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Informations générales

Événement : 88e Congrès de l'Acfas

Type : Colloque

Section : Enjeux de la recherche

Description :

La recherche universitaire au Canada assiste à de plus en plus d’initiatives de réconciliation avec les peuples autochtones et à des tentatives d’autochtonisation d’institutions et de pratiques. Ces mouvements, inspirés par la critique décoloniale, visent à ce que les recherches servent en premier lieu aux communautés concernées (Smith, 2013). L’approche par recherche-action participative et les recherches partenariales ou collaboratives se présentent comme des méthodes valorisées pour mobiliser les communautés dans ce processus (Éthier, 2010). Ce surcroît d’intérêt des chercheurs et des étudiants pour les études autochtones est aussi lié à des possibilités de financement.

Cette situation contribue à une réappropriation de la recherche et de la parole par les communautés. Plusieurs ont démontré que cette démarche valide les études et contribue à bonifier les résultats qui en découlent (Asselin et Basile, 2012). De plus, les innovations sociales provenant du monde autochtone profitent à la société et aux recherches en général, en valorisant des perspectives et des épistémologies marginalisées (Smith, 2013).

Toutefois, cette popularisation des études autochtones n’est pas à l’abri des effets de mode. L’approche communautaire en recherche comporte aussi des limites et pose plusieurs défis et dilemmes. En outre, des concepts tels que la réconciliation et l’autochtonisation sont lourds de sens et doivent être employés avec parcimonie. De plus, ces approches ne garantissent pas qu’il ne puisse s’opérer une hiérarchisation des savoirs et des rôles dans les équipes et dans la répartition du financement. Il convient donc de réfléchir à ces nouvelles pratiques et aux manières de mener des études en milieux autochtones dans ce nouveau contexte en émergence.

Nous invitons des acteurs des milieux autochtones et leurs partenaires à venir échanger leurs expériences et leurs points de vue. Nous interrogerons des manières d’éviter des dérives et diverses formes d’instrumentalisation. Nous aborderons les défis (politiques, éthiques, méthodologiques et épistémologiques) liés à la mobilisation des savoirs, les conditions gagnantes pour que les gens des milieux autochtones s’approprient les recherches et des stratégies pour arrimer les innovations sociales communautaires à celles du milieu académique.

De par sa formule interdisciplinaire et internationale, le colloque encouragera un réseautage et un échange de bonnes pratiques. Il contribuera à sensibiliser les conférenciers et l’auditoire à plusieurs défis et écueils qui guettent les études adoptant des méthodologies communautaires.

L’événement est organisé par le Bureau du Ndakina du Grand Conseil de la Nation Waban-Aki. La présence de l’organisation de la Nation W8banaki soulignera du fait même que la 88e édition du congrès de l’Acfas se tient sur son territoire ancestral. Le colloque regroupera des instituts culturels ou des instituts de recherche de plusieurs nations autochtones et des chercheurs de plusieurs universités.

Remerciements :

Le colloque a été soutenu financièrement par le Bureau du Ndakina du Grand-Conseil de la Nation Waban-Aki.

Les organisateurs du colloque tiennent à remercier tous leurs partenaires qui ont contribué de près ou de loin à la réalisation de l'évènement.

Dates :

Format : Uniquement en ligne

Responsables :

Programme

Communications orales

Les enjeux de la recherche du point de vue d’organisations autochtones

Salle : En ligne — Bâtiment : En ligne
Présidence : Suzie O'bomsawin (Grand Conseil de la Nation Waban-Aki)
Discutant·e·s : Patricia-Anne Blanchet (UdeS - Université de Sherbrooke), Vincent Gautier-Doucet (Chisasibi Eeyou Resource and Research Institute), Laurent Jérôme (UQAM - Université du Québec à Montréal), Marie-Eve Morissette (Première Nation Wolastoqiyik (Malécites) Wahsipekuk), Suzie O'bomsawin (Grand Conseil de la Nation Waban-Aki)
  • Communication orale
    Ouverture du colloque, mot de la directrice du Bureau du Ndakina du Grand-Conseil de la Nation Waban-Aki
    Suzie O'bomsawin (Grand Conseil de la Nation Waban-Aki)

    Le colloque s'ouvrira avec un mot de bienvenue de la directrice du Bureau du Ndakina, qui a initié et soutenu l’organisation de l’évènement. Le Ndakina, le territoire ancestral de la Nation W8banaki, sera présenté. Le 88e congrès annuel de l’ACFAS se déroule sur ce territoire. On verra que Alsig8ntegw (la rivière Saint-François) a de tout temps occupé un rôle d’importance pour la Nation W8banaki.

