Informations générales
Événement : 89e Congrès de l'Acfas
Type : Colloque
Section : Section 400 - Sciences sociales
Description :Les recensements qui se succèdent révèlent que la proportion des familles biparentales intactes poursuit sa descente, se chiffrant à 60 % au Québec. Les familles monoparentales représentent actuellement 30 % des familles québécoises avec enfants et 10 % des familles sont recomposées (Ministère de la Famille, 2018). Des tendances similaires sont présentes dans le reste du Canada, aux États-Unis et en Europe de l’Ouest (Kreider et Ellis, 2011; Kreyenfeld et Heintz-Martin, 2011; Office for National Statistics, 2005; Statistique Canada, 2012; Vivas, 2009). La séparation des parents et la rencontre d’un nouveau partenaire qui succède fréquemment à cette transition donnent lieu à la constitution de configurations familiales d’une grande diversité, que ce soit dans la manière dont se déploie la conjugalité postséparation, la parentalité et les liens de fratries. Ces transitions familiales sont des événements marquants dans la vie de ceux qui en font l’expérience et elles mettent au défi l’adaptation de tous les membres. En outre, on constate que ces transitions ont des effets hétérogènes sur le bien-être des personnes et que, confrontées à ces situations, certaines s’en sortent mieux, alors que d’autres semblent plus vulnérables (Gosselin et al., 2014; Musick et Meir, 2010), notamment en raison des contextes dans lesquels se déroulent ces transitions (Godbout et al., sous presse). Elles obligent aussi à une réorganisation de nombreux aspects de la vie familiale, tant en ce qui a trait au partage des rôles (coparentalité, intégration de nouvelles figures parentales) qu’aux conséquences économiques des séparations (Le Bourdais et al., 2016) et des remises en couple.
Jusqu’à récemment, il demeurait difficile de brosser un portrait exhaustif de l’expérience des adultes et des enfants concernés par la séparation parentale ou la recomposition familiale, les données sur lesquelles on s’appuyait étant souvent incomplètes, collectées depuis trop longtemps ou recueillies dans des contextes autres que le nôtre. Ce colloque vise à mettre de l’avant les premiers résultats de l’Enquête longitudinale auprès de parents séparés et recomposés du Québec, réalisée spécifiquement pour pallier les lacunes observées et permettre de comparer la situation québécoise à celle qui prévaut dans d’autres pays. Il vise aussi à discuter d’enjeux méthodologiques que l’on rencontre dans ce type d’enquêtes lorsque l’on tente de bien représenter des phénomènes quantitativement peu répandus parmi la population, notamment la diversité de genre. Il sera aussi question de la représentativité des parents qui sont recrutés au sein des enquêtes familiales. Alors que nous faisons face aux mêmes questionnements, quels regards sont portés sur la qualité des données? Quelles pratiques émergent ou pourraient être envisagées?
Date :Programme
Accueil et mot de bienvenue
Le bien-être des parents, des couples et des enfants qui ont vécu une séparation ou une recomposition familiale récemment
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Communication orale
Comment assurer un mieux-être des mères en situation de séparation conjugale ? Analyses et réflexions à partir des données de l’ELPSRQNong Zhu (INRS), Laurence Charton (INRS - Institut national de la recherche scientifique), Julien Gauthier Mongeon (INRS), Sylvie Lévesque (FAFMRQ)
Se séparer de son ou de sa partenaire avec lequel ou laquelle on a eu un ou des enfants n’est pas un événement rare. Cette séparation conduit alors les ex-conjoint.es à vivre une situation de monoparentalité ou de recomposition familiale, et à devoir généralement partager leur temps parental avec l’autre parent. Elle peut conduire aussi, particulièrement pour les femmes vivant seules avec leurs enfants, à des difficultés économiques. Ces défis économiques, comme ceux liés au contexte de la séparation et à l’exercice d’une parentalité corésidentielle ont des impacts importants sur le bien-être des parents. A partir des données de l’enquête longitudinale des parents séparés et recomposés du Québec (ELPRSQ), et d’analyses descriptives et de régressions logistiques, cette communication examinera le niveau de bien-être des femmes récemment séparées de l’autre parent de leur enfant. Le bien-être, appréhendé à travers la satisfaction des femmes à l’égard de leur vie, de leur santé physique, mentale et de leur adaptation à la séparation, permettra de montrer l’importance des facteurs associés au fondement de la relation et à la qualité de celle-ci avant et après la séparation. Au terme de cette communication, des recommandations seront suggérées pour permettre un meilleur accompagnement des mères confrontées à une séparation conjugale.
