Informations générales
Événement : 89e Congrès de l'Acfas
Type : Colloque
Section : Section 300 - Lettres, arts et sciences humaines
Description :Les études sémiotiques et l’anthropologie connaissent des recoupements disciplinaires évidents, qui ne sont toutefois pas toujours reconnus ou travaillés comme tels. Toutes deux constituent des champs disciplinaires très vastes, qui comprennent des sous-domaines d’étude relativement autonomes, dont l’objet est dans tous les cas multiforme. Si l’anthropologie étudie l’humain, les sociétés et les cultures humaines, elle multiplie pour ce faire ses focales, ses méthodes, ses approches et ses visées, se penchant tant sur le processus biologique d’hominisation et les vestiges archéologiques des sociétés passées que sur la dimension symbolique et les diverses pratiques inhérentes aux cultures et sous-cultures contemporaines. De leur côté, les études sémiotiques traitent des signes et des médiations au moyen desquels les êtres vivants communiquent, interprètent et organisent le monde symbolique et pratique dans lequel ils évoluent au quotidien. En restreignant l’objet de la sémiotique à la sphère d’influence de l’activité humaine, et en considérant l’activité signifiante comme base de toute interaction humaine, nous posons que signe et sens commun forment un seuil pour l’étude des pratiques et des cultures humaines. Mais encore faut-il montrer la pertinence d’établir un seuil aussi fondamental. Ce colloque invite les chercheurs·euses œuvrant en sémiotique, en anthropologie (ou disciplines connexes : ethnologie, linguistique, sociologie, arts et lettres, communication, etc.) à venir partager l’état de leurs recherches et travaux sur les signes humains. Nous intéressent : les pratiques sémiotiques ordinaires, politiques ou artistiques, et plus largement les systèmes de signes, de croyances et l’implication des axiologies sur les échanges et la circulation des biens symboliques dans l’espace public, au sein des groupes humains et des cultures, les méthodes d’enquête en vue d’étudier de tels phénomènes aussi bien que les excursions théoriques qui en découlent.
Remerciements :- Centre de recherche Cultures-Arts-Sociétés (CELAT) — http://www.celat.ulaval.ca
- Cygne noir, revue d'exploration sémiotique — http://www.revuecygnenoir.org
Programme
Session 1
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Communication orale
De la divisibilité de la culture française, analyse anthropologique sémiotique d’une rencontre frontalière (Montagne bourbonnaise, Allier, France)Félix Danos (ENS Lyon)
L’un des principaux processus sémiotiques ayant permis de façonner des citoyens français à partir de fondements paysans (Weber, 1976) fut d’enseigner aux enfants ruraux à aimer leurs « petites patries », leur pays, avant de (ou afin de) les faire aimer la Grande Patrie, au point de mourir pour elle (Thiesse, 1997). Reportant un rapport au territoire à différentes échelles (du local au national, suivant un processus de récursivité fractale au sens de Gal & Irvine, 2019) la notion de « petites patries » a eu pour effet quelque peu paradoxal de délégitimer les particularismes, et d’ancrer l’idée d’une France une et indivisible. Amenant à une hiérarchie implicite entre un centre et une périphérie, ce processus engendrera l’effacement de pratiques sémiotiques (dont langagières, épistémiques et culturelles) dans les milieux ruraux. Néanmoins l’analyse anthropologique-sémiotique (au sens de Parmentier, 2016) d’une interaction entre un chercheur citadin et une agricultrice dans la Montagne bourbonnaise, au nord du Massif Central permettra de mettre en évidence des marques d’altérité radicale (Povinelli, 2001, 2006) témoignant de l’historicité de rencontres interculturelles endogènes au centre de la France.
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Communication orale
Les productions sémiotiques cannibales de Vox, parti politique « du sens commun » : viande, ingestion et politique au cœur d’une enquête ethnographique en EuropeNicolas Petel-Rochette (UQAM - Université du Québec à Montréal)
En 2006, Alban Bensa a invectivé l’anthropologie en la sommant d’effectuer un « retour au réel ». Pour lui, ce « retour » vers l’empirie devait permettre de tourner la page des grands modèles analytiques (tel que le structuralisme) depuis lesquels les particularités des phénomènes sociaux perdaient leur singularité historique. Cependant, n’est-ce pas précisément le lien entre systèmes symboliques précis et leur mise en pratique située que tentait d’élucider le structuralisme? La relation entre signe et signifiant n’était-elle pas justement abordée comme vecteur d’organisation sociale et activité productrice de sens, étant en cela cruciale pour quiconque tente de comprendre les logiques culturelles propres à une société? Qu’en est-il de cet appel à regarder « les choses en face »? Cette volonté d’une enquête ethnographique « dépouillée » de tout biais sémiologique ne comporte-t-elle pas certains risques méthodologiques et épistémologiques? Situant mes réflexions dans le paradoxe ouvert par l’appel réaliste de Bensa, cette communication tâchera de problématiser un jeu de signes face auquel mes recherches anthropologiques actuelles font face : l’usage singulier de ce que la viande dit et fait par le parti d’extrême droite espagnol Vox ; lorsqu’ingérée, la chair n’est-elle que réelle, brute? Ne consomme-t-on pas aussi un signe? Comment rendre compte en anthropologie de ce débordement du signe dans le corps sans soi-même faire corps avec le réalisme de « leur » sens commun?
