Aller au contenu principal
Il y a présentement des items dans votre panier d'achat.

Informations générales

Événement : 89e Congrès de l'Acfas

Type : Colloque

Section : Section 400 - Sciences sociales

Description :

Le monde rural est souvent décrit comme un milieu caractérisé par la pauvreté, la difficulté d’accéder aux soins, l’isolement, le manque d’intervenants, la stigmatisation et la non-disponibilité de logements. Il n’y a pas une spécificité du monde rural, mais une réalité multiple de l’exclusion, traversée par des constructions sociales propres à chaque territoire. Face à ces situations, les intervenants psychosociaux (travailleurs sociaux, psychoéducateurs, psychologues, infirmières, enseignants et autres…) vivent des situations différentes de celles de leurs collègues qui agissent dans un milieu urbain et développent différents modes d’interventions propres au milieu rural. Ce colloque, organisé par les membres du Laboratoire de recherche sur les difficultés d’adaptation et l’intervention psychosociale (LARDAIP) de l’Université du Québec en Abitibi-Témiscamingue, a pour objectif de regrouper des chercheurs qui travaillent sur la spécificité de l’intervention psychosociale en monde rural. Il a également l’intention de permettre à des intervenants psychosociaux qui agissent depuis de longues années dans un milieu rural de présenter leurs défis et leurs modèles d’intervention.

Remerciements :

Nous tenons à remercier les professeur.es , les intervenant.es et les organismes qui ont participés à la réussite et au succès de ce colloque. Nos remerciement vont également aux responsables de l'ACFAS pour toute la logistique offerte et les moyens mobilisés.

Date :
Responsables :

Programme

Communications orales

L’intervention en milieu rural : enjeux et réalités

  • Communication orale
    Défis de l’intervention sociale en milieu rural
    René Lachapelle (UQO - Université du Québec en Outaouais)

    La ruralité a de multiples visages comme en fait foi la littérature qui tente de la définir. Elle réfère d’abord à un ensemble de configurations territoriales alliant en proportions variables une densité démographique relativement faible, l’exploitation des sols et un patrimoine paysager. Ces caractéristiques façonnent des communautés aux traits particuliers. Dans une même MRC rurale, la dynamique démographique des municipalités est différente selon qu’elles sont rapprochées ou non d’une agglomération. Si la croissance est reliée au désir d’éloignement de la ville proche, la décroissance est généralement due au départ des jeunes. L’enjeu des distances est un facteur de complexité pour l’accès aux services généralement installés là où la densité le justifie. L’alternative de regrouper les entités locales afin d’en faciliter l’accès se heurte à l’attachement des petites communautés à leur identité propre. Du point de vue de l’action collective, cette identité locale est à la fois un levier reposant sur les réseaux de proximité et un frein du fait des résistances aux regroupements. Comment dans ce contexte penser l’intervention sociale? Reposant fondamentalement sur les mêmes principes qu’en milieu urbain, notamment l’établissement de rapports de confiance, elle a avantage à miser sur la concertation interprofessionnelle pour optimiser son impact.

  • Communication orale
    Au cœur de l’intervention psychosociale des familles agricoles
    Antoine Van Schaftingen (UdeS - Université de Sherbrooke)

    ACFA est un organisme communautaire qui fournit des services psychosociaux de première ligne aux producteurs agricoles depuis 2003. Un réseau provincial de 13 travailleurs et travailleuses de rang s’est développé depuis 2016. Notre connaissance de la culture agricole nous permet d’adapter nos services à notre population. En effet, au-delà des enjeux de disponibilité ou de méconnaissance des services disponibles dans le monde rural, la crainte de ne pas être compris par les services professionnels constitue un des motifs invoqués pour ne pas aller chercher de l’aide (Lafleur, 2021). Les agriculteurs s’identifieraient à une culture unique qui les distingue de la population générale. En outre, les producteurs agricoles sont des entrepreneurs résilients, mais qui demandent peu d’aide lorsqu’il s’agit de santé physique et encore moins psychologique, un homme devant se débrouiller seul… Afin d’améliorer le bien-être de notre population, nous mettons en place une approche de proximité. Les anciens usagers de nos services ou les membres de l’entourage (famille, réseau agricole...) servent de relais et nous appellent lorsqu’ils rencontrent un producteur qui se porte moins bien. Ainsi, la majorité des usagers de nos services nous ont été « référés ».

    Nous proposons de vous exposer nos défis et notre modèle d’intervention.

