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Informations générales

Événement : 89e Congrès de l'Acfas

Type : Colloque

Section : Section 400 - Sciences sociales

Description :

L’Europe traverse une crise migratoire importante et connaîtra probablement dans les 50 prochaines années des vagues migratoires sans précédent venant d’Afrique (Stephen Smith, 2019). Dans l’imaginaire collectif, le contexte africain, avec ses réalités économiques peu performantes et sa croissance démographique, laisse présager des flux massifs de migrants venant de ce continent vers l’eldorado européen. Cette affirmation contraste nettement avec les études récentes postulant un faible taux d’émigration des pays du Sud vers les pays du Nord global comparativement à la migration intraafricaine (Vincent Chetail, 2019). Le volume mondial de la migration Sud-Sud représente presque 40 % du total des migrants (97 millions), soit davantage que le volume des migrations Sud-Nord (89 millions), et seule l’Amérique latine inverse la tendance (Banque mondiale, 2016). Selon l’Organisation internationale pour les migrations (OIM), les Africains se déplacent en grande partie dans leurs régions respectives (Appiah-Nyamekye Sanny et Rocca, 2018; OIM et UA, 2019). En outre, la migration du Sud vers le Nord prend plus la forme régulière qu’irrégulière (Vincent Chetail, 2019). Les images de bateaux surchargés de migrants désespérés fuyant la guerre ou des conditions économiques désastreuses ne nous sont que trop familières, alors que 94 % de la migration africaine sur les océans prend une forme régulière (OIM, 2019). Certains États qui décrient le phénomène préfèrent se baser sur les idéologies que de se référer aux travaux universitaires (François Gemenne, 2021). Cette distorsion dans les données se reflète dans les politiques migratoires restrictives de l’Union européenne (UE), malgré les nombreuses contributions de chercheurs et d’experts sur cette question postulant indéniablement le peu d’impacts de cette migration Sud-Nord. Afin de mieux contribuer à la mise en place d’une gouvernance mondiale des migrations justes et durables, il faut déconstruire cette trame qui fonde ces contradictions.

Remerciements :

Partenaires ( liste provisoire)

Chaire Jean Monnet sur l'intégration européenne de l'Université Laval

Centre interdisciplinaire de recherche sur l'Afrique et le Moyen-Orient (CIRAM)

Département des sciences juridiques, DSJ, UQÀM

Faculté de science politique et droit, UQÀM,

Institut d’études internationales de Montréal (IEIM)

Date :
Responsables :

Programme

Communications orales

Bloc I – Migrations : les enjeux de sécurité, de développement et de solidarité internationale

  • Communication orale
    Gouvernance, Sécurité et développement au cœur des questions migratoires au Sénégal
    Moussa Samb (UCAD)

    La position géographique fait du Sénégal un carrefour de mobilité et de brassage de populations d’origines diverses. L’établissement des populations du Sénégal s’est opéré progressivement : les processus d’expansion socioéconomique, culturelle, religieuse ou de conquête de pouvoir les ayant insérées dans des bassins géographiques particuliers. Ces dynamiques migratoires ont une longue tradition en Afrique. Avant l’époque coloniale, la sous-région était considérée comme une unité économique où les biens, les services et les personnes circulaient librement. La domination coloniale a fortement contribué à alimenter de nouveaux courants migratoires de grande envergure, notamment entre les régions intérieures et les zones côtières. À l’indépendance, avec la préservation des frontières héritées de la colonisation qui délimitent de vastes ensembles géographiques, on aurait pu s’attendre à une réduction importante des déplacements. Ces frontières sont cependant devenues réelles et certains pays ont tendance à protéger leur territoire et à mener des politiques migratoires protectionnistes. Les migrations se sont progressivement amplifiées depuis les indépendances, constituant ainsi une caractéristique principale de la dynamique régionale et sous régionale des populations et celle du Sénégal en particulier.

