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Informations générales

Événement : 88e Congrès de l'Acfas

Type : Colloque

Section : Section 300 - Lettres, arts et sciences humaines

Description :

Le concept d’africanologie (Diakité, 2016) se définit, selon son concepteur, comme :

« Une discipline réflexive née de la jonction des sciences philosophiques, expérimentales, des cultures africaines, occidentales et des sciences humaines. Elle est un champ interdisciplinaire qui commence d’abord par la philosophie, passe de là aux sciences humaines et s’achève dans les sciences expérimentales. L’Africanologie est une tétraphilosophie; c’est-à-dire qu’elle est à la fois une géophilosophie, une historiophilosophie, une sociophilosophie et une médicophilosophie. Elle se définit donc comme une scientophilosophie, c’est-à-dire l’étude clinique, scientifique et philosophique de l’Afrique à partir de sa genèse et de son fonctionnement en tenant compte de son histoire, de ses cultures, de ses civilisations, de ses découvertes, de ses inventions et de ses pratiques. L’Africanologie est le gain de la symbiose des savoirs occidentaux et des savoirs endogènes africains. » (Diakité, 2018, p.122-123)

L’africanologie peut apparaître comme le résultat d’une volonté de reconstruction et de renaissance d’une société africaine à travers l’éveil des consciences.

Ainsi, à l’image de la négritude, l’africanologie se veut aujourd’hui la thérapeute de l’Afrique et des Africains, en vue de venir à bout des maux qui les rongent. À partir d’un diagnostic réaliste et objectif du mal africain, dénué de toute complaisance, l’africanologie se fait un devoir d’indiquer aux Africains les voies et les moyens susceptibles d’en venir à bout, et donc de créer les conditions de l’émergence, ultime étape vers le développement. Mais en réalité, l’africanologie est-elle susceptible d’influencer le destin de l’Afrique et des Africains, en leur donnant la possibilité de relever les défis du développement? Faut-il voir en l’africanologie un concept de trop au sein des études africaines? Sa démarche se démarque-t-elle des autres disciplines et autres doctrines vouées à l’Afrique? La révolution, sous-tendue par l’éveil des consciences qu’elle prône, ne présuppose-t-elle pas la mise en parallèle des perspectives exogènes et celles dites endogènes? Finalement, quelles peuvent être les forces et les faiblesses de l’africanologie, dans sa contribution à la marche de l’Afrique vers l’émergence, dans un contexte de mondialisation?

Ce colloque vise à faire l’état des lieux des études africaines contemporaines en général, et de l’africanologie en particulier, au regard des défis des temps nouveaux. Il se doit, pour y parvenir, de proposer une discussion critique autour du concept d’africanologie, c’est-à-dire en débattre l’opportunité du surgissement et en relever d’une part les forces et d’autre part les faiblesses, le tout dans une mise en parallèle avec d’autres disciplines, doctrines ou concepts en lien avec l’Afrique, et ce, dans le but de situer la contribution de l’africanologie dans le processus de développement de l’Afrique.

Dates :

Format : Uniquement en ligne

Responsables :

Programme

Communications orales

Mot de bienvenue

Salle : En ligne — Bâtiment : En ligne

Communications orales

Politique et sociétés (Partie 1)

Salle : En ligne — Bâtiment : En ligne
Présidence : Irafiala Toure (UNIVERSITE ALASSANE OUATTARA, DEPARTEMENT D'ANTHROPOLOGIE ET DE SOCIOLOGIE)
  • Communication orale
    De la dialectique du canon aux canons de la dialectique : l’Afrique et les défis normatifs du jeu politique
    Abou Sangare (Université Alassane OUATTARA)

    L’accession au pouvoir d’État, sa gestion et sa conservation ne sont pas œuvre d’anarchie. Elles obéissent à des principes et normes universels qu’impose la science même de l’État. Mais celui qui a des yeux pour voir, et qui sait, en toute humilité, s’abandonner à l’évidence des choses, s’aperçoit de lui-même, sans gros effort d’observation, que le jeu politique africain évolue. Non dans les canaux normatifs de la politique, mais dans ce que nous appelons la dialectique du canon, c’est-à-dire l’arbitraire des coups de feu. Une telle situation, propre aux modes despotiques d’exercice du pouvoir, et productrice de mal-être existentiel, interpelle tous les promoteurs de l’éthique des institutions et tous les chercheurs soucieux du développement de l’Afrique. Nous reconnaissant dans chacun de ces groupes, nous ne pouvions pas, face aux enjeux du 88e congrès de l'Acfas, jouer la carte de l’indifférence. C’est pourquoi nous nous engageons à poser, sous un autre angle, les causes du mal-être africain et à proposer les solutions pour y remédier. La question centrale qui soutiendra cet engagement sera formulée comme suit : comment faire entrer les pays africains dans les canaux républicains de l’exercice du pouvoir ? Notre position théorique préalable est que l’appropriation des canons de la dialectique peut être un moyen sérieux pour le réussir.

  • Communication orale
    Les Parlements d’Afrique francophone, de la colonisation à la post-colonisation : analyse croisée des parlements camerounais et ivoiriens 1945 – 2018
    Edith Mireille Tegna (Université de Ngaoundere)

    L’institution parlementaire en Afrique francophone constitue un héritage colonial. Après les indépendances, elle connaît une évolution dynamique. Ces mutations sont influencées par le contexte politique de chaque pays. Aujourd’hui, cette institution reste la cible des critiques des chercheurs, qui lui reprochent de ne pas assumer pleinement ses responsabilités. Cette communication fait une analyse croisée des itinéraires d’évolution et de leur impact sur l’efficacité de la structure parlementaire au Cameroun et en Côte d’Ivoire. En d’autres termes, le processus de croissance et de maturation des parlements camerounais et ivoiriens impacte-t-il réellement la démocratie et le développement du continent ? La réponse à cette question s’organise dans une démarche diachronique et synchronique : aux termes de l’analyse de données collectées sur le terrain, il apparaît que l’institution parlementaire a connu une évolution complexe, qui influe sur son action, compromettant ainsi son rôle dans l’évolution démocratique et le développement du continent.