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Communication orale
L’éco-scape des catégories. Réflexions pour une slow-science impliquéeSophie Laligant (Université Tours)
Face à la rapidité des terrains dans la lignée des Rapid Rural Appraisal, aux manques de discernements contextuel et temporel amplifiés par un métalangage, l’éco-scape des catégories propose ici une réflexion sur la dialectique des rapports représentations/systèmes sociaux, en regard de collectifs en train d’advenir, de se désagréger ou de se reconfigurer. Fondée sur un structuralisme dynamique qui rejoint le holisme de sens, ma démarche dévoile l’indicible, l’insoupçonné en déployant les catégories prises non comme des monades mais en relation aux gens et aux sociétés qui les font advenir et les mettent à l’épreuve. En posant les valeurs transcatégorielles, dans le déplacement recréant l’altérité sans la contrainte de la dichotomie, faire l’expérience des catégories sera pensé sous le prisme de la temporalité, de quelque chose en train d’advenir, conséquence du présent plein de l’avenir et chargé du passé. Ni représentation ni image du réel car oblitérant l’expérimentation que les sociétés en ont, la modélisation proposée n'en demeure pas moins efficiente : par son caractère didactique et sa mise en dialogue avec le paradoxe de l’information amenant à penser et à visualiser la formation de la dynamique des représentations comme un instant de convergence et d’expérimentation que les individus et les sociétés en ont, mettant à l’épreuve passé/présent/futur et unité/pluralité/totalité dans des configurations particulières et fluides.
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Communication orale
Une étude ethnographique de la forêt avec des personnes en situation d'handicap mental. L'iconicité peircienne dans l'enquête anthropologiqueMarta Kucza (Pas d'organisme d'attache)
Cette communication se propose d'explorer l'iconicité dans le paradigme relationnel définit par Charles Sanders Peirce. Quelles sont les implications de son emploi en tant que mode d'enquête en anthropologie? Comment réconcilier le fait que le départ d'une recherche en sémiotique ait lieu dans la théorie, et le cadre conceptuel de l’enquête anthropologique émerge, quant à lui, du terrain? Cette réflexion fait partie de mon projet de recherche-création au croisement de l'anthropologie et de la sémiotique. Depuis deux ans, j'anime des ateliers de création sonore et vidéo avec des personnes en situation de handicap mental à Maarja, un foyer de vie en Estonie. Situé dans une forêt de pins, le village Maarja est un lieu d'attachements matériels et affectifs entre les plantes, les animaux, et les humains qui ont des aptitudes sensorielles et cognitives très variées. Quel dispositif est-il alors à imaginer pour comprendre comment ces êtres vivants communiquent et représentent les uns les autres? La sémiotique peircienne dans la lecture d'Eduardo Kohn (2013) appelle à explorer des modalités sémiotiques non symboliques. Mon emploi de l'iconicité en tant que mode d'enquête consiste à diriger l'attention (Ingold 2018) vers des signes iconiques corporels qui mobilisent une sensibilité sensorielle ou un savoir tacite (Polanyi 1966). Mon processus de travail consiste à observer l'iconicité au village Maarja, mais aussi à déclencher les relations iconiques par un dispositif artistique.
Session 2
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Communication orale
Sens, culture et identités : brève histoire de l’anthroposémiotiqueAngelo Di Caterino (Université de Limoges)
Par cette communication nous essayerons de sonder les fondements théoriques et épistémologiques constituant les fondations de l’anthroposémiotique. Autrement dit, il s’agit d’une enquête au profil historique qui puisse mettre en évidence comment il est possible de faire se rencontrer les disciplines de la signification et les méthodes ethno-anthropologiques, en montrant les avantages éventuels de cette fusion pour les sciences humaines en général. Pour ce faire nous nous concentrerons sur le sens et sur la culture, c’est-à-dire sur les objets d’élection des domaines disciplinaires respectifs, puis nous débattrons du concept d’identité dans ses multiples tournures, en tant que probable domaine d’action partagé par les deux disciplines. Ce bref historique ne porte pas sur les « découvertes » des dernières années mais plutôt sur les résultats d’une recherche qui est en cours depuis plus d’une décennie et qui, en réalité, mène aux fondements des disciplines en question. Par conséquent, l’intervention s’inscrit à cheval sur deux axes proposés pour ce colloque : Modèles et applications et Rapports interdisciplinaires. En effet, d’un côté nous ferons référence aux cadres théoriques de l’anthropologie et de la sémiotique, de l’autre côté nous essayerons d’en constater l’adéquation par rapport à leurs objets d’analyse respectifs.
