Informations générales
Événement : 88e Congrès de l'Acfas
Type : Colloque
Section : Section 400 - Sciences sociales
Description :Comment s’assurer de bâtir des projets rassembleurs et porteurs de sens pour la majorité? Quels sont les tenants et aboutissants du concept d’acceptabilité sociale, aujourd’hui nécessaire à la réalisation des projets? Le cheminement des grands projets et des innovations doit aujourd’hui nécessairement passer le test de l’assentiment des citoyens pour assurer sa légitimité. Mais trouver un terrain d’entente entre des visions en apparence diamétralement opposées est loin d’être évident. Les enjeux sont multiples et les interlocuteurs pluriels. Les visions du progrès sont également multiples et divergent beaucoup entre ce qui est offert et ce qui est souhaité. De ce fait, les décideurs et les promoteurs de projets font de plus en plus face à des contestations organisées. Loin d’apaiser les tensions, tenter d’informer et de convaincre les protestataires du bien-fondé des projets n’est parfois plus suffisant pour garantir l’assentiment des populations, voire la réalisation de ceux-ci. Cependant, pour assurer la réalisation des projets, les controverses doivent être explicitées. C’est à travers le dialogue entre les groupes que des terrains d’entente deviennent possibles et permettent de bonifier des projets grâce à différents types d’expertises, à la fois formelles et informelles. Autrefois confiné aux sphères scientifiques et industrielles, le dialogue autour de ces enjeux s’élargit pour inclure plus d’acteurs, dont la population civile et les groupes concernés. L’expertise citoyenne se développe donc pour apporter une autre voix au cœur des débats entourant ces grands projets et l’innovation. À travers ce colloque, nous voulons mettre en lumière, d’une part, les trajectoires de l’acceptabilité sociale concernant les controverses sociotechniques, et d’autre part, les modalités du dialogue social entre les acteurs gravitant autour de ces mêmes projets.
Remerciements :Le CRSDD tient à remercier le Conseil de recherches en sciences humaines (CRSH), Transfert Environnement et Société, le Bureau d'audiences publiques sur l'environnement, le Vice-décanat à la recherche de l'ESG UQAM ainsi que MU Conseils pour leur soutien financer et logistique à la réalisation de cet événement.
Date :Format : Uniquement en ligne
Responsables :- Corinne Gendron (École des Sciences de la Gestion (ESG) - UQAM)
- Alice Friser (UQO - Université du Québec en Outaouais)
Programme
Conférence d’honneur
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Communication orale
La concertation : alibi ou appui démocratique au développement économique ?Brigitte Fargevieille (EDF - Electricité de France)
EDF considère l’acceptabilité locale des sites industriels comme un processus qui consiste à gérer les interactions entre le projet ou le site industriel et ses parties prenantes afin d’optimiser son exploitation. Bien sûr, les impacts ne sont pas perçus et acceptés de la même manière par les parties prenantes. Derrière cette approche, il y a d’abord la conviction que les questions de « faisabilité ou d'acceptabilité » et d'« engagement des parties prenantes » ne dépendent pas seulement de la « perception » d’un type particulier d’énergie, d’un type particulier de travail industriel, d’une activité spécifique ou une entreprise particulière mais que chaque région a sa propre appréhension ou perception liée à de nombreux éléments tels que l’histoire du territoire, la socio-économie mais dépendent aussi de l’histoire d’un projet ou d’un site particulier... C’est pourquoi il y a ensuite la conviction que si EDF veut s’implanter dans une zone géographique, il doit y être accepté et apprécié, et prouver que le projet est un avantage pour tous. C’est pourquoi EDF a pris un engagement fort, dans la lignée des objectifs de développement durable de l’ONU, en se fixant publiquement l’objectif d’ « organiser de façon systématique et partout dans le monde, un dialogue ou une concertation transparente et contradictoire sur tout nouveau projet ».
