431 - Préserver l’intégrité psychologique et physique des athlètes en contexte sportif : unir les forces du milieu et de la recherche

La santé mentale est primordiale dans tous les domaines de performance incluant le sport. Cette présentation a pour but de présenter les faits saillants de la recherche sur la santé mentale des sportifs et de démontrer comment le Canada se démarque sur la scène internationale en ce qui concerne l’élaboration de plans stratégiques, de ressources et de soins spécialisés pour préserver la santé mentale des athlètes, des entraîneurs et du personnel de soutien.

De nombreuses interventions psychologiques peuvent contribuer à la santé mentale des sportifs en prévenant les dysfonctionnements et les troubles psychologiques. Tant la réduction des facteurs de risque que le développement des facteurs de protection généraux ou spécifiques à la pratique sportive contribuent à une bonne santé psychologique, au bien-être et à l’excellence sportive. C’est donc avec cette prémisse que l’Institut national du sport du Québec a mis sur pieds en 2020 une équipe collaborative multidisciplinaire et spécialisée ayant pour mission de développer et de veiller à la mise en œuvre de mesures proactives de sensibilisation à la santé psychologique, de prévention et d’accompagnement favorables à la santé et au mieux-être de tous les athlètes, entraîneurs et partenaires de l’Institut. Cette conférence relatera les différentes actions mises en place au cours des deux dernières années marquées par la pandémie de Covid-19, les opportunités et les défis rencontrés, de même que les recommandations et pistes pour le futur.

Cohæsia est une nouvelle approche visant à outiller les entraîneur.e.s à agir positivement sur leur dynamique de groupe afin de favoriser la mise en place, l’amélioration et le maintien d’un climat sportif sain et sécuritaire exempt de violence. Basée sur le programme 5RSport (Fransen & al., 2020) et sur la nouvelle psychologie du sport, laquelle s’appuie sur la théorie de l’identité sociale (Haslam, Fransen & Boen, 2020), Cohæsia valorise le déploiement de stratégies visant l’identité d’une équipe, la fixation d’objectifs d’équipe ainsi que le leadership, dans le but de favoriser la sécurité psychologique des athlètes. L’intention derrière cette approche est de favoriser autant la performance (travail d’équipe, résilience d’équipe et satisfaction) que le bien-être des athlètes (santé physique et psychologique et prévention des burnouts (Fransen, McEwan & Sarkar, 2020)). Travailler conjointement sur les notions de performances et de bien-être s’avère un levier déterminant dans la mobilisation des entraîneurs.es. Cohæsia est actuellement déployé auprès de certains partenaires dont l’Institut National du Sport du Québec (INS). Un des résultats préliminaires de l’implantation de cette approche est le désir de transposer la mise en application de ces outils à tous les autres intervenant.e.s œuvrant dans le milieu sportif dans une approche globale et positive.

Le sport est un outil de développement positif pour la santé physique et mentale. Or, le contexte sportif peut représenter un milieu violent. Des chercheur.e.s recommandent  d’adopter  une approche intégrée incluant tous les acteur.ices du domaine du sport pour mettre en place des stratégies efficaces pour combattre la violence en contexte sportif. Le projet Vision réunit les différents groupes d’acteur.rice.s du sport afin de co-construire une vision commune d’un milieu sportif qui respecte la sécurité et l’intégrité des personnes impliquées au Québec. La présentation éclair portera sur la méthode de l’étude exploratoire. L’approche participative promeut la collaboration entre la communauté et les chercheur.es selon les principes de co-construction, de bénéfices mutuels et d’engagement à long terme. Les ateliers sont réalisés avec cinq groupes de dix participant.e.s (athlètes, entraineur.e.s, parents, officiel.le.s et gestionnaires). Chaque atelier dure trois heures et a lieu sur Zoom. L’atelier vise à émerger les éléments importants de la vision, d’un point de vue individuel, puis en petit groupe et finalement en plénière. L’objectif est de lister cinq à huit éléments à intégrer à une vision. Une comparaison des similitudes et différences entre les cinq groupes permet d’obtenir une vision qui représente les propos des participant.e.s. Ces résultats seront utilisés dans une phase subséquente pour identifier des actions à implanter pour progresser vers la vision commune.

