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Informations générales

Événement : 89e Congrès de l'Acfas

Type : Colloque

Section : Section 400 - Sciences sociales

Description :

En se diffusant sur une grande échelle au cours des années récentes, les innovations sociales (IS) ont-elles été « resignifiées » pour en atténuer, voire en extirper, leurs dimensions critiques et leur potentiel de transformation sociale? En conséquence de cette évolution, ont-elles été simplement réduites à des dispositifs d’accompagnement des innovations technologiques et à des mesures palliatives pour combler les failles du marché et les insuffisances des interventions étatiques? En accord avec ces fonctions, les IS incarneraient des solutions inédites qui, grâce à une approche supposément consensuelle et inclusive, comporteraient des bénéfices supérieurs aux solutions existantes tant pour ses promoteurs que pour la société dans son ensemble. Les IS seraient-elles ainsi devenues une panacée et un « concept magique »? Certes dominante et portée par une vision fonctionnaliste et technocentriste, cette conception des IS n’épuise toutefois pas toute leur signification.

Parallèlement au rétrécissement de la signification des IS, on assiste à la montée des inégalités, tandis que les enjeux identitaires s’exacerbent et que les crises sanitaires et climatiques s’intensifient. Ce contexte serait-il propice à l’émergence et à la consolidation d’un autre type d’IS, axé sur la justice sociale et environnementale? Selon les théories critiques se réclamant de cette dernière, les groupes dominés sont victimes d’une distribution inique, d’un déni de reconnaissance et d’un déficit de représentation, alors même qu’ils sont davantage touchés par la crise sanitaire et les changements climatiques. Portées par une action collective et par des mouvements sociaux représentant les groupes dominés, les IS émergeraient alors en réaction aux injustices, qu’elles se proposeraient de faire reculer.

En vue de mieux comprendre ce phénomène pluriel et polysémique que sont les IS, il importe de construire une typologie, dont les deux types esquissés précédemment ne seraient que les formes opposées. Selon quels axes distinctifs construire cette typologie? Typologie des approches ou typologie du phénomène? Typologies d’effets ou de processus? Quels acteurs sont aujourd’hui promoteurs de tel ou tel type d’innovations sociales? Le contexte de crise actuel est-il propice à l’émergence d’un nouveau type d’innovations sociales? Quels types d’innovations sociales comportent un réel potentiel transformateur pour une justice sociale et environnementale? Quelles articulations possibles entre innovations sociales et innovations technologiques? Comment mesurer la contribution des divers types d’IS tant au regard de la justice sociale et environnementale qu’à celui de la satisfaction des besoins et des aspirations des groupes dominés? À l’intersection d’enjeux scientifiques et politiques, notre colloque vise à proposer une réflexion commune sur les défis entourant l’analyse et la portée des divers types d’IS.

Remerciements :

Le CRISES remercie les Fonds de recherche du Québec – Société et culture (FRQSC) pour son soutien financier à ses activités.

Dates :
Responsables :

Programme

Communications orales

Mot de bienvenue


Communications orales

Conférence d’ouverture

  • Communication orale
    Innovation et changement de civilisation
    Dominique Bourg (Université de Lausanne)

    Je partirai de l’idée que la civilisation mécaniste moderne, née à la fin du 16è et au début du 17è et dont les conséquences ultimes se sont développées dans la seconde moitié du 20e siècle, est finissante. Je rappellerai le type d’innovation caractéristique qu’elle a pu susciter, à savoir inséparable de la logique moderne d’arrachement à la nature, et qui nous a conduits-es à une impasse tant écologique qu’en matière de sens. Je pointerai ensuite les composantes de la civilisation émergente déjà présentes et m’interrogerai sur le type d’innovation dont elles devraient être porteuses.


Communications orales

Communs et justice sociale

  • Communication orale
    Communs et innovations sociales : l’expérience de La Coop des Communs, des initiatives qui allient justice écologique et justice sociale
    Emeline Baudet (Coop des Communs)

    Les définitions proposées dans la littérature récente font ressortir deux dimensions de l’innovation sociale (IS): la réponse à une finalité de justice sociale ainsi que la constitution, dans le processus même au cours duquel elle s’élabore, d’un groupe d’individus épars en collectif. De plus, la définition de critères de justice qui répondent à des enjeux sociaux et environnementaux se heurte souvent à des problèmes d’échelles et de valeurs; si tout le monde semble s’accorder sur la nécessité de trouver des outils (économiques, de gouvernance) qui soient à la hauteur de la crise écologique actuelle, le problème réside dans le cadre décisionnel employé qui comprend le périmètre des acteurs (bénéficiaires, usagers, actionnaires) et leurs droits respectifs.

    Notre hypothèse est que les communs, définis à partir de croisements entre la recherche et des pratiques se rattachant à l’ESS, offrent une grille d’analyse permettant de répondre à cette difficulté. Lorsque l’IS s’inscrit dans un commoning, un «faire commun» qui confère autant d’importance au processus de décision et de gestion qu’à sa finalité, elle répond aux exigences de soutenabilité écologique.

    La communication s’appuiera sur l’analyse transversale d’IS (plateformes coopératives numériques et alternatives de comptabilité) et de typologies académiques à l’aune des communs, via l’expérience de La Coop des Communs et des projets de recherche-action qu’elle accompagne et qui allient justice sociale et justice écologique.

  • Communication orale
    Communs, autogouvernement et initiatives collectives au Québec: les nouvelles formes de la coopération et de l’innovation sociale émancipatrice
    Jonathan Durand Folco (Université Saint Paul), Dan Furukawa Marques (Université Laval)

    Depuis le début du XXIè siècle, nous assistons à une nouvelle vague d’initiatives collectives prenant les formes de coopération socio-économiques novatrices qui mobilisent notamment les revendications politiques des communs, de l’autonomie et de l’autogouvernement pour une transformation sociale et écologique (Dardot et Laval, 2014; Coriat, 2015). Malgré la relative nouveauté de ces types d’initiatives, on remarque qu’elles empruntent la plupart du temps des modes d’organisations traditionnels issus de l’économie sociale. Quelles spécificités, continuités et différences entre les formes traditionnelles de l’économie sociale et celles plus actuelles se revendiquant des communs ? Assiste-t-on à un renouveau de l’économie sociale au Québec via l’émergence de nouveaux projets plus radicaux, appelant à l’autogouvernement, la libération du travail et la construction d’utopies réelles pour bâtir une société post-capitaliste (Wright, 2020) ? Cette présentation vise à présenter une synthèse d’un numéro spécial que nous dirigeons actuellement sur le sujet et qui paraîtra dans Recherches sociographiques, en mettant l’accent sur les dimensions sociales, économiques, historiques et culturelles des nouvelles formes de coopération, de communs et d’autogouvernement au Québec. L’objectif n’est pas de tracer un portrait exhaustif des initiatives collectives sur l’ensemble du territoire, mais de proposer une compréhension théorique de la signification politique de ces phénomènes. 