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Communication orale
Sémiotique et niveaux anthropiques. De l’immanence à la transcendanceLouis Hébert (UQAR - Université du Québec à Rimouski)
Je présenterai d’abord mon interprétation de la théorie des zones anthropiques de François Rastier, zones qui articulent le sémiotique et le représentationnel. Ensuite, prolongeant la théorie de François Rastier sur les trois niveaux de la pratique sociale – phénophysique, sémiotique et représentationnel –, j’intégrerai les zones anthropiques et les niveaux de la pratique sociale dans un ensemble plus large que j’appelle les « niveaux anthropiques », soit les niveaux ontologiques dans lesquels baigne et se meut l’humain. Les grands niveaux sont le transcendant et l’immanent. Les niveaux immanents sont : le physique, le biologique et le cognitif. Le cognitif se subdivise dans les catégories suivantes : le senti (les perceptions physiques), le ressenti (les affects), le sémiotique (signifiants et signifiés) et le représentationnel (les « images » mentales, etc.). Étendant la distinction de Rastier entre le phénophysique (le monde tel que nous le percevons) et, implicitement, le nouménophysique (le monde en soi tel qu’il est), j’appliquerai la distinction nouméno- et phéno- à l’ensemble des grands niveaux et niveaux anthropiques. Je terminerai en abordant la question des relations entre immanence et transcendance.
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Communication orale
De l’anthropologie à l’anthropogénie : Homo animal techno-sémiotiqueMarc Van Lier (Fondation Anthropogénie Henri VAN LIER)
Un socle commun à toutes les anthropologies serait-il envisageable? Une anthropologie fondamentale pourrait-elle fournir une telle assise? Plus radicalement, l’étude de la constitution même d’Homo serait-elle un meilleur point de départ? Au bout du compte, une anthropogénie ayant pour thème la constitution d’Homo dans l’Univers pourrait-elle devenir un fondement possible pour toutes les sciences humaines? Dans son œuvre, Anthropogénie, à laquelle il a consacré 20 ans de sa vie (1982-2002), Henri Van Lier s’est confronté à ces questions. Il les a parcourues systématiquement en trente chapitres, dont quatre proposent des liens forts entre anthropogénie, sémiotique, technique et anthropologies. Homo serait un animal techno-sémiotique. S’appuyant sur son travail, cette brève communication s’intéressera aux origines communes de la technique et de la sémiotique, et plus fondamentalement au socle bio-techno-sémiotique original dont bénéficie cet animal sans équivalent que nous appelons aujourd’hui Homo.
Session 3
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Communication orale
Le pouvoir symbolique : un programme de recherche dans l’analyse des signes linguistiquesBastien Roques (Université Bordeaux Montaigne)
Nous proposons dans cette contribution de réfléchir sur le concept de pouvoir symbolique. Élaboré comme tel par le sociologue français Pierre Bourdieu au travers d’une œuvre marquée par son ouverture sur l’ensemble des sciences sociales, ce concept a été appliqué à de nombreux objets d’étude et concentre encore aujourd’hui de fertiles perspectives de recherche. Fortement influencé par les travaux du philosophe Ernst Cassirer, Pierre Bourdieu a perçu les agents sociaux comme des « animaux symboliques ». Dans cette perspective, le pouvoir symbolique est le pouvoir que des agents sociaux exercent sur d’autres dans l’imposition et dans la transformation de perceptions via la médiation de signes. Appréhendé comme tel, ce concept engage tout un programme de recherche dans l’analyse des signes, y compris ceux spécifiquement linguistiques, perçus comme étant les vecteurs de pouvoir symbolique sous réserve que certaines conditions sociales soient réunies.
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Communication orale
L’esthétique comme science normative : vers une stylistique peircienne des rapports sociauxFrançois Cooren (Université de Montréal), Frédéric Dion (UdeM - Université de Montréal)
Cette proposition a pour objectif de présenter un dispositif de recherche élaboré en vue d’enquêter sur le « style », conçu comme modalité d’incorporation et de thématisation de l’expérience esthétique qu’ont les acteurs sociaux de leur environnement quotidien. Un pan de la recherche actuelle en esthétique définit celle-ci comme un type de rapport (perceptuel, cognitif, pratique) particulier au monde que les êtres humains entretiennent avec lui afin de réfléchir et de ménager, sur le mode de l’engagement et au quotidien, leur inscription dans ce monde. L’expérience esthétique, bien qu’intrinsèque à l’expérience humaine, n’a que peu été prise en compte jusqu’à maintenant dans la recherche empirique en sciences sociales autrement qu’en reproduisant l’aporie d’une identité entre le beau et l’esthétique. Dans la perspective de combler cette lacune, la question se pose de la manière dont on peut enquêter sur cette expérience esthétique, sur le sens qui lui est conféré, considérant qu’elle résulterait souvent, selon plusieurs, en une compréhension au moins partiellement tacite, donc relevant de l’indicible. Notre hypothèse est que le corpus peircien contient quelques pistes de solution intéressantes, face à cette difficulté, notamment dans sa compréhension de l’esthétique comme science normative, ou dans le lien trouble que Peirce identifie entre priméité et conscience.
