Informations générales
Événement : 88e Congrès de l'Acfas
Type : Colloque
Section : Section 400 - Sciences sociales
Description :Ce colloque rassemble des contributions issues des études féministes de la santé. L’espace politique de la santé ne cesse de croître et de déployer ses effets, notamment en ce qui concerne les normes de genre et de sexualité. Les recherches féministes sur cet espace prennent en compte les rapports de pouvoir qui le traversent en s’intéressant à la façon dont les savoirs et les pratiques de santé sont institués et instituent des normes de genre, ainsi qu’à la façon dont l’expérience de soin et les ressources en santé sont façonnées par les rapports sociaux de sexe et d’autres rapports de pouvoir, tels ceux de classe et de race. Ce colloque réunira des contributions qui s’interrogent sur les enjeux féministes des pratiques, des politiques et des savoirs de la santé.
Nous avons invité les contributions à travailler de manière critique la notion de santé et à prendre en compte les processus sociaux, politiques, scientifiques et professionnels qui produisent les définitions et les pratiques de la santé. Pour saisir l’emprise globale de la santé comme champ d’expertise, comme terrain de pratiques et comme valeur culturelle, les travaux peuvent porter sur les soins et l’organisation du travail de santé, y compris la santé publique et la santé mentale, sur les pratiques alternatives de santé, sur les mobilisations, notamment féministes, en lien avec la question de la santé, sur les controverses et les résistances aux institutions de santé, de même que sur la diffusion des discours sur la santé (y compris mentale) en dehors du champ traditionnel de la santé (médias, groupes de femmes, de patient.e.s, etc.). Les communications articulant ces enjeux autour de la période actuelle de pandémie sont également bienvenues. Nous considérerons les contributions de toute discipline, mais attendons des contributions qui usent des sciences sociales comme d’un outil de déconstruction des évidences prétendues naturelles qu’on associe à la notion de santé ainsi qu’à la notion de sexe biologique.
Dates :Format : Uniquement en ligne
Responsables :- Stéphanie Pache (UQAM - Université du Québec à Montréal)
- Isabelle Courcy (UQAM - Université du Québec à Montréal)
- Carolanne Magnan-St-Onge (UQAM - Université du Québec à Montréal)
Programme
Inégalités et santé publique
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Communication orale
L’intérêt de l’intersectionnalité pour l’étude des inégalités sociales de santéEstelle Carde (UdeM - Université de Montréal)
Le concept d’intersectionnalité connait une popularité croissante dans la littérature traitant des inégalités sociales de santé (ISS), en sciences sociales comme en épidémiologie. Ma communication porte sur son apport spécifique pour ce domaine de recherche. Je rappelle d’abord la place centrale qu’occupe la notion de rapport de pouvoir dans les concepts d’ISS et d’intersectionnalité : les ISS sont des différences de santé observées entre des groupes sociaux entretenant un rapport de pouvoir, tandis que le concept d’intersectionnalité souligne l’importance de considérer la co-construction de ces rapports de pouvoir. J’examine ensuite l’intérêt de porter attention à cette co-construction des rapports de pouvoir dans l’étude des ISS. Je montre comment la position occupée par un individu au sein d’un rapport de pouvoir donné a un effet sur sa santé qui varie selon les positions que cet individu occupe au sein des autres rapports de pouvoir. Je m’arrête ensuite sur le cas de figure des combinaisons dites « dissonantes » de positions, c’est-à-dire qui associent, chez un même individu, des positions avantagées au regard de certains rapports et des positions désavantagées au regard d’autres rapports. Je conclus en regrettant que les sciences sociales n’exploitent pas suffisamment cette notion de co-construction, en se contentant trop souvent d’explorer l’effet sur la santé du cumul des positions socialement désavantagées de certaines populations.
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Communication orale
La santé au prisme du genre : l’exemple des femmes diabétiques en AlgérieOuassila Salemi (Université Oran 2, Algérie)
Dans le cadre d’une recherche socio anthropologique réalisée à Oran, en Algérie, nous avons voulu comprendre les logiques qui imprègnent les pratiques alimentaires des femmes atteintes de diabète. Nous avons réalisé avec elles une vingtaine d’entretiens.
