La jeunesse représente une période clé pour de nombreuses dimensions de la santé globale : santé mentale, physique, sexuelle et sociale. Par exemple, la moitié des troubles mentaux se manifestent avant 14 ans et 75 % avant 24 ans (Kessler et al., 2005). À l’inverse, la jeunesse est aussi une période clé pour la mise en place de comportements de santé : les habitudes, les stratégies et les comportements de santé instaurés à cet âge tendent à perdurer dans le temps (Hetrick et al., 2017).
Malgré ceci, les jeunes sont moins susceptibles d’avoir recours aux services de santé physique ou mentale que les autres groupes d’âge (Rickwood et al., 2007). Les services actuels ont été critiqués comme n’étant pas adaptés à eux et à leur réalité ainsi que pour des problèmes d’accès et de fragmentation des services (Hetrick et al., 2017; Halsall et al., 2019; Patton et al., 2016; OMS, 2014).
Les services intégrés pour les jeunes présentent une avenue de choix pour répondre à cette constellation de problèmes (Halsall et al., 2019; Hetrick et al., 2017). En ce sens, le ministère de la Santé et des Services sociaux (MSSS) a annoncé en 2018 l’implantation graduelle de sites Aire ouverte. Ces sites sont des services intégrés pour les jeunes de 12 à 25 ans visant à répondre aux besoins de santé globale des jeunes (mentale, physique et sociale). Le déploiement se fait progressivement au Québec avec le financement de trois projets de démonstration en 2018-2019 et quatre autres en 2019-2020. En 2020-2021, le financement a été élargi à toutes les régions sociosanitaires, portant à 25 le nombre d’établissements.
Les sites Aire ouverte s’appuient sur une approche participative et partenariale qui est au cœur du cadre de référence du ministère : « La vision d’Aire ouverte doit donc non seulement être développée en coconstruction avec les jeunes, mais aussi avec une multitude de partenaires intersectoriels (organismes communautaires, réseaux de l’éducation et de l’emploi, municipalités) et intraétablissement » (MSSS, 2021, p. 11).
La documentation internationale sur des initiatives similaires (headspace en Australie, Jigsaw en Irlande, Foundry au Canada, etc.) montre un consensus quant à l’engagement des jeunes, mais souligne qu’un flou demeure quant à la place des autres parties prenantes, comme les familles et les partenaires (Halsall et al., 2019; Settipani et al., 2019). Les modalités de participation des différents acteurs et leur degré de participation sont aussi à examiner (Poirier-Veilleux et al., 2019).
Ce colloque sera l’occasion de réunir des intervenant.es, chercheur.es, jeunes et familles, ainsi que les partenaires de différents sites Aire ouverte pour partager les résultats de recherche, d’évaluation et les expériences liées aux relations de partenariats. Ces échanges permettront de partager des points de vue et de réfléchir de manière critique et constructive aux enjeux de partenariat ainsi qu’aux pistes de solutions à mettre en place dans l’implantation de ce nouveau service.