Repenser la participation citoyenne au débat public
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Communication orale
Les Autochtones ne sont pas des parties prenantesÉric Cardinal (Office de consultation publique de Montréal)
Parmi les enjeux liés à l’acceptabilité sociale des projets, ceux concernant les peuples autochtones posent des défis particuliers et complexes. Au cours des dernières années, certains projets ont été bloqués, abandonnés ou rejeté par les autorités concernées parce qu’ils n’avaient pas obtenu l’acceptabilité sociale de groupes autochtones. D’aucuns affirment que les promoteurs se retrouvent entre l’arbre et l’écorce, puisque l’opposition des Autochtones repose souvent sur des revendications territoriales dont la gestion relève des gouvernements. Cette conférence présente, à l’aide d’expériences vécues, la complexité des enjeux politiques, juridiques et sociaux qui amène à conclure que les Autochtones ne peuvent pas être catégorisés comme de simples parties prenantes à un projet.
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Communication orale
L’implication citoyenne dans la gestion des inondations : réflexions à partir de quelques cas européensCorinne Larrue (UPEC - Université Paris-Est Créteil (Paris 12))
La communication s’appuiera sur les résultats d’un travail de recherche/action menée entre 2016 et 2017 dans cinq pays européens (France, Italie, Allemagne, Espagne, Pays Bas). Ce projet (CAPFLO, financé par la DG ECHO de l’Union Européenne) visait tout d’abord à analyser dans 5 localités d’Europe, vulnérables aux inondations, les capacités des habitants et de leurs collectifs à s’impliquer dans la prévention et la gestion de ces inondations ; Il visait d’autre part à mettre en place des dispositifs participatifs afin d’améliorer cette capacité d’implication habitante.
La communication se propose de revenir sur les résultats de cette recherche. Elle montrera tout d’abord la faible capacité initiale d’implication des habitants dans la majorité des cas étudiés, liée d’une part à la difficulté à mettre en place des dispositifs facilitants cette implication de la part des gestionnaires des inondations, et d’autre part à la représentation que les habitants ont du rôle des pouvoirs publics, censés prendre en charge (à leur place) ce problème. Dans un second temps la communication reviendra sur les dispositifs participatifs mis en place dans les cas étudiés et sur leurs effets. En conclusion on reviendra sur le rôle que les chercheurs ont joué dans cette expérience et sur ses difficultés et intérêts.
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Communication orale
L’apport des habitants de la ville à la politique d’urbanisme participatifMohamed Hichem Ait Abdelkader (Université Mouloud Mammeri de Tizi-Ouzou), Youcef BADAOUI (Université Mouloud Mammeri (U.M.M.T.O.) de Tizi-Ouzou (Algérie), Aghile BOUDJEDAIM (E.N.S.T. - Algéri)
L’apport des citoyens ou leur implication dans les initiatives qui concernent leur espace de vie, est un levier pour le développement durable de la ville. Cette implication consolide de ce fait les aptitudes de la société civile, favorise une gouvernance égalitaire, appuie les résidents dans l’exercice de leur citoyenneté, illustre une vaste échelle de valeurs, donne la possibilité de déterminer les éventuels points de vue controversés et procure une circonstance favorable afin de rallier les attitudes divergentes.
En adoptant les remarques, les constats, les soucis et les ambitions des citoyens du premier coup, et durant le déroulement des projets, l’ensemble des résidents trouve conjointement des pistes de réussite qui correspondent aux aspirations effectives de la communauté urbaine. Ce qui encourage par suite, l’admissibilité sociale des projets engagés et leur assimilation par la communauté urbaine. En se référant aux dires de Challas : « L’urbanisme participatif est l’urbanisme qui n'a pas de véritable projet ou de solution avant le débat public, mais seulement après le débat public »1.
La mise en œuvre d’un cadre constant et d’une collaboration (entre l’institution politique et les citoyens urbains) est à plus d’un titre essentiel. Vu que la contribution des résidents de la ville se reporte à la fiabilité des institutions publiques à traiter avantageusement ce qui les touche directement.
