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Informations générales

Événement : 87e Congrès de l'Acfas

Type : Colloque

Section : Section 600 - Colloques multisectoriels

Description :

On ne pense pas à l’Afrique sans imaginer ses rites, symboles, danses, marquages corporels, sacrifices, récits, rythmes, musiques et chants. Cette altérité exotique est le lieu de production d’un imaginaire présent déjà chez les premiers voyageurs au XVIe siècle.

L’Afrique apparaît sur les cartes mondiales sous la domination européenne, depuis le XVe siècle. Dans ce contexte, les esclaves noirs expatriés en Amérique du Sud réinventent la terre de leurs ancêtres et, avec elle, les croyances et les rites.

Au XIXe siècle, les missionnaires européens, convaincus de la « pureté » surnaturelle des traditions chrétiennes, y ont vu les rites d’une religion « naturelle », considérée tantôt comme « primitive » ou « naïve », tantôt comme « pervertie » et « maléfique ». De leur côté, les anthropologues ont vu dans l’exubérance rituelle africaine une occasion d’entrer en contact avec les origines perdues du symbolisme et d’étudier des sociétés prémodernes. À l’opposé des missionnaires, les anthropologues voulaient retrouver une société plus innocente et éloignée de tout ajout culturel. Si ces deux entreprises semblent par moment s’éloigner dans leurs objectifs, elles ont en commun de renvoyer vers la problématique de l’Afrique rituelle.

Au XXe siècle, dans la ligne des mouvements de décolonisation, protestants et catholiques entament l’« africanisation » de leurs liturgies. Sur le plan politique, le nativisme culturel ou la proclamation de l’authenticité des us, coutumes et rituels locaux d’un pays a souvent servi de terrain pour légitimer l’autorité et le pouvoir locaux.

De nos jours, l’attrait des primitivismes pousse bon nombre de touristes mystiques vers l’Afrique en quête d’expériences rituelles. De même, les diasporas africaines se font porteuses de processus de mondialisation des rites religieux, relayés notamment par le pentecôtisme, montrant que la déterritorialisation (Deleuze) des ensembles culturels s’opère à travers les individus et non les civilisations (Bastide).

Dates :
Responsables :

Programme

Communications orales

Session 1 : Entrée en matière

Salle : F2036 — Bâtiment : UQO A.-Taché
  • Communication orale
    Le culte de « Nyabingi » dans la région des Grands Lacs africains : entre subversions politiques, métamorphoses d’un culte féminin et ouverture au christianisme
    Thomas Tembo (Université catholique de Louvain-la-Neuve)

    La région des Grands Lacs africains (Ouganda, RD Congo, Rwanda, Burundi, Tanzanie) voit fleurir plusieurs royaumes en perpétuelle rivalité. Au XIV siècle, l’un d’eux impose son influence et fédère les autres sous le nom du Royaume Kitara. Il en naît une civilisation faite d’influences et de contacts réciproques. Dans cette région se pratique alors un culte à l’esprit féminin dit Nyabingi, « Mère de l’abondance ». Ce nyabingisme devint un instrument idéologique par l’accaparement de sa fonction sacerdotale par les rois régnants pour légitimer leur pouvoir. Par ce culte riche en rites, mon objectif est de montrer, tout d’abord, que les sociétés africaines n’étaient pas si monolithiques au regard des tensions interethniques engendrées par ce fait religieux. Ensuite, je soulignerai les subversions du pouvoir politique par l’historicisation d’un culte ahistorique. Des mutations, avatars et « fabrications des rites », dont la masculinisation du culte féminin et même le syncrétisme ‘féminin-masculin’, posent d’emblée les questions de l’origine et de l’écartèlement entre le repli identitaire et l’ouverture à l’autre. À l’aube de la christianisation, le nyabingisme ne servit-il pas de tremplin à la toute nouveauté du christianisme ?