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Communication orale
Portrait de la santé et du bien-être des pères séparésDiane Dubeau (UQO), Karl Larouche (Université Laval), Frédéric Lavoie (Université d'Ottawa), Tamarha Pierce (Université Laval), Raymond Villeneuve (Regroupement pour la Valorisation de la Paternité)
La séparation conjugale est un événement générateur de stress qui met au défi l'adaptation de tous les membres de la famille. De nombreuses recherches ont documenté les impacts de cette séparation sur les enfants, peu est connu sur l’expérience vécue par les parents durant cette transition avec de rares études documentant l’expérience des pères. La présente étude est la première à dresser un portrait de la santé et du bien-être des pères séparés du Québec au moyen d’un échantillon populationnel de 749 pères séparés depuis moins de 24 mois et ayant au moins un enfant de moins de 14 ans (participants à l’ELPSRQ). Des analyses de profils latents avec six indicateurs de santé et de bien-être révèlent trois profils distincts. Alors que 73% des pères rapportent être en bonne santé psychologique et physique, satisfaits de leur vie et s’être bien adaptés à la séparation, plusieurs vivent une détresse modérée (16%) ou même élevée (11%). Ces pères se distinguent par des caractéristiques sociodémographiques, par le climat relationnel entourant la séparation et les difficultés financières qui en découlent. La détresse élevée s’accompagne malheureusement d’un soutien moindre de l’entourage, sans recours plus important aux services psychosociaux et psychojuridiques. Aussi, il importe d’envisager que les pères séparés aux prises avec des problèmes de santé plus importants aient été moins enclins à participer ou à partager leur expérience, contribuant ainsi à leur sous-représentation.
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Communication orale
Le bien-être des enfants québécois dont les parents sont récemment séparésAmandine Baude (CRUJeF), Audrey Bourassa (Université Laval), Sylvie Drapeau (Université Laval), Lorraine Filion (AIFI), Élisabeth Godbout (UQTR), Marie-Christine Saint-Jacques (Université Laval), Nathalie Ste-Marie (Université Laval), Catherine Trottier (Université Laval)
La séparation parentale est devenue une transition familiale très courante dans les dernières décennies dans de nombreux pays. Depuis longtemps, les chercheurs sont préoccupés des conséquences de cette transition sur le développement des enfants. Malgré le foisonnement d’études sur la question, force est de constater que nous manquons de données populationnelles approfondies basées sur des séparations récentes qui témoignent de la manière dont se répercute cette transition de nos jours chez les enfants québécois. Pour pallier cette situation, des analyses ont été menées de manière à 1) décrire le niveau de bien-être et d’adaptation des enfants, 2) estimer la proportion d’enfants atteignant un seuil problématique sur le plan des comportements intériorisés et extériorisés, 3) identifier des sous-groupes d’enfants selon leur niveau de bien-être et finalement 4) repérer les facteurs pouvant prédire l’appartenance des enfants à l’un ou l’autre de ces sous-groupes. Ces analyses ont été réalisées auprès d’un échantillon représentatif de 1 470 pères et mères récemment séparés ayant participé à l’Enquête longitudinale auprès des parents séparés et recomposés du Québec. Les résultats font ressortir, dans l’ensemble, la majorité des enfants sont perçus par leurs parents comme allant très bien. Toutefois, trois enfants sur dix font preuve de difficultés importantes. Cette communication sera l’occasion de mieux comprendre cette diversité sur le plan du bien-être.
