Informations générales
Événement : 88e Congrès de l'Acfas
Type : Colloque
Section : Section 600 - Colloques multisectoriels
Description :L’intervention par l’art occupe une place de plus en plus importante dans différents milieux de la société québécoise. Pourtant, malgré sa popularité grandissante et ses bienfaits reconnus scientifiquement, elle demeure une pratique relativement isolée et peu connue par rapport aux types d’interventions plus traditionnels. Or, en raison de sa flexibilité et de son accessibilité, l’intervention par l’art a l’avantage de s’adresser à une clientèle variée et de s’adapter à la réalité de divers milieux. Elle permet ainsi d’atteindre des populations qui peuvent se trouver ou se sentir exclues des canaux d’intervention plus traditionnels.
Toutefois, les pratiques d’intervention qui font appel à des modalités artistiques se situent souvent en marge d’une pratique clinique conventionnelle, à moins qu’elles ne relèvent de professions dont l’expression artistique sous toutes ses formes est l’outil privilégié et officiellement annoncé. Au Québec, il est alors question d’art-thérapie (arts visuels), de musicothérapie, de dramathérapie et, plus récemment, de thérapie par la danse et le mouvement. Dans ces cas précis, la pratique clinique s’appuie sur un rationnel théorique, des données issues de la recherche et une longue tradition de pratiques s’inspirant à la fois du milieu artistique et de celui de l’intervention. Néanmoins, il importe de rappeler que ces disciplines sont en émergence et luttent pour leur reconnaissance.
Dans tous les cas, les connaissances sur les effets de l’intervention par l’art, la compréhension des différentes conditions permettant le déploiement optimal de ces initiatives et les limites de ces approches sont encore à parfaire. D’autres questions méritent aussi que l’on s’y attarde : qu’advient-il lorsque ces initiatives sortent du milieu clinique plus conventionnel pour se déployer dans des milieux alternatifs qui vont à la rencontre de personnes qui ne sont pas servies autrement? Comment adapter une pratique d’abord clinique à un cadre non clinique? Comment se définissent ces pratiques lorsqu’elles ne sont pas menées par des thérapeutes par les arts? Quels objectifs poursuivent-elles?
Comme pour toute discipline en émergence, les initiatives issues du terrain et élaborées de manière plus ou moins intuitive par des intervenants qui, peut-on le présumer, ont d’abord un intérêt personnel pour les arts, ne trouvent pas toujours écho auprès des chercheurs. L’inverse est aussi vrai : les chercheurs qui s’intéressent aux retombées de l’expression artistique sur les populations plus vulnérables doivent faire preuve de créativité pour faire reconnaître la pertinence de leurs sujets de recherche et, parfois même, pour obtenir la collaboration des milieux de pratique. Il est grand temps que ces deux univers se rencontrent, que les idées s’exposent au grand jour et soient mises en lumière à travers le spectre d’une multitude de points de vue : intervenants psychosociaux, thérapeutes par les arts et chercheurs.
Date :Format : Uniquement en ligne
Responsables :- Caroline Beauregard (UQAT - Université du Québec en Abitibi-Témiscamingue)
- Nancy Couture (UQAT - Université du Québec en Abitibi-Témiscamingue)
Programme
Accueil des personnes participantes
Bloc A – L’intervention par l’art et l’éthique
-
Communication orale
Intervenir par l’art et avec art : réflexion sur le pouvoir de l’intervention art-thérapeutiqueJosée Leclerc (Université Concordia)
Intervenir, c’est prendre part à quelque chose dans l’intention d’agir sur son déroulement. On peut par exemple intervenir en entrant en action dans un conflit ou dans une guerre, avec toutes les questions que cela soulève. On peut aussi intervenir afin de stopper l’évolution d’une maladie ou encore de réduire une difficulté et favoriser le mieux-être d’une personne en thérapie. Intervenir implique donc une action, un agir sur quelque chose ou sur quelqu’un. Pourquoi et pour qui intervenons-nous ? Avons-nous toujours conscience de ce qui nous motive à proposer une intervention à une personne ou à un groupe donné ? Devons-nous instaurer un espace potentiel qui permette à la personne de découvrir par elle-même l’intervention qui lui sera bénéfique ? Comment concevons-nous le rôle de l’art et de la créativité en intervention, qu’il s’agisse d’un cadre clinique ou communautaire ? Comment adaptons-nous nos interventions aux réalités d’aujourd’hui : vulnérabilité des clientèles, problématiques primaires, etc.? Quel est l’apport spécifique de la médiation artistique propre aux thérapies par les arts dans ce contexte, son pouvoir d’objectivation, sa capacité à rendre figurable ? En tenant compte du récent rapport de l’OMS attestant des bienfaits de l’art en santé, que dit la recherche à cet égard ? Ce sont là autant de questions soulevées afin de proposer une réflexion et un échange sur les enjeux éthiques inhérents à l’intervention et sur le pouvoir de l’intervention par l’art.