  • Communication orale
    La vision du rite africain de la part du droit colonial et de l’administration coloniale
    Amar Laidani (Université Laval)

    Les juristes coloniaux français avaient une image négative des rites et des coutumes d'Afrique, qui étaient considérés comme la manifestation d’une pensée primitive. Cela dit, l’administration en Afrique-Occidentale (AOF) et Équatoriale française (AEF) avait saisi l’importance du rite dans la vie politique et juridique des populations autochtones et fait ainsi plusieurs concessions aux rites africains. L’article 21 du décret du 3 décembre 1931 qui réforma la justice indigène en AOF et en AEF prévoyait que les témoignages pouvaient être obtenus selon les modalités rituelles locales. Certains administrateurs avaient même participé aux rites locaux afin de gagner la confiance de la population. Ce fut le cas d’Estroffe, qui en 1889 a dû participer au Gabon au rite de l’échange du sang. Le rite était respecté par l’administrateur colonial tant qu’il n’était pas contraire à l’ordre public comme les empoisonnements rituels et les rites d’anthropophagie, qui étaient punis par la peine de mort par le décret du 26 avril 1923. Auparavant, l’article 75 du décret du 10 novembre 1903 prévoyait que « La justice indigène appliquera en toute matière les coutumes locales, en tout ce qu'elles n'ont pas de contraire aux principes de la civilisation française. Dans le cas où des châtiments corporels seraient prévus, il leur sera substitué l'emprisonnement ».

  • Communication orale
    Le rituel et l’expression des émotions : une relecture des écrits de V. Turner à travers les rites de pleurs traditionnels des Xikrin Mẽbengokre
    Jean-Bruno Chartrand (UdeM - Université de Montréal)

    Dans The Ritual Process (1969), Victor Turner traite de ses pratiques de terrain au sein des Ndembu, groupe dont il étudiera, notamment, les rites de passage. À travers l’étude de ces performances, il développe le concept de liminalité, espace-temps créé par le rite qui permet d’agir sur des situations de stress social. Le rite a un début, une fin, mais surtout une période pendant laquelle les rôles et les statuts sont suspendus au profit d’un agir collectif qui influencera les acteurs.

    À ce titre, on peut se demander ce qui provoque l’entrée en période rituelle? Partir d'une perspective fonctionnaliste de l’analyse des rituels se bute à l’interprétation structuraliste des motivations internes au rite en question. En ce sens, la question qui se pose est de savoir si le type de pratique de terrain propre à Turner est une bonne façon de comprendre, outre les dynamiques sociales, les effets des rites sur les individus y prenant part. Par une revue critique des écrits de Victor Turner en Afrique, je propose, dans cette communication, de questionner les perspectives fonctionnalistes et structuralistes du rite en lien avec les émotions. Pour ce faire, j’emprunterai aussi à mon propre terrain de recherche auprès des Xikrin Mẽbengokre du Brésil afin de faire les parallèles qui s’imposent.

  • Communication orale
    Le cercle rituel du lewoz et sa dimension musicale
    Ruth Labeth (École de Théologie Évangélique du Québec (ETEQ))

    Parmi les rites symboliques que l’on dénombre en Guadeloupe, le Gwo-ka, musique tambourinaire associée au chant et à la danse, se pratique traditionnellement au cours d’une cérémonie rituelle nocturne à caractère festif et dont la fonction première est l’entraide communautaire. Régi par un rituel de performance, le Gwo-ka s’interprète selon des usages et des codes hérités de l’esclavage. Pour le Guadeloupéen, le Gwo-ka est bien plus qu’une musique de rythmes : il matérialise la mémoire des souffrances d’antan, l’esprit de l’esclave africain transbordé, une « langue pour remplacer toutes les langues perdues ». S’il est possible de retrouver des traces de cet idiome musical sur le continent africain, le Gwo-Ka aujourd’hui est le résultat d’une acculturation (créolisation) émanant de rencontres, d’interférences et qui va progressivement s’adapter à sa nouvelle condition culturelle et sociale, autrement dit, à partir du lieu de ces contacts de civilisations européenne et africaine. Par ailleurs, certains acteurs du Gwo-ka valorisent une démarche mystico-religieuse, voire sacrée, cherchant à faire émerger des pratiques et rituels issus de l’Afrique ancestrale une spiritualité perdue. Nous nous interrogerons sur l’intérêt de cette approche : Afrique réelle, rêvée ou fantasmée ?

