111 - Colloque de lancement du réseau québécois sur les déterminants périnataux de la santé de l’enfant

Introduction : Les facteurs de risques périnataux de greffe chez l’enfant sont peu connus. Nous avons identifié les complications périnatales qui étaient associées au risque de greffe pédiatrique.

Méthodes : Nous avons mené une étude de cohorte rétrospective de 1,038,375 enfants nés entre 2006-2019 au Québec. Les expositions incluaient des complications périnatales telles l’oligohydramnios, la prématurité, les anomalies congénitales et les transfusions sanguines. L’issue principale était une greffe d’organe ou de tissu avant l’âge de 14 ans. Nous avons estimé des rapports de risques (Hazard ratios, HR) à l’aide de modèles de régression de Cox, avec ajustements pour les caractéristiques des patients.

Résultats : 436 enfants ont eu une greffe avant l’âge de 14 ans pendant 7,712,678 personnesannées de suivi. Les complications néonatales étaient davantage liées au risque de greffe que les complications maternelles. Une anomalie congénitale ou une transfusion sanguine néonatale augmentait respectivement 3.54 (95% CI 2.85-4.39) fois et 8.34 (95% CI 4.98-13.97) fois le risque de greffe. La seule complication maternelle associée à une augmentation du risque était l’oligohydramnios, particulièrement avec le risque de greffe rénale (HR 16.88; 95% CI 8.14- 34.97).

Conclusions : Les complications périnatales incluant les anomalies congénitales, les transfusions sanguines néonatales et l’oligohydramnios sont associées à un risque accru de greffe jusqu’à l’âge de 14 ans

À la naissance, les signatures du microbiote intestinal sont différentes entre le nourrisson né à terme et le préterme (PT), signalant un possible explication des déficits neurodéveloppementaux chez le prématuré via l’axe de communication entre le cerveau et l’intestin. Cette étude vise à démontrer que le microbiote intestinal peut être un biomarqueur précoce d’une évaluation neuromotrice (EN) anormale à l’âge corrigé du terme (ACT) chez les PT.

Des échantillons fécaux ont été collectés à la naissance et à l’ ACT dans cette cohorte de PT pour cette étude longitudinale. L’ADN génomique a été extrait pour chaque échantillon et amplifié dans la région V3-V4 de l’ARNr 16S. L’analyse bio-informatique du microbiote a été réalisée grâce à QIIME2 (v2020.2). À l’ ACT, deux tests neuromoteurs ont permis d’évaluer l’état neurologique : « Amiel-Tison Test » et « Global Motor Assessment ».

Nous notons une plus forte prévalence de pathogènes opportunistes à la naissance et à l’ ACT chez le groupe à EN anormale. Dans la première semaine post-natale, le microbiote est caractérisé par une plus imposante présence d’Enterococcus sp. chez le groupe à EN anormale avec un log ratio de 2,31 (*P=0.02). L’indice de diversité Shannon est significativement plus élevé à la naissance chez les nourrissons à EN normale (*P=0.03).

Les niveaux de bactéries opportunistes sont plus élevés à l’ ACT chez les PT à EN anormal. La diversité du microbiote intestinale à l’ ACT est aussi réduite chez les PT à EN anormal

Contexte: Les enfants en surpoids et obèses présentent un risque élevé d'effets néfastes sur la santé, comme le diabète de type 2 et les maladies cardiovasculaires, plus tard dans leur vie. Les habitudes de vie sont des déterminants connus de l’adiposité chez l’enfant mais des études récentes suggèrent que l'exposition à certains produits chimiques pourrait aussi contribuer au problème, notamment les substances perfluoroalkylées (SPFAs), les polybromodiphényléthers (PBDEs) et le dichlorodiphényltrichloroéthane (DDT).

Objectif: Déterminer si l’exposition prénatale aux PFAS, PBDE et DDT est associée aux mesures anthropométriques chez l’enfant à différents âges.

Méthodes: Notre étude sera basée sur les données de la cohorte MIREC ainsi que les données d’enquêtes de suivi réalisées chez les enfants à 6 mois, 2-5 ans et 7-9 ans, où des évaluations anthropométriques ont été réalisées. L'exposition prénatale aux contaminants étudiés sera basée sur des mesures dans le sang maternel prélevé au premier trimestre de grossesse. Des modèles linéaires généralisés seront utilisés pour analyser les associations entre ces expositions et les mesures anthropométriques des enfants en tenant compte des facteurs de confusion potentiels. Nous examinerons si des facteurs comme la leptine et l’adiponectine chez le fœtus peuvent jouer un rôle de médiation dans ces associations. Enfin, nous examinerons les termes d’interaction entre les contaminants et le sexe de l’enfant.