    La vision du Bureau du Ndakina est de rallier et de mobiliser pour la pérennité du Ndakina. Il a été créé en 2013 et ses mandats sont de représenter et d’appuyer les Conseils des Abénakis d’Odanak et de Wôlinak en matière d’affirmation, de consultations et de revendications territoriales, ainsi que d’environnement et d’adaptation aux changements climatiques. Pour répondre à ces mandats, il importe d’adopter une vision élargie de la notion de territoire qui englobe un ensemble de savoirs et de pratiques qui en dépendent et qui le sous-tendent à la fois. Certains défis survenus au moment de la mise en place du Bureau et de son développement seront également évoqués.

  • Communication orale
    Le projet M8wwa ᒪ ᒧ mamu : ensemble pour inclure les perspectives autochtones à la formation à l’enseignement
    Patricia-Anne Blanchet (UdeS - Université de Sherbrooke), Jo Anni Joncas (Université Sherbrooke), O'Bomsawin Suzie (Bureau du Ndakina, Grand Conseil de la Nation Waban-Aki)

    Cette communication expose l’importance de la pérennisation des collaborations afin d’orienter les recherches vers des bénéfices pour les communautés autochtones en se basant sur l’exemple du projet M8wwa ᒪ ᒧ mamu. Créé en 2019, ce projet conjoint entre le Grand Conseil de la Nation W8banaki (GCNWA) et la Faculté d’éducation de l’Université de Sherbrooke œuvre pour une meilleure inclusion des perspectives autochtones dans la formation à l’enseignement. Pour la Nation W8banaki, le manque de formation des enseignants sur les perspectives autochtones est préoccupant, car les jeunes w8banakiak fréquentent les écoles avoisinantes faute de ne pas avoir d’école primaire et secondaire. La nécessité de former de futurs enseignants sensibles aux perspectives autochtones est relevée dans de récentes commissions d’enquête (CVRC, 2015; ENFFADA, 2019; Viens, 2019), dans plusieurs études (Battiste, 2002; Pidgeon, 2016; Kanu, 2007; Kovach, 2013) et notamment par la Table nationale sur la réussite autochtone (2020). À travers le développement d’une relation de confiance, pérenne et empreinte de réciprocité, ce projet vise l’institutionnalisation d’une collaboration entre le GCNWA et la Faculté d’éducation, autour d’un objectif partagé. Dans cette communication, nous partagerons les bons coups et les défis rencontrés de même que les réalisations du projet incluant la coélaboration/coréalisation d’un cours en éducation autochtone.

  • Communication orale
    Construction de spécialisations de domaines recherches : développement de l’archéologie à la Première Nation Wolastoqiyik (Malécite) Wahsipekuk (PNWW)
    Marie-Eve Morissette (Première Nation Wolastoqiyik (Malécites) Wahsipekuk)

    Un mouvement de (ré)appropriation de la recherche se développe à la Première Nation Wolastoqiyik (Malécite) Wahsipekuk (PNWW) dans une volonté de faire légitimer les connaissances ancestrales et de réapprendre des savoirs oubliés. Récemment, la PNWW a commencé à se doter de ressources au sein même de son organisation afin de pallier certains manques dans les pratiques de recherches antérieures et dans le but d’atteindre une autonomie dans ses pratiques scientifiques. L’archéologie est un de ces secteurs en construction. L’embauche de professionnelles permanentes en archéologie à la nation permet la pratique d’une archéologie tournée vers l’approche théorique et les méthodologies de l’Indigenous Archaeology ou « archéologie des Premières Nations » qui met de l’avant le point de vue de la Première Nation ainsi que ses intérêts de recherches dans les projets. La mobilisation des savoirs, la communication et les partenariats sont donc des notions essentielles à l’avancement des projets. La présentation d’aujourd’hui vous propose de faire un bref historique de la nation Wolastoqiyik Wahsipekuk pour mieux comprendre les enjeux auxquels elle est confrontée actuellement, un résumé des recherches archéologiques réalisées sur le territoire et une introduction aux projets en constructions.

