Informations générales
Événement : 89e Congrès de l'Acfas
Type : Colloque
Section : Section 400 - Sciences sociales
Description :Le propos du colloque, qui se tiendra en mode hybride, vise à expliciter le processus émergent de la reconnaissance d’un nouvel objet d’étude. Les années 2000 ont été associées à un « tournant participatif ». Les années 2005-2021 marquent-elles un « tournant co-constructiviste »? Cette journée sera consacrée à des réflexions sur les fondements théoriques de la co-construction.
- Christophe Leyrie (UQAC - Université du Québec à Chicoutimi)
- Sonia Boivin (UQAC - Université du Québec à Chicoutimi)
- Philippe Boigey (UQAC - Université du Québec à Chicoutimi)
- Michel Foudriat (Université Paris Est Créteil)
- Maxime Delaloy (Institut de la Co-Construction -)
Programme
Première partie
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Communication orale
Paradoxes et incertitudes dans la co-constructionMichel Foudriat (Université Paris Est Créteil)
La co-construction est considérée comme une démarche porteuse de valeurs démocratiques mais est aussi présentée sous l’angle d’une efficacité supérieure par rapport aux modèles classiques. Cette conséquence est affirmée par les acteurs qui se réfèrent à ce modèle quel que soit son champ d’application (travail social, sciences de gestion, développement territorial, environnement, politique publique, etc.).
Cette indétermination s’explique par les différents paradoxes et incertitudes qui surgissent et jalonnent le déroulement du processus. Le paradoxe principal repose sur la conjonction de deux forces souvent considérées comme antagonistes : la conflictualité d’une part et la recherche de convergence d’autre part.
La co-construction repose sur une variété significative de points de vue différents homologue de la variété des acteurs parties prenantes. La co-construction repose au départ sur une conflictualité qui ne peut pas ne pas être explicitée sans pour autant que le processus se résume au seul antagonisme entre points de vue divergents ou opposés car la recherche de solution de compromis est la finalité du processus. Cette tension entre conflictualité et recherche de convergence peut ainsi être considérée comme un paradoxe générant une incertitude et une indétermination quant à son dépassement dans la temporalité retenue pour définir le processus. Cette communication proposera une approche compréhensive de cette tension qui est dialectisée par la fonction de facilitation.
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Communication orale
Transdisciplinarité et co-constructionLuc Dancause (Sapiens conseils), Marc Johnson (Socius recherche et conseils), François-René Lord (UQTR - Université du Québec à Trois-Rivières), Jason Luckerhoff (UQTR)
Nous nous intéressons aux liens qui unissent la transdisciplinarité et la co-construction. Nous présenterons, dans un premier temps, en quoi les principes (la coopération, l’ouverture et l’échange) et les modes de fonctionnement (le co-enseignement, par exemple) souvent associés à la transdisciplinarité rappellent ceux de la co-construction. Dans un second temps, nous présentons un exemple concret de co-construction transdisciplinaire sur le terrain : la conceptualisation de la programmation académique transdisciplinaire de l’Université de l’Ontario français. Nous illustrerons, avec des exemples tirés de cette expérience, en quoi les deux perspectives se rejoignent.
La transdisciplinarité, perspective dans laquelle les frontières entre et au-delà des disciplines sont transcendées et les savoirs et perspectives de différentes disciplines scientifiques et non scientifiques sont intégrés (Flinterman et al., 2001), appelle la co-construction. Utiliser une posture transdisciplinaire amène, par exemple, des chercheurs à collaborer avec des praticiens pour mettre en œuvre un projet de mobilisation des connaissances ou un groupe de professeurs issus de familles disciplinaires différentes à travailler ensemble à la conceptualisation d’un programme d’études. Cette façon de faire rejoint la définition de la co-construction, posture où les acteurs élaborent, à travers leurs interactions, des accords visant à définir et à réaliser un projet à multiples composantes (Foudriat, 2014).
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Communication orale
La co-construction, au croisement de courants théoriques et selon un paradigme hybride ; l’exemple d’un réseau de coopération franco-espagnole en intervention sanitaire et socialeYves Gilbert (Université de Perpignan Via Domitia)
La communication propose un regard sur des courants théoriques et des concepts venant nourrir le paradigme de la co-construction. Elle est illustrée par l’exemple de la mise en œuvre d’un réseau transfrontalier franco-espagnol en matière d’intervention sanitaire et sociale.
Le concept de co-construction tire son évidence et sa nécessité du croisement de plusieurs courants théoriques issus de diverses disciplines. En sociologie, car le concept de co-construction se nourrit également d’autres disciplines, le courant de la sociologie d’intervention illustre ce croisement, en associant les apports des théories systémiques et interactionnistes de la complexité, ainsi que ceux des sociologies dynamiques et de l’action avec ceux des théories pratiques de l’intervention et de la transformation sociales.
L’exemple du réseau transfrontalier de coopération Retsaso montre comment un consortium d’universités et d’établissements de formation en travail social, de part et d’autre de la frontière franco-espagnole, a développé une pratique de co-construction dont les objectifs et résultats concrets, comme la mise en œuvre d’une plateforme numérique collaborative de travail ouverte à tous les acteurs du champ sanitaire et social sur ce territoire ou celle d’une formation modulaire en ligne interpartenariale, s’appuient sur un paradigme commun de la co-construction formulé au travers d’une charte partagée de l’intervention sociale communautaire collective en espace transfrontalier.
