Informations générales
Événement : 88e Congrès de l'Acfas
Type : Colloque
Section : Section 600 - Colloques multisectoriels
Description :L’arrivée des personnes réfugiées syriennes, puis celle de personnes demandeuses d’asile venues des États-Unis, a marqué le Québec ces dernières années. Les milieux de l’éducation, de la santé et des services sociaux ainsi que les instances juridiques se trouvent dans l’urgence de répondre aux multiples besoins de ces populations. Pourtant, alors que les représentations de l’opinion publique sur ce sujet deviennent plus négatives, il devient urgent d’élaborer des solutions dans le champ social qui tiennent compte de la transformation des dynamiques locales et globales et qui misent sur les ressources québécoises dans ce domaine. Or, les recherches menées auprès de personnes réfugiées et demandeuses d’asile montrent l’importance de l’environnement humain sur le développement de leur bien-être et soulignent ainsi l’importance de l’accueil et de la vie postmigratoire de ces familles. Ce colloque multisectoriel rassemble des chercheurs universitaires de disciplines et de champs variés (éducation, psychologie, travail social) et des praticiens des milieux de l’éducation, de la santé mentale, de l’organisation communautaire œuvrant auprès des familles réfugiées et demandeuses d’asile. Il vise à créer un espace de réflexion et de mobilisation de connaissances théoriques, empiriques et pratiques et tend vers une compréhension interdisciplinaire et systémique de la réalité des familles immigrantes, réfugiées et demandeuses d’asile, ainsi que la promotion de pratiques et de stratégies favorisant leur bien-être psychosocial et leur intégration à la société d’accueil.
Remerciements :L'Équipe de recherche interdisciplinaire sur les familles réfugiées et demandeuses d'asile remercie le Fonds de recherche québécois société et culture (FRQSC) pour son soutien financier.
Dates :Format : Uniquement en ligne
Responsables :- Garine Papazian-Zohrabian (UdeM - Université de Montréal)
- Caterina Mamprin (UdeM - Université de Montréal)
Programme
Accueil et mot de bienvenue
Bloc 1 : Perspectives internationales sur les réalités prémigratoires et périmigratoires
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Communication orale
L’expérience scolaire des enfants vivant dans des ménages dirigés par des « femmes cheffes de ménage » au RwandaErnestine Narame (UdeM - Université de Montréal)
Partant de notre recherche doctorale portant sur l’expérience scolaire des élèves en 6e année du primaire dans les écoles publiques de Kigali (N=1 838) (Narame, 2019), notre communication portera spécifiquement sur l’expérience scolaire de ceux qui, à l’intérieur de cet échantillon, vivent dans les familles dirigées par des femmes cheffes de ménage (FCM; NISR, 2015) (N=314). En mettant en dialogue les données quantitatives issues d’un questionnaire et des données qualitatives issues d’entretiens individuels et collectifs ainsi que des commentaires aux questionnaires, cette communication permettra de contribuer à la compréhension, d’une part, de la manière dont le fait de vivre dans un ménage dirigé par une FCM peut compromettre la scolarisation de ces enfants, principalement du fait de l’éloignement des ressources économiques nécessaires à l’accomplissement d’une scolarité réussie et permettra aussi, d’autre part, de montrer que ces conditions difficiles n’empêchent pas certains d’entre eux de s’investir dans leur scolarité et de surmonter les difficultés.
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Communication orale
Femmes réfugiées de Syrie ou les (in)visibles visages du déplacement. Apport d’une approche transnationale pour le travail socialRoxane Caron (UdeM - Université de Montréal), Myriam Richard (Université de Montréal)
Les femmes forment la moitié des personnes réfugiées autour du monde (IOM, 2018). Elles vivent des enjeux spécifiques à leur genre, même lorsqu’elles ont rejoint un endroit sécuritaire (Fiddian-Quasmieh, 2014). Cette communication expose les résultats d’un projet de recherche s’appuyant sur un cadre théorique féministe transnational (Mohanty, 2003, McLaren, 2017) en vertu duquel des entrevues de type récits de vie ont été menées auprès de 25 femmes réfugiées en provenance de Syrie dans un pays de réinstallation (Québec/Canada) et un pays limitrophe (Liban) afin de documenter et de mieux comprendre leurs expériences de l’exil. Notre présentation a deux objectifs : 1) Montrer qu’au-delà des discours sur la vulnérabilité des femmes réfugiées et de la complexité des réalités, leurs expériences témoignent d’une singularité relevant de leur histoire de même que d’identités personnelle, familiale et communautaire. L’idée est ici de faire émerger des éléments qui structurent leurs besoins, désirs, visions du monde, à la fois de manière transversale sur les deux sites et en lien avec le contexte spécifique dans lequel elles évoluent; 2) Réfléchir aux apports de l’approche féministe transnationale à la fois en recherche et en intervention psychosociale en jetant les bases d’une « matrice » (Hill Collins, 2000) féministe transnationale pour accompagner les chercheuses et les intervenantes travaillant avec des femmes réfugiées et leur famille.