Le Comité international olympique (2020) a mené une enquête sur la santé mentale des athlètes qui révèle que 32% des 4 000 athlètes et des membres de leur entourage identifient la santé mentale comme le plus gros défi actuel. Même si ces problématiques sont présentes depuis longtemps chez cette population, les reports d’entraînements et de compétitions causés par la pandémie COVID-19 ont accentué ces effets. La nécessité de préserver le bien-être des athlètes devient alors un enjeu important tant pendant la carrière sportive que durant la transition qui suit la retraite du monde de la compétition (Reardon, Hainline, Aaron et al., 2019). Pour répondre aux besoins des athlètes, l’intervention psychosociale par la nature et l’aventure peut offrir des solutions prometteuses. Elle s’inscrit dans le courant de l’apprentissage expérientiel où les changements se font par le biais d’expériences de nature et d’aventure (Priest et Gass, 2017). Il s’agit d’une vision globale d’intervention qui consiste, par un travail de réflexion et de mise en sens, à transformer un vécu en apprentissages significatifs et remobilisables dans d’autres contextes. Elle vise consciemment le développement des personnes en portant une attention tant au corps qu’à l’esprit et aux émotions qui les lient, levier essentiel dans le processus de changement. Cette communication permettra de souligner les potentialités qu’offre cette approche, et ce en lien avec l’enjeu de la santé mentale chez les athlètes.

Il a été suggéré que les stratégies employées comme mode opératoire (MO) par les entraîneurs peuvent avoir un impact direct sur la sévérité des abus sexuels et les conséquences vécues par les athlètes (Vertommen et al., 2017). Cependant, aucune étude n'a encore étudié de manière approfondie le MO des entraîneurs. Objectifs : Le but de cette étude est de mieux comprendre les MO des entraîneurs auteurs d’AS. Les deux objectifs de cette étude sont : 1) décrire les stratégies du MO utilisées par les entraîneurs pour perpétrer des AS ; 2) décrire comment le sexe de la victime, son niveau sportif et le contexte historique peuvent influencer les stratégies utilisées. Méthode : Cent-vingt cas d'entraîneurs canadiens ayant perpétré des AS ont été identifiés. À partir de documents juridiques et médiatiques, les données ont été codées à l'aide d'une grille de codification basée sur des études antérieures (Kaufman, 2004; Brackenridge, 2001). Des analyses descriptives et corrélationnelles ont ensuite été menées pour identifier les stratégies du MO utilisées par les entraîneurs pour perpétrer des AS. Résultats : La plupart des entraîneurs ont gagné la confiance de l'athlète en passant beaucoup de temps avec lui à l’extérieur du contexte sportif. La majorité des entraîneurs ont graduellement passé de touchers non sexuels à des touchers de nature sexuelle afin d'obtenir la coopération de l'athlète dans l'abus. Conclusion : Des mesures préventives seront proposées.

