Informations générales
Événement : 88e Congrès de l'Acfas
Type : Colloque
Section : Enjeux de la recherche
Description :*Colloque aux modalités particulières. Inscrivez-vous à l’avance directement avec l’équipe organisatrice pour recevoir plus d’information sur le déroulement (recommandé). Lien d’inscription : bit.ly/3etohuI*
Après « La recherche hors-piste : oser la rupture » (Acfas, 2018), « Entreprise, université, société : la synergie des savoirs » (Ubisoft, 2018) et « L’université du 21e siècle : enjeux, défis et prospectives » (Acfas, 2019), ce nouveau colloque du scientifique en chef aborde de front la problématique fondamentale des « truchements indispensables » à une intersectorialité réussie.
À partir de la figure du « truchement » de la Nouvelle-France, le colloque explore les diverses pistes susceptibles de faciliter la collaboration entre disciplines scientifiques, proches ou éloignées, qui constituent l’intersectorialité. Celle-ci est de plus en plus exigée par les divers problèmes auxquels l’humanité d’aujourd’hui est confrontée : leur complexité exige la mobilisation de diverses disciplines et aussi une collaboration beaucoup plus organique.
Indépendamment de sa nécessité pour la résolution de problèmes, l’intersectorialité constitue, de l’avis de plusieurs, une des clés du développement futur de la science et plus globalement des savoirs, y compris les savoirs expérientiels. Dans cette autre fonction, nous postulons que l’intersectorialité amènera les chercheurs qui s’y livreront à inventer de nouvelles approches, de nouvelles théories et de nouvelles méthodologies permettant de voir ce qui reste encore invisible ou inconnu. Pour que cette nouvelle façon de faire donne ses meilleurs résultats, il sera nécessaire de mobiliser des « truchements », soit des personnes, soit des espaces où les diverses disciplines peuvent s’arrimer.
Ce colloque déjà annoncé pour 2020 proposait une vue panoramique du travail de collaboration intersectorielle de chercheurs de « disciplines scientifiques, proches ou éloignées » qui sont « à inventer de nouvelles approches » et qui mettent à profit leurs « savoirs expérientiels ». Or, voilà que la pandémie a exposé le monde entier à des bouleversements profonds. Au même moment où nous vivons une surcharge des temps et des modes d’échanges en ligne, nous vivons l’évolution fulgurante des moyens qu’ils offrent. Devant l’énormité des nouveaux défis qui se profilent, l’équipe organisatrice, avec le consentement et la participation de tous les intervenantes et intervenants, prend le risque de faire de ce colloque, dans sa version 2021, un essai, un atelier-laboratoire d’intersectorialité, de partage de connaissances, de truchements. Il s’agit aussi, pour les Fonds de recherche du Québec, de développer un outil de transformation des conventions qui balisent les communications scientifiques.
Date :Format : Uniquement en ligne
Responsables :- Jean-Pierre Vidal (Bureau du Scientifique en chef du Québec, DSMI)
- Denise Pérusse (Bureau du scientifique en chef - DSMI)
- Monique Régimbald-Zeiber (UQAM - Université du Québec à Montréal)
- Marie-Pierre Cossette (Fonds de recherche du Québec)
Programme
*Colloque aux modalités particulières. Inscription recommandée : https://bit.ly/3etohuI* En guise d’introduction
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Communication orale
Mot d'introductionPierre Cossette (UdeS - Université de Sherbrooke)
Mot d'ouverture du colloque en tant qu'hôte du 88e congrès de l'ACFAS
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Communication orale
Mot d'introductionRémi Quirion (Scientifique en chef du Québec)
Mot d'ouverture du colloque du scientifique en chef « De l'autruche au truchement : la collaboration intersectorielle et ses arrimages ».
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Communication orale
De la rencontre à la collaboration: attitudes et pratiques du truchementDenise Pérusse (Bureau du scientifique en chef - DSMI)
Ce 3e colloque présenté à l'ACFAS succède à celui consacré à la recherche rompant avec ses habitudes et ses traditions pour oser des collaborations inspirantes, puis à celui qui questionnait les structures et la culture universitaires souvent considérées comme des freins à une recherche plus ouverte. Il entre pour ainsi dire dans le vif du sujet de l'intersectorialité. Quel est cet espace commun que doivent savoir ménager les chercheurs désireux de travailler avec d'autres disciplines? Comment établir les maillages, voire les ramaillages, et assurer une posture par laquelle les mailles sont bien tissées, sinon resserrées? Quels compromis savoir faire sur la pureté des concepts de sa propre discipline pour qu'une véritable rencontre ait lieu avec des chercheurs habitués à manier des concepts différents dans une autre discipline?