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Communication orale
Faire la classe en contexte de camp : l’avènement de la forme-écoleMickael Idrac (UdeM - Université de Montréal)
Depuis la chute du régime libyen et l’aggravation du conflit syrien, les dynamiques d’encampement (Agier, 2014) se multiplient en Europe. La mise en place de l’approche Hotspot a entraîné l’érection de « formes-camps » (Agier, 2014) où les dynamiques éducatives se développent sur fond de désengagement de la part des pays hôtes. Le rapport de synthèse du programme de recherche Evascol (Armagnague et Rigoni, 2018) mené en France questionne également la pertinence de la catégorisation des enfants. Paradoxalement, cette dimension est mieux comprise dans des structures que l’on trouve dans les camps et ma communication envisage de répondre à la question suivante : Comment transformer l’école encampée en étape positive du parcours migratoire ?
Mes données proviennent d’enquêtes réalisées à Calais, en Grèce, Italie, Macédoine et Serbie entre février 2016 et août 2019. J’ai effectué des visites de camps, observations de classes et entretiens semi-directifs avec un vaste panel de parties prenantes (ONG, ONU, mairies, politiques…). Ma recherche s’appuie sur la sociologie de l’interaction (Goffman, 1974) et des institutions totales (Goffman, 1968) pour conclure que l’école peut devenir un objet permettant détotaliser le camp (Idrac, 2019). Mes résultats plaident pour l’apparition d’un nouveau type de structure modélisé en écho à la forme-camp et qui serait la forme-école.
Bloc 2 : Vécu postmigratoire des jeunes et des familles
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Communication orale
Expériences d’élèves réfugiés faisant la transition de la Formation générale des jeunes à la Formation générale des adultesGeneviève Audet (Université du Québec à Montréal), Justine Gosselin-Gagné (Université du Québec à Montréal), Zina Kharchi (Université du Québec à Trois-Rivières), Gina Lafortune (UQAM - Université du Québec à Montréal)
Cette communication rend compte d’un projet de recherche qui a examiné l’expérience d’élèves réfugiés syriens, arrivés au Québec entre 2015 et 2017, et faisant la transition de la Formation générale des jeunes (FGJ) à la Formation générale des adultes (FGA). Inscrits en classe d’intégration linguistique, scolaire et sociale (ILSS), ces élèves, qui ont connu des bris dans leur scolarité antérieure et ayant une faible connaissance la langue d’enseignement, réalisent des progrès importants durant leur cheminement en classe d’ILSS. Toutefois, ils n’atteignent pas un niveau suffisant leur permettant d’intégrer une classe ordinaire au secteur jeunes et se dirigent/sont dirigés à 16-17 ans à la FGA afin de poursuivre leur apprentissage du français et d’obtenir leur diplôme d’études secondaires. Cette transition, bien qu’encadrée dans leur cas, ne se fait pas sans difficulté. La communication fera écho des espoirs, rêves et projets de ces jeunes, mais aussi de leurs frustrations, découragements et déceptions. Nous présenterons également les recommandations des jeunes ainsi que quelques pistes d’actions des chercheuses pour soutenir la réflexion et l’action sur le terrain, tant pour la FGJ que pour la FGA.
