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Informations générales

Événement : 87e Congrès de l'Acfas

Type : Colloque

Section : Section 400 - Sciences sociales

Description :

Parmi les enjeux sociétaux contemporains, ceux liés à la diversité et à sa « gestion », en particulier à partir des interventions interculturelles, font l’objet de préoccupations éthiques. Celles-ci portent non seulement sur les contenus et les modalités de la rencontre et ses contraintes, mais aussi sur la formation des intervenants (entrepreneurs, activistes, etc.; Romani et Szkudlarek, 2013). Au Québec, les formations en intervention interculturelle présentent une grande hétérogénéité au sein du curriculum proposé aux différents institutions et groupes sociaux (écoles, syndicats, services de santé et entreprises). Elles soulèvent plusieurs questions, dont celles de la qualité, de l’adaptabilité, de la diversité des modèles théoriques et pédagogiques, de l’absence de modalités d’encadrement éthique, des répercussions sur le bien-être des participants après les interventions et de la pertinence des formations. Dans ce contexte délicat, une réflexion sur les principes éthiques à mettre en place dans ce domaine est importante (Toomey, 2011) pour améliorer la qualité de la formation des professionnels (compétences des formateurs), définir les savoirs liés au champ de l’interculturel et les objectifs de la formation. Une réflexion éthique sur les processus de changement concernés par les rencontres interculturelles (valeurs, cadres cognitifs, habitus, etc.), les caractéristiques des programmes et des pédagogies interculturelles, les formations complémentaires des professionnels et leur suivi, comme le transfert possible des compétences acquises au sein des organisations, est aussi nécessaire. Ces questions ont fait l’objet de discussions aux États-Unis et en Europe. Au Québec, une réflexion collective est encore à ses débuts : le monde de la formation à l’intervention interculturelle ne dispose d’aucun mode de régulation pour s’assurer de la qualité de la formation des différents acteurs concernés, de la prestation des services et de l’évaluation des retombées sur les différents publics cibles et sur les organisations. Dans ce contexte, il est nécessaire de soulever la question éthique de l’interculturel à un moment où cet enjeu sociopolitique prend une place de plus en plus considérable dans l’espace public québécois. De plus, il est nécessaire de dégager et de préciser des axes de préoccupations éthiques à considérer et à développer avec les différents acteurs et groupes concernés afin de susciter un début de collaboration dans ce domaine. Une telle concertation permettrait de donner lieu à des développements ultérieurs en vue d’une meilleure synergie entre les instances concernées et d’un partage des expériences. Ce colloque est donc l’occasion de discuter des stratégies pour améliorer l’éthique de l’intervention interculturelle et du suivi dans un domaine destiné à prendre de l’ampleur.

Remerciements :

Nous remercions toutes les personnes qui nous ont aidés à la réussite du colloque, en particulier mes collègues et les étudiants membres du LABRRI.

Date :
Responsables :

Programme

Communications orales

Professionnalisation et enjeux éthiques

Salle : 2.408 — Bâtiment : Cégep G.-Roy
  • Communication orale
    La professionnalisation des intervenants impliqués dans le champ interculturel : exploration des enjeux éthiques
    Joseph Levy (RRSPQ - Réseau de recherche en santé des populations du Québec)

    Parmi les processus entourant le développement des enjeux éthiques liés aux offres de formation dans le domaine interculturel, on note la rareté des cadres éthiques, à part le Living Code of Ethical Behavior de la Society for intercultural education, training and research (SIETAR), fondée en 1974 aux USA, comprenant aujourd’hui des réseaux internationaux, nationaux et locaux regroupant des professionnels issus de plusieurs sphères. Dans le cadre de cette présentation, nous analyserons, dans un premier temps, les principales caractéristiques de cette association, puis le contenu du Code afin de dégager les objectifs et les axes éthiques privilégiés dans ce document (formation professionnelle, règles entourant l’implication auprès des populations desservies et le grand public, intégrité financière) ainsi que l’encadrement qui lui est associé (comité d’éthique, procédures de conformité, incidents critiques). Les limites de ces lignes directrices seront ensuite évaluées à la lumière des travaux portant sur l’éthique interculturelle, la professionnalisation et l’intervention : évaluation et limites des qualifications des formateurs, connaissances sur la psychologie du changement personnel et organisationnel, stratégies d’enseignement adaptées, attention portée aux effets de l’intervention interculturelle sur le bien-être des participants (menaces d’atteintes à l’intégrité personnelle, risques, rapports de pouvoir), étapes de l’intervention, modalités de certification.