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Communication orale
De monographie à holographie : comment rendre compte de la complexité de l’expérienceJesse Schnobb (UQO - Université du Québec en Outaouais)
Après 100 ans de recherche en gestion de projet, le succès des projets demeure l’exception plutôt que la règle. C’est pourquoi je me suis intéressé à la philosophie des gestionnaires de projet à succès. Le premier défi de cette enquête a été de reconnaître la diversité des pratiques et donc des philosophies en utilisant l’anthropologie philosophique (Latour, 1997, 2007a, 2007b). Le deuxième défi relevé est que pour comprendre une autre philosophie, il faut passer par l’expérience dans le sens qu’en donne John Dewey (1938). Ce faisant, l’enquête devient une expérience textuelle. Le troisième défi relevé est que dans le déplacement de la référence du terrain au papier, il faut utiliser une projection. Le concept de projection provient du domaine de la cartographie mis en valeur par la sémiologie graphique de Jacques Bertin (2013). Le troisième et dernier défi relevé par cette enquête concerne l’intégration des trois solutions identifiées en une seule pratique de gestion de projet scientifique. C’est en empruntant le principe d’holographie de la physique optique que cette intégration est possible (Hecht, 2005). C’est la présentation des trois étapes de cette pratique d’inscription des données holographique qui est le but de cette présentation (Schnobb, 2020). Cette pratique holographique permet de prendre conscience des transformations de la référence que nous réalisons lorsque nous écrivons.
Session 4
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Communication orale
Dramatisation et sémiotique du rite catholique de mariage : de la pédagogie à l’anthropologieÂngelo Cardita (Université Laval)
Cette communication offrira une relecture de notre expérience pédagogique comme responsable d’un cours de théologie sacramentelle sur le mariage catholique. Le cours s’est approprié la sémiotique du théâtre pour initier les étudiants à l’analyse dramaturgique des programmes rituels contenus dans les livres liturgiques, ainsi qu’à l’interprétation sémiotique des actes liturgiques vivants. D’un point de vue théologique, le but a été celui d’élaborer une théologie à partir de la liturgie en acte, en consonance avec le tournant pragmatique du cognitivisme et cela dans une perspective interdisciplinaire. Les étudiants ont été invités à travailler à la scénographie du rituel et à relire cette scénographie d’un point de vue sémiotique. En effet, définissant le sacrement comme « signe qui réalise ce qu’il signifie », la théologie renvoie à la sémiotique. La question anthropologique émerge à la suite de cette ouverture. Si dans la mise en scène « tout est signe d’un autre signe », alors de quel signe sont signe ceux qui se marient selon le rituel catholique? À un moment de l’histoire marqué par les enjeux de genre, d’égalité homme-femme, de transformation de la notion de famille, etc., la réponse à cette question est particulièrement importante.
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Communication orale
Funérailles bamiléké et pratiques artistiques : approche sémiostylistiqueAxel Bérand Nguepsie (Université Laval)
Les cérémonies funéraires bamiléké (Cameroun) ne peuvent-elles pas être caractérisées par une situation de créativité artistique? Le constat empirique qui se dégage des rituels funéraires chez les Bamiléké du Cameroun fait état du foisonnement des pratiques et représentations collectives. Celles-ci ont souvent fait l’objet, dans la littérature existante, d’interprétations mettant en avant leurs fonctions sociales et cultuelles. Malgré les jalons d’une analyse prenant en compte les aspects artistiques de ces institutions sociales, jetés par quelques chercheurs, cette perspective ne semble pas avoir bénéficié d’une attention suffisante pour l’explorer dans sa pleine mesure. Ainsi, l’objectif de ce travail est de documenter quelques catégories artistiques mises en œuvre à travers les funérailles chez les Grassfields, en expliquant l’agentivité des deuilleurs dont la créativité génère une dynamique interne des funérailles. Cette réflexion prend appui sur des données d’observation de quelques cérémonies de la seconde sépulture au sein de la communauté Fotouni qui abrite une chefferie de deuxième degré du bassin ethnoculturel bamiléké à l’Ouest du Cameroun. Après avoir précisé le cadre théorique et méthodologique, nous convoquons la sémiostylistique de Molinié afin d’analyser successivement les caractéristiques de la poésie orale funéraire, l’esthétique théâtrale des cérémonies observées ainsi que leurs significations socioreligieuses.