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Communication orale
Une leçon à retenir pour concevoir une démarche dialogique: le fiasco de l'aéroport de "Notre-Dame des Landes"Pierre Bardelli (UL - Université de Lorraine)
Notre proposition s'inscrit dans le contexte de projets publics menés en France. Après avoir rappelé les fondements de la décision démocratique dans la République française, basée sur la souveraineté populaire (représentée par les élus du peuple), nous évoquerons le principe de légitimité des décisions prises.Nous décrirons ensuite les biais qui interfèrent entre la volonté du peuple et les décisions prises par ses élus : interférence du lobbying quand ce n'est pas tout simplement de la corruption, technicité extrême des dossiers qui éloigne le projet élaboré du projet politique initial, évolution du contexte politique et idéologique entre le démarrage et la finalisation du projet. Ainsi un projet mené peut être remis en cause par les populations concernées dès son instruction, au cours de son élaboration voire de son exécution, dès lors que le seuil d'acceptabilité est dépassé.Le projet d'aéroport du Grand Ouest (Notre Dame des Landes) en France, imaginé en 1963, définitivement abandonné en 2018 soit 55 ans plus tard, illustre parfaitement l'incohérence entre les principes de légitimité populaire et la volonté des "populations" concernées. Cet exemple révèle le hiatus qui peut surgir, à défaut de dialogue, entre les procédures politico-administratives les plus élaborées (dont la légitimité est incontestable) et la volonté des populations intéressées par un projet.
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Communication orale
Quelle intégration sociétale des innovations et des technologies ?Alexandra Cordisco-Moreau (CNDP)
La radicalisation systématique entourant les débats sur les OGM, la 5G, les nanotechnologies ou encore le nucléaire versus les énergies renouvelables, et plus généralement sur les relations entre technologies et société, témoigne d’un changement de rationalité qui pose le problème de l’intégration sociétale des innovations et des avancées technologiques. En France, le débat public sur les nanotechnologies organisé par la Commission nationale du débat public, à la demande de l’État (2009), a été en quelque sorte le marqueur des limites d’un cadre institutionnalisé et d’une certaine impuissance de garantir l’expression citoyenne. D’aucuns ont alors fustigé la Cndp du fiasco d’avoir orchestré une mascarade démocratique, une campagne d’acceptabilité sociale à la solde du gouvernement. Cela a été vécu par certains comme un simulacre de débat sans public, un entre-soi partisan entre experts, chercheurs, industriels et pouvoir public, estimant que ceux-ci n’avaient pas la légitimité requise pour représenter l’intérêt général et éclairer la décision politique. Depuis, les démarches de participation citoyenne se sont diversifiées. Elles se chevauchent, se superposent, se suivent et se succèdent, mais assiste-t-on pour autant à des signes d’enthousiasme citoyen et de retour à la mobilisation et à la confiance ?
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Communication orale
Consulter quand c’est compliqué : comment bien identifier les enjeux et obtenir une participation significative en contexte techniqueKristina Maud Bergeron (MU Conseils)
Les exigences gouvernementales en termes de consultation publique pour différents plans ou processus s’affirment de plus en plus. Que ce soit pour l’élaboration de plans régionaux en matière de gestion du territoire (par exemple les Plans régionaux des milieux humides et hydriques) ou pour les processus d’évaluation environnementale, les pouvoirs publics et les promoteurs de projets doivent solliciter le public ou d’autres acteurs que ceux avec qui ils interagissent habituellement. Cependant, le côté très technique des projets ou l’encadrement règlementaire déjà bien élaboré rend complexe l’organisation de consultations significatives qui pourront avoir un impact véritable sur la prise de décision. Par ailleurs, ces consultations ne semblent pas toujours avoir une influence sur le niveau d’acceptabilité sociale. Comment composer avec le désir de rejoindre les « citoyens et citoyennes ordinaires », l’apparente monopolisation des tribunes par des groupes organisés (et opposés) et la complexité technique pour obtenir des consultations citoyennes significatives – et contribuant à éviter les controverses? Cette présentation partagera des réflexions inspirées du terrain pour mettre en lumière des défis et des solutions dans la conception de processus de consultation adaptés à différentes réalités.
Table ronde – La participation comme profession
Dîner
L’acceptabilité sociale : construction et apports théoriques
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Communication orale
L’acceptabilité sociale des organisations temporaires : Un modèle pragmatique de sa construction collectiveSofianne Baba (Université de Sherbrooke), Jacqueline Dahan (UdeS - Université de Sherbrooke)
Nous vivons dans des sociétés où les projets – considérés comme des organisations temporaires – occupent une place grandissante de notre quotidien, au sein duquel par ailleurs l’implication sociale, les groupes militants et la critique sociale ont pris du galon. Associant l’acceptabilité sociale à la légitimité, cet article traite du processus de légitimité entourant les organisations temporaires mues par des projets à fort impact socio-environnemental. Inspiré des réflexions de Richard Déry, il développe un modèle pragmatique de l’acceptabilité sociale des projets impactant le territoire dans lesquels ils s’établissent. Ce modèle conçoit l’acceptabilité sociale comme un processus négocié au fil d’un dialogue public qui retient les trois assises wébériennes de la légitimité (le traditionnel, le légal et le charisme) et les logiques d’action (pragmatisme sociologique) de Boltanski et Thévenot.