  • Communication orale
    Leçons apprises dans le cadre de la création d’un organisme autochtone de recherche participative à Chisasibi: la Chisasibi Eeyou Resource and Research Institute
    Vincent Gautier-Doucet (Chisasibi Eeyou Resource and Research Institute)

    En 2016, suite au rapport du Migratory Bird Habitat task Force, la Nation Crie de Chisasibi (Eeyou Istchee/Baie James, Québec) a mis de l’avant la réappropriation de la recherche sur son territoire en créant le Chisasibi Eeyou Resouce and Research Institute (CERRI). Depuis 2017, CERRI développe des projets de recherche liés aux besoins et questionnements des chasseurs et trappeurs de Chisasibi en intégrant les Savoir Traditionnels et Savoirs Écologique Traditionnels Cris aux premières étapes de la conception des projets de recherche. Ces initiatives, à la fois participatives et communautaires, représentent l’occasion de former les jeunes de la communauté aux outils de la recherche dans le cadre d’activités de terrain et de laboratoire. Notre modèle d’engagement communautaire repose sur le régime foncier ainsi que la structure décisionnelle traditionnelle Crie, soit celle des 40 lignes de trappes qui divisent le territoire de Chisasibi. Cette présentation permettra d’introduire les différents projets de CERRI, l’opérationnalisation des collaborations avec des partenaires (universités, organismes subventionnaires, etc.), les concepts de propriété intellectuelle associée aux Savoirs Traditionnels, les enjeux éthiques et les défis rencontrés dans le cadre des dernières trois années.


Communications orales

Nouvelles pratiques de recherche en milieux autochtones

Salle : En ligne — Bâtiment : En ligne
  • Communication orale
    Mobilisation des connaissances en contexte autochtone : L’exemple du Centre d’amitié autochtone de Val-d’Or et du Réseau DIALOG
    Emmanuelle Piedboeuf (INRS - Institut national de la recherche scientifique)

    Depuis une dizaine d’années, la démarche de mobilisation des connaissances (MobC) a gagné en importance dans la recherche en contexte autochtone, propulsée par une réflexion globale sur l’éthique de la recherche, par un développement et une institutionnalisation des méthodologies partenariales et par une augmentation des capacités de recherche des groupes autochtones. Malgré sa popularité, plusieurs dénoncent que la MobC soit mal définie et difficile à mettre en application, ce qui mène à des déséquilibres et des inégalités dans la conduite de la recherche.


    Pour répondre à ce questionnement, je m’appuierai sur les résultats de ma maîtrise, qui s’est déroulée en partenariat avec le Réseau DIALOG et le Centre d’amitié autochtone de Val-d’Or (CAAVD), et qui a visée à mieux cerner la démarche de MobC en contexte autochtone. Les deux organisations sont engagées depuis plus de dix ans dans une démarche de co-production des connaissances, ce qui leur a permis de s’interroger sur les modalités de production, de diffusion et de circulation des savoirs. S’inscrivant dans une veille scientifique réalisée par DIALOG, mes travaux ont permis de documenter l’évolution de capacités de mobilisation des connaissances au CAAVD, et de les comparer avec des démarches similaires se déployant ailleurs.

  • Communication orale
    Nouvelles orientations à l’appui de la recherche et de la formation en recherche autochtone au Canada
    Dominique Bérubé (CRSH - Conseil de recherche en sciences humaines), Nicodémus Paul (CRSH)

    En janvier 2020, les organismes fédéraux qui subventionnent la recherche, y compris le Conseil de recherches en sciences humaines du Canada (CRSH) publiaient un plan stratégique pour établir de nouvelles orientations à l’appui de la recherche et de la formation en recherche autochtone. Ce plan est guidé par les principes clés suivants : l’autodétermination, la décolonisation, la responsabilisation et l’équité des chances, et a établi quatre orientations stratégiques, des objectifs et des mécanismes de mise en œuvre. Sera présentée la façon dont les collectivités autochtones à travers le pays ont été mobilisées pour partager leurs histoires, leurs perspectives, leurs besoins, leurs préoccupations et leurs aspirations en matière de recherche autochtone afin que le plan reflète leurs réalités, dans un objectif de co-création. Suivra la communication des détails du plan et des moyens de mise en œuvre par les organismes fédéraux, ainsi qu’un partage des défis à cette mise en œuvre. Le plan stratégique fait partie de l’initiative Renforcement des capacités en recherche autochtone, qui vient répondre aux appels à l’action de la Commission de vérité et réconciliation du Canada en ce qui concerne la recherche, ainsi qu’à une priorité du Comité de coordination de la recherche au Canada.

