Informations générales
Événement : 88e Congrès de l'Acfas
Type : Colloque
Section : Section 600 - Colloques multisectoriels
Description :Apparue aux États-Unis dans les années 1980, l’éthique du care est une manière de penser la morale fondée sur le souci des autres (sollicitude) et l’acte de « prendre soin » (Brugère, 2011). Fondée sur un sentiment de responsabilité à l’égard d’autrui et de ses besoins, elle concerne les tâches de soin impliquées dans les diverses formes de vulnérabilité (soin parental, traitement de la dépendance, travail social). Formulant à l’égard de la relation marchande une critique similaire à celle de la théorie du don, l’éthique du care postule qu’il existe une qualité morale dans l’acte d’aider les autres. Un premier rapprochement entre cette logique du care et la logique du design peut être observé dans le travail de Victor et Sylvia Margolin (2001). Inspiré du travail social, le « design social » selon eux vise la satisfaction des besoins des populations vulnérables ou marginalisées, comme celles à faibles revenus ou ayant des besoins particuliers en raison de leur âge, de leur santé ou de leur handicap. Cette approche pose les premières conditions d’un rapprochement entre l’acte de design et l’acte de soin. Ce colloque souhaite explorer le potentiel de cette idée et faire la lumière sur la pertinence de la théorie du care pour les disciplines du design. Peut-on considérer l’éthique du soin comme un modèle général pour le design? Par exemple, peut-on considérer qu’un petit objet électroménager comme Tero, qui transforme les résidus alimentaires des ménages en un fertilisant prêt à l’emploi, est le résultat d’un acte de design qui prend soin de notre environnement? Qu’est-ce que cela signifie de « prendre soin par le design »? Quelles approches théoriques, conceptuelles, méthodologiques et pratiques les enjeux de soin appellent-ils en design? Le design doit-il se limiter à prendre soin? Peut-il soigner ou sauver le monde? Pour Papanek (1971), on sait que le design est l’un des pires maux de la planète. Comment faire la part du soin et des « effets indésirables »?
Dates :Format : Uniquement en ligne
Responsables :- Stéphane Vial (UQAM - Université du Québec à Montréal)
- Claudia Déméné (Université Laval)
- Philippe Gauthier (UdeM - Université de Montréal)
- Carmela Cucuzzella (Université Concordia)
- Solen Roth (UdeM - Université de Montréal)
- Guillaume Blum (Université Laval)
Programme
Café virtuel
Session 1 – Santé, plaisir, bien-être : santé numérique
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Communication orale
Design des technologies numériques en santé : de la persuasion à la médiationBéa Arruabarrena (DICEN CNAM IDF Paris)Présentation Slideshare
En quelques années, les technologies numériques se sont considérablement développées dans le domaine de la santé. Si leurs bénéfices sont mieux connus offrant de nouvelles opportunités, il ressort néanmoins un manque d’évaluation de ces nouveaux dispositifs, et en particulier de leur conception. Les modèles de conception actuels reposent essentiellement sur les approches du design comportemental qui ont pour objectif de produire un changement comportemental par la persuasion en s’appuyant sur les biais cognitifs des individus : la Captology, le design persuasif ou encore les Nudges ont développée des modèles de design implémentés dans la conception des dispositifs connectés grands publics qui tendent également à se généraliser dans les dispositifs de santé publique. Si ce type de design peut être utile dans certain cas, il constitue néanmoins une forme d’intervention sur l’individu qui peut être perçu comme intrusive, voire inappropriée dans le cas de la prévention. Cette communication vise à contribuer au développement d’un design numérique en santé moins prescriptif, basé sur la médiation comme alternative à la persuasion. Nous proposons une analyse épistémologique du design numérique en santé, en revenant sur implications théoriques de la transformation des comportements et des effets info-communicationnels introduits par le numérique. Nous terminerons par une proposition de méta-modèle de design de la médiation élaboré à l’appui des théories de l’activité d’Engeström.
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Communication orale
Valeurs éthiques dans la pratique du design d’interaction : étude exploratoire de la perception des praticiensMarianne Carpentier (UQAC - Université du Québec à Chicoutimi), Dave Hawey (Université du Québec à Chicoutimi / École NAD) Présentation Slideshare
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Communication orale
Promesses et limites du phénotypage numérique dans le cadre de la santé mentaleRémy Potier (Université de Paris)Présentation Slideshare
Une nouvelle méthode d'observation est actuellement en train d'émerger en psychiatrie, basée sur la collecte de données et le profilage comportemental des utilisateurs de smartphones. Le phénotypage numérique -- l'utilisation d'outils de mesure informatisés pour saisir les caractéristiques de différents troubles psychiatriques -- en est un exemple paradigmatique. Il est nécessaire de contextualiser l'émergence de ces nouvelles méthodes et de s'interroger sur leurs promesses et leurs attentes. Le cadre international de la recherche en santé mentale nous invite à réfléchir sur les questions méthodologiques et à tirer des conclusions de certaines impasses liées à la complexité clinique de ce domaine. A partir de cette contextualisation, la méthode d'investigation relative au phénotypage numérique peut témoigner d’un certain potentiel. Comprendre les enjeux spécifiques engagés dans la santé mentale invite surtout à une réflexion éthique de l’utilisation des smartphones et des destinations des applications designées dans ce champ particulier que ce soit à des fins thérapeutiques ou de recherches. Il convient de repérer ce qui spécifie les potentialités et les limites des méthodes numériques d'intervention en santé mentale. A partir d’une analyse de la littérature internationale certaines prescriptions peuvent être suggérées notamment la recommandation d’adopter une position résolument non-réductionniste afin de mettre la technologie au service de la clinique.
