièrement, les enjeux liés au sexisme (et les violences pouvant y être associées) y sont aujourd’hui soulevés. En effet, le racisme et le sexisme procèdent de logiques communes qui, si elles sont identifiées, permettent aux intervenant·e·s de travailler en intégrant la pluralité des systèmes de domination. En mobilisant les apports des théories intersectionnelles et décoloniales et en convoquant les réflexions d’auteur·trice·s autour des injustices épistémiques, nous présentons dans le cadre de cette communication un modèle spécifique : celui de la recherche collaborative féministe. Nous nous appuyons sur nos expériences antérieures, à la fois collaboratives, féministes et auprès de femmes issues de l’immigration pour illustrer nos propos et pour en montrer la pertinence dans les contextes de violence genrée.
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Communication orale
L’exacerbation du nationalisme et du racisme dans les mouvements de femmes : l’utilisation des violences sexistes et sexuelles comme moyen de pression anti-immigrationLéa Muller (Université de Paris Vincennes-Saint-Denis)
Les expériences politiques mondiales de ces dernières années ont démontré que les discours fondés sur la haine et la discrimination sont de plus en plus viraux, autant dans les médias de masse (presse, télévision) que sur les médias socionumériques. En France, l’idée de patriotisme, largement associée à celle du nationalisme, est prédominante et devient même un instrument politique. Cette exacerbation du nationalisme et du racisme se fait également remarquée dans les mouvements de femmes. En effet, l’accentuation du pluralisme (ou de la division) des mouvements féministes (Cirstocea et Giraud, 2015) s’ajoutant à la médiatisation récente du nombre de féminicides en France ont offert un nouveau terrain de jeu idéologique et une nouvelle stratégie de conquête du pouvoir à l’extrême-droite française. Définit comme étant « féministe, identitaire et anticonformiste » (Manifeste du Collectif Némésis), le Collectif Némésis est l’exemple actuel le plus parlant. Ce collectif d’activistes a été créé en 2019 et axe ses luttes contre les violences sexistes et sexuelles en ciblant un seul responsable : l’immigration. Devenu un axe fort des politiques d’extrême-droite, les violences sexistes et sexuelles séduisent un militantisme de terrain qui occupe une place toute aussi importante dans l’espace médiatique (reportages télévisés, interviews lors d’émissions spéciales, etc.).
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Communication orale
Processus d’élaboration du plan d’action collectif en matière de violence conjugale (VC) et violence dans les relations intimes (VRI) chez les jeunes à Montréal-NordTatiana Sanhueza (ENAP - École nationale d'administration publique)
Le portrait élaboré par Cousineau et al. (2019) révèle que sur le territoire de Montréal-Nord, la violence faite aux femmes et aux filles est un problème inquiétant et que l’offre de services est insuffisante compte tenu de l’ampleur du problème. À ce portrait s’ajoute le fait que la majorité des habitant·e·s de l’arrondissement sont confronté·e·s à des conditions de défavorisation multidimensionnelles (Boussiki et al., 2019). En outre, l’existence d’une population grandement diversifiée sur le plan culturel montre l’importance d’adapter territorialement et culturellement les interventions.
En réponse à ce diagnostic, une alliance entre trois Tables de concertation locales s’est formée pour élaborer un Plan d’action collectif en matière de VC et de VRI à Montréal-Nord. Afin de mettre en oeuvre cet engagement, un comité de pilotage regroupant des partenaires des milieux communautaire, institutionnel et de la recherche s’est créé en 2020.
Dans le cadre d’un stage postdoctoral (débuté en janvier 2021), nous avons 1) accompagné ce comité pour élaborer un Plan d’action féministe intersectionnel, interculturel, intersectoriel et territorial, en plus de 2) mener une recherche en partenariat pour documenter le processus collaboratif (en cours). Cette présentation expose la démarche de soutien réalisée ainsi que les résultats préliminaires de la recherche.
