Informations générales
Événement : 89e Congrès de l'Acfas
Type : Colloque
Section : Section 200 - Sciences naturelles, mathématiques et génie
Description :Les environnements aquatiques d’eaux douces, que l’on parle des lacs, des rivières ou du fleuve Saint-Laurent, sont aux prises avec différents problèmes d’apports excessifs de nutriments (p. ex., azote et phosphore), de sédiments, de matières organiques, de pesticides et de polluants émergents. Ces apports provoquent dans plusieurs cas une eutrophisation accélérée, avec ses conséquences comme les fleurs d’eau de cyanobactéries et l’envasement, et une détérioration de la qualité de l’eau qui affecte les écosystèmes aquatiques. De plus, plusieurs municipalités du Québec connaissent des enjeux d’approvisionnement en eau potable, car leurs sources d’eau font face à ces mêmes problèmes. Ironiquement, plusieurs dizaines de municipalités ne traitent pas encore leurs eaux usées avant de les relâcher dans les cours d’eau, ou encore les traitent de manière insuffisante (traitement primaire uniquement). Cette charge a des conséquences considérables sur la santé des écosystèmes aquatiques et des sources d’eau potable situées en aval de ces rejets : elle amplifie les problèmes mentionnés précédemment! Et ce, sans compter les conflits d’usages (pêche, usages récréatifs, agriculture, développement domiciliaire, etc.) et les autres vulnérabilités des sources d’eau potable (p. ex., changements climatiques, inondations) que les municipalités doivent gérer.
Ce colloque s’intéresse à la vulnérabilité des sources d’eau potable, à l’impact des changements climatiques sur la qualité de l’eau et la traitabilité de l’eau potable, à la composition des rejets urbains et agricoles et aux répercussions de ces rejets sur les écosystèmes. Il est organisé conjointement par deux regroupements stratégiques financés par les Fonds de recherche du Québec — Nature et technologies, soit le Centre québécois de recherche sur la gestion de l’eau (CentrEau) et le Groupe de recherche interuniversitaire en limnologie (GRIL). Comme les champs de recherche des deux groupes sont complémentaires, ce colloque fera avancer les connaissances en connectant le domaine des écosystèmes d’eaux douces et celui de la gestion de l’eau : la dégradation de la qualité de l’eau et ses conséquences sur les communautés aquatiques et humaines. Le changement de la qualité de l’eau peut modifier la composition des écosystèmes d’eau douce (GRIL) et avoir une influence sur la qualité de l’eau potable (CentrEau), sans compter que les rejets d’eaux usées (CentrEau) ont une incidence sur ces écosystèmes (GRIL). Cette collaboration permettra de faciliter et d’accélérer l’avancement des connaissances en mettant en commun les expertises complémentaires des deux regroupements. De plus, des questions éthiques et philosophiques importantes émergent des enjeux qui seront abordés dans le cadre du colloque et discutés au moment de la conférence de clôture.
Date :- Sarah Dorner (Polytechnique Montréal)
- François Guillemette (UQTR - Université du Québec à Trois-Rivières)
- Marie-Andrée Fallu (UdeM - Université de Montréal)
- Valérie Sanderson (CentrEau - Centre québécois de recherche sur la gestion de l'eau)
Programme
La santé des cours d’eau : concilier les usages anthropiques de l’eau et la conservation des écosystèmes d’eau douce
Conférence d’ouverture : Les défis de l’aménagement du territoire et la conciliation des usages
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Communication orale
Encadrement et conciliation des usages du territoire pour assurer la santé des cours d’eau : défis et perspectivesAntoine Verville (Communauté Métropolitaine de Québec)
Les défis en matière de santé des cours d’eau sont nombreux. Nos décisions en aménagement du territoire influencent la qualité et la disponibilité en eau. Elles doivent être prises en considérant l’échelle du bassin versant et viser une conciliation des différents usages de la ressource, tant en matière d’approvisionnement en eau potable que de soutien aux activités économiques et récréatives ou de maintien de services écologiques. Une telle conciliation des usages fait partie des préoccupations de la région métropolitaine de Québec. Un cadre règlementaire pour la protection des bassins versants de prise d’eau potable a été développé, une Vision métropolitaine de l’eau et une Trame verte et bleue métropolitaine ont été adoptées et une révision du Plan métropolitain d’aménagement et de développement est en cours et vise notamment à limiter l’empiétement des milieux urbains sur les milieux naturels. Cette présentation abordera chacune de ces initiatives et soulèvera les défis d’ordre règlementaire et légal ainsi qu’en matière d’échelles de planification, de concertation et d’équité sociale et fiscale que soulève la protection de la ressource eau par un contrôle des usages.
Table ronde : Qualité de l’eau et santé des écosystèmes en amont des prises d’eau potable
Présentation des panélistes (tour de table et courtes présentations des recherches pertinentes sur le sujet) et discussion entre les panélistes au sujet de la vulnérabilité des sources d’eau potable, la qualité de l’eau et la traitabilité de l’eau potable, tout en tenant compte les changements climatiques.
Table ronde : Qualité de l’eau et santé des écosystèmes en aval des sorties d’eaux usées
Présentation des panélistes (tour de table et courtes présentations des recherches pertinentes sur le sujet) et discussion entre les panélistes au sujet de la composition des rejets urbains et agricoles et des impacts des rejets sur les écosystèmes.
Conférence de clôture : Éthique de l’usage anthropique de l’eau
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Communication orale
Éthique et gouvernance de l’eau : penser à partir des fonctions de l’eauMarie-Hélène Parizeau (Université Laval)
Les éthiques de l’eau et les schémas de gouvernance de l’eau ont tendance à focaliser sur les usages anthropiques de l’eau, en particulier l’eau potable. Cette instrumentalisation de l’eau à des fins humaines variées mène à des conflits d’usages à tous les niveaux, des groupes aux États, en passant par les municipalités. Dans les pays du Nord comme du Sud, les enjeux se focalisent alors sur des rapports de force économiques et politiques avec une course à l’innovation technologique. Comment modifier cette perspective conflictuelle ? Est-il suffisant d’y inclure des considérations écocentristes, comme la protection des écosystèmes ? Peut-on penser autrement une éthique à partir des fonctions de l’eau qui obligerait de les considérer du point de vue normatif ? Les rôles de l’eau qui participent du climat, de la diversité, de l’habitat naturel, de la subsistance et de la santé humaines, peuvent-ils servir à fonder un concept d’interdépendance et donc une nouvelle éthique de l’eau ?