Informations générales
Événement : 87e Congrès de l'Acfas
Type : Colloque
Section : Section 600 - Colloques multisectoriels
Description :Devant les crises enchevêtrées du climat, de la biodiversité et des extrêmes climatiques ouvrant de menaçants horizons d’emballement des grands cycles biogéochimiques de la planète, quelles sont les recherches, les politiques et les stratégies démocratiques à privilégier pour réduire, d’urgence, l’empreinte énergétique et agroalimentaire? L’érosion accélérée de la biodiversité conduisant à notre fulgurante entrée dans la sixième extinction de la planète, ponctuée par une réduction de 60% des populations d’espèces sauvages en 45 ans (WWF, 2018), témoigne à la fois des impacts des énergies fossiles, de ceux de l’industrie agroalimentaire et de leurs interrelations. Si la limitation draconienne des énergies carbonées au profit d’énergies alternatives s’impose alors d’évidence, s’imposent également de sérieuses remises en question des modèles agroalimentaires dominants. Mais de telles transformations exigent de solides analyses des enjeux socioéconomiques et politiques afin d’élaborer des stratégies de transition viables, réalistes et démocratiques doublées de politiques appropriées. Comment amorcer des transitions d’une telle ampleur sans un véritable travail de mise en démocratie, permettant d’inscrire ces enjeux à l’intersection des sphères du savoir, de la gouvernance, de l’innovation scientifique et sociale ainsi que des pratiques et usages des citoyens. C’est sous un double éclairage France-Québec, de recherches menées d’une part sur la transition énergétique, notamment dans les filières de l’éolien et de l’hydrogène, par les chercheurs du programme, TETHYS (transition énergétique, territoires, hydrogène et société), financé par l’Agence nationale de la recherche (ANR) en France et menées d’autre part sur la transition agroalimentaire par des équipes du CREPPA de l’UQAM, le Collectif de recherche écosanté sur les pesticides, les politiques et les alternatives, une équipe FQRSC, que se déploieront les réflexions croisées de ce colloque.
Les menaces d’écocide, accélérées par la flambée sans précédent des écarts socioéconomiques, amplifiées par la montée en puissance de régimes politiques autoritaires, procarbone voire climatosceptiques, et par une concentration inégalée de l’agroalimentaire, imposent une réflexion approfondie, sur le plan autant de la recherche que des politiques, sur les exigences de renouvellement démocratique des transitions énergétiques et agroalimentaires. C’est ce qu’entend explorer ce colloque, réunissant sous un même chapeau, lors d’une ouverture commune élargie, ces équipes liées par une entente cadre UQAM-UNICAEN. Ces questions seront ensuite déclinées par l’équipe françaises ANR (Normandie-Bourgogne projet hydrogène et démocratisation de la transition), et par l’Équipe québécoise du CREPPA. Ce colloque, sous les auspices de la Commission canadienne pour l’UNESCO et de l’Agence nationale de la recherche en France, accueillera des invités de marque, notamment d’instances de recherche françaises, québécoises et canadiennes, et du Club de Rome.
Remerciements :Nous remercions de leur soutien la Commission canadienne pour l'Unesco, le Fonds Québécois de Recherche Société et Culture, le CRSH, le CIRROD, le FDE d’Environnement Canada, le RRSPQ et l’UQAM et en France l’Agence Nationale de la Recherche, la Communauté d’agglomération Caen-la-mer,l’Université de Caen Normandie, sa MRSH et son directeur M. Buléon, et Mmes Bollengier, Laurent, Cointrel et Bacon.
Dates :Programme
Urgences planétaires, énergies et agroindustries : enjeux, impacts et alternatives croisées
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Communication orale
Urgences planétaires : urgences de mise en mots, de mise en sens, de mis en liens et de mises en actesLouise Vandelac (UQAM - Université du Québec à Montréal)
« Notre avenir est celui de la planète » scandent des centaines de milliers de jeunes manifestants. Comment ne pas réaliser la surchauffe du climat et l’érosion de la biodiversité amplifiant les extrêmes climatiques, les dépassements des limites planétaires et l’emballement des grands cycles biogéochimiques, tout en accélérant l’érosion des conditions de régénération des êtres et de l’engendrement humain, nous mettant ainsi au double péril de nous-mêmes ? Et comment ignorer que l’Écocide et l’Anthropocide érodant le corps de la planète, le corps humain, le corps social et le corps de la pensée, carburent aux mirages d’infinie croissance économique? Repenser le sens et les liens entre l’écologie et l’économie, en replongeant aux racines de l’Oikos, s’impose alors d’évidence. Tout comme s’impose l’analyse des filières énergétiques et agroalimentaires, facteurs clés des ravages socio-écologiques, dont l’hyper concentration, au rythme des tangos avec les États, menace parfois les démocraties. Ce colloque explorera ces deux filières, leurs convergences et spécificités, questionnant les paradigmes à l’œuvre tout en dessinant, à la lumière de stimulantes initiatives terrain, de nouvelles approches. Mais, pour être à la hauteur des déferlantes annoncées, la mise en démocratie de ces enjeux au plan national et international exige également la création de dispositifs novateurs de recherche, mettant l’écologie au cœur de l’action publique et de l’architecture même de l’État.