Notre étude a montré la difficulté pour ces femmes de suivre le « régime alimentaire » préconisé par les médecins, dans un contexte familial et socio culturel qui leur est souvent défavorable. Il semble ainsi difficile de concilier le régime individuel avec un repas conçu pour toute la famille, surtout quand la personne concernée par le régime est une femme, socialement dominée. En effet, les pratiques culinaires socialisées au sein de l’espace familial, sont telles que la moindre modification est susceptible de produire des tensions. L’absence du statut de la femme en Algérie et la « valorisation » de celui de mère, conduit cette dernière à
mettre en avant la famille et les enfants, sans se soucier d’elle-même. Il n’est pas étonnant de voir que dans beaucoup de familles encore, subsiste le fonctionnement du modèle traditionnel basé sur la domination masculine, où les hommes mangent seuls, ou alors il y a un ordre des repas : celui des hommes précédant toujours celui des femmes. Ainsi, manger, davantage qu’une question collective, est au centre de l’organisation sociale d’une société patriarcale façonnée par les rapports sociaux de sexe. -
Communication orale
Les inégalités de santé périnatales des femmes étrangères en France : un enjeu féministeLouise Virole (Université de Paris)
Les femmes étrangères connaissent de nombreuses discriminations dans l’accès aux soins périnataux en France. Ces discriminations constituent un des facteurs explicatifs des risques périnataux élevés de ce public « à risque ». Si les inégalités de santé périnatales des femmes étrangères ont été appréhendées de longue date en tant qu’enjeu de santé publique - les travaux épidémiologiques les ont identifiées comme « public à risque » depuis les années 1980 et les plans de santé périnatale depuis les années 1990 les ont ciblées en tant que « public prioritaire » -, toutefois ces inégalités sont rarement envisagées en tant qu’enjeu féministe. Or, pouvoir accéder à un suivi de grossesse de qualité, pouvoir accoucher dans de bonnes conditions, pouvoir devenir mère en toute sécurité, sans subir de traitements différentiels ou de discriminations : l’ensemble de ces éléments relève des droits reproductifs des femmes. Au cours de leur grossesse et lors de leur accouchement, les femmes étrangères ont plus de risque que leurs droits reproductifs ne soient pas respectés. Dès lors, il est nécessaire de penser ces inégalités de santé périnatales aussi comme un enjeu féministe d’égalité de toutes face à la reproduction, quelle que soit sa nationalité ou son titre de séjour. Cette communication s’appuie sur une enquête ethnographique menée de 2013 à 2015 à Paris et en Seine-Saint-Denis au sein de structures de soin accueillant des femmes enceintes étrangères.
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Communication orale
Promotion de l’activité physique auprès des femmes de 65 ans et plus : repenser la conceptualisation de la notion d’espace sécuritaireGenevieve Drolet (Université Laval)
Les obstacles relatifs à la pratique de l’activité physique sont nombreux pour les femmes âgées. Ces obstacles témoignent d’iniquités et d’inégalités en matière de promotion de la santé par l’activité physique liées autant au genre qu’à l’âge. Les représentations de la femme sportive uniformisent le corps, voire l’identité, des femmes. Sous le couvert de la promotion d’une meilleure santé ou de l’adoption de saines habitudes de vie, on impose toujours les mêmes normes de beauté, de performance et d’éternelle jeunesse aux femmes. L’activité physique devient ainsi un espace hostile objectifiant le corps des femmes et invisibilisant leur diversité, plutôt qu’un moyen d’améliorer leur santé physique et mentale. Les femmes âgées se retrouvent doublement discriminées non seulement par lesstéréotypes de genre valorisés dans le milieu du sport
et de l’activité physique, mais aussi par ceux liés à l’âge. En effet, le vieillissement est présenté non seulement comme antinomique à l’idée de bonne forme physique, mais aussi au concept de santé lui-même. Dans cette communication, je propose de repenser
la conceptualisation de la notion d’espace sécuritaire (safe space) comme moyen possible de contrer les obstacles auxquels font face les femmes de 65 ans et plus dans la pratique d’activités physiques et sportives.