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Communication orale
Histoires de vie, histoires de classe : Exprimer ses deuils à l’école par l’art et les métaphores pour créer des liensCaroline Beauregard (UQAT - Université du Québec en Abitibi-Témiscamingue), Prudence Caldairou-Bessette (Université du Québec à Montréal/Université McGill), Marie-Ève Caron (Université du Québec en Abitibi-Témiscamingue)
L’importance de bien accueillir les nouveaux arrivants est un sujet qui préoccupe de plus en plus le milieu scolaire au Québec. Qu’ils soient immigrants, réfugiés ou demandeurs d’asile, les enfants arrivent avec un bagage d’expérience marqué de deuils et de pertes multiples, et ce alors que la polarisation sociale et la xénophobie fragilisent leur lien social. Dans ce contexte, il devient essentiel de favoriser la création de relations interpersonnelles significatives à l’école afin de créer des conditions favorables pour que les enfants puissent faire sens de leur expérience de pertes. À cette fin, l’expression par les arts et les métaphores pourrait contribuer à la prise de conscience émotionnelle chez les enfants et ainsi encourager la création de liens sociaux. Ce processus serait toutefois influencé par le climat socioaffectif de la classe.
Cette présentation s’appuiera sur des données issues d’une recherche qualitative dont le but était d’explorer la contribution du programme d’expression créatrice Art et Contes au développement et à la consolidation de relations interpersonnelles significatives dans des classes d’accueil au primaire. À partir d’une étude de cas, les auteures mettront en lumière le rôle de l’expression par les arts et des métaphores dans le processus de reconstruction du lien social d’enfants réfugiés ayant vécu des deuils multiples. Pour ce faire, une attention particulière sera accordée au contexte scolaire et particulièrement à celui de la classe.
Dîner
Bloc 3 : Vécu postmigratoire des jeunes et des familles (suite)
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Communication orale
Les défis vécus par les familles demandeuses d’asile lors de l’installation à MontréalJanet Cleveland (Université McGill), Jill Hanley (Université McGill), Lisa Merry (Université McGll)
Nous avons mené une enquête structurée auprès de 325 demandeurs d’asile arrivés au Québec en 2017-2018 et installés à Montréal. Une dizaine de ces répondants qui avaient des enfants de moins de 6 ans ont aussi participé à des entrevues. L’enquête démontre que 54% des répondants ont des enfants au Québec, et que 57% des enfants ont moins de 6 ans. Près de 58% des répondants qui ont des enfants sont monoparentales. La proportion de demandeurs d’asile avec un diplôme universitaire (56%) est beaucoup plus élevée que dans la population québécoise (33%), mais un grand nombre (51%) ne travaille pas. Le taux de salaire horaire moyen est bas (14.78$). Depuis leur arrivée, 42% des répondants affirment avoir connu l’insécurité alimentaire et un grand nombre ont vécu dans des logements insalubres. Au cours des entrevues, les parents ont exprimé leur volonté de travailler et de participer pleinement à la société, affirmant que le manque d’accès à des garderies subventionnées constitue un des principaux obstacles à leur participation au marché du travail. Les familles, surtout les mères monoparentales, rapportent de l’isolement social et des sentiments de solitude. Les enfants passent souvent la journée à la maison avec peu d’interactions avec la société d’accueil. Les enfants sont aussi exposés aux stress vécus dans leur environnement. L’enquête et les entrevues indiquent que l’absence d’accès aux garderies subventionnées est un problème majeur pour les familles demandeuses d’asile.
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Communication orale
Faire mieux avec peu? Penser l’accueil des enfants réfugiés et les défis des milieux scolaires, l’expérience du projet Re-CréationMélanie Gagnon (IU-SHERPA; CERDA, CIUSSS du Centre-Ouest-de-l'Île-de-Montréal), Annie Jaimes (York University), Claire Lyke (Les Grandes Ballets Canadiens et CIUSSS Centre-Ouest de L'île de Montréal)
Les études concernant les personnes réfugiées ou en demande d’asile suggèrent que les conditions post-migratoires auraient un impact majeur sur leur bien-être, voir plus important que les expériences pré- et péri-migratoires. Pour les enfants réfugiés, le milieu scolaire représente un acteur clé dans l’établissement d’un contexte favorable à leur adaptation et à leur développement, notamment en soutenant la réinstauration d’une routine de vie, l’établissement d’un espace sécuritaire de socialisation, et l’accès aux services de santé mentale, si nécessaires. Les écoles font toutefois face à des défis en raison de la vulnérabilité de ces élèves et des ressources limitées du réseau. Le projet Re-Création vise à soutenir ces jeunes et leurs milieux scolaires en offrant: 1) des ateliers d'expression créatrices en classes d'accueil; 2) des formations aux enseignant.e.s; 3) des thérapies par l’art pour les jeunes vulnérables; 4) la liaison entre les secteurs scolaires et de la santé. Nous présenterons cette initiative novatrice, ses principes et les résultats préliminaires concernant l’évolution des jeunes participant aux ateliers. À partir d’observations préliminaires, nous décrirons ensuite certains enjeux rencontrés dans les milieux scolaires et diverses stratégies déployées. Enfin, nous présenterons des pistes de réflexions sur les besoins et avenues permettant de soutenir les écoles dans l’accueil des enfants réfugiés, interrogeant les possibilités et limites actuelles.