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Communication orale
Perspectives d’effondrement. Une transition écologique et démocratique est-elle encore possible ?Frederick Lemarchand (Université de Caen)
La collapsologie comme discipline scientifique de l’effondrement a remplacé les anciennes eschatologies. Les augures ont cédé la place aux indicateurs de l’anthropocène et les prophètes de malheur, aux lanceurs d’alerte. Curieusement, plus la catastrophe est réelle et moins elle semble imaginable. Cette intervention introductive proposera de replacer, de manière synthétique, à la fois les données du problème (indicateurs de réchauffement climatique et d’érosion des ressources, y compris la biodiversité) et de pointer les limites des approches institutionnelles fondées sur la gestion des risques et les principes de la société assurantielle. Les périls sont, en effet, désormais irréparables et irréversible, ce qui doit nous conduire à reconsidérer les régimes de responsabilité (droit des générations futures) et les institutions démocratiques chargés de gérer les affaires publiques. Dire que les grands agencements socio-économiques sur lesquels repose notre civilisation du « progrès » n’en ont plus pour longtemps relève du bon sens. Imaginer, en revanche, comment négocier des régimes de transition démocratiques, au Nord comme au Sud, pour éviter d’aller jusqu’à l’effondrement politique, social et même de la culture, relève du défi pour l’imagination scientifique. Et cette perspective ne peut être que pluridisciplinaire et intersectorielle. Elle amène, notamment en sciences humaines – mais pas que – à repenser les liens entre recherche, intérêt général et citoyenneté.
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Communication orale
Un droit pour protéger l’avenir de l’avenir : l’avènement d’un droit des générations futuresEmilie Gaillard (Sciences Po Rennes)
Dans un contexte de remise en cause des modèles économiques, agricoles, énergétiques, se développe un droit ouvert à la protection des générations futures. Venant au soutien d’un développement durable, qui ne compromette pas la capacité des générations futures à vivre dans un environnement sain, ce droit d’un nouveau type appelle dans son sillage de profondes transformations politiques et juridiques. Avènement d’une Démocratie trans-générationnelle, accompagnement des transitions énergétiques vers des énergies propres et durables, soutien à la conversion du modèle global d’agriculture intensive vers l’agroécologie, nombreuses sont les perspectives de recomposition du paysage juridique ayant pour objectif inédit de préserver l’avenir de l’avenir. De nouvelles actions en justice sont à l’œuvre et rendent compte du processus de mutation vers la mise en œuvre de ce droit d’un nouveau type. Déjà invoqué dans certains tribunaux citoyens tels que le Tribunal International Monsanto, il est un droit en pleine ramification. Une nouvelle étape d’évolution pourrait être franchie : celle de la reconnaissance de véritables droits et devoirs de l’Humanité afin de parachever la conversion des droits humains à l’heure des menaces planétaires.
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Communication orale
Le Québec face à ses enjeux énergétiquesLouis-Gilles Francoeur (Journaliste)
Le Québec a historiquement profité de toutes les formes d’énergie disponibles sur son territoire et à ses portes sans toujours penser à leurs impacts environnementaux. Cela l’a conduit notamment à dépasser ses objectifs de réduction de GES et même à envisager le développement des hydrocarbures sur son territoire au risque de compromettre davantage ses plans de réduction ou de faire porter ce fardeau à d’autres acteurs sociaux. Il a aussi porté atteinte à son environnement et à sa biodiversité par le déploiement de sa production hydroélectrique, sans plan d’ensemble qui aurait intégré les nouvelles filières comme l’éolien, le photovoltaïque et les nouvelles formes de stockage et de production d’énergie. Cette planification globale, qui fait présentement défaut, devra pour réussir se baser sur une véritable acceptabilité sociale axée vers un meilleur aménagement du territoire, orienté par une vision renouvelée des modes de consommation d’énergie, des modes de transports routier, ferroviaire et maritime, ainsi que de l’efficacité énergétique du patrimoine bâti et de la production industrielle. Cette refondation des enjeux énergétiques qui confrontent le Québec passe aussi par une remise en question de plusieurs modes d’exploitation de ses richesses naturelles dans les différents milieux de vie et naturels (mines et forêts), qui devront se mettre à l’heure de technologies moins polluantes et moins destructrices de la biodiversité.