  • Communication orale
    De la disparition du rituel du chant collectif berbère en Algérie
    Lyla Riche-Mokrani (Université M'hamed BOUGARA, Boumerdès, Algérie)

    Le but de notre communication est de mettre en évidence le phénomène de disparition du rituel du chant collectif berbère en Algérie. Nous inscrivons de ce fait notre contribution dans une approche pluridisciplinaire : littéraire d’abord, culturelle et sociolinguistique. Dans la tradition berbère en Algérie, le rituel du chant collectif apparaît comme une norme qui guide la communauté dans ses comportements lors des moments partagés (travail collectif, préparation de cérémonies, circoncision d’enfants…). Mais nous partons du constat que ce rituel se fragilise dans une société qui se veut évoluée. Pour ce faire, nous visons à répondre à l’interrogation suivante : quels sont les facteurs de la disparition du rituel du chant collectif berbère? Nous supposons que le rituel du chant collectif berbère est en voie de disparition en raison de la montée de la modernité. Pour vérifier notre hypothèse, nous adopterons une approche qualitative qui se définit comme une analyse de données descriptives telles que les paroles « dites ». Cette approche nous permettra de prendre appui sur des exemples précis tirés du rituel du chant collectif berbère qui évolue au fil du temps, ce qui nous permettra d'aborder notre corpus sur le plan littéraire, sociolinguistique et culturel.

  • Communication orale
    Rites et rapports de genre en Kabylie
    Houria Abdennebi-Oularbi (Tizi ouzou, Algérie.)

    Dans son ouvrage « Études d’ethnologie kabyle » paru en 1972, Pierre Bourdieu notait la permanence d’un fonds de représentations dans les rites des paysans kabyles (Algérie) célébrant la virilité et la domination du mâle. Les rapports de genre dans ces communautés villageoises de Kabylie sont axés sur le sens de l’honneur et de la honte avec une forte dose de violence symbolique. Cette vision androcentrique est diffuse à tous les champs de la réalité sociale. Elle imprime les rites agraires : les gestes du laboureur qui prend possession de l’araire qabel, les catégories du calendrier azegzaw l’humide/aquran le sec, les échanges rituels dans Tawsa teintés de défi et de riposte. Ces rites sont là pour séparer ceux qui les ont subis de ceux qui ne les ont pas subis. Ils marquent une division de l’ordre social, séparer les hommes des femmes et légitimer la violence symbolique du mâle. La fonction du rite, dans ces communautés est d’instituer la croyance aussi bien des hommes que celle des femmes en la suprématie du mâle, d’où son efficacité et ses performances sur le réel en termes d’action et de représentation. Si dans ses enquêtes, Bourdieu décrivait une société algérienne en pleine mutation, les rites des paysans kabyles qu’il observe huit années après semblent suspendus, hors du temps. Que signifie ce retour à un hypothétique fonds méditerranéen, aux origines ? Quels enjeux sont à l’œuvre dans cette construction ?

Communications orales

Session 2 : Les rites de mort entre tradition et modernité

Salle : F2036 — Bâtiment : UQO A.-Taché
  • Communication orale
    Rites africains : de l’évanescence à l'inculturation, quelle approche de résilience ?
    Germain Oually (Université Norbert ZONGO/Burkina Faso)

    La nécessité de vivre avec le monde extérieur pose la problématique de l’évanescence et de l’inculturation des valeurs traditionnelles africaines. Si l’inculturation est un atout qui contribue à l’enrichissement et au développement, elle peut être tout comme l’évanescence un facteur d’appauvrissement des valeurs ancestrales comme les rites dans leur forme originelle. Un métissage rituel assez significatif est aujourd’hui une réalité dans beaucoup de sociétés africaines. Cette contrainte de changement dans les pratiques n’est pas sans inconvénients. L’objectif de cet article est de faire l’état des lieux sur les transformations qui affectent ces pratiques afin de promouvoir les initiatives de résilience. À partir d’une approche comparative des contextes socioculturels d’hier et de mutation d’aujourd’hui nous prenons pour cas d’étude les rites funéraires Moaga et de l’initiation Gulmance, des ethnies traditionnalistes du Burkina Faso.