  • Communication orale
    La formation en management interculturel et les enjeux éthiques dans le contexte français
    Anna Krol (UdeM - Université de Montréal)

    Suite au développement international des entreprises, les managers français sont amenés de plus en plus à se former en management interculturel. Ce domaine d’expertise est censé d’apporter des solutions pour réduire les malentendus engendrés par des différences culturelles dans le but de contribuer à une meilleure collaboration voire à une plus grande productivité de l’entreprise (Barmeyer,2007). L’aspect pratique, (« gérer », « agir », « productivité ») qui découle explicitement de cette définition emporte souvent sur l’aspect interpersonnel (« collaboration », « accord »). Par conséquent, les étudiants attendent d’avoir à la fin de leur formation, un mode d’emploi prêt à utiliser qui leur permettra de « neutraliser », de « se débarrasser » de la différence culturelle. Le modèle français d’interculturalité est fondé sur un « espace neutre » qui permet de considérer la population française comme homogène. L’ensemble de règles et de principes fondés sur des valeurs républicaines doivent garantir le maintient de cette homogénéité. Ici, nous proposons de montrer à quel point les questions éthiques (la relation à l’autre, le respect, etc.) sont cruciales dans la déconstruction de cette attente initiale et dans l’ensemble de la formation des managers interculturels. Autrement dit, il s’agit de montrer que seulement en soulevant les questions d’ordre éthique, il est possible « désinstrumentaliser » la différence culturelle et construire un dialogue pour une meilleure collaboration.


Communications orales

Compétences interculturelles, personnelles et pédagogiques

Salle : 2.408 — Bâtiment : Cégep G.-Roy
Présidence : Danielle Gratton (UdeM - Université de Montréal)
  • Communication orale
    Clinique de la communication interpersonnelle de délégués sociaux en intervention interculturelle : réfléchir au développement d’habiletés interculturelles, communicationnelles et pédagogique de formateurs de délégués sociaux en milieu syndical
    Marie-Josée Lorrain (UQAM - Université du Québec à Montréal), Cécile Nicolas (Université du Québec à Montréal)

    Nous présentons un référentiel visant à intégrer la communication interpersonnelle à une formation interculturelle destinée à des intervenants à « double casquette » (délégués sociaux et formateurs) en milieu syndical. Ce référentiel permet de poser plusieurs enjeux majeurs pour le développement d’habiletés communicationnelles, interculturelles et pédagogiques de formateurs de délégués sociaux sans formation initiale à la relation d’aide et à la communication interculturelle. C’est en décrivant minutieusement leurs façons de communiquer au cours d’interventions auprès de travailleurs issus de l’immigration en milieu de travail, qu’il est possible d’une part, d’examiner la «communication interpersonnelle en train de se faire» entre l’intervenant et l’interlocuteur d'une autre culture et d’autre part, de mieux entrevoir quelles seraient les habiletés interculturelles et communicationnelles spécifiques à développer chez des délégués sociaux pour une intervention interculturelle visant la qualité du vivre ensemble en milieu de travail. Nous conclurons cette communication par deux volets : l’un traitant des apports de la recherche clinique pour (re)mettre au travail le concept d’activité dans une formation interculturelle à visée transformative; l’autre, visant à souligner l’éthique propre à la clinique de l’activité qui doit être encadrée par des règles de fonctionnement spécifiques tout en s’adaptant à un objet de recherche complexe.

  • Communication orale
    Mettre sur pied une formation disciplinaire sur l’intervention interculturelle : quelles implications pour les formateurs ?
    Julie Masse (UdeM - Université de Montréal)

    Divers professionnels de la santé interviennent dans un contexte interculturel et font face à des enjeux cliniques spécifiques à leurs propres contextes de pratique. Plusieurs fondements de la profession d’ergothérapeute tels que l’approche centrée sur le client et la vision holistique de la personne dans son environnement prennent tout leur sens dans la rencontre interculturelle. En étroite collaboration avec un anthropologue, l’auteure a développé et mis en œuvre une formation continue portant sur l’intervention interculturelle en ergothérapie. L’évolution de la profession selon une perspective historique, l’utilisation de modèles de pratique disciplinaires, l’impact de certaines pratiques managériales ainsi que divers moyens d’évaluation et d’intervention y sont abordés à travers des exercices réflexifs, des mises en situation et des études de cas. L’auteure fait ici le bilan des implications quant aux compétences interculturelles, personnelles et pédagogiques ayant été mises à contribution dans un contexte de formation pour ergothérapeutes en exercice. Elle pose également les bases d’une réflexion sur l’enseignement visant à soutenir une pensée réflexive sensible à la diversité culturelle au sein du curriculum universitaire de base en ergothérapie.