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Communication orale
Quels scénarios de transition pour un avenir durable de l’agriculture et des systèmes alimentaires?Jim Thomas (ETC Group - ONG)
Les limites planétaires, la crise énergétique et les théories de l’effondrement mettent en évidence, l’exigence d’une rapide transition vers un système énergétique et agricole plus juste et moins énergivore. Cependant, le concept de transition peut parfois être utilisé par certains acteurs de façon opportuniste, pour le meilleur et pour le pire. Ainsi, on a vu les problématiques du choc pétrolier ou des changements climatiques servir à accroître les investissements et les parts de marché des géants de l’énergie dans les secteurs du nucléaire, des gaz de schistes et des biocarburants, sans réels soucis des dangers potentiels et des impacts sociaux. Il en va de même pour l’avenir durable de l’agriculture et des systèmes alimentaires, où de grands acteurs agroindustriels s’activent, en dépit des enjeux de durabilité, de risques et d’équité, à convaincre les gouvernements d’investir dans des innovations technologiques, (édition de génomes, biologie de synthèse, etc.,) pour prolonger et amplifier les mêmes logiques productivistes, facteurs mêmes des crises actuelles. Bien que présentées sous le sceau de « l’intelligence », comment ces innovations pourraient-elles contribuer à « l’intelligence collective et au bien commun » sans les conseils avisés et sans l’évaluation rigoureuse des risques, nourris d’un éventail de connaissances et de perspectives, ancrées dans la co-construction des savoirs avec les citoyens qui méritent d’être au cœur de toute transition qui se veut juste.
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Communication orale
Au-delà de l'urgence, allons à l'essentiel: nourrirNicole Morgan (Collège militaire royal du Canada)
En Novembre 2018, un groupe de réflexion international composé de scientifiques et d'économistes du Club de Rome, bien connu pour la publication dès 1972, de « Limits of Growth » a proposé lors d'un colloque organisé avec deux autres ONG, We Don't Have Time et Global Utmaning d’adopter les propositions de la FAO en faveur d'une agriculture intelligente face au climat. Cela va du soutien à l'initiative française "4 pour mille" pour inciter les agriculteurs à la transition vers des pratiques durables, à des investissements triplés en faveur de la reforestation de pays en développement, pour que ces forêts, véritables boucliers contre l'emballement climatique, apportent leur contribution essentielle au bien-être de la planète et de l'humanité. Cette communication examinera les lignes de force, les enjeux, les intérêts, les limites voire les revers de cette proposition « d’agriculture intelligente », tout en insistant sur un élément essentiel mais trop souvent absent de la réflexion, à savoir les nombreux impacts de l’alimentation industrielle sur les corps humains et les cultures dans lesquelles elle s’inscrit et détruit. Nous situerons cet aspect à partir d’une analyse anthropologique sur la longue durée, tentant ainsi d’échapper à l’urgence de la pensée pour penser davantage à l’urgence de l’essentiel autour duquel s’articule toutes les urgences, à savoir nourrir le corps et la pensée.
Urgences planétaires : enjeux de recherche et de démocratie
Dîner
Pesticides : des impacts significatifs sur la santé et l’environnement ainsi que des dispositifs d’évaluation et d’encadrement public sous influences…
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Communication orale
Menaces sur le blé canadien: influences industrielles indues, incurie des instances publiques, ou les deux?André Comeau (BIONOR SYSTÉMIQ INC.)
L’auteur, avec plus de 40 ans de carrière en génétique des céréales, connait l’historique canadien de la science, de la culture, du commerce et de la transformation du blé. Il résumera diverses découvertes pertinentes des dernières décennies. Les recherches sur l’impact glycémique, la valeur nutritive, les allergies, les réactions négatives au gluten, aux FODMAP, auraient pu orienter à la fois la science et l’industrie. Or, plusieurs joueurs se sont contentés d’afficher des étiquettes rassurantes, sans nécessairement chercher à améliorer l’impact santé des aliments à base de blé et autres céréales. Y a-t-il eu la moindre décision publique ou privée axée sur la santé? Entre temps, la recherche publique fédérale a été démantelée, perdant trois quarts de ses effectifs en 50 ans. Celle des universités n’est pas toujours libre d’influences. L’industrie et ses régulateurs ont acquiescé à l’usage de pesticides juste avant la récolte, ceci justifié par des études teintées d’influences occultes. Les livres de pseudo-experts sur les impacts néfastes du blé pullulent. Conséquemment, le blé canadien acquiert mauvaise presse, et des importateurs majeurs lèvent le nez sur notre blé. À qui la faute? L’industrie s’est-elle tirée une balle dans le pied par sa propre incurie? Voilà donc un excellent aliment, qui fut une base de santé et de richesse pour plusieurs siècles, et dont l’avenir est en péril. Des recommandations seront offertes à ceux qui cherchent remède à cette situation.