Le désir d'atteindre des performances élevées peut amener certains entraîneurs à utiliser des comportements contrôlants. Cependant, ceux-ci peuvent avoir des effets négatifs, dont sur le bien-être des athlètes (Bartholomew et al., 2009). La théorie de l'autodétermination (TAD) suggère qu'une alternative positive est de soutenir l'autonomie des athlètes (c.-à-d., être empathique, informationnel et soutenir la participation active), offrir une structure (c.-à-d., instaurer des règles claires et prévisibles) et être impliqué (c.-à-d., montrer de l’intérêt et de la disponibilité; Mageau & Vallerand, 2003). Basé sur la TAD, le programme reROOT (Gadoury et al., 2019) fut récemment créé afin d’enseigner aux entraîneurs 40 habiletés leur permettant d’offrir ces ingrédients essentiels au développement des athlètes. Cette étude qualitative documente l'appréciation et l’efficacité perçue du programme reROOT. Au total, 32 entraîneurs de niveau universitaire (alloués aléatoirement) ont participé au programme. Parmi ceux-ci, 14 ont participé à des groupes de discussion deux semaines après la fin du programme. Le verbatim des entraîneurs suggère qu’ils ont utilisé, ou voulu utiliser, près de la moitié des habiletés du programme. Ils ont aussi décrit des impacts positifs sur eux-mêmes, leurs athlètes et leurs relations. Enfin, tous les participants ont indiqué recommander le programme à d’autres entraîneurs. Cela suggère que le programme reROOT s’avère utile dans la formation d’entraîneurs.

Diverses manifestations de violence, dont la violence sexuelle (VS) (Bjørnseth et Szabo, 2018), peuvent être présentes en milieu sportif. Pour améliorer la prévention de la VS envers les athlètes mineur·es dans le sport organisé, des études doivent être conduites auprès des personnes responsables d’implanter les mesures préventives dans les fédérations sportives (Harris et Terry, 2019). Des études témoignent du manque de connaissances des gestionnaires de fédérations sportives sur la VS et ces conséquences (Hedge, 2015) et leur manque d’habiletés et de leadership pour prévenir cette problématique (Parent et Demers, 2011). Cette recension étayera les connaissances, les compétences et les attitudes que les gestionnaires des fédérations sportives québécoises doivent acquérir au sujet de la prévention de la VS, et des facteurs liés aux contextes sportif et québécois pouvant influencer l’implantation de ces mesures. Thèmes d’intérêts: Cette recension vise à connaître l’état de la prévention de la VS dans le sport organisé et les bonnes pratiques à instaurer et à identifier les connaissances et compétences des gestionnaires vis-à-vis la problématique. Cette recension est préliminaire à une analyse des besoins de formation des gestionnaires, pour développer une formation leur étant adressée. Pertinences scientifique et pratique : Établir les connaissances empiriques de la prévention de la VS dans le sport organisé. Mieux comprendre les compétences des gestionnaires dans ce dossier.

Soumis à une pression importante au quotidien, les étudiants-athlètes doivent mettre les efforts et le temps nécessaire pour exceller. Ils doivent faire preuve d’une grande capacité d’attention et de gestion des stimuli internes et externes pouvant influencer directement leurs performances et leur bien-être. Dans le cadre de cette communication seront présentés le cadre théorique, la méthodologie et les résultats d’un projet de maîtrise portant sur un programme de yoga et de pleine conscience ciblant les variables de l’épuisement sportif chez six étudiants-athlètes. Pour évaluer les effets du programme, les participants ont complété le REST-Q Sport et le IUI avant et après le programme, des journaux de bord de façon hebdomadaire en plus de participer à une entrevue semi-dirigée une fois le programme complété. Tous ont verbalisé ressentir une diminution de leur stress et la plupart mentionnent observer une augmentation de leur bien-être physique. La majorité dit réinvestir des moyens dans leur quotidien suite au programme. Les résultats obtenus dans le cadre de cette recherche démontrent la pertinence de s’attarder à l’intégration de ces outils auprès des étudiants-athlètes tant comme chercheur afin d’approfondir les connaissances sur le sujet, que comme intervenant afin d’accompagner les athlètes vers un meilleur équilibre global.