Mots-clés : projets, acceptabilité sociale, légitimité, économies de la grandeur, organisations temporaires.
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Communication orale
Une grille d’évaluation de l’acceptabilité sociale : répondre au besoin des décideurs publicsMarie-Ève Maillé (UdeM - Université de Montréal)
Que ce soit au niveau municipal, provincial ou fédéral, les gouvernements nous parlent d'acceptabilité sociale des grands projets de développement (pipeline, lignes de transport d'électricité, mines, etc.) comme d'un incontournable. Le premier ministre François Legault en a même fait une condition à l'autorisation des projets d'hydrocarbures sur le territoire québécois. Mais comment évalue-t-on l'acceptabilité sociale? Quels sont les signes qu'un projet ne passe pas le test? Les décideurs publics sont plus souvent qu'autrement pris au dépourvu pour évaluer les projets et les situations conflictuelles sur leur territoire; ils ne savent pas s'ils ont un problème d'acceptabilité sociale et ils ne savent surtout pas par quels bouts prendre le problème, le cas échéant. En l'absence d'outil d'aide à la décision, ils ont tendance à minimiser le problème ou à se renvoyer la balle d'un palier de gouvernement à l'autre. En une trentaine de points, une grille destinée aux décideurs permet d'évaluer des signes clairs d'un problème d'acceptabilité sociale. L'outil, nouveau et unique malgré le besoin, pourrait également servir au Bureau d'audiences publiques sur l'environnement.
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Communication orale
L’acceptabilité sociale comme nouvelle norme d’action publique : trajectoire, conceptions, formes et portéeLouis Simard (Université d’Ottawa)
Depuis plusieurs années maintenant, la notion d’acceptabilité sociale (AS) apparaît comme une nouvelle norme de l’action publique (Lascoumes et Le Galès, 2004, 2007; Simard 2018). Condition de plus en plus nécessaire à l’autorisation des grands projets ou l’adoption de politiques publiques, et apparaissant en définitive comme le chaînon manquant entre la démocratie représentative et la démocratie participative, comme tout instrument d’action publique, l’acceptabilité sociale comporte une dimension à la fois plastique et robuste qui peut laisser place à interprétation, appropriation, modification et résistance (Lascoumes et Simard, 2011; Halpern, Lascoumes et Le Gales, 2014). Devant d’abord être conceptualisée comme un résultat à atteindre, tout en étant en général le fruit d’un processus, l’AS se définit en contexte spécifique, et à différentes échelles (Batellier, 2015; Fournis et Fortin, 2017). Au Québec, l’AS s’est institutionnalisée en différentes étapes, dans différents secteurs/espaces et auprès de certaines institutions. Directement liée aux principes de participation publique et de développement durable. Dans le cadre de ce colloque nous souhaitons proposer une lecture de la trajectoire suivie par l’AS via l’expérience du Bureau d’audiences publiques sur l’environnement (BAPE), les professionnels de la participation publique (PPP) et quelques composantes de l’administration publique québécoises. Une réflexion sera effectué sur cette nouvelle norme d'action.