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Communication orale
Quelques éléments de réflexion sur des stratégies de transition pour préserver la biodiversité et la santé des écosystèmes aquatiques en milieu agricoleMarie-Hélène Bacon (CREPPA, UQAM), Lise Parent (Télé-université, Université du Québec), Louise Vandelac (Institut des sciences de l'environnement et département de sociologie, UQAM)
Au Québec, les programmes de suivi de la qualité de l’eau démontrent, depuis près de 25 ans, une dégradation marquée et croissante des cours d’eau en milieux agricoles à dominance, notamment, de maïs et de soya. Ainsi, les récents travaux de Giroux (2019) montrent, dans quatre rivières agricoles, une hausse des concentrations de glyphosate et d’AMPA, de S-métolachlore et d’imazéthapyr et de fréquents dépassements des critères de qualité de l’eau pour la protection des espèces aquatiques (CVAC) dans les cas de l’atrazine, du S-métolachlore, du glyphosate et du métribuzine. Or, au plan de l’écologie, des pratiques agricoles et des effets potentiels sur la santé, que signifient ces dépassements ? Nous tenterons de dégager quelques éléments de réponse à la lumière des travaux de notre projet de recherche, mené dans la principale région de cultures du Québec, qui examine les effets de certains pesticides sur la qualité des eaux de tributaires rejetés dans le fleuve Saint-Laurent à hauteur de Montréal. Ce projet, financé par le Fond pour dommages à l’environnement d’Environnement et Changements climatiques Canada, vise à développer un indice d’évaluation du risque écotoxicologique basé sur des mesures d’effets réalisées en laboratoire et sur le terrain et d’autre part, à analyser les politiques agricoles et les stratégies environnementales susceptibles de limiter en amont les impacts croissants des pesticides et à préserver ainsi la biodiversité et la santé des populations.
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Communication orale
Retour d’expérience sur l’ouverture de l’expertise à la société à l’Anses (France)Régine Fraysse-Boutrais (Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses))
Les domaines d’activité de l’Anses (alimentation, environnement, travail, protection des végétaux, santé et bien-être des animaux) présentent une double spécificité car ils sont marqués par une forte complexité scientifique et suscitent une forte demande sociale de maîtrise et d’anticipation de ces risques sanitaires. L’Anses est à l’initiative d’une charte d’ouverture à la société signée en 2011 et visant à améliorer la transparence de ses travaux et des méthodologies utilisées pour l’évaluation des risques sanitaires, à favoriser le partage des connaissances et des incertitudes scientifiques, et à accompagner les acteurs de la société civile dans l’acquisition des compétences nécessaires à leur implication.
L’Agence a mis en place divers processus participatifs et des espaces d’échange et d’interaction avec les « parties prenantes » : au niveau de la gouvernance (Conseil d’Administration, Comités d’Orientation Thématiques, Comités et Plateforme de dialogue spécialisés sur les radiofréquences, les nanomatériaux et les autorisations de mises sur le marché des produits phytopharmaceutiques) et au cours du processus d’expertise qui va du cadrage des saisines à la diffusion des résultats (auditions, consultations publiques, restitutions, formations, etc.). La présente communication s’attachera à dégager des éléments d’analyse sur les effets produits par ces divers processus participatifs en terme de transfert de connaissances et de montée en compétences des acteurs.
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Communication orale
Homologation des pesticides dans l'UE: critiques et éléments d’inspiration pour le Canada à travers le cas des néonicotinoïdesPascal Priori (UQAM - Université du Québec à Montréal)
Le cadre réglementaire sur les pesticides et plus spécifiquement sur les produits phytosanitaires dans l’Union européenne est l’objet de profondes remises en questions de la part des milieux politiques, institutionnels, académiques et de la société civile. Dans un contexte d’utilisation croissante des pesticides, cette remise en question s’appuie, d’une part, sur une forte demande citoyenne de plus grande transparence et d’accès à une saine alimentation et s’appuie, d’autre part, sur un constat d’effondrement massif de la biodiversité, dont les apiculteurs sont les témoins.
Pour illustrer ces enjeux, la conférence se penchera sur la catégorie d’insecticides la plus vendue dans le monde, les néonicotinoïdes, ces « tueurs d’abeilles », encore massivement utilisés au Canada et Québec, alors que certains viennent d’être interdits dans l’UE. Cette classe d’insecticide dite systémique a été massivement propagée dans l’environnement en raison de son utilisation en enrobage des semences et de ses caractéristiques (toxicité, rémanence, hydro-solubilité). Compte tenu des impacts de ces insecticides, les exigences de rigueur, d’indépendance et de transparence de la recherche s’avèrent cruciales. En témoigne, au Québec, le récent renvoi d’un agronome de carrière suite à sa dénonciation de l’ingérence d’intérêts privés dans la recherche publique sur les néonicotinoïdes, menée au Centre de recherche sur les grains (CEROM).