INTRODUCTION: Des études corrélationnelles suggèrent que les services de garde éducatifs, disponibles à l’échelle de la population, constitueraient un moyen efficace pour réduire les inégalités sociales en éducation et en santé. De nombreux enfants sont exposés à ces services et certains y débutent leur intégration très tôt (< 1 an). Toutefois, peu d’études ont exploré le niveau de scolarité atteint et le devenir économique des enfants ayant fréquenté ces services. 

OBJECTIFS: Tester l’association entre la fréquentation de services de garde éducatifs, durant les premières années de vie (0-4 ans) et l’obtention d’un diplôme d’études secondaires ainsi que les revenus d’emploi à l’âge adulte (18-35 ans).

MÉTHODES: Étude prospective de suivi de cohorte sur 30 ans, avec couplage aux bases de données administratives gouvernementales (N=3020). RÉSULTATS: Les résultats indiquent des taux de diplomation du secondaire plus élevés et une probabilité réduite de faible revenu à l’âge adulte chez les garçons ayant fréquentés un service de garde éducatif accrédité de la petite enfance à l’entrée en maternelle ([OR] 1.39, [IC]:1.18–1.63; P < .001), [OR] 0.60, [IC]: 0.46–0.84 ; P< .001, respectivement). Aucune association significative n’a été trouvée chez les filles.

CONCLUSION: Les effets bénéfiques des services de garde éducatifs pourraient aller au-delà de la préparation à l’école, incluant la réduction de risque de décrochage scolaire et de pauvreté à l’âge adulte. 

Des études récentes ont démontré que la pandémie de la COVID-19 était associée à des difficultés de santé mentale chez les femmes enceintes. Cette étude vise à évaluer les propriétés psychométriques du questionnaire des préoccupations face à la COVID-19 chez les femmes enceintes (PCFE) et d’explorer ses liens avec des symptômes de santé mentale. L’étude longitudinale sur la résilience et le stress périnatal en temps de pandémie (RESPPA) comprend 827 femmes enceintes (M=30 ans ET=5.68). Elles ont complété des mesures de préoccupations face à la COVID-19 (21 items), et des mesures validées de l’anxiété liée à la grossesse, de l’anxiété générale et de la dépression prénatale. Une analyse factorielle a été employée afin d’évaluer la structure de la mesure des PCFE. Pour évaluer les associations entre les PCFE et les symptômes de santé mentale, des régressions ont été conduites et les modèles ont été ajustés pour l’âge, le revenu et les différentes vagues de la COVID-19. Le questionnaire des PCFE possède une structure factorielle à un facteur et une bonne cohérence interne α =.73. Le score des préoccupations face à la COVID-19 est un prédicteur significatif de l’anxiété liée à la grossesse, b=.32, l’anxiété générale b=.44 et la dépression prénatale, b=.48, p<.001. Étant donné que le stress maternel prénatal peut-être associé à des conséquences sur le développement de l’enfant des recherches futures doivent mieux documenter ces liens psychosociaux. 

La santé mentale des parents est un déterminant périnatal important du développement de l’enfant. Afin d’intervenir précocement, il est crucial de déterminer si l’impact des problèmes de santé mentale des deux parents ont le même impact sur le développement socio-émotionnel de l’enfant. Une revue systématique (PRISMA) a été réalisée dans (1) MEDLINE Ovid, (2) PsycINFO Ovid, (3) Social Work Abstracts Ovid, (4) Web of Science Core Collection, et (5) ProQuest Dissertations and Theses Global (1806-juin 2021). Du nombre total d’articles identifiés (n=1404), 156 articles furent révisés par un comités de d’évaluateurs (n=5) pour un nombre final de onze* articles rencontrant l’ensemble des critères éligibilités. Cinq articles furent inclus dans la méta-analyse. Une méta-analyse à effets aléatoires a donné lieu à une taille d'effet combiné significative de r= 0,11 (IC = [.08 - .14] ; p < .001). La méta-régression comparant les corrélations moyennes entre les trois groupes était significative (mère seule; r=0,138, p<0,001) ; (père seul; r=0,0835, p<0,001) ; (les deux parents; r=0,131, p=0,011). La corrélation moyenne des deux parents n'était pas significativement différente de celle de la mère seule (p=0,914) ni du père seul (p=0,396). Les résultats suggèrent que la santé mentale du père est un prédicteur du développement socio-émotionnel de l’enfant tout aussi important que celle de la mère. Les interventions périnatales doivent cibler la santé mentale des deux parents.