  • Communication orale
    Communs culturels territoriaux et développement local : le cas du quartier Saint-Michel à Montréal
    Juan-Luis Klein (UQAM), Laurent Sauvage (UQAM - Université du Québec à Montréal), Diane-Gabrielle Tremblay (Université TÉLUQ)

    En réponse aux difficultés socioéconomiques auxquelles il doit faire face depuis la fin de l’exploitation de ses carrières de pierre et des sites d’enfouissement, le quartier Saint-Michel, à Montréal, s’est engagé depuis les années 2000 dans un vaste chantier de revitalisation urbaine intégrée. La présence sur le territoire d’un cluster des arts du cirque a contribué à mettre l’action culturelle au cœur des stratégies de développement. Cela a conduit à l’émergence d’une instance originale de gouvernance culturelle rattachée à la table de quartier Vivre Saint-Michel en Santé.

    Réunissant acteurs culturels, communautaires, administratifs, elle permet une concertation autour des enjeux culturels du territoire et favorise la création d’évènements culturels répondants aux besoins des habitants : insertion à l’emploi, intégration, inégalités d’accès à la culture, ou renforcement du sentiment d’appartenance dans un quartier à la fois enclavé et multiculturel.

    Nous proposons d’analyser son action sous l’angle des Communs Culturels Territoriaux pour mettre en évidence les forces et les faiblesses de ce modèle. Nous interrogerons plus spécifiquement le caractère innovant de la gouvernance et des opérations issues de cette table. Nous poserons la question de sa contribution à l’affirmation des droits culturels des citoyens et la capacité de ce modèle à faire face aux fractures sociales intensifiées ces dernières années et aux éclosions de violence qui en ont découlées.

  • Communication orale
    Plaidoyer pour une économie du lien
    Yves Hallée (Université Laval)

    L’isolement a une incidence plus importante sur la mortalité que la COVID-19. Pourtant, socialiser est fondamental et constitue un antidote à la solitude qui peut avoir des impacts mentaux et cérébraux. Nous plaidons pour un réel déploiement d’une économie du lien qui s’appuie sur les emplois du care qui articulent, en situation de proximité, un lien essentiel pour suppléer, maintenir ou consolider les relations. L’économie n’est pas réductible à l’échange de biens (Commons, 1959), mais concerne davantage les relations entre individus; le lien a primauté sur le bien (Hallée et Delattre, 2021 : 2). En pleine crise, c’est une bande de femmes qui faisait tenir la société. Sans ce travail, la structure sociale et économique imploserait. L’économie du lien, comme innovation sociale, valorise et reconnait davantage ces emplois qu’il ne suffit plus d’encenser l’importance; des conditions plus justes et équitables sont nécessaires (ibid: 4). Souhaitons que cet élan n’ait pas pour seule ambition de contenir nos relations dans le numérique (ibid). Confiné dans ce e-monde n’est pas le sens privilégié par l’éthique du care (Gilligan, 1982).


Communications orales

Écosystème d’innovations sociales

Présidence : Geneviève Huot (TIESS)
  • Communication orale
    L’approche institutionnelle dans la perspective relationnelle : une analyse des interactions du Système d’Innovation de Pernambuco – Brésil
    Nelson da Cruz Monteiro Fernandes (Université fédérale de Pernambuco), Anderson Diego Farias Da Silva (UdeM - Université de Montréal)

    La présente étude vise à comprendre comment l’approche relationnelle de la théorie institutionnelle peut contribuer à la compréhension de l’organisation des systèmes productifs de certains environnements d’innovation. À cette fin, nous étudierons la construction d’une politique publique, basée sur la stratégie de science, technologie et innovation pour l’État de Pernambuco (2017-2022), dans laquelle nous aurons l’occasion d’analyser les relations des acteurs sociaux immergés dans ce système périphérique au nord-est du Brésil.

    Sur la base de la supposition que la perspective fonctionnaliste sur le développement des environnements d’innovation est limitée et en comprenant que l’innovation est un phénomène social et incertain, c’est-à-dire qu’elle dépend des interactions entre différents groupes d’acteurs sociaux qui ont besoin de développer des attentes mutuelles quant à leurs rôles, souvent basées sur des accords tacites, ainsi que sur les actions d’autres personnes en qui elles ont confiance. Ce sont précisément ces relations qui sont à l’origine de la motivation de recherche, puisque les actions et interactions de ces acteurs sont médiatisées et façonnées par des « institutions » (Glückler et Lenz, 2016 ; Glückler et Bathelt, 2017 ; Glückler, 2020). En effet, chaque territoire a ses spécificités, ses expériences historiques, qui finissent par se refléter dans la stratégie de croissance.

  • Communication orale
    L'économie sociale et solidaire, un vecteur d’innovation sociale à l’Ile de La Réunion
    Priscilla Dijoux (Centre d'Economie et de Management de l'Océan Indien, Université de La Réunion), Jérôme Gardody (Université de La Réunion)

    L’innovation sociale suscite un engouement croissant puisqu’elle constitue une réponse adéquate aux crises économiques, sociales et environnementales successives auxquelles nos sociétés sont confrontées. De façon relativement consensuelle, ce concept se caractérise par trois grandes dimensions : (1) le caractère novateur d’une solution en réponse à une situation sociale/sociétale jugée insatisfaisante ; (2) un processus inclusif impliquant de multiples parties prenantes ; (3) le développement de nouvelles pratiques et formes de gouvernance contribuant à reformuler les normes institutionnelles. La Réunion, département français d’Outre-Mer, est un territoire insulaire en proie à des difficultés socio-économiques majeures (source INSEE, 2015). Afin de réguler ces problématiques, la société civile montre régulièrement sa capacité à construire collectivement des solutions de développement socialement innovantes selon les traditions de l’économie sociale et solidaire (ESS). De par ses spécificités institutionnelles et organisationnelles, l’ESS constitue une matrice favorable à l’innovation sociale. Les travaux relatifs à l’ESS et à l’innovation sociale sur le territoire réunionnais demeurant lacunaires, la présente recherche a pour objectif de caractériser les innovations sociales puis de questionner les apports des modèles de l’ESS dans leur processus d’émergence, de développement et d’institutionnalisation.

