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Informations générales

Événement : 89e Congrès de l'Acfas

Type : Colloque

Section : Section 400 - Sciences sociales

Description :

Le contrôle de ce qui est acceptable ou admissible dans la sphère politique a de lourdes conséquences sur la vie démocratique de toute société, sur le dynamisme des groupes qui souhaitent y prendre part, de même que sur la mise en visibilité des problèmes sociaux. Pourtant, la notion de profilage politique a une histoire somme toute récente au Québec. Elle a été développée grâce aux démarches de groupes politiques ayant vécu un traitement asymétrique basé sur des stéréotypes (Goyette, Bellot et Sylvestre, 2014). Des acteurs se sont inspirés des notions de profilage racial et social dans le but de faire reconnaître son existence (Dupuis-Déri, 2014). Les particularités du profilage à caractère politique et ses zones d’interaction avec les autres types de profilages sont en ce sens encore marginales dans la littérature en sociologie, en travail social et en science politique. Le colloque « Actions politiques et profilages » permettra d’actualiser et de développer le concept de profilage politique, notamment dans ses intersections avec d’autres formes de profilage. À travers une lunette plus collective qu’individuelle, ce colloque invite à réfléchir sur l’intentionnalité politique derrière les profilages, de même que sur les manières dont les acteurs collectifs les contestent. Les contributions à l’avancement des connaissances sur les profilages de l’action politique seront déclinées en deux temps : 1) les profilages de la défense de droits; et 2) les profilages de l’action politique dans l’espace public.

Remerciements :

Ce colloque est organisé par des membres de l'Observatoire des profilages (ODP). L'ODP a financièrement soutenu les membres étudiant.es et partenaire pour leur participation à l'ACFAS.

Date :
Responsables :

Programme

Communications orales

Les profilages de l’action politique dans l’espace public

Discutant·e·s : Pamela Colombo (Université Laval), Matthijs Gardenier (UNIVERSITE PAUL VALERY MONTPELLIER), Lynda Khelil (UQAM - Université du Québec à Montréal)
  • Communication orale
    Condamné d’avance : l’espace et le profilage de populations dans la mise en place de politiques de contre-insurrection
    Pamela Colombo (Université Laval)

    La Doctrine de la Sécurité Nationale (DSN), appliquée en Argentine durant la guerre froide, introduit dans le corps doctrinal de l’armé la figure de l’ « ennemi intérieur » ainsi que l’idée d’une guerre pour « protéger » la civilisation occidentale et catholique (Armony 2005, Ranalleti 2010, Périès 2009). Cette présentation explorera la manière dont l’espace a été un élément crucial pour l’application de politiques de contre-insurrection durant la période de la dictature militaire (1976-1983). Notamment, nous allons analyser comment l’espace était un élément central pour le profilage de la population rurale. Dans la doctrine militaire, mais aussi dans les pratiques d’occupation et harcèlement de la population, le territoire a servi pour imaginer une appartenance politique particulière des paysans. Nous analyserons en profondeur les cas de la province de Tucumán et du Chaco, où le maquis a aidé à spatialiser l’image de l’« ennemi intérieur ». Ce travail sera réalisé à partir de l’analyse de sources variés : archives militaires, entretiens avec la population locale, photos de l’époque, et propagande militaire.

  • Communication orale
    Les « Gilets jaunes » à Toulouse et Montpellier. La brutalisation du maintien de l’ordre
    Matthijs Gardenier (UNIVERSITE PAUL VALERY MONTPELLIER)

    Cette contribution entend poser la question des traitements spécifiques que connaissent différents mouvements en fonction de leur perception par les forces de l’ordre. Le mouvement des Gilets Jaunes, mobilisant des publics issus des classes populaires éloignés des répertoires d’action classique des mouvements sociaux a été souvent incontrôlable, parfois insurrectionnel. Il a fait l’objet d’un traitement policier particulièrement brutal, à l’intersection entre le profilage politique et social. Cette catégorisation ouvre la voie à un maintien de l’ordre « exceptionnel », soit affranchit des limites définies par le droit ordinaire régissant les manifestations.