Certains auteurs suggèrent que les reflux gastro-œsophagiens (RGO) sévères du nourrisson peuvent entraîner des complications sérieuses jusqu’à l’âge adulte[1]. La compréhension de l’activité des muscles composant la jonction œsogastrique, qui assure le rôle de barrière contre les RGO, reste cependant très imparfaite.

L’objectif de cette étude est de mettre au point l’enregistrement de l’activité électrique (EMG) du pilier droit du diaphragme, constituant important de la jonction œsogastrique.

Huit agneaux nés à terme ont été instrumentés avec 1) des électrodes d’EMG dans le pilier droit du diaphragme; 2) un cathéter de pH-impédancemétrie œsophagienne pour identifier les RGO. L’activité EMG de base et durant les RGO a été enregistrée en continu.

Les résultats préliminaires montrent une diminution plus ou moins complète des bouffées d’EMG inspiratoire durant les RGO.

En conclusion, cette étude ouvre la voie à une meilleure compréhension de la jonction œsogastrique, incluant l’effet de diverses interventions. De plus, ces résultats uniques suggèrent que la contribution anti-RGO du pilier droit du diaphragme pourrait être importante surtout lors de l’inspiration, à un moment où l’étanchéité de la jonction œsogastrique est menacée par l’augmentation du gradient de pression entre l’estomac et l’œsophage.

[1] Nakayama, Y. et Ida, S. (2017). Endoscopic findings of esophagogastric junction in children. Digestive Endoscopy, 29(S2), 11‑17. https://doi.org/10.1111/den.12793

La prééclampsie (PE) est une condition spécifique à la grossesse parmi les principales causes de mortalité et de morbidité pour la mère et son enfant. Ce dernier est plus à risque d’avoir un faible poids à la naissance, d’être prématuré et de développer une maladie cardiovasculaire à plus long terme. Les microARN (miARN) en circulation sanguine maternelle ont le potentiel d’être de bons biomarqueurs de la PE. Notre objectif était d’identifier les miARN plasmatiques au 1^er trimestre de la grossesse prédictifs du développement de la PE. Les miARN circulants au 1^er trimestre de grossesse associés à la PE dans la cohorte de découverte Gen3G (N=407, 22 PE) et répliqués dans la cohorte 3D (N=284, 24 PE) ont été mesurés par séquençage de nouvelle génération. Les miARN répliqués ont été inclus dans un modèle de régression logistique afin d’évaluer leur pouvoir prédictif de la PE. Nous avons identifié 73 miARN différemment abondants chez les femmes PE vs les femmes normotendues (p<0,05) : cinq miARN ont été répliqués dans la cohorte 3D. Un modèle de prédiction incluant les miARN miR-148b-5p et miR-1278, la tension artérielle moyenne au 1^er trimestre et la parité atteint une aire sous la courbe ROC de 0,858 dans la cohorte Gen3G et de 0,850 dans la cohorte 3D. Les miARN offrent une voie prometteuse pour identifier les femmes à risque de PE dès le premier trimestre de grossesse afin de prévenir la maladie et les conséquences sur leur santé et celle de leur enfant.

L’avancement des connaissances en néonatalogie permet un taux de survie de 70% des grands prématurés (GP ; Lee et al., 2020). Néanmoins, les risques d’un neurodéveloppement (ND) altéré sont grands. Divers facteurs sont utilisés pour prédire la maturation cérébrale (MC) des GP (ex. âge gestationnel (AG), poids à la naissance, périmètre crânien ; Chau et al., 2013). Des outils technologiques tels que l’électroencéphalogramme (EEG) sont intégrés dans les pratiques des unités néonatales canadiennes. L’EEG permet de mesurer l’activité cérébrale des GP dès leur naissance et d’identifier des patrons d’activités anormaux de la MC (McCoy et Hahn, 2013). Ainsi, l’objectif du projet est d’identifier l’apport de certains marqueurs EEG dans la prédiction du ND d’une population de GP (N=42; 24-32 AG). Les GP, suivis depuis leur naissance, ont été soumis à divers tests (ex. EEG, évaluation développementale, questionnaires). Dans nos analyses EEG, nous nous intéressons à classifier les EEG des GP à l’aide d’un système de gradation développé par l’équipe de Plavidis (2019) et à savoir si cette technique ajoute de la précision dans l’identification des enfants à risque d’une MC altérée. De plus, des analyses de complexité sur le signal au repos des GP seront réalisées afin de mieux comprendre l’apport de cette mesure dans le contexte néonatal. Nous croyons que celles-ci seront un ajout dans la prise en charge des GP et nous aideront à mieux comprendre leur trajectoire neurodéveloppementale

La prématurité (PT) est associée à un risque accru de développer une maladie cardiovasculaire (MCV). Chez le rat, l’exposition néonatale à une hyperoxie mimant les conditions liées à la PT, mène à une dysfonction cardiaque (OIC, Oxygen-Induced Cardiomyopathy). Nous avons peu d’informations sur l’impact spécifique d’une hyperoxie sur les différents composants cellulaires dans le ventricule gauche (VG). Notre objectif est de caractériser de façon détaillé la structure du remodelage du VG dans la condition OIC.