  • Communication orale
    Entre économie verte et réformisme : Une exploration des convergences des politiques publiques en économie circulaire et en économie sociale au Québec
    Eléonore Compère (HEC Montréal), Emmanuel Raufflet (HEC Montréal), Martine Vézina (HEC Montréal), Rafael Ziegler (HEC Montréal)

    Dans cette étude, nous explorons comment les politiques publiques en économie circulaire et en économie sociale accompagnent la transition vers une économie circulaire juste et durable et ce, en identifiant les zones de convergence.

    L’économie circulaire vise à réduire l’utilisation des ressources à travers un ensemble de stratégies de circularité. Cet objectif implique non seulement des innovations technologiques, mais également des innovations sociales. Or, certains travaux ont mis en évidence le potentiel d’innovation sociale des entreprises d’économie sociale dans une économie circularisée. Une perspective d’économie sociale en économie circulaire permet de soulever en outre les questions à savoir à qui bénéficie la circularité, qui en sont les gagnants et les perdants et quels sont les acteurs impliqués dans ces décisions qui appellent des changements. Ces questions nous apparaissent au cœur des enjeux de politiques publiques, d’où la pertinence d’explorer les convergences et divergences des politiques publiques en économie circulaire et en économie sociale.

    Dans cette étude, nous proposons une cartographie des politiques publiques en économie circulaire et en économie sociale au Québec. Nous discutons les discours associés à ces politiques et, en particulier, ceux relatifs à la prévalence d’une économie verte ou réformiste. Nous nous intéressons également à l’importance des intermédiaires en économie sociale dans le développement d’un discours sur l’économie circulaire.

  • Communication orale
    ILEAU, une campagne de verdissement innovante qui participe à la transition écologique et à la résilience urbaine des communautés de l’Est de Montréal
    Caroline Côté (UQAM - Université du Québec à Montréal), Sophie Paquin (UQAM), Emmanuel Rondia (Conseil Régional de l’environnement de Montréal), Nilson Zepeda (Conseil régional de l’environnement de Montréal)

    La campagne ILEAU, créée en 2015 et coordonnée par le Conseil régional de l’environnement de Montréal, a développé une série d’actions qui visent le verdissement et la création d’ilots de fraicheur par l’implication de différents milieux : communautaire, institutionnel et d’entreprise.

    L’objectif de cette communication est de présenter en quoi une campagne comme ILEAU représente une innovation sociale et comment son analyse peut contribuer à la typologie de l’innovation sociale.

    L’analyse d’une sélection des projets de la campagne et 24 entrevues auprès d’acteurs clés montrent les caractéristiques de processus collectifs permettant de conclure à une démarche d’innovation sociale. Un des rôles d’ILEAU est de faire des ponts entre les ressources et les organismes existants et ainsi optimiser les partenariats et l’impact sur le territoire. Ainsi, la concertation intersectorielle, les processus participatifs et inclusifs et le rôle d’intermédiaire exercé par ILEAU pour faciliter les initiatives et les projets sur le terrain parmi des organisations qui n’agissaient pas de concert sont à noter. L’accroissement de la capacité d’agir des parties prenantes se déploie aussi par des actions complémentaires à la lutte aux ilots de chaleur.

    Finalement, nos analyses montrent une reconnaissance des autres acteurs et des pouvoirs publics menant à des changements au sein des politiques locales d’aménagement, ainsi qu’à l’élaboration d’outils institutionnalisés.


Dîner

Dîner


Communications orales

Coconstruction de la transition socioécologique

  • Communication orale
    L’action citoyenne à l’œuvre dans la transition socioécologique : une réflexion sur le Grand dialogue (Saguenay-Lac-Saint-Jean) comme cas d’espèce d’innovation sociale autopoïèse
    Sabrina Tremblay (UQAC - Université du Québec à Chicoutimi)

    Le Québec fait face à l’injonction à changer ses modes de production et de vie afin de lutter contre la menace des changements climatiques. Au Saguenay-Lac-Saint-Jean, un collectif d’acteurs d’horizons divers du nom Grand dialogue (GD) s’est donné pour mission de planifier et d’accélérer la transition socioécologique sur le territoire autour de 21 thèmes qui couvrent les principales facettes individuelles et collectives de la région.

    L’expérience en soi est inusitée, originale et difficilement saisissable par sa structure et son mode de fonctionnement. À la frontière de la recherche-action et de l’action citoyenne autonome, elle semble répondre à un besoin d’action concrète tout en donnant lieu à différentes petites initiatives tantôt englobées dans le GD, tantôt envoyées en autonomie pour servir la cause défendue. Elle peut certainement être qualifiée d’innovation sociale sous plusieurs aspects mais, au surplus, elle a toutes les caractéristiques d’un système autopoïèse qui se reproduit sans cesse pour s’adapter aux tiraillements internes et externes auxquels elle est soumise.

    Cette communication se propose de présenter les principales caractéristiques du GD en insistant sur ses dimensions innovantes. Puis, à partir des travaux de Luhmann (1995), nous réinterprétons ce cas afin de démontrer que les innovations sociales du genre sont des systèmes sociaux dynamiques qui ont d’abord et avant tout besoin d’instabilité pour être durables.