Communications orales

Objectifs de l’intervention interculturelle et processus de changements

Salle : 2.408 — Bâtiment : Cégep G.-Roy
  • Communication orale
    Vers une éthique interculturelle? Quelques jalons pour penser l’intervention en contextes pluriethniques et la transformation des organisations
    Daniel Côté (IRSST - Institut de recherche Robert-Sauvé en santé et en sécurité du travail)

    Dans le champ de la santé-sécurité du travail au Québec, des intervenants se mobilisent pour implanter de nouvelles approches au sein de leurs organisations respectives afin de mieux répondre à la réalité de la diversité sociale et culturelle du Québec d’aujourd’hui. À partir d’une expérience de coconstruction visant à élaborer un outil d’aide à la communication interculturelle au sein de la CNESST entre 2016 et 2018, l’auteur porte une attention particulière à la dimension éthique de l’intervention en SST (indemnisation et réadaptation). Il propose un cadre systémique pour comprendre le développement de la compétence interculturelle chez les intervenants en montrant qu’une éthique dite interculturelle doit se penser non seulement dans son fondement intersubjectif, mais aussi dans la perspective d’une éthique managériale ou organisationnelle sans laquelle la dimension relationnelle ou dialogique qui caractérise l’interculturel risque de tomber à plat faute d’une compréhension commune des enjeux et des exigences pratiques des interventions en contextes pluriethniques. L’auteur situe aussi ces enjeux dans le contexte de la perte progressive de l’autonomie professionnelle des intervenants confronté de plus en plus à une forme ou une autre de standardisation des pratiques.

  • Communication orale
    Réflexions pour une formation qui permette un transfert de connaissances pérenne
    Guy Drudi (La Maisonnée, aide aux immigrants)

    En contexte de diversité, avant de parler de rapports interculturels, examinons les relations entre le groupe majoritaire et les minorités ethniques et réfléchissons sur la notion de différence. Cette notion est très importante pour la participation citoyenne des personnes immigrantes. Doit-on nier la différence, la respecter, la préserver ou la valoriser? L’assimilation est un mode de relation à l’autre qui a pour but de le rendre semblable à nous au nom de l’universalité de nos valeurs sociales et culturelles. Le multiculturel confère le droit à chaque groupe de maintenir et de développer sa propre culture. Ma relation à l’autre est fondée sur la tolérance entre nos différences. L’interculturel a pour objectif d’échanger avec l’autre les différences qui nous caractérisent et que nous valorisons dans une perspective d’enrichissement mutuel. D’où la nécessité de concevoir une formation fondée sur la connaissance de notre différence reliée à la reconnaissance de la différence de l’Autre. La compétence interculturelle devient donc la capacité d’intégrer le savoir et les réalités ethnoculturelles dans une approche fondée sur le dialogue avec l’Autre.

  • Communication orale
    Intervenants, gestionnaires et immigrants: enjeux éthiques communs et spécifiques lors de la diffusion de chaque formation interculturelles
    Danielle Gratton (UdeM - Université de Montréal)

    Les formations interculturelles doivent répondre aux besoins des autochtones, des immigrants et des personnes issues de la communauté d’accueil, car tous sont confrontés aux difficultés inhérentes aux interactions en contexte pluriethnique. Des enjeux éthiques sont soulevés lors de chaque formation interculturelle visant un plus grand accès aux savoirs sur les dynamiques interculturelles et à leurs rapports avec la discrimination. Cette présentation s’intéresse aux axes éthiques suivants : contenu suffisant pour soutenir les interventions dans les institutions et les organismes communautaires ; relations entre des employés dans des équipes interculturelles ; responsabilités des organisations en regard de leur mandat auprès de clientèles variées, et sur la gestion des répercussions quotidiennes de la diversité sur les personnes, les processus organisationnels et la cohésion sociale ; responsabilité de la société d’accueil en rapport avec l’insertion en emploi et les mécanismes d’inclusion. Les données présentées proviennent de formations variées offertes en santé, en éducation, dans des organismes communautaires, dans le milieu juridique, dans l’insertion en emploi des immigrants, dans l’accueil des réfugiés, et en francisation. Contrastant formation et conférence, cette présentation reprend des observations faites lors de formations afin d’exposer les enjeux éthiques sous-jacents et mettre en lumière les mesures et les contenus répondant aux enjeux éthiques soulevés.