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Communication orale
La place du design dans les services numériques de santé mentale : approches, perspectives, exemplesStéphane Vial (UQAM - Université du Québec à Montréal)Présentation Slideshare
Cette communication vise à faire le point sur le rôle grandissant du design dans les services numériques de santé mentale et, plus généralement, sur le nouveau champ émergent du design pour la cybersanté mentale. Dans un premier temps, nous nous appuierons sur une revue de littérature exploratoire basée sur un corpus de 23 articles constitués à partir d'une base de données de 250 publications pour présenter les quatre approches de design les plus utilisées et mobilisées en santé mentale numérique, à savoir : le design centré sur l'utilisateur, le design participatif, le codesign, et le design thinking. Nous analyserons comment ces quatre approches sont interprétées et appliquées en santé mentale numérique. Ensuite, nous expliquerons en quoi consiste le design pour la cybersanté mentale, considéré comme un nouveau cadre d'innovation sociale pour les interventions numériques en santé mentale. Le design pour la cybersanté mentale fait référence au large éventail des stratégies de design centrées sur l'humain et des stratégies créatives interdisciplinaires qui permettent de définir la structure, la fonction et la forme d'un service numérique de santé mentale de haute qualité expérientielle. Nous discuterons également de la croissance des startups dans le domaine de la santé mentale numérique et montrerons en quoi elles prennent le mauvais chemin. En troisième et dernier lieu, nous présenterons et analyserons deux études de cas emblématiques de la nouvelle approche que nous appelons design pour la cybersanté mentale. Le premier cas est TemStem (Pays-Bas), une application pour smartphone destinée aux personnes qui entendent des voix et qui sont gênées par celles-ci dans leurs activités quotidiennes, basée sur une étroite collaboration entre des designers, des psychothérapeutes et des personnes souffrant de psychose. Le deuxième cas est celui de Mentallys (Canada), un système d'accès aux soins de santé mentale et de suivi à long terme basé sur une application mobile, axé sur l'anxiété et la dépression et co-construit avec les utilisateurs finaux (cliniciens, patients et soignants) grâce à des méthodes de codesign fortement centrées sur le patient et grâce à des collaborations multidisciplinaires.
Session 2 – Santé, plaisir, bien-être : espaces de soin
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Communication orale
Design de services et contribution à l'avancement des pratiques de prévention en santé: une étude de cas du Centre ÉPIC de l’Institut de Cardiologie de MontréalSylvain Duchesne (Pollinis)Présentation Slideshare
Depuis plus de 50 ans, la mission du Centre de médecine préventive et d’activité physique de l’Institut de Cardiologie de Montréal (Centre EPIC) est de participer activement à la promotion des saines habitudes de vie auprès de la population. La prévention en santé est au cœur de ses services. Grâce à un gym et à l’expertise de spécialistes sur place, il accompagne leurs membres dans l’adoption d’un mode de vie actif et d’une saine alimentation. Notre travail consiste à comprendre le modèle dans une démarche d’écoute et d’observation. L’objectif est de bien définir ce modèle et découvrir le réel impact de ses services auprès de leurs usagers. Durant notre démarche, nous devons à la fois comprendre la vision des gestionnaires et des employés tout en obtenant un éclairage sur l’expérience des usagers. Ce projet nous amène à nous poser des questions sur le rôle du designer dans le domaine de la santé. De quelle façon le pouvoir du design peut faire évoluer la prévention en santé ? Quelle serait la portée d’une démarche en design de services au bénéfice de la prévention en santé au Québec ? L’objectif de notre présentation sera de faire un croisement entre le travail en cours de ce projet axé sur la prévention et les services offerts afin d’exposer notre réflexion sur le rôle du designer comme acteur de changement en santé.
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Communication orale
Remises en formes : raconter l’organisation des soins par le design dans une clinique de rééducationClaire Baldeck (Ecole Nationale Supérieure d'Art et Design de Nancy), Marianne Franclet (École Nationale Supérieure d'Art et de Design de Nancy)Présentation Slideshare
Engagées dans une pratique du design à destination de structures de soin et chercheuses associées au DM-lab de l’ENSAD Nancy, nous proposons de faire état d’un projet réalisé avec la clinique Bellefontaine de Nancy travaillant à la rééducation de patients après traumatismes dans l’objectif d’une adaptation à leurs nouvelles conditions de vie et d’une réintégration à leur environnement initial. Le projet Remises en formes consiste, lors d’ateliers de co-conception avec un cinq professionnelles de santé de la clinique, à rejouer dans l’espace les évolutions du corps symbolique d’une patiente au long de son parcours de rééducation d'après un scénario écrit collectivement. Ce corps est constitué d'objets détournés de leurs usages professionnels et d'objets co-conçus. Les muscles se tendent lors d'exercices physiques, le cerveau est activé lors d'exercices cognitifs, les pensées et paroles circulent... L’objectif de cette chorégraphie commune est que chacun puisse mettre en avant son rôle, ou celui de sa profession, dans la rééducation du patient en interaction avec les différents professionnels de la clinique, ainsi que les rapports de cause à effet entre les gestes - actes de soin et l’évolution de l’état du patient. Cet atelier aura permis d'améliorer la cohésion d'équipe, la capacité d'empowerment des participantes et sa production finale, un film court, devient outil de communication sur le parcours de soin et les métiers de la rééducation.