  • Communication orale
    La problématique de la liberté en Afrique au miroir de la citoyenneté
    Assanti Olivier Kouassi (Université Alassane Ouattara- Bouaké- RCI)

    La Liberté et la citoyenneté sont devenues des entités inséparables de l’existence de l’individu, conditionnant indissolublement son existence politique à celle de l’État. Par la citoyenneté, l’individu parvient à assurer sa liberté en tant qu’entité incontournable dans la gouvernance de la chose publique. Est libre, donc, toute personne qui exerce pleinement son droit de citoyen.ne. S’il est vrai que la liberté ne peut se réduire absolument à la citoyenneté, dans nos États modernes, la citoyenneté est le moyen par lequel l’individu peut parvenir à exprimer pleinement sa liberté. C’est dire que la liberté et la citoyenneté sont des notions hautement nécessaires aux progrès social et politique. Si nos États africains sont en crise permanente, cela est dû fondamentalement au fait que la citoyenneté et la liberté ne s’y sont pas pleinement encore exprimées. La citoyenneté en Afrique ne favorise pas entièrement la liberté. La liberté et la citoyenneté ne sont pas encore intégrées dans les mœurs politiques, soit par la propension à l’autocratie des dirigeants, soit par nonchalance de la part de la population.

  • Communication orale
    Côte d'Ivoire, espace politique étiolé : une démocratie tribaliste et clanique
    Ebisseli Hyacinthe Nogbou (UNIVERSITE ALASSANE OUATTARA (côte d'Ivoire))

    Dans le choix des principes et du mode de fonctionnement de l’État, l’Afrique est encore à la croisée des chemins. Elle est restée dans les vagues des mutations et des transitions démocratiques difficiles. À cette difficulté de gestion sociétale s’ajoute l’impossible adoption et un recul calamiteux du jeu démocratique, endossé par le tribalisme clanique. Ce fonctionnement atypique modifie le paradigme des modalités et les exigences de la marche de l’État africain toujours en construction. On peut y percevoir l’expression d’une fracture civilisationnelle due au mauvais arrimage à l’essence démocratique occidentale dans la conception idéologique de l’État. La démocratie se déploie, pour ainsi dire, sous la forme d’un nouveau paradigme envahi par de nouveaux principes. Sur cette base, l’idéologie politique prend fin pour faire place au regroupement tribal, conçu autour d’un individu, de sa région d’origine et parfois même avec une résilience religieuse. Cette communication se propose de faire une lecture philosophico-critique des enjeux et des défis actuels de la difficile marche de la démocratie en Côte d’Ivoire. L’asservissement idéologique aux référents identitaires, l’alibi des « avatars de l’État africain », l’embastillement constitutionnel de l’État refusant l’application démocratique, le repli identitaire, etc., conduisent à la désillusion d’un âge d’or démocratique ; plus fâcheusement, à l’idée d’une démocratie ivoirienne, atypique, qu’il importe de déconstruire.

  • Communication orale
    L’immigration : un échec des paradigmes politiques en Afrique
    Konan Marius Kouassi (ICMA( Institut Catholique Missionnaire d'Abidjan))

    Les États africains ont pris, depuis une décennie, une silhouette qui, après les périodes des indépendances assorties de grands espoirs, ainsi que de crises institutionnelles et identitaires, se révèle comme un mal pernicieux : l’immigration. Cette réalité tangible, au fil des années, se formalise et prend des proportions inquiétantes. Assurément, parmi les raisons qui justifient cette pratique se trouve l’échec des paradigmes politiques dans les différentes gouvernances. C’est pourquoi la question de l'immigration doit, plus que jamais et en premier ressort, être traitée par les politiques avec de nouveaux parangons. Ceci d’autant plus que ces modèles sont à l’avant-garde de la lutte contre l’immigration par la promotion de nouvelles valeurs ayant pour fil d’Ariane l’humain. C’est donc à la recherche d’un archétype politique à même de lutter efficacement contre ce phénomène que s’inscrit cette conférence.

  • Communication orale
    La comparaison dans les études africaines. Enjeux épistémologiques, défis théoriques et méthodologiques
    Eugene Arnaud Yombo Sembe (Universite de Yaounde 2 Cameroun)

    Approche méthodologique transversale, la comparaison pénètre progressivement les corpus variés des sciences humaines et sociales appliqués aux objets africains. Elle investit silencieusement les études au sein des laboratoires et des départements spécialisés, en Afrique comme ailleurs, autour des études africaines. La présente communication montre dans quelle mesure le comparatisme africaniste épouse fatalement, mais malheureusement, le provincialisme scientifique qui fait des études africaines une science de l’exotisme, un savoir du ghetto, bref, une étude des Suds peu portée sur les généralisations. Il en ressort une duplicité dans l’appréhension du comparatisme africaniste, lequel oscille entre le “comparatisme de classe”, soucieux de séparer les aires culturelle, politique et juridique au motif des différences culturelle et juridique des aires culturelles, et le “comparatisme réformateur”, guidé par le paradigme de l’esprit humain, car davantage révolutionnaire. C’est dire que le comparatisme africaniste offre des fortunes diverses, crée et ravive le débat scientifique autour de l’universalisme et du particularisme.

  • Communication orale
    Du troc à l’économie monétaire : les implications économiques et sociales dans le Sud-Ouest de la Haute-Volta (1919-1960)
    Sourbar Justin Wenceslas Hien

    Après la conquête, les Français organisèrent les pays de la Haute-Volta. L’un des problèmes majeurs qui se posa à la colonisation fut l’introduction de la monnaie européenne.

    Nous proposons d’appréhender le passage du troc au franc CFA en passant par les cauris, ainsi que les mutations socio-économiques qui en découlent.

    Le troc est l’échange d’un bien contre un autre bien (selon le "Grand Robert" de la langue française) et la monnaie est tout instrument de mesure et de conservation de la valeur, de moyen d'échange des biens (cf. Grand Robert). C’est dans cette optique que le franc CFA (franc des Colonies Françaises d’Afrique) fut créé le 26 décembre 1945 (Nubukpo, 2019). L’introduction de la monnaie métropolitaine en Haute-Volta entraîna des conséquences de plusieurs ordres.