  • Communication orale
    De la migration africaine vers le Nord face à la réalité du terrain, entre mots et maux.
    Mame Demba Thiam (UCAD)

    Les mots, souvent employés pour singulariser à dessein l’émigration africaine au Nord, peuvent être durement ressentis comme des maux par les migrants qui forment une diaspora réduite en nombre comparativement aux ressortissants originaires des autres continents. Le lexique officiel et académique participe à amplifier la perception du mouvement migratoire issu du continent noir en direction du Nord. L’article montre, de manière méthodique, l’importante terminologie employée au Nord par des acteurs en charge des politiques publiques migratoires, du développement et des médias. Ce papier s’intéresse aussi à l’incidence du poids des mots dans les textes relatifs aux actes publics officiels (protocoles, lois et règlementations) renseignées à l’aide des textes juridiques, scientifiques et journalistiques (ONU, OIM).

    En Afrique l’expression « exode rural » a la peau dure, même si les spécialistes des questions de déplacement massif l’ont battue en brèche, en notant qu’elle ne correspond pas à l’idée qu’elle véhicule. En changeant d’échelle, on trouve au Nord, dans le langage commun et scientifique, des expressions qui renforcent l’argument précité. En effet, il n’existe pas de vagues migratoires qui sont déclenchées à la suite de crises climatiques pour générer des migrants environnementaux ou des crises démocratiques qui amènent en masse au Nord des réfugiés politiques.

  • Communication orale
    Questionner les migrations africaines au prisme des frontières, de la souveraineté et du droit international humanitaire : éléments de réflexion sur la réinvention de la solidarité
    Alioune Badara Diop (UCAD)

    Xénophobie et instrumentalisation politique par les partis d’extrême droite : voilà ce qu’inspire et provoque aujourd’hui la question migratoire dans les pays riches d’Occident, longtemps terres d’accueil de migrants au point de charrier l’image d’Épinal de l’Eldorado. Au-delà du traitement sensationnaliste et dramatisant des médias dont elle fait l’objet, les sciences sociales – droit, sociologie, économie, géographie et science politique notamment – ont établi que c’est un phénomène banal et non une fatalité inéluctable. Ainsi des travaux empiriques dévoilent clairement le décalage qui se creuse entre la réalité des migrations et la peur de ceux qui cherchent à s’en protéger. Une brèche a été ouverte par le pacte de Marrakech de 2018 qui prône une « immigration sûre, ordonnée et régulière ». La philosophie affirmée de ce pacte est ni plus ni moins de mettre à nu les limites et l’impasse de l’approche répressive et dissuasive qui a présidé aux politiques migratoires et à l’illégitimité de cette question sur la scène internationale.












Communications orales

Bloc II – Migrations : la réalité d’une vie de rêve

  • Communication orale
    « La case en crise » ou l’impact de la famille dans l’émigration Sud-Nord
    Georgette Thioune Ndour (Université Cheikh Anta Diop)

    Quelque soit l’intensité des intempéries qui secouent la case, certes fragile, facilement détruite, elle se reconstruit immédiatement car, telle une mère, elle n’accepte jamais de laisser ses enfants intentionnellement exposés aux dangers. Voilà l’analogie que nous empruntons pour montrer en quoi la famille fait partie de ces « certaines réalités africaines, pourtant essentielles dans la régulation d’une mobilité transnationale coordonnée, juste et durable ». En effet, elle n’est jamais neutre dans le phénomène de l’émigration du sud vers le nord. Ainsi donc, « Partir de la famille est une façon de négocier le passage à l’âge adulte et devenir un homme complet. D’où les rites de passage qui crée une mobilisation autour du projet de voyage vécu collectivement ». Le candidat à l’émigration appartient à une famille dont la force de dissuasion et de persuasion est déterminante dans la décision depuis son irruption jusqu’à sa maturation dans l’esprit de l’individu. Et, il faut le dire, la famille africaine comprend entre autres, des personnes du même groupe ethnique et culturel, des amis et connaissances. L’ensemble de ces réseaux est à la fois des sources d’informations et des fournisseurs d’aides et d’appui pour le voyage. Le désir de migrer est alors entretenu par l’imaginaire de la communauté et de la famille.

