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Informations générales

Événement : 88e Congrès de l'Acfas

Type : Colloque

Section : Section 400 - Sciences sociales

Description :

Au Québec, en moyenne 289 situations d’enfants sont signalées quotidiennement à la Direction de la protection de la jeunesse (DPJ, 2019). Plusieurs mesures sont mises en place afin de prévenir le placement de ces enfants ou d’offrir du soutien aux familles dont un enfant a été placé. Or, plusieurs études ont montré que ces interventions ont un impact mitigé sur l’adaptation des jeunes et des familles (Balsells et al., 2018; van der Pol et al., 2017). Plusieurs études ont souligné la nécessité d’aller au-delà de l’évaluation « fonctionnelle » des habiletés parentales (p. ex., la discipline) et de s’attarder à des dimensions plus subjectives du rôle parental (Balsells et al., 2018; Schofield et al., 2011). En ce sens, Kaur et al. (2015) suggèrent de considérer le concept de résilience dans l’explication du succès des interventions visant à prévenir le placement.

La résilience se définit comme la résistance d’un système à une perturbation pouvant menacer sa viabilité ou son développement (Rutter, 2006). Elle se définit également par une énergie motivationnelle qui puise ses sources dans la reconnaissance et l’actualisation des forces et des ressources des individus (Richardson, 2002). En regardant les familles du point de vue de la résilience, on se concentre aussi bien sur l’analyse des facteurs de risque que sur celle des facteurs de protection, en identifiant non seulement les déficits, mais aussi les capacités de la famille dans le but de les outiller à faire face à l’adversité (Balsells, 2007). Plusieurs facteurs et caractéristiques familiales favorisent la résilience des familles, notamment la cohésion, la communication, l’espoir et l’optimisme (Masten, 2018). De même, la qualité du fonctionnement familial et des pratiques éducatives joue un rôle déterminant dans la résilience des enfants à risque (Masten et Coatsworth, 1998). Il apparaît donc intéressant d’analyser les pratiques en protection de la jeunesse sous l’angle de la résilience des familles.

Ce colloque portant sur la résilience familiale fait suite au dépôt d’un projet visant à mettre en commun des résultats de recherche québécois et catalans dans le but d’identifier des pistes d’intervention à promouvoir pour soutenir les familles suivies en protection de la jeunesse. À travers les résultats d’études portant sur le placement des enfants et adolescents, le présent colloque vise à ouvrir la discussion sur l’importance du concept de résilience familiale dans la planification, la mise en œuvre et l’évaluation des interventions.

Les conférenciers invités mènent des projets de recherche en étroite collaboration avec des organisations dédiées à la jeunesse en difficulté. Cette proximité avec les milieux de la pratique alimentera les réflexions de l’ensemble du panel dans la définition de projets innovants et pertinents, sur le plan tant social que scientifique.

Date :

Format : Uniquement en ligne

Responsables :
  • Nadine Lanctôt (UdeS - Université de Sherbrooke)
  • Julien Desautels (UdeS - Université de Sherbrooke)

Programme

Communications orales

Communications orales (Partie 1)

Salle : En ligne — Bâtiment : En ligne
Présidence : Julien Desautels (UdeS - Université de Sherbrooke)
Discutant·e·s : M. Angeles Balsells Bailon (Université de Lleida), Nadine Lanctôt (UdeS - Université de Sherbrooke)
  • Communication orale
    La recherche sur la réunification familiale selon une approche centrée sur la résilience familiale
    M. Angeles Balsells Bailon (Université de Lleida)

    La réunification familiale dans le système de protection de l'enfance réfère au processus par lequel un enfant retourne vivre avec sa famille d'origine après une période de séparation d’avec celle-ci, causée par une situation d'abandon, de négligence ou de mauvais traitements. La réunification est l'objectif commun quand une mesure de protection de l'enfance impliquant la séparation temporaire de l’enfant du noyau familial est prise (Balsells et al., 2015). Les décisions de séparation et de réunification familiale revêtent une importance particulière pour la vie d'un enfant, par leur influence à court et long termes dans la vie de celui-ci (Farmer, 2014). De même, ces décisions ont également un impact important sur la vie familiale. Cette conférence propose d’aborder les situations de placement de l’enfant et de réunification familiale selon une approche centrée sur la résilience familiale. La conférence vise premièrement à analyser les facteurs de protection, les capacités et les forces de la famille pendant les différentes phases de résilience (Lietz & Strength, 2011) au cours du placement. En second lieu, la conférence vise à approfondir sur la méthodologie de recherche utilisée, soit une approche qualitative avec analyse de contenu réalisée avec un échantillon de 135 participants (adolescents, familles et professionnels) issus du système de protection de l’enfance de Espagne.