  • Communication orale
    L’Afrique, le rite, la vie et la mort : l’anthropologie de Louis-Vincent Thomas
    Ângelo Cardita (Université Laval)

    Selon Louis-Vincent Thomas (1922-1994), la langue de la mort nous introduit directement dans la spécificité d’une société. Cette langue implique le rite. Nous pouvons donc considérer la recherche de Louis-Vincent Thomas comme une enquête sur la spécificité africaine basée sur les liens qui unissent le rite à la Parole, la mort à la Vie. Dans cette communication, on présentera les lignes de force de la pensée de Louis-Vincent Thomas sur l’Afrique, en explorant son discours sur le rite, sur le pouvoir, sur la vie et sur la mort. Bien au-delà d’une anthropologie commune de la mort, on montrera que la recherche de Louis-Vincent Thomas pose les assises pour une véritable anthropologie concrète du sens de la vie. Au cœur de cette entreprise, on trouvera aussi la critique de l’Occident moderne et l’élévation de l’Afrique noire dans la nostalgie des symboles qui permettent de transcender la mort en exaltant la vie.

  • Communication orale
    Rites funéraires en Afrique : étude de cas chez les Bogo-Ahlon du Sud-Ouest du Togo
    Kwami Etse (Université Senghor d'Alexandrie-Egypte)

    L’Homme est le seul être qui accompagne la mort d’un rituel. Cependant, ces rituels varient selon les sociétés, les époques et les régions. De ce fait, des interrogations subsistent toujours sur la situation des rites africains à l’heure actuelle. La présente communication, à travers l’étude des rites funéraires bogo, permettra de mieux comprendre pourquoi les peuples africains accordent tant d’importance aux rites funéraires et comment ils célèbrent le départ d’un des leurs du monde visible vers celui invisible.

    Notre approche méthodologique est axée autour de trois points : la documentation, la cueillette des données de terrain au cours de laquelle nous avons assisté aux pratiques rituelles et procédé aux enregistrements ; puis l’analyse et l’interprétation des données recueillies. Les résultats de cette étude montrent qu’en milieu bogo, la mort n’est pas seulement la séparation du corps physique de l’âme, mais aussi un chemin à travers lequel le défunt entre au village des ancêtres. C’est pourquoi des rituels sont organisés afin de faciliter son intégration au milieu des ancêtres où il acquiert des puissances lui permettant d’influencer la vie des vivants. D’où sa participation au maintien de l’équilibre psychosocial et communautaire.

  • Communication orale
    Les rites de séparation en pays gbaya
    Jeannette Sylvie Pilo Atta (Univers de Maroua)

    L'observation des sociétés traditionnelles africaines fait étalage d'une pratique plurielle des rites, selon les cycles de vie et des moments précis de la condition humaine. Selon la théorie cognitive africaine, c'est la conception collective qu'ont les individus de certains phénomènes qui influencent leur conduite. Les titres sont donc déterminés par la façon dont chaque peuple conçoit l'objet du rite. Les Gbaya, peuple d'Afrique centrale réparti entre le Cameroun et la RCA, n'ont pas échappé à cette règle. On peut y observer l'observance d'un certain nombre de rites, parmi lesquels les rites de séparation. Il s'agit précisément des rites funéraires que doivent observer des personnes afin de mieux « gérer » la séparation d'avec les défunts. Cette contribution vise à mettre en relief le sens profond et la signification des rites de séparation en pays gbaya du Cameroun. Mais avant tout, quelle est la singularité de ce type de rite et en quoi peut-il constituer un enjeu mémoriel pour ce peuple d'Afrique centrale?