    Pour traiter cette problématique, nous recourons principalement aux ouvrages, aux articles scientifiques et aux sources d’archives afin de montrer les conséquences socio-économiques de l’introduction de la monnaie coloniale dans le Sud-Ouest de la Haute-Volta. Si ces conséquences furent déjà abordées dans des travaux antérieurs, notre présente communication permet d'en montrer au mieux les enjeux.

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  • Communication orale
    La démocratie en Afrique à l'épreuve des crises militaro-politiques
    Kouamé Hyacinthe Kouakou (UNIVERSITÉ ALASSANE OUATTARA DE BOUAKE (COTE D'IVOIRE))

    Depuis l’accession des États africains à la souveraineté nationale et internationale, nombre d’entre eux ont été, ou sont secoués par des crises militaro-politiques aux causes aussi diverses que variées. Si ces crises ont de tout temps été décriées, condamnées, à la fois par l’opinion publique des États concernés et par la communauté internationale, elles le sont encore plus à l’heure de l’ouverture démocratique. Ceci d’autant plus qu’elles portent un coup d’arrêt au processus démocratique. La raison en est que le pouvoir, au lieu d’être l’émanation du peuple, selon les principes et exigences de la démocratie, se trouve imposé par la force des armes, et donc par une minorité. Elles apparaissent également, dans bien des cas, comme source de désordre et d’instabilité politique. Pourtant, elles sont souvent saluées, car perçues comme la seule alternative pour le rétablissement de la démocratie, témoignant ainsi d’un usage légitime de la force. Mais face à leur récurrence et aussi du fait de leurs retombées négatives sur les États et sur les populations, il convient soit de les canaliser, soit d’éduquer à la fois les gouvernants et les gouvernés à la culture de la paix pour une véritable démocratie.

    Mots clés : Afrique – Crises militaro-politiques – Démocratie – Paix – Pouvoir politique – Société civile.

  • Communication orale
    L'Africanologie et la Négritude : l’Afrique noire en débat
    Saty Dorcas Diomande (Université de Korhogo)

    « Conscience raciale et Révolution sociale », l’intitulé de cette rubrique, du journal mensuel de l’association des étudiants martiniquais, dans laquelle Christian Filostrat publie le numéro 3 de L’Étudiant Noir (1935), résume toute l’idéologie de deux notions universelles à la fois uniques et plurielles que sont l’Africanologie et la Négritude. Ces deux concepts de pensée africaine, créés l’un par Samba Diakité et l’autre par Aimé Césaire et alii, mettent en scène les réalités de l’Afrique noire dans un contexte pluridisciplinaire, tout en prônant l’éveil de la conscience des âmes africaines pour « une praxis révolutionnaire ». S’ouvre alors un débat sur la nouvelle Afrique à une époque où les défis des temps nouveaux se prédisposent dans une perspective de développement de L’Afrique.

    Mots clés : Africanologie, Négritude, Afrique noire, développement…


Communications orales

Politique et sociétés (Partie 2)

Salle : En ligne — Bâtiment : En ligne
  • Communication orale
    Les enjeux sociaux et politiques du néo-nationalisme machiavélien à l’épreuve de la mondialisation : quel avantage pour l’Afrique ?
    Youldé Stéphane Dahé (Université Alassane Ouattara, Cote dIvoire)

    Autrefois perçu comme un impérialisme conquérant par lequel la nation s’agrandissait par l’annexion des espaces nouveaux au détriment d’autres nations, le nationalisme, depuis les grandes évolutions contemporaines du système international marqué par la mondialisation, connaît une remise en cause. Mais cette attitude est subjective, car les réalités socio-politiques démontrent non seulement qu’il est loin d’avoir disparu, mais aussi qu'il joue d’avantage un rôle déterminant dans la naissance des nations. Il a donc simplement changé de champ lexical, s’est mué en néo-nationalisme, auquel est rattaché un principe nouveau qui consiste à faire une expérience dont la synthèse implique une révolution de l’esprit. Cette révolution fait appel à l’amour véritable de la nation, celui qui se présente désormais comme une idéologie conditionnant l’agir social, capable de révolutionner l’esprit. C’est un néo-nationalisme créatif, qui mise sur la recherche d’une identité nationale forte, le consentement du vivre ensemble et la volonté de continuer à faire valoir l’héritage commun. Perçu sous cet angle, le néo-nationalisme semble s’opposer à la mondialisation qui se présente comme le processus de mise ensemble du monde, un processus prônant le rapprochement des nations pour former un tout commun.

  • Communication orale
    Préceptes démocratiques de discours africains : analyse du conte "Comment le lion devint roi" et du film "Guimba, un tyran, une époque"
    Mahamadou Hassane Cisse (Université Nazi BONI)

    De l’oralité au cinéma, en passant par les livres, les discours littéraires et filmiques africains sont empreints de préceptes démocratiques jadis assimilés tout simplement à des valeurs morales. Ces récits traditionnels et modernes se veulent donc le reflet de valeurs idéologiques. En effet, les films de fiction de réalisateurs africains traduisent une certaine intertextualité avec les littératures orales et écrites africaines considérées comme leurs devancières. L’analyse du corpus constitué du conte traditionnel malien, "Comment le lion devint roi" et du film de fiction "Guimba, un tyran, une époque", du réalisateur Cheikh Oumar Sissoko, du Mali, révèle un discours qui tranche avec une certaine vision péjorative, voire erronée, de la culture démocratique en Afrique, où la démocratie est d’ailleurs considérée comme un luxe. C’est pourquoi il apparaît urgent de légitimer l’élaboration d’un véritable contre-discours en phase avec le concept d’Africanologie. Son objectif majeur consiste à évaluer l’ancrage de la démocratie dans l’oralité et dans les cinémas africains. Cette communication se propose d’examiner le discours de ces œuvres d’art africain sous l’angle de la narrativité spatiale, vecteur par excellence de leur discours idéologique. Pour ce faire, elle procède d’un croisement entre les sémiotiques topologiques et la sémiotique discursive.