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Communication orale
Marques corporelles féminins dans le grassfields camerounais : lecture anthropologique des signes de kòó’ fó « inciser remède » et de tcha’a boum « tacheter le corps »Brice Dimitri Tsona Zapzi (Université de Yaoundé 1)
La pratique du kòó’ fó « inciser remède » aboutit aux marques parallèles et le tcha’a boum « tacheter le corps » est indiqué par des dessins qui restent incompris et non appréciés à leur juste valeur dans le grassfields camerounais. De ce constat, cette communication ambitionne de donner la signification culturelle des signes relatifs au kòó’ fó et au tcha’a boum sur le corps de la femme. Pour parvenir aux résultats attendus, les entretiens individuels approfondis et l’observation directe ont facilité la collecte. L’analyse de contenu est la démarche utilisée pour les discours liés aux signes du kòó’ fó et du tcha’a boum. Les résultats obtenus montrent que le kòó’ fó permet de réaliser les signes corporels. En effet, sur le front, cinq incisions sont faites contre quatre sur la nuque. Quatre traits sont tracés sur le cœur. Les reins et la vessie sont marqués de sept et de neuf traits. Quatre traits sur le bras gauche et cinq sur le bras droit sont appliqués. Ainsi, le chiffre trois représente le sexe masculin, quatre le sexe féminin, cinq les doigts de la main, sept et neuf le pouvoir des notables et la durée d’une grossesse. En ce qui concerne le tcha’a boum, il est matérialisé sur le corps féminin par le léfó qui est un instrument de musique à deux entrées pour signifier la dualité fondamentale. Il est aussi indiqué par le serpent et le margouillat pour symboliser les attributs totémiques.
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Communication orale
Sémiotique et études de genre : la resignification de la femme indigène brésilienneVanessa Pastorini (USP)
Cette communication invite à réfléchir aux transits de corps et de genres des femmes indigènes brésiliennes, chargées de significations et de modes de vie qui leur sont propres, comme citoyennes d'une nation et comme membres d'un groupe ethnique. Face à une société coloniale territorialiste, nous souhaitons réfléchir à la re-signification de ces vies marginalisées insérées dans la sémiosphère de la culture brésilienne. Nous partons d'une prise de contrôle d'espaces auparavant interdits, en passant par le champ littéraire et la montée en puissance des personnalités dans les médias sociaux. De nouvelles significations des femmes indigènes sont construites, ce qui nous amène à remettre en question des valeurs qui relèvent du sens commun. L’intervention s’inscrit dans le cadre théorique de la sémiotique greimassienne, se tournant vers son développement actuel, à partir des réflexions proposées par les formes de vie de Fontanille et l’école russe de Lotman. On fait aussi une relation avec les études de genre et d’intersectionnalité pour penser une culture donnée face aux formes de vie jetées à la périphérie sociale – des sujets marginalisés qui transitent vers la position de sujets actifs.
Invitation
En partenariat avec le séminaire-atelier de lecture La Reconstruction, dirigé par François Rastier (ER-TIM INaLCO et CNRS) et Emmanuelle Prak-Derrington (Université Lyon II), nous vous invitons à vous connecter à la conférence de Jean-Michel Fortis (CNRS, Université Paris-Diderot) sur le linguiste et anthropologue Edward Sapir.
Lien Zoom : https://cnrs.zoom.us/j/93208901545?pwd=d3B1bDRvbUp3UnZwbCtMOEZwUm5rUT09.
12h - 13h15 heure du Québec / 18h - 19h15 heure de France.
https://lareconstruction.fr
Session 5
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Communication orale
De la sémiologie des médias informatisés à l’anthropologie du numérique : enquêter sur la réalité virtuelle en France et en Corée du SudPauline Brouard (Sorbonne Université)
Cette communication rend compte d’un cheminement qui s’est fait de la sémiologie des médias informatisés, vers l’anthropologie numérique, lors de l’écriture d’une recherche sur les usages de la réalité virtuelle en France et en Corée du Sud. Ainsi, nous présentons l’outillage théorique initialement choisi, issu de la sémiologie des médias informatisés et de travaux en sciences de l’information et de la communication qui s’intéressent aux usages numériques. Plusieurs questionnements épistémologiques et interdisciplinaires ont émergé de l’expérience de terrain. Celle-ci est liée à la maîtrise progressive de la langue coréenne, à la description sur le long terme de sociabilités numériques, à l’évolution des acteurs économiques nationaux et internationaux du marché de la réalité virtuelle, etc. Nous montrons donc comment l’enquête ethnographique, menée sur un terrain comparé en France et en Corée du Sud, a conduit à une densification épistémologique au prisme d’un dialogue entre des cadres notionnels empruntés aux sciences de l’information et de la communication, mais également aux disciplines de l’enquête dont l’anthropologie, ainsi qu’aux études coréennes. En portant une attention soutenue aux pratiques numériques ordinaires, s’est imposée la nécessité d’interroger ce qui peut relever du « culturel ». Un éclairage intéressant nous est apporté par l’anthropologie numérique qui témoigne d’un même geste intellectuel d’analyse indicielle commun aux études sémiotiques.