  • Communication orale
    Les rites funéraires des peuples daba : entre tradition et modernité
    Hassana Pn (Université de Ngaoundere), Mbirvi Appolinaire Taplalaye (Université de Ngaoundéré, Cameroun)

    Les rites funéraires désignent l’ensemble des cérémonies civiles ou religieuses accomplies pour rendre les honneurs suprêmes à un mort. En Afrique en général et chez les peuples daba en particulier, le rite funéraire n’est pas seulement une cérémonie qui vise à faire disparaître le corps matériel du défunt, mais il permet de comprendre le fondement des croyances religieuses. À travers une étude spécifique des rites funéraires, ce travail se propose de révéler le sens de cette cérémonie pour comprendre la cosmogonie et l’anthropogonie des Daba, qui constituent un peuple d’Afrique centrale et occidentale, principalement établi dans la région septentrionale du Cameroun et du Nigeria. En combinant la théorie de l’écologie culturelle à la synthèse des données écrites et orales, cette étude permet de décrire la spécificité de cette culture par rapport aux autres rites d’Afrique. La mise en pratique de la théorie culturaliste et de l’approche pluridisciplinaire dans ce travail permet de comprendre l’influence de la modernité sur l’originalité des rites funéraires des Daba aujourd’hui. Cette démarche combinatoire vise davantage à expliquer l’altérité exotique et le devenir des rites funéraires des Daba en contexte postcolonial.


Communications orales

Session 3 : L’Afrique du dehors : les rites afrobrésiliens

Salle : F2036 — Bâtiment : UQO A.-Taché
  • Communication orale
    La problématique du symbolisme du sacré féminin dans les rites afro-brésiliens
    Alex Kiefer Da Silva (Université Laval)

    L’histoire du Brésil ne peut être comprise sans prendre en considération les processus de métissage qui ont profondément marqué la société et la culture. Quand on pense à l'hybridité culturelle reliée à la formation sociale du peuple brésilien, on ne peut ignorer l'influence de la culture africaine. Cette communication a pour but de démontrer les aspects de ce métissage culturel dans la pratique des rites du culte aux orishas féminins: les Yabás. Nous aborderons des concepts tels que « l'inculturation » et le « syncrétisme », en particulier en ce qui concerne l'identification de certaines déesses africaines (Oxum, Yemanjá, Nanã et Yansã) avec Marie, Mère de Jésus et les saintes catholiques. En même temps, nous nous proposons de montrer la force des rites pratiqués en l'honneur du féminin sacré dans les religions afro-brésiliennes, principalement l’Umbanda et le Candomblé. Notre communication prend appui sur les théories, entre autres, de Victor Turner, Joseph Campbell, Pierre Verger et Carl Jung. Ces théories permettront de comprendre les stratégies de survie des cultures ancestrales africaines présentes dans les rites aux déesses mères dans le contexte du catholicisme dominant à la suite de la colonisation.

  • Communication orale
    Le sacrifice d'animaux et la possession dans l’Umbanda Cruzada au Brésil
    Adriane Luísa Rodolpho (Universidade Federal de Pelotas)

    Le sacrifice d’animaux et la possession sont des pratiques rituelles des religions afro-brésiliennes. Ces deux éléments rituels sont aussi perçus comme des signes de leur origine africaine, des expressions d’une cosmologie lointaine recréée au Brésil. Dans cette communication, nous ferons une analyse des sacrifices accomplis dans le milieu de l’Umbanda Cruzada et qui ont été observés à Porto Alegre, au sud du Brésil. Il s’agit donc d’une étude de cas dans le domaine de l’anthropologie sociale et de l’ethnologie. Les religions afro-brésiliennes se sont formellement constituées à partir du XIXe siècle (comme le Candomblé, une forme de culte aux divinités appelées Orixas). Par la suite, deux autres modalités religieuses se sont formées au Brésil : l’Umbanda et l’Umbanda Cruzada, lesquelles sont des formes de culte aux catégories appelées « entités », désignant des personnes qui après leur mort ont été considérées comme des esprits qui possèdent les corps des fidèles pendant la transe. Nous percevons le sacrifice, ainsi que la possession, comme une matrice herméneutique, riche de signifiés et de symbolisme qui se rapportent non seulement à l’ensemble de ces pratiques rituelles mais aussi à l’ethos et à la vision du monde partagés par les membres du groupe. Dans ces termes, nous observons la construction d’une notion de « personne » à la fois multiple et singulière, puisque la logique de l’identité et de la différence est ici administrée d’une façon tout à fait spéciale.