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Communication orale
Prendre soin des urgences hospitalières : exemple d’un “proof of care”Antoine Fenoglio (Les Sismo), Cynthia Fleury-Perkins (CNAM, Chaire Humanités et santé), Sophie Hooge (MINES ParisTech), Caroline Jobin (les Sismo), Pascal Le Masson (MINES ParisTech)Présentation Slideshare
Les urgences hospitalières françaises sont sous tension alors qu’elles “ont jusqu’ici fait la preuve d’une forte résilience face à l’accumulation des difficultés” (Cohen et al., 2017) étroitement liées au vieillissement de la population. Dans ce contexte, la Chaire de philosophie à l’hôpital et l’agence de design les Sismo ont soumis une proposition fin 2018 à l’appel à projet de la Caisse Nationale de Solidarité pour l’Autonomie intitulé “Design social : handicap et perte d’autonomie”. Le projet retenu a pour ambition de s’intéresser à la manière dont le design peut apporter du soin (au sens de care) aux urgences (institution du cure par excellence) dans le cadre d’un proof of care ©. Suivant la même approche que Lenay et al. (2019), nous nous intéressons à la double question du soin apporté (1) par les artefacts mis à l’épreuve lors de l’expérimentation (POC) et (2) par la démarche de conception. Pour répondre à ces questions, nous nous appuyons sur la vulnérabilité et les capacités, deux notions clés de l’éthique du care (Nussbaum, 2007 ; Sen, 2010 ; Tronto et Maury, 2009). Cette étude nous apprend que : (1) les artefacts en situation d’usage permettent de réduire la vulnérabilité des individus en développant leurs capacités et révèlent des formes de vulnérabilités nouvelles, (2) la démarche de construction d’artefact permet de développer les capacités cognitives et sociales des collectifs et vient enrichir les bases théoriques de l’éthique du care et du design.
Café virtuel
Session 3 – Patrimoine, cultures et identité
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Communication orale
Panser les blessures en soignant la mémoire : Stratégies de mise en espace des lieux de mémoire d’atrocitésAnne-Marie Broudehoux (UQAM - Université du Québec à Montréal), Guylaine Chéli (Université du Québec à Montréal)Présentation Slideshare
Cette présentation fait état d’un projet de recherche qui examine les stratégies de mise en espace des lieux de mémoires d’atrocités, incluant l’esclavage, l’Holocauste, l’apartheid, les génocides, les disparitions etc. À partir d’un inventaire initial des lieux de mémoire liés à la traite négrière et à l’esclavage transatlantique, cette étude s’intéresse aux procédés spatiaux mis en œuvre dans la réalisation récente de musées de la mémoire et d’autres espaces mémoriels liés à des événements historiques tragiques ayant contribué à la déshumanisation de divers groupes de population. L’étude repose sur l’hypothèse que ces nouveaux lieux de mémoire (Nora, 1986) ont en commun un usage hyper-sensible du design et suggère que l’architecture pourrait être un langage apte à la communication de l’indicible, dans des cas où la réalité de certaines atrocités ne peut être montrée ou décrite. Cette présentation propose de dresser un premier inventaire des principes de mise en espace utilisés dans la création de mémoriaux et de les analyser. À partir d’étude de cas de divers lieux de mémoire, la présentation fait état d’observations préliminaires sur la manière dont certains procédés de mise en espace peuvent aborder autrement l'indicible, contribuant ainsi à prendre soin et à réhumaniser les victimes tout en donnant l’espoir d’une possible réconciliation, d’une reconstruction et d’une libération des survivants, descendants et autres acteurs touchés par ces atrocités.
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Communication orale
La problématique de représenter les artères de nos villes par des marques commerciales. L’exemple du boulevard Saint-Laurent.Julie Royer (UQAM - Université du Québec à Montréal)Présentation Slideshare
Cette proposition fait suite à ma participation au projet de recherche Inscriptions en relation. Projet international et pluridisciplinaire conçu par Ruedi et Vera Baur, il visait à questionner les inscriptions dans l’espace public et à donner voix aux langues absentes. La recherche-création que j’y ai développée met en lumière les limites de représenter les artères de nos villes selon les logiques et les mécanismes de représentation de la marque commerciale. Les habitudes de consommation et de fréquentation changeant, plusieurs artères commerciales ont vu leur fréquentation diminuer au fil des ans. Pour se faire voir du public et essayer d’attirer de nouveau les consommateurs, plusieurs développèrent une marque pour se représenter et faire la promotion de l’artère et des commerces y ayant pignon sur rue. Mais ces marques évacuent généralement toutes références aux spécificités historiques, linguistiques, culturelles et humaines de ces artères. Dans un contexte de néolibéralisme, il est important de questionner certaines pratiques du design comme le branding des artères de nos villes, pratiques allant souvent à l’encontre de l’idée d’une ville sociale développée pour le citoyen et non selon un modèle dicté par le marché. Mon projet portait sur la marque développée pour le boulevard Saint-Laurent à Montréal et présentait une contre-proposition tenant compte de la population ayant façonné au fil du temps non seulement le boulevard, mais l’ADN de Montréal.
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Communication orale
Gérer l’innovation en contexte muséal : Étude comparative des laboratoires d’innovation numérique du Musée de la Civilisation de Québec et du Musée des beaux-arts de Montréal.Guillaume Blum (Université Laval), Raphaël Guyard (Université Laval)Présentation Slideshare
Les institutions muséales ont été appelées à se renouveler tout au long du XXème siècle en fonction des transformations économiques et technologiques qui ont façonnées le monde moderne (Jacobi 2012). Traditionnellement dédiés à la conservation et à la mise en valeur du patrimoine, les musées ont su adapter leurs approches de médiation auprès des publics en suivant des nouvelles politiques de démocratisation de la culture depuis les années 1970 (Davallon 1992). Ainsi, leurs objectifs ont évolué de pair avec les fonctions organisationnelles qui les caractérisent afin de s’adapter à la modernité (Zolberg 1983; Gombault 2003 ; Coblence et Sabatier 2014). Aujourd’hui, le numérique est source de renouveau dans les dispositifs de médiation auprès des publics et invite les musées à explorer les sentiers de l’innovation technologique. Des laboratoires voués à l’innovation numérique en contexte muséal ont commencé à voir le jour au Québec depuis l’année 2018, parmi lesquels on compte le MLab Creaform du Musée de la Civilisation de Québec et PRISME du Musée des beaux-arts de Montréal. À l’issu d’une année d’observations participantes au sein d’équipes d’innovation dans ces deux laboratoires, cette recherche propose une réflexion comparative des approches à l’innovation ayant été adoptées dans ces lieux sous les prismes des théories de l’innovation en organisation (Hatchuel et Weil 2003; Alter 2012) et de l’innovation par le design (Verganti 2006, 2009; Dell’Era et Verganti 2009).