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Communication orale
Les politiques publiques québécoises et canadiennes, sources de transition agroalimentaire?Marie-Hélène Bacon (UQAM - Université du Québec à Montréal)
L’actuel système agroalimentaire est basé sur l’usage croissant de pesticides depuis 25 ans, une utilisation que l’industrie agrochimique justifie par la nécessité d’assurer la sécurité alimentaire mondiale et dont les instances publiques minimisent les impacts en affirmant que l’évaluation et l’encadrement des pesticides assurent adéquatement la protection de l’environnement et de la santé publique. Or, pourtant, plusieurs récents rapports internationaux sur les enjeux agroalimentaires parviennent à un consensus, celui d’un système alimentaire brisé et inefficace menaçant la santé humaine et la durabilité environnementale.
Suite aux échecs des stratégies de réduction des usages des pesticides, l’élaboration de politiques publiques agroalimentaires au Canada et au Québec constituait une occasion d’amorcer une transition, soutenue par un réinvestissement massif des gouvernements dans l’aide aux producteurs agricoles, vers des modèles alternatifs et diversifiés porteurs d’une approche globale et intégrée des enjeux agroalimentaires, environnementaux et sanitaires. Présentées comme étant le résultat d’exercices démocratiques, quelles conceptions sanitaires et environnementales ces politiques publiques mettent-elles de l’avant ? Quel modèle et quelles mesures y sont proposés? Annoncent-elles une transition et une sortie de l’hyper concentration verticale et horizontale du secteur agroalimentaire ?
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Communication orale
Problèmes de santé et maladies professionnelles associés aux pesticides en milieu agricole, reconnus en France et encore méconnus au Québec...Mia Sarrazin (UQAM - Université du Québec à Montréal)
Aux États-Unis, plus de 11,000 personnes atteintes d’un cancer non hodgkinien, attribué au Roundup, sont actuellement impliquées dans des actions en justice contre son premier fabricant Monsanto-Bayer. En France, plusieurs problèmes de santé associés notamment aux pesticides, dont la maladie de Parkinson et les hémopathies malignes, sont reconnus à titre de maladies professionnelles (INRS, 2015). En outre, de récents articles montrent une hausse de 41% des risques de cancer pour les travailleurs les plus exposés aux herbicides à base de glyphosate (Zhang et al., 2019). Or, si les mêmes causes ont habituellement les mêmes effets, comment expliquer que les risques de cancers non hodgkiniens potentiellement associés aux herbicides à base de glyphosate soient complètement ignorés au Québec, alors que ces herbicides constituent 44% des pesticides agricoles. Et comment expliquer que la réflexion sur les problèmes de santé chroniques et sur la reconnaissance des maladies professionnelles liées aux pesticides en agriculture s’amorce à peine. Cette communication présentera les prémisses d’une recherche exploratoire visant à cerner l’ampleur des problèmes de santé au travail associés aux pesticides en milieu agricole au Québec. Tirant profit de l’expérience française, en termes de mobilisation des agriculteurs et de reconnaissance des maladies professionnelles, cette recherche vise à dégager les stratégies de transition vers une meilleure couverture de ces problèmes de santé.
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Communication orale
Herbicides à base de glyphosate : état des lieux et enjeux de santé, de recherche, d’évaluation scientifique, de politiques publiques et de démocratie. Où loge le Canada?Patricia Monnier (Département d’obstétrique et gynécologie, Institut de recherche du Centre universitaire de santé McGill.), Lise Parent (Département Science et Technologie, Université TELUQ), Louise Vandelac (UQAM - Université du Québec à Montréal), Claude Émond (Département de santé environnementale et santé au travail (Université de Montréal) et Institut des Sciences de l’environnement (UQAM))
Cancérogènes probables (IARC-OMS2015), les herbicides à base de glyphosate(HbG) premiers pesticides au monde, en hausse croissante, constituent 56% des pesticides agricoles au Canada et 44% au Québec (MDDELCC, 2016). Chélateurs, antibiotiques et perturbateurs endocriniens (Clair et al., 2012), ces herbicides aux co-formulants jusqu’à 1000 fois plus toxiques que le seul glyphosate (Mesnage et al., 2015), et omniprésents dans les sols, les eaux, les aliments et le corps humain, contiennent, au Canada, jusqu’à 20% de POEA, interdit en Europe. Aux États-Unis, les recours en justice de 11,000 victimes de cancer non hodgkinien, attribué au Roundup, ont mis en évidence, par le biais des « Monsanto Papers », l’ampleur des tromperies du fabricant pour en camoufler les risques et influencer la décision publique. Sans compter, fin 2018, les plagiats massifs des textes de Monsanto par les instances européennes chargées de ré-homologuer le glyphosate, et l’étude de Benbrook démontrant que les études de l’industrie, fondant les décisions réglementaires, avaient des résultats opposés à ceux des études scientifiques indépendantes. Comment alors ne pas interroger la rigueur et l’indépendance de Santé Canada qui a prolongé, sur de telles bases, en 2017 la ré-homologation du glyphosate pour 15 ans; qui, en 2019, a refusé un examen indépendant de sa décision et qui amorce, sous l’influence marquée de l’industrie, un examen du programme post-commercialisation de réévaluation des pesticides.