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Communication orale
Le bien-être des enfants en garde partagée : et si on prenait en compte le contexte relationnel?Amandine Baude (Université Laval), Francine Cyr (Université de Montréal), Sylvie Drapeau (Université Laval), Audrey Gauthier-Légaré (CRUJeF), Véronique Lachance (Centre de psychologie de la Cité), Philippe Pacaut (ministère de la Famille), Arnaud Régnier-Loilier (INED), Marie-Christine Saint-Jacques (Université Laval)
Au Québec, un nombre croissant d'enfants sont appelés à vivre en garde partagée une partie de leur jeunesse. Depuis longtemps, les chercheurs s’intéressent aux conséquences de cette modalité de garde sur leur bien-être. Or, les connaissances actuelles sont issues de recherches comparatives postulant que le mode de garde, pris isolément, est associé au bien-être de l’enfant et occultant la diversité des expériences relationnelles. Des analyses de classe latente ont été réalisées pour décrire la diversité des dynamiques familiales en garde partagée dans la période post-séparation (±2 ans). Notre étude s’appuie sur les données de l’Enquête longitudinale auprès des parents séparés et recomposés du Québec. Notre échantillon est composé de 534 pères et mères séparés dont l’enfant cible est âgé entre 3 et 12 ans et qui se partagent le temps parental dans des proportions équivalentes (40 à 60%). Quatre profils relationnels émergent. Les deux premiers – dynamique familiale très harmonieuse (41%) et dynamique familiale positive (40%) – sont les plus prévalents et se caractérisent à la fois par une bonne, voire une très bonne entente entre les parents et par des relations parents-enfant très positives. Deux autres profils – problèmes relationnels parent-enfant (8%) et relation interparentale conflictuelle (11%) – comportent des vulnérabilités plus importantes. Les résultats montrent aussi une association entre ces profils relationnels et l’adaptation socio-émotionnelle des enfants.
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Communication orale
Portrait de la conjugalité au sein de familles recomposées récemment forméesNancy Lacroix (Association des Familles Monoparentales et Recomposées la Chaudière), Aurée-Anne Létourneau (CRUJeF), Claudine Parent (Université Laval), Caroline Robitaille (Université Laval), Véronique Rouyer (Université de Bordeaux), Natalie Ste-Marie (Université Laval)
À la suite d’une séparation, les parents sont nombreux à se remettre en couple. Les données d’une enquête québécoise montrent qu’environ deux ans après celle-ci, plus de quatre parents sur 10 sont engagés dans une nouvelle union et que dans plus de 80% des cas, ceux-ci cohabitent au moins de manière intermittente avec leur partenaire. Si ces remises en couples permettent d’actualiser un désir de vivre à nouveau une relation amoureuse et de pouvoir compter sur le soutien d’un partenaire, elles impliquent également de nombreuses adaptations. L’étude présentée dans le cadre de cette communication visait à décrire l’expérience conjugale de couples récemment formés suite à une séparation parentale, en se basant sur le point de vue des parents (n = 503), mais également de leur partenaire (n = 82). Notamment, nous avons cherché à connaître le niveau d’ajustement conjugal des répondants et à comprendre dans quelle mesure celui-ci peut varier en fonction de différents éléments liés aux relations familiales et à l'exercice des rôles. Nous avons également tenté d’identifier les principales zones de tension vécues par les répondants et les mécanismes mis en place pour gérer le stress qui les affecte. Les résultats obtenus suggèrent que les répondants présentent un bon niveau d’ajustement conjugal et de consensus avec leur partenaire. De plus, certaines relations et éléments reliés à l’exercice du rôle beau-parental semblent associés à l’ajustement conjugal.
