Informations générales
Événement : 88e Congrès de l'Acfas
Type : Colloque
Section : Section 600 - Colloques multisectoriels
Description :Au Québec comme ailleurs, la culture numérique caractérise désormais notre quotidien, et marque particulièrement celui des enfants et des adolescents (Fluckiger, 2014). À la suite d’une enquête menée auprès de parents, il est estimé que les jeunes âgés de 12 ans et plus consomment en moyenne 7,47 heures par jour de contenu numérique (Rideout, 2015). Considérant la particularité de leur développement sur les plans socioaffectif et identitaire, la relation au numérique des enfants et des adolescents est vue comme une caractéristique sociale incontournable et un objet d’étude nécessaire.
La construction d’un portrait critique et nuancé de l’environnement numérique s’impose donc comme un enjeu de bien-être chez les enfants et les adolescents. Or, cette démarche fait face à des défis méthodologiques considérables (Collin, Guichon et Ntebutse, 2015). D’une part, l’omniprésence du numérique et l’évolution rapide de ses usages en font un objet d’étude difficile à saisir (Wilmer et coll., 2017). D’autre part, la grande diversité d’usages au sein même de la culture numérique est une composante peu explorée (Collin, 2017). Enfin, la pluralité des méthodes employées dans la production de connaissances, additionnée à un accès et à un usage inégalitaires du numérique dans la population, limite considérablement la portée des conclusions actuelles.
Enfin, à ces importantes limites à la connaissance se présente le défi de formuler des recommandations et des stratégies justes et balancées à l’égard du numérique. Cette problématique est d’autant plus saillante que le ministère de l’Éducation a lancé, cette année, le Cadre de référence sur la compétence numérique pour les élèves et les étudiants, répondant par ailleurs à la Stratégie de transformation numérique du Québec. Ainsi, alors que de nombreux acteurs sociaux tentent de mieux encadrer le numérique dans la vie des jeunes, la formulation d’un état des lieux critique et nuancé constitue une visée de plus en plus nécessaire.
Remerciements :Le professeur Jean Gabin Ntebutse et l'équipe de bien-être numérique souhaitent remercier toutes les personnes participantes au colloque ainsi que toutes les personnes qui vont assister à l'événement. Sont aussi remerciées l'Université de Sherbrooke pour la logistique et l'organisation de l'ACFAS pour avoir permis la tenue de cet événement.
Date :Format : Uniquement en ligne
Responsables :- Jean Gabin Ntebutse (UdeS - Université de Sherbrooke)
- Charles Bourgeois (UdeS - Université de Sherbrooke)
- Charles-Antoine Barbeau-Meunier (UdeS - Université de Sherbrooke)
- Emmanuelle Parent (UdeM - Université de Montréal)
Programme
Ouverture du colloque
Communications orales : bloc santé
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Communication orale
Conférence d'ouverture : L’usage des écrans durant l’enfance : un passe-temps sans conséquence?Caroline Fitzpatrick (Université Sainte-Anne)
Les enfants nés dans le nouveau millénaire ont un accès sans précédent aux écrans. Ceci fait en sorte que la majorité des enfants dépassent les limites de temps d'écran proposées par les sociétés pédiatriques et de physiologie de l’exercice. Quelles sont les conséquences de l’exposition aux écrans durant les années préscolaires et plus tard durant l’enfance? Les contenus violents posent-ils des risques additionnels sur la santé des enfants? Quel rôle le contexte familial joue-t-il sur l’effet de la consommation des médias? Lors de cette présentation nous ferons le point sur l’état des connaissances scientifiques sur le lien entre l’usage des écrans et le développement physique, cognitif-linguistique et social des enfants et adolescents. Les résultats présentés seront contextualisés en fonction de leurs implications dans le développement de stratégies et de lignes directrices pouvant favoriser le bien-être numérique des enfants et des familles.