Cocktail et célébration du renouvellement de l’accord cadre UQAM-UNICAEN
Enjeux de la transition
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Communication orale
Transition énergétique et démocratie : portrait de l’Accélérateur de transitionNormand Mousseau (UdeM - Université de Montréal)
Au Québec, depuis une dizaine d’années, les efforts de réduction des émissions de gaz à effet de serre ont été largement effectués à courte vue et en silo, ciblant des réductions de GES souvent partielles de 15 à 20 % ou sans retombée plus larges, que ce soit en compétitivité, en progrès sociaux ou pour la protection de l’environnement. Les résultats de cette approche sont décevants, comme le montrent les divers rapports publiés en 2018 sur la question : malgré les milliards dépensés, le Québec fait du sur-place en matière d‘émission de GES. Comme le concluait le groupe de chercheurs derrière l’initiative «le climat, l’État et nous », l’ampleur des efforts à accomplir impose des actions beaucoup plus transversales qui lient la lutte aux changements climatiques aux autres enjeux sociaux. C’est dans cette optique que l’Accélérateur de transition a été créé au printemps 2019. Cette organisation, créée par David Layzell, James Meadowcroft et moi-même, et soutenue par des fondations privées, propose une méthodologie pour la conception et le développement de projets de transition ayant un fort potentiel de transformation sociale, économique et environnementale.
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Communication orale
Regard critique sur la mise en place de feuilles de route hydrogène, en France et à l'internationalLaurent Jammes (CNRS)
De nombreux territoires s’engagent actuellement dans la transition énergétique, avec pour objectif de consommer moins, d’être plus efficace et plus respectueux de l'environnement. Des changements structurels sont en cours dans tous les secteurs liés à l’énergie (production, transport et distribution) et les différents postes de consommation (industrie, résidentiel, transport). L'hydrogène peut jouer un rôle clé dans cette transition. Comme le charbon, le pétrole ou le gaz, l’hydrogène est un vecteur énergétique, et il peut être utilisé pour les mêmes applications. De plus, il présente l’avantage de ne pas contenir de carbone : son utilisation se fait donc sans émission de CO2. Il a de plus une densité énergétique par unité de masse très élevée. Nous tenterons d’analyser les raisons de l’émergence de feuilles de routes dédiées à l’hydrogène, dans le cadre plus global de la transition énergétique des pays et des territoires. Nous en questionnerons la légitimité et essaierons de mettre en lumière les jeux d’acteurs sous-jacents à leur élaboration et à leur mise en œuvre.
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Communication orale
Transition énergétique et avènement d'une démocratie transgénérationnelle : du droit à la transition comme vecteur de transformation vers une société durable et concertée.Emilie Gaillard (Sciences Po Rennes)
A l'heure de l'avènement de loi de transition en France et d'un récit écologiste appelant à une transition énergétique susceptible d'assurer la pérennité des modèles de développement contemporain, il s'opère non seulement un choc des récits et un appel au renouveau du rôle du droit en lien avec la société. Du côté du choc des récits, le même argument de l'appel au droit à la transition peut tantôt servir des idéologies écologistes, plaidant pour l'instauration de la finitude des ressources et de l'existence humaine en droit. Mais il peut également être invoqué par d'autres idéologies qui loin de prôner la finitude, restent mues par le paradigme du Progrès. Le droit à la transition serait un Janus à deux visages. La perspective transgénérationnelle permettrait d'instaurer un indicateur juridique nouveau pour délimiter le concept de droit à la transition. De cette nouvelle mise en balance des intérêts, découle l'avènement d'une démocratie transgénérationnelle, dont les rouages institutionnels sont actuellement en plein essor, et esquisse à divers niveaux et en divers Etats. Ce renforcement téléologique pour instituer une société durable s'accompagne d'un renforcement du lien avec la société civile par l'intermédiaire de concertations et de circulations des récits scientifiques nouvelles. Une nouvelle citoyenneté, glocale, participative et qui s'entend en respect de l'avenir est dès lors à esquisser.