  • Communication orale
    Les réalités des travailleuses agricoles saisonnières au Québec
    Roxanne Fay (UdeS - Université de Sherbrooke)

    En 2019, le Conseil du statut de la femme publie pour la première fois un avis sur la place des femmes dans l’agriculture au Québec et indique que ces dernières ne représentent que 26% des ouvriers agricoles. Toutefois, cette statistique cache une autre minorité: celle des travailleuses temporaires venant principalement du Mexique et du Guatemala qui font également partie de la force de travail agricole (Encalada Grez, 2018). De leur côté, l’écart se creuse davantage. Les femmes détenant un permis de travail en tant que travailleuses étrangères temporaires (TET) dans le milieu agricole ne représentent que 3% du total des TET, hommes et femmes confondus (Encalada Grez, 2018). Tout comme les québécoises, ces travailleuses étrangères vivent des enjeux distincts en raison de leur genre (Hennebry et al., 2016). Cette présentation a pour objectif de faire connaître les réalités spécifiques aux travailleuses agricoles étrangères, groupe minoritaire à risque de marginalisation et de vulnérabilité, au-delà des problématiques déjà connues qui sont susceptibles d’être vécues par l’ensemble des TET. Nous aborderons, entre autres, la discrimination dans le processus de recrutement, le contrôle de la vie privée, le harcèlement et les abus sexuels, la maternité, ainsi que les risques pour la santé et les difficultés d’accès aux services.

  • Communication orale
    Pratiquer en région isolée : relation de confiance et considérations éthiques
    Steve Campbell (Centre hospitalier)

    Pratiquer en région isolée amène le psychologue à rencontrer des clients liés entre eux ou liés à lui-même, ce qui peut générer des situations de « recoupement de contenu » : le contenu exprimé par un client et celui relaté par une tierce personne se recouperont (Helbok, 2003; Hoffman, 2011; Roberts et coll., 1999; Sterling, 1992; Zur, 2006). Ce type de croisement peut susciter certains pièges. Cette communication propose plusieurs questionnements. Par exemple, comment le psychologue parviendra-t-il à demeurer authentique vis-à-vis d’un client qui consulte pour dépression dans un contexte de difficultés conjugales alors qu’il apprend fortuitement, par une connaissance commune avec ce client, que la conjointe de ce dernier souhaite secrètement la séparation? Quels sont les principaux pièges rencontrés en région isolée et les risques qui en découlent pour la relation thérapeutique? Faute de pouvoir toujours les prévenir, il convient de mettre en place les moyens pour en réduire les possibilités. Néanmoins, lorsque l’indésirable se produit, le défi est d’éviter le dérapage et de conserver la maîtrise de la situation.

  • Communication orale
    Accueil et intégration des pères immigrants dans la région de l'Abitibi-Témiscamingue
    Jean-Claude Batino (Université Laval), Saïd Bergheul (UQAT - Université du Québec en Abitibi-Témiscamingue), Tano Hubert Konan (Université du Québec en Abitibi-Témiscamingue), Godin Jessica (Université du Québec en Abitibi-Témiscamingue), Jean Ramdé (Université Laval)

    Dans une enquête qualitative réalisée en 2021 et 2022, nous avons interrogé quarante pères immigrants (P.I) sur la perception de la paternité; les rôles et les engagements paternels ; les facteurs favorables et nuisibles à l’engagement paternel et l’éducation des enfants. Parmi ces (P.I) presque la moitié ont décidé de s’installer dans une région rurale du Québec. Les pères argumentent leurs choix en indiquant la qualité de vie en région comparée aux grandes villes. Les possibilités offertes (plus de temps ou d’occasions pour rester en famille), la tranquillité, la présence de divertissements (jeux, parcs) sont des éléments qui permettent aux pères d’être plus engagés auprès de son enfant. Cependant les (P.I) mentionnent également l’isolement et l’absence de suivi des structures d’accompagnement comme facteur nuisible à l’engagement paternel. Le manque de structures d’accueil, d’une organisation véritable de leur intégration dans le nouvel environnement représente une grande préoccupation pour ces pères. Les résultats de cette étude sont présentés, analysés et discutés.


Communications orales

Les aspects cultuels de l’intervention en milieu rural

Discutant·e·s : Saïd Bergheul (UQAT - Université du Québec en Abitibi-Témiscamingue), Dany Boulanger (UQAT - Université du Québec en Abitibi-Témiscamingue), Émilie Deschênes (UQAT - Université du Québec en Abitibi-Témiscamingue), Brahim Hamdaoui (Faculté des Sciences Humaines et Sociales Université Ibn Toufail), Abdelaaziz Ourhou (Institut National de l'Action Sociale (INAS))
  • Communication orale
    L’intervention psychosociale auprès des producteurs agricoles : la réalité du travailleur de rang
    Isabelle Talbot (UQAT - Université du Québec en Abitibi-Témiscamingue)

    Le travailleur de rang est une profession connue depuis 2003. Un total de 16 travailleurs de rang sont présents au Québec pour intervenir auprès des producteurs agricoles, de leurs familles et de leurs employés. L’approche doit être rapide, simple, misant sur une égalité entre l’intervenant et le producteur et axée sur les solutions. Le milieu agricole est typiquement masculin, que le propriétaire soit un homme ou une femme. Il faut que « ça bouge vite et bien ». Les producteurs agricoles et leur famille sont accoutumés que les services viennent à eux, c’est donc naturel pour eux de recevoir le travailleur de rang à leur domicile. Il a ainsi plus d’informations et plus rapidement sur le mode de fonctionnement de la personne. La longueur des interventions et les déplacements sont les principaux défis de ce travail. Pour finir, il faut s’attendre à entendre de tout, sur tous les thèmes. Ils ont peu l’occasion de parler, il est donc possible de discuter de transfert de ferme, d’intimité sexuelle, de communication ou d’idéations suicidaires. Tous ces aspects et les particularités de l’intervention sur le terrain seront approfondis pendant la conférence.