-
Communication orale
Exposition, publication et vente des œuvres issues d’un processus art-thérapeutique : Entre les risques et les bénéfices, des enjeux éthiques pour le clientLise Pelletier (UQAT - Université du Québec en Abitibi-Témiscamingue)
L’art et la création sont au centre d’un large spectre d’interventions partant de l’art qui fait du bien jusqu’à la psychothérapie par l’art, nuançant la place et la considération apportée à l’objet créé. Suivant le contexte de pratique, la formation de l’intervenant-thérapeute et la population concernée, de nombreuses questions éthiques et déontologiques soulevées par le potentiel d’exposition, de publication et de vente des productions plastiques méritent qu’on s’y attarde. D’une part, les lois et règlements sont suffisamment clairs pour encadrer une pratique judicieuse mais ne sont pas toujours connus. D’autre part, la question de l’éthique sous-jacente à l’exposition, la publication ou la vente ne peut être résolue que par la législation. À cet égard, la conférence s’intéresse particulièrement à certains enjeux dont l’application du choix libre et éclairé lorsque les produits sont issus d’un contexte thérapeutique, les enjeux relationnels inconscients liant le client à l’intervenant-thérapeute ainsi que les enjeux reliés à la vulnérabilité lorsqu’exposer devient s’exposer. Inévitablement, le public sera invité à se questionner sur l’art et ses normes dans divers contextes de pratique.
-
Communication orale
Tensions dialogiques : L’élaboration interdisciplinaire d’un projet d’intervention par le théâtre auprès d’enfants qui bégaientCamille D'anjou (UdeM - Université de Montréal), Maud Gendron-Langevin (UQAM - Université du Québec à Montréal), Ingrid Verduyckt (UdeM - Université de Montréal)
La présentation prend appui sur un projet de recherche portant sur la création d’ateliers de théâtre destinés à des enfants bègues entre 8 et 12 ans et leurs parents à l’Institut universitaire sur la réadaptation en déficience physique du CIUSSS CentreSudMtl. Dans ce projet, des professeurs en orthophonie, une professeure en théâtre et dramathérapeute, une psychologue, des orthophonistes cliniciennes, des étudiants et une spécialiste du théâtre auprès de personnes vivant avec une aphasie tentent de développer des ateliers de théâtre pour aborder les aspects psychosociaux et les objectifs de participation sociale des enfants avec un bégaiement. De ces rencontres émergent cinq tensions dialogiques que l’équipe tente d’articuler et d’analyser au regard des disciplines propres à chacun et en tenant compte des objectifs communs du projet de recherche-intervention : 1) Physicalité vs intellectualisation ; 2) Rôles définis vs transversalité ; 3) Groupe vs individu ; 4) Objectifs thérapeutiques vs objectifs théâtraux ; 5) Population précise vs population générale. Sachant que les ateliers développés ne sont pas nécessairement destinés à être donnés par des dramathérapeutes, la question des objectifs, des connaissances et des savoir-faire s’impose. Comment, donc, juxtaposer les expertises de manière cohérente, dans un souci éthique, pour que ce projet d’intervention par l’art soit réalisé à son plein potentiel thérapeutique peu importe l’intervenant qui le pilotera éventuellement ?
Bloc B – L’art pour reprendre du pouvoir
-
Communication orale
L'intervention artistique en contexte humanitaireAlexandre Bédard (UQAM - Université du Québec à Montréal), Caroline Coulombe (Université du Québec à Montréal), Marie-Pierre Leroux (Université du Québec à Montréal), Karine Rajoelisolo Debergue (UQAM - Université du Québec à Montréal)
L’art et la culture sont des leviers de développement social, économique, communautaire et citoyen. En contexte postcrises, postconflits, les mesures en santé, en sécurité, en éducation et en gouvernance sont privilégiées à celles en art et en culture malgré leurs potentiels économiques, sociaux et identitaires. Étudier l’art et la culture permet de regarder comment les entreprises de ce secteur permettent de rebâtir et re-développer les populations locales. Cette approche pose l’objet culturel comme outil de résilience et de construction identitaire.