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Communication orale
Entre échos identitaires et prises de position idéologiques : la sémiotisation de l’appartenance ethnique et politique sur Facebook au Cameroun (2018-2021)Jean Emmanuel Etegle Meka (UQAR - Université du Québec à Rimouski)
Le Cameroun doit sa particularité anthropologique à la grande mosaïque des peuples qui le constituent. Fort de la grande diversité ethnique et linguistique qui le singularise, le pays est souvent présenté comme l’Afrique en miniature. La brutalité même de la colonisation n’est pas parvenue à y bâtir un État avec une conscience nationale à l’abri de remous irrédentistes. Démocratie sur le papier depuis les années 1990, le jeu politique s’est pourtant refermé à un pluralisme pertinent et la grogne sociale, teintée de dépit, a trouvé des lignes de fuite dans la conscience identitaire de certains grands groupes ethniques constitutifs de la nation camerounaise. Le malaise qui sourdait depuis longtemps déjà a trouvé, sur les médias sociaux, notamment Facebook, un moyen d’expression privilégié. En analysant les produits sémiotiques que mobilisent les militants communicants, notamment ceux de trois partis politiques (RDPC, MRC, PCRN) nous nous fixons pour objectif d’interroger le tribut que paient l’intentionnement d’une part, le marquage d’autre part (Hébert, 2020) et la symbolique du discours au conditionnement des identités pré-étatiques sur Facebook au Cameroun. En recourant aux ressources éco-anthropologiques et sémiopoiétiques, nous analyserons le fait ethnique dans un choix de textes et d’images politiques. Au terme des analyses menées, nous établirons un lien entre l’appartenance ethnique et l’investissement au sein des partis dans le landernau politique camerounais.
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Communication orale
Circulation, déchéance et récupération des signes et des biens : interprétation iconologique de la photo de déchetsSimon Thibodeau (UQAM - Université du Québec à Montréal)
Les biens abandonnés à la collecte des ordures, dans les bennes à l’arrière des commerces ou en bordure de rue devant les résidences, sont relégués à l’oubli de la conscience sociale. Ils représentent communément des résidus indésirables de la production industrielle. Jugés insignifiants, on veut les faire disparaître. En marge de cette compréhension normative de la signification des déchets, des personnes entretiennent avec ces biens abandonnés un rapport signifiant tout autre de revalorisation : des glaneurs urbains ou des récupérateurs informels, mais aussi des personnes qui, au gré de leurs déambulations quotidiennes ou d’une activité de recherche plus volontaire, prennent des photos d’ordures qu’elles partagent ensuite sur les réseaux socionumériques au sein de groupes dédiés à la (re)circulation de leurs trouvailles. En analysant certaines de ces photos, je chercherai à comprendre et à montrer la signification de cette pratique singulière. Au vu de ces images, le déchet apparaît comme un signe paradoxal pointant le néant, l’oubli ou l’insignifiance. Le concept de déchet, comme jeu de significations entre bien produit, possédé, déchu puis réhabilité, permet d’interroger plus largement les imbrications d’une économie des signes dans l’organisation sociale.
Session 6
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Communication orale
Le projet égyptologique Oudjat : entre anthropologie du regard, neurosciences et sémiotique visuelleValérie Angenot (UQAM - Université du Québec à Montréal)
Pour retranscrire en images des récits se déployant dans le temps et dans l’espace, sur les parois bidimensionnelles de leurs tombes, les anciens Égyptiens ont dû trouver des solutions pratiques permettant de réduire les données 4D en 2D. J’ai découvert, il y a quelques années, qu’ils avaient mis en place un système de vectorialités (schémas de lecture établis sur des vecteurs temporels et spatiaux), qui rendent la lecture pragmatique des images signifiante. À ce jour, l’analyse sémiotique de ce corpus a permis d’élaborer des modèles théoriques décrivant les modalités de conception des images égyptiennes et la praxis communicationnelle qu’elles supposent. Je souhaiterais à présent amorcer la toute première recherche expérimentale en sémiotique de la réception des images égyptiennes, grâce à la technologie oculométrique. Les paramètres physiologiques constitutifs de l’acte de lecture des parois égyptiennes seront captés, enregistrés et mesurés à l’aide d’un oculomètre par le NeuroLab de l’UQAM, qui les analysera ensuite avec des spécialistes en cognition lectorielle. Ce projet interdisciplinaire rassemble des expertises en égyptologie, anthropologie du regard, oculométrie, neurosciences, psychologie cognitive, sémiotiques visuelle et cognitive. Il sera aussi question, dans cette présentation, des défis que suppose une telle approche interdisciplinaire.
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Communication orale
Le document photographique comme outil d’analyse anthropologique. Cas d’étude : le patrimoine visuel de la ville de Tétouan, MarocSanaa Giniari (Université Abdelmalek Essaadi)
Le patrimoine photographique de la ville de Tétouan, constitue une mine d'une importance notoire qui invite tout chercheur, ethnologue ou anthropologue, à mettre ses concepts et outils d'analyse à l'épreuve. À travers l'étude d'une collection du photographe espagnol Francisco Gracia Cortes, pour cette cité ancestrale entre 1940-1960; nous allons nous approcher au plus près de l'utilisation du document photographique, comme objet culturel et surtout comme support de recherche, qui prend de plus en plus d'importance dans les domaines consacrés aux études postcoloniales en ethnologie, compte tenu de la pluralité et la richesse de ses utilisations possibles. Les prises de Cortes pour cette ville semblent mobiliser tout un éventail de savoirs, de savoir-faire, d'imaginaires, pour une représentation et une construction d'une réalité.
