La fiction d’anticipation annonce depuis longtemps l’avènement de robots dotés de capacités et fonctions sexuelles (sexbots). Depuis quelques années, la réalité rejoint la fiction. Parallèlement à l’explosion des nouvelles technologies sexuelles immersives (p. ex., la pornographie en réalité virtuelle (RV) et en réalité augmentée (RA)), aux premières applications d’intelligence artificielle (IA) à la pornographie ainsi qu’au développement d’agents conversationnels sexualisés, les premiers prototypes de poupées sexuelles dotées d’IA et de capacités animatroniques sont présentement développés et mis en marché. Certains chercheurs constatent déjà la croissance rapide et importante des relations intimes avec des partenaires virtuels et mécatroniques. Du point de vue de l’industrie des technologies sexuelles, cette innovation permettra de combler des besoins chez les millions de consommateurs de jouets sexuels et procurera des bénéfices encore inédits aux personnes célibataires, isolées ou handicapées. Toutefois, l’émergence de ces nouveaux artéfacts sexuels laisse présager des conséquences insoupçonnées; des mouvements sociaux opposés à leur développement se sont déjà formés, notamment la Campaign Against Sex Robots (depuis 2015). Les premiers chercheurs anglophones ayant abordé la problématique des robots sexuels, à la suite du philosophe John Danaher, sont divisés sur la question : certains dénoncent les risques (p. ex., la promotion de normes sexuelles néfastes), alors que d’autres défendent leur potentiel positif (p. ex., les applications médicales et thérapeutiques). Néanmoins, les études scientifiques du sujet demeurent limitées et très spéculatives; aucun modèle théorique sérieux n’a été proposé jusqu’à maintenant pour étudier ces phénomènes. Le présent manque de recherche entraîne de graves incertitudes quant au développement et à l’encadrement futur de l’industrie de la robotique sexuelle.
Du jeudi 30 au vendredi 31 mai 2019