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Communication orale
Des expériences d'intervention féministe auprès des femmes immigrantes violentées avec des statuts précaires: enjeux et défis. LesKatia Jean Louis (Maison pour femmes immigrantes), Sastal Castro Zavala (UQAR - Université du Québec à Rimouski), Mayté Martinez (Corporation Inter-Elles)
Les femmes immigrantes, notamment celles avec des statuts migratoires précaires, sont de plus en plus présentes dans les refuges pour les victimes de violence conjugale. Cette communication présentera les enjeux et les défis liés à l’intervention féministe auprès de ces femmes. Elle est le résultat d’un travail de réflexion et de collaboration entre deux maisons d’hébergement et une personne alliée du milieu académique. Le but de la présentation est de partager les connaissances issues des expériences d’intervention auprès des femmes violentées avec des statuts migratoires précaires pour aider à mieux les accompagner. Lors de cette présentation, nous aborderons : a) les caractéristiques de l’intervention en maison d’hébergement de première et de deuxième étape ; b) les enjeux des définitions de la violence conjugale et familiale sur les pratiques des organismes ; c) les limites des politiques d’immigration qui visent à protéger ces femmes ; d) les défis et les obstacles rencontrés dans l’intervention féministe en maison d’hébergement, notamment dans l’application de la perspective intersectionnelle ; e) des pistes de solution pour mieux intervenir auprès de ces femmes
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Communication orale
Positionnement féministe intersectionnel dans la démarche clinique auprès de femmes immigréesAudrey Heine (Université Libre de Bruxelles)
Le domaine des soins de santé est un lieu de (re)production des rapports de pouvoir à l’égard des femmes. Le genre est un déterminant des inégalités en santé, aussi bien à lui tout seul qu’en association avec la condition socio économique, l’âge, l’appartenance ethnique, le handicap, l’orientation sexuelle, etc. (OMS). Ces inégalités dans l’accès aux soins, les stéréotypes de genre des professionnel.es, la non prise en compte des discriminations des patientes multiminorisées caractérisent également l’accompagnement psychologique des femmes migrantes1. Dans cette contribution, nous nous interrogeons sur l’inscription des discriminations et des enjeux de pouvoir à l'œuvre dans la société actuelle, au sein même de la démarche clinique. Comment se positionner sur ces questions en tant que psychologue? Comment ne pas reproduire dans la pratique clinique les micro-agressions vécues par les femmes immigrées ? Qu’apporte un positionnement féministe intersectionnelle au processus thérapeutique développé dans des services de santé mentale adressée à la population migrante en Belgique ? Nous nous immergeons dans le témoignage d’une jeune femme sur son histoire migratoire et sur son expérience de l’accompagnement clinique dont elle a bénéficié.
Violences genrées et interventions interculturelles féministes (partie II)
Dans leur recherche d’aide, plusieurs victimes issues de communautés ethnoculturelles peuvent se sentir mal comprises, discriminées ou jugées par différent.e.s intervenant.e.s, organismes ou institutions en raison de leur appartenance ethnique, culturelle, religieuse, etc. De leur côté, les intervenant.e.s exerçant dans le domaine de l’intervention interculturelle sont de plus en plus confronté·e·s à des pratiques d’accompagnement de femmes issues de l’immigration et racisées, cumulant les inégalités et doublement discriminées – à cause de leurs origines et de leur genre - au sein des différents groupes culturels (d’accueil et d’origine). Les intervenant.e.s appelé.e.s à travailler avec des personnes immigrantes victimes doit donc façonner sa pratique professionnelle en réponse à un contexte de relation d’aide où les parties ne partagent pas le même cadre de références culturelles, éducatives ou religieuses. Le besoin s’impose donc pour les intervenant.e.s d’avoir non seulement une bonne compréhension de la problématique des victimisations genrées mais également de développer leurs compétences interculturelles féministes. Les présentations proposées dsont soit des réflexions et modèles théoriques, soit des dispositifs d’intervention pratiques, que des résultats des recherches qualitatives auprès des victimes issues de l’immigrations victimes des violences fondées sur le sexe.
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Communication orale
Intervention auprès des femmes et des filles issues de l’immigration victimes des violences basées sur l’honneur au QuébecEstibaliz Jimenez (UQTR - Université du Québec à Trois-Rivières)
Les violences basées sur l’honneur (VBH) sont des violences genrées multiples, dont les mutilations génitales féminines, les mariages forcés, les tests de virginité et le contrôle excessif, majoritairement commises à l’endroit des femmes et des jeunes filles issues de l’immigration. Dans cette conférence, nous visons à dresser le portrait des situations de VBH donnant lieu à une prise en charge de femmes et de jeunes filles au Québec, et de comprendre comment mieux répondre à leurs besoins. Dans le but d’identifier les difficultés et les défis liés à l’intervention auprès d’une clientèle issue de l’immigration en contexte de VBH, nous avons rencontré des gestionnaires et des intervenant.e.s travaillant autant dans le cadre de la Direction de la protection de la jeunesse (DPJ ), que dans des maisons d’hébergement pour femmes. La réalité des VBH sera illustrée à partir des cas concrets de VBH vécus par les victimes et les intervenant.e.s de terrain.