Dans le cadre des projets innovants mis en place par Sport’Aide, le volet Inclusion des diversités sexuelles et pluralités des genres (DSPG) verra le jour en mai 2022. Afin de répondre à une demande venant du terrain, Sport’Aide a mis sur pied une variété d’outils et d’interventions pour les intervenant×e×s sportifs afin de spécifiquement favoriser l’inclusion des personnes issues de la DSPG. Les jeunes trans sont particulièrement à risque de vivre des formes de violence variées, telles que l’exclusion, le harcèlement verbal et les agressions verbales ainsi que le harcèlement et les agressions physiques (Chamberland, Duchesne & Baril, 2010). De plus, le contexte sportif semble particulièrement réfractaire à la présence et à l’inclusion de personnes trans, pouvant limiter leur accès à certaines compétitions et allant jusqu’à parfois interdire leur participation. Il semblait donc essentiel de la part de Sport’Aide de mettre en place des outils spécifiques pour permettre aux intervenant×e×s de naviguer plus aisément dans cette nouvelle réalité. Que ce soit dans le développement de connaissances et d’aptitudes pour faciliter l’inclusion des athlètes trans que dans la mise en pratique d’activités dans leurs milieux, les outils présentés par Sport’Aide s’inspirent des principes d’inclusion présentés par le Comité international olympique (CIO) ainsi que le Centre canadien pour l’éthique en sport (CCES) et sont élaborés en collaboration avec ViaSport et Égale Action.

En prévision des Jeux Olympiques de Rio 2016, le Comité Olympique Canadien a organisé un événement avec des acteurs de la scène sportive: athlètes, entraineurs, leaders d’équipe, attachés médias, gestionnaires de services aux équipes, gestionnaires haute performance, consultants en préparation mentale et équipe médicale. En séparant les groupes par rôles, chacun devait nommer les éléments nécessaires afin d’être à leur meilleur lors d’événements sportifs, comme les Jeux Olympiques. Précisément, il leur a été demandé ce dont ils avaient besoin des autres, afin d'avoir l’étendue des éléments essentiels à leur performance optimale. Par exemple, les athlètes devaient nommer ce dont ils avaient besoin de la part des différents acteurs. Ceci a permis de couvrir toutes les intersections possibles, entre tous les groupes, en vue d’avoir un modus operandi connu et commun pour être à son plein potentiel. L’analyse qualitative des réponses a permis d’ordonnancer les éléments les plus porteurs et souvent cités, afin d’en avoir une compréhension exhaustive. Le produit que nous présenterons est une matrice qui démontre chaque intersection et donne la marche à suivre pour que chaque groupe puisse opérer à son plein potentiel lors d’événements d’envergure et des entrainements. Nous estimons que ces résultats peuvent bénéficier aux athlètes, équipes et organisations sportives de différents niveaux. Le thème d’intérêt visé est la collaboration entre les milieux de la recherche et du sport.

À trois reprises, un questionnaire en ligne a été administré aux étudiants-athlètes universitaires québécois pendant la pandémie (hiver 2020, printemps et hiver 2021). Cette recherche a permis de dresser un portrait de leur santé mentale alors que leur pratique sportive était affectée par les mesures sanitaires. Dès l’hiver 2020, des prévalences importantes de symptômes anxieux (24,9%), dépressifs (37,9%), de troubles des conduites alimentaires (8,6%) et de stress perçu modéré à élevé (74,0%) ont été soulevées. Informé de ces résultats préoccupants, le Centre sportif de l’Université de Sherbrooke, en collaboration avec le Centre RBC d’expertise universitaire en santé mentale et l’équipe de chercheurs, s’est mobilisé pour élaborer un plan d’action pour favoriser la santé psychologique des étudiants-athlètes de leur université. La 1^re auteure joue un rôle de leadership important dans cette réflexion multidisciplinaire et dans l’implantation de ce plan. Appuyées par les résultats de recherche, plusieurs initiatives sont élaborées actuellement, dont un réseau de pairs aidants et des ateliers offerts aux étudiants-athlètes universitaires. Leur efficacité sera ensuite évaluée. Dans cette présentation, les prévalences de symptômes, ainsi que les initiatives de soutien à la santé mentale des étudiants-athlètes seront présentées. Tant pour aider à cibler les besoins que pour évaluer l’efficacité des mesures de soutien, la recherche est essentielle pour informer les pratiques!