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Communication orale
Vers une gouvernance multiscalaire des controverses socio-techniques ?Yann Fournis (UQAR - Université du Québec à Rimouski)
La trajectoire de la notion d’acceptabilité sociale est connue : issue d’une réflexion sur les rapports entre le technique et le social, elle a donné lieu à des évolutions et des réflexions intéressantes (Fournis, Fortin, 2017 ; Gendron, 2014 ; Batellier, Maillé, 2017). En particulier, elle donne désormais la possibilité d’envisager un dialogue socio-technique établissant une symétrie bienvenue dans des logiques de mise en œuvre des projets traditionnellement peu ouvertes (de type DAD : Mermet, 2004). Une dimension essentielle a ainsi trait à la prise en compte du territoire : la dynamique de dialogue entre social et technique, au cœur de la sociologie technique, a été combinée avec la dynamique reliant territoires et institutions politiques (Fortin, Fournis, 2014); Yates, Arbour, 2016). Pourtant, à la suite de travaux nombreux et récents (pour l’énergie : Gaede, Rowlands, 2018 ; Wolsink, 2018), il apparaît qu’il existe encore des confusions importantes quant aux logiques à l’œuvre, à leur dynamique, leur complexité, leur dimension multi-niveaux, etc. Dans cette communication, nous voudrions souligner qu’il est possible d’approfondir le croisement entre ces deux perspectives, en la positionnant à un autre niveau territorial (autour des institutions et mécanismes nationaux de débat public) et à d’autres maillons de l’action publique (la mise en œuvre mais aussi la formulation des politiques publiques).
L’acceptabilité sociale : cas pratiques
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Communication orale
La gouvernance énergétique du micro-réseau de Lac-Mégantic: les implications sociales et les dynamiques de l'acceptabilité socialeRoberto Colin (École des Sciences de la Gestion (ESG) - UQAM)
Dans le cadre de ce colloque, je présenterai mon travail de recherche sur le projet de microréseau électrique de la ville de Lac-Mégantic. Plus précisément, j’aborderai le volet du processus d’acceptation des technologies par les utilisateurs. S’agissant d’un des volets de ma recherche, l’étude de l’acceptation de la technologie cherche à déterminer les conditions favorables qui contribuent à l’adoption d’une technologie par les utilisateurs finaux. Je travaille à déterminer, comment, dans le cadre de la réalité méganticoise, ces technologies proposées s’alignent sur les besoins et les attentes des utilisateurs finaux ? Quelles sont les stratégies que puissent adopter le fournisseur pour modifier les comportements des utilisateurs finaux pour favoriser l’usage des technologies proposées ? À l’inverse, comment les utilisateurs finaux peuvent améliorer les technologies qui leur sont avancées ?
Cette présentation comprendra quatre volets. Dans un premier temps, je présenterai la situation actuelle de la communauté méganticoise, à travers le processus de reconstruction du centre-ville ravagé par l’accident ferroviaire de 2013. Dans un deuxième temps, j’aborderai les grands défis et enjeux énergétiques qui soutiennent le projet de microréseau électrique. Ensuite, j’introduirai les principaux modèles d’acceptation de la technologie dans la littérature scientifique. Finalement, j’étayerai l’évolution de ma recherche et je présenterai les analyses partielles traitées.
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Communication orale
Tirer des leçons de projets où l’acceptabilité sociale a été réfléchie sous l’angle de la relation au territoire pour l’appliquer à d’autres types de développementMarie-Eve Martin (Transfert Environnement et Société), Louis-Michel Tremblay (Transfert Environnement et Société)
Transfert Environnement et Société travaille sur des démarches d’acceptabilité sociale basées sur la participation citoyenne. L’expérience des dernières années démontrent effectivement que les mécanismes de participation publique peuvent être modulés pour bonifier les projets. Mais cela ne se produira que si les tensions, la méfiance et le climat de colère est apaisé, que ce soit entre les parties prenantes elles-mêmes ou avec l’initiateur de projets.La conférence amènera les participants à réfléchir aux questionnements suivants : La participation du public est-elle suffisante en elle-même comme outil d’aide à la décision pour les décideurs? La participation publique en amont de projets, par exemple sur des politiques ou législations, dédouane-t-elle les initiateurs de projets de consulter? La justification des projets est souvent remise en question lors de démarches de participation publique, est-ce que dès lors, peu importe les « modalités du dialogue », on s’écarte d’une acceptabilité sociale? Que fait-on avec les parties prenantes non-intéressées à un projet, c’est-à-dire celles qui ne veulent voir ce projet se concrétiser sous aucune condition ou celles à l’extérieur des mécanismes formels de participation? Est-ce que les meilleures conditions dialogiques identifiées par l’expérience des projets reliés au territoire peuvent s’appliquer de la même façon dans d’autres types de projets controversés? Peut-on et comment améliorer la culture de la participation publique ?