  • Communication orale
    Des projets participatifs liés à la qualité de l’air dans la Vallée de l’Arve comme innovation sociale et technique pour lutter contre le sentiment d’injustice environnementale
    Alexandre Savioz (HES-SO Valais-Wallis)

    Située entre la ville de Genève et la célèbre destination de Chamonix-Mont-Blanc, la vallée de l'Arve connaît depuis plusieurs décennies d'importantes controverses en lien avec la problématique de la pollution atmosphérique. Depuis plus de 30 ans, cette situation a engendré l’émergence de conflits de société initiés par différents mouvements sociaux dénonçant des injustices sociales, sanitaires et environnementales, et usant de multiples registres d’actions afin de revendiquer une intervention publique. Depuis la moitié des années 2010, l’action collective s’est essentiellement formulée en termes de contre-expertise, ce qui déstabilisa la légitimité et la crédibilité publique des canaux officiels d’experts. Afin de rétablir la confiance avec la population, les agences départementales initièrent des stratégies participatives, dont un projet de “captothèque” qui permet aux citoyens de participer activement à la production de connaissances sur la qualité de l’air de la région. Plus récemment, la mise sur pied d’un “Institut Écocitoyen” rassemblant divers acteurs du territoire a vu le jour, favorisant les échanges entre la population, les associations environnementales, les scientifiques et les politiques autour de cet enjeu. Au-delà de leur rôle de sensibilisation, ces projets représentent des outils et lieux de dialogue entre les autorités et les citoyens. Cette communication vise à présenter les forces et faiblesses de ces innovations sociales dans un contexte de tensions.

  • Communication orale
    Les critères d’identification des initiatives de transition socioécologique : des balises pour une typologie d’innovations porteuses de justice sociale et environnementale?
    Geneviève Huot (TIESS), Solen Martin-Déry (TIESS)

    La question de la typologie des innovations sociales a des répercussions sur ce qui est considéré comme réellement innovant ou transformateur. De même, il n’existe pas de définition de la transition (énergétique, sociale, écologique, juste, technocentriste, écocentriste, axée sur la décroissance, etc.) qui fasse consensus ni de vision unique de la transition souhaitable. Le TIESS a lancé en 2021 une cartographie d’initiatives de transition socioécologique (ITSE). Pour bâtir cette cartographie, le TIESS a produit une synthèse de connaissances sur la transition dans laquelle il propose sa propre définition de la transition socioécologique de même que des critères d’identification des ITSE afin de déterminer ce qui pouvait ou non se retrouver dans cette cartographie. Ce travail a permis de se questionner notamment sur la participation de l’économie sociale à la transition.

    Dans ce champ en construction, les visions sont appelées à évoluer et le travail du TIESS a pour objectif de mettre au jeu certaines idées de susciter la discussion. Cette communication vise donc à proposer une définition de la transition socioécologique de même que les critères retenus pour identifier les ITSE, qui font notamment ressortir les liens et enjeux entre économie sociale et transition. Ces critères ne constituent certes pas à eux seuls une typologie des innovations sociales, mais ils proposent des balises qui aident à réfléchir aux éléments porteurs de transition.

  • Communication orale
    Rôle de l'engagement des parties prenantes de la co-création dans les projets environnementaux. Le cas OPERANDUM pour en discuter le potentiel et les criticités
    Teresa Carlone (ALMA MATER STUDIORUM-Università di Bologna)

    Plusieurs sont les organisations internationales qui encouragent les NBS (nature-based solution) comme solution pour la réduction des risques de catastrophe et l'aménagement du territoire liés au changement climatique. Les pratiques d'implication des parties prenantes et de co-création se développent dans le domaine de la recherche, en consolidant les savoirs multidisciplinaires afin de faire face au risque hydrométéorologique et aux impacts du changement climatique sur les communautés. La méthode choisie est l’application du système socio-écologique, capable d'analyser les dynamiques sociales et les relations entre l'environnement et le comportement humain collectif. Depuis 2018, le projet OPERANDUM vise à réduire les risques hydrométéorologiques dans les zones rurales européennes par la co-création, le développement et le test de NBS innovants au sein des OAL (open-air laboratories), rural Living Labs. Cette présentation retrace les étapes des activités de co-création en identifiant les forces et les faiblesses d'un projet hautement technique basé sur une approche collaborative, comme OPERANDUM. On évaluera les défis de l’approche et l’importance du suivi de l’implication des parties prenantes tout au long du projet, afin de garantir une implication effective dans les processus de décision et une inclusion complète des formes non techniques de connaissances dans les expérimentations visant à atténuer les impacts du changement climatique sur les territoires.


Communications orales

Organisations et finance sociale

  • Communication orale
    Renforcement de capacités organisationnelles des coopératives en Afrique : conditions de traduction et d'appropriation des pratiques coopératives
    Yetioman Toure (UQAM - Université du Québec à Montréal)

    Bien que de nombreuses coopératives agricoles africaines soient en interaction constante avec les organisations de développement international (ODI) dans le cadre de projets de renforcement de capacités organisationnelles (RCO), les échecs se répètent. Face à ces constats, cette communication cherche à comprendre comment et dans quelles conditions les pratiques coopératives sont traduites dans les coopératives agricoles africaines ainsi que les conditions d’appropriation durable des pratiques pour l’amélioration continue et donc la viabilité/pérennité de ces organisations.

    L’analyse d’entretiens menés auprès d’acteurs d’une ODI démontre que la traduction des pratiques coopératives est façonnée par les circonstances contextuelles des coopératives agricoles africaines qui nécessitent une flexibilité et une adaptation du RCO aux spécificités de l’environnement organisationnel local. Nous proposons un modèle de conduite au changement des coopératives agricoles africaines à partir d’un RCO dont l’hypothèse de base est que le renforcement de capacités d’une coopérative dans le secteur agricole africain consiste à la transformation d’une centrale d’achat vers une nouvelle forme organisationnelle. Cette transformation implique un processus de traduction de nouvelles pratiques coopératives dont l’appropriation repose sur trois piliers fondamentaux : une stratégie d’action guidée par une approche participative, une adaptation au contexte local et l’engagement des acteurs.

  • Communication orale
    La création d'infrastructures financières digitales en Afrique : pratiques et réseaux autour d'une entreprise philanthropique
    Valérie L'Heureux (Université Concordia), Marie Langevin (UQAM - Université du Québec à Montréal), Sylvain A. Lefèvre (UQAM)

    La numérisation des infrastructures financières constitue une tendance marquante de leur évolution. Cette transformation, souvent dépeinte comme une innovation sociale, est visible en particulier dans le Sud global où s'activent des constellations d'acteurs assemblant technologies et capitaux afin de construire des infrastructures financières aptes à incorporer les activités de l'économie informelle dans ces circuits pour les connecter à l'économie capitaliste financiarisée. La Mastercard Foundation est un cas particulièrement intéressant pour illustrer comment fonctionne ce processus de transformation dans le monde en développement. Celle-ci s'avère capable de créer des changements infrastructurels en Afrique, notamment dans le champ financier, en partie grâce à la numérisation de ses infrastructures financières qui sont constitutives de nouveaux marchés entre autres en agriculture et en éducation. Dans cette communication, nous nous intéressons au rôle de cette mégafondation dans la construction de ces infrastructures en Afrique. L'analyse porte sur le réseau relationnel créé par les dons de la Fondation et ses partenariats depuis sa création et sur l'analyse longitudinale des donations.