  • Communication orale
    Communautés bienveillantes amies des personnes en perte d’autonomie cognitive (CADAAPAC)
    H. Caron (Université Sherbrooke), N. Deli Coli (Université Sherbrooke), A. Dion (Université Sherbrooke), MJ. Drolet (Université Sherbrooke), E. Dugré (Université Sherbrooke), S. Garon (Université Sherbrooke), J. Mino-Roy (Université Sherbrooke), H. Pigot (Université Sherbrooke), V. Provencher (Université Sherbrooke), Chantal Viscogliosi (UdeS - Université de Sherbrooke)

    Les aînés en perte d’autonomie cognitive (APAC) présentent une diminution de leur participation sociale (PS). Ce projet réalisé en partenariat avec la Nation huronne-wendat vise à identifier les besoins relatifs au maintien de la PS des APAC tout en minimisant les risques auxquels ils sont exposés. Basé sur le modèle Municipalités amies des aînés (MADA) en implantation dans la communauté, un comité aviseur local impliquant des proches aidants, des aînés, des intervenants et des représentant politiques, développe un outil pour identifier les besoins relatifs au maintien de la PS de ces aînés. À partir des besoins identifiés et des données probantes, des capsules vidéo de formation sont développées afin de faire connaître les approches et stratégies favorisant le maintien des capacités préservées des APAC ainsi que les interactions gratifiantes et rassurantes avec l’entourage. Ces capsules, des outils technologiques, des ateliers et des cahiers d’accompagnement visant à soutenir l’entourage seront implantés. Des entrevues et des instruments de mesure de la qualité de vie validés avec le comité de pilotage serviront à documenter les effets ainsi que les facilitateurs et les obstacles à l’implantation. Les enjeux éthiques, méthodologiques, épistémologiques, d’appropriation et de pérennité seront discutés.

  • Communication orale
    Analyse des besoins des Autochtones vivant en milieu urbain en contexte de pandémie de la COVID-19 : Un projet par, pour et avec les Autochtones
    Kate Bacon (Centre d'Amitié Autochtone de Saguenay), Amélie Boudreault (Université Sherbrooke), Amanda Canapé (Centre d'Amitié Autochtone de Saguenay), Sharon Hatcher (Université Sherbrooke / CIUSSS-SLSJ), Marie-Eve Poitras (UdeS - Université de Sherbrooke), Vanessa Tremblay-Vaillancourt (CIUSSS-SLSJ)

    Le Centre d’amitié autochtone de Saguenay (CAAS) s’intéresse aux besoins de ses membres en contexte pandémique. Il a approché, à l’hiver 2020, notre équipe de recherche afin de co-réaliser une analyse de besoins. En contexte de COVID-19, la réponse aux besoins se traduit par le fait de mieux comprendre les préoccupations, les services disponibles et les écarts de services perçus. Nous avons bâti une équipe de travail composée de membres autochtones du CAAS, d’une chercheure et d’agents de recherche, afin de mener une recherche participative. L’objectif était de recueillir les propos des Autochtones vivant en milieu urbain et de décrire leurs besoins en contexte pandémique puis de les prioriser. Pour ce faire, des cercles de partage ont eu lieu et un questionnaire web a été auto-administré. Grâce aux témoignages recueillis, nous avons établi des constats en regard des besoins exprimés. En effet, les participants ont démontré un désir d’offres de services selon les quatre sphères reliées à la roue de la médecine. Notre projet prouve qu’il est possible de réussir un projet par, pour et avec les Autochtones. Il est aussi un exemple d’autodétermination des Autochtones dans la prise en charge des problématiques reliées à la pandémie de COVID-19.