  • Communication orale
    Leurres et lueurs de la migration : quand la vérité participe à gestion de la mobilité humaine
    Célestine Dibor Sarr (Université Cheikh Anta Diop)

    Mensonges au départ, mensonges à l’arrivée, les migrants, dans leurs pérégrinations vers le rêve de l’Occident sont nourris de préjugés. Ces derniers, aussi bien dans leur terroir natal que dans leurs terres d’accueil, sont fécondés par les leurres et les lueurs d’un mythe : la réussite sociale n’est possible qu’en embarquant pour l’Europe, l’humanisme envers les migrants si désœuvrés permet de se racheter d’une certaine culpabilité. Pourtant, en Afrique comme en Europe, une vérité même crue pourrait endiguer un phénomène endémique qui sape les bases d’une société où la solidarité et la cohésion sociale sont soumises à de rudes épreuves. À la suite des politiques et de bon nombre de spécialistes proposant des solutions à la mobilité humaine, des romancières et romanciers africains prennent en charge cette problématique dans leurs œuvres. Par la voix de leurs personnages, ils empruntent les voies de l’anthropologie, par le biais de la fiction, pour lever le voile sur certaines pratiques sociologiques voire culturelles afin de sensibiliser les candidats au départ sur les risques d’une telle aventure. La vérité distillée dans leur œuvre sonne comme un cri de cœur qui saurait convaincre les uns et les autres à faire de meilleurs choix de vie au vue des risques encourus pour un mythe : émigrer, c’est réussir. Des auteurs entendent revenir sur quelques-unes des vérités qui reprennent avec acuité les leurres et les lueurs que nourrissent les migrants.


  • Communication orale
    Migration au Maroc
    Soukaina Taoufik (Centre africain de la jeunesse pour le développement durable)

    L’évolution des flux migratoires depuis 20 ans au Maroc s’inscrit dans un contexte de mutation au niveau mondial qui a amené le Royaume à assumer ses responsabilités en cherchant des solutions adéquates dans le traitement des questions de migrations de manière globale et intégrée. La situation géographique du Maroc a créé une situation dans laquelle le pays n'est pas seulement devenu un point de transit entre l'Afrique et l'Europe, mais est également devenu une destination finale pour de nombreux immigrants en situation légale et illégale. C’est dans ce cadre que le Maroc a décidé d’élaborer « une stratégie de l’immigration et de l’asile qui devra apporter des réponses de manière intégrée et humaniste à l’ensemble des enjeux posés » par la migration.

    Cette question met en exergue la menace qui pèse non seulement sur les personnes mais sur les États en tant que garants de la sécurité et de la protection des droits fondamentaux. Ainsi, nous allons répondre aux questions suivantes:

    Quel cadre juridique adopté par l'Etat marocain pour régir les droits des immigrés? Comment Ie droit marocain peut garantir les droits fondamentaux des étrangers ? Quelles stratégies peut-on mettre en place pour renforcer leur droit au Maroc ?

    L'État marocain respecte-t-il le droit international en matière de protection des droits des étrangers en situation irrégulière ? Existe-t-il une politique adoptée pour intégrer les subsahariens dans la société marocaine ?

    Sont-ils respectés ? Sont-ils appliqués?


Communications orales

Partage d’expériences

  • Communication orale
    Les associations de personnes déplacées de la Mauritanie de1989
    Cheikh Sidil Khair Mbaye (Cesti-UCAD)

    Malgré les fortes synergies de leurs organisations, les déplacés du conflit sénégalo-mauritanien cherchent encore les chemins du retour. Les réfugiés mauritaniens ont collé une réalité à l’adage qui dit que l’union fait la force parce qu’ils ont fédéré leur force pour défendre leur droit au retour en Mauritanie mais ça bloque. Et pourtant, ils ne bénéficient pas d’un soutien approprié pour la résolution du problème de fond : le racisme. Ils se sentent seuls dans leur combat malgré leur engagement en faveur de la sécurité humaine. En effet, Aldiouma Cissokho affirme dans un entretien qu’il « faudrait obligatoirement du point de vue politique que des lois et des actions soient faites pour que la situation des réfugiés mauritaniens s'améliore ».

    Un rapport de Mission organisée par l’office français de protection des réfugiés et apatrides (OFFRA, 2014) informe que ces personnes déplacées qui vivent au Sénégal peuvent se retrouver confrontées aux limites de la législation du pays parce que « des dispositions de la loi sur l’asile n° 68-27 du 24 juillet 1968 ne sont plus conformes au droit international des réfugiés.