Des ratons mâles sont gardés avec leur mère à 80% O2 (OIC) ou à l'air ambiant (CTRL) du jour J3 à J10. À J28, nous avons perfusé leur cœur avec du PFA 4%. Les VG sont analysés par stéréologie assistée par ordinateur. Les résultats (moyenne±SEM; OIC vs Ctrl) sont comparés en utilisant le test t (n=5/groupe).

À J28, la condition OIC augmente significativement la densité des myofibroblastes et des macrophages et diminue la longueur des artérioles dans le VG. Le volume des cardiomyocytes et des fibroblastes semble augmenter (P=0.06). La teneur en élastine et le volume de collagène périvasculaire, interstitiel et total est similaire entre les groupes.

L’approche stéréologique utilisée démontre que l’exposition néonatale à l’hyperoxie semble moduler les différents composants du VG.  Davantage de résultats seront nécessaire pour conclure sur l’impact de l’hyperoxie néonatale sur le remodelage cardiaque et son rôle à long terme sur le développement de MCV suite à une naissance PT.

Un enfant extrême prématuré (≤ 28 semaines) sur 5 présentera des lésions du cervelet au cours de son hospitalisation néonatale. À l’adolescence, ces enfants sont sujets à développer des troubles comportementaux. Nos objectifs étaient de décrire les conséquences neurologiques à long-terme des lésions périnatales du cervelet chez la souris, et de comprendre le rôle des microglies (cellules immunitaires du cervelet) dans la survenue de ces déficits. Des souris transgéniques ont été utilisées : avec ou sans microglies dans leur cervelet. Des lésions du cervelet ont été induites chez ces souriceaux âgés de 3 jours : hémorragie (Coll/Veh), inflammation (Veh/LPS), association des 2 lésions (Coll/LPS) ou contrôle (Veh/Veh). Une évaluation comportementale a été réalisée à l’aveugle entre 60 et 85 jours d’âge. Nos résultats sont en faveur d’une modification des comportements anxieux chez les souris mâles adultes. En présence de microglies, les souris mâles Veh/LPS et Coll/LPS passaient significativement (P≤0,01) plus de temps dans les bras ouverts du labyrinthe en croix surélevé (17,1 ± 9,8 %, n=7; 13,8 ± 8,4%, n=11) que les contrôles (4,5 ± 2,7 %, n=10). L’absence de microglies dans le cervelet au jour d’induction des lésions limite les déficits comportementaux observés. À terme, notre modèle se voudrait un outil à la recherche thérapeutique vis-à-vis des lésions du cervelet des enfants extrêmement prématurés.

Les individus nés prématurés présentent une capacité aérobie et une force musculaire inspiratoire réduite. Précédemment, nous avons montré dans un modèle de rat, mimant les conditions délétères de la prématurité, une atrophie, un changement de typage des fibres et une altération de la fonction musculaire périphérique. Cependant, les effets liés à la prématurité sur le diaphragme, muscle critique pour la capacité aérobie, restent inconnus.

Des ratons Sprague-Dawley ont été maintenus dans 80% d’O2 (OI, oxygen induced injury) ou en air ambiant (Ctrl) de 3 à 10 jour de vie. Les types de fibres, PGC-1α, marqueur de biogenèse mitochondriale, et la fonction musculaire du diaphragme ont été évalués à 28 jours chez les rats mâles.

Les rats OI présentent une fatigue musculaire précoce sans différence de force de contraction. On retrouve une augmentation de la proportion de fibres de type IIB (rapidement fatigable) chez les rats OI (3.81±0.95% vs. 0.19±0.06%). L’expression de PGC-1α est réduite chez les rats OI (0.29±0.07 vs. 1.00±0.67), avec une corrélation positive (r=0.829; P=0.04) avec la proportion des fibres IIA dans le groupe OI.

L’hyperoxie néonatale entraîne une expression plus élevée de fibres de type IIB dans le diaphragme de rats juvéniles, corroborant avec une plus grande fatigabilité. L’association de fibres de type IIA et de PGC-1α suggère un métabolisme mitochondrial altéré par l’OI et pourrait contribuer à la sensibilité des fibres aux changements de phénotype.