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Communication orale
Intervention en milieu collégial en contexte de violences basées sur l’honneurBryan Dallaire-Tellier (UQTR - Université du Québec à Trois-Rivières), Estibaliz Jimenez (UQTR)
Les violences basées sur l’honneur (VBH) qui s’inscrivent dans la violence familiale mais également communautaire, sont un phénomène méconnu et sous-représenté au niveau des dénonciations (Conseil du statut de la femme, 2013). Les VBH surviennent principalement dans les familles issues de l’immigration, qui tentent de rétablir l’honneur de la famille (Jimenez, Cousineau, Tanguay et Arcand, 2017). Les intervenants en milieu scolaire sont plus propices à intervenir dans le cadre de cette problématique à cause de la hausse du nombre d’étudiants issus de l’immigration. Il semble donc pertinent de se pencher sur le rôle des intervenants en milieu de scolaire qui sont susceptibles de faire face aux cas de VBH dans le cadre de leur travail. L’étude vise à documenter le niveau de connaissance des intervenants à l’égard des VBH, à leurs besoins et aux défis en intervention pour finalement proposer des stratégies d’intervention adaptées à ce phénomène. Pour ce faire, des entrevues semi-dirigés menés sous forme de groupes de discussion avec des intervenants psychosociaux susceptibles d’intervenir dans des cas de VBH seront conduits dans des cégeps de la grande région de Montréal et d’autres régions du Québec. Des questionnaires seront également distribués à chaque intervenant pour obtenir leur vision personnelle en regard du phénomène des VBH. Les résultats de cette recherche permettront de développer des ressources et d’outiller les intervenants à l’intervention en contexte de VBH.
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Communication orale
Violences basées sur l’honneur et identité de genre : une étude de cas à MonctonMadeline Lamboley (Université de Moncton)
Depuis quelques années, les violences basées sur l’honneur (VBH), prenant la forme de mariages forcés, de mutilations génitales féminines ou encore de contrôle coercitif du comportement social et sexuel de femmes et de filles issues de l’immigration, ont fait leur apparition dans le portrait des violences commises envers les femmes dans un contexte familial et conjugal au Canada (Bendriss, 2008 ; Lamboley, 2016 ; Jimenez et al., 2017). Leur seule reconnaissance a fait l’objet d’une effervescence tant par l’environnement académique que par les milieux de pratique au Québec, alors que le Nouveau-Brunswick n’en est qu’à ses premiers balbutiements sur la question. Les résultats d’une recherche exploratoire sur les VBH à Moncton dressera le portrait de la situation découverte, et notamment du cas particulier d’une jeune femme transgenre. À partir des données qualitatives recueillies, analysées à partir d’une lunette féministe intersectionnelle, nous mettrons en lumière le parcours de cette jeune femme. Plus généralement, nous aborderons aussi l’ampleur des implications cliniques, les pratiques en développement, notamment des services d’art-thérapie, ainsi que les défis en matière d’intervention interculturelle auxquels font face les milieux de pratique au Nouveau-Brunswick au regard de cette problématique, et plus globalement de la violence faite aux femmes immigrantes.
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Communication orale
Assurer des soins et des services de qualité aux femmes et aux filles touchées ou à risque de mutilations génitales féminine/excision (MGF/E) en contexte d’immigrationBilkis Vissandjee (UdeM - Université de Montréal)
Il s’agit de discuter de constats d’un recensement de programmes d’information, de sensibilisation et de formation, destinés au personnel soignant de pays d’accueil de l’immigration accompagnant des femmes et à des filles ayant été touchées par une mutilation génitale féminine/excision (MGF/E). Cette activité s’inscrit dans les activités menées au sein du projet transnational et international RHCforFGC Sharing Actions and Strategies for Respectful and Equitable Health Care for Women with FGC. Plus spécifiquement, il s’agira d’illustrer des bonnes pratiques lorsqu’il s’agit d’initier une conversation, d’accompagner et de référer les femmes et les filles à des ressources cliniques et communautaires appropriées à leurs besoins spécifiques de santé. Le caractère impératif d’une posture réflexive en contexte d’immigration et en présence d’enjeux culturels et linguistiques sera mis en exergue. À la lumière des constats rapportés, une discussion sera entamée afin de réfléchir à des stratégies assurant une utilisation optimale des plateformes de ressources cliniques et communautaires, contextualisées aux trajectoires de vie différenciés afin de mieux accompagner les femmes et les filles vivant avec une MGF/E.