Dans la francophonie, le désistement du crime (parfois appelé « désistance ») est un objet d’étude relativement nouveau. Il connaît cependant un essor important dans les milieux scientifiques anglo-saxons depuis une trentaine d’années. Les études phares sur le désistement ont d’abord cherché à comprendre comment des personnes ayant commis de nombreux délits et n’ayant pas participé à des interventions dites correctionnelles sont parvenues, non seulement à abandonner leur carrière criminelle, mais aussi à se définir comme « ex » contrevenantes (Maruna, Immarigeon et LeBel, 2004). Ces études, pour la plupart réalisées au Royaume-Uni ou aux États-Unis, ont permis d’identifier les facteurs individuels (p. ex., maturation psychosociale, changement identitaire, agentivité, transformations cognitives) et structurels (p. ex., mariage, emploi) qui peuvent déclencher ou faciliter ce processus de changement (voir Bersani et Doherty, 2018; Graham et McNeill, 2017). Sortir de la délinquance requiert des changements comportementaux, cognitifs, identitaires et sociaux. Il s’agit d’un processus long et complexe, caractérisé par l’ambivalence et l’incertitude, en plus d’être parsemé d’obstacles structurels (Healy, 2012). Or, des études ont mis en évidence l’importance du soutien social formel et informel à travers ce processus (F.-Dufour, Villeneuve et Perron, 2018). Il apparaît désormais essentiel de mieux comprendre comment les politiques et les pratiques déployées au sein du système de justice pénale peuvent contribuer à déclencher, à soutenir ou à freiner le processus de désistement (Villeneuve, F.-Dufour et Farrall, 2020). Ces connaissances sont essentielles pour s’assurer que les politiques et les pratiques destinées aux justiciables soient ancrées dans des principes humains, moraux et éthiques respectant les plus hauts standards de pratique.
Ce colloque scientifique permettra de réunir, pour l’une des rares fois, des chercheurs francophones de différents horizons disciplinaires afin d’échanger des connaissances sur le désistement du crime, plus spécifiquement sur les différentes sources de soutien formel (politiques sociopénales, pratiques d’intervention) et informel (famille, pairs, conjoint.e) qui sont favorables au processus de sortie de la délinquance d’adolescents et d’adultes ayant commis divers types de délits, présentant des profils particuliers (problèmes de santé mentale, dépendance, itinérance) et exposés à diverses conséquences (peine communautaire, casier judiciaire, privation de liberté). Ce colloque permettra à des étudiants et à des chercheurs émergents et établis s’intéressant à l’intégration sociale et communautaire des personnes contrevenantes de communiquer leurs connaissances et de proposer des pistes concrètes pour soutenir le développement de politiques, de programmes et de pratiques centrés sur les besoins des personnes contrevenantes afin de les accompagner dans l’élaboration et l’actualisation d’un projet de vie porteur de sens.