    Les défis à relever par leur pays d’accueil restent le rapatriement volontaire et l’intégration locale des réfugiés mauritaniens, la délivrance des cartes d'identité aux réfugiés, l’accès à certains droits inhérents à leur statut, l’accès aux avantages de la Convention de Kampala, la prévention du risque d’apatridie et la détermination du statut de réfugié.


  • Communication orale
    Renforcer la transparence et l’obligation de rendre compte pour combattre la migration
    Philippe Kodindo Demba (Ingénieur de travaux publics)

    L’administration publique et la bonne gouvernance sont intimement liées car il s’agit de ralentir le flux migratoire, asile et d’éradiquer le laxisme, la corruption ainsi que tous ces corollaires d’une part, et d’autre part, de promouvoir la démocratie pluraliste, le développement économique, politique et social en Afrique. Il est clair que la corruption est l’un des plus grands défis auxquels l’Afrique est confronté. Lorsque les agents des secteurs privé et public sont impliqués, elle constitue une forme grave et destructrice d’abus de pouvoir. Pour que les citoyens aient confiance dans l’Etat, les fonctionnaires, les élus et les autres personnes concernées doivent se comporter selon les normes d'éthique les plus élevées et respecter la loi. Il est recommandé donc, outre l’adoption et l’application de mesures législatives et administratives nationales, une stricte adhésion à la convention des nations unies contre la corruption. Par ailleurs, il faut renforcer la transparence des processus politiques, de garantir le droit à l’information et la communication, d’améliorer les mécanismes de mise en œuvre, de sensibiliser davantage le public et de consolider les institutions chargées de la lutte contre la migration. Ultimement, l'implication et la participation des organisations de la société civile sont fondamentales dans l’évaluation des politiques et dans les initiatives de lutte contre la migration. C'est dans ce contexte que l'Afrique pourra réguler les migrations.

  • Communication orale
    Analyse des alternatives contre l’émigration irrégulière au Sénégal
    Jean Christophe Diatta (Université Gaston Berger de Saint Louis du Sénégal)

    L’être humain a de tout temps été amené à se déplacer, pour des raisons diverses, climatiques, environnementales, sanitaires, politiques, économiques, culturelles… (Aïdara, 2013). Selon l’auteur, la migration est donc un des droits les plus fondamentaux de l’être humain, du simple fait qu’il relève d’un besoin naturel. Néanmoins, il faut se rendre à l’évidence : c’est surement un des droits les plus controversés et les moins respectés aujourd’hui à travers le monde. Ce qui contraint certains candidats au départ à réorganiser leurs itinéraires pour quitter leur pays de façon irrégulière. Cependant, l’émigration irrégulière est un phénomène relativement ancien, à l’image de la migration régulière. Mais depuis le début des années 2000, le durcissement des politiques migratoires des pays de transit et d’accueil en ont changé le visage (Ba et Ndiaye, 2008) cité par (Dione, 2018). Selon l’auteur, il a pris ainsi une certaine ampleur et les candidats encourent des risques de plus en plus importants en traversant l’océan atlantique à bord d’embarcations fragiles et/ou en empruntant des routes du désert hostiles et dangereuses. La fermeture des frontières est également à l’origine de l’augmentation du nombre de migrants irréguliers, du renforcement ou de la création de mafias tout au long du trajet vers l’Europe et de l’aggravation spectaculaire des conditions.


Dîner

Dîner


Communications orales

Bloc III – Atelier des doctorants

Discutant·e·s : Abdoul Aziz Diouf (UCAD)
  • Communication orale
    Migration et fuite des cerveaux, impact sur le développement économique de l'Afrique subsaharienne
    Fatma Ndiaye (Université Cheikh Anta Diop)