  • Communication orale
    Dans la chevelure marine de la déesse Yemanjá: des rites yoruba à la ferveur afro-brésilienne populairement ritualisée
    Philippe Chanson (Laboratoire d'Anthropologie Prospective (LAAP) de l'Université de Louvain)

    La communication traitera d’un sujet peu abordé et pourtant épique au Brésil : celui des ritualités réservées à la déesse de la mer d’origine yoruba, Yemanjá (ou Iemanjá), sur les côtes brésiliennes bordant l’Atlantique. Cette divinité afro-brésilienne majeure, témoin de la rupture originelle d’avec la terre-mère africaine et nourrissant tant d’espérances, fut d’abord célébrée dans les cultes reconstitués du candomblé, du macumba et de l’umbanda avant de prendre l’ascendant sur les masses populaires lui réservant un rite dévotionnel annuel aussi simple qu’intense.

    Objet de mysticisme souvent désordonné teinté de vernis ésotériques, mais aussi devenue muse inspirante des peintres, des écrivains et des musiciens, Yemanjá reste l’exemple même d’un déplacement de rite africain qui, passant aux Amériques, a fini par se métamorphoser en une ritualisation scénique d’autant intéressante et imprévue que ce sont les débordements de sa popularité impensée qui auront généré de la réimaginer.

    La démarche anthropologique de cette communication s’attachera à exposer la teneur de ces ritualités populaires adressées – selon différentes expressions parallèles – à Yemanjá au Brésil, ceci dans la ligne de ce qu’affirme Jean-Loup Amselle au sujet de la déterritorialisation d’une Afrique pouvant se penser en dehors même du continent africain, et de ce que Roger Bastide avait écrit sur « ces morceaux d’Afrique » passés dans le Nouveau Monde.


Communications orales

Session 4 : Résistance et émancipation

Salle : F2036 — Bâtiment : UQO A.-Taché
  • Communication orale
    Rites et émancipation de l’Afrique noire: quelles perspectives pour une Afrique postcoloniale émancipée? Le cas de Le Christ selon l’Afrique de Calixthe Beyala
    Ange Patrick Arnaud Atta (Université de Ratisbonne)

    Calixthe Beyala, auteure franco-camerounaise, présente dans son roman Le Christ selon l’Afrique une société africaine postcoloniale dominée par ses traditions, ses rites religieux et sociétaux. L’Afrique, à travers l’exemple du Cameroun, se retrouve prise entre ses pratiques rituelles parfois inadaptées aux exigences actuelles et les défis du modernisme que lui impose le XXIe siècle. Elle peine ainsi à trouver son chemin et à se faire une place dans un monde qui se veut de plus en plus développé et homogène. Partant de là, il s’avère important de se poser les questions suivantes : Comment l’auteure présente-t-elle la société africaine des rites? Et dans quelle mesure les rites africains pourraient-ils contribuer à l’essor de l’Afrique noire dans le contexte de la mondialisation? Dans une étude s’appuyant sur la sociocritique, il sera, d’une part, question de montrer le poids et l’impact des rites en Afrique noire. D’autre part, il s’agira d’analyser l’angle sous lequel l’Afrique, par ses rites, pourrait s’émanciper et avoir un impact considérable sur la mondialisation.

  • Communication orale
    Les rites de purification à la rencontre du christianisme chez les peuples Ntomou du Sud Cameroun : entre résistance et abolition (1886-1994)
    Moïse Valère Ebendeng Ondo (Université de Dschang)

    L’introduction du christianisme en Afrique a entraîné des mutations dans la croyance et la vie sociale des peuples du continent. Pour imposer la civilisation occidentale et gagner les cœurs des néophytes, les occidentaux ont utilisé divers moyens dont l’un était l’extradition des rites et certaines pratiques culturelles par les Noirs. La Bible, l’école la médecine moderne sont les principaux éléments qui éloignent l’Africain de ses pratiques cultuelles traditionnelles pour qu'il adopte celles apportées par l’Occident. Ainsi va naître le choc des civilisations entre l’Occident et l’Afrique. Toutefois, même si certains rites dits maléfiques vont disparaître au fil du temps à cause de la pression de la nouvelle civilisation, d’autres dits de bienfaisance vont résister et continueront d’être pratiqués par le converti à la foi chrétienne. Dans notre communication, en nous fondant sur le peuple Ntoumou fortement christianisé, nous voulons montrer comment les rites dits de purification ont résisté à la civilisation occidentale et continuent d’être pratiqués en situation post-missionnaire. Pour répondre à la problématique, nous allons d’abord montrer comment le christianisme a combattu les rites parmi les Ntoumou du Sud Cameroun, ensuite montrer comment les rites de purification ont pu résister à cette modernité, et enfin montrer la situation de ces rites à l’heure actuelle à travers quelques exemples.