Session 4 – Santé, plaisir, bien-être : cultures de soin
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Communication orale
Bien-être et expérience sensible : vers une pédagogie qui place l’humain au cœur du processus de conception du projet de design d’intérieurMarie Tremblay-Laliberté (UQAM - Université du Québec à Montréal)Présentation Slideshare
Cette proposition de communication s’intéresse à la question du bien-être dans l’environnement bâti à travers le prisme de l’enseignement du projet de design d’intérieur en atelier. Comment enseigner le sensible? Comment engager les étudiants dans une démarche de design empathique, éthique et émotive orientée vers le bien-être humain dans l’environnement intérieur? Comment mettre de l’avant la création basée sur l’expérience subjective sans toutefois écarter les savoirs objectifs liés à la pratique du design? Cette recherche s’appuie sur des constats en regard de l’éducation du design d’intérieur en atelier où les méthodes d’enseignement valorisent principalement un processus analytique visant une résolution de problème où l’expérience subjective de l’étudiant est rarement mise à contribution. Certains auteurs évoquent une nécessité d’opérer un changement de paradigme dans l’enseignement du design en atelier afin de préparer les étudiants à intervenir adéquatement vis-à-vis des enjeux sociaux et collectifs qui intègrent de plus en plus la question du bien-être dans l’environnement intérieur. Les notions de perception, d’atmosphère et de corps sont centrales dans cette recherche qui reconnaît dans le domaine de la phénoménologie des sources de connaissances humaines éclairantes afin d’appréhender la conception d’environnements intérieurs favorisant le bien-être commun (le Soi créant pour l’Autre).
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Communication orale
Du design de l’enveloppe à celui de l’expérience d’enveloppement : vers des pratiques de design qui accompagnent les services cliniques d’une habitation transitoireMylène Charette (UdeM - Université de Montréal), Julien Delannoy (Designer d'intérieur), Virginie Lasalle (UdeM - Université de Montréal)Présentation Slideshare
Notre proposition porte sur une démarche de recherche-projet en cours dont l’objectif est de concevoir les lieux d’une habitation transitoire pour jeunes à profil multiproblématique complexe. Ce processus de recherche s’inscrit dans une stratégie prothétique et thérapeutique de conception de l’environnement bâti qui s’arrime à l’approche du soin du programme clinique. La posture de design est caractérisée par une attention et un élan de sollicitude vers les futurs occupants des lieux (Bousbaci, 2010) ; elle s’alimente à la notion de prochain (Ricœur, 1955) et pense la démarche de design comme un rapprochement à autrui, en conjuguant les dynamiques humaine et professionnelle de l’empathie. La structure non- séquentielle du processus de design supporte le maillage entre connaissance avérée, cadrage théorique, idéation et réalisation des lieux. Il ressort de cette expérience que, par-delà l’aménagement de l’espace comme enveloppe des activités, la finalité de notre intervention se trouve dans la mise en place d’une expérience de l’enveloppement, concept clé du projet. Cette expérience se manifeste dans le support aux porteurs institutionnels et aux acteurs du projet (intervenants, proches), aspirant à la conception d’un lieu à vocation spécialisée devant fournir une expérience signifiante. Le langage de design exprime ensuite l’enveloppement : celui du confort physique par l’apaisement sensoriel et du confort psychologique par le sentiment de sécurité des jeunes occupants.
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Communication orale
Rétablir le lien entre nature et soins: perspective sur le design et l’intégration d’espaces verts en établissements de santé.Samuel Charlebois (UQAM - Université du Québec à Montréal)Présentation Slideshare
L’élan de recherche contemporain relatif aux qualités environnementales et leurs effets sur le bien-être projette le milieu hospitalier dans un effort de transfiguration. Si l’OMS pose des cibles ambitieuses de production et de bonification d’espaces verts en milieu urbain, ces objectifs trouvent écho dans des considérations spécifiques aux établissements de santé. Ancrés dans la démarche du «Evidence Based Design», les espaces verts contribuant à l’humanisation du milieu hospitalier sont au coeur d’un cadre de recherche distinct: les jardins thérapeutiques (JT). En problématique, la densité urbaine et la saison hivernale sont des obstacles considérables à leur développement, appelant à de nouveaux principes d’aménagements. Afin de mettre en lumière des pratiques novatrices en réponse à ces enjeux, ce projet fait une analyse comparative de modèles d’intégration de JT au cadre architectural de cinq établissements de santé contemporains. Fondées sur les bases théoriques des jardins thérapeutiques et du design biophilique, ces analyses multiéchelles portent spécifiquement sur des critères de disponibilité, d’accessibilité, et de qualités environnementales. L’échantillon, établi en fonction du contexte urbain et de la multiplicité de principes d’intégration observables, s’articule sur les cas du Lurie’s Children Hospital à Chicago, du Massachusetts General Hospital à Boston, du Neuro à Montréal, et du Khoo Teck Puat et Ng Teng Fong Hospital à Singapour.