Santé mentale
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Communication orale
Les défis de l’analyse féministe des représentations de la santé mentale dans les séries télévisées québécoisesCarolanne Magnan-St-Onge (UQAM - Université du Québec à Montréal)
Plusieurs séries télévisées québécoises récentes ont comme objectif d’offrir une mise en scène dite positive et réaliste des enjeux de santé mentale. Dans les journaux, elles sont acclamées pour leur démystification de la santé mentale (Lemieux, 2020) et leur bri de plusieurs tabous et préjugés qui entourent la consultation d’un.e psychologue (Roy, 2018; Therrien, 2018). Or, malgré l’importance de lutter contre la stigmatisation, ce type de discours reproduit l’idée qu’il y ait une vérité sur l’univers de la santé mentale, une façon neutre de la mettre en scène, et un corps professionnel qui la détiendrait. À partir d’une revue des écrits féministes sur les scénarios culturels de la « folie », et plus largement du handicap, cette contribution explore les défis de l’analyse des représentations de la santé (et maladie) mentale des femmes dans les séries télévisées. D’abord, elle présente un lieu de tension, au sein de travaux littéraires féministes, entre la fonction de la « folie » comme métaphore d’une révolte, sans effacer
la réalité matérielle des femmes qui vivent avec une forme de souffrance psychologique. Ensuite, elle introduit des idées, issues des études féministes des médias, sur les « politiques de la représentation » au sein des séries télévisées. Enfin, elle applique ces réflexions à l’analyse des discours de promotion, de prévention et de pro-action en matière de santé mentale dans la série Au secours de Béatrice. -
Communication orale
Violence interpersonnelle et psychiatrisation : expérience des femmes au sein des services publics québécoisKatharine Larose-Hébert (TÉLUQ - Université du Québec)
Les enjeux liés à la psychiatrisation de la détresse des femmes étant ou ayant été victimes de violence interpersonnelle (sexuelle et/ou par un partenaire intime) font partie des dénonciations du mouvement féministe depuis longtemps. Encore à ce jour, les
professionnelles qui adoptent une approche féministe travaillent à dépathologiser la souffrance des femmes qu'elles accompagnent, à l'envers des pratiques dominantes au sein du réseau de la santé et des services sociaux québécois. Cependant, ces femmes doivent souvent interagir avec d’autres dispensateurs de services (police, justice, protection de la jeunesse et système scolaire) qui peuvent involontairement participer à revictimiser ces femmes, individualisant et dépolitisant les problématiques vécues. Cette communication présentera les résultats d'une recherche participative portant sur l'expérience des femmes ayant vécu de la violence interpersonnelle et reçu un diagnostic psychiatrique. Nous nous sommes intéressées aux défis qu'elles ont rencontrées au sein des services public québécois, mais également aux stratégies qu'elles ont mis en place pour parvenir à répondre à leurs besoins et à ceux de leurs enfants. Cette recherche a été élaborée et mise en œuvre conjointement avec le Regroupement des groupes des femmes de la Capitale-Nationale et un comité-aviseur, composé d'expertes du vécu et d'intervenantes. Notre cadre théorique combine la théorisation féministe intersectionnelle et les Mad Studies.
Pratiques professionnelles
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Communication orale
Gynécologie et féminisme à Bruxelles, 1890-1935. L’absence des femmes médecins, indice d’une vision et de pratiques médicales alternatives ?Tommy De Ganck (Université libre de Bruxelles)
En 1890, lorsque les femmes accèdent aux cursus médical en Belgique, la gynécologie émerge en tant que spécialité dans les universités et les hôpitaux de la capitale belge. Les spécialités ne sont officiellement reconnues qu’après la Seconde Guerre mondiale, mais la gynécologie est promue comme spécialité dès 1889 avec la création d’une Société belge de gynécologie et d’obstétrique. Les femmes sont les grandes absentes des cercles gynécologiques bruxellois durant cette période : on ne les trouve pas ou très peu dans la société savante, les services hospitaliers ou encore les annuaires médicaux. Pourtant, l’implication des femmes dans la « médecine des femmes » avait régulièrement été mise en avant lors des débats en faveur de leur accès à la profession. Si cette situation s’explique par la structuration institutionnelle de la gynécologie et par le profil socio-économique des femmes médecins, leur apparente non-implication pose question. Cela invite à questionner tout d’abord l’objet « gynécologie » tel que défini par les leaders masculins, mais également à envisager et à activement rechercher l’existence de visions et de pratiques alternatives développées par les praticiennes concernant la santé des femmes. Ce sont les traces de ces visions et pratiques alternatives que ma contribution tentera de débusquer, tout en proposant une interprétation de ce que leur absence révèle de la gynécologie telle qu’elle a été définie au début du vingtième siècle.