  • Communication orale
    Étude qualitative sur le don d’organes auprès de détenteurs d’enjeux autochtones au Québec
    Kimberly Borwick (UdeS - Université de Sherbrooke), F. D'Aragon (Université Sherbrooke), C. Loignon (Université Sherbrooke), Chantal Viscogliosi (Université Sherbrooke)

    Introduction : La décolonisation de la recherche comprend la création de collaborations et l’entretien d’un dialogue réciproque avec les partenaires. Des enjeux éthiques et méthodologiques émergent lors de la conduite d’une étude en contextes autochtones.

    Objectif : Décrire l’intégration des moyens recommandés par les collaborateurs dans un cadre de sécurisation culturelle. Méthode : Dix entrevues seront conduites auprès de personnes détentrices d’enjeux pour cette étude qualitative descriptive. Le développement du cadre de sécurisation culturelle repose sur une approche en 3 phases : (i) Revue narrative de la littérature, (ii) Consultation auprès d’experts en recherche auprès des peuples autochtones, et (iii) d’organisations autochtones.

    Résultats : La démarche de consultation des collaborateurs a permis de mieux positionner et préparer l’approche qualitative reposant sur des entrevues semi-dirigées avec des personnes autochtones et allochtones. Nous avons intégré les moyens suivants : (i) Consultation d’une Aînée, de trois informateurs-clés et d’un cercle de paroles afin de valider le guide d’entrevue.

    Conclusion : Les moyens mis en place dans une perspective de réciprocité ont pour but de créer des retombées potentielles telles qu’un guide de pratique favorisant la mobilisation des savoirs co-construite, ou encore une œuvre collective symbolisant la réappropriation du sujet d’étude.

  • Communication orale
    La sollicitation extensive des secteurs territoriaux : une nouvelle forme d’accaparement ?
    Caroline Desbiens (Université Laval), Justine Gagnon (Université Laval), Érik Kanape (Conseil des Innus de Pessamit - Bureau Politique)

    Le poids que peut représenter la sollicitation extensive des communautés autochtones à des fins de recherche a été abondamment discuté dans les dernières décennies. Nous remarquons toutefois, depuis une dizaine d’années, que cet engouement pour la recherche autochtone doit s’arrimer à une autre forme d’accaparement, ayant pour cible les bureaux territoriaux. Forcés de prendre en charge un nombre croissant de consultations face aux projets d’exploitation qui se déploient sur leurs territoires, en plus de tenir à bout de bras, dans certains cas, une négociation territoriale qui peine à aboutir, les bureaux territoriaux se trouvent en quelque sorte enchâssés dans une vision technocratique de l’aménagement, centrée sur la protection des droits et intérêts de leurs membres.

    Les recherches qui s’avèrent pertinentes et utiles dans ce contexte doivent non seulement orienter leurs approches en fonction des défis politiques et aménagistes qui se posent, mais leur réalisation peut s’en trouver compromise, alors que les efforts conjoints que nécessite la recherche collaborative peuvent difficilement être mis en pratique, tant les ressources sont d’ores et déjà accaparées. Bien que jugées essentielles par plusieurs, les recherches portées par une vision culturelle du territoire et de son aménagement peinent ce faisant à se déployer. Nous proposons donc d’observer l’effet cumulatif de ces pressions sur l’horizon de la recherche et plus largement, sur celui de la gestion du territoire.

Communications orales

Appropriation de la recherche en archéologie des Premières Nations

Salle : En ligne — Bâtiment : En ligne
  • Communication orale
    Daniel Weetaluktuk : père de l’archéologie communautaire au Canada
    Pierre Desrosiers (Musée canadien de l'histoire)

    Inspiré par sa formation, par la Convention de la Baie-James et du Nord québécois et par sa connaissance de la science et des communautés inuites, Daniel Weetaluktuk va inventer une nouvelle approche en archéologie. Il a voulu cette discipline innovatrice comme étant sans compromis dans son caractère scientifique tout en bénéficiant aux communautés impliquées. C’est ainsi que l’archéologie communautaire et autochtone prenait naissance au Canada à la fin des années 1970. Il faudra attendre 30 ans pour que cette pratique devienne une réalité au Canada et ailleurs dans le monde. Les détails, le contexte et les motivations liés à cette invention sont explorés. Nous tentons ensuite de mesurer son impact sur l’évolution de l’archéologie au Canada. Nous abordons aussi la question de savoir comment aujourd’hui nous pouvons nous inspirer de l’enseignement de Daniel Weetaluktuk pour pratiquer une archéologie plus éthique et engagée auprès des autochtones au bénéfice de tous les Canadiens.