Session d’affiches
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Communication par affiche
Mères réfugiées en situation de monoparentalité : vers la construction d’un nouveau « chez-soi » à MontréalMarie Fally (UdeM - Université de Montréal)
Si elle incarne une réalité variée dans les pays d’origine (Tsai et al., 2017), la monoparentalité en contexte de migration forcée devient souvent synonyme de précarité, d’instabilité et d’inégalités sociales et économiques (Raïq et Plante, 2013). Qu’elles soient dans cette situation volontairement et durablement ou seulement temporairement, les obstacles quotidiens des femmes réfugiées monoparentales sont d’autant plus nombreux que les sociétés d’accueil fournissent rarement un soutien spécifiquement adapté à leur situation. Ces femmes sont dans un processus contraint de construction et d’attachement à un nouveau chez-soi, après la perte de leur maison, leur famille, et leur vie dans leur pays d’origine (Taha, 2020). Je m’interroge ici sur les stratégies qu’elles mettent en place pour s’ancrer dans la société québécoise et pour faire face aux défis qui leur sont propres. Par l’analyse des résultats préliminaires de mon terrain de recherche doctorale (entrevues), j’illustrerai comment les transformations familiales (Grace, 2019 ; Madziva, 2016) et les défis de la migration forcée (Hadjukowski-Ahmed et al., 2008) poussent ces femmes à reconstruire non seulement leur chez soi, mais aussi leur individualité de femme, de mère, et de réfugiée au Canada. C’est par la prise en compte de leurs réflexivités autour de cet espace intime que je mettrai en lumière la superposition entre agentivité, résilience et capacités d’ancrage qui font la spécificité de leurs parcours.
Bloc 4 : Réalités postmigratoires et enjeux pour l’intervention
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Communication orale
Défis et expériences d’établissement des mères réfugiées au QuébecLisette Brunson (Université du Québec à Montréal), Caroline Clavel (UQAM - Université du Québec à Montréal), Thomas Saïas (Université du Québec à Montréal)
Parmi les personnes réfugiées récemment arrivées au Québec, 40 % sont des enfants accompagnés d'au moins un parent. Peu de données existent sur l'établissement et le bien-être de ces parents. Cette recherche explore la routine quotidienne et l’expérience de réinstallation de mères réfugiées au Québec. Plus précisément, elle vise à 1) décrire les activités quotidiennes que les mères mettent en place ainsi que leurs valeurs et objectifs parentaux, 2) explorer les défis auxquels elles font face et les ressources qu’elles utilisent, 3) identifier les besoins qui pourraient être mieux satisfaits par les services de santé et services sociaux québécois. Quinze entretiens semi-structurés ont été menés auprès de mères ayant un enfant âgé de 0 à 5 ans, en contexte de migration forcée et originaires du Moyen-Orient. Les données ont été analysées selon la méthode d'analyse thématique de Braun et Clark (2006). Les résultats suggèrent que les mères ont parfois des représentations de la famille et de certaines valeurs différentes de celles du pays d’accueil (ex : collectif vs individualisme), ce qui peut influencer leur expérience de la parentalité au Québec. Elles ont également souligné l'importance d’ancrer leur enfant dans la lignée familiale ainsi que le manque de services de soutien aux parents. Sur la base des résultats, la discussion permettra de comprendre l’expérience d’établissement et le processus d’acculturation auquel font face les mères réfugiées.