Le rétablissement est un processus complexe et exigeant. Pour les athlètes blessés, la passion pour leur sport motive leur engagement dans ce processus. Selon le modèle dualiste de la passion, la passion harmonieuse (PH), inversement à la passion obsessive (PO), favorise l’adaptation, le bien-être ainsi que la santé physique et mentale. Par contre, à ce jour, aucune étude ne s’est intéressée au rôle de la passion dans le rétablissement des athlètes blessés. Le but de la présente étude était d’étudier dans quelle mesure la passion envers un sport spécifique peut prédire la qualité du processus de rétablissement et, en retour, l’effet de ce dernier sur l’issue de la réhabilitation. Des athlètes (N=347) ayant subi une blessure dans les cinq dernières années ont rempli un questionnaire concernant la passion pour leur sport, les composantes sociales, comportementales, affectives et cognitives du processus de rétablissement, ainsi que les composantes de réussite de celui-ci. Les hypothèses postulaient que la PH, contrairement à la PO, prédirait un processus de réhabilitation adaptatif (soutien social, adhérence aux traitements, émotions plus positives, et moins de catastrophisation). En retour, le processus de réhabilitation adaptatif mènerait à un résultat final de rétablissement plus positif (perception de succès de la guérison, confiance lors du retour au sport et bien-être). Les résultats d'une analyse par équations structurelles ont soutenu le modèle proposé.

Bien qu'un nombre important de jeunes, tant à l’intérieur qu’à l’extérieur du contexte sportif, aient été victimes d’abus sexuel à l’enfance (ASE), les études suggèrent que beaucoup d’entre eux ne dénoncent pas leur expérience pendant l'enfance. Les retards ou l'absence de dénonciations sont alarmants puisque des études ont montré qu’il s’agit généralement du point de départ du processus de guérison. Par ailleurs, les connaissances actuelles sur le processus de guérison des ASE vécus en sport sont limitées. L'objectif de l'étude est donc de présenter une étude de cas unique d’ASE dans le sport afin de mieux comprendre l'expérience globale au fil du temps du point de vue de l'athlète. Une analyse thématique inductive a révélé trois thèmes principaux dans le récit de la survivante : (a) le processus de compréhension, (b) le processus de dénonciation et (c) le processus de guérison. La non-linéarité et l'aspect dynamique des parcours de la survivante observés sont cohérents avec les parcours d'autres victimes d’ASE. Cela suggère que les modèles théoriques d’ASE dans la population générale pourraient être appliqués aux ASE dans le sport. Les implications pratiques comprennent un besoin d'éducation pour les membres de la communauté sportives (p. ex., athlètes, entraîneurs et parents) et de limites plus claires dans la relation entraîneur-athlète. Les acteurs du milieu sportif doivent également être mieux équipés pour reconnaître les signes d’ASE dans le sport.

Les étudiants-athlètes universitaires (É-AU) sont à risque d’avoir des troubles de santé mentale, considérant qu'ils font face à des stresseurs tels que la pression des performances sportives et académiques, les horaires chargés et les conflits avec l’équipe (Bissett, 2020 ; Gross, 2016). La Covid-19 a provoqué une exacerbation des symptômes psychologiques. Cependant, des recherches démontrent que la flexibilité psychologique (FP) pourrait protéger contre l’impact du stress sur le bien-être et la santé mentale (Gloster, 2017) et des impacts liés à la pandémie (Kroska, 2020). Cette étude vise à évaluer le lien entre la FP et les symptômes anxieux et dépressifs durant la 2^e (A-2020) et la 3^e (H-2021) vague de confinement au Québec auprès d’ÉA-U. Au total, 163 ÉA-U provenant de 12 universités québécoises ont répondu aux questionnaires en ligne à deux reprises. Parmi eux, 26,9% souffraient d’anxiété modérée à sévère (GAD-7) et 33,8% souffraient de dépression modérée à sévère (PHQ-9) pendant la 2^e vague. Lors de la 3^e vague, les prévalences se sont vu respectivement diminuer de façon modérée et forte pour les symptômes anxieux (17,91%) et dépressifs (27,94%). La FP prédisait négativement la présence de symptômes anxieux (p ≤ ,001) et dépressifs (p ≤ ,02) de façon transversale aux deux temps de mesure. Ces résultats mettent en lumière les difficultés vécues par les ÉA-U et permettent de croire que la FP pourrait être une habileté à développer afin de les protéger de ces symptômes.