  • Communication orale
    Réunification familiale : « Les adolescents parlent peu, mais disent beaucoup ».
    Ainoa Mateos (Université de Barcelone)

    Les politiques actuelles en matière de protection de l'enfance préconisent de donner la parole aux enfants et aux adolescents et reconnaissent leur droit de participer aux questions qui les concernent, plus tôt dans les processus de protection de l'enfance (Fuentes-Peláez et al., 2013; Mitchell et al., 2010; Schnoor, 2013). Cependant, la réalité des pratiques dans les systèmes de protection montre généralement un manque d'attention à la voix des enfants dans la prise de décision (Goodyear, 2014 ; Mitchell et al., 2010 ; Mateos et al., 2017 ; Montserrat, 2014). Cette communication présente les données d'une recherche diagnostique sur les besoins des adolescents placés et dans un processus de réunification familiale. Pour ce faire, 17 entretiens semi-structurés avec des adolescents (12 à 20 ans ; 7 garçons et 10 filles) ont été analysés. L'analyse des résultats fait émerger certains aspects liés à la participation des adolescents au moment de la réunification familiale liés à la préparation du retour et des premiers jours à la maison. Dans les deux dimensions de l'analyse, l'attention est centrée sur les différences selon le genre. Il est nécessaire de mener des études dans une perspective de genre, non seulement entre les garçons et les filles dans le système de protection de l'enfance, mais en particulier sur les différences entre frères et sœurs concernant leur situation familiale.

  • Communication orale
    Intervention en contexte de crise familiale : analyse qualitative des impacts du programme CAFE sur les facteurs associés à la résilience des familles
    Julien Desautels (UdeS - Université de Sherbrooke), Caroline Gagné (Université de Sherbrooke), Jasmine Gobeil-Bourdeau (Université de Sherbrooke), Robert Pauzé (Université de Sherbrooke), Luc Touchette (Université de Sherbrooke)

    Les programmes d’intervention en contexte de crise familiale, notamment le programme Crise-Ado-Famille-Enfance (CAFE), s’adressent aux familles présentant de multiples problématiques et visent principalement à résoudre les crises familiales. Plusieurs études ont montré l’efficacité de ces programmes pour réduire les taux de placement en milieu substitut, diminuer les problèmes de comportement des adolescents et améliorer le fonctionnement familial (Pauzé et al., 2014; van der Pol et al., 2017). Les résultats de récentes études ont également montré l’importance de la résilience dans le maintien de ces changements à long terme (Kaur et al., 2015). La présente étude vise à examiner, selon une perspective qualitative, l’évolution des familles ayant bénéficié du programme CAFE, à partir des facteurs clés associés à la résilience familiale (Walsh, 2016). De courtes entrevues ont été réalisées auprès de 70 parents et 117 adolescents ayant bénéficié du programme CAFE afin d’identifier les facteurs pouvant expliquer le succès ou l’échec du programme. Les résultats montrent que le programme CAFE a une incidence réelle sur les facteurs associés à la résilience des familles, notamment la cohésion familiale, la communication et le système de croyances des familles. En s’intéressant au point de vue des familles et en interprétant les résultats sous l’angle de la résilience, la présence étude permet de mieux comprendre l’évolution des familles bénéficiant de ce type de programmes.

  • Communication orale
    Comment le soutien aux parents biologiques sur le plan des habiletés parentales favorise-t-il leur résilience et la fin de la prise en charge en protection?
    Isabelle-Ann Leclair-Mallette (Université de Sherbrooke), Marie-Josée Letarte (UdeS - Université de Sherbrooke), Roxanne Sicotte (Université de Sherbrooke), Caroline Temcheff (Université McGill)

    Les programmes de soutien à la parentalité ont des effets positifs auprès de parents d’enfants vivant une situation de maltraitance. Une recension (Temcheff et al., 2018) a permis d’identifier 14 programmes ayant fait la preuve de leur efficacité, de même que leurs composantes communes. Ces années incroyables (CAI) est l’un de ces programmes et est utilisé au Centre intégré universitaire de santé et de services sociaux (CIUSSS) du Centre-Sud-de-l’île-de-Montréal (CCSMTL) depuis 2003.

    Nos études, réalisées depuis plus de 15 ans dans ce milieu, révèlent que les parents biologiques participent en moyenne à 71% des rencontres. Letarte et al., (2010) ont montré qu’à la suite de CAI, les parents utilisent des pratiques plus positives alors que la sévérité et l’inconstance de leur discipline diminuent. Les données administratives colligées par le CCSMTL ont été analysées afin d’explorer les effets à long terme du programme. Les résultats démontrent qu’à partir du moment où les parents participent à CAI, la probabilité de fermeture de dossier de leur enfant augmente de 38% pour les enfants en général et de 45% pour les enfants négligés spécifiquement. Le motif de prise en charge modère ces résultats, les familles prises en charge pour mauvais traitements psychologiques seulement en bénéficiant moins.

    Le lien entre l’amélioration des pratiques éducatives parentales, la fin de prise en charge en protection et la résilience sera exploré en guise de discussion.