Enjeux relationnels associés à la séparation parentale et à la recomposition familiale
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Communication orale
Comprendre l’engagement paternel relatif à l’autre parent en contexte de séparationSylvie Drapeau (Université Laval), Karl Larouche (Université Laval), Tamarha Pierce (Université Laval), Marie-Christine Saint-Jacques (Université Laval)
Il est plus fréquent que les pères séparés aient la garde partagée ou principale de leur enfant qu’auparavant (Biland & Schutz, 2013). Jusqu’à présent, l’intérêt a été de comprendre ce qui explique l’engagement parental des pères dont l’ex-partenaire a la garde principale de l’enfant, et ce, généralement sous l’angle du temps que le père passe avec l’enfant. La présente étude propose de considérer l’engagement paternel relatif à l’autre parent pour documenter la contribution de caractéristiques liées au père, à l’enfant et à la relation coparentale pour expliquer l’engagement parental des pères séparés. Sur la base d’un échantillon populationnel de 604 pères québécois séparés ayant de 14 à 100% du temps de garde d’un enfant âgé entre 3 et 13 ans, les modèles d'équations structurales suggèrent qu'un plus grand bien-être psychologique du père, une relation coparentale de moindre qualité et un temps de garde plus élevé contribuent de manière unique à un plus grand engagement paternel par rapport à l'autre parent, alors que les difficultés comportementales de l'enfant ne sont que corrélées à d'autres caractéristiques (p.ex., bien-être du père). Des analyses multigroupes, distinguant les pères moins engagés de ceux plus engagés que l’autre parent, révèlent qu’une moins bonne relation coparentale est associée à un engagement plus important des pères plus engagés, sans être liée à celui des pères moins engagés que l’autre parent. Les implications pour l’intervention sont discutées.
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Communication orale
Parents et beaux-parents en familles recomposées : comment s’exerce la coparentalité entre trois ou quatre individus ?Marion Adamiste (Université Laval)
La coparentalité référait initialement à la relation entretenue par les deux parents (unis ou séparés) d’un enfant concernant son éducation et son bien-être. La coparentalité est concept multidimensionnel composé de six dimensions : le soutien, le conflit, l’accord/désaccord éducatif, l’engagement, la division du travail et la triangulation. Aujourd’hui, il est reconnu que la coparentalité concerne plus largement tout adulte impliqué auprès de l’enfant, comme les beaux-parents. Cependant, aucune recherche n’a encore étudié la manière dont les couples recomposés (parent-beau/parent) et l’autre parent (ou couple) font l’expérience de la coparentalité ni comment les dimensions qui la composent se déploient entre trois ou quatre individus. Pour pallier cela, une approche qualitative a été privilégiée, des entrevues semi-dirigées ont été effectuées auprès de 16 couples recomposés puis une analyse thématique a été menée. Trois fonctionnements coparentaux ressortent de l'analyse : cohésif, non cohésif conflictuel et non cohésif déséquilibré. Les résultats montrent que les équipes coparentales de trois ou quatre individus sont susceptibles de se soutenir mais aussi d'être en conflit. La question de l'engagement de chacun dans l'équipe est également centrale pour comprendre les différents fonctionnements de même que les accords et désaccords présents entre les deux foyers familiaux. Enfin, certains éléments permettant d’expliquer ces fonctionnements seront présentés.
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Communication orale
Dénombrer et catégoriser les violences post-séparations parentales. Apports et limites d’une approche populationnelleGeneviève Lessard (Université Laval), Océane Perona (Aix-Marseille Université), Marie-Christine Saint-Jacques (Université Laval), Josée Turbis (Violence Info)
Cette communication revient sur les défis que pose l’étude des violences entre parents séparés à la recherche. En effet, la séparation est une période favorable à la survenue des violences. Ces violences peuvent prendre des formes différentes et s’inscrire dans des dynamiques distinctes de terrorisme intime (Johnson, 2009) ou de conflit, qui peuvent être difficiles à distinguer dans une enquête populationnelle. Ensuite, les femmes sont davantage exposées aux formes de violences les plus graves après une séparation et l’exposition aux violences dégrade la qualité de la relation coparentale. De plus, le fait d’avoir un enfant en commun oblige à garder un contact avec l’ex-partenaire, ce qui favorise là encore la survenue d’actes violents.
Dans un premier temps, la communication discutera des limites d’une analyse des violences entre parents séparés dans une enquête populationnelle. Elle reviendra sur les difficultés rencontrées pour catégoriser les violences rapportées par les répondants, au regard des savoirs sur les violences conjugales. Elle présentera les choix méthodologiques faits par les auteures, avant de présenter les résultats des analyses des données de l’Enquête longitudinale auprès de parents séparés et recomposés du Québec dans une seconde partie.