  • Communication orale
    Le patrimoine archéologique w8banaki comme moyen de protection et de gestion du Ndakina
    Genevieve Treyvaud (Grand Conseil de la Nation Waban-Aki et INRS-ETE)

    Les communautés autochtones au Canada ont des rapports complexes avec la recherche archéologique. Les 19e et 20e siècles voient l’arrivée d’un engouement de la part des euro-canadiens pour les cultures des Peuples des Premières Nations. De nombreux projets de recherche archéologique, de documentation et de diffusion ont été réalisés par des historiens, des collectionneurs d’arts, des Musées, des sociétés historiques ou des universités. Dans ce contexte, des objets d’importance culturelle et sacrés ont été dérobés ou exposés sans respect des fonctions et des significations de ces objets. Dans cette même foulée, plusieurs sépultures autochtones ont été investiguées et ont été aliénées. C’est au cours de cette période qu’une relation de pouvoir asymétrique importante entre les institutions de recherche et les communautés autochtones s’est installée et a nui à la souveraineté et au patrimoine matériel et immatériel de nombreuses nations. Maintes lacunes demeurent au niveau de l’implication des Premiers Peuples en ce qui concerne la définition, l’acquisition, la préservation, et la mise en valeur du patrimoine autochtone.

    Nous présentons ici le protocole de gestion du patrimoine archéologique de la Nation W8banaki. Il vise l’ensemble des découvertes archéologiques émanant de projets de recherche, de découvertes fortuites, de travaux de développement d’infrastructures routières, énergétiques, touristiques ou de loisirs ainsi que l’exploitation des ressources naturelles.

  • Communication orale
    Archéologie collaborative avec la communauté de Kahnawà:ke et la Nation Mohawk
    Adrian Burke (UdeM - Université de Montréal)

    Dans cette conférence je présente un bilan de diverses collaborations en archéologie que j’ai eu avec la communauté de Kahnawà:ke de mon point de vue d'archéologue et d'universitaire. L’origine de ma collaboration avec les Kanien:keha'ka (Mohawks) remonte à 2005 quand j’ai participé à une fouille archéologique avec des jeunes sur le territoire de Kahnawà:ke.

    En 2014, lors de l’installation d’une nouvelle école de fouilles de l’UdM sur l’île Saint-Bernard (Châteauguay), j’ai contacté le Mohawk Council of Kahnawà:ke (MCK) pour collaborer aux fouilles qui allait se faire sur leur territoire traditionnel. L’idée principale était de former des jeunes Mohawks de la communauté en archéologie. Après quatre ans de fouilles, nous avions formé sept archéologues. En octobre et novembre de 2017, nous avons dirigé un projet d’archéologie préventive sur le territoire de Kahnawà:ke pour un projet de centre culturel. L’équipe sur le terrain consistait de cinq Mohawks et de cinq étudiants Euroquébécois de l’UdeM.

    Présentement je collabore avec le MCK pour créer une école de fouilles sur le territoire de Kahnawà:ke qui sera dirigée par une archéologue Mohawk. Ma présentation abordera les enjeux, défis et résultats concrets de ces différentes collaborations de recherche en archéologie avec la Nation Mohawk. La formation a été un aspect central de notre démarche, mais nous avons aussi entamé un processus de réconciliation entre les archéologues du Québec et la Nation Mohawk qui doit se poursuivre.

  • Communication orale
    Recherche et enseignement : pour une réelle archéologie collaborative
    Erik Langevin (UQAC - Université du Québec à Chicoutimi)

    L'intégration de gens des Premières Nations aux interventions archéologiques est devenue chose commune. En effet, du moment où les travaux se font à proximité d'une communauté, il est de bon ton de faire participer des membres de celle-ci. Il convient pourtant de se questionner sur les retombées réelles de cette pratique. En effet, de la même manière que des gens des communautés sont appelés à être présents lorsque vient le temps de construire une centrale hydroélectrique, l'intégration aux projets se limite le plus souvent à la phase terrain. Dans ce contexte, on doit se questionner sur les objectifs de cette collaboration. Y a-t-il une réelle formation qui pourrait mener un jour à une certaine autonomisation, à une prise en main de la discipline par les communautés ellesmêmes?