Logiques et imaginaires de transition
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Communication orale
L’obsolescence culturelle de l’obsolescence dans le capitalisme avancé : le conflit des valeurs dans la production sociale de l’obsolescence?Michelle Dobré (Université de Caen Normandie)
L’obsolescence, à savoir l’usure prématurée de la valeur d’usage des objets et leur rotation accélérée, est un vecteur complexe de la modernité. L’obsolescence n’est pas seulement un effet pervers de notre système productif – elle est tout autant un résultat des usages. Pourtant les rapports aux objets, y compris les TIC, se structurent de la même manière que les rapports au temps, comme il ressort de nos terrains d’enquête (TERESA, MODERATO). La rotation accélérée des objets, comme l’accélération du temps, entrent en conflit avec l’aspiration à la durée qui est une dimension essentielle de la vie sociale. Comment concilie-t-on les tensions et les contradictions entre les valeurs et les usages ? Comment fait-on dans la pratique pour retenir les objets ? le temps ?
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Communication orale
La place de l’imaginaire technique dans la transformation de systèmes sociotechniques. Contribution aux transitions studies.Frederick Lemarchand (Université de Caen)
Le changement climatique et l’érosion des ressources physiques et biologiques imposent un tournant dans la conduite des affaires humaines en réintégrant un nouveau déterminisme dans la question politique. Du TINA néolibéral (il n’y a pas d’alternative) de nature purement idéologique, le monde passera à une obligation de décroissante et à une descente énergétique liés à la déplétion des ressources. Faute de pouvoir négocier (un surplus) avec la nature, la voie technique semble être privilégiée pour proposer des alternatives au pétrole (captage de CO2, technologies électriques et de l’hydrogène, « smart cities »…) le plus souvent dans le prolongement des logiques existantes héritées des Trente glorieuses, tant du point de vue du rôle prépondérant du marché et de l’Etat que de l’absence de celui des citoyens. L’expérimentation que nous menons en Normandie et en Bourgogne depuis 2018 à travers une « fabrique des publics » (living lab) axées sur la transition énergétique, et en particulier l’hydrogène, pause la question de la capacité d’imagination des citoyens, d’imaginer le pire d’une part (que serait un monde à plus de 4°C de réchauffement vers lequel nous allons) mais aussi d’imaginer des manière d’être ensemble comme d’imaginer de nouvelles technologies de l’énergie plus conviviales. Cette contribution tentera de déceler ce qui peut nourrir un imaginaire social de transition depuis l’expérience que nous avons menée.
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Communication orale
« Nous, on a toujours coupé la lumière ! » ; consommations rationalisées des énergies en milieu populaire.Arnaud Morange (Institut Régional du Travail Social Normandie)
Dans la continuité d’une recherche institutionnelle commanditée par l’ADEME (Agence de l’Environnement et de la Maîtrise de l’Energie ; Ministère de l’Ecologie, France) que nous avons conduite, nous opérerons un focus sur la manière dont les personnes les plus modestes, en France, s’emparent - plus ou moins selon les foyers - de la question énergétique. Finalement, « les pauvres », par nécessité mais aussi peut-être parfois par vertu, nous ouvrent quelques chemins vers une sobriété, sinon heureuse, au moins salutaire. A partir de différents travaux en sociologie et en travail social, nous proposerons une analyse des pratiques de consommation des énergies des classes populaires.
Une transition pour quels publics?
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Communication orale
Comparer les trajectoires territoriales de transition hydrogèneDany Lapostolle (Université de Bourgogne Franche Comté)
Partant du postulat qu'une transition énergétique ne peut être qu'aussi sociale, ce projet se propose de répondre, en étroite collaboration avec les acteurs des territoires, à un ensemble de questions inhérentes au processus de transition énergétique liée à l’hydrogène. Aux logiques verticales et descendantes des processus initiés par les Régions et les industriels, peut-on opposer d'autres définitions de la transition ? Y-a-t-il de nouveaux référents de la transition à inventer pour faire advenir un modèle décentralisé et territorialisé? Comment faire pour que la technique ne serve pas un filtre régulant l'accès aux moyens de la transition mais un vecteur fédérateur servant à fabriquer des citoyennetés environnementales ?
La communication porte sur la comparaison des trajectoires de transition de trois territoires bourguignons labellisés hydrogène. Elle focalise sur la gouvernance de ces territoires, les instruments de la planification des aménagements liés à la transition hydrogène (SRADDET, PCAET, SCOT, PLU) et la participation des publics à la définition de cette trajectoire. Le but visé est de construire une grille d'analyse qui puisse opérer la comparaison des trajectoires territoriales de transition dans différentes régions labellisées.