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Communication orale
Étude de la réalité psychosociale et évaluation des besoins psychosociaux des personnes nouvellement arrivées au Québec et bénéficiant des cours de francisation offerts par le MIFIVanessa Lemire (Université de Montréal), Garine Papazian-Zohrabian (UdeM - Université de Montréal)
Notre communication portera sur les résultats préliminaires d’une recherche qualitative mandatée par le Ministère de l’Immigration, la francisation et l’inclusion (MIFI). Suivant les recommandations du rapport du Vérificateur général du Québec (VGQ), le MIFI travaille à l'élaboration d'un programme-cadre gouvernemental pour les personnes immigrantes ayant des compétences peu développées en littératie et en numératie, et ce, en collaboration avec le ministère de l'Éducation et de l'Enseignement supérieur (MEES) et le ministère du Travail, de l'Emploi et de la Solidarité sociale (MTESS). Ce projet, commencé en 2018 et se terminant en 2023, comporte une dizaine de chantiers. L'un d'eux concerne l'aspect psychosocial de la clientèle visée, soit, dans une très grande majorité, des réfugié·e·s. C’est dans ce contexte que nous avons conçu et mené un projet de recherche dont l’objectif principal est d’étudier la réalité psychosociale de la clientèle desservie par le programme Français pour Immigrants peu alphabétisés (FIPA) et de proposer des pistes pour la formation des intervenants et pour l’organisation de l’offre de services. La collecte des données qualitatives auprès des personnes immigrantes (hommes et femmes, jeunes adultes, adultes et personnes âgées) ainsi que des enseignants et des responsables des programmes dans de nombreux organismes communautaires de 6 villes québécoises est achevée et les résultats préliminaires seront présentés dans le cadre de ce colloque.
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Communication orale
«De toute façon, les élèves d’accueil, [leur école] ce n’est pas leur école» : fractions systémiques et scissions entre les départements d’accueil et les classes du cursus régulierCaterina Mamprin (UdeM - Université de Montréal), Garine Papazian-Zohrabian (Université de Montréal)
Les classes d’accueil ont comme visée de favoriser l’intégration des élèves récemment arrivés qui ne maîtrisent pas le français en vue d’intégrer les programmes d’enseignement dits « réguliers ». Ces programmes sont particuliers, notamment par leur caractère transitoire et le programme offert (Gouvernement du Québec, 2020). Une division au sein des écoles entre les départements accueillant les élèves nouvellement arrivés et les autres est documentée dans certaines recherches (Obondo, Lahdenperä et Sandevärn, 2016). Cependant, peu s’interrogent sur le vécu des acteurs scolaires, des enjeux et des défis dans ce contexte et, en considérant le modèle particulier adopté au Québec, d’autres enjeux peuvent être inhérents à ces modalités. En nous appuyant sur les composantes du modèle processus, personne, contexte, temps (Bronfenbrenner et Morris, 1998) et les résultats d'une recherche qualitative menée dans une perspective systémique, nous proposons dans cette communication des éléments de réflexion pour comprendre le vécu de directions scolaires, d’enseignants et d’élèves confrontés à cette réalité. Les résultats présentés mettent en lumière notamment les retombées de certains choix institutionnels sur le vécu des élèves et des enseignants. Nous présenterons, plus particulièrement, une représentation systémique illustrant les fractions entre les différents systèmes composant le contexte scolaire pour les élèves et les enseignants des départements d’accueil.