Il s'agit toujours, dans le cadre d'une expérience ponctuelle de recherche impliquant des chercheurs venus d'horizons divers, de mobiliser des différences, dans le respect et la relance, afin que de cet inévitable choc naissent des hypothèses et des méthodes nouvelles, voire des objets nouveaux de connaissance. Les expériences partagées sont multiples souvent inattendues. Elles ouvrent toutes sur de nouvelles perspectives de recherche produites par la libre interaction des intelligences. Un atelier proposera aux participants d'imaginer d'autres façons d'opérer l'intersectorialité et de placer les truchements dans la confiance et la créativité.
Titre 2020. Le truchement / Espace Laboratoire 2021. Voies entendues
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Communication orale
Explorer le Middle GroundDominique Deslandres (UdeM - Université de Montréal)
Parler de truchement (ou interprète) renvoie automatiquement à un homme blanc, viril et audacieux, le coureur des bois, qui hante notre imaginaire et notre histoire. Pourtant, de tous temps, ce sont les femmes, et chez nous, les femmes autochtones, qui sont les premières à transcender les frontières culturelles, à incarner dans leur esprit, dans leur cœur et dans leur chair ce pont entre les cultures affrontées, décrit par Richard White comme le Middle Ground ou un espace social, un lieu d’interaction, d’écho et d’adaptation entre des individus de cultures différentes qui érigent ainsi un système de compréhension et d’accommodation mutuelles. Bâtir et vivre ce terrain d’entente ne va pas sans heurt ni incompréhension, de part et d’autre, car chacun-e a tendance à vouloir amener autrui à agir en fonction de ses propres agendas et référents culturels. Là, peut-être, résident les problèmes qui se posent encore aujourd’hui quand on veut établir « une intersectorialité réussie », c’est-à-dire sans instrumentalisation de part ou d’autre. Pour comprendre les éléments indispensables à l’établissement de ce métissage des savoirs, des avoirs et des êtres, je rappellerai ici l’histoire des truchements, femmes et hommes, qui firent la Nouvelle France. C’est dire que, truchement à mon tour, je soulignerai combien et pourquoi ont pu leur être essentiels d’avoir une audacieuse ouverture d’esprit, autant que des capacités d’interprétation, d’expérimentation, de médiation et de transmission.
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Communication orale
La métaphore comme manœuvre déférenteJean-Pierre Vidal (Bureau du Scientifique en chef du Québec, DSMI)
En réaction à la communication de madame Deslandres, «Explorer le Middle Ground» et pour lancer la discussion avec la salle, je me propose de montrer en quoi la métaphore, plus qu'une simple figure de rhétorique, est l'ouverture et l'aménagement d'un espace où les parties peuvent se rencontrer selon leurs propres termes réciproques et échanger regards critiques collaboratifs et idées à débattre et partager.
Il paraît en particulier nécessaire pour qu'un tel espace commun puisse se former soit que la même culture fondamentale partagée permette la compréhension mutuelle au-delà des différences et sur la base d'un projet commun, soit au contraire que chacune des parties se montre capable d'expliciter ses particularités et ce qui fonde sa discipline avant d'identifier chez l'autre ce qui pourrait en être l'équivalent.
Espace mitoyen, mais aussi partagé, le truchement ainsi entendu est, comme toute traduction, comme toute ambassade, un lieu de «malentendus créateurs» (Richard White: Le Middle Ground: Indiens, Empires et Républiques dans la région des Grands Lacs, 1650-1815) où s'observe «la création de formes de culture et d'identités nouvelles» (Ibid)
Ici sont permises, pour une plus grande productivité, comparaisons boîteuses, importations de concepts, approximations et logiques floues: autant de compromis faits sur la pureté des disciplines en vue de faire émerger, chez chacun des acteurs et dans la communauté qu'ils forment ensemble, de nouvelles manières de voir et de faire.
Rencontres réussies entre les disciplines et les secteurs (Partie 1)
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Communication orale
Titre 2020. Libre échange / Espace Laboratoire 2021. TRAMELouise Déry (UQAM - Université du Québec à Montréal), Monique Régimbald-Zeiber (Université du Québec à Montréal)
Dans la galerie universitaire – cet espace de réflexion et de recherche sur le potentiel cognitif et sensible de l’œuvre d’art « exposée » – l’art s’envisage comme un acte de la pensée partagée. Entre les œuvres elles-mêmes et dans leur relation au lieu et au visiteur, entre l’artiste et son commissaire d’exposition, entre ce qui est donné à voir et les mots qui s’inventent pour qualifier le regard, les échanges se font, souvent incertains et fragiles, toujours nécessaires et fondateurs de nouvelles connaissances. En s’appuyant sur quelques exemples récents, Louise Déry et Monique-Régimbald échangeront à propos de l’exposition et de ses outils scientifiques (notamment le catalogue et le colloque) comme un espace d’essai et un laboratoire vivant d’une pensée qui s’incarne dans l’œuvre et ses discours. Elles mettront notamment de l’avant des notions qui ont fait l’objet d’expérimentations communes sur l’« image manquante » et la faktura et sur les actes de voir, de dire et de montrer. Elles formuleront la nécessité d’inventer un horizon de liberté sur lequel puisse s’essayer une méthodologie de l’agencement propice à construire de nouvelles relations et révéler de nouveaux savoirs entre la création artistique et l’exposition.