Enjeux de la représentation de la diversité du partage du temps parental dans les enquêtes portant sur la séparation parentale
Le phénomène de la garde partagée est de plus en plus fréquent dans la vie des familles au Québec, au Canada et ailleurs à l’international dont aux États-Unis et dans plusieurs pays d’Europe. Toutefois, la manière dont on mesure ce partage du temps parental après une séparation pose des enjeux à la fois méthodologiques, sociologiques et démographiques. Les données de l’Enquête longitudinale auprès des parents séparés et recomposés du Québec (ELPSRQ), qui suggèrent un taux de garde partagée obtenu beaucoup plus élevé que ceux obtenus dans d’autres études canadiennes et internationales, serviront de point de départ à cette réflexion. Les enquêtes obtenant des taux élevés de garde partagée sont-elles basées sur des échantillons qui surreprésentent des parents plus engagés que la moyenne ou témoignent-elles plutôt de la progression plus rapide qu’anticipée du phénomène? Cette table ronde sera l’occasion de réfléchir à ces questions notamment en discutant des différentes mesures du partage du temps parental dans les enquêtes et des forces et limites de chacune. Les enjeux que soulèvent ces manières de poser les questions et de caractériser temporellement les situations de garde partagée dans les enquêtes seront également discutés, en montrant qu’une définition par proportion de temps (par ex. de 40 à 60 % du temps) peut masquer une diversité d’expériences.
Dîner libre
Enjeux économiques associés à la séparation parentale et à la recomposition familiale
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Communication orale
Dans quelle région du Québec est-il plus risqué de se séparer pour les mères en union libre ?Hélène Belleau (INRS - Institut national de la recherche scientifique), Prisca Benoit (INRS)
Les réalités familiales sont très variables dans les différentes régions du Québec notamment en regard de la proportion des couples en union libre et des écarts de revenus entre les hommes et les femmes. Ces questions ont un impact important lorsque survient une rupture et particulièrement sur la situation économique des conjointes de fait ayant des enfants. À partir des données du dernier recensement, nous brosserons d’abord un tableau des différences régionales et constaterons que dans certaines régions du Québec, chez les personnes vivant en couple avec enfant mineur, le revenu médian des hommes est le double de celui des femmes. Les résultats issus d’autres recherches permettront d’éclairer l’impact économique des ruptures conjugales au Québec sur les ex-partenaires. Comment s’organise la garde des enfants ? Comment sont partagées les dépenses dans les ménages recomposés ? Qui garde la maison familiale après une séparation ? Ces questions ont-elles un impact sur les revenus de retraite ?
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Communication orale
Répercussions économiques des ruptures conjugalesHélène Belleau (INRS), Marie Connolly (UQAM), Marie Mélanie Fontaine (UQAM - Université du Québec à Montréal), Marion Goussé (Université Laval), Sylvie Lévesque (FAFMRQ)
Cette communication vise à cerner les répercussions des ruptures sur la situation économique des ex-conjoints ayant des enfants au Québec, qu’ils soient mariés ou non. Pour comprendre l’impact d’une séparation, il importe de prendre en compte les divers événements qui construisent la situation économique des hommes et des femmes vivant en couple avant la rupture et après celle-ci. Nous poursuivons quatre objectifs. Tout d’abord, nous cherchons à présenter des statistiques sur les revenus et le taux de pauvreté avant la séparation, afin de mettre en lumière les différences entre mères et pères ainsi qu’entre conjoints de fait et personnes mariées. Ensuite, nous visons à montrer quelques statistiques sur la garde d’enfants et les pensions alimentaires pour enfants, ce qui touche davantage le côté dépenses du budget familial que le côté revenu. Enfin, le cœur de notre analyse cherche à évaluer les trajectoires de participation au marché du travail, de revenu d’emploi, de revenu total et de revenu familial (par adulte) pour une période allant de cinq ans avant la séparation à deux ans après. Finalement, nous nous attarderons brièvement à la propriété et l’occupation de la résidence familiale suite à la rupture, une maison étant l’actif le plus important de la majorité des ménages. Ces analyses prendront en compte les différences entre les hommes et les femmes, mais aussi le statut matrimonial des répondants en raison de la situation particulière du Québec à cet égard.