  • Communication orale
    Comment comprendre les manifestations de la transe dans le vodoun et dans les groupes de prière méthodistes du Bénin aujourd'hui ?
    Dossou David Dossou (Université Laval)

    En Afrique, la transe est vue comme la manifestation d’une divinité qui prend possession d’un individu. Notons qu’il n’y a presque jamais de transe sans rite. Ce phénomène s’est invité dans les pratiques spirituelles des fidèles de l’Église Protestante Méthodiste du Bénin ces dernières décennies. Considérée comme « un héritage d’un autre temps » selon B. Schasseur, sa pratique a entraîné de graves tensions au sein de cette Église. Pour les uns, la transe relève des pratiques bibliques et concourt au salut de l’homme. Les autres la voient plutôt comme une pratique diabolique, rétrograde qui mérite d’être combattue, opposant ainsi la transe chrétienne et la transe connue dans les religions africaines. Ce schéma dualiste recouvre généralement des jugements de valeur sur le rôle que jouent les rituels dans le processus qui conduit à la possession d’un individu par l’esprit. Marc-Eric Gruénais donne une différence entre la manifestation de la transe dans les religions africaines et dans les Églises chrétiennes. Agboton A.M. Gaston et Rouget Gilbert précisent les rituels qui conduisent à ce phénomène. Une étude comparative des rites qui suscitent « la transe culturelle » et « la transe chrétienne » nous permettra d’apporter un éclairage sur la question.

Communications orales

Session 5 : Rites chrétiens et rites traditionnels

Salle : F2036 — Bâtiment : UQO A.-Taché
  • Communication orale
    Dynamiques sociologiques et émergence du phénomène des « prieurs » en milieu pentecôtiste au Burkina Faso
    Charles Joseph Guibla (Université Laval)

    L’une des principales caractéristiques du mouvement pentecôtiste est sa capacité à se renouveler, réinventer et s’adapter à son contexte. C’est ainsi que d’un pentecôtisme, l’on est passé à plusieurs pentecôtismes. Pendant longtemps cependant, le pentecôtisme burkinabé est resté tributaire du pentecôtisme originel. La crise sociale et économique des années 90, l’émergence des élites urbaines et les nouvelles dynamiques religieuses contemporaines ont changé cette donne, ouvrant ainsi la voie à un nouveau phénomène, le phénomène des « prieurs ».

    Afin de saisir ses fondements essentiels, cette communication se donne pour objectif d’identifier et d’analyser les dynamiques sociologiques du phénomène des « prieurs ». Ce phénomène, il faut le rappeler, est basé sur un rite pentecôtiste : la prière. Il s’agit du « rite fondateur » de toutes les rhétoriques et pratiques générées par le phénomène des « prieurs » dont l’ampleur, la pertinence des questions théologiques soulevées, les jeux des acteurs, les enjeux autour de l’activité de prière, le sens anthropologique des pratiques et discours méritent plus que jamais un intérêt scientifique. À partir d’une analyse de contenu de la littérature scientifique disponible sur le sujet et en nous fondant sur notre expérience personnelle des pratiques pentecôtistes burkinabé, nous tenterons de dégager ce qui peut constituer les grands axes thématiques pour une approche socioreligieuse des racines dudit phénomène.