  • Communication orale
    Enjeux praxéologiques de l’engagement parental en éducation dans le cadre d’une recherche au sein d’une communauté autochtone en région éloignée au Québec
    Dany Boulanger (Université du Québec en Abitibi-Témiscamingue), Émilie Deschênes (UQAT - Université du Québec en Abitibi-Témiscamingue)

    Cette présentation vise à dégager des enjeux praxéologiques de l’engagement parental qui ressortent de l’étape exploratoire d’une recherche-action réalisée par la première auteure au sein d’une communauté autochtone en région éloignée au Québec. Après avoir situés la problématique de l’engagement parental en regard de ce que le concept de capital social rend visibles comme enjeux locaux et communautaires de la région ciblée, les auteurs dégageront les défis particuliers de la capacité d’agir de parents au sein d’une communauté autochtone. La présentation d’éléments de problématisation et de conceptualisation sera ancrée dans la spécificité du rapport à l’éducation et la scolarisation chez des parents autochtones de manière à dégager des pistes d’intervention psychosociale.

  • Communication orale
    Enjeux idéologiques et épistémologiques d’une recherche régionale sur l’engagement parental au sein d’une communauté autochtone au Québec: ambivalence de la position de chercheurs
    Dany Boulanger (UQAT - Université du Québec en Abitibi-Témiscamingue), Émilie Duchênes (Université du Québec en Abitibi-Témiscamingue)

    Cette présentation prend une distance critique en regard de la recherche présentée par Deschênes et Boulanger. Cette réflexion sera ancrée dans une conception socioculturelle et sociologique du rapport entre pensée et langage et elle sera établie autour de trois fils rouges : 1) au plan épistémologique, la tension entre la tendance du chercheur à adopter le langage de la population et celle à en faire abstraction par la recherche de concepts ancrés dans des théories mais ne reflétant pas nécessairement les mots revendiqués par la population cible; 2) au plan idéologique, le rôle du langage comme éclaireur de mécanismes d’inégalités sociales et d’oppression et comme plaçant le chercheur au cœur des débats; 3) au plan méthodologique (méthodologie de la recherche et de l’intervention psychosociale), l’enjeu de l’ambivalence posée par les dimensions épistémologiques et idéologiques susmentionnées pour la définition du rôle du chercheur et pour sa légitimité à proposer des « réponses » (pistes d’intervention psychosociale) à la problématique sociale de l’engagement parental. Ces trois fils seront ancrés dans la spécificité de l’intervention en contexte autochtone en région éloignée. Nous conclurons en dégageant les propres mouvements d’ambivalence véhiculés dans le discours d’acteurs d’une communauté autochtone.

  • Communication orale
    La psychothérapie en milieu rural : caractéristiques du contexte marocain
    Abdelaaziz Ourhou (Institut National de l'Action Sociale (INAS))

    u Maroc, le milieu rural compte bien moins d'intervenants en santé mentale. C’est l’inverse du milieu urbain. Le milieu rural se caractérise par l’inexistence d'infrastructures étatiques et communautaires spécialisées en santé mentale, de ressources humaines et matérielles malgré le besoin croissant de l'intervention psychosociale. Cette situation complexifie les prises en charge des patients et rend inaccessibles les services de santé mentale. De plus, certains aspects culturels, sociaux et économiques handicapent l'accès aux soins psychosociaux. Certaines croyances associées aux troubles psychologiques et aux intervenants psychosociaux limitent la recherche de l'aide professionnelle. Également, malgré la souffrance psychologique, plusieurs individus du milieu rural évitent de consulter un intervenant psychosocial en raison d'un ensemble d'attitudes négatives à l'égard des troubles psychologiques. De plus, la distance qui sépare le monde rural du monde urbain, le manque de transport public, le refus des spécialistes de s'implanter en milieu rural et la pauvreté rendent difficile le recours aux soins de santé mentale.

    ▶ Vidéo
  • Communication orale
    Quels sont les handicaps que rencontre l’intervenant.e social.e dans un milieu rural au Maroc ?
    Brahim Hamdaoui (Faculté des Sciences Humaines et Sociales Université Ibn Toufail)

    En milieu rural au Maroc, nous constatons que l’aspect culturel est présent dans l’intervention psychosociale. Les personnes qui consultent les psychologues sont généralement considérées comme « fou ». Les populations ont recours à la médecine traditionnelle et sollicitent souvent le ”Fqih” (thérapeute traditionnel). Les patients mixent régulièrement un traitement médical associé à un traitement traditionnel. Les résultats qu’on peut observer peuvent s’expliquer par des « effets placébo culturels ». Le milieu rural change et l’intervention psychosociale commence à s’installer hors des grandes villes au Maroc. On constate un manque de centres d’écoutes et d’intervention. Pour des considérations éthiques, les personnes craignent de divulguer leurs secrets. La communication présentée dans le cadre de ce colloque est une synthèse des travaux de recherche publiés sur l’intervention psychologique et sociale au Maroc.