    L’Afrique connaît un important développement des mouvements migratoires qui se font pour l’essentiel à l’intérieur du continent. Ils se développent également en direction de l’Europe, de l’Amérique du Nord et de certains pays du Moyen Orient. Ils peuvent être volontaires ou être forcés. Ces différents flux migratoires concernent toutes les catégories sociales dont les réfugiés, les demandeurs d’emplois et de plus en plus les personnes qualifiées.
    En Afrique, le développement des flux migratoires s’explique par une insuffisance des capacités institutionnelles de certains pays. Ces derniers ont en effet des difficultés à répondre efficacement aux besoins des populations. L’ampleur de la migration, et plus spécifiquement celle des personnes qualifiées est devenue un grand défi. Les causes profondes de l’exode des compétences sont multiples et complexes. En Afrique, les mauvaises conditions socio-économiques telles que les bas salaires, les taux élevés de chômage, le sous-emploi, la pauvreté et le manque de moyens et de possibilités exacerbent l’émigration.À ce titre, la fuite des cerveaux apparaît non plus seulement comme une conséquence du sous- développement, mais également comme une de ses causes. Tous les gouvernements, malgré les différences, tendent vers la politique de l’immigration choisie, avec des conséquences dramatiques pour l’Afrique. La communauté internationale doit trouver des solutions à ce problème pour un développement durable du continent africain.

  • Communication orale
    Migration Ouest africaine vers l’Europe à travers le Niger
    Atsu Venunye Bassah (FRANCE)

    En s’interrogeant aujourd’hui sur la migration des Africains, les premières idées qui assaillent sont de savoir où vont vraiment ces personnes. En effet une réflexion sur la destination et l’avenir de ces derniers s’impose. Ainsi dire que l’Europe constitue une des destinations privilégiées ne serait surprendre personne, même si en réalité il y a plus de mouvement de population au sein même de l’Afrique que de l’Afrique vers l’extérieur. Sur ce parcours migratoire qualifié de clandestin de migrants ouest africain vers l’Afrique du Nord avec de possible intention de poursuivre vers l’Europe, le Niger joue aujourd’hui un rôle important. Car il constitue du fait de sa position un carrefour de la migration en Afrique. En tant qu'individus doués de sensibilité, nous avons été révoltés par des situations, comportements et discours dont nous avions été témoins en écoutant les déboires de migrants rencontrés au Niger dans le cadre de nos recherches de terrain tout comme durant nos séjours d’étude en Europe, en France depuis 2017 dont certains des récits ont été récemment publiés dans notre recueil de témoignages « Rêver de tout sauf migrer clandestinement ». Du côté Europe, l’avenir des migrants clandestins parvenus à frôler leur sol n’est plus une préoccupation. Au contraire des conditions de primo-accueil sont plus compliqués et ceci dans l’optique de dissuader les potentiels migrants.

  • Communication orale
    Le droit à une nationalité à l’épreuve des migrations forcées.
    Renaud Fiacre Avlessi (Faculté de droit et de sciences politiques)

    La migration forcée s’ entend d’un déplacement collectif qui survient dans un contexte de crise, violence politique le plus souvent, mais aussi famine et épidémie, catastrophe ou destruction environnementale ou encore, intervention coercitive des États à des fins d’aménagement du territoire. Elles sont forcées car, subies et non initiées et gérées par l’individu ou le groupe. Les migrants forcés ne partent pas pour essayer de mieux vivre, pour réaliser un projet migratoire mais seulement pour survivre à une crise dont la seule issue est le départ. Et ils vivent des situations mouvantes caractérisées par une grande instabilité de leur statut. Cette catégorie migratoire diffère des migrations volontaires. Les données sont alarmantes en matière de migration forcée dans le monde. Selon le HCR, 84 millions de personnes déplacés de force dans le monde. Le départ occasionne une cassure, une rupture dans la cohésion des communautés. Dans leur course pour la survie, les migrants forcés se préoccupent peu des documents qui serviront à établir leur identité voire, leur nationalité. Le thème qui nous occupe est intéressant à traiter pour deux raisons. D’abord, le droit à une nationalité est un droit fondamental auquel sont arrimés bien d’autres droits. Or, les migrations forcées constituent une véritable atteinte au droit à la nationalité et, par ricochet, aux droits de l’homme. Dans cette course forcée, dans ce périple, les migrants tombent souvent dans le piège de l’apatridie.

