Parmi les enjeux sociétaux contemporains, ceux liés à la diversité et à sa « gestion », en particulier à partir des interventions interculturelles, font l’objet de préoccupations éthiques. Celles-ci portent non seulement sur les contenus et les modalités de la rencontre et ses contraintes, mais aussi sur la formation des intervenants (entrepreneurs, activistes, etc.; Romani et Szkudlarek, 2013). Au Québec, les formations en intervention interculturelle présentent une grande hétérogénéité au sein du curriculum proposé aux différents institutions et groupes sociaux (écoles, syndicats, services de santé et entreprises). Elles soulèvent plusieurs questions, dont celles de la qualité, de l’adaptabilité, de la diversité des modèles théoriques et pédagogiques, de l’absence de modalités d’encadrement éthique, des répercussions sur le bien-être des participants après les interventions et de la pertinence des formations. Dans ce contexte délicat, une réflexion sur les principes éthiques à mettre en place dans ce domaine est importante (Toomey, 2011) pour améliorer la qualité de la formation des professionnels (compétences des formateurs), définir les savoirs liés au champ de l’interculturel et les objectifs de la formation. Une réflexion éthique sur les processus de changement concernés par les rencontres interculturelles (valeurs, cadres cognitifs, habitus, etc.), les caractéristiques des programmes et des pédagogies interculturelles, les formations complémentaires des professionnels et leur suivi, comme le transfert possible des compétences acquises au sein des organisations, est aussi nécessaire. Ces questions ont fait l’objet de discussions aux États-Unis et en Europe. Au Québec, une réflexion collective est encore à ses débuts : le monde de la formation à l’intervention interculturelle ne dispose d’aucun mode de régulation pour s’assurer de la qualité de la formation des différents acteurs concernés, de la prestation des services et de l’évaluation des retombées sur les différents publics cibles et sur les organisations. Dans ce contexte, il est nécessaire de soulever la question éthique de l’interculturel à un moment où cet enjeu sociopolitique prend une place de plus en plus considérable dans l’espace public québécois. De plus, il est nécessaire de dégager et de préciser des axes de préoccupations éthiques à considérer et à développer avec les différents acteurs et groupes concernés afin de susciter un début de collaboration dans ce domaine. Une telle concertation permettrait de donner lieu à des développements ultérieurs en vue d’une meilleure synergie entre les instances concernées et d’un partage des expériences. Ce colloque est donc l’occasion de discuter des stratégies pour améliorer l’éthique de l’intervention interculturelle et du suivi dans un domaine destiné à prendre de l’ampleur.
Remerciements
Nous remercions toutes les personnes qui nous ont aidés à la réussite du colloque, en particulier mes collègues et les étudiants membres du LABRRI.