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Communication orale
Un modèle dynamique de l’hyperconnectivité et des enjeux de santé associésJean-François Biron (Santé Montréal), Pierre H. Tremblay (Santé Montréal)
Les technologies de l’information et des communications (TIC) s’intègrent de manière grandissante dans divers aspects de la vie en société. Elles sont d’une part un moteur de changement social et, d’autre part, elles sont partie prenante du fonctionnement de l’activité humaine dans les secteurs de l’éducation, la santé, la culture, la politique et encore bien d’autres. Les TIC et le phénomène d’hyperconnectivité qui en résulte appellent ainsi à une diversité des angles par lesquels ils peuvent être étudiés. Afin de porter un regard spécifique aux enjeux de santé, la Direction régionale de santé publique de Montréal (DRSP-M) adopte une perspective large du phénomène de l’hyperconnectivité. Celle-ci s’inspire d’une approche sociologique de construction sociale des usages; une approche qui tient compte de l’appropriation et de l’inter-influence des acteurs sociaux dans le développement des technologies et des usages, voire des mœurs qui se développent entourant un objet. La DRSP-M met aussi à profit une approche basée sur les déterminants sociaux et environnementaux. Selon cette approche, le comportement des individus est influencé par des caractéristiques qui lui sont intrinsèques, d’autres liées au « produit » et enfin, d’autres liées à l’environnement social et physique. La présentation sera donc l’occasion d’introduire un modèle actuellement en élaboration sur l’hyperconnectivité à la DRSP-M et de discuter de ses apports potentiels pour aborder les enjeux de santé associés.
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Communication orale
Comprendre les déterminants et les conséquences sur la santé de l’usage des écrans : un modèle logiqueDaniela Gonzalez-Sicilia Fernandez (Institut national de santé publique du Québec), Fanny Lemétayer (INSPQ), Élisabeth Papineau (Institut national de santé publique du Québec)
L’usage des technologies de l’information et de la communication (TIC) a vu une croissance exponentielle au cours des dernières décennies.Les impacts sur la santé de l’usage des écrans sont amplement documentés dans la littérature scientifique. Néanmoins, les variables examinées dans les études sont très hétérogènes. Certaines études s’intéressent au type d’écran ou appareil utilisé, tandis que d’autres concernent plutôt les activités réalisées ou les contenus consultés. Par leur exposition au numérique à un âge de plus en plus précoce, les enfants et les adolescents constituent un groupe à risque. Un modèle logique de santé publique a été élaboré afin de tenir compte de la complexité du phénomène. Selon ce modèle, l’usage ou l’exposition aux écrans et ses conséquences sont soumis à un système d’influence qui repose sur l’interaction entre les caractéristiques du produit, c’est-à-dire les appareils et les fonctionnalités qu’ils offrent, les caractéristiques des individus et celles de l’environnement. L’interaction entre les caractéristiques des produits, des individus et des environnements détermine les caractéristiques des usages. L’usage des écrans peut avoir de multiples conséquences. Celles-ci incluent des répercussions au niveau de la santé physique et mentale, de la sécurité, etc. Étant donné qu’il s’agit d’une problématique qui évolue rapidement, le modèle logique proposé permet de guider les orientations de recherche et d’identifier les cibles de prévention.
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Communication orale
Activité physique et utilisation des écrans chez les adolescents : une relation complexe et des effets divergentsFelix Berrigan (UdeS - Université de Sherbrooke), Marie-Christine Morin (Université de Sherbrooke), Sylvain Turcotte (Université de Sherbrooke)
Selon les directives canadiennes en matière de mouvement sur 24 heures (Tremblay et al., 2016), les jeunes sont encouragés à maintenir un équilibre au quotidien entre leur sommeil, leur comportement sédentaire (moins de 2 heures par jour) et leur pratique d’activités physiques (60 minutes par jour). Plus particulièrement, les jeunes âgés de 5 à 17 ans devraient limiter les comportements sédentaires et participer à une gamme d’activités physiques en considérant que ce mode de vie améliore la santé cognitive et mentale (Biddle et al., 2019) alors que le temps sédentaire passé devant un écran peut nuire au bien‐être individuel (Przybylski et Weinstein, 2017). L’objectif de la communication consiste à présenter les résultats obtenus à l’aide d’un questionnaire autoadministré de 101 questions auprès de 3 214 élèves du secondaire qui porte sur la relation entre la pratique d’activités physiques et l’utilisation des écrans chez les adolescents et à documenter leurs effets respectifs sur l’anxiété, l’estime de soi et la détresse psychologique. Les résultats tendent à confirmer que les adolescents déjà inactifs ou peu actifs passent plus de temps à utiliser les écrans. Considérant d’un côté les bénéfices potentiels associés à l’adoption d’un mode de vie physiquement actif et de l’autre les risques associés à un temps élevé d’utilisation des écrans sur l’anxiété, l’estime de soi et la détresse psychologique, il est important de questionner sur une utilisation saine des écrans.