Discussion synthèse
Bloc 5 : Accès aux études et aux services
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Communication orale
Retour aux études postsecondaires des immigrants au Canada : difficulté de transfert des qualifications et titres scolaires ou volonté d’acquérir des compétences additionnelles ?Éric Fecteau (Statistiques Canada), Aimé Ntwari (Statistique Canada)
La contribution de l’immigration à l’économie et à la société canadienne revêt depuis les dernières décennies une importance capitale. Si le Canada et les autres pays de l’OCDE sont en concurrence pour attirer des travailleurs qualifiés, il importe de mesurer leur intégration socioéconomique en ce qui a trait au transfert du capital humain. Dans ce contexte, il s’avère essentiel de suivre la situation des immigrants sur le marché du travail et dans le système de l’éducation postsecondaire pour comprendre les diverses facettes de leur intégration socioéconomique et les raisons de leur retour aux études. La présente analyse porte donc sur le profil démographique de ceux retournant aux études et sur une comparaison de leur intégration sur le marché du travail avec ceux ne retournant pas aux études. Statistique Canada utilise des méthodes innovatrices d’intégration de données qui permet de combiner des données sur l’éducation à d’autres données comme celles sur l’immigration pour produire des indicateurs clés sur l’éducation et la situation sur le marché du travail de la population immigrante. Cette communication vise à mettre en exergue, d'une part, quelques renseignements agrégés sur les choix des immigrants qualifiés retournant à des études postsecondaires par rapport à leur formation antérieures, et d’autre part ceux des immigrants allant directement sur le marché du travail. Pour terminer, elle donnera un aperçu du potentiel et des limites liés aux données administratives.
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Communication orale
Récits de pratique en travail social sur les enjeux d’accessibilité aux services pour les personnes demandeuses d’asileStephanie Ethier (UdeM - Université de Montréal)
Les intervenant.es formé.es en travail social (IFTS) figurent parmi les premiers acteurs à accueillir les personnes demandeuses d’asile (PDA). Qu’il soit question de la recherche d’un logement convenable, d’un milieu de garde ou de services à l’intérieur de l’organisation où ils sont eux-mêmes à l’emploi, les IFTS sont témoins des enjeux d’accessibilité et d’insertion qui dessinent le quotidien des PDA. Leur parole constitue une entrée privilégiée pour mieux comprendre l’ampleur des réalités vécues. Cette présentation vise à partager les résultats d’une recherche doctorale portant sur les tensions éthiques qui traversent la pratique du travail social auprès des PDA ainsi que sur le positionnement professionnel des intervenant.es concerné.es. Précisément, elle abordera les stratégies professionnelles adoptées par les IFTS pour faire face aux défis d’accessibilité et intervenir, autant que possible, en harmonie avec leur « boussole éthique », en fonction de leurs valeurs professionnelles. Par la voie du récit de pratique, 22 entretiens ont été réalisés avec des IFTS intervenant auprès des PDA et de leur famille, à Montréal ainsi que dans deux régions du Québec. Le corpus inclut des IFTS présentes dans le réseau institutionnel et communautaire, qui font de l’intervention individuelle, de groupe et /ou collective et ce, autant dans les milieux dédiés au premier contact « avec le système » que ceux présents dans la suite du parcours d’intégration à la société d’accueil.
Bloc 6 : Pratiques et pistes d’intervention pour soutenir les familles
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Communication orale
Panseurs en terre d’accueilCaroline Clavel (CERDA, CIUSSS Centre-Ouest de l'Île-de-Montréal), Mélanie M. Gagnon (CIUSSS Centre-Ouest-de-l'Île-de-Montréal), Salima Massoui (CERDA, CIUSSS Centre-Ouest de l'Île-de-Montréal), Noémie Trosseille (CERDA, CIUSSS Centre-Ouest de l'Île-de-Montréal)
À leur arrivée au Québec, les personnes réfugiées sont réinstallées dans l’une des 14 villes d’accueil désignées par le gouvernement. Ainsi, de Québec à Gatineau en passant par Sherbrooke et Joliette, un organisme communautaire est chargé de les accompagner dans les premières démarches d’installation et une équipe de santé des réfugiés leur offre une évaluation du bien-être et de l’état de santé physique.
Pourtant, chaque ville présente des réalités différentes qui facilitent ou entravent l’accès à ces services. Afin de répondre à ces défis, les équipes de santé des réfugiés ont développé des stratégies et des pratiques spécifiques pour desservir du mieux les familles réfugiées.
Au printemps 2019, le Centre d’expertise sur le bien-être et l’état de santé physique des réfugiés et des demandeurs d’asile (CERDA) est allé à la rencontre des professionnels de ces équipes et a réalisé un podcast de 13 épisodes relatant les pratiques quotidiennes en santé auprès de personnes réfugiées. Notre présentation a pour objectif de présenter des adaptations locales en santé et services sociaux qui tiennent compte de contraintes sociales et environnementales tout en se conformant aux directives provinciales. Cette communication vise également à dégager des pistes de réflexions sur les enjeux et les besoins des milieux de la santé et des services sociaux et ainsi de nourrir la discussion sur les avenues novatrices permettant de soutenir les équipes qui accueillent les personnes réfugiées.