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Communication orale
Titre 2020. AIship ou l’invention de nouvelles approches de mobilisation des connaissances sur l'IA en santé / Espace Laboratoire 2021. POSTURESJean-Christophe Bélisle-Pipon (SFU - Simon Fraser University), Virginie Manus (Observatoire international sur les impacts sociétaux de l'IA et du numérique (OBVIA))
Conjuguant éthique et esthétique au travers d’une exposition arts et sciences (Les nouveaux états d'être / The New states of Being, 27 septembre 2019 -10 janvier 2020, Centre d'exposition de l'Université de Montréal), le projet AIship est né de la volonté d’explorer les nuances et l’intérêt du public autour des dimensions émotionnelles et relationnelles inhérentes au développement et à l’utilisation de l’intelligence artificielle dans le domaine de la santé.
Tout au long du processus de collaboration et de création entre nos 5 duos d’artistes et de chercheurs en bioéthique, des défis se sont posés; parmi ceux-ci, assurer la rencontre entre différentes expertises et postures. Figure également la difficulté de répondre à un objectif commun de sensibilisation du grand public sans minorer la qualité singulière de l’art et de la bioéthique ni aboutir à une uniformisation des propos, des langages et des approches artistiques et scientifiques.
Ainsi, comment assurer un dialogue fécond et créer un espace propice au mariage entre arts et sciences tout en préservant les identités, l’univers expressif et la temporalité de chaque discipline et acteur ? Comment éviter l’écueil de l’instrumentalisation qui consisterait à utiliser l’art pour expliquer la recherche ou à justifier l’approche artistique par la recherche ?
La réussite du maillage au cœur du truchement ne repose-t-elle pas sur un mariage sans… “trichement” ?
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Communication orale
Titre 2020. Une nouvelle forme d'art écologique: co-création d'une œuvre et de nouvelles formes de matérialité à base de RIF / Espace Laboratoire 2021. RE-CYCLEMartin Beauregard (UQAT - Université du Québec en Abitibi-Témiscamingue), Ahmed Koubaa (Université du Québec en Abitibi-Témiscamingue)
Entrecroisant les domaines de l'art, du génie et de la foresterie, avec une équipe multisectorielle habituée à travailler ensemble depuis plusieurs années, cette recherche entend développer de nouveaux savoirs pratiques et théoriques en impression 3D en développant des technologies et des procédés d'impression innovants, dans un souci environnemental de recyclage et d'économie circulaire.
Ce groupe d'excellence intersectorielle vise la fabrication de pâtes d'impression biodégradables, fertilisantes et réactives et l’optimisation de composantes mécaniques et électriques aux fins d’impression grand format de ces nouveaux matériaux aboutissant à la création d’objets ou à une installation in situ.
Innovante par son mode de fonctionnement où artistes et scientifiques, après avoir co-construit le projet dans ses diverses étapes, collaborent à chaque instant de sa réalisation, l'équipe vise à moyen terme à faire du Québec un leader mondial dans un secteur de pointe, avec une dimension artistique constante et des retombées aussi bien technologiques et scientifiques qu'économiques et écologiques.
Par les problèmes qu'elle pose et la collaboration intersectorielle que leur résolution impose, la transformation d'une matière résiduelle en œuvre d'art appelle des solutions techniques tout en faisant avancer la réflexion théorique sur les métamorphoses de la matière, le rapport à l'environnement et la réduction des effets nocifs de toute industrie fondée sur l'exploitation des ressources.