Cette étude vise à documenter les conséquences de l’arrêt des sports étudiants durant la saison 2020-2021 dû à la pandémie. En effet, des liens positifs ont été observés entre la participation sportive et la santé mentale (e.g. Brière et al., 2018), le développement de l’estime de soi (e.g. Coatsworth & Conroy, 2006) et le développement de compétences de vie (e.g. Kendellen & Camiré, 2019). Elle constitue également une importante source de motivation (e.g. Vallerand, 2007). L’échantillon est composé de 822 participants (488 garçons et 366 filles, M = 14,73 ans, ET = 1,21) inscrits dans des concentrations sportives de niveau secondaire. 59 % ont déclaré une perte de motivation durant la pandémie et 51,70 % ont trouvé difficile de ne pas pouvoir pratiquer leur sport. L'entraînement à domicile (45,86%) et le maintien de contacts avec leurs coéquipiers (45,30) ont été utilisés comme stratégies principales pour pallier l’arrêt. Globalement, les participants ont jugé satisfaisantes leurs stratégies (Likert 1 à 7, M = 4,63, ET = 1,625). 39,42 % ont l’impression que leur rendement scolaire a été négativement affecté. Finalement, les résultats quant à la détresse (Kessler; M = 4,63, ET = 1,625) et l’anxiété (GAD 7; M=1,8332, ET = 0,72189) sont modérés. Ainsi, la santé psychologique des participants a été affectée. Les stratégies utilisées semblent soutenir l’importance du sport et de ses bénéfices dans leur santé mentale.

Cette étude s’intéresse aux relations entre la santé psychologique des étudiants de concentrations sportives pendant la COVID-19 et la passion sportive (P) (Vallerand et al., 2003). Des liens positifs ont notamment été constatés entre la passion harmonieuse (PH) et les émotions positives (Mageau & Vallerand, 2007). La passion obsessive (PO) a notamment été associée à une plus grande anxiété (Vallerand & Verner-Filion, 2020). Il est donc possible que l’arrêt des sports-études ait eu des conséquences différentes selon le type de passion. L’échantillon est composé de 822 participants (488 garçons et 366 filles, M = 14,73 ans, ET = 1,21). Il comporte 131 NP et 605 P: 552 PH, 32 PO, et 21 P dont les 2 types de P sont équivalents (2P). Des différences significatives ont été observées entre la passion et l’anxiété (GAD-7), F(3,732)= 7,017 p<0,001: Tukey entre les PH (M=1.78) et les NP (M=2,06) (p<0,001), ainsi qu’entre le sentiment de détresse (Kessler) et la passion, F(3, 734)=8,592, p<0,001: Tukey entre les PH (M=2,11) et les NP (M=2,43) (p<0,001) et entre les PH et les 2P (M=2,63) (p=0,014). De façon cohérente avec la littérature (Vallerand & Verner-Filion, 2020), avoir une PH est associée à un moins grand impact négatif sur la santé mentale que ne pas en avoir.  Cela a un impact sur le type de passion que nous voulons développer chez les jeunes sportifs.