  • Communication orale
    Le rite : une caractéristique propre du langage religieux ou un facteur de primitivisme religieux ?
    Thia Marius Bou (GRTA)

    Tout comme le rythme de ses danses, l’Africain a le rite dans ses gènes ; il lui colle à la peau. En effet, lorsqu’on parle de l’Afrique, quelques-unes des images qui viennent spontanément à l’esprit, ce sont ses fêtes, ses danses, ses célébrations cultuelles ancestrales très ritualisées. En clair, c’est sa forte ritualité. Une telle considération semble à certains égards, confiner et figer les cultures africaines dans leur caractère prémoderne, primitif. Dans ce sens, l’activité missionnaire et pastorale des Africains de la diaspora ne manque pas de susciter interrogations et questionnements. En effet, si pour certains la culture africaine peut contribuer à l’éveil spirituel dans le christianisme occidental, pour d’autres, sa grande ritualité pourrait être source d’obscurantisme et éloigner les chrétiens d’une spiritualité authentique. Les rites seraient-ils alors une spécificité de la culture africaine ? Ne feraient-ils pas plutôt partie des caractéristiques propres du langage religieux comme l’envisage Antoine Vergote ? A partir de quelques considérations autour de la question des prêtres venus d’ailleurs en Belgique, cette contribution se voudrait d’une part, un questionnement autour de la notion même de rite. D’autre part, elle se veut une réflexion pastorale autour des activités missionnaires de la diaspora africaine.

  • Communication orale
    Le « rite zaïrois » de la messe, un modèle réussi de la rencontre tradition-modernité-religion ?
    Justin Muantuali (Université Catholique de Louvain)

    Notre objectif dans cette communication est de montrer de quelle manière le « rite zaïrois » de la messe fait face aujourd’hui au défi de la rencontre tradition-modernité-religion. S’il est vrai de dire que « l'inculturation » de la liturgie catholique en R. D. Congo a suscité l’enthousiasme au sein de la population congolaise, il sied également de noter (dans la pratique liturgique) quelques résistances vis-à-vis de certains éléments cultuels d’origine traditionnelle. La grande diversité d’origine des éléments traditionnels ne facilite pas une certaine homogénéité. Par conséquent, il y a diverses manières de les comprendre. Ils sont perçus à la fois comme une chance de renouer avec la culture originelle du peuple congolais mais aussi comme une résurgence d’un passé occulte (fétiches, esprit maléfique, etc.). En outre, les éléments modernes de cette liturgie « inculturée » s’appréhendent soit comme une occasion d’ouverture aux valeurs universellement partagées soit comme une négation des éléments traditionnels. La religion, par le truchement de la liturgie eucharistique, se présente comme le point de jonction entre tradition et modernité.

  • Communication orale
    La religion à la rescousse d’une démocratisation en panne : le rite de gu-lõlõ pour purifier la ville de Lomé de sa violence politique
    Kwami Edem Afoutou (Université Laval)

    En septembre 2017, le gouvernement togolais a fait appel à toutes les grandes religions présentes au Togo, à savoir le catholicisme, le protestantisme, l’islam et les religions traditionnelles, pour exécuter des rites propres à chacune d’elles afin de purifier le pays des démons de la violence et du sang versé depuis la période des indépendances. Les Nyiblin, la communauté autochtone éwé de la capitale, exécuta le gu-lõlõ pour la purification de la ville de Lomé en présence des autorités politiques du pays. Dans cette communication, je veux montrer comment la politique s’invite sur le terrain des rites d’une part et comment les religions s’organisent pour résister ou jouer le jeu politique d’autre part.

  • Communication orale
    Le culte bori des Haoussa du Sahel : un rituel de possession sans cesse réinventé
    Erick Cakpo (Université de Lorraine-France)

    Le culte bori est un rituel de possession dont la particularité réside dans sa capacité à s'être maintenu historiquement en intégrant des éléments de l’islam et de la colonisation. En s’adaptant à différents contextes exogènes et endogènes, ce culte, dont la codification ne va pas de soi, revêt plusieurs facettes se montrant, selon l’espace, le lieu et le temps, comme une pratique rituelle comportant des aspects sociopolitiques mais aussi religieux, et pouvant passer d’une activité sacrée à une animation ludique et théâtrale. Mon intervention tient à montrer le bori comme révélateur du caractère composite et mouvant de certains rituels en contexte africain, contrastant avec l’idée répandue d’une ritualité originelle dont l’Afrique des rites serait garante.