Café virtuel
Session 5 – Environnement, climat et espèces : mode, textile et redirection écologique
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Communication orale
Approche méthodologique pour l’intégration des caféiers dans la recherche des nouveaux horizons d’éco-conception ‘textile’Aicha Nairi (Ecole supérieur des sciences et technologies du Design)
La teinture végétale s’inscrit parfaitement dans la démarche d’éco design. Cette technique est recherchée par de nombreuses industries textiles afin de diminuer l’utilisation des colorants chimiques sources de contamination de l’eau et de la pollution environnementale. Cette expérience est appliquée par « SARTEX » une des industries textiles tunisiennes.
Dans ce contexte, je vais présenter ma modeste expérience avec cette entreprise qui s’est déroulé dans un cadre de projet de fin d’études en 2007 à l’institut supérieur des métiers de la Mode de Monastir. Une expérience menée pendant quatre mois lors de laquelle, et avec une approche conceptuelle, m’a conduit vers l’intégration des caféiers dans la recherche des nouveaux horizons d’éco-conception ‘textile’. Elle nous a conduits à la création des nouveaux effets spéciaux issus de ces graines de caféier sur le denim. Ces nouveaux effets ont contribué à une innovation au niveau de la matière textile tout en dépassant ses caractéristiques principales, celles du jean, vers d’autres ayant les spécificités du cuir.
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Communication orale
La face cachée de la matière : une approche moléculaire de la couleur dans une pratique écoresponsable du design textileVanessa Mardirossian (Université Concordia)Présentation Slideshare
Des études scientifiques ont montré que les colorants synthétiques que nous portons peuvent interférer avec notre corps et causer de graves problèmes de santé. Vanessa aborde cette problématique du point de vue du design et présente une approche art-science des couleurs que nous portons, qui invite les designers à réfléchir au développement de colorants textiles non toxiques. Inspirée par la façon dont le monde naturel construit ses propres matériaux, à température ambiante et sans déchets, son exploration spéculative utilise des rebuts alimentaires pour fournir aux bactéries productrices de pigments, les nutriments dont elles ont besoin pour développer une riche palette de teintes. La combinaison de techniques anciennes de colorants végétaux, avec des méthodes contemporaines de productions de couleurs, réalisées par des organismes vivants, permet d'obtenir la plupart des nuances de la palette Pantone, généralement réalisées à partir de composés pétrochimiques. Ce cheminement, questionnant l'interconnexion entre le vivant et le manufacturé, l'a conduite au développement d'une écolittératie textile, définie comme une culture écologique en design. Ce concept, basé sur une meilleure connaissance du monde naturel, permet aux productions de respecter les écosystèmes, tout en favorisant l'engagement social et émotionnel, en faveur de pratiques de conceptions durables.
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Communication orale
Le design pour la durabilité émotionnelle comme levier pour une mode responsable : le cas d'ateliers de métiers d’usageDaniella Besse (Université Laval), Claudia Déméné (École de design, Université Laval (Canada))Présentation Slideshare
Les déchets générés par la surconsommation de produits provenant de l’industrie de la mode sont issus d’une obsolescence perçue, soit le fait de remplacer un produit encore utilisable par un produit récent plus attirant. La mode étant ici un secteur intersectoriel évoluant sur un marché très compétitif où le modèle d’affaires n’a plus d'autre choix que de s'appuyer sur une accélération du cycle de vie de ses produits. Dans ce contexte, la présente étude s’intéresse au design pour la durabilité émotionnelle, qui vise la création d’un lien plus durable entre les consommateurs et les produits en revisitant les émotions et l’attachement comme une possibilité de défier l’obsolescence perçue. Les travaux évoquant le design pour la durabilité émotionnelle ne précisent cependant pas si cette notion s’intègre économiquement dans le modèle d’affaire des industries concernées. À partir d'une recherche-action, cette recherche vise donc à analyser la pertinence et la faisabilité d'intégrer le design émotionnel dans le monde de la pratique comme une alternative permettant de défier l'obsolescence perçue. Les résultats attendus permettront d’enrichir le corpus de connaissances par l’élaboration de recommandations touchant aussi bien le développement stratégique du modèle d’affaires des entreprises de la mode que les différentes étapes du processus de conception et de fabrication de produits.
Midi-causerie : « COVID et design »
Café virtuel
Session 6 – Environnement, climat et espèces : économie circulaire, écoconception et transition énergétique
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Communication orale
Concevoir et fabriquer avec l’existant : une approche d’actualisation de lots d’objets en fin de vie par le design en vue de leur réintroduction dans un nouveau cycle d’usage.Maurice Cloutier (UQAM - Université du Québec à Montréal)Présentation Slideshare
Dans une perspective de réduction à la source des déchets et de recherche de modèles de production et d’acquisition de biens favorisant l’économie circulaire, notre présentation vise à partager une démarche de revalorisation de lots d’objets en fin de vie par le design initiée dans un contexte de recherche et d’expérimentation.
Prenant appui sur la transformation des matières, des formes, des usages et des signes, cette approche d’actualisation a été élaborée afin d’échafauder des stratégies pour le traitement de lots d’objets désuets visant à les réintroduire dans un nouveau cycle d’usage.
D’abord élaborée pour un lot de luminaires de bureau acquis dans les années 1970 et dirigé en bon nombre vers l’enfouissement, cette approche de design à valeur ajoutée a suscité de l’intérêt auprès de spécialistes en design et d’autres domaines préoccupés par l’opérationnalisation du développement durable lors de conférences présentées jusqu’ici. La démarche révèle un potentiel de reproductibilité offrant une viabilité environnementale, sociale, économique, alors que l’enthousiasme démontré par plusieurs en vue d’acquérir une nouvelle lampe confirme la réceptivité culturelle pour ce type de produits.