Dîner
Communications orales : sciences sociales
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Communication orale
Conférence d'ouverture : outiller les parents et valoriser leur rôle comme premier accompagnateur de l’éducation aux usages numériques et aux écransCatalina Briceño (UQAM - Université du Québec à Montréal)
Pour beaucoup de parents d’enfants d’âge mineur, l’éducation aux écrans représente un paradoxe de taille : ils.elles doivent enseigner à leurs enfants à développer de saines habitudes en lien aux activités numériques alors que plusieurs d’entre elles.eux ont un rapport mitigé à ces nouveaux outils connectés. Certains de ces parents sont eux-mêmes accaparés par leurs propres outils/usages numériques, certains ne les comprennent pas, d’autres encore les diabolisent. En résumé : les parents souhaiteraient éviter que leurs enfants ne deviennent obsédés par des activités multi-écrans qui les obsèdent eux-mêmes! Comment éviter que ce paradoxe handicape leur capacité à donner l’exemple et/ou à encadrer et accompagner leurs enfants en matière d’éducation numérique? À travers la recherche effectuée pour la publication du livre Parents dans un monde d’écrans, cette conférence repose essentiellement sur le questionnement suivant : comment contrer la démission parentale et engager activement les parents dans leur rôle d’éducateur numérique?
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Communication orale
Bien-être et réseaux sociaux : avenues pour adapter la prévention chez les ados grâce aux méthodologies qualitatives en communicationEmmanuelle Parent (UdeM - Université de Montréal)
Entre les concepts de temps-écran et de bien-être, la prévention aux méfaits du numérique auprès des adolescentes et adolescents comporte ses limites. Bien que l’approche nuancée et la stimulation de l’esprit critique chez les jeunes fassent ses preuves, les solutions mettant de l'avant l’autorégulation tiennent peu compte du collectif et des conditions socio-économiques du numérique. Plus particulièrement, les réseaux sociaux sont des espaces normés dont les aspects sociotechniques gagneraient à être pris en considération pour réfléchir à leur impact sur le bien-être.
Mobilisant les concepts de deep mediatization, de normes sociales en communication et des mécanismes des plateformes dont la datafication, cette communication présente un projet doctoral à méthodologie qualitative qui est amorcé. On y propose de réfléchir à la manière dont l’utilisation des réseaux sociaux chez les ados est coconstruite par les normes sociales et l’interface des plateformes bâtie sur l’économie de l’attention. En mettant la parole des adolescentes et adolescents de l’avant, on y analyse des extraits d’entrevues afin d’explorer comment cette approche conceptuelle peut contribuer à expliquer des phénomènes comme le stress, l’anxiété sociale et les difficultés à déconnecter.
Finalement, on présente quatre avenues pour intégrer les approches communicationnelles et la responsabilité des plateformes aux discussions sur le bien-être numérique chez les jeunes.
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Communication orale
La vulnérabilité numérique chez les jeunes : Enquête sur les risques numériques au QuébecAmina Yagoubi (TÉLUQ - Université du Québec)
En collaboration avec le Printemps numérique (Jeunesse QC2030), une recherche portant sur la fracture numérique chez les jeunes au Québec (2018-2020) a permis d'observer des formes de vulnérabilités numériques (Brotcorne et al., 2010). Celles-ci peuvent révéler des situations inégales, ce qui pousse plusieurs gouvernements à s’inquiéter (Commission européenne, 2017). Ils recommandent de prévenir les risques numériques (cybersécurité, cyberharcèlement, manque de respect, etc.) qu’encourent les jeunes (OCDE, 2018). Au Québec, le Cadre de référence de la compétence numérique publié par le ministère de l’Éducation et de l’Enseignement supérieur (2019) préconise dans sa dimension d’agir en citoyen de manière éthique de se préoccuper du bien-être physique et psychologique dans un environnement numérique. Toutefois, alors que les jeunes développent une culture numérique (Fluckiger, 2008), cela posera un défi pour l’école qui éprouve des difficultés à transformer cette culture numérique en savoirs (Fluckiger, 2012; Collin et al., 2015). La question de l’éducation à une citoyenneté numérique se révèle ainsi être un enjeu sociétal majeur. Lors de l’enquête déployé par le Printemps numérique, il a été observé comment se façonne la culture numérique ainsi que l’émergence de vulnérabilités numériques. Des résultats statistiques (N=400 ; 14-23 ans) des risques numériques vécus par des jeunes permettent de proposer des pistes d’explorations sur les enjeux d’éducation au numérique.