  • Communication orale
    L’organisation institutionnelle et fédérative des monnaies locales : les systèmes de compensation des transactions et des dettes intercommunautaires
    Louis-Maxime Joly (UQO - Université du Québec en Outaouais)

    L'objectif de cette contribution est de présenter un projet de thèse visant à repenser les monnaies locales à travers le prisme du fédéralisme monétaire intercommunautaire. Partant d'une critique des monnaies locales, nous cherchons à offrir des pistes de solution pouvant permettre à ces communautés de se développer grâce à l'interconnexion de leurs activités.

    Cette thèse a pour objectif d’approfondir la réflexion institutionnelle quant aux possibilités liées au fédéralisme et à la coopération, afin de dépasser les contraintes auxquelles font face les projets de monnaie locale, en termes de liquidités, d’accès aux ressources, d’intégration du travail et de la production. Ceci vise la mise en place de réseaux offrant les conditions nécessaires à leur développement, grâce à des systèmes de compensation monétaire qui permettraient de régler les comptes entre les communautés, mais surtout de gérer l’endettement mutuel de manière multilatérale avec une responsabilité partagée entre prêteurs et emprunteurs, en continuité avec l’International Clearing Union de Keynes. La visée est une coopération financière marquée par une organisation institutionnelle à même de maintenir les souverainetés locales évitant ainsi les pièges du centralisme.

    En ce sens, la recherche porte sur la question suivante: quels types d’organisations institutionnelles permettraient à des communautés utilisant des monnaies locales de faire des échanges commerciaux et de développer des liens financiers coopératifs?


Panel / Atelier

L’intervention auprès des personnes aînées entre enjeux politiques, territoriaux et de justice sociale

Ce panel a l’objectif de réunir des chercheurs-euses et des intervenants-es qui travaillent sur les questions liées au vieillissement dans une visée d’amélioration des conditions de vie et d’inclusion sociale. Ces enjeux et ces défis concernent, de manière plus spécifique, le revenu des personnes âgées, l’accessibilité et la proximité par rapport aux services, aux équipements et aux infrastructures locales, les soins prodigués aux aînés et la relève (Simard, Alberio et Dumont 2021). En ce qui concerne l’intervention socio territoriale, l’objectif de ce panel est de stimuler les réflexions croisées entre universitaires et partenaires sur la manière de mettre en place des initiatives potentiellement innovantes en tenant compte des différents profils de cette population qui est loin d’être homogène, des différents contextes (urbains, ruraux, régionaux etc.) et des enjeux sociopolitiques (réformes, structuration des services tel que, par exemple, l’aide à domicile, les résidences pour personnes âgées, les CHSLD).


Panel / Atelier

Qualifier, classer et évaluer les innovations sociales : enjeux scientifiques et politiques 

Lors des consultations entourant la Stratégie québécoise de la recherche et de l’innovation, l’innovation sociale (IS) a été reconnue comme l’un des piliers centraux à l’innovation porteuse de richesse pour le Québec. Alors que l’IS se distingue d’innovations technologiques mesurables avec des indicateurs économiques reconnus, le défi de la qualification et de l’évaluation des IS reste crucial pour justifier la pertinence de politiques publiques de financement qui lui est propre. En effet, les visées transformatrices de l’IS et sa contribution à la satisfaction de besoins et d’aspirations non comblés ainsi qu’à une plus grande justice sociale et environnementale se façonnent, se repèrent et s’évaluent à plus long terme à travers plusieurs niveaux systémiques. Dans ce contexte, quels sont les enjeux scientifiques et politiques associés à la qualification, au classement et à l’évaluation des IS ? Comment y répondre et assurer pleinement la reconnaissance de la spécificité des IS dans la création de richesse pour le Québec ?

Panel / Atelier

Que sont devenues les innovations sociales?

Cette table ronde se propose de réfléchir sur la trajectoire des innovations sociales (IS) apparues au Québec dans les années 1970-1990 (parfois même au début des années 2000) et sur leurs formes contemporaines. Comment interpréter cette évolution ? Progressive ou régressive ? Quelles sont les conditions d’émergence de ces IS et quels sont les facteurs associés à cette évolution ? Des chercheurs et des professionnels sont invités à répondre à ces questions en s’appuyant sur leur pratique professionnelle et leurs résultats de recherche. Des IS précises dans divers domaines d’action seront abordées : les expériences de partenariat et de démocratie au travail qui, après quelques années glorieuses, ont fait long feu; les cliniques populaires qui ont pris la forme des CLSC avant d’être concurrencés, voire marginalisés, par les groupes de médecine familiale; les comités de citoyens qui ont passé au travers de plusieurs étapes avant d’être aujourd’hui influencés, voire dominés, par des approches clientélistes. Pour mieux contraster ces trajectoires, les résultats d’une enquête récente réalisée auprès de certaines organisations populaires et communautaires au Québec seront présentés en faisant ressortir leur conception et leur définition de l’IS.


Communications orales

Communautés innovantes et territoires

  • Communication orale
    Une communauté nourricière à Saint-Camille: la co-idéation d’un projet
    Mélanie Doyon (UQAM - Université du Québec à Montréal), Juan-Luis Klein (UQAM)

    L’objectif de cette communication est de présenter une expérience de recherche partenariale qui vise à contribuer à l’idéation et la mise en place d’une communauté nourricière, dans la municipalité de Saint-Camille au Québec. D’abord, les circonstances procédant à l’émergence de ce projet sont rappelées. D’une part, un retour est fait sur les Ateliers des savoirs partagés, un projet ayant pour objectif de provoquer « un processus de réflexion sur l’action, de coapprentissage et de systématisation des expériences » pour améliorer le dynamisme de communautés rurales confrontées à des enjeux de dévitalisation. D’autre part, le contexte du renouvellement des préoccupations pour des denrées produites localement est rappelé. La conjoncture de ces deux éléments s’est avérée nécessaire à la co-construction d’un projet de recherche partenariale entourant l’élaboration d’une planification pour une communauté nourricière à Saint-Camille. Ensuite, les étapes d’idéation de ce projet seront présentées. L’ancrage territorial de la recherche et ses premières contributions pour la mise en place d’une communauté nourricière seront discutés. Sur le plan méthodologique, la co-création du projet menant à l’implantation de cette communauté nourricière s’inscrit dans les prémisses posées par Gibson-Graham et Gibson-Graham et al. sur la recherche performative comme cadre d’interaction entre chercheurs et acteurs dans une perspective de transition sociétale et écologique.