  • Communication orale
    La question de l’apatridie en Afrique et les migrations des populations dans la sous-région
    Adama Drame (Observatoire sur les Migrations internationales, les Refugiés, les Apatrides et l'Asile (OMIRAS))

    Partir apparaît aux yeux de beaucoup de jeunes comme une alternative pour réussir leurs vies. Les jeunes migrants prennent la décision radicale de changer de vie et de se donner de meilleures opportunités d’étude, d’emploi ou de prospérité économique. Malgré les drames occasionnés par les migrations irrégulières en direction des pays supposés offrir de meilleures opportunités, le choix des migrants de quitter leurs pays est une preuve de courage et de résilience.

    L’Afrique de l’Ouest est une zone à très forte mobilité où certains pays comme le Sénégal, par leur position géographique, sont à la fois des pays de départ, de transit et de destination. Les dynamiques migratoires s’inscrivent dans un contexte particulièrement difficile : réduction des opportunités de migration légale, pauvreté croissante et absence de perspective économique.

    Les vagues migratoires ne sont pas sans conséquence par rapport à des situations d’apatridie car ces phénomènes restent intimement liés, d’où l’objet de cette communication.

    L'apatridie traduit la situation d’une personne dont aucun État ne considère comme son ressortissant par application de sa législation. C’est un problème considérable en Afrique mais dont l'ampleur n'est pas encore connue. Il n'est pas possible de dire combien de personnes sont apatrides dans la sous-région ; mais il est clair que des centaines de milliers de personnes sont à risque d'apatridie.

  • Communication orale
    Perceptions et réalités du phénomène migratoire en France dans un contexte électoral
    Guy Mahoungou Loufouilou (Université de Paris Est Créteil (UPEC))

    Aujourd’hui, la traversée massive de la méditerranée à destination de l’Europe par des africains (majoritairement ceux d’Afrique subsaharienne) alimente de plus de plus le débat au sein de la classe politique, des experts et des universitaires. La société étant par essence évolutive, la question migratoire n’a cessé de s’aggraver et se complexifier au point de constituer une des questions prioritaires sur le plan continental (africain et européen) international et même de retenir l’attention des gouvernements, quel que soit leur engagement ou leurs intérêts pour la gestion des flux migratoires.
    Partout, l’immigration est de plus en plus considérée comme un problème à résoudre avec un discours dominant qui est celui d’une immigration choisie et de la maîtrise des frontières extérieures.


    France, la place de l’immigration et de l’accueil des réfugiés est omniprésente grâce aux médias qui lui ont donné une place centrale dans la phase de la campagne des élections présidentielles. L'opinion française a un certain nombre de perceptions sur les migrations ; certaines sont conformes aux faits observés, d'autres non. Cette distorsion empêche d'avoir un débat transparent sur le sujet et biaise la réflexion sur les politiques à mener. Elle est d’autant plus alarmante car, elle nourrit le racisme et la xénophobie, mais également parce que les politiques publiques en matière d’immigration, ont tendance à se fonder davantage sur les sondages d’opinions que les études des experts.

  • Communication orale
    La réappropriation panafricaine du discours migratoire à l’ère des perceptions eurocentriques
    Pierre Oyono Mvogo (Université EUROMED de Fès)

    La présente communication s’inscrit dans la continuité de mes travaux de recherche du master en relations internationales portant sur le phénomène migratoire en Afrique. Mon propos portera sur la réappropriation panafricaine du discours migratoire à l’ère des perceptions euro-centriques. En effet, depuis l’avènement de la COVID 19, les restrictions liées aux déplacements des personnes en dehors de leur territoire d’origine se sont accentuées. Le continent africain qui est loin d’être à l’origine de cette pandémie, et qui enregistre le moins de cas n’a pas été épargné par les restrictions. Compte tenu de son passé historique avec l’Europe, la plupart des africains ont tendances à se rendre sur le vieux continent, parfois au péril de leur vie. Cette tendance a accentué les débats autour d’une migration essentiellement sud-nord montrant des africains qui meurent en méditerranée lors de la traversée.

    Alors, bien des voix s’élèvent en Afrique pour contredire les discours alarmistes sur la migration africaine, sujet récurrent en raison des naufrages, sauvetages et périples d’embarcations chargées d’africains en méditerranée, que personne en Europe ne veut recevoir. En effet la migration en Afrique est entachée par des débats eurocentriques, excluant la réalité migratoire en Afrique.