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Communication orale
La co-construction en travail social : de l’idéal à la mise en actes Le travail social à l’épreuve des conduites dites « à risques »Christelle Achard (Université de CaenNormandie)
Dans quelle mesure les « conduites à risques » (Le Breton, 2011) des usagers du travail social viennent-ils questionner l’idéal de co-construction (Dubasque, 2017) qui sous-tend l’évolution récente des politiques publiques et des pratiques professionnelles ? L’essor du modèle de la co-construction et la montée en puissance de la figure de l’« accompagnement » en travail social (Boulayoune, 2012) supposent engagement, réciprocité, et temporalité dans la relation d’aide (De Robertis, 2005). Pourtant, l’évolution du travail social en France, qui voit le développement des logiques de responsabilisation individuelle (Jaeger, 2009), de conditionnalité des aides (Avanzo, 2017), et la fragmentation du système de prises en charge (Ravon et al, op. Cit., 2018), semble mettre à mal cet idéal de co-construction.
Les conduites à risque des usagers du travail social, modalité d’expression de la non-demande (Warin, 2018 ; Marques, 2015 et 2018), apparaissent comme l’expression d’un échec des logiques de co-construction du travail social, et l’occasion d’une mise à l’épreuve de ces dernières. Elles interrogent les seuils de tolérance et posent la question de l’aide contrainte . Ces conduites appellent au développement de nouvelles pratiques permettant de rétablir les conditions d’un libre-choix réel de la personne accompagnée. Les modèles de réduction des risques et de « bas seuil » (Portillo Clapasson, 2005 ; Trémintin, 2016 ; FAP, 2013 ; ANSA, 2016) s’inscrivent dans cette logique.
Dîner
Seconde partie
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Communication orale
Comment l'objet favorise l'intercompréhension et la coconstruction d'un projet en laboratoire vivant : étude d'un atelier de co-création pour MobilainésDany Baillargeon (Université de Sherbrooke), Hélène Bruneau (UdeS - Université de Sherbrooke)
Pour rester innovantes, les organisations misent sur des participations intersectorielles et sur le partage des connaissances et expertises, à travers de multiples formes collectives, afin de favoriser la réalisation des projets. Les secteurs de la santé, confrontés à des problématiques complexes, tendent à privilégier les approches dites de laboratoires vivants (Living Lab), favorisant le développement d’innovations par et pour les principaux usagers finaux, et ce, en contexte réel d’utilisation.
Nous proposons l'analyse d'un événement communicationnel survenu lors d'un atelier de cocréation en laboratoire vivant (LIPPA) pour le projet Mobilaînés. Lors de celui-ci, nous avons testé une grille conçue dans l'intention d'observer les processus d'intercompréhension supportés par les objets et la coconstruction d'un dialogue productif, puis constaté comment ce même événement vient co-orienter la suite du projet.
Cette étude souligne certains des enjeux de la collaboration intersectorielle en contexte de laboratoire vivant où se croisent les expertises d'usagers, de professionnels et de chercheurs, mais aussi certains des aspects nécessaires afin de provoquer la convergence des points de vue des parties prenantes pour atteindre les réalisations visées. Nous verrons comment les connaissances communes peuvent se coconstruire en laboratoire vivant, mais aussi l'importance d'une conscience communicationnelle, tout au long du projet, pour garantir un climat propice au codéveloppement.
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Communication orale
Mobilisation des connaissances et co-construction : Un beau défi pour les gestionnaires municipaux.Luc Dancausse (Sapiens Conseil), Roxanne Lefebvre-Baril (UQTR - Université du Québec à Trois-Rivières), Jason Luckeroff (UQTR)
La mobilisation des connaissances (MdC) est un ensemble de processus qui visent l’échange de savoirs divers dans le but de créer de nouvelles formes de connaissances pouvant servir l’action (Elissalde et al., 2010). Cette approche valorise les partenariats et la co-construction. La dynamique de production, à la croisée des savoirs scientifiques, professionnels et expérientiels, propose d’accorder plus d’importance à la façon de produire les connaissances et de faire en sorte qu’elles soient adaptées aux besoins des personnes susceptibles d’en bénéficier. De plus en plus de gestionnaires municipaux prennent conscience de l’apport potentiel des résultats de recherches et de la valeur de s’impliquer dans des activités de co-construction. La MDC, pour les municipalités dans l’exemple que nous utiliserons, ouvre la porte à une relation bidirectionnelle entre des gestionnaires et professionnels, d’une part, et des chercheurs, d’autre part, au sein de laquelle la pratique et la recherche s’influencent mutuellement. Le partage des connaissances entre organisations, municipalités et chercheurs permet de développer une culture de co-construction qui, sur le long terme, pourra permettre le maintien et l’amélioration des services, mais aussi de la qualité de vie des citoyens. Pour que cet échange soit harmonieux, les chercheurs doivent s’adapter aux différents contextes afin de stimuler l’intérêt des gestionnaires et créer des contacts potentiels entre ceux-ci et le milieu scientifique.