  • Communication orale
    De "Le temps est venu", de Nelson Mandela à "Waati Seera. L'appel du temps ou le temp des incompris", de Samba Diakité : quel temps pour l'Afrique ? »
    Akpa Akpro Franck Michael Gnagne (Institut de Théologie de la Compagnie de Jésus (ITCJ))

    Interroger en direction du temps n’est pas chose aisée. En effet, la question du temps est, sans ambages, l’une des préoccupations les plus complexes dans le champ de la pensée en général et de la philosophique en particulier. Et si le concept de 'temps' reste polémique et insaisissable, le 'temps' en tant que moment de l’Histoire peut être analysé, nous permettant de transformer le quotidien des Hommes. En effet, avec sa trilogie dimensionnelle (Passé, Présent, Futur), le temps nous confère des valeurs préventives, curatives et performatives qui guident, à l’image d’une boussole, le destin des Hommes et des peuples.

    Les discours de Mandela et de Diakité, dont les contenus servent de corpus dans le cadre de cette contribution, attestent bien de ce fait : l’importance du temps, son poids dans l’histoire et la vie des Hommes, sa démarche en rapport avec l’avenir des peuples, de leur peuple, de leur continent : l’Afrique. C’est pourquoi ils lient le destin de l’Afrique au temps. Cette approche du temps, selon eux, permettra de préparer le temps de l’Afrique, le temps de sa gloire, de sa Renaissance. Sans ce préalable, il sera quasi impossible aux Africains d’aborder avec sérénité leur vie et leur avenir dans un monde devenu global. Pour qu’advienne le temps de l’Afrique, il faut l’Afrique du temps. L’Afrique et les Africains gagneraient à s’approprier le concept, la notion, l’idée du temps contenus dans ces discours, qui sonnent comme un appel.

  • Communication orale
    Fuite des cerveaux et retour de diplômés en Afrique
    Magloire Yepie (Grand Séminaire Saint Pierre de Daloa)

    La fuite des cerveaux est un phénomène social récurrent en Afrique. Elle peut se comprendre comme l’afflux du personnel qualifié d’un pays vers un autre. Si des impératifs économiques, sociaux, éthiques et politiques confèrent une légitimité à une telle pratique, force est de reconnaître que ses effets sociaux sont localement désastreux. Dans un autre sens, si le mouvement vers l’Occident permet à quelques cadres de réaliser leurs rêves sociaux et professionnels, et même d’inscrire leur pays d’origine dans la ligne d’un écrin constitutif de positivités, pour un autre groupe plus demandeur qu’invité, l’aventure se transforme bien souvent en amertume. La perspective d’un retour en Afrique s’impose donc aux diplômés. Et cela, au regard des exigences des temps nouveaux, qui portent à un changement de la donne pour s’affranchir de tout sentiment nihiliste. N’y a-t-il pas, dans ce sens, lieu de faire face à cette situation afin de créer les conditions de possibilité d’un nouveau commencement pour l’Afrique ? Les conditions de l’émergence, étape ultime vers le développement de l’Afrique, ne proviendront-elles pas nécessairement de l’intelligence de ses enfants ? Nous voulons montrer, par cette communication, que le défi du développement exige de l’Afrique un effort singulier.

  • Communication orale
    De l'Afrique du ressentiment à ʺL’Afrique-enfant nietzschéenʺ : les germes espérantiels de l'Africanologie
    Abi Doumbia (Université Alassane OUATTARA)

    Soumis à son vouloir, l’Homme ne donne de valeur à l’Homme que celle d’une chose, voire une valeur marchande. Telle fut la condition des Africains sous le pouvoir colonial. Retenus par des chaînes psychologiques, ils se sont métamorphosés en ʺaraignées nietzschéennesʺ, qui n’a d’autre but que d’inoculer son venin de contagion : le ressentiment. Sentiment de vengeance, donc plein de passés douloureux, ils en font leur crédo. Faisant l’économie de la faculté de l’oubli, ils baignent dans des considérations infructueuses : réaction, distribution des responsabilités, etc. Posant ce diagnostic sombre et se trouvant à son antipode, l’Africanologie œuvre en élaguant les Africains. Elle n’écarte pas le fait qu’il nous faut honorer le passé, mais elle met un point d’honneur au fait que nous avons l’obligation de bâtir notre futur. Son espoir, c’est celui de voir les Africains subir une ultime métamorphose : la métamorphose de ʺl’enfant nietzschéenʺ. S’il y a une chose qui rend cet enfant digne d’intérêt et souhaitable, c’est bien sa faculté d’oubli, qui lui permet à la fois d’être accessible à des faits nouveaux et d’être capable de création. Avec cette transition ou métamorphose spirituelle et non biologique, l’Afrique s’engagera dans le jeu toujours renouvelé de l’action, de la création et de l’innovation.

  • Communication orale
    Circulation transatlantique des musiques urbaines d’Afrique au XXe et XXIe siècle : une « glocalisation » musicale
    Ghislaine Arielle Nzouwé Nganso (Université de Limoges (FRANCE))

    Occidentalisation de l’Afrique ou africanisation de l’Occident : ramenée sur le territoire de l’Afrique musicale, cette formulation fait remonter à la surface le jeu de va-et-vient entre la période coloniale et celle post-coloniale, qui met en scène un dialogue musical triangulaire entre l’Afrique, l’Europe et l’Amérique. Par le biais du voyage, de l’immigration et du développement technique des supports, les sonorités des pays d’Afrique s’ancrent désormais dans l’univers culturel occidental et vice-versa. Cette recherche entend contribuer à l’étude des temps forts de la « glocalisation » des musiques africaines et leur réception en Occident au XXe et au XXIe siècles. À partir des années 1960 particulièrement, l’exportation de ces produits culturels ˗jugés dilués par les conservateurs des traditions africaines˗ a été renforcée par ce que l’anthropologue Jean-Loup Amselle appelle les « opérateurs d’universalisation » que sont les centres culturels, les mécènes, et les médias. Par une lecture africanologique du diptyque production/diffusion musicale, cette communication entend aussi mener une réflexion sur les défis de la constitution et de la préservation du patrimoine immatériel africain et sur les enjeux qui en découlent, autant pour l’Occident que pour l’Afrique.