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Communication orale
Signe de changement ou l’art d’effectuer des retournements doxiques. Les cas de Yinka Shonibare et de Kehinde WileyLynn Bannon (UQAM - Université du Québec à Montréal)
À travers une brève analyse croisée des œuvres de l’anglo-nigérien Yinka Shonibare et de l’américain Kehinde Wiley menée à l’aune de la sémiotique des cultures, nous découvrirons que ces dernières transgressent et renversent les doxas en (ré)intégrant dans l’Histoire de l’art la présence de la communauté noire longuement écartée de la mémoire historique. En prenant comme point de départ leur intérêt commun pour les interactions sociales et les échos de celles-ci sur les objets d’art, nous verrons que les deux créateurs méditent sur l’expérience anthropique, sur la notion de pouvoir et sur l’hybridité culturelle. En effet, Shonibare ramène à l’intelligibilité les systèmes tumultueux des rapports de domination impérialiste pour tenter de démystifier les poncifs culturels et déconstruire les concepts d’authenticité qu’il interroge de manière critique par l’emploi du batik, une matière textile revendiquée comme signe identitaire par les Africains durant la période de décolonisation du continent. Pour sa part, Wiley métisse les schèmes traditionnels de représentation véhiculés dans l’art occidental à des personnages afro-américains assimilés à la culture hip hop pour rendre caduque l’univers des références artistiques conventionnelles et, dans le même temps, opérer un retournement ironique de la hiérarchie instituée du High art et du Low art. En somme, nous souhaitons mettre en exergue les mouvances culturelles qui s’opèrent au sein d’une sémiosphère.
Session 7
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Communication orale
Poèmes en transfert. Réflexions à partir de Partition rouge, de Florence Delay et Jacques RoubaudÉléonore Devevey (Université de Genève)
L’objectif de cette communication est d’éclairer les opérations sémiotiques qu’impliquent la transcription par des anthropologues de performances orales en corpus écrits, et leur requalification en poésie par des écrivains. Que se passe-t-il lors de telles opérations? Y a-t-il une façon propre aux anthropologues, une autre propre aux poètes, de faire cas des « signes humains »? Partition rouge, sous-titré Poèmes et chants des Indiens d’Amérique du Nord (Paris, Seuil, 1988), constitue un bon poste d’observation pour soulever de telles questions. Il s’agit d’un recueil de textes prélevés, pour la plupart, dans les travaux d’anthropologues américains, traduits et présentés par les écrivains français Florence Delay et Jacques Roubaud. On s’attachera tout particulièrement à la version que proposent Delay et Roubaud de « chants pour écorce » recueillis auprès des Indiens chippewa par l’ethnomusicologue américaine Frances Densmore au début du XXe siècle. Ces textes, qui sont les produits de chaînes de médiation complexes, font apparaitre en surimpression trois états de l’événement poétique, impliquant trois communautés de réception, induisant donc des démarches interprétatives d’ordres distincts. Un tel objet constitue donc un cas pertinent pour s’interroger sur les fonctionnements sémiotiques propres au discours anthropologique et au discours poétique, aux types de connaissance et de représentation auxquels chacun d’eux donne lieu.
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Communication orale
Interaction de l'anthropologie et de la sémiotique dans la littérature de voyage : un aspect visuelOlha Romanova (Institut de la littérature de T. Chevchenko de l’Académie des sciences de l’Ukraine)
La littérature de voyage est représentée par un corpus de textes assez hétérogène, qui sont généralement réunis par le thème du voyage, qu'il soit géographique réel ou imaginaire. L'étude de ce type de littérature au XXIe siècle acquiert une importance particulière en raison de l'évolution de la situation culturelle dans le monde et de l'influence des nouvelles théories littéraires, ce qui nécessite une révision des approches établies et existantes de ces textes et de leur regroupement. Dans cet exposé, je voudrais montrer comment la tradition orale et littéraire dans la littérature de voyage est liée à l’importance de l’image du point de vue du développement des idées anthropologiques et sémiotiques dans la littérature française et ukrainienne. La problématique pratique et théorique de l'étude de « l'image » d'un point de vue sémiotique et anthropologique conduit au croisement de plusieurs disciplines. Dans la littérature de voyage, cela est lié non seulement à l'intrigue (réelle ou fictive), mais également à la tâche de l'œuvre (description, propagande, etc.). Pour montrer ce lien complexe mais important, je propose de considérer les points clés de l'image comme un symbole sous forme d'illustrations réelles et d'ekphrasis.