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Communication orale
Trajectoires des véhicules autonomes au QuébecSébastien Côté (UQAM - Université du Québec à Montréal)
En septembre 2015, on entendait déjà Elon Musk sur toutes les tribunes prédire l’arrivée de véhicules 100% autonomes d’ici 2018. Nous voilà en 2021 et nous sommes toujours bien loin d’une « démonstration d’un trajet 100% autonome de Los Angeles à New York ». Malgré tout nous entendons sans cesse les médias nous parler de diverses avancées à propos des véhicules autonomes. Les consommateurs, eux, se posent également plusieurs questions, notamment quant à la sécurité des véhicules, aux choix éthiques effectués par ceux-ci ainsi qu’à propos de leur impact environnemental. Ici, au Québec, la règlementation autorise le déploiement de véhicules autonomes uniquement dans le cadre de projets pilotes. Nous avons donc eu la chance d’accueillir trois projets de navettes, deux à Montréal et un à Candiac. Où en est donc réellement rendu l’industrie des véhicules autonomes et que pouvons nous espérer voir sur nos routes au Québec dans les prochaines années?
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Communication orale
Regards sur les facteurs d’acceptabilité d’une technologie alimentaire sans compromis : la viande cultivée en laboratoireJean-David Perron (UQAM - Université du Québec à Montréal)
La consommation massive de viande et l’élevage industriel sont pointés du doigt comme un contributeur grandissant aux changements climatiques et à la souffrance animale. La viande cultivée en laboratoire a la prétention de protéger les habitudes alimentaires carnivores, tout en ayant le potentiel de réduire les impacts environnementaux et sociaux associés à l’élevage. Cependant, cette technologie encore marginale est soumise à de nombreuses controverses pouvant affecter son acceptabilité aux yeux du auprès du public cible. Quatre facteurs ayant une incidence sur l’acceptabilité de la viande cultivée ont été analysés lors d’une incursion au sein de cette jeune industrie en développement de cette technologie alimentaire à savoir la réalisation des promesses environnementales ; les réticences face à l’artificialité de l’aliment ; la terminologie employée ainsi que la transparence. Il s’avère que l’incertitude entourant les promesses de la technologies ne sont que peu prisent en considération dans le développement de l’infrastructure financière nécessaire à la recherche et au développement du produit. La nature scientifique de cette nouvelle viande suscite également des enjeux de transparence quant à la propriété intellectuelle en alimentation, sur les intrants du produit et la communication à la population. Si la viande de synthèse est la viande de demain, est-ce une une bonne option pour faire face aux enjeux alimentaires contemporains ?
Controverses et expertise scientifique
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Communication orale
Co-construire l’expertise pour sortir de la controverseAlice Friser (UQO - Université du Québec en Outaouais)
Si la controverse renvoie à un affrontement entre deux personnes ou groupes sur une question donnée, elle implique également des temps d’exploration et de discussion qui peuvent se traduire en apprentissages et progrès susceptibles de faire avancer non seulement la façon d’envisager et d’évaluer les problèmes à la base de la controverse, mais aussi la position des acteurs concernés. La controverse est donc un espace propice à la construction de l’acceptabilité sociale. Mais encore faut-il le lui permettre et dans cette perspective, la question de l’expertise s’avère à notre avis fondamentale. Au-delà de la distinction classique entre savoir scientifique et savoir profane, nous proposons dans cette communication de revenir sur les définitions de l’expert et de l’expertise pour voir de quelle façon et dans quelles conditions l’un et l’autre sont mobilisés en temps de controverse, de discuter de ce qu’implique une expertise co-construite, et de cerner les outils participatifs qui lui sont les plus favorables. Nous appuierons nos propos sur des cas de controverses avérées qui ont marqué l’actualité et sur des cas de controverses évitées.