  • Communication orale
    Devenir post-colonial des messianismes indigènes en Côte d’Ivoire : le cas du "déhima", de 1974 à aujourd’hui
    Alexis Dea (Université Jean LOROUGNON GUEDE DALOA)

    Le développement du messianisme en Côte d’Ivoire coloniale est incontestablement lié au fait colonial. De nombreux chercheurs passionnés d’histoire religieuse de la Côte d’Ivoire (René Bureau, Denise Paulme, David Shank…) y ont consacré d’importants travaux et sont convenus de son caractère révolutionnaire. Réponse à la domination culturelle imposée par l’Occident, les messianismes sont aussi des mouvements d’éveil de la conscience populaire. Leur objectif est de révéler à l’Afrique le secret de la puissance des Blancs, ainsi que de placer la religion chrétienne dans le contexte africain. Parmi ces religions semi-chrétiennes semi-traditionnelles, le déhima connaît une audience particulière auprès des populations.

    Mais si le sentiment anticolonialiste a favorisé l’essor du déhima en Côte d’Ivoire coloniale, la réalité de celui-ci après les indépendances mérite d’être interrogée. Que devient le déhima après l’indépendance de la Côte d’Ivoire ? Comment se réorganise-t-il aux plans théologique et structurel pour faire face aux réalités nouvelles ?

    Cette contribution a pour ambition de répondre à ces questions dans une perspective historique. Elle est, par ailleurs, un prétexte pour revisiter le devenir des messianismes indigènes depuis l’indépendance de la Côte d’Ivoire. Aussi tire-t-elle sa substance d’enquêtes orales, menées auprès des dignitaires déhima, complétées par des lectures bibliographiques sur l’histoire religieuse de la Côte d’Ivoire.

  • Communication orale
    Repenser le développement par les savoirs endogènes en Afrique
    Guelahibi Joëlle Euphrasie Tiéhé (Université Alassane OUATTARA)

    Les savoirs endogènes sont méconnus et rarement employés en Afrique. Pourtant, leur utilité s’avère indispensable. La notion de savoirs traditionnels, ou encore de savoirs indigènes, revêtant une connotation péjorative et renvoyant à des savoirs archaïques et dépassés, est employée en lieu et place de savoirs endogènes. Prospérant dans le sillage occidental, le développement en Afrique s’est voulu exogène et sans recours aux valeurs locales. En faisant table rase des données historiques et culturelles africaines, le développement a été mal amorcé ; il est devenu un produit d’importation duquel on tirerait satisfaction économique, politique et intellectuelle. Ce paradigme de développement ʺcopié-colléʺ, ou encore de développement par transfert de technologie, apparemment facile, n'est cependant pas sans conséquences. Le but principal de cette contribution sera, donc, de montrer l’indissociable rapport existant entre le développement et les savoirs endogènes, tels le recto et le verso d’une même feuille. Il s’agira donc d'inciter les Africains à la reconsidération de leurs valeurs épistémologiques dans la quête d’un développement durable. L’un étant en amont ce que l’autre est en aval, le développement doit avoir pour fertilisant les savoirs endogènes. C’est uniquement à ce prix que nous réussirons le pari d’une renaissance africaine, autrement dit : « an saara ».

Communications orales

Cultures et éducation

Salle : En ligne — Bâtiment : En ligne
Présidence : Abou Sangare (Université Alassane OUATTARA)
  • Communication orale
    Le rôle des "bèèh" ou neveux dans le maintien de la cohésion sociale dan
    Achille César Vah (Université Jean Lorougnon Guéde de Daloa)

    La société traditionnelle dan de Côte d’Ivoire accorde une importance particulière aux neveux et nièces ; appelés bèèh en langue locale. Elle fait d’eux des acteurs remarquables dans le maintien de la cohésion sociale en leur octroyant des droits et des devoirs dans leurs villages maternels. Ainsi, par des agissements à la fois plaisants mais souvent débordants, s’érigent-ils en principaux animateurs de ces villages, ce qui contribue à la promotion de la cohésion sociale chez ces peuples vivant dans l’extrême ouest de ce pays ouest africain.

    Aucun développement n’est envisageable en l'absence de paix. Aussi, à ce débat portant sur la reconstruction et la renaissance de la société africaine à travers l’éveil des consciences qu’est l’Africanologie, proposons-nous cet autre fondement endogène de paix, spécifique aux peuples dan de Côte d’Ivoire. Cette communication, dont les résultats sont issus de recherches documentaires, ainsi que d'entretiens individuels et collectifs, invitera à découvrir les raisons fondamentales d’un intérêt particulier pour les bèèh dans cette autre société africaine. Elle permettra de montrer comment ce particulier amour contribue à la cohésion sociale chez les peuples dan et en Côte d’Ivoire. Dans ce débat, notre sujet participe du thème "Études africaine et développement endogène".

  • Communication orale
    "Viol" des écosystèmes, déchéances climatiques et nihilisme crimmigratoire
    Dagnogo Baba (Université Alassane Ouattara de Bouaké (Côte d'Ivoire))

    En soumettant la terre à une surexploitation des ressources afin de satisfaire, non pas les besoins vitaux de l’humanité, mais ceux relatifs à la dopamine sécrétée par le striatum cérébral, l’Homme abuse de la généreuse hospitalité de la terre. Cet abus, véritable "viol" de la nature, en exigeant plus de ressources que ne le permet la capacité porteuse des écosystèmes, provoque l’effondrement de la terre dont les manifestations sont les catastrophes naturelles, avec des coûts que nous sommes appelés à payer.

    Ainsi, dans le cadre de cette réflexion, le coût qui retient notre attention est l’immigration, non seulement des Africains chassés de chez eux par les hostilités climatiques, et qui iront frapper aux portes de l’Europe ; mais aussi celui de l’exode des populations rurales, chassées de chez elles par les déchéances climatiques vers d’autres régions engorgées de ressources nutritionnelles. En plus de ces mouvements migratoires, nous allons faire face à un nouveau type d’exode : l’exode urbain, le déplacement des populations des zones urbaines côtières exposées à de gigantesques inondations vers l’intérieur du pays. Ce sont ces différents mouvements migratoires, sources matricielles des prochains conflits, qui remettront à plus tard la stabilité et le développement durable de l’Afrique que nous investirons ?