Un projet de même nature est en cours destiné à actualiser du mobilier scolaire introduit aussi dans les années 1970 qui, au terme d’un usage soutenu, est dans un état de désuétude avancée et remplacé par des produits neufs offrant peu d’amélioration comparativement aux produits éliminés.
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Communication orale
Vers la proposition d’un système d’économie circulaire pour la gestion et l’acquisition de mobilier scolaire au QuébecLaurent Gauthier-Pelletier (Université Laval)Présentation Slideshare
Selon une récente étude, le mobilier scolaire québécois est disparate, usé, peu ergonomique, difficile à entretenir et mal adapté aux réalités des élèves et des enseignant.e.s des écoles. Ce constat est issu de l’inventaire de mobilier scolaire et d’entretiens auprès des membres du personnel de 19 écoles primaires. Pour comprendre cette usure, en plus de celui réalisé précédemment, un inventaire sera mené dans 6 écoles secondaires. Puisque ce sont les plus sollicités dans les classes, l’ensemble pupitre-chaise est sélectionné. Des entretiens de groupes seront aussi menés auprès du personnel enseignant et non enseignant il sera alors possible de comprendre la perception de l’usure et les liens avec l’usage. Les données descriptives d’usure du mobilier seront classées et catégorisées à partir des données d’inventaire pour trouver des corrélations entre réparation et remplacement. Ensuite, une comparaison avec les données qualitatives de la perception d’usure des membres du personnel permettra d’établir les bases des principes d’écoconceptions qui seront utilisés sous forme de piste pour l’amélioration du mobilier. Ces principes d’écoconception seront les lignes directrices qui guideront les fabricants de mobilier vers de meilleures pratiques dans l’intérêt des écoles du Québec. Ce mobilier sera conçu selon les principes de l’économie circulaire permettant d’améliorer la gestion et l’acquisition de celui-ci par le fait même.
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Communication orale
Exploration des motivations et du processus de conception et de fabrication des praticiens du Do-It-Yourself : vers une approche de production et consommation responsablesLaurence Carney (Université Laval), Claudia Déméné (École de design, Université Laval (Canada))Présentation Slideshare
Le Do-It-Yourself (DIY), qui se définit par la réalisation de produits par et pour soi-même, connaît depuis quelques années un regain d’intérêt. En effet, de plus en plus de consommateurs optent pour le DIY comme un mode de production et de consommation responsables (PCR) permettant une utilisation efficace des ressources, de l’énergie et une réduction des déchets. Inscrire la pratique du DIY dans une approche de PCR ne fait pas consensus au sein de la communauté scientifique du fait de l’utilisation de matériaux neufs et de technologies énergivores. Dans ce contexte, le projet de recherche a pour objectifs : 1) comprendre les motivations des praticiens ; 2) documenter leur processus de conception et de fabrication en vue d’identifier des opportunités permettant d’inscrire cette pratique dans une approche de PCR. À cette fin, 37 entrevues semi-dirigées ont été réalisées auprès de praticiens issus de réseaux de DIY et d’organismes environnementaux. Les résultats ont permis de mettre à jour les motivations des praticiens à faire du DIY et de schématiser un premier modèle conceptuel illustrant 9 étapes du processus de conception et de fabrication. À partir de ces résultats, 3 personas ont été élaborés afin d’illustrer le profil actuel des praticiens et leur tangente responsable. Enfin, une première définition du DIY responsable est offerte afin d’éclairer la communauté scientifique sur le débat entourant la pratique du DIY et de guider les praticiens vers une approche de PCR.
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Communication orale
Un dispositif de simulation participative pour un design de service « post-transition » : prendre soin des interactions humaines pour un partage d’énergie entre voisinsZoé Bonnardot (EDF R&D), Yvon HARADJI (EDF R&D), Elise PRIEUR (Chef de projet designer, EDF R&D)Présentation Slideshare
Reconnu comme acteur majeur du réchauffement climatique (GIEC, 2019) l’humain est au coeur des préoccupations du design (Norman & Draper, 1986). En tant que designer d’innovations sociales, notre objectif est qu’il ne soit pas seulement une partie du problème, mais également une partie de la solution (Manzini, 2007). Dans cette perspective, il est aujourd’hui nécessaire de penser et de concevoir des outils et méthodes pour un design de la transition (Manzini, 2007 ; Gaziulusoy & Ryan, 2017; Irwin, 2018). En ce sens, notre proposition est une mise en application des principes de design du milieu (Petit, 2015) ainsi qu’une contribution au domaine de pratique, d’étude et de recherche qu’est le Transition Design (Irwin, 2018). Afin d’accompagner au mieux le bouleversement sociotechnique qu’est la transition énergétique en France, nous proposons un dispositif de simulation participative, sous la forme d’un jeu de plateau. Conçu pour générer des interactions humaines réalistes dans un univers « post-transition », il permet de simuler le partage d’énergies renouvelables entre voisins. En invitant un public non-expert à confronter leurs visions des futurs énergétiques (Mazé, 2016), le dispositif est un outil pédagogique. Également conçu comme un objet intermédiaire de conception, il permet d’observer les processus de prises de décisions individuelles, les formes d’organisation collective ainsi que les besoins et difficultés générés par ce nouvel environnement.