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Communication orale
Construire la ville dans la poursuite de l’intérêt collectif : dispute des légitimités et des expertises dans la fabrique urbaineMaude Cournoyer-Gendron (UQAM - Université du Québec à Montréal)
À partir de l’étude de deux projets d’aménagement contestés (un projet de nouveau stade privé de football à Nantes et un projet de centre commercial à Montréal) un regard particulier sera porté sur « les effets » du conflit ou des controverses dans la fabrique de la ville, en approfondissant la ques-tion de la production de contre-expertises dans les contestations. Le corpus est composé d’une revue de la presse écrite et des principaux documents de planification qui présentent le projet, de l’observation de différents moments du conflit (conférence de presse, conseil métropolitain, réu-nion d’associations), et d’entretiens semi-directifs menés auprès des acteurs impliqués dans le con-flit, qu’ils portent le projet, le défendent, le mettent en question ou le contestent. Dans les deux cas qui nous intéressent, le conflit ne peut être considéré comme une simple manifestation du syn-drome « pas dans ma cour », puisque même si certaines crispations reposent effectivement sur les externalités négatives que le projet entraînerait sur les riverains, les revendications dépassent lar-gement ce cadre. En effet, les deux cas étudiés révèlent notamment une remise en question du processus de prise de décision en aménagement jugé opaque, centralisé et vertical ou encore, ina-déquat et inefficace. Une autre similitude réside dans la dénonciation de « l’expertise » des porteurs de projet puisque la démonstration de l’intérêt général du stade ou du centre commercial n’aurait pas été faite.
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Communication orale
Quand le modèle du déversement du savoir mène à l’échec : les luttes d’expertise au cœur de l’acceptabilité sociale de projets d’exploitation des ressources naturellesMireille Lalancette (Université du Québec à Trois-Rivières), Justine Lalande (UQAM), Stéphanie Yates (UQAM - Université du Québec à Montréal)
Les projets d’exploitation des ressources naturelles font face aujourd’hui au questionnement des populations appelées à subir le risque associé à ces projets. Alors que subsistent certaines controverses quant aux impacts environnementaux de ces projets, la science de fait plurielle et devient elle-même objet de débats politiques (Callon et al., 2001; Collins et Evans, 2007; Gendron, 2014). Dans ce contexte, les modèles traditionnels de « déversement du savoir » (deficit knowledge models) (Ahteensuu, 2012) généralement adoptés par les promoteurs de projets sont susceptibles de générer des réactions contestataires de la part des acteurs sociaux, à même de mobiliser une contre-expertise et un « savoir situé » issu de leur connaissance intime d’un milieu donné. Par la mobilisation d’un discours qui fait contrepoids à celui des promoteurs de projets et par le développement d’une stratégie de médiatisation réfléchie, ces acteurs sociaux font valoir leur légitimité à intervenir dans les discussions. Le tout donne lieu à une lutte d’expertise devant laquelle il devient pour le moins complexe, pour le citoyen, de juger de « l’acceptabilité sociale » de ces projets. Nous proposons d’étudier ces dynamiques par le prisme de deux projets d’exploitation des ressources naturelles présentés en contexte québécois et qui ont fait l’objet à chaque fois d’une vive controverse, à tel point qu’ils n’ont pu voir le jour.
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Communication orale
Conception et gestion de projets mobilisateurs : Le cas d'un projet autochtoneJesse Schnobb (UQO - Université du Québec en Outaouais)
Cette recherche vise à traduire comment les gestionnaires de projets parviennent à créer une mobilisation autour d’un projet afin d’en assurer le succès. Plus précisément, elle utilise la Théorie de l’acteur-réseau de Bruno Latour (2005) pour traduire l’intégralité d’un cas de projet autochtone à succès du Québec.
Puisque ce genre de projet est extrêmement complexe et dynamique, la première limite à cette compréhension est celle des textes, la sémiologie graphique (Bertin, 2013). La deuxième limite est que pour se comprendre, il faut passer par une expérience commune (Dewey, 1938; Kolb, 1984). En croisant la sémiologie graphique avec l’éducation expérientielle, on obtient une holographie qui produit une iconographie dynamique d’un projet à succès, un projet mobilisateur (Hecht, 2005). C’est ce qui nous permets de rédiger des comptes rendus représentatifs de la complexité et du dynamisme d’un projet mobilisateur.
Ce compte rendu des controverses sociotechniques du cas permet d’identifier les mécanismes et outils qu’utilisent ces gestionnaires pour assurer le succès de leurs projets. De plus, elle permet une modélisation holographique du processus de la gestion d’un projet à succès donnant accès à sa configuration. Les résultats de la recherche montrent quels sont les adaptations requises à notre pratique de gestion pour assurer le succès de projets. De plus, les résultats montrent comment les controverses sont une source importante d’innovation.