  • Communication orale
    Les enjeux de la transition sociale et écologique d’un quartier ouvrier à Saguenay : le cas de Saint-Jean-Eudes
    Suzanne Tremblay (UQAC - Université du Québec à Chicoutimi)

    Le quartier Saint-Jean-Eudes est l’un des derniers quartiers à vocation ouvrière de Saguenay et il peut être défini comme une quartier-communauté (Miner, 2012) tissé serré qui a vécu des transformations majeures dans les dernières décennies. Cette communication présentera les résultats d’une étude effectuée dans la perspective de la sociologie urbaine et avec une approche monographique (Tremblay, 2021). La recherche a permis d’observer comment les changements sociaux et économiques survenus dans les dernières décennies ont modifié les rapports sociaux dans le quartier et ont transformé les modes de vie des habitants de Saint-Jean-Eudes ainsi que les perceptions de l’environnement industriel du quartier.

    En effet, de nouvelles préoccupations pour la qualité de vie et pour les questions environnementales sont apparues dans le contexte des années 2020. La présence de l’aluminerie de Rio Tinto et d’un site de disposition des résidus de bauxite (SDRB) en agrandissement et à proximité du secteur pose des défis particuliers pour les résidents d’un quartier qui cohabitent avec cet environnement industriel. Les enjeux liés à la transition sociale et écologique dans ce quartier ouvrier apparaissent ainsi omniprésents dans ce territoire urbain.

  • Communication orale
    Le jardinage alimentaire domestique pour la justice alimentaire, environnementale et sociale : reconnaitre une activité domestique nourricière dans les stratégies alimentaires
    Logan Penvern (UQAM - Université du Québec à Montréal)

    Le jardinage alimentaire domestique s’oppose aux activités qui organisent les systèmes alimentaires et au modèle agroindustriel dominant. En ce sens, cette pratique alternative peut être considérée comme une innovation sociale (IS). On la considère alors favorable à la justice alimentaire, environnementale et sociale sous condition d’une contribution significative à l’alimentation des ménages. À partir d’un sondage diffusé en 2019 dans la région de Montréal, on a identifié les principaux déterminants de cette contribution alimentaire. Plus de temps et d'espaces dédiés au jardinage sont gages d’une meilleure contribution alimentaire. L'accès aux ressources, lié au lieu de résidence et aux caractéristiques socioéconomiques des ménages, est donc déterminant et, de fait, exclue une partie des ménages. Ensuite, le jardinage domestique ne résout pas les situations d'insécurité alimentaire vécues par certains-es jardiniers-ères. D'une part, les éléments essentiels à la contribution alimentaire des initiatives sont difficilement accessibles aux ménages les plus vulnérables. D'autre part, les situations d'insécurité alimentaire relèvent d'autres enjeux qui ne peuvent être traités à la seule échelle des ménages. Pour favoriser la justice sociale et environnementale, les IS ne doivent pas se cantonner à une seule échelle. L’intégration des IS aux différentes stratégies politiques, à toutes les échelles, est donc primordiale pour évoluer vers des sociétés plus justes.

  • Communication orale
    Premiers résultats d’une recherche partenariale sur la transition socioécologique dans les démarches de développement des communautés territoriales
    Denis Bourque (UQO - Université du Québec en Outaouais), Lucie Morin (Université de Montréal), André-Anne Parent (Université de Montréal), Sonia Racine (Communagir)

    La recherche partenariale Transition socioécologique et lutte aux changements climatiques dans les démarches de développement territorial (CRSH # 890-2019-0058) veut répondre à une question : Comment les démarches de développement des communautés peuvent-elles être contributives de la transition socioécologique ? Cette transition devra inclure les communautés locales, car elle implique une transformation des modes de vie qui gagne à s’appuyer sur des processus de démocratie locale et de solidarité, tels que ceux mis en œuvre par les démarches de développement territorial. Ces démarches ont une expertise dans l’agir-ensemble intersectoriel principalement en développement social qu’elles pourraient mettre au service des enjeux de transition socioécologique. Le Collectif des partenaires en développement des communautés constate une demande citoyenne croissante sur les enjeux environnementaux autour d’aspirations collectives : circuits courts, transports collectifs ou actifs, lutte aux îlots de chaleur, systèmes alimentaires locaux, conversion d’immeubles, économie circulaire, agriculture urbaine, mobilisation contre l’extraction d’énergie fossile, le déboisement, etc. Est-ce que les démarches de développement territorial évoluent en ce sens ? Quelle place occupe la justice sociale et environnementale dans celles-ci ? Nos travaux de recherche ont débuté en 2021 et la communication fera le point sur les résultats préliminaires obtenus.


Dîner

Dîner


Communications orales

Pluralité des innovations sociales

  • Communication orale
    L’innovation sociale, néolibéralisme et l’État : une réflexion sur les expériences latino-américaines
    Leandro Vergara-Camus (Université de l'Ontario français)

    La rapide consolidation du néolibéralisme en Amérique latine dans les années 1990 a coïncidé avec l’émergence de nombreux mouvements sociaux qui ont développé un répertoire d’initiatives et de pratiques, qu’on appelle aujourd’hui de l’innovation sociale (IS). L’un des concepts qui était mobilisé pour les mouvements à l’époque pour nommer ses pratiques était le concept d’autonomie. Les revendications et la pratique d’autonomie contenaient des éléments des deux types d’IS mentionnées dans l’appel à communications. Les revendications faisaient écho également à des exigences de reconnaissance identitaire, de distribution des richesses, ainsi que de réinvention de la démocratie. Ces revendications et pratiques visaient à faire face aux effets du néolibéralisme et à interpeler l’État, qui a déployé dans les années subséquentes une panoplie de politiques qui ont tenté de les faire s’aligner avec la restructuration de l’État. Nous proposons de jeter un regard critique sur l’évolution de deux types de mouvements qui ont brandi le drapeau de l’autonomie : les mouvements paysans et les mouvements pour l’autonomie autochtone. Nous proposerons une analyse à partir d’un croissement de l’économie politique critique, de l’opéraisme italien, de la pensée de Cornelius Castoriadis et de l’idée de multiculturalisme néolibéral proposé par Millamán et Hale. La communication vise à identifier ce que ces expériences peuvent apporter à notre réflexion sur l’innovation sociale aujourd’hui.