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Communication orale
La sociologie des émotions dans le cas d’une condition de santé contestée : la reproduction de normes genrées dans le domaine de la chirurgie de l’obésitéAnouck Alary (UdeM - Université de Montréal)
L’«obésité» constitue une condition de santé contestée. Si elle est définie comme une maladie à traiter dans le domaine médical, elle reste appréhendée comme une responsabilité morale individuelle dans l’espace public. Des mouvements sociaux se sont constitués pour dénoncer autant la médicalisation que la moralisation culturelle de l’apparence, et leurs répercussions plus accrues sur les femmes. En parallèle, la chirurgie bariatrique connait depuis 30 ans une forte expansion. Si cet élan de médicalisation semble venir renforcer la représentation de l’« obésité » comme maladie à soigner, cette interprétation doit être nuancée. En m’appuyant sur les résultats d’une enquête de terrain portant sur les représentations et pratiques de candidat.e.s à la chirurgie et de chirurgiens bariatriques au Québec, j’analyserai la relation de soin bariatrique comme un espace où se négocient, sans pour autant s’exclurent, différentes définitions de la santé. En m’appuyant sur la sociologie des émotions, il s’agira d’explorer le rôle des dynamiques de genre dans cet espace, en portant attention au caractère genré des attentes des candidat.e.s, et au positionnement ambivalent des chirurgiens face à ses attentes, à cheval entre un « registre compassionnel » ayant fonction de légitimation sociale de la chirurgie bariatrique, et un « registre disqualificatoire » leur permettant de se déresponsabiliser face aux échecs potentiels de la chirurgie en blâmant l’irrationalité des patient.e.s.
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Communication orale
Analyse féministe des mouvements de contestation de professionnel·le·s du milieu de la santé et des services sociauxJoelle Dussault (UQAM - Université du Québec à Montréal)
L’analyse féministe des pratiques en santé met en lumière la prégnance de la division sexuelle du travail, reproduisant dans les métiers liés au domaine de la santé et des services sociaux une organisation genrée des tâches et de la reconnaissance qui y est attribuée (Acker, 1990; Briskin, 2012, Boivin, 2013). Les études sur le travail salarié de care (Molinier, 2013; Barbe et Bourque, 2019) signalent à cet effet l’influence de cette division sur les conditions de travail et la difficulté d’agir sur ces dernières. La présentation analyse de quelles manières les effets de l’institutionnalisation de la division sexuelle du travail dans les professions du milieu de la santé et services sociaux sont contestés via l’action collective des professionnel·le·s associées au travail de care.
L’analyse de 50 entretiens auprès de professionnel·le·s en soins infirmiers et en travail social effectués entre juillet et décembre 2020 démontrent que la division sexuelle du travail salarié dans le milieu de la santé cadre les opportunités de passage à l’action, à la fois individuelle et collective, des professionnel·le·s. Les revendications, quant à elles, résultent, volontairement et involontairement du manque de reconnaissance du travail de care.