L’intervention artistique agit comme un catalyseur d’émotions, un mécanisme d’implication et de galvanisation (Simeone & al., 2017 ; Antal, et Strauß, 2013). À partir de ce cadre, les travaux de Karine Debergue (2020), qui s’est intéressée à l’influence de l’intervention artistique sur la gestion des équipes de travail, ont permis de développer un modèle démontrant les impacts de l’intervention artistique sur l’affect, l’aptitude, la culture de travail et le comportement d’équipe. Mais qu’en est-il des impacts sur des groupes plus nombreux et en crises ? Pour répondre à la question, nous avons mené une série d’entretiens auprès de diverses organisations au Cambodge, en Grèce, à Haïti et ailleurs. Nos observations démontrent le développement de l’autonomisation de ces populations, agissant sur leur volonté, leur capacité et leur pouvoir à reprendre le contrôle sur leur vie.
-
Communication orale
La reconsolidation des mémoires émotionnelles par l'art-thérapieSophie Boudrias (UQAT - Université du Québec en Abitibi-Témiscamingue)
Les mémoires émotionnelles exercent un impact indéniable, mais souvent inconscient, sur les comportements humains. Le processus de reconsolidation d’une mémoire émotionnelle commence par sa réactivation, avec l’affect, afin que le réseau neuronal impliqué dans ladite mémoire devienne labile. Cette flexibilité permet la mise à jour (reconsolidation) de la mémoire et l’activation d’un nouveau réseau neuronal, grâce à la juxtaposition d’une contre-expérience, c’est-à-dire une expérience contredisant de façon vive cette mémoire. L’art-thérapie est une approche de choix pour faciliter ce processus. L’image et le processus créatif permettent d’abord de préciser le symptôme et la mémoire émotionnelle qui en est à l’origine. Ensuite, l’activation de l’affect est nécessaire à la reconsolidation d’une mémoire de nature émotionnelle. Or, l’image, la couleur et l'implication du corps dans le processus créatif ont la propriété de stimuler l’affect. Enfin, la contre-expérience, permettant la modification du réseau neuronal, est d’autant plus efficace qu’elle est bien visualisée, contextualisée et ressentie. L’art-thérapie permet ici de créer, non pas une simple pensée ou connaissance rationnelle, mais bien une contre-expérience concrète comportant plusieurs composantes (visuelle, tactile, kinesthésique, proprioceptive...) de façon à pouvoir créer une dissonance expérientielle avec la mémoire émotionnelle d’origine.
-
Communication orale
Découvrir le trauma vicariant et la réponse par l’art: Analyse thématique de l’expérience de sept participants à un atelier au sujet du trauma vicariant et de la réponse par l’artCatherine Emmanuelle Drapeau (UQAM - Université du Québec à Montréal)
Les psychothérapeutes qui œuvrent auprès de nouveaux arrivants peuvent être particulièrement vulnérables au Trauma Vicariant (TV), soit la perturbation des schémas cognitifs due à un contact empathique fréquent avec les récits de trauma de clients. Alors que les bienfaits de l’art auprès de survivants de trauma sont bien documentés dans la littérature, des études menées sur les thématiques conjointes de l’art et le TV demeurent rares. Plusieurs soutiennent que la Réponse par l’Art (RA) peut faciliter la prise de conscience et la gestion du contretransfert, la compréhension d’enjeux thérapeutiques, l’intégration d’acquis théoriques et autres chez les thérapeutes par les arts. Une étude de cas publiée récemment suggère que la RA peut aider à mitiger l’expérience du TV chez l’art-thérapeute. Dans le cadre de la présente étude, 7 psychothérapeutes qui travaillent avec des nouveaux arrivants ont participé à un atelier de formation visant la sensibilisation au TV et l’initiation à la RA. Des entretiens semi-structurés individuels ont été menés en trois temps après la formation afin de saisir leur évaluation qualitative et subjective et d’élucider les retombées de leur expérience. Les résultats de l’analyse thématique des données qualitatives recueillies lors de la première vague d’entretiens seront présentés. Les implications des résultats pour la formation professionnelle relative au TV et la RA seront discutées.