  • Communication orale
    Nouvelles tendances en innovation sociale : le rôle des entreprises sociales à travers une analyse comparée entre Lima (Pérou) et Montréal (Canada)
    Mylène Pinard-L'abbée (École des Sciences de la Gestion (ESG) - UQAM), Claudia Santillana Butron (Llio Living lab), Sonia Tello Rozas (UQAM - Université du Québec à Montréal)

    Le contexte actuel caractérisé par divers risques a fait émerger des alternatives d'innovation sociale. Les organisations de l'économie sociale et solidaire (ESS) ont produit des expériences intéressantes à ce sujet. Caractérisées par favoriser le travail sur le capital, celles-ci sont reconnues dans certains contextes par un cadre spécifique et ont des caractéristiques bien définies. Parallèlement, il existe des entreprises sociales (ES) qui, tout en poursuivant des objectifs sociaux et environnementaux, ne présentent pas toujours les mêmes caractéristiques que l’ESS. Nous présentons dans cette communication les premiers résultats d'une étude exploratoire comparant le contexte et les caractéristiques des ES à Lima (Pérou) et à Montréal (Canada). Notre travail, basé sur des données secondaires, nous permet de: 1) situer les ES sur le continuum des organisations avec une mission sociale; 2) fournir des pistes sur la dynamique des ES dans un contexte où l'économie sociale est fortement institutionnalisée et soutenue par l'État (Montréal) et dans un autre (Lima) où l’écosystème de l’innovation sociale commence à être influencé de manière importante par les ES. Les résultats nous permettent de réfléchir aux rôles de l’ESS et des ES, à l'influence de différents écosystèmes d'innovation sociale. Enfin, ce travail mène à questionner plus largement la nature des contributions affichées par ces entreprises en rapport avec les enjeux de justices sociale, environnementale, épistémique.

  • Communication orale
    Le covoiturage coopératif : à la croisée de l’innovation sociale, économique et technologique ?
    Amélie Artis (Sciences Po Grenoble)

    Face aux enjeux climatiques et à la pression du coût de l’énergie, plusieurs alternatives se développent comme solution de mobilité au croisement entre l’innovation sociale et l’innovation technologique. Leurs points communs sont : i) de remettre en question le modèle économique de la propriété d’une voiture individuelle comme solution de mobilité et ii) de développer une proposition de valeur qui s’appuie sur des interfaces numériques de mise en relation et de gestion.

    L’objet de cette communication est de présenter une étude de cas sur une coopérative d’intérêt collectif pionnière dans le champ du covoiturage en France. Cette coopérative se positionne comme une « licoorne », groupement de coopératives en France qui vise à démontrer un autre modèle d’entreprise. Nous étudions le modèle de transformation sociale de cette coopérative, dans sa dimension politique comme économique. La communication sera organisée de la façon suivante : une première partie revient sur les enjeux de la mobilité permettant de comprendre l’émergence d’innovations sociales et de proposer une typologie de celles-ci. La seconde partie présente le cas étudié et la méthodologie. La troisième partie développe l’analyse du cas. Cette partie permet de mettre en évidence les caractéristiques de l’innovation sociale et discute de l’apport du modèle coopératif dans la soutenabilité de cette innovation.

  • Communication orale
    Est-il possible de transformer la société sans « perdre son âme » ?
    Guglielmo Fernandez Garcia (Université Rennes 2), Ali Romdhani (UQAM - Université du Québec à Montréal)

    On observe en France un fort engouement pour les épiceries participatives et coopératives. Ces projets proposent aux consommateurs de se réapproprier la distribution alimentaire par l’autogestion, tout en offrant des produits de qualité à juste prix. Les projets se diffusent rapidement en portant les promesses d’une consommation responsable et d’un changement social. Toutefois, peu d’études proposent de mettre en lumière les apports et les limites de ces initiatives au regard de la transition écologique. À travers l’analyse d’un cas, Breizhicoop à Rennes, nous chercherons à savoir si cette initiative de transition peut transformer la grande distribution alimentaire sans abandonner sa raison d’être qui marque sa différence. Nous proposons d’y répondre en analysant le rôle du récit dans la constitution, la viabilisation et la diffusion de l’expérimentation de transition écologique.

    Cette analyse se lie aux enjeux du colloque en proposant une typologie des « initiatives de transitions », entre innovations sociales (IS) et expérimentations sociales (ES), et entre changement radical et incrémental. En effet, distinguer les IS des ES implique de séparer les initiatives se centrant sur des besoins sociaux insatisfaits de celles centrées sur l’applicabilité d’hypothèses de changement social. La typologie que nous proposons ne les oppose pas pour autant, dans la mesure où une initiative peut à la fois répondre à des besoins insatisfaits en testant de nouveaux moyens.


Communications orales

Recherche, innovation et transformation sociale

  • Communication orale
    Méthodologies autres : des pistes pour une méthodologie décoloniale
    Teresa Harari (FGV EAESP), Marlei Pozzebon (HEC Montréal)

    L’émergence des théories postcoloniales – et en particulier le courant décolonial – a contribué à soulever le voile sur les relations de pouvoir qui soutiennent la science moderne, une architecture qui se prétend neutre et universelle (Mignolo, 2008). Un nombre croissant de chercheurs universitaires s’inscrivent dans des concepts décoloniaux, cherchant à rompre avec la soi-disant colonialité de la connaissance (Santos, 2009). Cependant, la recherche qui se propose d’être décoloniale doit penser non seulement aux cadres théoriques, mais aussi aux méthodes avec lesquelles elle entend travailler. Il s’agit de penser à une méthodologie autre, c’est-à-dire une façon de faire de la science construite à partir de récits de populations historiquement réduites au silence par la colonialité (Ortiz-Ocañ et al., 2018). Notre analyse montre que, bien qu’il ne soit pas encore facile de comprendre comment rompre méthodologiquement avec la matrice moderne/coloniale, il est possible d’identifier certains éléments, tels que l’attitude critique et réflexive dans un lieu d’énonciation, l’engagement politique, le dialogue et l’interculturalité, l’expression de l’affectivité et l'« écrit-vivance ». Nous concluons que la préoccupation réside moins dans ce que sont les instruments de recherche que dans la façon dont ils sont utilisés, cherchant à présenter les chemins de la connaissance en marge qui remettent en question l’hégémonie des méthodologies eurocentriques et leurs linéarités.