  • Communication orale
    Scolarisation des jeunes filles dans le nord de la Côte d’Ivoire : bilan et perspectives à l’orée 2021
    Fatoumata Bamba (Université Jean Lorougnon Guédé Daloa (rci))

    Le développement de l’Afrique ne peut être envisagé qu’avec une implication des femmes. Pourtant, dans les régions nord de la Côte d’Ivoire, les filles ont longtemps été exclues du système éducatif pour de multiples raisons, au mépris des textes législatifs accordant un droit à l’éducation pour tous. Notre contribution à ce débat, sur la volonté de reconstruction et de renaissance d’une société africaine, met en exergue les facteurs de déscolarisation des filles, les progrès réalisés et les perspectives. Les résultats de cette communication sont issus d’enquêtes du Ministère de l’Éducation Nationale et de la Formation Continue, des statistiques de l’Institut National des Statistiques de la Côte d’ Ivoire, des institutions internationales et des entretiens réalisés auprès des parents de filles non scolarisées. Cette marginalisation des filles tire ses fondements du poids de la tradition, de la pauvreté et d'une interprétation erronée des lois islamiques. Toutefois, à l’examen des statistiques, la scolarisation des filles connaît une amélioration s’expliquant par la sensibilisation, la déconstruction des clichés défavorables, la politique de l’école obligatoire initiées par le gouvernement ivoirien et la construction d’infrastructures scolaires. Dans ce débat portant sur l’Africanologie, notre travail s’inscrit dans le thème : Bilan de l’éducation en Afrique.

  • Communication orale
    Détente inter-ethnique et fraternisation sociale : humour et plaisanterie par les alliances ‘tu-kpe’ et ‘sinangouya’ en Côte d’Ivoire
    Irafiala Toure (UNIVERSITE ALASSANE OUATTARA, DEPARTEMENT D'ANTHROPOLOGIE ET DE SOCIOLOGIE)

    En Côte d’Ivoire, le débat sur le nombre des ethnies est conclu par une impasse statistique, montrant ainsi les limites de la connaissance culturelle. De cette intrigue statistique, des linguistes et des anthropologues, dans la conjugaison d’une logique du même et de la différence des réalités culturelles, fondent des « conglomérations ethniques » : akan, gour, krou et mandé, chacune pouvant générer d’autres sous-spécificités culturelles. Ainsi, les réseaux sociaux tu-kpe, à dominance Akan, et sinangouya, à dominance gour mettent en inter-relation les autres aires krou et mandé par la culture de l’humour et des alliances à plaisanterie. En cas de de rixe relationnelle pouvant envenimer la cohésion et les fraternités sociales, l’humour et le rituel de plaisanterie résorbent le conflit dans ses aspects d’affrontements sanglants, meurtriers et dommageables. Aussi, par des rites d’évacuation, l’ennemi est-il dépouillé de son statut pour servir la cause d’un allié symbolique. L’adversité est vidée par le rite de l’humour et de la plaisanterie pour la célébration de la relation de rapprochement de la fraternité, de la réconciliation et de la paix à rechercher. L’observance de ces pratiques s’est élargie aux événements heureux ou malheureux par l’équation de soutien, de la solidarité, la convivialité et la fraternisation sociale.

  • Communication orale
    Tradition, culture et altérité : tel type d'humanisme pour le développement en Afrique ?
    Kayinguibeyah Dramane Yeo (Université Félix Houphouët Boigny)

    La tradition et la culture ont toujours été au fondement de toutes les sociétés considérées comme des sociétés initiatiques. L’Afrique semble être ce continent dont le fondement traditionnel est l’éternel hier, c'est-à-dire l’ancêtre en quête d’une altérité pour son développement. Cette altérité, jugée nécessaire, doit être le fruit d’une volonté manifeste de s’ouvrir à l’autre afin de participer au monde. À y voir de près, le constat montre que l’Afrique semble rester en marge de ce commerce du donner et du recevoir, mettant en péril son développement. Cela est peut-être dû au choc des cultures et des civilisations. Pour surmonter ce choc, il faut pour l’Afrique des humanistes. Nous nous sommes alors posé la question suivante : quel type d’humaniste peut participer au développement de l’Afrique ? Notre objectif est de montrer que le développement de l’Afrique à travers sa culture et sa tradition doit être l’œuvre d’un Humaniste-universaliste ou d’un néo-Africanologue, pour tout dire.

  • Communication orale
    Les fondements rationnels du "n’gôhiman" baoulé de Côte d'Ivoire
    Kouadio Christian Yao (Université Alassane Ouattara (Bouaké, Côte d'Ivoire))

    Le n’gôhiman est une science divinatoire qui a façonné l’existence du peuple baoulé de Côte d’Ivoire autour d’un enchaînement d’événements affectifs associés à la divination par communication via l’interprétation des signes. Il concentre l’attention de ce peuple sur la connaissance des causes presqu’obsessionnelles qui présagent les événements (positifs ou négatifs) afin de se préparer à les accepter ou à les déjouer. Cela suppose, dans la pratique, la consultation des divinités, qui sont pour le peuple baoulé, les esprits bienveillants incarnés dans les composantes de l’univers : les cours d’eau, les forêts, les sépultures, etc. L’utilisation de la peau et du sabot de la mythique biche royale, les gestes et les paroles inarticulés pendant le battage du n’gôhiman en font également partie. Ces dispositions, supposées mystères, qui accompagnent la pratique du n’gôhiman ne sont que de simples adjuvants de la divination. Ce sont d’ailleurs ces mystères que cet article se propose de déconstruire, à partir d’une approche analytico-démonstrative, pour vulgariser le n’gôhiman au profit de la cohésion sociale. En réalité, le n’gôhiman ne se fonde que sur trois principes rationnels que sont la connaissance de la nature, le battage du n’gôhiman et l’intelligence interprétative des symboles, compétences transmissibles par apprentissage.

  • Communication orale
    Situation de retour des étudiants et stagiaires burkinabés bénéficiaires de bourses belges (1993-2019)
    Salif Kiendrebeogo (Université Norbert ZONGO Koudougou Burkina Faso)

    Dans le cadre de la coopération au développement avec les pays du Sud, le royaume de Belgique octroie des bourses aux ressortissants de certains pays en développement. Nombre de burkinabés ont bénéficié de ces bourses. De retour au pays, les diplômés se posent l’épineuse question de la valorisation des compétences acquises et de leur contribution au développement.

    L’objet de cette contribution est de faire une analyse historique de la situation de retour des étudiants et stagiaires burkinabés bénéficiaires des bourses belges de 1993 à 2019, en vue de mesurer leur apport dans le développement du pays.