    Les comptes rendus d’observation d’une vingtaine de manifestations à Toulouse et à Montpellier, hauts-lieux du mouvement des Gilets Jaunes dessinent les contours de ce maintien de l’ordre : les affrontements se déclenchent aux moments choisis par les forces de l’ordre. Les pratiques se caractérisent par la pression psychologique, l’intimidation et les punitions individuelles aléatoires telles que les tirs de LBD au hasard dans la foule ou les nasses suivies de gazages massifs. Le dispositif policier se prolonge au tribunal avec une justice d’abattage lors de procédures de comparution immédiate où les magistrats ont la main lourde. Ces pratiques du maintien de l’ordre et du profilage des mouvements sociaux sont à envisager de manière plus large dans des évolutions des rapports sociaux à la sécurité et au policing.

  • Communication orale
    Les discours publics de légitimation de la répression policière des manifestations de rue : Le cas des arrestations de masse et du règlement P-6 à Montréal (2012-2015)
    Lynda Khelil (UQAM - Université du Québec à Montréal)

    Cette communication aborde une dimension importante de la répression des manifestations au Québec qui est peu étudiée : les discours de justification des autorités politiques et policières. La recherche présentée porte sur la répression exceptionnelle à Montréal entre 2012 et 2015, une période au cours de laquelle la police de Montréal a arrêté plus de 4 000 personnes par 46 arrestations de masse lors de 32 manifestations initiées strictement par les mouvements étudiant, anticapitaliste et contre la brutalité policière. Dans plusieurs cas, les forces policières ont procédé à des arrestations de masse dites « préventives » en appliquant de manière sélective une nouvelle obligation de divulguer l’itinéraire à la police, inscrite depuis mai 2012 dans le controversé règlement municipal P-6.

    Les mouvements sociaux et des élu-e-s de l’opposition se sont mobilisés (dans la rue, devant les tribunaux, dans l’espace public et à l’hôtel de ville) pour dénoncer la répression policière et le profilage politique. Pour saisir les stratégies à l’œuvre dans les discours des autorités politiques et policières municipales, la notion de « cadrage » est employée pour analyser un vaste corpus de discours oraux exprimés à l’hôtel de ville et dans les médias. Un examen attentif révèle notamment que la posture de non-collaboration avec la police des groupes militants antiautoritaires a été un motif important dans la répression de leurs manifestations.


Communications orales

Profilages et défense de droits

  • Communication orale
    « The Right Profile ». Négociations et retour réflexif pour accéder à un terrain « fliqué » (scènes contre-culturelles contemporaines, Paris-Berlin, 2009-2016)
    Romuald Jamet (UQAC - Université du Québec à Chicoutimi)

    Les scènes contre-culturelles parisiennes et berlinoises contemporaines sont des terrains particulièrement sensibles. À la croisée du politique (anarchistes, antifascistes, etc.) et du culturel (musique, théâtre, fanzine, etc.), ces scènes font l’objet d’un profilage (et d’une infiltration) politique et policier constant.

    Ainsi, de nombreux acteurs de ces scènes, et notamment les militants les plus engagés, développent un climat de suspicion et qui pourrait s’apparenter à une « chasse au sorcière », notamment envers les musiciens non-militant qui étaient au cœur de mon enquête.

    J’aimerais proposer dans le cadre de ce colloque un retour réflexif et critique sur mon accès au terrain de recherche dans le cadre de ma thèse de doctorat (2009-2016). Si c’est en tant que musicien qu’il m’a été permis d’accéder initialement à ces scènes, ma double casquette de sociologue-musicien m’a permis de faire l’expérience des différentes logiques de profilages qui circulaient au sein de ces scènes en en devenant moi-même l’objet.

    Après avoir brièvement rappelé les différents types de profilages (policier, politique, militant) subis par les acteurs de ces scènes, j’essaierai de montrer comment les différentes logiques de profilage participent directement de la structuration de ces scènes contre-culturelles contemporaines.