Dîner
Rencontres réussies entre les disciplines et les secteurs (Partie 2)
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Communication orale
Titre 2020. Cristaux acoustiques : un prétexte à la collaboration combinant sujets spécialisés, spéculation et liberté de créer / Espace Laboratoire 2021. AUXAURALITÉSAna Dall'Ara-Majek (Université de Montréal), Éric Desmarais (Sporobole), Philippe-Aubert Gauthier (UQAM - Université du Québec à Montréal), Georges Roussel (Institut Quantique, Université Sherbrooke)
Avec l’avènement de la fabrication numérique, dont l’impression 3D, on voit naître les technologies des méta-matériaux dont cependant la plupart des applications actuelles restent liées aux secteurs industriels et militaires. Même si elles pourraient un jour influencer nos vies et nos sociétés, elles restent encore méconnues du grand public, à l’abri des débats. En les détournant et dans une approche holistique qui met en jeu les résonances culturelles et sociales de ces structures et objets, nous avons initié un travail sur les méta-matériaux acoustiques dans une approche alliant arts sonores et ingénierie. Comment des matériaux et structures sonores tels que les lentilles acoustiques sur lesquelles nous travaillons pourraient-ils transformer les cultures et environnements sonores actuels? Pour explorer cette avenue de façon nouvelle et transdisciplinaire, nous avons rassemblé des acousticiens, des ingénieurs et des artistes avec l’idée d’appliquer la recherche-création dans un contexte d’ingénierie, et de créer ainsi un hybride entre prototype et œuvre en combinant des expertises de pointe avec une capacité de spéculation artistique comme moteur de rupture. À partir de cet exemple la présentation offrira une perspective plus générale et plus philosophique sur la transduction interdisciplinaire, avec quelques propositions plus fondamentales – ou provocatrices? – sur des possibles adjacents, le savoir de pointe, la variété, la fluidité, l’agilité, et même l’art de tricher.
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Communication orale
Titre 2020. L'interdisciplinarité des systèmes complexes: l'exemple de l'écosystème immunitaire / Espace Laboratoire 2021. COMPLEXITÉAndré Cayer (École de musique, Université Sherbrooke), Alan Cohen (UdeS - Université de Sherbrooke), Dominique Gravel (Université de Sherbrooke), Nicolas Zemmour (Cégep de Sherbrooke)
La structure et la dynamique du corps humain et sa réponse immunitaire sont typiques de celles des systèmes complexes. Le projet: «démystifier l'écosystème immunitaire afin de protéger la santé et l'environnement» que nous avons présenté avec succès au programme Audace 2019, fruit d'une collaboration originale entre un gériatre, un épidémiologiste et un écologiste, repose sur la théorie des «transitions critiques» développée d'abord pour identifier les signaux précurseurs de changement dans les écosystèmes avant d'être appliquée par la suite à divers problèmes de la nature et des sociétés. Adaptée ici à la dynamique des réseaux d'interactions elle nous a permis d'étudier la dégradation de la santé de patients en hémodialyse en identifiant des signaux précurseurs d'une augmentation du risque de mortalité pouvant aller jusqu'à 50 fois plus que celui de patients en bonne santé. La théorie développée pour ce projet pourrait avoir d'importantes retombées dans d'autres domaines comme l'économie, la science du climat, la sociologie, etc.
Nous formulerons quelques hypothèses sur les facteurs qui peuvent favoriser ce genre de recherche interdisciplinaire et collaborative dans un monde de la recherche qui s'avère de plus en plus structuré, encadré et spécialisé. Car un écosystème de recherche où puissent fleurir des fertilisations croisées, comme celle sur laquelle se fonde notre projet, nous semble pouvoir émerger de ces théories appliquées aux écosystèmes et au système immunitaire.
Atelier – Expérience et bilan de truchements
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Communication orale
Titre 2020. Où et comment placer les truchements dans les écosystèmes de recherche? / Espace laboratoire 2021. INDISCIPLINARITÉJean Bernatchez (Université du Québec à Rimouski), Yves Jacquier (Ubisoft)
Atelier expérience et bilan de truchements. Laisser des traces dans un espace bienveillant de rencontre et de jeu.
Bilan
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Communication orale
SynthèseFrançois-Joseph Lapointe (UdeM - Université de Montréal)
De par son parcours intersectoriel exemplaire et en tant qu'observateur de premier plan de cette expérience singulière de colloque empruntant les codes et les conventions des jeux vidéos, François-Joseph Lapointe tracera un bilan de ces laboratoires-essais d'intersectorialité et de truchements. Il mettra en relief les défis que cela représente pour que le truchement opère mais aussi les voies-voix qui sont susceptibles de faciliter, voire d'assurer un réel dialogue et une collaboration de chercheur.e.s de disciplines proches ou éloignées qui sont à inventer de nouvelles approches.
En guise de conclusion
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Communication orale
Mot de conclusionDenise Pérusse (Bureau du scientifique en chef du Québec - DSMI), Rémi Quirion (Scientifique en chef du Québec), Jean-Pierre Vidal (Bureau du scientifique en chef du Québec - DSMI)