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Communication orale
Le loisir comme vecteur d’intégration des personnes réfugiées et immigrantes : un champ d’action méconnu et sous-estimé au QuébecLouise Paquet (UQAM - Université du Québec à Montréal)
Penser l’intégration des nouveaux arrivants au Québec passe d’emblée par les enjeux liés au logement, à l’éducation, au système de santé, à l’insertion en emploi, à la compréhension des codes culturels, etc. Le loisir n’est pas perçu comme un champ d’action susceptible de favoriser l’intégration des nouveaux arrivants à la communauté. La recherche dont nous ferons état a été menée à Sherbrooke en 2019. Elle visait à comprendre comment le loisir (dans son sens large) peut être un vecteur d’intégration des nouveaux arrivants, à identifier les défis qui se posent en ce domaine et à dégager des perspectives d’action.
La recherche a mis en lumière plusieurs constats éclairant la situation de non-participation des nouveaux arrivants à l’offre de loisirs telle que proposée par le monde municipal et le milieu associatif. Elle a permis de dégager des pistes d’action dans l’ensemble des dimensions du loisir (sport, plein air, culturel, vie communautaire) et de remettre en question les façons de faire habituelles. Enfin, elle a abouti à la mise en place d’une expérience pilote d’animation et de mobilisation du milieu qui a cours depuis un an. Si le temps le permet, les impacts actuels et projetés de cette expérience pilote sur l’intégration des nouveaux arrivants seront aussi abordés.
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Communication orale
Intégration linguistique, scolaire et sociale d’élèves réfugiés ou demandeurs d’asile en contexte régional : regards de parentsCorina Borri-Anadon (UQTR - Université du Québec à Trois-Rivières), Gustavo Gonçalves (Université du Québec à Trois-Rivières), Kelly Russo (Université de Montréal)
La répartition inégale et les caractéristiques spécifiques des élèves issus de l’immigration sur le territoire québécois de même que le faible ancrage de la formation à la prise en compte de la diversité ethnoculturelle et linguistique à l’extérieur de Montréal induisent des défis quant à la mise en œuvre des services d’accueil et de soutien à l’apprentissage du français (SASAF) en contexte dit « régional » (De Koninck et Armand, 2012; Larochelle-Audet et al., 2013; Mc Andrew et al., 2015; Querrien, 2017; Vatz Laaroussi, 2005). Une recherche ethnographique en cours au sein d’une commission scolaire située dans l'une des 14 villes de destination des réfugiés pris en charge par l'État vise à documenter les pratiques d’acteurs œuvrant au sein d’un modèle de SASAF novateur, reposant sur la responsabilité́ partagée de l’accueil et de l’intégration de ces élèves. Reposant sur un échantillonnage par réseau, des parents réfugiés ou demandeurs d’asile de 4 élèves du primaire arrivés entre février 2017 et août 2019 ont participé à une entrevue individuelle dans les premiers mois du projet abordant leur perception du modèle de services mis en œuvre ainsi que du processus d’intégration linguistique, scolaire et sociale de leur enfant. Cette communication permettra de contribuer à la compréhension notamment des enjeux liés à la mise en œuvre de SASAF à l’égard des élèves réfugiés ou demandeurs d’asile en contexte régional, dont la collaboration entre l’école et ces familles.