Résistances et réappropriations
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Communication orale
Demander, résister et s’emparer de soinsMargaux Nève (EHESS)
Dans cette communication, je propose d’analyser différents parcours de soins de personnes atteintes d’endométriose. Plus spécifiquement, je souhaite étudier le rapport entre la ou le malade et les soins médicaux proposés à travers les questions suivantes : quand est-ce que la demande de prise en charge médicale est formulée par le ou la malade? Quand et pour quelles raisons est-ce que le ou la malade remet en question l’avis médical ? Comment est-ce que la ou le malade se réapproprie le soin ou le traitement ? Le continuum de la demande de soin jusqu’à son rejet met en avant des rapports de pouvoir. Ces rapports de dépendance et de mise à distance s’articulent en fonction des parcours de soin mais également des profils sociaux économiques. Je regarderai plus particulièrement comment le genre et l’orientation sexuelle viennent jouer un rôle dans ce continuum. Au-delà de l’analyse d’un rejet, il sera question d’étudier comment le traitement ou la prise en charge médicale plus généralement peuvent faire l’œuvre de stratégies de réappropriation et de résistance. Ma recherche se base sur deux sources principales : une trentaine
d’entretiens avec des personnes atteintes d’endométriose et des observations de consultations gynécologiques en milieu hospitalier. J’ai conduit mes entretiens avec plusieurs personnes transgenres et lesbiennes. -
Communication orale
L’allaitement et ses injections sociales : Entre autonomisation et maternité intensiveSandrine Vallée-Ouimet (UQO - Université du Québec en Outaouais)
Les avantages de l’allaitement maternel exclusif sur la santé des nourrissons sont établis par de nombreuses études scientifiques. À cet effet, les mères qui choisissent des alternatives à l’allaitement maternel exclusif peuvent vivre des sentiments de
culpabilité et d’échec. Cet enjeu soulève l’importance de comprendre leurs vécus afin d’harmoniser des soins et des accompagnements qui visent l’autonomisation. Cette présentation a pour objectif d’exposer les résultats d’une recherche qualitative portant sur l’analyse situationnelle des parcours de neuf mères qui ont opté pour des alternatives à l’allaitement maternel exclusif. Les résultats obtenus avec le support d’entrevues semi-dirigées décrivent le processus du choix alternatif à l’allaitement, situent ce choix à travers un ensemble de pratiques professionnelles favorables à l’allaitement et positionnent ce choix au regard des normes et injonctions de la maternité. Les vécus des mères proposent différentes négociations dans les soins qui s’exécutent par le rapport au corps, par l’intrication des normes sociales et professionnelles associées aux pratiques d’allaitement et par les injonctions relatives à la « bonne » maternité. Cette réflexion vise à mettre en lumière les rapports de pouvoir émergeant du dispositif de promotion de l’allaitement maternel exclusif et les impacts inhérents aux vécus des mères qui, par leur choix alternatif, s’en trouvent parfois autonomisées, parfois culpabilisées. -
Communication orale
L’infertilité et la fécondation in vitro : la galerie comme lieu de résistance aux définitions normativesHeidi Barkun (UdeM - Université de Montréal)
L’infertilité est un problème auquel il n’y a pas de réponse claire pour les féministes (Sandelowski, 1990; Squier, 1994; Franklin, 2010). Puisque la lutte pour le contrôle de la fertilité des femmes a longtemps tourné autour de la contraception et de l’avortement, la pertinence de l’infertilité et ses combats particuliers n’ont pas été reconnus ; les femmes infertiles ont été marginalisées dans l’écriture féministe et exclues du développement d’une compréhension diverse de la maternité occidentale (Woollett, 1996).
Dans le contexte contemporain où l’infertilité est définie en tant que maladie et les valeurs sociales affirment l’importance de prendre soin de sa santé, la fécondation in vitro est devenue une solution jugée nécessaire plutôt qu’un choix (Throsby, 2004). Pourtant, le taux de réussite mondial ne s’élève qu’à 27 % (ESHRE, 2018).
Mon exposition, LET’S GET YOU PREGNANT!, dévoile l’expérience de l’échec de la fécondation in vitro dans le cadre de systèmes sociaux, politiques et médicaux qui placent la maternité au premier plan de la vie des femmes. Une installation sonore et muséale crée une conversation virtuelle entre 28 participantes, moi incluse, qui ont suivi des traitements infructueux de fécondation in vitro et qui ne sont pas devenues mères. Cette révélation publique de nos échecsreproductifs est un acte de résistance contre la vénération de la science, contre les tabous entourant l’infertilité et l’échec, et contre la notion dépassée que femme égale mère.