    Débutée dans les années 1960, avec des aides sporadiques, les relations belgo-burkinabées se sont institutionnalisées à partir de 1993, avant de connaître un arrêt de la coopération bilatérale directe en 2008, ainsi qu'une reprise en 2015. La coopération belge a toujours octroyé des bourses dans le cadre des projets de développement et de la coopération universitaire. De retour au Burkina Faso, les bénéficiaires de ces bourses connaissent des fortunes diverses.

    L’étude s’est inscrite dans une approche de micro-histoire ayant consisté à confronter les informations émanant d'entretiens thématiques et de récits de vie à celles fournies par d’autres sources, notamment les archives, la littérature, l’audiovisuel, la presse, l’Internet.

  • Communication orale
    Les migrations allochtones en pays ouatchi (sud-est du Togo) et la question de l'identité aux XVIIIe et XIXe siècles
    Azontowou Senou (Université de Lomé)

    Le pays ouatchi, dans le sud-est du Togo, est un territoire qui abrite, en dehors des Ouatchi, d’autres populations allochtones venues de l’Ouest comme de l’Est. Parmi celles venues de l’Ouest, on peut citer : les Guin, les Mina, les Adan. Les Fon, les Adja, les Ifé, les Sahwe, les Xwla-Xweda, etc. sont les groupes venus de l’Est. Ces populations, venues d’horizons divers et mises en place entre les XVIIIe et XIXe siècles, avaient mené une vie commune, en partageant les mêmes joies et peines ; d’où l’émergence d’une identité. La question qu’on se pose ici est de savoir quelle est l’origine de ces différents groupes et par quel processus ils sont parvenus à une identité, malgré les moments de gloire et de tristesse que les uns et les autres ont connu. Parmi ces groupes allochtones, certains avaient pratiqué la traite négrière. Quel a été l’impact de cette traite sur les populations autochtones ? Ces populations, vivant ensemble durant plus de trois siècles, soit une longue durée, se sont pardonné certaines erreurs de leurs ancêtres. Malgré certaines divergences, elles ont forgé une identité. En quoi l’esprit identitaire de ces populations est-il lié ? Telles sont les grandes lignes de notre communication. Pour y parvenir, les sources orales et écrites sont mises à contribution.

  • Communication orale
    Contribution des études afro-ibéro-américaines décoloniales à l'Africanologie : vers une alternative au racialisme
    Montserrat Fitó (EHESS, Paris - CIRCACIA, Cayenne)

    Pour certains auteurs (Bastide 1967 ; Verger 1982, etc.), la civilisation afro-ibéro-américaine serait la transposition aux Amériques de cultures traditionnelles africaines. Néanmoins, il apparaît que les religions sous-tendant cette civilisation (candomblé au Brésil, regla de ocha —ou santería—à Cuba et au Venezuela) furent re-signifiées à partir d'éléments originaires de plusieurs contextes africains. Aussi le système de pensée afro-ibéro-américain, créé en résistance à la déshumanisation esclavagiste, est-il un marronnage idéologique. Cette pensée, qui correspond à une pratique sociale aussi codifiée (d'où le nom de regla à Cuba) qu'individualisée, est vécue par ses acteurs comme un corpus de savoirs endogènes sur l'être humain. Le questionnement épistémologique ici proposé implique une analyse attentive de la conception de la personne humaine dans le système de pensée afro-ibéro-américain, en nous invitant à libérer notre regard de préjugés hérités de l'anthropologie coloniale. On verra ainsi que les enjeux de la persistance de ces pratiques sont éminemment politiques et remettent en cause tant le racialisme -et son corollaire le racisme- que, dans une perspective intersectionnelle, le sexisme. Je montrerai donc, dans le prolongement de travaux précédents, que l'approche décoloniale du système de pensée afro-ibéro-américain ayant pour centre le concept d'oricha est un modèle de décolonialité du savoir et de l'être, empêché par la domination de la pensée (mono)théiste.


Communications orales

Africanologie et développement

Salle : En ligne — Bâtiment : En ligne
Présidence : Fatoumata Bamba (Université Jean Lorougnon Guédé Daloa (rci))
  • Communication orale
    L’Africanologie et les enjeux monétaires en Afrique
    N'gadia Bamba (UNIVERSITÉ FÉLIX HOUPHOUËT BOBIGNY DE COCODY (ABIDJAN))

    La libre circulation des biens et des services est le meilleur reflet de l’intégration économique. La contribution potentielle de la monnaie à la réalisation de la croissance économique suscite une large réflexion. Dans cette perspective, l’Africanologie, connue comme "une discipline réflexive", serait la voix utile pour répondre aux préoccupations monétaires en Afrique. La monnaie a un double enjeu : en termes politiques, elle est gage d’indépendance et de souveraineté ; au niveau économique, elle est un facteur d’échange et de développement. Se doter d’une monnaie africaine serait la condition sine qua non de garantir la liberté politique et économique du continent, une monnaie dont l’émission est faite par les Africains, fabriquée par une banque centrale africaine, afin de profiter des avantages et de stimuler le développement de l'Afrique par la valorisation de ses ressources économiques. Comment arriver à une monnaie unique pour une Afrique plus forte et captivante ? Notre objectif sera de montrer l’apport de l’Africanologie dans cet enjeu monétaire, car il faut surtout un changement de mentalité.

  • Communication orale
    La parémiologie (étude des proverbes), une discipline au service de l’Africanologie et de l'Afrique
    Yao Kouadio (Université Alassane OUATTARA (UAO))

    À la fois genre littéraire et art verbal, les proverbes découlent de la sagesse populaire et de l’expérience, et sont un creuset des valeurs socioculturelles des sociétés qui les ont créés.

    En Afrique, en dépit de l’expansion de l’écriture par l’école moderne, de nombreux peuples continuent d’accorder de l’importance à l’oralité, l’une des caractéristiques de l’Afrique traditionnelle. Dès lors, naguère intimement liés à la vie de ces peuples, les proverbes ont encore une valeur presqu’existentielle dans certains milieux.

    De toute évidence, par la parémiologie, c'est-à-dire l’étude des proverbes, il est possible d’accéder à l’organisation sociale, à la culture et à d’autres valeurs sociétales des peuples, car ceux-ci les ont codifiés et validés après expérimentation.