  • Communication orale
    Le Profilage racial par le service de police de la ville de Repentigny et la lutte des communautés noires
    Pierre Richard Thomas (LAKAY)

    Notre intervention compte exposer les différentes actions menées par la communauté noire repentignoise de 2017 à 2021 face au racisme et au profilage racial pratiqués tant par la Ville que par le Service de police de la Ville de Repentigny. Un récent rapport rédigé en collaboration avec l'Observatoire des profilages documente l'inertie municipale face à cette problématique.

    Depuis 2012, on constate une augmentation d’interventions policières inappropriées. De récentes études affirment que les Noirs sont trois fois plus susceptibles que les Blancs d'être interpellés par les policiers, alors qu'ils ne constituent que 7 % de la population de la ville. Cette situation affecte négativement la communauté noire dans toute sa diversité, mais encore plus les jeunes noirs.

    À la fin de l’année 2016, un groupe de citoyens qui n’en pouvait plus a décidé de dénoncer les pratiques discriminatoires et le profilage racial. Des discussions ont été engagées avec l’administration de la ville. Des plaintes ont aussi été déposées par les citoyens devant la CDPDJ ainsi qu’en déontologie policière. En août 2019, lors d’une activité intitulée : « Noirs au volant », une caravane d’environ une centaine de voitures et de motos conduites, en majorité, par des Noirs a défilé à travers les villes de Repentigny et de l’Assomption pour dénoncer le profilage racial.

    Malgré tout, le profilage racial continue et est banalisée autant par les responsables de la Ville à l’époque que par les policiers visés.

  • Communication orale
    La défense de droits sous tension : une analyse des effets du profilage politique de l’organisation communautaire
    Joelle Dussault (UQAM - Université du Québec à Montréal)

    Cette communication présente les résultats d’une étude de l’Observatoire des profilages sur les effets du profilage politique sur l’organisation communautaire. Les données proviennent d’entretiens effectués en 2021 auprès de 22 groupes et associations du Québec considérant avoir subi des pratiques de profilage politique. L’analyse thématique effectuée démontre que ce type de traitement asymétrique a de nombreux effets sur les groupes ayant une mission de défense de droits. Les effets du profilage politique et de la perception de profilage ont des effets sur l’engagement des personnes les plus vulnérabilisées, sur le répertoire d’action envisagé par les groupes et sur leur capacité à mener les dossiers qu’ils souhaitent mettre de l’avant. En joignant la littérature sur les profilages à celle de l’organisation communautaire, cette étude présente un regard nouveau sur les pratiques de contrôle de l’action politique.

  • Communication orale
    Illégitimités politiques et aménagements de la critique: les organismes communautaires et la mise en opposition des intérêts de leurs employé.es et de leurs publics
    Romain Paumier (UdeM - Université de Montréal)

    Au Québec, l’institutionnalisation de certains pans du milieu communautaire, par son ancrage croissant dans une économie de services parapublics, semblent transformer les pratiques politiques et démocratiques des organismes. Il apparait ainsi que les tensions financières récurrentes et les dynamiques de hiérarchisation des organisations mettent en concurrence et en opposition différents intérêts et légitimités politiques, en opposant particulièrement le personnel y travaillant et les publics qu’il est censé desservir.

    À partir d’une ethnographie de deux ans auprès d’organismes communautaires en réduction des méfaits à Montréal, cette communication analyse cette mise en opposition à travers trois mécanismes principaux. Premièrement, la distinction rhétorique entre les catégories « intervenant.es » et « usagers », aux intérêts pensés comme divergents et strictement opposés. Deuxièmement, la légitimation par le registre de la vocation d’une précarité des emplois et des risques au travail. Troisièmement, l’aménagement de la critique interne par l’éloignement des employé.es comme des publics des processus décisionnels des organismes, et la canalisation de leurs revendications respectives devant emprunter « les bons canaux ».