    En 2019, l'Université du Québec à Chicoutimi a créé un programme court en archéologie pour les Premières Nations qui visent à développement l'« empowerment » des communautés dans le domaine de l'archéologie. Dans le cadre de ce cheminement qui n'est en soit qu'un premier pas, les étudiants recevraient une formation de base qui leur permet d'acquérir une formation en amont et en aval du terrain archéologique.

  • Communication orale
    Un parc national : une opportunité de diffusion, de recherche et de mise en valeur de la culture wolastoqiyik (malécite)
    Marianne-Marilou Leclerc (SÉPAQ)

    Pour les Premières Nations, l’archéologie constitue une ressource patrimoniale qui gagne en intérêt au Québec et favorise par le fait même les initiatives de collaborations entre ces communautés et les archéologues. La Première Nation Wolastoqiyik (Malécite) Wahsipekuk s’est pour sa part engagée dans un processus de reconnaissance et de reconstruction de leur patrimoine culturel où l’archéologie figure parmi les éléments forts. Parallèlement, le parc national du Lac-Témiscouata est un acteur régional important pour le patrimoine archéologique puisqu’il s’est investi depuis sa fondation dans la conservation, la recherche et la mise en valeur de cette ressource culturelle. Depuis ses débuts, un partenariat s’est créé avec la Première Nation Wolastoqiyik (Malécite) Wahsipekuk et depuis quelques années, des démarches ont été entamées pour une collaboration visant à unir leurs efforts vers des objectifs communs. Ces objectifs sont certes similaires, mais se déploient de diverses façons. Le travail doit ainsi assurer une utilisation optimale et judicieuse par les partenaires tout en conservant une validité scientifique. Nous nous attarderons à présenter ces différents projets de collaboration unique et les opportunités qu’elle ouvre pour ces deux acteurs, mais également quelques défis et repositionnements que cela engendre.


Communications orales

Entre l’arbre et l’écorce : récits de conciliation de cultures organisationnelles

Salle : En ligne — Bâtiment : En ligne
Présidence : Hélène Boivin
  • Communication orale
    La pratique d'une archéologie collaborative au doctorat : portrait d’enjeux étudiants
    Louis-Vincent Laperrière-Désorcy (University of Toronto)

    « L’archéologie collaborative est l’avenir de la discipline », « Il faut décoloniser la pratique », « Ne te laisse surtout pas marcher dessus », « Ils vont détourner ta recherche à des fins politiques ». Ces phrases sont quelques exemples de propos, tantôt présents sur la place publique et tantôt en privé, qui dénotent un double discours empli d’inquiétudes toujours belles et bien présentes chez les archéologues. La pratique d’une archéologie en partenariat avec des communautés autochtones est en pleine expansion au Québec, ce qui permet à des étudiants de réaliser des recherches collaboratives à l’intérieur d’un cadre universitaire parfois réticent à l’adoption d’une véritable hiérarchisation des savoirs et à la réappropriation de la recherche par les communautés concernées. Cette présentation s’attarde à discuter d’enjeux et questionnements éthiques, professionnels et personnels qui ont émergé (et qui continue d’émerger…!) lors de l’élaboration et l’implémentation de mon projet doctoral en collaboration avec le Bureau du Ndakina du Grand Conseil de la Nation Waban-Aki. D’une perspective de chercheur et étudiant non autochtone convaincu que l’archéologie ne peut être complètement apolitique, les idéaux théoriques issus de la décolonisation scientifique de l’archéologie sont toutefois difficiles à accomplir en contexte d’obtention de diplôme universitaire et méritent d’être discutés.

  • Communication orale
    Concevoir un projet de recherche en collaboration : arrimer nos objectifs
    Aude Maltais-Landry (UdeS - Université de Sherbrooke)

    Dans le cadre de ma recherche doctorale, je m’intéresse à la présentation des perspectives autochtones dans le cours d’Histoire du Québec et du Canada (HQC) de secondaire 3 et 4 (Ministère de l’Éducation et de l’Enseignement Supérieur, 2017). J’ai entamé à l’hiver 2019 une démarche collaborative avec le Grand Conseil de la Nation Waban-Aki, principalement David Bernard (Bureau du Ndakina) et Valérie Laforce (Niona).