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Communication orale
Le système de signes dans les salons littéraires français : analyse d’une transformation sémiotique au cours des sièclesFedra Rodríguez (Universidad Complutense de Madrid)
En gros, le salon est un rassemblement social dont le point de « cristallisation » est une femme. La France est le pays où ce modèle archétypique de sociabilité informelle s’est répandu, même si ses origines remontent à la Grèce Antique. Cependant, ce modèle s’étend bien au-delà de la Renaissance et demeure jusqu’au XXe siècle. Néanmoins, la structure dudit phénomène et même le terme utilisé pour en parler ne sont pas restés les mêmes. Alors, on formule le point clé d’une discussion : quels changements ont eu lieu au sein du système « salon » au fil des siècles du point de vue de la sémiotique? Cette communication vise à analyser la façon dont s’opère la transformation des signes non verbaux des « salons » entre les XVIe et XXe siècles, dans le cadre de l’historiographie culturelle et littéraire de la France. Également, on discutera des systèmes sous-linguistiques qui peuvent être examinés à partir des différents processus de sémiosis. À cet effet, on s’appuiera sur la théorie de Lotman et sur l’analyse des comportements et de la sociabilité de ces milieux enregistrés dans différentes sources historiques.
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Communication orale
Le regard anthropologique et l'expérience de pensée dans les microrécits de Jean PaulhanLouis Jacob (UQAM - Université du Québec à Montréal)
S’appuyant sur les premiers résultats d’une recherche en cours sur l'œuvre de l'écrivain français Jean Paulhan (1884-1968), la communication présente d’abord une analyse sémiotique de trois microrécits de Jean Paulhan — Orpaillargues, Les cœurs changent et Égyptiennes —, analyse qui tente de montrer comment y est déconstruit le regard anthropologique. Dans un deuxième temps, cette fois dans une perspective davantage sociocritique, les microrécits sont mis en parallèle avec l’essai pseudo ethnographique de 1909 intitulé Le repas et l'amour chez les Mérinas. Dans un troisième temps, il s’agira d’évaluer dans quelle mesure les propositions souvent déconcertantes de Paulhan en vue d’une science de l’interprétation (qu’on trouve dans Le traité du ravissement, Les fleurs de Tarbes, Clef de la poésie, Petite préface à toute critique, ou Le don des langues) contribuent à créer des ponts interdisciplinaires, et à revaloriser l’expérimentation et la recherche-création dans les sciences humaines. Paulhan est en outre l’auteur d’une poétique qui s’inspire à la fois de la sémiotique et de la pragmatique, et de plusieurs essais proches de l’anthropologie culturelle et de l’anthropologie cognitive, à bien des égards précurseurs des problématiques actuelles.
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Communication orale
Heuristique et rhétorique dans l’esthétique romanesque d’Édouard GlissantMohamed Lamine Rhimi (Université de Tunis)
La rhétorique de Glissant s’apparente organiquement à l’heuristique pour revisiter l’Histoire de la Traite négrière dans l’intention d’autoriser sa littérature à en démêler le mystère. C’est ainsi, à notre avis, que l’écrivain réussit à conclure un pacte entre la rhétorique et la littérature, qui change la donne anthropologique dans l’aire des Caraïbes. C’est ainsi aussi que se profile le projet littéraire glissantien, qui a trait à l’historiographie, à l’archéologie, à l’ethnologie et dont l’une des questions fondamentales est annoncée dès l’origine, dans La Lézarde (1958) : « Comment comprendre cet homme [antillais]? ». Telle est l’assise sur laquelle fonctionnent les liaisons dialectiques qui se tissent entre la rhétorique et la poétique de Glissant. Ces liaisons privilégient l’investigation archéologique comme méthode heuristique, permettant au romancier de percer les secrets du réel antillais et de récuser toute forme de folklorisation. C’est la particularité de cette heuristique qui est menée dans Le Discours antillais : « La misère de nos pays n’est pas seulement présente, patente. Elle comporte une dimension d’histoire […] dont le seul réalisme ne rend pas compte. C’est pourquoi les ouvrages dont je parle sombrent souvent dans une folklorisation simplifiée qui annihile leur effort d’investigation ». Quelles articulations s’établissent-elles alors entre l’heuristique et la rhétorique dans l’esthétique glissantienne? Quel en est l’enjeu sémiotique et artistique?
Grande conférence
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Communication orale
Vernaculaire? Ethnologues et écrivains devant l’oralitéJérôme Meizoz (Université de Lausanne (Suisse))
À partir d’une réflexion sur les pratiques dites « vernaculaires », il s’agit de présenter quelques situations, études de cas dans lesquelles un individu lettré fait face à l’oralité d’autrui. Expérience d’écoute et d’interprétation que les ethnologues (Robert Hertz) et les écrivains (Henri Barbusse) ont en commun. Elle mérite d’être décrite de près pour comprendre ce que l’outillage de la culture écrite fait à/de l’expérience vernaculaire. Exposé à partir d'un essai récent : Jérôme Meizoz, Écrire les mondes vernaculaires. Littérature, ethnologie et création sociale, Rimouski/Trois-Rivières, Tangence éditeur, coll. « Confluences », 2021.