Dîner
Bloc 7 : Pratiques et pistes d’intervention pour soutenir les familles (suite)
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Communication orale
L’expérience de l’accompagnement personnalisé au regard des parcours migratoires singuliers : points de vue de personnes migrantes ayant utilisé les services du CAILaurie Arsenault-Paré (Carrefour d’Action Interculturelle), Chenour Oechslin (Université Laval)
Le Carrefour d’Action Interculturelle (CAI) est un organisme d’accueil et de soutien aux nouveaux arrivants de la ville de Québec dont la mission est de contribuer activement à l’intégration sociale et économique des personnes migrantes. Il atteint notamment cet objectif par l’accompagnement personnalisé des nouveaux arrivants. Ce type d’accompagnement est caractérisé par l’adoption d’une approche de proximité permettant de répondre aux besoins particuliers de chaque personne migrante de manière adaptée et flexible. Cette présentation exposera les résultats d’une étude en sociologie mandatée par le CAI, afin d’analyser les effets de l’accompagnement personnalisé sur le parcours migratoire de personnes recourant à ce service. Les résultats présentés sont issus d’entretiens semi-directifs recueillis auprès de huit personnes migrantes, tous statuts confondus, et portent sur la façon dont elles ont expérimenté et vécu l’accompagnement personnalisé et ce, à la lumière de leur parcours migratoire. L’analyse s’appuie sur l’approche des parcours de vie, particulièrement adaptée aux études sur les migrations, parce qu’elle tient compte à la fois des représentations subjectives concernant le parcours migratoire, des dynamiques structurelles qui l’encadrent ainsi que de la dimension temporelle de la vie.
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Communication orale
La contribution des programmes d’accueil communautaire au bien-être psychosocial des jeunes réfugiés à Montréal pendant la pandémieEmilia Gonzalez (Université McGill), Mónica Ruiz-Casares (Université McGill)
Les jeunes représentent une grande partie des réfugiés. Face aux défis physiques, mentaux et sociaux souvent posés par le déplacement et la réinstallation, les programmes communautaires peuvent contribuer au bien-être des enfants migrants et faciliter leur intégration, surtout pendant la pandémie. Toutefois, on connaît peu sur les processus par lesquels ces interventions en ligne fonctionnent du point de vue des jeunes et des intervenants. Cette étude cherche à décrire les expériences des utilisateurs de services offerts par Say Ça!, un programme d’accueil communautaire à Montréal, et à mieux comprendre les processus qui contribuent au bien-être des jeunes refugiés dans le contexte d'une crise mondiale. Les journaux photographiques et entrevues individuelles de six jeunes réfugiés (âgés de 12 à 17 ans) et les discussions de groupe avec 14 animateurs du programme ont permis d'explorer comment la pandémie a affecté les expériences des jeunes participant à Say Ça ! et la capacité de l'organisation à offrir le programme. Les entrevues dévoilent des effets bénéfiques du programme sur le bien-être des jeunes, tout comme certains enjeux liés à leur participation et les processus sous-jacents des programmes d'accueil communautaires efficaces. Les stratégies développées par les organisations locales et communautaires sont essentielles pour développer des services adéquats et pertinents qui répondent aux besoins changeants des jeunes réfugiés dans le contexte d'une crise.
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Communication orale
L’arrimage de l’approche en développement des communautés et l’approche interculturelle systémique comme vecteurs d’intervention collective auprès des familles réfugiées et demandeLaura Anson Perez (ISDC), Djamila O. Tinaou (Rapprochement interculturel pour l’Initiative sherbrookoise en développement des communautés)
L’Initiative sherbrookoise en développement des communautés (ISDC) est un projet collectif qui est né d’une entente entre la Ville de Sherbrooke, la Commissions scolaire de la Région-de-Sherbrooke et le CIUSSS-CHUS de l’Estrie, la Corporation de développement communautaire et Sherbrooke ville en santé avec pour objectif de se doter d’une vision commune en développement des communautés (DC). Basée sur la reconnaissance du potentiel d’une communauté à développer ses compétences et à se mobiliser en vue de répondre à ses besoins, la notion de DC réfère à la communauté géographique ou territoriale comme territoire vécu par l’ensemble de la population de ce territoire.
La diversité culturelle est une réalité très présente à Sherbrooke et l’ISDC en fait une priorité dans ses actions. Or, l’accueil et l’inclusion socioéconomique des personnes immigrantes nécessitent des conditions particulières et un effort collectif. Pour ce faire, l’ISDC arrime l’approche en DC avec une approche interculturelle systémique qui prend en considération l’individu (ontosystème), le réseau primaire (mésosystème), les ressources secondaires (écosystème) et les institutions (macrosystème).
Notre proposition vise à discuter, sous l’angle de ces approches, des enjeux d’inclusion, d'accessibilité et d’insertion des personnes réfugiées et demandeurs d’asile ainsi que partager des pratiques et des stratégies collectives gagnantes.