    En tant que chercheuse non autochtone, ma posture de départ m’amène à vouloir agir sur le récit national transmis dans le cours d’HQC, et à « déstabiliser » les élèves non autochtones de la majorité d’origine canadienne-française (« unsettle », d’après Regan, 2010). De son côté, l’équipe de Niona aborde la question du point de vue des élèves w8banakiak, dans une optique de réappropriation culturelle et de sensibilisation aux réalités des Premières Nations, qui ne s’inscrit pas d’emblée dans le cours d’histoire.

    Après plusieurs moutures, le projet actuel prend la forme d’une série d’entrevues qui permettront de dresser une « cartographie des possibles » pour la présentation des perspectives et expériences historiques des peuples autochtones dans les écoles fréquentées par les élèves w8banakiak. Mais une question demeure : nos postures de départ se sont-elles rejointes dans un projet commun qui est porteur pour tout le monde?

  • Communication orale
    Partenariat en recherche avec le bureau du Ndakina : témoignage d’une étudiante
    Ann Lévesque (UQO - Université du Québec en Outaouais)

    Dès le début de sa maîtrise, Ann Lévesque a sollicité le Grand Conseil de la Nation Waban-Aki pour qu’il lui donne le chemin à suivre pour rejoindre ses membres dans le cadre d’un projet de recherche portant sur les enjeux de gestion agriculture-faune au lac Saint-Pierre. Cette conférence, sous forme de témoignage, présentera les étapes qui l’a menée à développer un partenariat en recherche avec le bureau de coordination de la recherche du Ndakina : de la première rencontre à Wôlinak à la diffusion de l’article scientifique The pitchfork or fishhook: a multi-stakeholder perspective towards intensive farming in floodplains. Durant son témoignage, Mme Lévesque parlera aussi des avantages de cette démarche lui a apportée, tant sur le plan humain qu'académique.

    Ann Lévesque, candidate au doctorat à l’Université du Québec en Outaouais (UQO)

  • Communication orale
    Projet Matakan : une recherche participative pour la mise en valeur des savoirs et des patrimoines atikamekw
    Laurent Jérôme (UQAM - Université du Québec à Montréal), Patrick Moar (Première Nation des Atikamekw Nehirowisiwok de Manawan), Sakay Ottawa (Première Nation des Atikamekw Nehirowisiwok de Manawan)

    Dans cette communication, nous présenterons les différentes étapes qui ont conduit à l’élaboration du projet Matakan et à la mise en place d’un partenariat de recherche pensé par, pour et avec des Atikamekw Nehirowisiwok de Manawan. Cette recherche participative, financée par le CRSH et réalisée dans le cadre d'un partenariat de recherche entre le Conseil des Atikamekw de Manawan, Tourisme Manawan et l'UQAM, propose de documenter et de mieux comprendre différents enjeux liés aux réalités atikamekw, comme l’histoire de la colonisation, les impacts des politiques d’assimilation, les cosmologies et les spiritualités, la relation au territoire ou encore le développement touristique. Nous réfléchirons aux défis et aux enjeux de la recherche partenariale en présentant non seulement les résultats et les retombées de ce projet, mais également la structure de gouvernance et le rôle centre joué par les jeunes atikamekw dans ce projet.

  • Communication orale
    S’inspirer des enseignements du passé en matière de recherche autochtone au Québec
    Carole Lévesque (INRS - Institut national de la recherche scientifique)

    La recherche avec les Autochtones n’est pas récente au Québec, elle a une histoire, elle propose plusieurs écoles de pensée et elle a surtout donné lieu par le passé à des collaborations fructueuses avec plusieurs instances et communautés dont on oublie aujourd’hui les modalités et les enseignements. Nous profiterons de l’occasion de ce colloque pour présenter un portrait de la situation et en faire valoir ses résultats, ses acquis et ses orientations. Cette mise en contexte permettra de mieux circonscrire les enjeux qui se posent aujourd’hui en ce domaine alors que de nouveaux groupes ou organisations s’engagent sur le chemin de la recherche partenariale et de la coproduction des connaissances.


Réseautage

Tambour, bouchées W8banakiak et cocktail de clôture sans alcool

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