Dîner libre
Bloc C – L’art pour prendre soin et comprendre
-
Communication orale
L’apport de la création artistique et les impacts de l’art-thérapie dans le soutien aux personnes atteintes de fibromyalgieNancy Couture (Université du Québec en Abitibi-Témiscamingue), Emmanuelle Dupuis (UQAT - Université du Québec en Abitibi-Témiscamingue), Julie Paquin (Université du Québec en Abitibi-Témiscamingue)
La fibromyalgie est une maladie méconnue pour laquelle il n’existe pas de traitement permettant de la guérir. Les personnes qui en souffrent présentent des symptômes de douleur chronique qui s’accompagnent communément de fatigue, d’anxiété et de troubles de l’humeur, telle que la dépression. Ce projet de recherche exploratoire visait à identifier les effets potentiels de l’art-thérapie auprès de personnes atteintes de fibromyalgie ainsi qu’à mieux comprendre l’apport spécifique de la création artistique dans un tel contexte. Dans le cadre d’une démarche art-thérapeutique de groupe, 11 femmes ont pu bénéficier de 8 séances d’art-thérapie, à la suite desquelles elles ont été rencontrées individuellement pour témoigner de leur expérience. L’analyse des données suggère que l’art-thérapie a eu des impacts sur plusieurs plans. D’abord, la démarche de groupe a permis la validation de l’expérience de la maladie et le bris d’isolement. Puis, des effets favorables ont été ressentis par les participantes en lien avec la gestion de la douleur, l’humeur générale, la qualité des relations interpersonnelles, la flexibilité attentionnelle et la perspective entretenue face à la maladie. Il apparait que l’art a permis de stimuler, faciliter et bonifier l’observation, l’expression et l’acceptation de soi. Pour ces multiples raisons, nous appuyons la pertinence de l’art-thérapie comme approche d’intervention pour soutenir et accompagner cette clientèle.
-
Communication orale
Les ateliers d’expression créatrice par les arts; compléter les observations sur le groupe au moyen d’un outil d’intervention prometteurCaroline Beauregard (Université du Québec en Abitibi-Témiscamingue), Marie-Eve Caron (UQAT - Université du Québec en Abitibi-Témiscamingue)
Depuis plusieurs années, le centre de recherche Sherpa et ses partenaires offrent des ateliers d’expression créatrice par les arts. Au fil des ans, les ateliers se sont adaptés aux différentes réalités, tant des milieux que de la clientèle. La réalité sur l’immigration ayant beaucoup changé au cours de la dernière décennie, les ateliers sont maintenant offerts dans plusieurs commissions scolaires. Avec ce souci de toujours mieux desservir cette clientèle, nous sommes appelés à peaufiner nos méthodes d’intervention. Le projet de recherche « Connecting to others through drawing : creative expression workshop for young immigrant children » visait à étudier les relations dans un groupe et si le bien-être émotionnel des enfants augmentait. Pour cette recherche, nous nous sommes inspirés d’un outil utilisé par Blanchet, L., « Le Petit Train », pour bonifier les données recueillies. Cet outil sert à observer les relations entre les enfants au sein du groupe, mais aussi avec l’enseignant. Nous pouvons ainsi récolter de l’information sur leur propre perception d’eux-mêmes dans le groupe. L’évolution de cet outil sera illustrée par le biais des photos prises lors de l’expérimentation.
-
Communication orale
« Art Connecting » : des ateliers d’art pour les enfants des centres d’hébergement temporaires pour demandeurs d’asile à la Ruche d’art de l’Université McGillPrudence Caldairou-Bessette (Université McGill), Claudia Mitchell (Université McGill)
Cette proposition envisage de présenter l’expérience du projet « Art Connecting » qui a offert 2 mois d’ateliers d’arts une fois par semaine aux enfants résidants dans les centres d’hébergement temporaires pour demandeurs d’asile de Montréal. Ce projet a mené à la production d’un livre, une pratique inspirée de projets participatifs en recherche. Ce travail a été rendu possible par la collaboration entre un projet bénévole indépendant, la Ruche d’Art de McGill, (McGill Art Hive Initiative – MAHI) et l’Institut pour le bien-être et le développement humain (Institute for Human Development and Well-being- IHDW) de McGill, mais ne constituait pas un projet de recherche. Cette expérience sera présentée à travers le regard croisé de l’intervention et de l’académique, combinant le point de vue d’une psychologue clinicienne bénévole pour ce projet et stagiaire postdoctorale (P. Caldairou-Bessette) et d’une professeure de renommée internationale en méthodes participatives (C. Mitchell, directrice du MAHI et du IHDW). L’objectif de la présentation est de créer un espace de réflexion sur l’intersectionalité entre intervention, implication sociale et activité universitaire/recherche, particulièrement dans les contextes de travail auprès de populations dans des situations de grande vulnérabilité. Quels sont les obstacles et les ouvertures à ce travail? Quelles en sont les particularités? Quel a été l’apport spécifique de l’art et de la production d’un livre dans le projet?
