À la lumière des appels à l’action de la Commission de vérité et de réconciliation (CVR, 2015, notamment les appels 10 et 12), ce colloque se veut un pas de plus sur le chemin du nécessaire dialogue dans le domaine de l’éducation. Depuis le début des années 1970, parallèlement à des mouvements d’émancipation politiques autochtones, les Premières Nations du Canada revendiquent la prise en charge de l’éducation des enfants autochtones, notamment par la publication de la Maîtrise indienne de l’éducation en 1972 (Fraternité des Indiens du Canada) et par la création au Québec, l’année suivante, d’un des premiers établissements postsecondaires destinés aux étudiants autochtones du Canada, le collège Manitou à La Macaza. Comme en témoigne la publication de lignes directrices et l’élaboration de protocoles en matière d’éducation des Autochtones (Universités Canada, Collèges et institutions Canada), les défis sont encore nombreux pour que les milieux d’enseignement postsecondaire, les familles et les étudiants autochtones puissent collaborer à transformer la culture institutionnelle dominante en éducation et soutenir le développement de programmes et de milieux de vie qui répondent à leurs besoins et leurs aspirations respectifs.
Tel que l’affirme Mark Solomon, directeur de la vie étudiante au Seneca College (2018), « le processus de décolonisation […] bouscule [... et] suscite inévitablement des réactions ». Ainsi, les défis de l’inclusion des étudiants autochtones dans nos institutions passe bien entendu par la facilitation de l’accès, comme en témoigne la sous-représentation des étudiants autochtones inscrits dans des programmes de formation collégiale et universitaire, mais cette reconnaissance passe également par des exercices concrets de sensibilisation, de décentrement, de dialogue continu afin de questionner le pouvoir des connaissances et des structures eurocentrées de nos programmes d’études et de nos manières d’enseigner. À cet égard, les institutions postsecondaires francophones du Québec ne font pas exception à ce mouvement pancanadien visant l’autochtonisation et la décolonisation des programmes d’études (Battiste, 2002; 2013; Cote-Meek, 2014), par exemple en favorisant l’accès des étudiants autochtones aux études, l’embauche de personnel autochtone au sein des établissements d’éducation, la valorisation des langues et des territoires autochtones, etc. Qu’en est-il, donc, du mouvement d’autochtonisation et de décolonisation de l’enseignement postsecondaire en langue française au Québec?
Dans le but de resserrer ce large et important questionnement, nous proposons d’ouvrir un espace de partage expérientiel et de réflexion interdisciplinaires sur ces enjeux et ces défis en explorant des stratégies pédagogiques et institutionnelles employées par des projets collaboratifs et partenariaux entre les milieux autochtone et allochtone.
Remerciements
Le comité organisateur du colloque tient à remercier chaleureusement toutes et tous les participants-es, sans qui cet événement n'aurait pu avoir lieu. Un merci spécial au CIÉRA-UQO qui a offert les boîtes à lunch et permis la couverture de certains frais d'inscription et de transport pour les participants-es.