    La parémiologie est l’étude des parémies (proverbes), certes, mais au-delà de cette étude, elle se présente surtout comme une science sociale (ou humaine), voire, à certains moments, comme une science expérimentale (puisque les proverbes ont une base expérimentale).

    Dans cette perspective, on peut dire que la Parémiologie et l’Africanologie visent le même but, celui d’aider l’Afrique moderne à émerger. En outre, dans une certaine mesure, on pourrait soutenir que la parémiologie s’intègre à l’Africanologie.

  • Communication orale
    La contribution de l’analyse discursive aux études africanologiques : cas des discours africains de Présidents français
    Nanourougo Coulibaly (Université Félix H. Boigny, Abidjan Côte d'Ivoire)

    Le champ des études africaines est animé par une diversité de disciplines qui concourent toutes à la compréhension du continent africain et relèvent de l’Africanologie (Diakité, 2018). Ce paradigme est considéré comme l’étude clinique, scientifique et philosophique de l’Afrique à partir de sa genèse et de son fonctionnement, en tenant compte de son histoire, de ses cultures, de ses civilisations, de ses découvertes, de ses inventions et de ses pratiques. L’Africanologie est le gain de la symbiose des savoirs occidentaux et savoirs endogènes africains. » (Diakité, 2018). À ce titre, on peut affirmer que toute discipline prenant les questions africaines comme objet de recherche relèvent de l’Africanologie. La réflexion ici proposée s’intéresse à une dimension de l’Africanologie dont la contribution à ce champ innovateur pourrait s’avérer utile. Il s’agit du domaine des pratiques discursives dans une perspective rhétorico-argumentative (Perelman, 1958 et Amossy, 2010). L’idée est que l’Afrique et les questions africaines sont au centre d’une production discursive dont l’analyse peut aider à l’appréhension des défis du continent africain. De ce constat découle le questionnement suivant : qu’est ce qui fonde cette Africanologie discursive ? Est-il possible d’établir une cartographie même non exhaustive de questions traitées ou traitables et surtout des cadres dédiés à l’approche des questions africaines par le discours ?

  • Communication orale
    Nouvelle école, nouvelle Afrique
    Yao Clément Kouakou (IRDA)

    L’éducation coloniale que nous avons reçue visait à créer des esprits colonisés, sous-développés et apeurés. Elle a fait des colonisés des consommateurs de produits malsains, afin d’enrichir le maître prédateur capitaliste et manipulateur. Pour toutes ces raisons, l’Afrique ne parvient pas à se construire un système éducatif adéquat, qui la sortirait de son sous-développement. Car ses programmes sont restés « désuets et foncièrement hostiles à son développement », ce qui a pour conséquence de faire de l’Afrique la proie du post-indépendantisme. Un bilan mitigé qui laisse une grande partie de ce continent comme un nouveau-né dans son berceau. L’Afrique est toujours restée enfant à qui il faut tout dicter. De ce fait, l’éducation étant l’un des piliers les plus importants sans lequel aucun développement n’est possible, elle doit constituer le ciment de ce développement. Du coup, le besoin de repenser l’école s’impose en commençant par la connaissance de sa propre culture, ce qui lui donnera une orientation claire de son développement. Forts de ce constat, on voit que l’Africanologie serait un apport indéniable pour repenser de façon efficiente l’éducation en Afrique pour une nouvelle Afrique.

  • Communication orale
    Rites de puberté, grossesses scolaires et reproduction sociale : une étude de cas de la Côte d’Ivoire
    Sarah Edwige Nobel Toure (UNIVERSITE ALASSANE OUATTARA (côte d'Ivoire)), Irafiala Toure (Université Alassane Ouattara (UAO))

    Les approches scientifiques sur la survenue des grossesses à l’école et les actions de sensibilisation et de luttes qui en découlent demeurent fragmentaires, institutionnelles et contradictoires. La réflexion engagée relève leurs insuffisances et leurs limites par une lecture anthropologique structurée en techniques d’observations, d’analyses qualitatives et quantitatives. Par la compréhension et le symbolisme, l’approche révèle des rapports logiques et cohérents entre les rites pubertaires famien blâ chez les Baoulé Ifou et yikèè en pays toura, qui formatent le statut de reproducteur de la société et l’école conventionnelle qui professe à son tour et obligatoirement l’économie des savoirs à destination de l’enfance et de la fille. Aussi, l’école conventionnelle en tant que facteur de développement doit-elle être en synergie, conciliant le symbolisme des rites pubertaires et la promotion des savoirs productifs destinés à l’enfance, aux filles et virtuellement aux femmes.

  • Communication orale
    Qu'est-ce que l'Africanologie ?
    Samba Diakité (Université Alassane Ouattara de Bouaké)

    L’Africanologie, née dans les sillages de la Négritude, du Panafricanisme, du Socialisme africain, de l’existentialisme sartrien, du Consciencisme de N'krumah et du Nihilisme nietzschéen, est un courant de pensée qui vient amorcer le développement africain dans son ensemble. Cette doctrine nouvelle, continue, réussit son chemin de transformation de l’Afrique grâce aux concepts qu’elle a engendrés. De prime abord, elle prend son envol avec la philosophie de la contestation, qui est une philosophie du changement pour les peuples africains. L’heure n’est plus aux querelles portant sur l’existence ou non d’une philosophie qui appartienne à l’Afrique, encore moins d’une lutte acharnée pour une quelconque identité perdue qu’il faudrait re-trouver à tout prix pour la restaurer ensuite. L’heure n’est pas non plus aux rejets systématiques de l’autre et de ce qui vient des autres. La recherche de l’authenticité n’est plus la solution aux problèmes de l’Afrique, autrement dit : l’Afrique n’a plus besoin d’Africanisme et d’Africamisme (Diakité, 2016). Tout État africain, soucieux de son développement, se doit de penser africanologiquement. Il urge, nécessairement, d’effectuer le passage de l’intellectuel-africamiste à l’intellectuel-fontaine qui consiste à faire table rase de nos vieilles habitudes décadentes et nous orienter, par la suite, vers un nouveau mode de penser ; ce qui ouvre le chemin à l’avènement du Surafricain.