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Communication orale
Portrait du bien-être numérique des jeunes en contexte d'apprentissage en ligne et à distanceSylvain Bourdon (Université de Sherbrooke), Charles Bourgeois (Université de Sherbrooke), Jean Gabin Ntebutse (UdeS - Université de Sherbrooke)
La pandémie de la Covid-19 n’a pas seulement posé des défis de santé publique, elle a aussi occasionné d’énormes perturbations en éducation. Dès que le gouvernement a mis en place la mesure de fermer les établissements d’enseignement, ces derniers ont été obligés d’organiser rapidement un enseignement en ligne et à distance. Cette situation inédite a mis en évidence les inégalités numériques au sein des jeunes, lesquelles s’expriment à différents niveaux (Bihr et Pfefferkorn, 2008) : au niveau de l’accessibilité aux technologies numériques, de leurs compétences et des capacités à réinvestir les habiletés développées avec le numérique dans le cadre d’apprentissages scolaires. Certes, le gouvernement du Québec (2018) avait annoncé dans le Plan d’action numérique en éducation et en enseignement supérieur son intention de consacrer une place l’éducation en ligne et à distance, et ce, avant le déclenchement des mesures de confinement. En revanche, le contexte de la COVID-19 a démontré que le système éducatif québécois n'y était pas prêt (Collin et Brotcorne, 2019 ; Lai, 2018). L'apprentissage en ligne et à distance est actuellement susceptible de générer de l’anxiété chez les jeunes (Université de Sherbrooke, 2020). Jusqu’à présent, peu de recherches ont été consacrées à cet enjeu. C’est dans ce contexte que nous avons cherché à comprendre comment les inégalités numériques chez les jeunes affectent leur bien-être. Nous présenterons au colloque quelques résultats préliminaires.
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Communication orale
Les cyberviolences chez les jeunes, et particulièrement celles dirigées aux jeunes fillesLéa Clermont-Dion (Université Laval), Inês Lopes (Conceptrice pédagogique et psychologue), Guylaine Maroist (La Ruelle Films), Eric Ruel (La Ruelle Films)
Les cyberviolences sont très présentes chez les jeunes et tou.te.s seront à un moment ou un autre interpellé.e.s par cette réalité, que ce soit en tant que victime, auteur.e ou témoin. Les cyberviolences sont définies comme des comportements d’agression, via les médias numériques, qui portent atteinte à l’intégrité physique, sexuelle, psychologique, économique ou sociale d’une personne. Différents types de cyberviolences seront abordés, par exemple: cyberintimidation, cyberharcèlement, insultes, menaces, pornographie juvénile, leurre, extorsion/sextorsion, incitation à la violence, et atteinte à la vie privée. Certaines cyberviolences sont davantage faites aux filles, à titre d’exemple le body shaming qui est un type d’insultes concernant l’apparence des femmes et filles. L’intersectionnalité sera aussi abordée (p. ex. filles noires ou arabes). Il sera donc question des cyberviolences globalement, mais aussi de la misogynie et du sexisme à l’ère numérique.
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Communication orale
Quelles solutions juridiques peuvent favoriser, au Québec, de meilleurs usages numériques par les enfants pour leur santé et leur développementMarie-Pier Jolicoeur (Université Laval)
L’usage récréatif excessif de la technologie par les enfants regrouperait deux familles de conséquences sur leur santé et leur développement physiologique, cognitif, affectif et psychologique. D’abord, les conséquences qui sont causées directement par l’utilisation des outils numériques (ex. problèmes posturaux ou attentionnels, troubles oculaires, etc.), et celles qui découlent de tout ce que l’enfant ne fait pas en raison des heures qu’il passe devant les écrans (ex. troubles du langage, sédentarité, obésité, etc.). Devant cet enjeu de santé publique, différentes stratégies peuvent être déployées. Notre regard de juriste sur le phénomène nous a rapidement amené́ à nous intéresser à deux acteurs de la société qui sont, selon nos notre hypothèse de départ, responsables en partie du problème, mais également potentiellement garants des solutions à mettre en œuvre pour le résoudre : l’État et les entreprises de l’industrie technologique. Plus spécifiquement, notre intérêt pour le sujet nous a conduit à questionner le rôle du droit pour répondre aux menaces soulevées par la technologie sur la santé et le développement de l’enfant, compromettant ainsi leurs droits protégés par la Convention sur les droits de l’enfant. Jusqu’à présent, différentes régions du monde ont fait intervenir le droit pour répondre cet enjeu de santé pour les générations futures, et notre communication permettra d’en faire une présentation sommaire.