Communications orales

Intervention interculturelle et champs des savoirs

Salle : 2.408 — Bâtiment : Cégep G.-Roy
  • Communication orale
    L’intervention interculturelle féministe : quels enjeux éthiques pour les personnes intervenantes?
    Caterine Bourassa-Dansereau (UQAM - Université du Québec à Montréal)

    Les personnes intervenantes interculturelles exerçant au Québec évoluent aujourd'hui dans des milieux marqués par une forte diversité et sont confrontées à des situations d’intervention de plus en plus complexes. Cette communication porte sur les enjeux éthiques que soulève la prise en compte (ou non) des rapports sociaux de genre dans le cadre d’interventions interculturelles. Nous abordons plus spécifiquement les défis que représente, pour la personne intervenante, la conciliation de ces dimensions lors de l’intervention. Par exemple, comment intervenir auprès de femmes immigrantes ou réfugiées victimes de violences sexuelles lorsque l’on cherche à considérer à la fois les aspects culturels (et les représentations, valeurs ou opinions concernant la sexualité partagées par des personnes porteuses d’une culture donnée), ceux liés au genre (puisque les violences sexuelles s’inscrivent dans un système de domination directement basé sur le genre) et l’imbrication de ces enjeux indissociables chez les femmes auprès desquelles on intervient? À cet effet, nous présentons nos réflexions autour des enjeux éthiques caractérisant les jalons d’une intervention interculturelle féministe où sont présentées 1- la posture de l’intervenant-e interculturel-le féministe, 2- la nature de la relation entre intervenant-e-s interculturel-le-s féministes et les femmes engagées dans l’intervention et 3- la reconnaissance de la complexité de chaque intervention interculturelle féministe.

  • Communication orale
    La formation interculturelle en région : données empiriques et questionnements éthiques
    Maude Arsenault (UdeM - Université de Montréal)

    Depuis 10 ans, le nombre de nouveaux arrivants est en croissance constante au Québec. Même si la proportion de l’immigration est faible pour les régions, les organismes responsables voient leurs charges de travail augmentées d’année en année (Ouedraogo 2012). Suite à une ethnographie de ces organismes, il a été observé que leurs intervenants ont des profils très divers, tels que gestion de projet, marketing, employabilité ou travail social. Très peu, parmi ceux-ci, ont de formation en lien avec leur « clientèle » immigrante ou même une expérience professionnelle conséquente. Pourtant, ils offrent tous des formations interculturelles, notamment aux employeurs, en plus de se voir comme la référence en la matière sur leur territoire. Nous présentons des données ethnographiques sur intervenants à la lumière de deux questionnements : Devrait-il y avoir des compétences de bases requises à l’exercice d’un métier qui joue un rôle aussi important auprès d’une population pluriethnique? Si oui, quelles sont-elles? Et quels sont les enjeux éthiques que nous pouvons observer à partir de l’offre des formations par des intervenants qui n’ont pas les compétences ni les outils? Ces enjeux éthiques et sociaux doivent être considérés dans leur contexte particulier. En effet, en abordant la question de l’immigration en régions éloignées, il faut mesurer l’importance de la concentration démographique des immigrants, mais aussi de l’expertise qui y est associée.

  • Communication orale
    La culture de la rencontre et du dialogue authentique dans une société pluraliste: perspectives éthiques dans l’enseignement social de l’Église Catholique
    Nadia-Elena Vacaru (Université Laval)

    La question des migrations internationales et du vivre-ensemble dans une société pluraliste est un défi majeur pour le monde actuel et une priorité pour l’éducation, mais aussi une opportunité à valoriser pour le développement humain intégral. La présentation propose quelques réflexions éthiques autour des quatre principes fondamentaux de l’enseignement social de l’Église Catholique: la dignité de la personne humaine, le bien commun, la subsidiarité et la solidarité – joints aux vertus de justice sociale et d’amour social, qui les mettent en pratique.

    L’enseignement social de l’Église prête attention aux enjeux de la migration, à ces nouvelles formes de pauvreté et de fragilité dans lesquelles les chrétiens sont appelés à reconnaître le Christ souffrant. Face à la culture de l’individualisme, du rejet, de l’indifférence et du déchet, le Magistère exhorte à une culture de l’accueil sincère et généreux, de la compassion, de la rencontre et du dialogue authentique. Le vivre-ensemble dans une société pluraliste exige la création de nouveaux réseaux de solidarité contre l’exclusion et la misère, avec la promotion d’un enrichissement mutuel qui découle de la rencontre des cultures.