2 - Regards croisés sur l’impact du numérique sur la recherche scientifique

Tour d’horizon (Partie 1)

• Communication orale 09 h 00
  Les environnements numériques de travail : de l’accessibilité aux données aux défis méthodologiques pour la recherche
  Vincent Grenon (UdeS - Université de Sherbrooke)

  En nous basant sur les plus récents travaux de Gibson et Ifentalher (2017), nous proposerons une réflexion quant aux recours aux données accessibles par le biais des traces laissées par les utilisateurs dans des environnements numériques de travail. Au-delà des enjeux éthiques liés à l’accessibilité grandissante à ces traces, plusieurs autres enjeux se doivent d’être abordés. Notre intervention ciblera les enjeux méthodologiques relatifs au choix des différents indicateurs retenus parmi tous ceux pouvant être recueillis de manière automatisée. Pensons aux actions des utilisateurs dans ces environnements, au décompte du nombre d’accès, aux fichiers consultés, etc. Nous prendrons appui théoriquement sur les travaux de Larose et Jaillet (2009) et ceux de Grenon et Larose (2009) quant à l’analyse de la trace dans les environnements numériques de formation. Nous illustrerons le propos à partir des possibilités offertes par les sites de collaboration de type SharePoint. Finalement, cette accessibilité grandissante n’est pas directement garante d’une recherche de qualité. Elle représente plutôt un défi supplémentaire lors du traitement des données.

• Communication orale 09 h 30
  La recherche en sciences sociales en contexte numérique : renouvellement et redistribution des méthodes
  Florence Millerand (UQAM - Université du Québec à Montréal)

  Les bouleversements récents induits par l’utilisation du numérique amènent à penser le renouvellement des méthodes en sciences sociales en particulier, en termes de changement radical rompant avec les façons de faire existantes. Une autre interprétation, proposée initialement par Noortje Marres, envisage plutôt la reconfiguration du paysage méthodologique comme une redistribution des méthodes qui serait en partie le fruit de leur adaptation aux caractéristiques du numérique. Cette redistribution participerait d’une reconfiguration des relations entre les acteurs impliqués dans l’activité de recherche (chercheurs et chercheuses, utilisateurs et utilisatrices, plateformes, etc.) aboutissant, entre autres, à de nouvelles répartitions des compétences, du pouvoir et de la légitimité. Les reconfigurations en cours poseraient par ailleurs des défis épistémologiques permettant de revisiter les présupposés méthodologiques de la recherche en sciences sociales. Dans cette présentation, nous présenterons une critique de l’hypothèse d’une redistribution des méthodes pour penser les conséquences du virage numérique sur la recherche. À partir d’une cartographie des méthodes (méthodes traditionnelles, computationnelles (big methods), virtuelles (virtual methods) et numériques (digital methods)), nous discuterons l’hypothèse de la redistribution tant des méthodes que des acteurs de la recherche pour réfléchir à la construction sociale de la connaissance au temps de la transition numérique.

• Communication orale 10 h 30
  La bio-informatique à l'ère post-numérique
  Aida Ouangraoua (UdeS - Université de Sherbrooke)

  La bio-informatique est la science de l'information biologique, un domaine interdisciplinaire qui est né du besoin de méthodes informatiques pour gérer et interpréter les données issues des sciences de la vie. Avec l'incrémentation des données biologiques générées par des techniques expérimentales à haut débit, la bio-informatique est devenue une discipline à part entière, jouant un rôle essentiel dans la recherche et le développement en sciences biologiques. L'avènement de l'ère post-génomique et la masse de nouvelles données expérimentales fournies par les progrès spectaculaires des techniques de biologie moléculaire ont mené à un changement drastique de la bio-informatique en deux décennies. En plus des problèmes scientifiques intemporels tel que l'identification des gènes dans les génomes, une grande partie des questions traitées en bio-informatique est maintenant conduite par les masses de données expérimentales produites en biologie moléculaire.

• Communication orale 11 h 00
  Diffusion et évaluation de la recherche à l’ère numérique
  Vincent Larivière (UdeM - Université de Montréal)

  L’arrivée du numérique a rendu possible une série de pratiques de production et de diffusion des connaissances dites « ouvertes », qui vont de l’ouverture aux données de recherche à celle des articles publiés, en passant par leur évaluation. Toutefois, bien que souvent amalgamées sous l’expression « science ouverte » et visant dans l’ensemble à rendre la science plus accessible, reproductible, et transparente, ces pratiques obéissent à des logiques distinctes et ont été adoptées à divers degrés par la communauté scientifique. Cette présentation brossera le portrait des différents enjeux associés à la science ouverte, en mettant l’emphase sur celles associés à la diffusion et à l’évaluation de la recherche. Nous discuterons également la question des incitatifs et de leurs effets sur les pratiques de diffusion des connaissances, et examinerons comment la pandémie actuelle peut changer les pratiques. Enfin, nous conclurons avec une discussion des rôles des chercheurs, des universités et des organismes subventionnaires dans la mise en place d’une culture de la science ouverte.