  • Communication orale
    La recherche et développement sociale ou comment produire des innovations sociales transformatrices ?
    Jade Omer (France (université de Poitiers))

    Face aux problématiques sociétales actuelles (inégalités, fractures territoriales, réchauffement climatique, etc.), décuplées et rendues plus visibles en période de crise, de nouvelles réponses doivent être trouvées: des innovations à la hauteur de ces défis doivent être développées. La complexité et la transversalité de ces défis impliquent de penser des innovations combinées (politiques, organisationnelles, technologiques, etc.) nécessairement portées par des acteurs hétérogènes dans des échelles d’actions territoriales et nationales pour la résolution d’enjeux sociétaux. C’est ce que nous appréhendons comme de l’innovation sociale de rupture (ISR) (Douchet, 2019).

    Permettre la production et l’accélération des innovations sociales à caractère transformatif (ISR) devient alors un enjeu majeur, auquel nous nous attacherons en nous interrogeant sur la construction d’une démarche de Recherche et Développement (R&D) sociale. La R&D sociale est une approche encore mouvante et non stabilisée bien que des marques d’intérêts émergent (Bourgeois et al., 2022).

    Cette communication étayera le concept de R&D sociale, ses contours et sa définition. Les résultats présentés lors de la communication s’appuieront sur des cas concrets, recouvrant différentes thématiques (insertion professionnelle, économie circulaire, jeunesse, etc.), et impliquant des acteurs divers. La présentation d’une grille permettant de caractériser le degré de R&D sociale présent dans un projet d’ISR sera partagée.

  • Communication orale
    La recherche et développement sociale : utopie, pharmakon ou Cheval de Troie ?
    Maxime Goulet-Langlois (Université McGill)

    Depuis 2015, un nombre croissant de praticiens-es et de bailleurs de fonds canadiens adaptent les principes de Recherche et Développement (R&D) aux réalités des organismes à vocation sociale (OVS) afin d’accroître la capacité transsectorielle à générer des innovations sociales. Cette démarche a permis à la R&D sociale de gagner en popularité auprès d’une grande diversité d’organisations qui cherchent à structurer et légitimer leurs activités d’expérimentation. Quoi que ses premières conceptualisations remontent aux années 1960, la R&D sociale en est encore à un stade émergent, « pluriel et polysémique », où elle désigne à la fois un champ de pratiques hétérogènes, un processus méthodologique, ainsi qu’une littérature grise visant à influencer les politiques publiques en matière de systèmes d’innovation.

    Cette communication expose les résultats d’une recherche pancanadienne exploratoire utilisant des méthodes mixtes. Une typologie comportant quatre types de R&D sociale est détaillée afin de répondre aux questions suivantes : comment la R&D sociale est-elle conceptualisée ? À quels besoins répond-elle ? Quelles sont ses limites et incohérences dans une perspective de justice et de transformation sociale ?

    Notre analyse combinée de la littérature et des données empiriques pose des repères permettant d’évaluer et de comparer la pertinence de la R&D sociale comme stratégie visant à pallier certaines lacunes perçues dans les processus d’innovations sociales.

  • Communication orale
    Une organisation au service de la jeunesse et des territoires confrontée au défi de la justice sociale en environnement hostile
    Johnny Boghossian (Université Laval), Luc Bres (Université Laval), Catherine Glee (Université Jean Moulin Lyon 3), Stéphane Pisani (Université Laval)

    Nous présentons une association (Maisons Familiales Rurales - MFR) réalisant, depuis sa création, un travail émancipatoire réel auprès de jeunes qui subissent des formes d’aliénation au sens d’Alvesson et Willmott (1992) car vivant en zones rurales isolées et souvent de milieux socioculturels défavorisés. Cependant, la récente libéralisation du marché de la formation en France (loi du 5 septembre 2018 pour la liberté de choisir son avenir professionnel) l’amène à s’engager dans une démarche de labellisation Responsabilité Sociétale des Organisations (RSO) qui bouleverse son modèle originel. Nous analysons cette association comme une organisation hybride (Bres et alii, 2018) et nous mobilisons l’approche de la justice sociale selon Nancy Fraser pour montrer le phénomène émancipatoire à l’œuvre au sein des MFR et comment cette émancipation concerne non seulement les jeunes, mais aussi leurs familles et l’ensemble des parties prenantes du territoire où se localise chaque MFR. Nous rendons compte, en nous appuyant sur une étude empirique approfondie, des difficultés mais aussi des capacités de transformation de cette organisation pour poursuivre son projet, grâce à des formes d’innovations sociales présentes dans son mode de management et de gouvernance.


Communications orales

L’innovation sociale et le modèle québécois : continuité ou rupture?

Cette communication se fera sous la forme d’un entretien entre Marie J. Bouchard et Benoît Lévesque. Nous proposons deux séries de commentaires qui prennent en considération le repositionnement du CRISES amorcé avec le renouvellement de la subvention comme regroupement stratégique. Une première partie de l’intervention portera sur les phases antérieures des travaux du CRISES (avec le biais de recherches de B. Lévesque) et ce qu’ils révèlent pour répondre aux défis de la période qui s’amorce avec les années 2000 (Rétrospective). La seconde partie portera sur les défis que représente le repositionnement du CRISES en termes de diagnostic cadré par la transition sociale et écologique (Prospective). La nouvelle conjoncture se présente comme une crise sans précédent du modèle de développement, posant des défis plus lourds à relever que ceux des générations précédentes, menant à la nécessaire refondation et revalidation conceptuelle et méthodologique de la transformation (nouvelle conception de l’économie, du social et de l’environnement ; nouveaux acteurs, nouveaux terrains) et de sa matérialisation dans les innovations sociales.

Présidence : Martine D'amours

Communications orales

Mot de clôture