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Communication orale
Fiscalité familiale et formation de couples : étude de l’implantation de l’Allocation canadienne pour enfantsAntoine Genest-Grégoire (Université Carleton), Frances Woolley (Université Carleton)
Le système fiscal canadien calcule les impôts à payer sur une base individuelle mais il intègre également des dimensions de fiscalité familiale. Entre autres, les transferts aux individus qu’il comprend sont fréquemment réduits en fonction du revenu du couple plutôt que du seul revenu du bénéficiaire. Cette étude se penche sur la mise en place de l’Allocation canadienne pour enfants (ACE), une de ces prestations réduites de la sorte. Nous nous intéressons spécifiquement à l’effet d’une telle mesure sur les incitatifs à former ou à dissoudre une relation de couple. L’ACE décourage théoriquement la formation de couple puisqu’il offre des prestations potentiellement plus généreuses à un parent célibataire avec revenu de travail plutôt qu’à deux parents avec de tels revenus formant un couple. Nous utilisons une analyse par différence-de-différences pour évaluer si la mise en place de cette prestation a changé les probabilités de formation de couple et de séparation, en comparant les individus avec ou sans enfants, avant et après la réforme de 2016. Nous utilisons également le fait que l’ACE est moins généreuse pour les parents d’enfants de plus de 5 ans comme une source de variation permettant de mesurer l’effet de cette mesure sur les décisions de formation de ménage des parents. Nos résultats préliminaires montrent que l’ACE a eu des effets petits mais significatifs en défaveur de la formation de couple chez les parents visés par cette mesure.
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Communication orale
Les angles morts de la fiscalitéSylvie Lévesque (Fédération des associations de familles monoparentales et recomposées du Québec)
Aujourd’hui, il est connu que les couples sont plus susceptibles d’être confrontés relativement tôt après la naissance de leurs enfants à une séparation conjugale. Cette séparation conduit les parents à devoir vivre de plus en plus souvent en contexte de monoparentalité (30 % environ en 2016 au Québec) ou de recomposition familiale (16 % environ), et de devoir partager avec leur ex-partenaire le temps passé avec leurs enfants. Ces séparations conduisent souvent à des difficultés économiques, particulièrement pour les femmes vivant en contexte de monoparentalité qui n’étaient pas mariées avec leur ex-partenaire. Bien que leur situation économique se soit améliorée au cours des dernières années, les familles monoparentales québécoises, particulièrement celles dirigées par une femme, sont souvent touchées par la pauvreté. En effet, ces femmes subissent une perte de revenus importante à la séparation alors même qu'elles continuent à s’occuper davantage des enfants. Si la garde partagée est devenue la norme au Québec, les mères prennent en charge une plus grande partie du temps de garde. Les montants moyens reçus pour les pensions alimentaires ne semblent pas combler la perte de revenus. De plus, comme le soutien aux familles est basé sur le « revenu familial » peu importe le type de familles (union libre ou mariés), certains parents, majoritairement les mères, peuvent être pénalisés lorsqu’elles se remettent en couple. C’est ce qu’on appelle la « taxe à la recomposition ».
Enjeux de la représentation de la diversité de genre dans les enquêtes portant sur la séparation parentale
Au cours des dernières années, la reconnaissance et la sensibilité de la population québécoise et canadienne aux réalités de la communauté LGBTQ2 se sont accrues de façon importante. Plusieurs enquêtes et agences statistiques nationales ont ainsi modifié leur manière de collecter l’information sur le sexe et le genre des répondants pour mieux refléter ces changements et être en mesure de produire des données fiables sur ces populations. Si ces choix permettent de mieux représenter des sous-populations, ils risquent également de mener à la divulgation de renseignements personnels en raison de la petite taille des échantillons. On se retrouve ainsi face à un dilemme. Cette table ronde permettra de discuter de ces enjeux en cernant les défis que posent les très petites sous-populations dans l’atteinte d’un équilibre entre visibilité des sous-populations et confidentialité des données. Elle permettra aussi de réfléchir à certains enjeux de justice et d’équité qui se posent lorsqu’on cherche ainsi à objectiver les subjectivités. On discutera également des manières de collecter l’information relative au sexe, au genre et à l’orientation sexuelle à l’Institut de la statistique du Québec et à Statistique Canada, ainsi que de pistes de solution à explorer pour favoriser la production de statistiques concernant les personnes faisant partie des minorités sexuelles et de genre.