  • Communication orale
    La protection des migrants contre les expulsions arbitraires en Afrique
    Jean Aristide Bonkoungou (Suisse)

    La Joconde de l’Union africaine. C’est ainsi, il nous semble, qu’il convient de qualifier la Charte africaine des droits de l’homme et des peules ( Charte ADHP) ,véritable chef d’œuvre juridique , dont la popularité peut, dans le système africain , être comparée à celle de la Joconde parmi les œuvres de Léonard de Vinci. « l’Afrique a toujours été une terre de migration et une terre d’asile » et que « l’hospitalité en Afrique est un devoir, une obligation morale » nous enseigne Kéba Mbaye. Cependant, à de nombreuses reprises, les Etats africains ont présenté et présentent encore parfois, des images assez sombres, du point de vue de cette hospitalité vis-à-vis des étrangers ou migrants . « Les mesures de police administrative enjoignant à une personne de quitter le territoire de l’État où elle se trouve », que l’on conçoit simplement comme étant des expulsions, sont courantes dans la pratique des États africains. Les années 1970 et 1980 ont été des décennies témoins d’expulsions massives d’étrangers de nombreux États africains, ce qui s’est poursuivi même au début de ce millénaire ; les exemples du Gabon, du Nigeria, de la Côte d’Ivoire en sont très illustratifs. Les expulsions arbitraires semblent donc bien ancrées dans la pratique de certains Etats africains qui en feraient une sorte de politique extérieur. Il est donc intéressant de se demander : Comment la Joconde du système africain de protection des droits de l’homme encadre les expulsions arbitraires des migrants ?

  • Communication orale
    La production typologique des mineurs migrants subsahariens non accompagnés au Maroc
    Fatima Zahra Ghatous (Institut des etudes africaines)

    Suite d’un travail de terrain mené dans la ville de Rabat (Maroc), ma contribution vise à déterminer le rôle des structures dans la construction typologique du mineur migrant non accompagné subsahariens au Maroc en général et dans la ville de Rabat en particulier, vu les déférents types des mineurs migrants retrouvés au Maroc La question est alors de chercher et de savoir si cette différence est due au caractère de l’immigrant (mineur), ou s’il y a des influences qui interfèrent avec l’expérience de la migration dans toutes ses composantes transversales, tant externes qu’internes, d’autant plus que nous savons que le groupe des mineurs est divisé en catégories régies par un ensemble de règles et de circonstances. Notre travail est inspiré de notre recherche de thèse de doctorat en cours, qui va souligner que le parcours de migration du mineur influence fortement ses possibilités d'intégration. Notre projet consiste à analyser l'articulation du réseau social et relationnel du mineur, avant, en cours et après son arrivée au Maroc. Son intégration peut se développer et se transformer selon les contraintes et les obstacles vécus. Ainsi, notre étude prendra en compte les avis des représentant les différentes structures et organisations qui travaillent dans le domaine de l’immigration subsaharienne au Maroc et la relation interactionnelle entre les mineurs eux-mêmes d’une part et entre les mineurs et les structures d’intégration d'autre part.

  • Communication orale
    Le réchauffement climatique et la mobilité forcée en Afrique
    Moussa Kor (UCAD)

    Le réchauffement climatique est une réalité qui préoccupe l’humanité toute entière. Le continent africain est identifié comme l'un des plus vulnérables, en raison de l’ampleur et la fréquence des émissions mondiales de gaz à effet de serre exacerbant les sécheresses, les inondations, les érosions côtières et d’une faible capacité d’adaptation. Cette contribution vise à analyser la relation juridique entre le déplacement forcé des personnes et le réchauffement climatique en se posant la question de savoir si les dispositifs africains de protection des déplacés forcés intègre le phénomène des changements climatiques.

    Pour établir une telle dialectique, il conviendra de voir que la mobilité forcée par les catastrophes environnementales est pris en compte par les dispositifs africains de protection des déplacés internes en Afrique avant de relever les limites de ces cadres de protection


Assemblée générale

Conférence plénière de clôture