Il est étonnant que l’approche psychodynamique n’ait été que peu utilisée dans la recherche sur la personnalité des athlètes car elle exerce une grande influence dans la pratique clinique (Weinberg & Gould, 2007). C’est dans ce contexte que cette étude s’intéresse aux liens entre l’organisation de personnalité (OP) (Kernberg & Caligor, 2005) d’athlètes universitaires et leur relation avec leur sport. 41 participants ont été évalués selon le Personality Organization Diagnostic Form (Diguer et al., 2001) en plus de répondre à une entrevue explorant leur relation avec le sport. Des analyses statistiques (χ²; Dancey & Reidy, 2016) ont été réalisées sur les 23 catégories de l’analyse qualitative interprétative (Braun & Clark, 2006) en fonction de l’OP. 6 catégories distinguent les athlètes d’organisation névrotique (OPN) de l’organisation limite (OPL):  3 (développement personnel; esprit d’équipe; optimisation des performances) sont significativement associés aux participants d’OPN, les 3 autres (gestion des affects de la vie courante; impuissance; plaisir relié à l’expression de l’agressivité) sont significativement associés aux participants d’OPL. Ainsi, (1) plusieurs athlètes universitaires présentent des OP différentes, ce qui supporte la pertinence de la perspective psychodynamique dans le sport, et (2) leur relation avec le sport varie selon leur OP. Cela met en évidence l’importance pour les entraîneurs de moduler leurs interventions en fonction de leurs athlètes.

Chaque entraîneur de haut niveau développe sa propre façon d’entraîner des athlètes. La Théorie de l’autodétermination suggère que les meilleurs entraîneurs soutiennent l’autonomie de leurs athlètes, instaurent une structure claire et prévisible et s’impliquent auprès d’eux de façon bienveillante (Mageau et Vallerand, 2003). Le programme reROOT (Gadoury et al., 2019) fut créé pour aider les entraîneurs à développer ce style interpersonnel, mais ce programme n’est pas validé empiriquement. L’objectif de cet essai pilote est de débuter l’évaluation du programme reROOT auprès des entraîneurs et d’estimer son impact sur leur style interpersonnel ainsi que sur le bien-être, l’acquisition de compétences sportives et la motivation des athlètes. Les athlètes (N = 86) ont complété des questionnaires avant l’assignation aléatoire des entraîneurs aux conditions expérimentales (groupe expérimental et groupe contrôle de type liste d’attente) et deux mois après la participation du groupe expérimental au programme. Les analyses montrent que les athlètes dont les entraîneurs ont participé au programme avaient un niveau de motivation autonome significativement plus élevé que les athlètes du groupe contrôle, ainsi que possiblement de plus grands gains au niveau de l’acquisition de compétences sportives. Ces résultats suggèrent que le programme reROOT pourraient avoir des effets bénéfiques chez les athlètes et qu’une évaluation plus complète de ses impacts serait hautement pertinente.

Au cours des dernières années, dans le cadre de nos fonctions d’intervenant.e.s psychosociaux chez Sport’Aide (c.-à-d. organisme visant la prévention de la violence en contexte sportif), nous avons été témoins de centaines de situations problématiques et de dévoilements en lien avec différents types de violences vécues. Qu’est-ce que ces cas ont en commun ? La trop grande attention portée à la notion de résultats et de performance. En effet, ce constat laisse entendre que l’atteinte de résultats occupe encore une trop grande place dans la philosophie d’entraîneur.e.s, de parents et de gestionnaires d’organisations sportives. Ainsi, nous sommes d’avis que la violence en contexte sportif pourrait diminuer si accompagnons ces différents acteurs afin qu’ils adoptent une philosophie orientée sur le développement positif des jeunes par l’acquisition d’habiletés de vie. Une telle visée permettrait à ces différents acteurs de développer un discours et des pratiques qui priorisent le bien-être holistique des jeunes, tout en favorisant leurs performances non seulement en sport, mais également dans toutes les sphères de leur vie.