Session 7 – Environnement, climat et espèces : anthropocène, communs négatifs et écosocialisme
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Communication orale
Prendre soin autrement : désigner et designer les communs négatifsAlexandre Monnin (Groupe ESC Clermont / Origens Medialab)Présentation Slideshare
Le design et les communs ont partie liée depuis plusieurs années. Au soin d’une ressource prise en charge par un collectif répond la nécessité de designer les règles de gouvernance démocratique de ce commun. Celui-ci est souvent réduit à un triptyque canonique : ressource - communauté - règles de gestion démocratiques. Or, ce schéma appelle bien des commentaires. On voit d’ailleurs fleurir les tentatives visant à « dé-gestionnariser » les communs pour leur restituer une dimension politique et institutionnelle ou encore à les concevoir au-delà de la notion de ressource et des perspective extractivistes qu’elle ouvre (le commun « plus-qu’humain » – autre chantier que partage le design). D’autre part, plusieurs concepts ont émergé afin d’affiner la pensée des communs. Parmi ceux-ci, nous en avons proposé un, celui de « commun négatif » , qui tente d’attirer l’attention sur d’autres réalités, au-delà du scénario classique d’une ressource qu’un ensemble d’acteurs entendrait s’approprier (dans le sillage de la tragédie des communs). Aujourd’hui se pose la question de ces réalités, typiques de l’Anthropocène, que personne ne veut prendre en charge et qui seront cependant suffisamment abondantes dans les années à venir pour s’imposer à nous (infrastructures en déshérence, sols pollués, énergies fossiles à laisser dans les sous-sols...). Nous présenterons une typologie de ces communs négatifs qui obligent à repenser en profondeur la relation de soin et le design qui lui est associé."
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Communication orale
Le design social est-ce un champignon ? Le concept d’agencement polyphonique ou l’interdépendance vertueuse d’Anna L. Tsing pour penser la transition écologique par le designYaprak Hamarat (UNIVERSITÉ DE LIÈGE)Présentation Slideshare
Les mycètes ou les fungi, communément appelés des champignons, sont des êtres intimement liés aux autres êtres qui les font apparaître et qui les entourent. Ce sont des entités dépendantes. Le concept d’agencement polyphonique ou l’interdépendance vertueuse développée par Anna Lowenhaupt Tsing, en s’appuyant sur ces êtres ni végétal ni animal, montre que la force écologique d’un système naît à travers la vulnérabilité des entités qui la composent. Ces concepts, mais aussi l’approche méthodologique et conceptuelle d’Anna Lowenhaupt Tsing résonnent particulièrement avec le design social et permettent de penser la pratique du design avec une perspective originale pour la transition écologique. Le design prend soin quand il crée les conditions et les agencements propices à l’établissement d’échange diversifié et évolutif dans le temps entre les humains et les non-humains. L’innovation écologique qu’habite le projet de design social est dans sa capacité à « créer des ensembles riches d’éléments précaires collaboratifs » à l’inverse de la figure de l’autonomie (e.g. énergie, santé, démocratie) tant mise en valeur au sein de la vie contemporaine.
Café virtuel
Session 8 – Villes, architecture et territoire
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Communication orale
Le repos en mouvement : recherche-conception sur les haltes routières québécoisesLéonie Hottote (candidat à la maîtrise en design de l’environnement, École), Thomas-Bernard Kenniff (UQAM - Université du Québec à Montréal)Présentation Slideshare
Les haltes routières publiques formalisent les décisions d’une société par rapport à l’occupation du territoire ainsi que la prise en charge par l’état des besoins corporels des voyageurs. Au Québec, ce déploiement commence avec la modernisation de l’état et du réseau routier dans la deuxième moitié du 20e siècle. Leur architecture allusive au vernaculaire et leur gestion publique lient le parc des haltes québécoises à l’identité culturelle inscrite dans le territoire et à l’appareil gouvernemental. Les soins qu’elles disposent relèvent à la fois du biologique, de la politique et de l’imaginaire collectif. Notre recherche-conception se penche sur la modernisation du parc gouvernemental des haltes routières, processus mis en marche depuis une trentaine d’années, transformant du même coup les soins apportés aux usagers. Le projet repose sur l’inventaire, l’étude de terrain et l’analyse et la projection par le design. De cabanes sanitaires, en passant par les aires de services publiques-privées aux projets en cours de « haltes modernisées », chaque nouvel aménagement modifie le lien unissant l’usager à l’appareil gouvernemental, le public au privé, la culture au territoire, le repos à la consommation. Le projet étudie l’évolution formelle des soins aux usagers disposés par la conception des haltes. Il veille à prendre soin du dispositif lui-même et de son imaginaire culturel par la recherche-conception et le mouvement entre l’inventaire et la réinvention.
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Communication orale
Guider le design vers une approche plus inclusiveMaxim Lamirande (Open University, Royaume-Uni)Présentation Slideshare
La sollicitude en design connaît plusieurs noms: le design inclusif, participatif, universel, ou par le care. Ils partagent tous un objectif commun de concevoir des espaces et artefacts pour le plus grand nombre d’usagers: autant la majorité que les marginalisés. On retrouve au sein de ces approches une attention aux principes comme la justice, l’équité et l’éthique. Tandis que ces dernières promeuvent le bien-être de tous, leur mise en pratique réussie est complexe, conflictuelle et souvent difficile, même impossible. Afin de mieux fonder l’approche en pratique, on retrouve des propos qui tentent de gouverner le processus de design, tel que “only if relative differences go generally to the advantage of the less able or most disadvantaged” (Bianchin & Heylighen, Just Design, 2018) ou “the production of artefacts and environments usable by anyone irrespective of their bodily status” (Imrie & Luck, Designing Inclusive Environments, 2014). Cette recherche présente et déconstruit ces propositions afin d’en avancer une nouvelle inspirée par le modèle du design innovatif (Valkenburg et al., Open Innovator, 2012) et reconnaissante de la complexité en conception. Le nouveau modèle tente de surmonter les barrières qui empêchent le design inclusif par l’engagement des groupes marginaux et les aspects sociaux de leurs expériences vécues. Le modèle se présente non comme une solution finale, mais un intermédiaire qui facilite l’adhésion ou l’essai d’un design plus inclusif en pratique.