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Communication orale
Les Fablabs, des réseaux d'experts ordinaires ? Co-production de savoirs et de légitimité dans les tiers lieuxMatei Gheorghiu (Université de Caen Normandie)
En nous appuyant sur les enseignements de plusieurs expériences de coopération entre Fablabs et acteurs institués, nous essayerons de montrer comment ces espaces hybrides contribuent à réinventer la démocratie participative dans le contexte d'une nécessaire transformation des régimes énergétiques. Mon travail s'attache à explorer les conditions d'émergence d'un groupe professionnel en France, celui des "makers". La méthodologie mise en oeuvre, celle de "participation observante", est la conséquence de ma position : j'ai participé à la réalisation, il y a une quinzaine d'années, d'une machine à commandes numériques ("imprimante 3D") puis contribué à la fondation et au développement d'un bureau d'études en ingénierie.
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Communication orale
« Makers » et « Communautés » : aux marges de la mise en démocratie de l’hydrogène ?Rudy Amand (Université de Caen Normandie)
Les possibilités de décentralisation de la production promises par l’hydrogène offrent des perspectives nouvelles en termes de mise en démocratie de la transition énergétique. Ainsi, la démarche « living-lab », engagée en Normandie (France), est une expérience originale de co-construction de l’innovation engageant acteurs institutionnels et « publics » devant mener à une appropriation « commune » de l’hydrogène. Le living-lab, en se focalisant sur le « faire », semble offrir une place prépondérante aux « makers » ou aux « communautés » qui « bidouillent » l'outil technique dans une optique de réappropriation, motivée tout autant par l'éthique individuelle que par la recherche d’autonomie. Quelle place les acteurs de la démocratie technique institutionnelle accordent-ils réellement à ces derniers ? Leur approche, parfois radicale, et leur présence, en milieu urbain ou rural, ne pourraient-elles pas en faire des relais efficaces permettant l’engagement des publics parmi les plus éloignés de la démarche living-lab et de la mise en démocratie de la technique ?
Stratégies d’acteurs
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Communication orale
Écosystème hydrogène et stratégies de transition énergétique.Esdras Ngounou Takam (Université de Caen Normandie)
Le pôle Risques de la MRSH a lancé un projet de recherche sur la transition énergétique liée à l’hydrogène. Porté par un consortium multidisciplinaire et multi-territorial basé sur la MRSH Normandie Caen et son homologue en Bourgogne, la MSH de Dijon, ce projet a obtenu un financement de l’Agence nationale de la recherche (ANR).
A partir d’une approche stratégique et qualitative de veille médiatique de la presse quotidienne régionale, nous allons placer au centre de cette communication les annonces, les actions, les projets des acteurs de la transition énergétique hydrogène et les partenariats établis, pour discuter de la contribution nationale et régionale de l’hydrogène à la transition énergétique dans un cadre international libéralisé. Très concrètement, nous caractériserons l’unité organisationnelle nationale dédiée à la structuration de cet environnement (1), sa dynamique de mise en place (2), la nature des activités et projets (3), le rôle de l’État et des Régions vis-à-vis des autres unités et acteurs d’organisation de transition énergétique (4) et les limites réelles (5)."
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Communication orale
Cartographie politique des acteurs de la transitionVFélix Turmel (Université de Rouen Normandie)
La dynamique de la transition énergétique se forme dans la contingence sociale et les intentions – souvent antagoniques – qu'elle génère. Les positions adoptées chaque fois par les acteurs impliqués sont le résultat de la conjoncture et de leurs rapports. A partir d'une cartographie de ces acteurs en Normandie, nous abordons les limites et le potentiel démocratique du processus de la transition.
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Communication orale
Emergence sociopolitique des leadersMichalis Lianos (Université de Rouen - Normandie)
Une recherche spécifique a été menée sur les dynamiques d’acceptation, d’application et de la mise en œuvre (« implementation ») des initiatives concernées autour de la transition énergétique en Normandie. L’objet principal de cette recherche était d’arriver à des conclusions transposables dans le domaine de l’articulation entre cadrage (« framing ») des perceptions et des enjeux, articulation des rapports sociopolitiques et institutionnels, et appropriation (« ownership ») des discours, pratiques et actions en précurseur. Par cette approche, les ‘leaders d’acceptation’ avérés et potentiels sont étudiés afin de parvenir à des hypothèses contribuant à la compréhension des processus de pénétration et de capillarité – ainsi que de résistance et d’inertie – de la transition énergétique à partir du cas de l’introduction du vecteur hydrogène en Normandie.
Les diverses orientations et rythmes qui composent le processus de la transition énergétique indiquent la volonté de le voir accéléré ou freiné, étendu ou limité. La question du leadership est cruciale. Sur une base empirique autour de l'hydrogène, nous examinons ici le rapport entre potentiel démocratique et émergence des leaders dans le processus de transition.