Dîner

Tour d’horizon (Partie 2)

• Communication orale 13 h 00
  La place du numérique dans les méthodologies de recherche en marketing : entre passé, présent et futur.
  Abdelouahab Mekki Berrada (UdeS - Université de Sherbrooke)

  L’usage au quotidien d’Internet, des appareils mobiles, des réseaux sociaux et d’autres technologies émergentes a révolutionné la façon avec laquelle les entreprises commercialisent leurs produits et services aux consommateurs. Liés aujourd’hui à l’Intelligence artificielle, l’Internet des objets ou encore à la robotique, ces technologies ont et auront une influence directe et continue sur la pratique du marketing et celle de la recherche académique y afférente.

  En effet, depuis l’avènement d’Internet, les chercheurs se sont dotés de nouvelles méthodes pour la collecte de leurs données et les ont faites évolué selon les technologies du moment. Quelles soient expérimentales ou non expérimentales, ces méthodes se caractérisent aujourd’hui par une instantanéité et une justesse dans le traitement jamais égalés, amenant des réductions au niveau des coûts de la recherche, et même une objectivité dans l’analyse, ce qui en font des techniques très choyées.

  En analysant plus de 500 articles publiés au cours des cinq dernières années, de la période de 2015 à 2019, dans des journaux académiques marketing de premier plan, notre étude évalue la place exacte du numérique et des nouvelles technologies dans les méthodologies de recherche utilisées dans ce domaine, de leur évolution dans le temps ainsi que des principales tendances à venir. L’étude fait également ressortir les principales considérations stratégiques que ces méthodes soulèvent.

• Communication orale 13 h 30
  Le numérique dans la vigie du chercheur
  Sandrine Prom Tep (École des Sciences de la Gestion (ESG) - UQAM)

  Pour maintenir à jour son expertise, un.e chercheur.e doit constamment effectuer une vigie de son domaine. Avec Internet, les sources d’information s’ouvrent et se diversifient. Les bases de données scientifiques ne sont plus les seules sources d’information disponibles pour la recherche. À l’ère du web social, tout chercheur devient lui-même une source d’information pour ses pairs, autant qu’une connexion dans son réseau professionnel. Dans le cadre de cette conférence, nous explorons comment le numérique transforme l’activité scientifique que représente la veille des champs d’intérêt et de recherche, et les différentes couches d’outils technologiques qui s’insèrent dans le processus de vigie du/de la chercheur.e.

• Communication orale 14 h 30
  De la difficulté de fonctionnement des centres de documentation à la nécessité de la numérisation documentaire en Afrique: cas des archives nationales de Côte d’Ivoire
  Alexis Dea (Université Jean LOROUGNON GUEDE DALOA), Jean-Baptiste Seka (Université Jean lorougnon Guede Daloa)

  Les Archives Nationales de Côte d’Ivoire (ANCI) constituent l’un des plus anciens et plus riches centres de documentation de ce pays. Le processus de leur mise en place débute en avril 1912 et se finalise en 1994. Ce centre regorge l’essentiel de la mémoire coloniale du pays en termes de documentation. La période postcoloniale y est aussi suffisamment documentée. C’est le principal centre de documentation, pour ce qui est de la recherche sur l’histoire de la Côte d’Ivoire. Mais les ANCI sont, depuis plusieurs années, confrontées à d’énormes difficultés, entre autres, les mauvaises conditions de conservation, la mauvaise utilisation par les usagers, la vétusté des documents, les difficultés de reproduction. Par ailleurs, avec la multiplication des universités dans le pays, l’accès à ce centre devient assez difficile pour les enseignants et étudiants de l’intérieur du pays. Face à ces réalités, la numérisation et la mise en ligne des documents se présentent comme la meilleure alternative pour la survie et une gestion efficiente des ANCI. Mais comment cette opération peut-elle garantir à ce centre sa survie et un meilleur fonctionnement ? C’est à cette question que nous voudrions tenter de répondre à travers cette contribution qui envisage de faire l’état des lieux des ANCI et proposer un mécanise et les avantages liés à la numérisation de ce centre.

• Communication orale 14 h 45
  Le libre accès et la démocratisation de la communication savante : un portrait international
  Philippe Mongeon (School of Information Management, Dalhousie University), Gita Ghiasi (Université de Montréal), Vincent Larivière (Université de Montréal), Marc-André Simard (UdeM - Université de Montréal)

  La démocratisation des outils de communication numériques a transformé les méthodes de dissémination de la communication savante. Le libre accès, visant à rendre les résultats de recherche disponibles gratuitement en ligne, est l’une de ces principales transformations. En enlevant les barrières d’accès, le mouvement promet d’accélérer la recherche, de partager les connaissances entre les riches et les pauvres et de maximiser la portée et l’utilité de la littérature scientifique. Après vingt ans d’existence, le mouvement n’est plus marginal : près de la moitié des articles scientifiques récents sont disponibles gratuitement en ligne et les politiques de libre accès se font de plus en plus courantes dans les institutions de recherche. L’objectif de ce projet est de fournir un portrait à jour de l’adoption du libre accès à l’échelle globale selon deux indicateurs, soit le nombre de publications en libre accès et le nombre de références faites aux articles en libre accès. Nos résultats montrent que les pays pauvres publient et utilisent davantage la recherche en libre accès que les pays riches, tandis que les pays ayant un revenu intermédiaire-supérieur se comportent similairement aux pays riches. Ces résultats démontrent l’importance des initiatives pour la promotion du libre accès à l’échelle locale, nationale et internationale, particulièrement pour les pays où les infrastructures et le nombre de mandats de libre accès sont limités.

Discussion