Session 9 – Démocratie, institutions et éducation
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Communication orale
Co-concevoir les politiques publiques avec les citoyens : accompagnement des agents publics par le designAlice Martin (Université de Nîmes, France)Présentation Slideshare
Les évolutions du service public en France tendent à donner une plus grande place aux usagers dans la construction des politiques publiques (Cortey et al., 2019; Deni & Catoir- Brisson, 2019). Toutefois l’expertise des agents et la volonté des élus sont également à prendre en compte et les changements de pratiques engendrent une transformation du fonctionnement de l’administration publique française (Espagno-Abadie & Peneranda, 2018). Dans ce contexte, les designers sont appelés à accompagner les administrations dans la co- conception de leurs politiques publiques. (Coblence & Vivant, 2017; Scherer, 2015; Weller & Pallez, 2017) Comment le design peut aider les agents publics à prendre en compte les usagers dans la construction des politiques publiques ?
Designer doctorante au laboratoire d’innovation de la Région Occitanie depuis octobre 2018, nous avons accompagné plusieurs Directions dans la conception de politiques publiques. Une observation participante a été menée, complétée d’entretiens avec les agents accompagnés pour comprendre comment ils s’approprient les méthodes du design.
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Communication orale
L’approche de codesign : un processus démocratique à valoriser bien qu’imparfait dans la lutte aux inégalités sociales de santéDominique Giroux (Université Laval), Christine Hamel (Université Laval), Karine Latulippe (Université McGill), Mélanie Tremblay (Université Laval), Anabelle Viau-Guay (Université Laval)Présentation Slideshare
L’approche de codesign est une voie prometteuse dans la réduction des inégalités sociales de santé en tant que processus démocratique et facteur de conversion central (au sens de Sen [2000]). Il sera ainsi présenté comment cette approche a influencé le cours du développement d’un prototype (site web) visant à soutenir les proches aidants dans leur processus de recherche d’aide dans le cadre d’un projet intitulé « Mieux répondre aux besoins des proches aidants pour un maintien à domicile sécuritaire des ainés en perte d’autonomie ». Ce projet, financé par le ministère de la Famille dans le cadre du Programme Ami des Aînés, a impliqué des chercheurs de quatre universités québécoises ainsi que 78 codesigners provenant d’organismes communautaires, de professionnels de la santé et services sociaux et des proches aidants de onze régions du Québec. La valeur ajoutée, les défis et les tensions du processus démocratique et du partage des voix appliqués à l’ensemble des étapes de conception du site web seront présentés. Deux enjeux majeurs portant sur l'évaluation des services formels et sur la possibilité d'échanger avec les pairs, les contributions des codesigners, ainsi que l’effet perçu de cette approche sur les tests d’utilisabilité seront également discutés
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Communication orale
Le design, un art à parfaire : enquête sur la pratique des designers sociauxGuillaume BLUM (École de design, Université Laval), Thomas Coulombe-Morency (UdeM - Université de Montréal), Philippe GAUTHIER (École de design, Université de Montréal)Présentation Slideshare
Aujourd’hui, un nombre considérable de pratiques apparaissent en tension avec les institutions initialement destinées à les supporter. Animées principalement par l’acquisition, l’accumulation et la distribution de biens externes ou d’efficience (p. ex. : la richesse, la gloire, le rang social), les institutions nuiraient à l’accomplissement et à la possibilité d’épanouissement de ses praticiens (MacIntyre, 1984). Même si aucune institution ne cherche à produire des employés malheureux, les pressions qu’elles engendrent afin d’acquérir ces biens contribueraient, selon Sennett (2010), à la production d’un travail sans qualité ; d’un travail désincarné.
Le design n’échappe pas à ce diagnostic et les discours critiques générés sur l’état de la pratique depuis les dernières décennies ne font qu’en témoigner. Que ce soit Boehnert (2014 ; 2018), Fry (2009) ou encore Julier (2017), chacun de ces théoriciens envisage la pratique du design sous un rapport de domination avec les institutions qu’elle dessert et dénonce la compromission que les designers doivent faire sur ce qu’ils jugent valable d’atteindre.
Afin d’éviter de se perdre dans les contraintes institutionnelles, MacIntyre (1984) suggère une conception des pratiques qui valorise une vision distinctive de ce qui vaut la peine d’être atteint (d’un telos) et la poursuite de biens qui en découlent. Les designers sociaux se revendiquent d’une telle posture. Au-delà de la finalité marchande, ils cherchent à affirmer leurs compétences spécifiques afin de promouvoir un changement positif dans la société (Margolin et Margolin, 2002). En ce sens, le design social représente un véritable terrain soutenant l’engagement des professionnels envers des valeurs éthiques fondamentales (Kimbell et Julier, 2019).
Le design social contribuerait-il à parfaire l’art de designer ? L’activité caractéristique de cette nouvelle catégorie d’acteurs professionnels serait-elle l’expression d’une pratique au sens où l’entend Alasdair MacIntyre, c’est-à-dire une pratique porteuse d’une finalité spécifique et génératrice de biens internes (ou d’excellence) que ses praticiens cherchent à émuler ? La recherche qui suit tentera d’apporter des réponses à ces questionnements en dressant un portrait de cette catégorie d’acteurs, de ce qui les anime, de ce qu’ils poursuivent et des moyens qu’ils mettent en place afin d’affirmer cette mission au sein des institutions. Enfin, elle cherchera à faire émerger les retombées éventuelles pour le design sur le plan disciplinaire, pédagogique et éthique.