  • Communication orale
    « Donnez de la vraie aide » : regard porté par les parents d’adolescentes placées hors de leur famille sur les services offerts à leur famille et à leur enfant lors du placement
    Nadine Lanctôt (Université de Sherbrooke), Frédérique Landry (UdeS - Université de Sherbrooke)

    Le retrait d’un enfant de son milieu familial en protection de la jeunesse représente une source de stress importante pour les parents (Drapeau et al., 2016). S’ajoutent à ce stress les représentations collectives stigmatisantes des parents d’enfants placés (Potin, 2009) qui entraînent des sentiments de rejet et d’exclusion (Sécher, 2010). En 2009, Potin qualifiait ces parents comme : « les grands oubliés du système ». Ce constat est corroboré par la recension systématique de Tillbury et Ramsau (2017) qui montre que peu d’études s’intéressent à la perception des parents d’enfants placés des services offerts en protection de la jeunesse. Néanmoins, les parents constituent une composante essentielle d’une approche holistique de l’évaluation des pratiques en protection de la jeunesse (Potin, 2009; Tilbury, Osmond et Crawford, 2010). La présente étude a pour objectif général de recueillir la perception des parents des services offerts par la protection de la jeunesse dans le contexte du placement de leur adolescente hors de la famille. Des entretiens ont été menés auprès de 15 parents d’adolescentes placées en centre de réadaptation ou en familles d’accueil. Les résultats montrent des parents démunis et généralement insatisfaits. L’impuissance prédomine, ainsi que les regrets et la rancune, tant face au système qu’aux intervenants rencontrés. Le placement de leur adolescente a occasionné une réévaluation de leur rôle parental et de leur conception d’eux-mêmes.


Dîner

Dîner

Salle : En ligne — Bâtiment : En ligne

Communications orales

Communications orales (Partie 2)

Salle : En ligne — Bâtiment : En ligne
Présidence : Julien Desautels (UdeS - Université de Sherbrooke)
Discutant·e·s : M. Angeles Balsells Bailon (Université de Lleida), Julien Desautels (UdeS - Université de Sherbrooke)
  • Communication orale
    Rétablir la connexion : Présentation d’un programme prometteur pour soutenir la réunification familiale des jeunes à la suite d’un placement.
    Katherine Pascuzzo (Université de Sherbrooke), Patti Ranahan (Université Concordia)

    Parmi les 24 076 enfants québécois pris en charge par la Direction de la Protection de la Jeunesse en 2019, 38% ont connu un placement à l’extérieur de leur famille (DPJ, 2019). Devant ces constats, des préoccupations croissantes émergent chez les professionnels quant aux problèmes de désengagement des parents de ces jeunes. Selon une récente méta-analyse, les interventions familiales auprès des enfants placés et leurs parents se montrent des plus efficaces pour améliorer l’engagement parental et favoriser la réunification familiale à la suite d’un placement (Maltais et al., 2019). Or, au Québec, l’intervention auprès d’enfants placés gagnerait à inté­grer davantage les parents, surtout ceux d’adolescents. Connect© est un programme probant fondé sur l’attachement et destiné aux parents de jeunes (placés et non placés; 8-17 ans) aux prises avec des troubles de com­portement et de santé mentale (Moretti et Obsuth, 2009). À l’aide d’approches expé­rientielles et psychoéducatives, le programme vise à 1) promouvoir la sensibilité et l’engagement du parent, 2) diminuer les troubles de comportement de l’enfant et 3) favoriser une relation parent-enfant sécurisante. Dans le cadre de cette présentation, nous mettrons en lumière les fondements conceptuels et empiriques du programme Connect© et sa pertinence pour soutenir la réunification familiale des jeunes placés. Cette présentation saura intéresser tant les professionnels œuvrant dans les milieux de la recherche que de la pratique.

  • Communication orale
    « Qu’est-ce que je vais faire quand ma fille aura 18 ans ? » : La place et le rôle que les parents s’attribuent à la fin du placement de leur fille.
    Nadine Lanctôt (Université de Sherbrooke), Mathilde Turcotte (CIUSSS du Centre-Sud-de-l'Île-de-Montréal)

    Pour une proportion considérable d’adolescents placés en milieu substitut, la fin du placement coïncide avec l’atteinte de la majorité (Stott et Gustavsson, 2010). Cette frange de la population de jeunes suivis en protection de la jeunesse est considérée particulièrement vulnérable (ex : itinérance, détresse psychologique, etc.), en lien avec la fin abrupte des services (Osgood, 2010). Actuellement, peu d’études s’intéressent aux expériences des parents dans le cadre de la transition hors de placement et à l’âge adulte de leurs enfants. Considérant que la majorité de ces jeunes tenteront un retour au domicile familial (Collins et al., 2008), il est crucial de mieux soutenir cette réunification. L’objectif de la présente étude est d’analyser les perceptions des parents biologiques quant aux besoins de leurs adolescentes, leurs préoccupations concernant la sortie de placement, ainsi que le rôle qu’ils s’attribuent dans cette transition. Des entretiens qualitatifs ont été conduits avec 16 parents dont l’adolescente était placée. Les résultats mettent en lumière le besoin des parents d’être accompagnés dans cette transition qui marque, dans plusieurs cas, le retour à une parentalité davantage « normale » après des mois de séparation. En l’absence d’accompagnement, les parents tendent à s’accorder peu de place dans la réponse aux besoins de leur adolescente, misant sur des ressources externes ou l’adolescente elle-même pour assurer une transition réussie à la vie autonome.