Bloc D – L’art pour se faire voir et entendre
-
Communication orale
Une chanson pour Elles : application de la démarche de création d'un collectif écoféministe auprès d’un groupe de femmes marginaliséesPatricia-Anne Blanchet (UdeS - Université de Sherbrooke), Sarah-Maria Leblanc (Université du Québec à Rimouski)
En 2020, l'état de la condition féminine à l’échelle mondiale est encore inquiétant, tout comme l’est la dégradation de l’environnement. Des études démontrent un lien entre l’augmentation des violences faites aux femmes et le néolibéralisme (Palmieri, 2016). Pour favoriser le changement social, une prise de parole artistique dans l’espace public apparait comme un chemin porteur. Depuis douze ans, le collectif écoféministe les Tisserandes crée des spectacles multidisciplinaires à l’occasion, entre autre, de la Journée Internationale des Femmes et mène des interventions par l’art auprès de femmes marginalisées. L’écoféminisme met en relation l’oppression des femmes et la domination des humains sur la nature (Casselot, 2017). Fruit d’un intelligent dosage tragicomique alliant théâtre, chanson, conte, poésie, danse et rituel, ce projet inclusif constitue une source d’inspiration tant pour la collectivité que pour les artistes. En 2019, le Tisserandes ont mené le projet de médiation culturelle Une chanson pour Elles en collaboration avec un centre de femmes, ce qui a permis à neuf femmes d’expérimenter la démarche de création du collectif et de composer une chanson originale enregistrée en studio professionnel, le tout dans un climat sécurisant accompagné d’une intervenante et d’un musicothérapeute. À l’occasion de cette communication, deux artistes-chercheures membres des Tisserandes vous présentent les retombées de cette initiative sur le mieux-être des participantes.
-
Communication orale
À l’affiche ! Des mots, des émotions et des lettres Histoire d’un processus de création artistique dans une bibliothèque pour les adultes en apprentissage du françaisCatherine Gagné (UQAT - Université du Québec en Abitibi-Témiscamingue)
Au réseau des bibliothèques publiques de la ville de Montréal il y a plus de mille notices qui apparaissent à l’écran sous la rubrique abécédaire. D’abord une exposition rend compte de la variété des sujets et aussi des formes. Les abécédaires y sont présentés sous les thèmes de l’éducation, la poésie, l’art, ainsi que le jeu et le design. « Un abécédaire permet de réfléchir plutôt que de définir. L'imaginaire et l’invention y jouent un rôle. Le premier abécédaire de philosophie date d’il y a quelques années, lorsque Gilles Deleuze a parcouru l’alphabet de animal à zigzag pour exposer sa pensée.» Chouette Philo chez Gallimard, 2012 S’inspirant de la variété des abécédaires à notre disposition nous avons fondé une approche originale pour créer des ateliers d'expression artistique sur ce thème en rapport au vécu personnel et affectif des participants; des adultes en apprentissage du français. À partir d'exposés et jeux sur les arts et l'écriture, des récits et des exercices de perceptions basés sur les sens nous avons co-construit une affiche et un jeu de cartes abécédaires. Des liens significatifs se sont tissés entre les participants et nous les avons vus s’approprier leur espace de liberté et d'expression. Des témoignages filmés nous permettent d'en saisir la teneur. Les notions de territoires personnels, géographiques auront servi de canevas sur lequel puisse s'élaborer un vocabulaire plastique rempli d’éléments narratifs qui expriment les désirs des participants.
-
Communication orale
Le mépris, la révolte et la construction des identités collectives en Haïti à travers le hip-hopSandy Larose (Université Laval)
Les discours de révolte sont une marque de fabrique des chansons du hip-hop depuis la chute de la dictature des Duvalier en 1986. Les jeunes des quartiers populaires trouvent dans cette culture un espace de lutte contre les mépris et toutes formes de marginalisation (Larose, 2015). Ainsi, il y a constamment une demande de reconnaissance à travers des discours revendicatifs mettant aux prises des altérités « nous » versus « eux ». Haïti sévit dans une situation de pauvreté extrême (Perchelet, 2010 ; Louis, 2010), où plus de la moitié de la population est coincée au-dessous du seuil de la pauvreté. Une certaine frange de cette jeunesse est mécontente et révoltée; elle se réfugie dans le hip-hop pour exister et résister autrement. Comment le mépris peut-il pousser certains jeunes à se jeter dans la résistance à travers un discours de révolte? Le hip-hop est le moyen que ces jeunes utilisent pour construire des nouvelles identités collectives. En se basant sur les entretiens semi-dirigés et l’analyse de contenus des chansons, on a pu comprendre que la culture hip-hop constitue dans ce pays un espace d’expression politique et de critique du pouvoir dans le souci d’une société meilleure (Honneth, 2007). Mots clés : hip-hop, Haïti, reconnaissance, identité, révolte.